Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LES HEUREUX


V

AFFAMÉS ALTÉRÉS DE JUSTICE

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés.
MATTHIEU V, 6.

 

Le cortège de ceux que Jésus déclare bienheureux continue, avec son caractère de plus en plus étrange, qu'il s'agisse de l'état de ceux qu'il décrit ou de la promesse qui leur est faite. Après les pauvres en esprit ou les humbles, après les affligés ou les gens en deuil, après les doux ou les débonnaires, voici ceux qui ont faim et ceux qui ont soif, c'est-à-dire qui éprouvent un besoin impérieux à satisfaire, tellement impérieux que, s'il n'est pas satisfait, la vie devient impossible: les pauvres en esprit, les affligés, les doux peuvent être tels et vivre, les affamés, les altérés ne le peuvent pas, si leur faim n'est pas apaisée, si leur soif n'est pas étanchée; c'est pour eux une question de vie ou de mort et ce sont ceux-là que Jésus proclame heureux. Pourquoi donc? Parce qu'ils seront rassasiés. N'est-ce pas plus que d'être membres du royaume, consolés, héritiers de la terre ? Être rassasiés, n'est-ce pas l'abondance ? quand on l'est, on ne désire plus rien, on a tout ce dont on avait besoin.

J'ajoute que cette béatitude est aussi frappante dans l'Évangile de Luc qui ne parle que du besoin matériel : « Heureux ceux qui ont faim ! » que dans Matthieu qui se place au point de vue spirituel : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice. » Je ne sais laquelle des deux leçons nous devons choisir, probablement que les deux sont vraies, et que Jésus en développant sa pensée a fait allusion aux affamés de l'une et de l'autre espèce. La faim physique ne produit-elle pas souvent la faim spirituelle? Les pauvres, ceux qui n'ont pas de quoi manger, ceux qui souffrent dans leur corps par le fait de leur misère, ne sont-ils pas mieux préparés que d'autres pour connaître la faim et la soif de la justice, car leur position difficile leur fait voir les innombrables injustices dont les hommes souffrent aujourd'hui comme autrefois. Quand ou a tout en abondance, quand on peut manger à sa faim et boire à sa soif, on n'est que trop porté à trouver que le monde va bien et à ne rien désirer de plus : pourquoi changer ce qui va si bien ? Parce qu'on ne manque de rien on devient aveugle, sourd et parfois dur en face des injustices d'ici-bas. Jésus n'avait pas tort de déclarer qu' « il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu» (Marc X, 25). Il avait de bonnes raisons de reprocher à l'église de Laodicée sa tiédeur et de la menacer de la vomir de sa bouche parce qu'elle disait : « Je suis riche, je me suis enrichie et je n'ai besoin de rien et qu'elle ne savait pas qu'elle était malheureuse, misérable, pauvre, aveugle et nue » (Apocalypse III, 17).

Ah ! certes, nous ne voulons pas dire à ceux qui souffrent de la faim que leur souffrance est légère et que leur position est privilégiée, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de leur rappeler que leur souffrance même et les difficultés de leur position peuvent être et devenir de plus en plus une source de bénédictions, quand ce ne serait déjà que parce qu'elle éveille en eux le besoin de la justice.

Pour se rendre compte de la portée de la parole de Jésus, il faut avoir rencontré des gens qui souffrent réellement de la faim, qui sentent leurs forces s'en aller faute de nourriture, qui n'arrivent pas à remplir leur tâche parce qu'ils ne sont pas assez soutenus physiquement ou qui traversent des temps de chômage bien involontaires, désirant travailler et n'y réussissant pas. Il faut avoir surtout rencontré ceux qui, pères ou mères, n'ont pas de quoi donner à manger à leurs enfants et qui les entendent leur dire la tristesse dans le regard: « Oh ! papa, oh! maman, j'ai si faim que j'en ai mal à l'estomac ! »

Quand je rencontre de ces cas-là, je voudrais prendre ceux qui ont tout en abondance et les mener auprès de ces malheureux, ils verraient ce que c'est que la détresse humaine et combien l'injustice des positions si différentes est parfois révoltante. Jésus le savait, lui qui était pauvre, lui qui probablement n'avait pas toujours de quoi manger à sa faim et qui commença son ministère en étant affamé, à tel point que le tentateur s'en servit pour tâcher de le perdre. Il avait donc l'autorité voulue pour parler de la faim et pour dire à la foule qu'il devait nourrir plus tard et rassasier de pains et de poissons : « Heureux ceux qui ont faim, car ils seront rassasiés ! » et il savait mieux que personne ce qui se cache d'injustices derrière la faim et la soif non satisfaites de tant de malheureux. Avec quelle émotion profonde et joyeuse en même temps il pouvait parler de rassasiement, lui qui était prêt à rassasier pleinement ceux qui l'entouraient.

Dans la crise que nous traversons aujourd'hui, il est probable que l'expérience de la faim physique va se généraliser, les vivres renchérissent tous les jours, les dépenses effroyables et inutiles que font les gouvernements pour soutenir la guerre, les uns pour se défendre, les autres pour attaquer, vont rendre la situation économique de plus en plus difficile, il est des riches qui ne mangent plus à leur faim et qui commencent à comprendre les malheureux dont la faim est devenue le pain quotidien, il est des gens parfaitement honorables qui n'ont plus de travail et qui n'osent avouer à quel point leur situation devient pénible. Cela est triste, profondément triste, mais qui sait si ce ne sera pas le moyen dont Dieu se servira pour révéler à notre génération frivole et souvent folle à quel point elle a besoin de Dieu. Ce qu'il faut souhaiter, c'est que ce ne soit pas cette faim-là seulement qu'elle connaisse, mais qu'elle fasse l'expérience de l'autre, de celle qui fait la noblesse de l'être humain, la faim et la soif de la justice ; il faut demander à Dieu que nos contemporains comprennent que l'homme ne vivra pas de pain seulement et qu'il y a en lui des besoins spirituels plus impérieux encore que les besoins physiques.
N'est-ce pas la faim qui a ramené l'enfant prodigue à la maison paternelle? et n'est-ce pas le pain quotidien que Jésus nous conseille de demander dans l'oraison dominicale en même temps que nous prions pour que son règne vienne et que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel ? Certains symptômes nous font espérer que telle va être l'expérience de beaucoup, et c'est pour cela qu'il ne faut pas craindre la souffrance et nous garder avec soin d'intervenir pour empêcher la main de Dieu de couper, d'émonder, de dépouiller autant que ce sera nécessaire. Beaucoup protestent contre les injustices de la guerre actuelle, ils n'ont pas tort, mais à la condition qu'ils se rendent bien compte de la valeur infinie de cette chose qui parait toute simple et qui est aussi divine qu'humaine : la justice, c'est-à-dire le fait de rendre à chacun ce qui lui est dû, cette justice dont le livre des Proverbes disait déjà qu' « elle élève une nation, tandis que le péché est la honte des peuples » (XIV, 34), dont le prophète disait à son tour que le Messie « annoncerait la justice aux nations., qu'il ne se découragerait point et ne se relâcherait point jusqu'à ce qu'il ait établi la justice sur la terre » (Ésaïe XLII, 1 et 4), et dont l'Évangile nous dit enfin : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par dessus» (Matthieu VI, 33). Pour en arriver là il faut, me semble-t-il, passer par les trois phases suivantes qui sont comme les trois jalons de la route à suivre si l'on veut atteindre le royaume de Dieu et sa justice :

1. Justice pour nous.
2. Justice autour de nous.
3. Justice en nous.

Nous commençons tous, sans exception, par vouloir la justice pour nous, en ce sens que nous réclamons que les autres hommes, et j'ajoute Dieu lui-même, soient justes à notre égard. Si nous sommes les victimes d'une injustice, d'ordinaire cela nous révolte, nous avons beaucoup de peine à la supporter, nous demandons une réparation, et si nous ne l'obtenons pas, nous gardons au coeur de la révolte ou tout au moins de l'amertume. Que de gens sont aigris tout simplement parce qu'on a été injuste avec eux ! que de gens accusent même les circonstances d'avoir été injustes à leur égard ! Déjà l'enfant, le petit enfant réclame impérieusement la justice pour lui, rien ne le fâche comme une punition injuste, il se passera plutôt de tendresse, de caresses, de baisers que de justice, et s'il est puni sans l'avoir mérité, il protestera de toutes ses forces, ou, s'il n'ose pas le faire, il bouillonnera intérieurement : si l'injustice se répète, il deviendra un révolté, ou bien un résigné, et il y aura alors en lui comme un ressort brisé. Au contraire, si vous le punissez justement, il pourra bien se révolter d'abord, mais petit à petit, souvent même très vite, il acceptera la punition quand sa conscience aura parlé et qu'elle lui aura reproché ses torts.

Ne nous étonnons pas qu'il en soit ainsi, cette faim et cette soif de justice pour nous est la marque de notre origine divine, la preuve que nous avons été créés à l'image d'un Dieu qui est la justice même et qui nous est représenté symboliquement dans l'Apocalypse comme assis sur un trône, image de la justice. « L'Éternel se revêt de la justice comme d'une cuirasse (Ésaïe LIX, 17). L'Éternel aime la justice (Psaume XXXIII, 5). En Dieu la bonté et la fidélité se rencontrent, la justice et la paix s'embrassent; la fidélité germe de la terre et la justice regarde du haut des cieux (LXXXV, 11 et 12). La justice est la base de ton trône » (LXXXIX, 15).

Il faut avouer cependant que si nous n'allons pas plus loin nous pouvons bien connaître Christ, en faire l'expérience, mais d'une façon singulièrement incomplète. Nous croirons avec l'apôtre que « Jésus-Christ nous a été fait de la part de Dieu sagesse et justice » (I Corinthiens I, 30), mais d'une façon toute extérieure, il nous apparaîtra bien plus comme un défenseur, j'allais dire un vengeur, que comme un Sauveur. Nous verrons en lui un juge plutôt qu'un ami. Nous risquons d'en rester à l'état d'âme des fils de Zébédée qui demandaient que le feu du ciel tombât sur une bourgade de Samarie, parce qu'elle n'avait pas voulu les recevoir (Luc IX, 54). C'est bien une faim et une soif de justice que nous éprouvons, mais qui manquent de profondeur et dont le rassasiement ne pourra pas être complet.

Vient alors la seconde phase, celle de la justice autour de nous : ceux qui sont plus évolués, ceux qui ont commencé à sortir de cette prison qui s'appelle le moi, à descendre de cette tour d'ivoire qui est l'égoïsme, découvrent autour d'eux bien d'autres injustices que celles dont ils ont été les victimes ; ils s'aperçoivent que la justice n'est pas plus autour d'eux que pour eux, et alors, se solidarisant avec leurs semblables, ils commencent à souffrir des injustices qui les atteignent. N'est-ce pas la suite logique de la première expérience ? Si vraiment ils veulent la justice pour eux, ils doivent, en vertu même de ce besoin de justice, la vouloir pour les autres, et comme ils ne la trouvent pas oui que très rarement, ils sont de plus en plus irrités, de plus en plus révoltés, et cette révolte et cette irritation produisent parfois de la haine contre autrui, et une haine d'autant plus dangereuse qu'elle est née à propos de leur prochain qu'ils veulent défendre et que parfois ils défendent avec une véritable noblesse.

Je pense ici à Moïse quand, à quarante ans, élevé à la cour de Pharaon, il aperçut un Égyptien qui maltraitait l'un de ses compatriotes. Immédiatement, sans même réfléchir, emporté par sa généreuse nature, il prit la défense de celui qu'on oppressait et il n'hésita pas à tuer l'Égyptien, quoique, l'Écriture le déclare « la colère de l'homme n'accomplisse pas la justice de Dieu » (Jacques I, 20). Il me semble voir dans ce jeune homme au caractère ardent et chevaleresque l'image de cette foule qui va grandissant aujourd'hui parmi les socialistes, les anarchistes, les libres penseurs, même les croyants, qui après avoir réclamé pour eux des conditions d'existence plus justes, s'aperçoivent qu'ils ne sont pas seuls à souffrir des injustices, ils font l'expérience de leur solidarité avec une foule de gens dont peut-être ils ne se souciaient pas jadis, qu'ils méprisaient même parfois et qui, pourtant, ont les mêmes droits qu'eux et devraient jouir de la même justice. Notre époque est à coup sûr remarquable à cet égard, il devient de plus en plus impossible à notre génération de prendre son parti des injustices d'ici-bas et la guerre pourrait bien, sur ce point, ouvrir les yeux à beaucoup de gens aveuglés jusqu'ici. Je ne comprends pas qu'un vrai chrétien ne soutienne pas les revendications sociales lorsqu'elles correspondent à ce besoin de justice qui tourmente l'âme humaine; je ne comprends pas que certains d'entre eux croient encore pouvoir remplacer la justice parla charité et s'imaginent qu'une aumône puisse remplacer un salaire équitable. Dans la mesure où l'on a compris, à la lumière de l'Évangile, l'égalité de principe entre tous les hommes, on ne peut plus supporter qu'il y ait encore tant d'injustices ici-bas.

Mais disons-le franchement, la justice autour de nous ne peut pas nous suffire : si nous en éprouvons le besoin, nous saluerons bien en Christ le garant de cette justice, il pourra nous apparaître comme le premier des socialistes, il nous arrivera de crier à lui pour qu'il fasse disparaître les injustices qui existent encore, nous compterons sur lui comme sur celui qui prépare « ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre où la justice habitera » (2 Pierre III, 13), mais nous n'irons pas plus loin, et encore une fois si nous sommes rassasiés, ce ne sera que partiellement, en proportion de notre faim et de notre soif, et nous ne comprendrons pas la portée autrement plus grande de la béatitude dont nous parlons aujourd'hui : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. »

Si nous n'en restons pas là, si nous allons jusqu'au bout, nous aurons faim et soif de justice en nous, encore plus que pour nous et autour de nous, car nous nous apercevrons que ce que nous demandons aux autres, nous ne le leur donnons pas nous-mêmes et que l'injustice est encore plus en nous qu'autour de nous. Jamais je n'oublierai cet anarchiste, terrible ivrogne en même temps, qui, tandis qu'il était esclave de sa passion, était révolté contre le mal qu'il découvrait tout autour de lui; il en voulait aux riches à cause de leur égoïsme, il haïssait les bourgeois qui méprisaient l'ouvrier, il était révolté contre Dieu qui, pour avoir fait le monde si mauvais, était, le premier des coupables si tant est qu'il existât; il fallait, disait-il, tout transformer, tout chambarder pour préparer une société nouvelle, enfin bonne, parce que « fondée sur la justice » ! Un jour il signa la tempérance, il renonça à sa terrible passion, il fit mieux encore, il se convertit de tout son coeur à Dieu, et aussitôt ses yeux s'ouvrirent, il s'aperçut que l'injustice était en lui encore plus qu'autour de lui et que ce qu'il fallait changer tout d'abord c'était son propre coeur. Il devint un homme nouveau, un époux et un père modèle, un citoyen dévoué, et, à partir de ce moment-là, tout en travaillant à la transformation de ses frères et de leur milieu social, il fut tout autrement patient, bienveillant à l'égard des autres hommes parce qu'il avait découvert l'état réel de son coeur. Il fut dans le plein sens du mot rassasié de justice quand il eut trouvé Jésus-Christ.

Oui, l'injustice, elle est en nous, et quand, par le réveil de notre conscience éclairée par l'Évangile, nous avons rencontré le Saint et le Juste, Jésus-Christ, quand nous l'avons vu « accomplissant toute justice » (Matthieu III, 15), vis-à-vis de son Père comme vis-à-vis de ses frères, à l'égard de sa patrie comme des autres pays, envers ses ennemis tout aussi bien qu'envers ses amis, oh ! alors, nous avons compris à quel point nous étions injustes nous-mêmes, et ce qui peut-être nous a le plus ému, humilié, bouleversé, c'est de découvrir que lui, qui seul parmi les hommes aurait eu le droit de les juger, ne l'a jamais fait. « Le Fils de l'homme est venu non pas pour juger, mais pour sauver » (Jean III, 17). Oh ! comme alors en nous présentant devant Dieu, nous avons senti le besoin de ne plus nous placer sur le terrain de la Justice pure, et comme la grâce nous est apparue belle et souverainement attrayante, « car là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Romains V, 20)! Comme nous avons compris le symbole de l'arc-en-ciel entourant le trône où Dieu était assis (Apocalypse IV, 2) ! Il nous faut certes un Dieu parfaitement juste, symbolisé par le trône solide et inébranlable, car nous sentons que lui seul peut garantir la solidité du monde moral, mais il nous faut tout autant le Dieu de la grâce, entrevu à travers l'arc-en-ciel qui entoure le trône : sans ce Dieu-là nous sommes perdus, car la justice divine si elle est seule, va nous condamner, elle ne peut faire autrement.

N'est-ce pas là ce que nous trouvons dans la personne adorable de notre bien-aimé Sauveur ? N'a-t-il pas su, lui, comme Dieu même, unir dans une synthèse profonde la justice absolue de Dieu et son infinie miséricorde? Que dis-je ? elles sont en lui tellement unies qu'on ne peut pas les distinguer l'une de l'autre: en Christ tout est justice et tout est grâce en même temps et, chose saisissante, la grâce elle-même ne contredit pas la justice, puisqu'elle en est l'expression suprême, Dieu est trop juste pour ne pas faire grâce à sa pauvre créature déchue mais repentante, coupable mais humiliée, aussitôt qu'elle s'humilie et se repent.

Voilà pourquoi Jésus-Christ en se présentant à la foule pouvait dire avec une joie profonde : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ». N'est-il pas là pour apaiser cette faim et pour désaltérer cette soif ? N'a-t-il pas accompli toute justice divine et toute justice humaine, celui dont l'apôtre Paul écrit qu'il nous a été fait de la part de Dieu justice ? Et quand nous venons à lui altérés de justice, pour nous, autour de nous et en nous, il est capable de satisfaire pleinement ce besoin impérieux, en un mot, de nous rassasier, comme il le dit lui-même. Il n'y a que lui pour éveiller et intensifier la conscience, mais en même temps il est le seul qui puisse l'apaiser autant qu'il l'éveille et l'intensifie.

Bien plus, lorsque nous l'avons rencontré et qu'il a commencé à apaiser notre faim et notre soif de justice, il nous communique la certitude de « ces cieux nouveaux et de cette terre nouvelle où la justice habitera ». Nous en avons comme la vision et nous la saluons d'avance avec une joie intense, nous ne pouvons pas douter que celui qui nous a personnellement et à ce point satisfaits ne puisse pas satisfaire de même toutes les créatures spirituelles qui sont affamées et altérées comme nous. À travers Jésus-Christ nous contemplons et nous saluons d'avance la terre nouvelle sur laquelle il aura établi la justice et ces cieux tout pénétrés de justice où « Dieu sera tout en tous» (I Corinthiens XV, 28).

Qu'ils viennent donc à lui sans crainte ceux de mes lecteurs que tourmentent la faim et la soif de justice et qu'ils comprennent que c'est là un premier acte de justice que le Christ a le droit de demander d'eux, acte élémentaire, facile à faire, mais que beaucoup hélas ! négligent, tout en étant peut-être très exigeants dans ce qu'ils demandent aux autres. Si la justice consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû, comment hésiter à rendre à Jésus-Christ ce qui lui est dû de la façon la plus légitime : le don d'eux-mêmes à celui qui s'est entièrement donné à eux, par l'abdication complète de leur volonté propre entre les mains de celui qui les a rachetés au prix de son sang.

Jésus-Christ est ma sagesse,
Il éclaire mon chemin,
Et je marche en ma faiblesse
Conduit par sa sûre main.
 
Jésus-Christ est ma justice.
Son sang a coulé pour moi;
Je trouve en son sacrifice
Paix et pardon par la foi.
 
Jésus-Christ me sanctifie;
Au divin cep attaché,
Je reçois de lui la vie
Qui m'affranchit du péché.

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