Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

III

Christ, membre de l'Eglise.

Matthieu Ill, 13-15; VIII, 4; IX, 35; XIII, 54; XXI, 12, 13. Marc III, 1-6; VI, 2; XII, 41-44. Luc II, 21-24, 39, 41-49; IV, 16-32, 44; XXII, 53. Jean IV, 22; V, 1; VIII, 20; X, 22, -23.

Matthieu
IX, 10-17; XII, 1-14; XV, 1-9; XVI, 6; XXIII. Luc X, 31, 32. Jean II, 18-22.

Matthieu
XXIV, 1, 2; XXVI, 17-30; XXVIII, 19-20. Jean XX, 22, 23.

L'Église est, à quelques égards, un corps plus étroit que la famille elle-même, car elle peut recevoir un membre d'une famille en même temps qu'elle en exclut un autre, mais elle est cependant plus large encore que l'État, puisque les citoyens de nations différentes peuvent être membres d'une même Église. La famille et l'État sont des institutions créées par la force même de la nature humaine et en parfait accord avec ses lois inhérentes; mais l'Église est une institution divine, placée au milieu des hommes pour éveiller et former les âmes à une vie supérieure; dans tout coeur naturel, elle trouve un rejeton vivace que son rôle sera de développer : c'est la nostalgie d'un bonheur impossible à réaliser ici-bas et qui ne peut être obtenu que par un don du Ciel.

Sans révélation, il n'y a pas d'Église.

Comme les clochers de nos cathédrales s'élancent au-dessus des demeures des hommes et montent vers le ciel, ainsi l'institution de l'Église exprime l'aspiration de l'homme à une vie divine et éternelle que seule la grâce de Dieu peut lui donner.

I

Jésus naquit dans une contrée où existait déjà une Église fondée sur la révélation et dispensatrice de la grâce de Dieu. Il était fils de cette nation à laquelle appartenaient « l'adoption et la gloire, les alliances, la loi, le service de Dieu et les promesses. »

Admis dans l'Église par la cérémonie habituelle de la circoncision il fut, quelques semaines plus tard, présenté dans le temple comme tout enfant juif et consacré au Seigneur.
Ainsi, avant qu'il en eût conscience, l'Église visible de Dieu l'adoptait par des rites sacrés.
Le baptême a pour nous la même signification. Mais un grand nombre de ceux qui ont été baptisés dans leur enfance n'ont, à l'âge mur, aucun désir d'être liés avec l'Église. Jésus au contraire, aussitôt qu'il fut capable d'action personnelle, s'assimila les pieux désirs de ses parents et témoigna d'un amour passionné pour la maison de Dieu. Quand ses parents le perdirent à Jérusalem, lors de son premier voyage à l'âge de douze ans, ils le retrouvèrent dans le temple et à l'ouïe de leurs reproches il leur demanda, surpris, où donc ailleurs ils pouvaient s'attendre à le trouver. Il fréquenta sans doute assidûment la synagogue durant les obscures années de sa vie à Nazareth et il est étrange de songer aux prédications que si longtemps il dut entendre dimanche après dimanche.

Quand il quitta la vie privée de Nazareth pour entrer dans le ministère, il resta fidèle à la synagogue; elle fut, de fait le centre d'où se développa son oeuvre. - « Il fit des miracles dans les synagogues de la Galilée. » Il ne négligea pas davantage cet autre centre de l'adoration juive, le temple de Jérusalem; il prit part à ses fêtes; il mangea la pâque avec ses disciples dans cette ville et prêcha dans ses murs. Il ne dédaigna pas même le devoir matériel de contribuer à la collecte et envoya Pierre chercher dans la bouche d'un poisson une monnaie pour payer la taxe due par chaque membre de l'Église; il loua chaleureusement la veuve qui jeta sa pite dans le tronc.

Ainsi, Jésus aima avec passion la maison de Dieu et put dire avec David : « Que ton tabernacle est aimable, ô Éternel! Mon âme soupire et languit après les parvis de l'Éternel! »

On entend quelquefois de nos jours des hommes qui font profession de foi chrétienne dénigrer le culte public, comme si la religion pouvait exister aussi bien sans cette forme extérieure et, pour des raisons futiles ou sans raisons aucunes, ils se retirent de l'Église visible comme si elle était indigne d'eux. Jésus n'agit pas ainsi. L'Église de son temps était loin d'être pure et lui, plus que personne, aurait pu l'estimer inférieure. Mais il en accomplit régulièrement les ordonnances et l'aima ardemment. Peut-être est-il peu de congrégations moins idéales que celle au milieu de laquelle il adora à Nazareth et peu de discours plus imparfaits que ceux qu'il écouta. Mais dans cette synagogue, il se sentait uni à toute la vie religieuse de la contrée; tandis qu'il entendait lire l'Écriture, la grandeur et la beauté des premiers âges l'enveloppaient et le ciel lui-même descendait pour lui dans cet étroit sanctuaire.

L'Église est dans la demeure humaine la fenêtre qui laisse entrevoir le ciel et, pour rendre les étoiles visibles, point n'est besoin d'une fenêtre bien artistement, décorée. Bunyan, l'auteur du Voyage du chrétien, a donné à l'Église le nom de Palais de Beauté; cependant, il ne connut guère que les salles de réunions baptistes dans le Bedforshire et, à une époque de persécution, elles furent certainement les plus humbles constructions qui aient jamais servi à l'adoration. Aux yeux vulgaires elles paraissaient à peine supérieures à des granges; mais à ses yeux, chacune d'elles était un Palais de Beauté, car, assis sur un de leurs bancs grossiers, il se sentait membre de l'assemblée générale et de l'Église du Christ; son imagination voyait au-delà des poutres noircies, le toit somptueux et le pinacle étincelant de l'Église universelle. Que le temple soit une salle construite en briques ou une imposante cathédrale, c'est l'imagination sanctifiée qui l'orne de vraie sublimité et l'amour de Dieu transforme le plus humble bâtiment en une demeure de l'Esprit.

II

Quoique l'Église au temps de Christ fût d'origine divine et qu'il reconnût en elle la maison de Dieu, elle contenait une masse d'erreurs. L'homme peut ajouter à une institution divine ce qui lui est propre; peu à peu, les adjonctions humaines s'identifient si bien avec la base divine qu'elles forment un seul bloc où il devient presque impossible de discerner ce qui vient de Dieu de ce qui vient de l'homme. Quelques âmes heureuses cependant, pénètrent encore jusqu'à la réalité, comme les racines de ces arbres qui, à travers les crevasses du rocher, vont chercher leur nourriture jusqu'au sol; mais les multitudes sont incapables de la trouver et périssent de l'effort qu'elles font d'assouvir leurs aspirations dans les réalités humaines qu'elles confondent avec le divin. De temps en temps, un homme parait, qui perçoit la ligne invisible qui sépare l'oeuvre originale de la couche superposée; il démolit alors toute cette construction artificielle au milieu des cris sauvages des oiseaux de nuit qui en ont fait leur demeure et, une fois de plus, l'oeuvre de Dieu est mise en lumière ; cet homme est un réformateur.

Dans la synagogue, l'accumulation des erreurs humaines avait envahi la religion jusqu'au sommet. Nul ne sait où et quand elles commencèrent; peut-être fut-ce innocemment; une méprise qui s'était glissée au sujet de l'adoration due à Dieu, avait contribué à leur rapide développement.

Dans le principe, l'adoration est le moyen par lequel l'âme s'approche de Dieu pour recevoir sa plénitude et être rendue capable de vivre pour Lui par la force ainsi acquise. Mais la tendance naturelle est de regarder cet acte comme un tribut que nous payons à Dieu pour lui plaire et qui est méritoire de notre part. Si c'est un, tribut, il faut naturellement payer le plus possible, afin d'augmenter le mérite de l'adorateur; aussi les services sont multipliés, de nouvelles formes sont inventées et le souvenir de la grâce de Dieu se perd dans l'accomplissement du mérite humain.

C'est ce qui arriva en Palestine: Le culte avait dégénéré en une série interminable de services multipliés au point d'être un fardeau insupportable à la vie. Les ministres de la religion les accumulaient sur le peuple jusqu'à ce que les consciences fussent si troublées du sentiment des déficits inévitables que toute la joie de la communion avec Dieu en fût éteinte. Les prêtres eux-mêmes n'étaient pas capables d'accomplir toutes les pratiques qu'ils inventaient et de là naquit l'hypocrisie, puisqu'ils étaient censés exécuter ce qu'ils prescrivaient à autrui. Mais « ils liaient sur les épaules des hommes de lourds fardeaux qu'ils n'auraient pas touchés eux-mêmes ». Il était temps qu'un réformateur apparût et tel fut le rôle de Jésus.

La première explosion éclata au début de son ministère quand il chassa du temple les vendeurs et les acheteurs. Une bonne intention avait présidé autrefois à ce trafic: ils vendaient les colombes et les boeufs destinés aux sacrifices des adorateurs étrangers qui arrivaient par centaines de mille à la fête de Jérusalem et ne pouvaient aisément transporter avec eux ces animaux; ils échangeaient encore la monnaie du pays contre l'argent de ces voyageurs.

C'était un commerce utile, mais qui était devenu un abus, car la vente du bétail et le change de l'argent étaient taxés à un prix exorbitant; le marché se faisait au milieu d'un bruit étourdissant de clameurs qui troublaient le service divin et il tenait tant de place que les Gentils étaient, rejetés hors de la cour du temple. Bref, la maison de prière était devenue une caverne de voleurs.

Jésus avait sans doute observé cet abus bien des fois et, lorsque l'esprit prophétique s'empara de lui et que son ministère public commença, un de ses premiers actes fut de purifier la maison de Dieu. Le jeune prophète, armé de son fouet de cordes, flamboyant au-dessus de la foule vénale qui, consciente de son péché fuit le courroux divin, au milieu des tables renversées et des animaux effrayés, est l'image saisissante du Réformateur.

On dit que les familles des grands-prêtres touchaient un revenu sur ce trafic impie et il n'est pas étonnant que celui qui les privait ainsi de leurs intérêts se soit attiré leur antipathie. Jésus excita de la même manière le ressentiment des Pharisiens en jetant le ridicule sur leurs longues et prétentieuses prières et l'ostentation avec laquelle ils annonçaient leurs aumônes. Il était de son devoir de dénoncer ces pratiques, car on avait enseigné au peuple à révérer comme la fleur de la piété ce qui n'était que vulgarité et orgueil.

Le Christ consentit à être traité de profane parce qu'il négligeait les jeûnes et les exagérations du sabbat qui sont une entrave à la religion et plus encore, parce qu'il se mêla aux publicains et aux pécheurs, sachant que par là il remplissait le but voulu de la miséricorde divine.

Il fut contraint à la fin d'arracher complètement le masque d'hypocrisie qui couvrait les hommes religieux du temps et de les exposer sous leurs véritables traits « d'aveugles conducteurs des aveugles » et de « sépulcres blanchis, beaux à l'extérieur, mais remplis d'ossements humains ». Ainsi, il dégagea la maison de Dieu des erreurs qui l'avaient envahie et le temple reparut dans ses belles proportions. Mais il eut à payer le prix de son audace. Les prêtres, dont il avait interrompu la source de gains iniques, les Pharisiens dont il avait dénoncé l'hypocrisie, le poursuivirent avec une haine implacable et, à son titre de réformateur, ils ajoutèrent celui de martyr.

L'Église du Nouveau Testament n'est pas plus à l'abri des erreurs que l'ancienne synagogue; la condition de l'Église chrétienne était pareille à celle des Juifs au temps de Christ lorsque parurent Luther, Calvin et Wiclef; les surcharges de l'homme avaient complètement recouvert l'oeuvre de Dieu; la religion, créée pour révéler la grâce de Dieu, s'était transformée en un cycle de formes et de cérémonies destinées à obtenir la faveur divine au moyen de la propre justice et du mérite personnel; et les prêtres étaient devenus d'aveugles conducteurs de la foule aveugle. Par la réforme, Dieu délivra l'Église de cet état de choses.

Il serait puéril cependant de s'imaginer qu'à notre époque et dans l'Église particulière que nous fréquentons, il n'y ait pas d'erreur nécessitant le coup de pioche du réformateur. Notre aveuglement n'est pas une preuve de leur non existence, car l'Église, dans ses jours les plus sombres, a été inconsciente de ses fautes et, dans tous les âges, quelques-uns ont cru servir Dieu en s'opposant aux transformations les plus nécessaires.

III

Le nom de Réformateur est un grand nom, mais Jésus en possède un plus grand encore, celui de Fondateur de l'Église.

L'antique synagogue dans laquelle il fut élevé était près de disparaître; elle avait accompli sa tâche et lui-même prophétisa qu'il ne resterait pas du temple pierre sur pierre; il annonça à la Samaritaine que l'heure viendrait où le Père ne serait adoré ni à Garizim ni à Sion, mais que les vrais adorateurs l'adoreraient partout en esprit et en vérité et, quand il mourut, le voile du temple se déchira du haut en bas.

Son sang versé établit entre l'homme et Dieu une relation nouvelle et plus pure que le sang des victimes offertes jusque-là en sacrifice ; c'est ce qu'il affirma en instituant la Cène: « Ceci est la nouvelle alliance en mon sang. à, La parfaite révélation du Père en lui illumina l'Église qui reçut et administra les riches bénédictions obtenues par sa vie et sa mort.

Mais dans cette nouvelle fondation, il ne rejeta pas absolument tous les matériaux antérieurs; la Cène fut composée des éléments de la Pâque juive; les formes d'adoration et les fonctions de l'Église chrétienne ressemblèrent à celles de la synagogue et les écrits de l'Ancien et du Nouveau Testament formèrent dès lors un seul et même livre.

Jésus lui-même ne créa pas le plan de l'Église. Il se contenta de poser les fondements et d'esquisser les grandes lignes de l'édifice. Il lui confia son Évangile et la charge sacrée de l'annoncer à toute créature. Il lui donna douze apôtres dont les travaux et l'enseignement inspiré peuvent servir de contreforts aux pierres d'assise posées par lui; il les investit d'autorité pour admettre ou exclure les nouveaux disciples. Il institua les sacrements du baptême et de la communion et surtout, il laissa à l'Église cette promesse qui, dans tous les âges, est son rayon d'espoir: « Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. »

L'oeuvre de fondation du Christ fut faite une fois pour toutes et ne peut être reproduite. Lès hommes rêvent parfois de l'Église disparaissant devant une forme plus parfaite; mais seule, sa reconstruction sur la même pierre d'angle nous est laissée et cette oeuvre doit être accomplie dans l'esprit qui présida à sa création. Il faut que les nouveaux constructeurs s'assurent de la base primitive, car bien des oeuvres sont faites au nom du Christ qu'il ne reconnaîtra pas comme siennes; nous aurons créé alors une Église personnelle et nos efforts seront vains si nous avons négligé cette nouvelle alliance en son sang qu'il déclara indispensable à son oeuvre.

Tous ceux qui participent à ce labeur devraient y consacrer la même sainte ardeur. Il mourut pour le salut des âmes. Quels sacrifices sommes-nous prêts à accepter pour la même cause'? - Il donna sa vie; donnerons-nous notre aisance, notre effort, notre argent ? - Chaque âme individuelle lui parut plus précieuse qu'un monde. Que sont-elles à nos yeux? - Sommes-nous hantés par leur sort, attristés de leurs péchés? - Leur salut nous remplirait-il d'une parcelle de cette joie qui fait tressaillir les anges dans le ciel quand un pécheur se convertit ?

Si le zèle est de rigueur pour travailler à l'oeuvre de Christ, il faut encore y apporter une personnalité originale. Jésus ne prescrivit pas les moindres détails d'organisation. Il laissa à l'ingéniosité humaine le soin de chercher le meilleur moyen d'accomplir son oeuvre et l'Eglise cherche encore. De nouveaux problèmes se sont élevés, de nouvelles tâches s'imposent et elle a besoin de pionniers et d'inventeurs pour ouvrir la voie à de nouvelles conquêtes. Il est impossible, par exemple, de mesurer la valeur des services rendus à l'Église par celui qui fonda la première école du Dimanche. Ce n'était pas un haut dignitaire ni peut-être un homme remarquable, sauf en ceci : - il vit devant lui un vaste champ de travail et fut original dans la découverte de la meilleure manière de le défricher. Il entra dans le monde de l'enfance et procura dès lors une oeuvre aux myriades de moissonneurs volontaires qui l'ont suivi dans cette attrayante partie du ministère.

Beaucoup d'autres problèmes attendent leur solution du génie chrétien sanctifié. Je ne sais aucun but plus digne d'envie que celui d'être le premier à découvrir pour la pensée chrétienne l'exploitation de quelque nouvelle mine de connaissance spirituelle, à élever le caractère chrétien à un niveau moral supérieur, ou à atteindre et satisfaire aux aspirations d'une fraction négligée de la communauté.


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