Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

IV

Christ et l'amitié.

Matthieu X, 2-4; XI, 7-11; XVII, 1, 2; XVIII, 6-10; XXI,17 ; XXVI, 14-16, 37, 38, 40, 50; XXVII, 3-5, 55-61.

Marc
V, 37; XIII, 3, 4. Luc VIII, 1-3; X, 38-42; XII, 4.

Jean
I, 35-51; XI, XII, 1-7; XIII, 1-5, 23; XV, 13-15; XIX, 27.

I

Le Nouveau Testament, malgré les objections contraires, pourrait être appelé le livre classique pour l'étude de l'amitié. La conduite de Jésus dans cette belle relation est le miroir dans lequel doit se contempler et se mesurer toute amitié digne de ce nom. On a répondu à cela que cet exemple est inadmissible, que Jésus remplissait vis-à-vis de ceux que l'on peut appeler ses amis le rôle plus élevé de Sauveur et que toute l'intime familiarité de nos affections humaines fut par là exclue de ses rapports avec eux.

Mais lui-même appela les douze ses amis : « Désormais, je ne vous appelle pas serviteurs, mais amis. » Parmi eux, trois furent ses compagnons inséparables: Pierre, Jacques et Jean; et de ces trois, Jean fut le disciple préféré. Il nous est dit que « Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare » et sûrement, cette phrase implique une affection particulière pour les membres de la famille de Béthanie. Considéré comme Sauveur, il ne peut être accusé de préférence pour aucun homme en particulier; tous sont égaux dans son amour. Mais dans les traits de sa vie que nous citons, il fit une distinction entre ses disciples; cela nous autorise à penser qu'en dehors des larges et hautes relations qui unissent le Sauveur aux sauvés, il trouva ici-bas quelque joie dans le lien purement humain de l'amitié.

II

Dans les nombreux traités écrits sur ce sujet, quelques auteurs ont discuté la valeur relative de l'amitié, simple don du coeur, comparée à celle qui dispense des bienfaits.

Or, si nous trouvons une grande douceur dans l'affection sincère de l'ami le plus humble; si nous apprécions, comme ils le méritent, l'obligeance et le dévouement d'un ami influent, - les secours matériels même mis à notre disposition, - l'expression idéale de l'amitié n'est cependant pas entièrement réalisée dans ces deux cas.

Que chacun de nous jette un regard en arrière et évoque l'image de l'ami dont le souvenir est associé aux heures les plus belles de son existence et qu'il nous en dise le secret!

Si l'amitié a été d'une essence supérieure, la valeur de celui à qui vous avez donné le titre d'ami en aura été l'âme. Son coeur était pur de toute fraude, de tout artifice; au milieu de ce monde faux et décevant, parmi tant d'expériences amères et de désenchantements, sa noble figure vous a permis de croire encore à l'humanité. Voilà le gain incomparable de l'affection vouée à une âme simple, pure et élevée.

Si les êtres imparfaits que nous avons connus peuvent laisser de telles impressions, quel dut être alors le charme de l'amitié de Jésus, la connaissance intime de ce coeur toujours vibrant d'amour pour Dieu et les hommes, de cet esprit d'où jaillissaient les pensées les plus hautes, de ce caractère dans lequel la recherche la plus minutieuse n'eût pu signaler une tache!

Quand nous lisons la vie des grands hommes, nous ne pouvons retenir un soupir à la pensée que notre sort ici-bas aurait pu être de suivre Platon dans ses méditations, d'entendre les propos de table d'un Luther, de parcourir avec un Bunyan les rues ensoleillées de Bedford, ou d'écouter Coleridge lorsqu'il donnait une forme aux nuages dorés de sa philosophie. Mais que fut un pareil privilège comparé à celui de Marie assise aux pieds de Jésus et écoutant sa Parole, ou de Jean qui reposait affectueusement sa tête sur l'épaule du Maître!

III

L'amitié n'est pas le simple droit acquis par un homme sur un autre parce qu'il est né dans le même village ou s'est assis sur les bancs de la même école; ce n'est pas la relation de voisins qui ont appris à s'aimer dans le commérage quotidien de seuil à seuil, mais s'oublieront en un mois si les circonstances les séparent; elle n'est pas davantage dans les joyeux propos d'une réunion bruyante, la rencontre banale de voyageurs ou l'association des membres d'un parti politique.

Une vraie amitié est un entrelacement d'âmes, l'échange des coeurs. Cette conception est admirablement décrite dans l'Ancien Testament: « Et il arriva quand il eut cessé de parler à Saül que l'âme de Jonathan fut unie à celle de David, et Jonathan l'aima comme son âme. » Une union pareille ne peut être rompue sans déchirement.

Quelques personnes affirment que l'amitié ne peut avoir qu'un objet à la fois. Un des meilleurs esprits de notre siècle, un penseur auquel toutes les profondeurs des relations d'homme à homme sont familières, a fortement soutenu cette opinion et réduit au silence ses contradicteurs en affirmant que celui qui a plus d'un ami, n'a certainement pas encore trouvé le véritable. Mais il dénature par là cette affection et lui impose une règle compatible seulement avec une passion très différente. L'exemple de Christ est là pour prouver qu'il existe différents degrés dans l'amitié et que le coeur est capable de jouir à la fois de plusieurs amis.

IV

L'amitié est un sentiment actif qui prend plaisir à rendre des services et à répandre des bienfaits.

Les anciens avaient si bien compris cela que lorsqu'ils en discutaient les devoirs, ils se demandaient, non combien de gages elle devait donner de son existence, mais à quelle limite elle devait s'arrêter. Il était convenu que chacun souffrirait et sacrifierait tout au monde pour l'amour d'un ami, aussi ne lui prescrivaient-ils que de s'arrêter au point où son zèle pourrait heurter une obligation morale plus haute envers sa famille, sa patrie ou son Dieu.

D'accord avec ce principe, ils avaient représenté l'amitié sous la forme d'un jeune homme tête nue et simplement vêtu, signe d'activité et d'aptitude au service. La frange de son vêtement portait les mots « Mort et Vie », ou fidélité dans la vie et la mort. Sur son front, on lisait « Été et Hiver », c'est-à-dire que dans la prospérité ou l'adversité, l'amitié ne connaît pas de changements autres que ceux des services rendus. L'épaule et le bras gauche étaient découverts jusqu'au coeur qu'indiquait le doigt tendu de la main droite et sur lequel était écrit: « Au près et au loin », pour exprimer que la vraie amitié n'est affaiblie ni par le temps ni par la distance.

Il serait aisé de trouver des exemples de ces devoirs dans la conduite de Jésus envers ses amis; mais aucun n'est plus frappant que celui de la mort et de la résurrection de Lazare. Chaque détail de ce récit est caractéristique: Il demeure deux jours de plus dans l'endroit où il était lorsqu'il reçut la nouvelle de la mort de son ami, afin d'augmenter la valeur du don qu'il allait faire; il s'aventure en Judée en dépit des dangers auxquels il s'expose et des craintes de ses disciples : il répond avec feu à la faible foi de Marthe; il envoie secrètement chercher Marie afin qu'elle soit présente au grand acte qui va suivre; il sympathise si intensément avec les émotions de chacun qu'il répand des larmes et que les spectateurs s'écrient: « Voyez comme il l'aimait! » Sa prière prépare les soeurs au saisissement qu'elles éprouveront à la vue de leur frère sortant du sépulcre, vêtu de son linceul; enfin, il le rend à la vie; - tous ces traits sont ceux d'un amour d'une délicatesse infinie!

Mais la profondeur de l'amitié se prouve quelquefois autant par la prompte acceptation du bienfait que par la libéralité du bienfaiteur. Jésus donna cette preuve à Jean quand, suspendu à la croix, il demanda au disciple aimé d'adopter Marie pour sa mère. Jamais l'amitié ne trouva de plus délicate expression! Jésus ne lui demanda pas s'il acceptait; il tint son dévouement pour absolu et cette confiance fut le plus grand honneur qui pût être décerné au disciple.

V

Une des grandes jouissances de l'amitié est l'échange des relations familières et des confidences intimes; aussi l'expression populaire, en certains pays, dit en parlant de deux amis que celui que vous cherchez sera sûrement assis au loyer de l'autre. Ensemble, ils sont heureux. La parole est à peine nécessaire entre eux, car ils comprennent d'une manière subtile la pensée et le sentiment mutuels, et le silence sans embarras est un de leurs privilèges. D'autre part, quand les écluses de la conversation sont ouvertes, toutes les richesses spirituelles endiguées jusque là se précipitent au-dehors. Point n'est besoin de rien cacher. La pensée timide que l'on osait à peine formuler est subitement exprimée; l'opinion la plus hardie s'affirme sans crainte, la confiance répond à la confiance. Comme deux tisons qui brûlent faiblement à distance répandent soudain une joyeuse flamme s'ils sont rapprochés, ainsi deux esprits s'illuminent au contact l'un de l'autre et brillent d'une splendeur que nulle autre circonstance n'eût produite. Celui qui ne peut retrouver dans le trésor de ses souvenirs ces heures ensoleillées de la fête de l'esprit et de l'épanchement de l'âme ignore une des plus précieuses prérogatives de l'humanité.

Jésus choisit les douze tout particulièrement pour qu'ils fussent avec lui. Pendant trois ans, ils furent ses compagnons inséparables; souvent il les emmena dans les lieux solitaires ou dans des voyages lointains dans le simple but de jouir avec eux d'un échange ininterrompu. Nous avons dans l'évangile de Jean des fragments de ces conversations et, par la distance qui les sépare des discours au peuple reproduits par les Synoptiques, nous entrevoyons combien dans l'intimité il ouvrait son coeur aux douze. La nature des impressions reçues dans ces entretiens nous est dévoilée par ces mots, des deux disciples d'Emmaüs: « Notre coeur ne brûlait-il pas au dedans de nous, tandis qu'il parlait avec nous en chemin et nous enseignait les Écritures? »

Le coeur des apôtres garda le souvenir de ces grandes heures quand, plus tard, ils contemplèrent avec admiration le vaste et mystique royaume que leur avaient ouvert les pensées de Christ. Il leur fut même accordé quelques heures plus belles encore quand il les prit avec lui pour prier, comme il le fit sur la montagne où ils virent sa gloire ou à Géthsémané. Jamais son amitié ne fut plus incontestablement humaine que dans cette dernière occasion où il réclama leur sympathie, les suppliant de le soutenir dans son agonie.

Nous sommes étonnés qu'il les ait admis aussi complètement dans sa vie intérieure. Ces heures de la prière n'étaient-elles pas trop sacrées pour que des yeux mortels en fussent témoins ? Le fait que ses amis y participèrent nous prouve que c'est un droit de l'amitié d'être initiée au secret de l'expérience religieuse. Quand cette porte est fermée, l'amitié est bien imparfaite, car l'ami est exclu du domaine le plus important de la vie. L'on peut de là conclure que l'amitié dans son sens le plus élevé n'existe guère qu'entre chrétiens! et eux-mêmes ne la goûtent entièrement que lorsqu'ils sont arrivés à un libre et fréquent échange sur les sujets qui découlaient naturellement des lèvres du Christ.

VI

Pour estimer la valeur d'une amitié, il faut se demander ce qu'elle a fait pour nous et de nous; elle se juge à ses résultats!

L'amitié de Jésus pouvait supporter cette épreuve. Voyez les douze! Considérez ce qu'ils étaient avant de le connaître: d'humbles hommes dont deux ou trois possédaient sans doute de rares dons naturels, mais tous rudes et incultes. Sains lui, ils auraient vécu dans l'obscurité de leurs occupations matérielles et seraient ensevelis dans des tombes ignorées sur le bord des eaux bleues de la mer de Galilée. Jamais leur nom n'aurait retenti à plus de dix lieues de leur demeure et tous auraient été oubliés en moins d'un siècle. Mais son exemple et ses entretiens les élevèrent au niveau des meilleurs et des plus sages parmi les hommes et leurs enseignements dirigent encore le monde moderne.

Nos amitiés doivent subir aussi cette épreuve. Il en est qui entraînent à la dégradation et à la honte. Mais une vraie amitié purifie et élève le coeur. Un ami doit être une seconde conscience; ce qu'il attend de nous doit aiguillonner notre effort. Le simple souvenir de son existence, si éloigné qu'il puisse être, doit arrêter les pensées indignes et prévenir les basses actions. - Un des privilèges de l'amitié est le droit qu'elle confère de nous instruire sur nos défauts. Il y a dans chaque homme des traits de caractère ou des ridicules visibles à tous les yeux excepté aux siens, et devant lui des pentes dangereuses qu'un ami peut discerner de loin. Il faut quelque tact pour donner ces avertissements et quelque bonne grâce pour les recevoir avec reconnaissance, mais « les blessures d'un ami sont fidèles » et les paroles de sage reproche sont un des témoignages inestimables de l'amitié.

Cependant, tout en jugeant de la valeur des amitiés d'après leur influence sur nous, il n'est pas moins important de se rappeler que notre propre conduite à l'égard des autres doit être soumise à la même épreuve, le bien ou le mal que nous pouvons faire à ceux que nous aimons étant le sujet de nos préoccupations et de nos ardentes prières. Ne serait-ce pas une récompense supérieure à toutes les distinctions terrestres si, vers la fin de notre vie, peut-être même sur notre tombe, une ou deux créatures pouvaient dire de nous: « Il m'a relevé; il m'a appris à croire à la bonté humaine; je remercie Dieu de ce que je l'ai connu. »

Nous ne pourrons exercer une telle influence que si nous nous tenons en communion avec la grande source de bonté. Christ fut jadis en Palestine l'ami de Pierre, Jacques et Jean, de Marthe, Marie et Lazare. Mais A est toujours l'ami des hommes et, si nous le désirons, il sera le nôtre. Quelques-uns marchent avec lui et s'entretiennent avec lui. Ils le rencontrent le matin à leur réveil; il est avec eux dans la rue et à leur travail; ils lui disent leurs secrets et s'adressent à lui à l'heure de la détresse ; ils le connaissent mieux qu'aucun autre ami. Ceux-là ont trouvé le secret de l'existence et maintiennent vivante la foi de l'humanité dans la réalité de la vie de Christ.


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