LES HEUREUX
VII
LES
PURS
CEUX QUI VERRONT
DIEU
Heureux ceux qui ont le coeur pur, car
ils verront Dieu.
MATTHIEU
V, 8.
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Dans le défilé de ceux que
Jésus déclare heureux, nous
découvrons un nouveau groupe: ceux dont le
coeur est pur et qui verront Dieu. Il nie semble
constater la loi de progression que nous avons
déjà observée, au double point
de vue de ceux qui passent et de la destinée
qui les attend. Ceux qui passent maintenant sont
les coeurs purs. Or l'on sait que d'après la
Bible le coeur est le centre de la
personnalité, ce qu'il y a de plus profond
en nous, ce qu'il y a de plus nous-mêmes dans
cette personnalité. Dieu regarde au coeur.
Il ne se contente pas de considérer
l'affliction, la douceur, la
faim et la soif, ou les actes de
miséricorde, il regarde dans les profondeurs
de l'être humain pour y découvrir ce
qui seul importe, le coeur et ses dispositions. Lui
dont «les yeux sont trop purs pour voir le
mal»
(Habakuk 1, 13) veut trouver en nous
la pureté du coeur.
Quant à la destinée des
coeurs purs, elle dépasse tout ce que nous
avons vu jusqu'ici : voir Dieu, c'est plus que
posséder le royaume des cieux, être
consolé, hériter la terre, être
rassasié ou obtenir miséricorde.
N'est-ce pas le bien suprême, ce que les
anciens appelaient « le souverain bien» ?
On connaît le mot de ce grand
théologien mourant : « Mon Dieu, te
voir... !» Les uns en ont conscience, les
autres ne s'en rendent pas bien compte, mais au
fond-il n'y a rien pour la créature
spirituelle au-dessus de la vision de Dieu, et plus
un être est évolué, plus il
aspire à ce bien suprême. N'est-ce pas
Moïse déjà qui disait à
Dieu : « Fais-moi voir ta gloire ! »
(Exode XXXIII, 18), et le psalmiste
s'écriait un jour : « Il y a des
rassasiements de joie devant ta face, des
délices éternelles à ta droite
»
(XVI, 11 ). Plusieurs disent : «
Qui nous fera voir le bonheur ? Fais lever sur nous
la clarté de ta face, ô
Éternel!
(IV, 7). Que tes demeures sont
aimables, Éternel des armées! Mon
âme soupire et languit
après les parvis de l'Éternel, mon
coeur et ma chair poussent des cris vers le Dieu
vivant : heureux ceux qui habitent ta maison et qui
peuvent te célébrer encore
(LXXXIV, 2, 3, 5). Pour moi
m'approcher de Dieu, c'est mon bien »
(LXXIII, 28). De son
côté le patriarche Job
s'écriait: « Quand ma peau sera
détruite, il se lèvera ; quand je
n'aurai plus de chair je verrai Dieu. Je le verrai,
et il me sera favorable ; mes yeux le verront et
non ceux d'un autre; mon âme languit
d'attente au-dedans de moi »
(XIX, 26 et 27).
J'ajoute que pour que cette vue de Dieu
ait toute sa valeur, il faut l'envisager non pas
seulement dans une vision proprement dite, mais
dans une contemplation, puis dans un contact, enfin
dans une pleine possession de nous par Dieu et de
Dieu par nous. Voir Dieu, c'est l'état dont
parle Saint-Paul quand il dit que « Dieu sera
tout en tous»
(I Corinthiens XV, 28).
Évidemment cet état n'est
pleinement réalisable que de l'autre
côté du voile, quand nous en aurons
fini avec cette matière qui nous le voile et
au sein de laquelle il nous faut ici-bas achever
notre apprentissage. Tout ce que nous pouvons faire
sur la terre, c'est d'entrevoir Dieu, c'est d'en
avoir comme un avant-goût, comme une
première expérience, mais cette
expérience est telle
qu'elle peut déjà nous procurer
quelque chose de l'intense joie du ciel et de sa
gloire.
Que faut-il faire pour cela ? Comment
sur la terre déjà être heureux
à la manière indiquée par
Jésus? Comment entrevoir Dieu et nous
préparer à le voir face à face
? Jésus nous le dit nettement: En ayant le
coeur pur. Ne l'oublions pas, nous ne pouvons
connaître ce qui est en dehors de nous
qu'à travers nous, notre personnalité
est l'intermédiaire nécessaire
à cette connaissance. Un homme par exemple
doit avoir un tempérament musical pour
percevoir les beautés de la musique; si nous
ressemblons à l'un de mes amis qui me disait
un jour : «Je ne comprends pas la
différence qu'il y a entre une note juste et
une note fausse », il va sans dire que le
monde de la musique nous est fermé. On sait
que pour faire vibrer une corde de piano, il suffit
de jouer sur un violon la note correspondante. Le
piano ne vibre que s'il fait entendre cette note.
Pour voir Dieu, il faut qu'il y ait en nous la note
qui répond à sa nature, il faut qu'il
y ait un écho correspondant.
Or dans l'âme de tous les
êtres humains cette note existe en ce qu'il y
a de meilleur en nous: tout au fond de notre
personnalité nous découvrons le
divin, et c'est là, dans le tréfonds
de notre être que nous
pouvons apercevoir Dieu bien plus encore que dans
les profondeurs du ciel étoilé.
«Ce que je te prescris aujourd'hui n'est pas
dans le ciel pour que tu dises : Qui montera pour
nous au ciel et nous l'ira chercher? qui nous le
fera entendre, afin que nous le mettions en
pratique? Il n'est pas de l'autre côté
de la mer pour que tu dises : Oui passera pour nous
de l'autre côté de la mer et nous
l'ira chercher, qui nous le fera entendre afin que
nous le mettions en pratique ? C'est une chose au
contraire qui est près de toi, dans ta
bouche et dans ton coeur, afin que tu la mettes en
pratique»
(Deutéronome XXX,
12-14).
Malheureusement le divin en nous a
été obscurci, voilé,
caché par des brouillards plus ou moins
épais, par des nuages plus ou moins sombres
qui sont venus s'interposer entre Dieu et nous. Il
en est ici comme des sommets de nos Alpes
resplendissants de beauté dans le ciel bleu,
mais qui si facilement se dérobent à
nos regards; il faut alors, ou que le brouillard se
dissipe ou qu'il se déchire pour qu'à
travers cette déchirure nous apercevions la
cime. Un coeur pur c'est un coeur qui peut
refléter la gloire de Dieu et qui nous
permet de contempler sa face, parce qu'il s'est
dégagé des brouillards qui
l'obscurcissaient, et si nous essayons de
caractériser les traits qui
font reconnaître un tel
coeur, nous dirons qu'il est pur et capable de voir
Dieu dans la mesure où il a soif des vertus
qui caractérisent la personne de Dieu,
c'est-à-dire s'il a soif:
- 1. de réalité.
- 2. de vérité.
- 3. de beauté.
- 4. de charité.
J'ai dit tout d'abord que le coeur pur a soif de
réalité, il ne veut plus l'illusion,
l'apparence, l'idole, et il s'est aperçu que
seul l'esprit est réalité, tandis que
la matière n'est qu'apparence, il a compris
ou tout au moins entrevu que Dieu tic peut
être que s'il est esprit; car il ne peut pas
être matière. « Dieu est esprit,
et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en
esprit et en vérité»
(Jean IV, 24). C'est donc dans le
monde de l'esprit, c'est-à-dire des
réalités invisibles, qu'il va
chercher Dieu. Il ne fera pas, il ne pourra pas
faire de la matière ou de la chair son Dieu.
Par-delà cette matière et cette
chair, il cherchera, jusqu'à ce qu'il l'ait
trouvé, l'esprit qui seul leur donne leur
valeur, une valeur toute relative du reste.
C'est dire que ceux qui sont devenus les
esclaves de la matière et de la chair ne
peuvent pas voir Dieu, j'entends
par là ceux, par exemple, qui ont pris l'or
ou l'argent, c'est-à-dire Mammon pour leur
dieu, qui ne vivent plus que pour cela. On sait que
l'avare, et d'une façon
générale celui qui n'a d'autre but
à sa vie que la poursuite du gain,
transforme petit à petit son coeur à
l'image du métal, il le rend dur, sec,
froid, mort comme lui, il en fait un coeur de
pierre: or un tel coeur est incapable de voir Dieu.
Il en est de même de ceux qui sont
éblouis, fascinés et comme
possédés par le monde visible, ceux
qui s'attachent avec passion à ce monde qui
passe et qui l'aiment de toute leur âme, eux
aussi deviennent incapables de voir Dieu. «
N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans
le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du
Père n'est point en lui, car tout ce qui est
dans le monde, la convoitise de la chair, la
convoitise des yeux et l'orgueil de la vie ne vient
point du Père mais vient du monde. Et le
monde passe, et sa convoitise aussi, mais celui qui
fait la volonté de Dieu demeure
éternellement »
(1 Jean II, 15-17)
Je viens de nommer la convoitise de la
chair; elle aussi produit l'obscurcissement plus ou
moins complet des choses de Dieu et de Dieu
lui-même chez ceux que la sensualité,
sous quelque forme que ce soit, et en particulier
l'impureté, a rendus
esclaves, ils sont incapables,
les malheureux impurs, de voir le Dieu esprit. J'ai
souvent remarqué que les ivrognes croient en
Dieu, les impurs presque jamais. Autrefois je me
laissais impressionner par les belles phrases de
certains jeunes gens qui prétendaient que
leur culture les empêchait de garder la foi.
je sais maintenant que la plupart d'entre eux sont
incroyants parce qu'ils sont impurs, ils croient
trop à la chair pour croire encore à
l'esprit.
On se souvient de l'exemple de ce jeune
homme, Joseph, fils de Jacob, qui, sur la terre
d'exil, triompha de la tentation de la chair quand
elle se présenta sur son chemin: il osa
rester fidèle à sa conscience, et
s'il fut condamné momentanément
à la prison, il n'en eut pas moins la plus
haute des compensations, la vision de Dieu dans sa
vie: « L'Éternel fut avec Joseph et il
étendit sur lui sa bonté.
L'Éternel était avec lui et
l'Éternel donnait de la réussite
à ce qu'il faisait»
(Genèse XXXIX, 21 et 23).
Voilà ce que nous dit le texte sacré
tout de suite après le récit de sa
tentation. Que les impurs se le tiennent pour dit :
«Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils
verront Dieu».
J'ai dit ensuite que le coeur pur avait
soif de vérité: le mensonge sous
toutes ses formes, même
les plus subtiles, même les plus aimables lui
fait horreur, il veut à tout prix s'en
dégager et dans ce but il s'efforce de
chercher le vrai en tout et partout, de poursuivre
la vérité en lui et autour de lui
sans se lasser jamais. Il la veut, cette
vérité, pour elle-même
déjà, car il ne doute pas qu'elle
existe, mais il la veut tout autant pour lui, il
veut être vrai vis-à-vis de
lui-même, comme vis-à-vis des autres
et de Dieu ; vrai, c'est-à-dire
sincère ; vrai, c'est-à-dire sans
fraude et sans hypocrisie, et l'idée seule
de paraître autre chose que ce qu'il est ou
d'être différent de ce qu'il parait
lui fait horreur.
Ah ! comme ils souffrent ceux qui en
sont là dans un monde dont le prince, au
dire de l'Écriture, est le menteur et le
père du mensonge, dans une
société qui repose sur le mensonge et
où il est si difficile d'être
parfaitement vrai ! Quelles souffrances, j'allais
dire quelles détresses pour les âmes
altérées de vérité que
d'être sans cesse en contact avec un monde
pareil ! Il en est sans doute parmi mes lecteurs,
oh ! que je voudrais les connaître et leur
adresser un mot de vive et profonde sympathie.
C'est à eux que Jésus pensait quand
il disait: « Heureux ceux qui ont le coeur
pur, car ils verront Dieu ». Restez
fidèles, restez inébranlables,
compagnons de route, dans votre recherche ardente
de la vérité, dans
votre soif impérieuse de cette
vérité, car c'est ainsi et ainsi
seulement que vous verrez Dieu : n'est-il pas
lumière, et ne veut-il pas vous
révéler sa pleine lumière en
se révélant à vous ?
«Dieu est lumière, dit l'apôtre
Jean, et il n'y a point en lui de
ténèbres. Si nous disons que nous
sommes en communion avec lui et que nous marchions
dans les ténèbres, nous mentons et
nous ne pratiquons pas la vérité.
Mais si nous marchons dans la lumière, comme
il est lui-même dans la lumière, nous
sommes mutuellement en communion, et le sang de
Jésus son Fils nous purifie de tout
péché»
(1 Jean I, 5-7). Vous êtes
heureux, parce que vous pourrez sans peine
découvrir pour le suivre, ce Christ «
reflet de la gloire de Dieu, empreinte de sa
personne»
(Hébreux I, 3), qui disait un
jour: « Je suis la lumière du monde ;
celui qui me suit ne marchera point dans les
ténèbres, mais il aura la
lumière de la vie »
(Jean VIII, 12). N'est-ce pas lui qui
voyant venir un jour un jeune homme tout rayonnant
de sincérité, Nathanaël, le
louait en disant: « Voici vraiment un
Israélite dans lequel il n'y a pas de faute
» ? Et ce jeune homme, malgré ses
préjugés, arriva d'un bond, avant
Pierre, avant Jean à la vision du Fils de
Dieu: « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le
roi d'Israël ! »
(Jean I, 48 et
50). Si le rayon de soleil
pénètre
instantanément jusqu'au
tréfonds de la personne humaine, c'est qu'il
va droit son chemin sans faire de zigzag comme la
foudre, et quand cette âme est droite, la
lumière y a bientôt
pénétré jusqu'au fond.
Un coeur pur est encore et tout autant
celui qui a soif de beauté,
c'est-à-dire d'harmonie dans tous les sens
du mot, surtout de beauté morale,
c'est-à-dire de sainteté. Dieu
n'est-il pas le Dieu de la beauté tout aussi
bien que de la bonté? Chercher le beau,
n'est-ce pas chercher Dieu ? Aussi a-t-on pu dire
très justement qu'un artiste dans le vrai
sens du mot doit croire en Dieu, puisqu'il croit au
beau. Hélas ! si nous assistons à
l'heure actuelle à la
déchéance de l'art, et à la
recherche du laid, et même du hideux, cela
pourrait bien venir du triomphe momentané de
l'incrédulité, le réveil de
l'art dépendant plus qu'on ne le croit du
réveil religieux. Ils sont nombreux ceux qui
en souffrent et qui, passionnes de beauté,
éprouvent au milieu des manifestations
innombrables de la laideur d'aujourd'hui, une
tristesse profonde, une nostalgie après un
autre inonde où la beauté
triomphera.
Mais c'est surtout de la beauté
morale qu'il s'agit ici, c'est-à-dire de la
sainteté, harmonie supérieure et qui
est la vraie beauté divine. Que
d'idées fausses
règnent encore aujourd'hui sur ce sujet! Que
de gens qui se représentent la
sainteté comme l'étroitesse, la
tristesse, l'ennui, le fanatisme, le
déséquilibre, j'allais presque dire
la laideur! C'est juste le contraire qui est vrai;
la sainteté, c'est la vraie beauté
parce que c'est la beauté morale, ce que
l'on a appelé très justement la
santé de l'âme ou l'équilibre
des contraires, et l'on souffre dans un monde de
déséquilibre et de
déséquilibrés, quand on a soif
d'harmonie, on souffre surtout de trouver en soi si
peu d'harmonie, et l'on comprend le mot
d'Ésaïe au moment où il venait
d'avoir sa vision de Dieu et où il avait
entendu les séraphins s'écrier:
« Saint, saint, saint est l'Éternel des
armées ! Toute la terre est pleine de sa
gloire ! Malheur à moi ! je suis perdu, car
je suis un homme dont les lèvres sont
impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les
lèvres sont impures et mes yeux ont vu le
roi, l'Éternel des armées! »
(VI, 3-5).
Heureusement ce Jésus est
là qui nous dit: « Heureux ceux qui ont
le coeur pur, car ils verront Dieu. » Quand,
avec Ésaïe, on a contemplé la
sainteté divine, on vent la refléter
dans son âme, on veut la reproduire dans son
coeur, on prend pour devise le mot fameux de
l'Ancien Testament cité par l'apôtre
Pierre : « Puisque celui qui vous a
appelés est saint, vous aussi
soyez saints dans toute votre
conduite, selon qu'il est écrit : Vous serez
saints, car je suis saint, » (
I Pierre I, 15 et 16). Alors on
déclare la guerre à tout ce qui est
impureté, désobéissance,
révolte, fausse note, désaccord dans
la vie morale, et petit à petit, la
ressemblance se fait entre lui et nous, et nous
voyons Dieu par les yeux du coeur d'autant plus
clairement que nous sommes plus saints,
c'est-à-dire plus purs.
Enfin le coeur pur, c'est celui qui a
soif de charité; il a compris qu'au-dessus
de la réalité, de la
vérité et de la beauté, il y a
quelque chose de plus élevé encore,
dont la réalité, la
vérité et la beauté
n'étaient que le prélude : l'amour,
l'amour qui est comme la lumière blanche du
soleil fait des couleurs de l'arc-en-ciel, l'amour
qui est la réalité par excellence, la
vérité suprême, la
beauté parfaite. «Par-dessus toutes ces
choses, revêtez-vous de la charité qui
est le lien de la perfection »
(Colossiens III, 14). L'amour qui est
au monde moral ce que la loi de gravitation est au
monde matériel ; l'amour vrai, s'entend, qui
ne consiste pas en paroles mais en actes, en un
acte suprême, le plus divin que nous
puissions accomplir, le don de nous-mêmes,
don libre, conscient, réel, qui fait que
désormais notre personnalité
intensifiée, multipliée revit dans
les autres comme elle n'aurait
jamais pu vivre si elle s'était
isolée et comme repliée sur
elle-même. L'amour n'est-il pas la substance
même de Dieu et ne sommes-nous pas vivants
dans la mesure où cette substance passe en
nous? « Bien-aimés, aimons-nous les uns
les autres, car l'amour est de Dieu.
Quiconque aime a connu Dieu. Celui qui
n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour
»
(I Jean IV, 7 et 8 ). Nous savons que
nous sommes passés de la mort à la
vie quand nous aimons nos frères. Celui qui
n'aime pas demeure dans la mort
(III, 14). Dieu est amour; et celui
qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu
demeures-en lui
(IV, 16) ».
Il n'avait pas tort le grand
apôtre Paul dans le chapitre
XIII de la première aux
Corinthiens, l'hymne à la charité qui
est peut-être ce qu'il a écrit de plus
beau, de montrer que sans la charité tout
est vain, « même de parler les langues
des hommes et des anges, d'avoir le don de
prophétie, la science de tous les
mystères et toute la connaissance et la foi
jusqu'à transporter les montagnes,
même de distribuer tous ses biens pour la
nourriture des pauvres et de livrer son corps pour
être brillé »
(v. 1 à 3). Il n'avait pas
tort surtout de terminer cet hymne par la promesse
de la vision de Dieu : « Aujourd'hui nous
voyons au moyen d'un miroir, d'une manière
obscure, mais alors nous verrons
face à face ; aujourd'hui, je connais en
partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai
été connu »
(XIII 12). Ainsi donc il n'y a que
ceux qui auront aimé, ceux dont le coeur
purifié sera devenu capable d'aimer, qui
verront Dieu face à face, et qui
connaîtront comme ils ont été
connus. Pourquoi donc ? Par la bonne raison qu'en
aimant ils auront fait vivre Dieu lui-même en
eux et seront devenus capables de le comprendre en
parlant le même langage que lui.
«Heureux ceux qui ont le coeur pur,
car ils verront Dieu». Oui certes, ils sont
heureux d'avoir une telle perspective et
d'être dès ici-bas capables de
percevoir Dieu à travers
Jésus-Christ. Il n'est pas si facile de voir
Jésus-Christ, beaucoup de ses contemporains
l'ont rencontré, touché même,
et ne l'ont pas vu, que dis-je ? ils l'ont
tellement touché que certains d'entre eux
l'ont crucifié, mais ils ne l'ont pas vu.
Aujourd'hui encore, beaucoup le connaissent de
réputation et par ouï-dire sans l'avoir
vu ; seuls les coeurs purs en sont capables et dans
la mesure où ils ont soif de Dieu, soif de
le voir et de le posséder,
c'est-à-dire soif de réalité,
de vérité, de beauté et de
charité, ils le contemplent, non pas
uniquement comme modèle parfait, ce qui les
désespérerait,
mais comme Sauveur capable, et
lui seul, de purifier leur coeur par le sacrifice
de sa croix, puis de le transformer à
l'image de son coeur à lui, en le
régénérant par le Saint-Esprit
et en lui communiquant la plus pure des joies,
l'avant-goût le plus certain des
félicités du ciel, la joie de la
vision de Dieu au fond de leur âme
purifiée, transformée,
sanctifiée. «Nous tous qui, le visage
découvert, contemplons dans un miroir le
Seigneur de gloire, nous sommes transformés
de gloire en gloire comme par l'Esprit du Seigneur
»
(2 Corinthiens III, 18). «
Étant enracinés et fondés dans
l'amour, puissions-nous comprendre avec tous les
saints quelle est la largeur, la longueur, la
profondeur et la hauteur de l'amour de Christ qui
surpasse toute connaissance, en sorte que nous
soyons remplis de toute la plénitude de
Dieu»
(Éphésiens III, 17-19)
- O mon Sauveur, à toi seul je veux
être.
- Viens pour toujours habiter dans mon coeur
- Brise l'idole, et de ce coeur sois
maître;
- Rends-moi plus blanc que la neige, Seigneur!
-
- En moi, Jésus, ne laisse aucune place
- Où le péché se glisse
en interdit.
- Agneau de Dieu, que ton sang pur efface
- Ce qui me vient de son pouvoir maudit.
-
- Par ton Esprit, de ton trône de
gloire,
- Tu viens en moi, misérable
pécheur,
- Pour remporter la complète victoire
- Et nettoyer entièrement mon coeur.
-
- Oui, par ton sang lave mon coeur,
- Rends-moi plus blanc que la neige, Seigneur!
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