Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LES HEUREUX


IX

LES PERSÉCUTÉS
PERSÉCUTÉS POUR LA JUSTICE

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux.
MATTHIEU V, 10.

 

On a remarqué très justement que sur les huit béatitudes, les quatre premières promettent le bonheur à ceux qui le cherchent, tandis que les quatre dernières le promettent à ceux qui, l'ayant trouvé, travaillent et même souffrent pour la venue du règne de Dieu. N'est-ce pas une gradation intéressante à constater en ce qui touche aux dispositions du coeur que Jésus découvre dans ses auditeurs ?

J'ajoute que la première et la dernière des béatitudes annoncent à l'âme humaine une satisfaction pleine et entière, puisqu'elles lui promettent l'une et l'autre le royaume des cieux, c'est-à-dire le souverain bien, et cela dès maintenant, car le verbe est au présent et non au futur, d'un côté aux humbles, c'est-à-dire à ceux qui ont l'esprit de pauvreté, de l'autre à ceux qui sont persécutés pour la justice. Les béatitudes intermédiaires ne promettent qu'une satisfaction 'partielle : la consolation, la terre, le rassasiement, la miséricorde, la vue de Dieu, le titre d'enfants de Dieu. Qu'est-ce à dire, sinon que Jésus estime par-dessus tout les coeurs humbles et ceux qui sont prêts à tout souffrir pour le triomphe de la justice ?

Bien plus, il se complaît, lorsqu'il va terminer, à décrire et leurs souffrances et leur bonheur futur. Après avoir dit d'une façon générale : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux », il ajoute, pour développer et compléter sa pensée : « Heureux serez-vous lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous » (versets 11 et 12). C'est qu'il en savait quelque chose de ces persécutions et de ces calomnies, lui, l'homme de douleur, qui n'avait fait aux autres que du bien et qui trop souvent ne reçut en échange que du mal de la part des hommes.

Une dernière remarque préliminaire: les deux groupes de béatitudes se terminent l'un et l'autre par une allusion à la justice, mais tandis que la quatrième parlait de ceux qui ont faim et soif de justice et leur annonçait qu'ils seraient rassasiés, la huitième va plus loin, elle nous montre des gens qui, non seulement ont faim et soif de justice, mais qui l'aiment tellement et qui sont tellement passionnés d'amour pour elle qu'ils sont prêts à souffrir et même à subir toutes sortes de persécutions et de mauvais traitements à cause d'elle. Il y a là évidemment quelque chose de plus que dans les premiers et l'on comprend que la récompense soit plus grande aussi et que Jésus la proportionne à l'intensité de leur amour pour elle.

Cela dit, entrons plus avant dans notre sujet. Il existe sur la terre des âmes nobles qui sont tourmentées par des aspirations à la fois profondes et élevées, divines et humaines, elles ont compris que satisfaire le corps, lui donner ce dont il a besoin, c'est quelque chose, mais peu de chose, et qu'il existe dans l'homme des besoins infiniment plus nobles qui veulent être satisfaits aussi. Ces âmes font contraste avec une foule innombrable d'hommes dont la vie terre à terre n'a rien qui les élève ; gagner de l'argent, manger, boire et dormir, jouir plus ou moins égoïstement, mener une bonne petite vie facile et sans envolée, ressembler à des chevaux de tramways qui toujours et toujours font la même route sans rien voir au delà, et qui n'aspirent qu'à leur crèche après avoir toute la journée parcouru le même chemin, tout cela leur fait horreur, ils vibrent trop, ils sentent trop vivement pour se contenter d'une existence pareille.

Parmi les aspirations de ces âmes nobles, que l'on pourrait appeler l'élite ou l'aristocratie de la race humaine, il en est une qui domine les autres, la recherche ardente, infatigable, de la justice, de la justice pour eux, cela va bien sans dire, mais davantage encore de la justice autour d'eux pour leurs compagnons de route qui souffrent si souvent des injustices d'ici-bas, et tout autant de la justice en eux, car ils se sont aperçus que c'est par eux-mêmes qu'il fallait commencer et qu'avant de réclamer la justice pour eux, il fallait l'apporter autour d'eux. En effet, plus nous aimons la justice, plus nous voulons être justes nous-mêmes, et plus nous souffrons quand nous découvrons au-dedans de nous des restes d'injustice dont peut-être jadis nous ne nous doutions même pas.

Ce sont ces âmes-là que tourmente le besoin de justice qui nous aident à croire à l'humanité; quand nous les rencontrons, nous devenons optimistes et nous nous remettons à espérer le grand triomphe final. Autant les autres nous attristent et nous dépriment, nous découragent et parfois nous scandalisent, autant celles-là nous aident à vivre et nous réconfortent. Leur vue nous fait l'effet d'un tonique, en les voyant nous nous sentons plus forts, plus heureux, plus fiers d'être hommes. Heureusement il y a eu de ces aristocrates à toutes les époques et dans tous les pays, dans tous les milieux et dans tous les partis, et il y en a aujourd'hui parmi les chrétiens et parmi ceux qui ne le sont pas ; quelque chose de puissant, comme un secret instinct irrésistible, nous pousse vers eux, car nous sentons que ce sont ces hommes-là qui sauveront la race de toutes ses déchéances,

Quand je les vois poursuivre, sans se lasser jamais, l'idéal de justice, il me semble que je rencontre de ces jeunes gens passionnés pour les courses de montagne, qui, après avoir découvert un sommet splendide et tout éblouissant de gloire, n'ont plus qu'une pensée : l'atteindre, coûte que coûte, comme Whymper le fit jadis avec le Cervin. Alors, quand leur résolution est prise, ils ne se laissent arrêter par rien ni par personne, le sommet les fascine, il faut qu'ils y arrivent et ils sont prêts, pour l'atteindre, à faire tous les sacrifices d'argent et de fatigue, d'énergie physique et morale qui seront nécessaires. Avouez que des jeunes gens de cette trempe sont autrement plus nobles et plus intéressants que ceux qui passent leur temps à s'amuser ou à jouer au Kursaal. Ces derniers, en se ruinant corps et âme, ruinent les autres qu'ils devraient aimer, tandis que les premiers en s'efforçant de monter toujours plus haut font monter avec eux ceux qu'ils considèrent comme des frères.

Hélas ! pourquoi ces hommes altérés de justice sont-ils aussi ceux qui souffrent le plus sur une terre comme la nôtre ? Car il faut le reconnaître, la justice n'est pas de ce monde, notre besoin de justice est constamment heurté par la vue et l'expérience des choses d'ici-bas. Du haut en bas de l'échelle, l'injustice semble triomphante. Trop souvent les forts écrasent les faibles, les gros mangent les petits, les gens prospères se montrent durs envers les malheureux. Il en fut ainsi de tout temps, mais aujourd'hui ces injustices nous choquent plus que jadis, car, sous l'influence du christianisme, la personnalité humaine recouvre peu à peu sa valeur, aussi bien celle d'un homme supérieur, intelligent, riche, bien doué, que celle du plus humble, du plus obscur. Petit à petit, l'humanité prend conscience d'elle-même, non pas seulement dans son élite, mais tout autant et peut-être plus encore dans ses petits, dans ses infirmes, dans ses déshérités, et, chose sublime, ce sont souvent ces êtres en marge de la société en faveur desquels le besoin de justice semble le plus impérieux, précisément parce qu'ils ne peuvent pas se défendre comme les autres. Il en est ici comme de ces familles nombreuses où vit un enfant chétif et retardé, peut-être sans intelligence, c'est cet être qui attirera sur lui le plus d'amour et de pitié de la part de ses parents, et même de ses frères et soeurs, on dirait que tous se sentent obligés d'apporter au malheureux des compensations pour rétablir l'équilibre, il a moins reçu que les autres, la justice demande qu'on lui donne plus ; cela va même si loin que parfois c'est lui, le pauvre petit, qu'on aimera le mieux et qui jouera le premier rôle dans les affections familiales.

De là ce gigantesque effort de l'humanité contemporaine qui scandalisait tant Nietzsche et tous les orgueilleux de son espèce, pour se pencher sur les détresses humaines et lutter avec toujours plus de force contre les injustices d'ici-bas. Mais aussi, avec cet effort, il a fallu faire des découvertes navrantes, il a fallu voir les choses comme elles sont, et le monde est apparu et apparaît tous les jours davantage, parce que son prince n'est pas encore Dieu mais Satan, comme un chaos confus où le besoin de justice est constamment heurté et même foulé aux pieds par le règne et trop souvent le triomphe des injustices d'ici-bas : injustice dans la naissance, dans la position sociale, dans la répartition des talents de toutes sortes, injustice entre les citoyens dans les rapports sociaux, injustice entre peuples dans les relations internationales.

Comment ne pas faire allusion ici aux événements contemporains qui troublent à tel point nos consciences et qui risquent d'enlever la foi à des multitudes déjà peu portées à la piété, après l'écrasement de la Pologne, après les persécutions bien des fois séculaires et sans cesse renouvelées du petit peuple Juif, après l'extermination de la nation arménienne, sous les yeux des grandes puissances paralysées grâce à leur jalousie, voici les Belges, et, pour finir cette scandaleuse histoire, la nation serbe qui est écrasée et sur le point d'être supprimée par de formidables empires, plus semblables aux bêtes féroces décrites par Daniel, qu'au Fils de l'homme qu'il vit descendre des nuées des cieux. Et pourquoi cela ? Tout simplement parce que ce sont des peuples petits, des nations faibles quoique sublimes de vaillance, et qu'il a été décidé dans certains milieux qu'il n'y avait plus de place pour de telles nations dans une Europe civilisée, la Kaltur ne le permet plus, la Real Politik l'interdit, et alors, sans même se préoccuper du jugement écrasant de l'histoire, dont Schiller disait pourtant que «l'histoire du monde est le jugement du monde », on a osé, en plein vingtième siècle, insulter la conscience humaine, la fouler aux pieds et la couvrir de boue en écrasant sans pitié ceux qui, finalement, avait autant de droits que les autres à vivre et à se développer, que dis-je? qui en avaient encore plus le droit parce qu'ils en étaient plus dignes. Et ce n'est pas la Suisse, cet autre pays minuscule, qui, d'après tels des maîtres de la pensée moderne, doit disparaître à son tour, qui sera la dernière à protester contre de telles infamies, au risque de sortir d'une neutralité dont elle ne voudrait pas si elle devait être achetée au prix de la justice. « La neutralité morale est la négation de la morale », a-t-on dit récemment, et rien n'est plus juste.

Ah! que ceux qui, à l'heure actuelle, sont persécutés pour la justice, que ceux que l'on écrase sans pitié et qui respirent encore sous la botte de l'envahisseur fassent un effort suprême pour croire à la justice de leur cause, et que pour cela ils écoutent dans leur détresse celui qui, à travers les siècles, leur crie : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux.» Qu'ils sachent que l'histoire est là pour démontrer l'écroulement certain de tous les empires et de tous les royaumes comme de toutes les démocraties qui ont été fondées sur l'injustice. L'écroulement pour se faire attendre n'en a pas moins été toujours et n'en sera pas moins à l'avenir certain de par les lois divines et humaines. « Ceux, dit l'Écriture, qui labourent l'iniquité et qui sèment l'injustice en moissonnent les fruits ; ils périssent par le souffle de Dieu, ils sont consumés par le vent de sa colère (Job IV, 8 et 9). Malheur, dit Jérémie, à celui qui bâtit sa maison par l'injustice, qui n'a des yeux et un coeur que pour le livrer à la cupidité, pour répandre le sang innocent, et pour exercer l'oppression et la violence. On ne le pleurera pas en disant : Hélas, mon frère ! Hélas, ma soeur! On ne le pleurera pas en disant: Hélas, seigneur ! Hélas, sa majesté! Il aura la sépulture d'un âne, il sera traîné et jeté hors des portes de Jérusalem » (Jérémie XXII, 13 à 19).

Mais pour préparer le triomphe de la justice, et pour se réjouir dès maintenant à la perspective de ce triomphe, il est une chose qu'il ne faut pas faire, il en est une autre qui s'impose. Ce qu'il ne faut pas faire, c'est se laisser vaincre par la vue des injustices d'ici-bas. Il arrive en effet bien souvent qu'après avoir lutté et souffert pour la justice et après avoir échoué, les hommes se lassent et se découragent, ils renoncent à cette justice qu'ils aimaient tant jadis et se mettent à hurler avec les loups, c'est-à-dire à croire que, puisque « la force crée le droit », il n'y a pas d'autre droit que celui de la force ; ils acceptent alors le sceptre de fer dont on les menace, pour ne pas être écrasés par lui, et ils se contentent de la bonne petite vie terre à terre, toute bourgeoise dont nous parlions plus haut, qui est une défaite pour celui qui avait entrevu autre chose. Mourir en beauté, c'est-à-dire en défendant la justice, eût infiniment mieux valu. Il en est d'autres qui, sans tomber si bas, se contentent de se révolter, de protester sans rien faire, ils ne croient plus que leurs efforts puissent servir à quelque chose et ils laissent l'amertume envahir leur coeur meurtri. Ce sont des révoltés qui ne vont certes pas jusqu'à suivre l'exemple des premiers, mais qui n'en sont pas moins vaincus par les injustices d'ici-bas.

J'appelle encore vaincus ceux qui prennent, sans même se révolter, l'attitude du bouddhisme. Bouddha fut en effet un grand vaincu malgré sa si touchante pitié humaine, malgré son admirable conduite envers les malheureux, malgré surtout l'universelle fraternité qu'il propose aux hommes, Bouddha est un grand vaincu, car, après avoir vu le mal en face, il en fut tellement impressionné qu'il sentit l'impuissance où se trouvait l'homme de faire disparaître le mal, le seul moyen de le supprimer était de supprimer l'existence, d'aboutir à la grande inconscience du nirvâna. Cela s'appelle une défaite, car c'est croire que le mal est plus fort que le bien et que partout où la vie consciente existe, elle est terrassée par le mal. Les bouddhistes sont plus nombreux qu'on ne le croit, beaucoup le sont sans le savoir, il y en a partout, il y en a chez nous, ce sont les résignés, les fatalistes qui renoncent à lutter contre une puissance plus forte qu'eux. Ce n'est pas là l'attitude du chrétien.

Ce qu'il faut faire, c'est précisément adopter cette dernière attitude, voir en face le mal et l'injustice sous toutes ses formes, comme le fit Jésus-Christ, non pour en prendre son parti, mais pour croire à sa défaite, pour l'affirmer avec courage et se mettre résolument à lutter contre elle. J'avoue que si je n'étais pas chrétien, je serais un bouddhiste convaincu, car il me semble qu'il n'y a pas d'autre alternative que celle du christianisme, c'est-à-dire de l'optimisme, ou du bouddhisme, c'est-à-dire du pessimisme. Pour être vainqueur, il faut croire que le Christ détruira certainement l'injustice, lui dont il est dit dans l'Ancien Testament « qu'il ne s'arrêtera pas, qu'il ne se ralentira pas jusqu'à ce qu'il ait établi la justice sur la terre » (Ésaïe XLII, 4), lui qui criait aux foules : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par dessus» (Matthieu VI, 33), lui dont un disciple écrivait : « Nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera » (2 Pierre III, 13).

« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. » Qu'est-ce que cela signifie, sinon que plus l'adversaire fait d'efforts contre nous pour tâcher de nous écraser, parce que nous voulons la justice, plus il nous honore puisqu'il montre par là qu'il voit en nous des disciples authentiques de Jésus-Christ.
Nous serons donc heureux d'être persécutés pour la justice, tout d'abord parce qu'intérieurement notre conscience pourra nous rendre le témoignage que nous sommes les disciples de celui qui a tout souffert pour faire triompher la justice. Ah ! le témoignage de la conscience, c'est bien « ce qui fait notre gloire », comme le disait saint Paul (2 Corinthiens I, 12), et c'est bien ce qui donnait aux martyrs d'autrefois et plus tard aux Huguenots de France un tel courage, une telle force, un tel enthousiasme lorsqu'ils descendaient dans les arènes romaines, qu'ils montaient sur les bûchers ou qu'ils prenaient le chemin de l'exil après avoir tout perdu, sauf leur Bible et leur bonne conscience. Il y a dans le témoignage de la conscience des joies ineffables, avant-goût de celles du ciel, que n'ont jamais connues et que ne connaîtront jamais les puissants qui foulent aux pieds la justice, même s'ils réussissaient pour un instant à conquérir le monde.

Et puis ils sont heureux parce qu'une secrète intuition leur annonce qu'ils triompheront. Ils sont membres d'un royaume qui ne passera pas, ils appartiennent à une économie qui est bien au-dessus des agitations d'ici-bas. À une certaine hauteur, au-dessus des nuages, le soleil est toujours beau, le ciel toujours pur, à une certaine profondeur, la mer est toujours calme : ceux qui sont persécutés pour la justice peuvent intérieurement être assez haut ou avoir pénétré assez profond pour que les tempêtes ne puissent plus les atteindre, elles touchent tout au plus la partie extérieure de leur être, le fond reste calme, parce que, là, dans ce sanctuaire, ils sont bien à l'abri. Comment l'expérience intime et la voix intérieure de la justice, aimée, servie jusque dans la souffrance, ne serait-elle pas pour eux comme un avant-goût de ces joies infinies qui leur seront réservées en tous cas dans le ciel, et peut-être sur la terre quand la justice aura définitivement triomphé. « Nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais aux invisibles qui sont éternelles » (2 Corinthiens IV, 17 et 18). Par la foi et à travers Jésus-Christ, ils saluent à l'avance l'homme et l'humanité accomplissant la justice, faisant disparaître toute injustice, cette contemplation les fait tressaillir d'une joie indicible et les pousse à travailler avec d'autant plus d'ardeur au triomphe final de toutes les causes justes et vraiment bonnes. Chose touchante, c'est alors aussi qu'ils se sentent le mieux en communion étroite avec ceux qui les ont devancés de l'autre côté du voile, avec cette grande nuée de témoins dont parle l'épître aux Hébreux, qui regarde les combattants et s'associe à leurs efforts pour assurer leur victoire. Je crois à la communion des saints, non pas dans une contemplation oisive et stérile, mais dans la lutte, mais dans l'amour, mais dans la recherche ardente et persévérante de la justice et de sa pleine victoire.

Enfin, ils sont heureux ceux qui sont persécutés pour la justice et heureux dès maintenant, parce qu'ils possèdent le plus grand des biens, le plus précieux des trésors : la certitude de l'approbation et de la présence même de Dieu. Plus ils souffrent de la part des hommes, plus ils sentent le besoin de se réfugier dans le sanctuaire intime de leur coeur où ils trouvent Dieu et où ils se retrouvent en Dieu. Le royaume des cieux n'est-il pas en nous et ne consiste-t-il pas dans la pleine possession de Dieu par nous et de nous par Dieu ? Le Dieu de justice qui, un jour, sera tout en tous, peut déjà mettre ici-bas du ciel dans nos coeurs, quand il vient les remplir de la plénitude de son amour, et n'est-ce pas là le bonheur suprême en comparaison duquel toutes nos joies ne sont qu'illusion ?

Plus que vainqueurs, telle est notre devise, Plus que vainqueurs bien que persécutés! Car la victoire à la foi fut acquise Par le Sauveur qui nous a rachetés.

Suivons le Christ jusque sur le Calvaire,
Ayons toujours sa mort devant nos yeux.
Si nous souffrons avec lui sur la terre,
Nous régnerons avec lui dans les cieux.
Amis, croyons au pouvoir invisible
Que le Sauveur a caché dans sa croix;
Saisissons-la comme une arme invincible,
Pour triompher au nom du Roi des rois!

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