LES HEUREUX
III
LES
AFFLIGÉS
Le cortège continue de ceux qui
sont appelés par Jésus-Christ au
bonheur éternel et au royaume de Dieu :
après les pauvres en esprit ou les humbles,
les affligés dont nous avons aujourd'hui la
plus saisissante des visions. Mais qu'on ne s'y
trompe pas, à l'époque où
cette parole fut prononcée, les
affligés étaient déjà
là, innombrables, sur notre pauvre terre, et
toutes les âmes profondes, aimantes,
vibrantes, en avaient eu l'intuition depuis des
siècles, que dis-je? depuis que
l'humanité existe. La guerre est venue,
terrible, révéler la misère
humaine à ceux qui s'en doutaient à
peine. Ne l'oublions pas, bien avant la guerre le
péché sous toutes ses formes avait
accumulé les malheurs et
multiplié les malheureux, mais d'ordinaire
il fallait être atteint soi-même par
tels on tels maux, telles ou telles épreuves
pour les découvrir. En général
on voit tout à travers soi-même, le
moi étant le centre de gravité de la
plupart des hommes. Quand on tombe malade, on
découvre tout à coup ceux qui
souffrent de la même maladie ; quand on
commence à pleurer, on remarque
bientôt ceux qui pleurent.
Allez le demander à tous ceux qui
depuis longtemps déjà, par amour pour
leur prochain, s'occupent de la lutte
antialcoolique, du relèvement moral ou de la
question sociale : leur activité au service
d'autrui leur a donné depuis longtemps une
vue claire des choses, et quand ils
dénonçaient le mal, on les traitait
d'exagérés, de pessimistes, de
prophètes de mauvais augure, car la plupart
des hommes étaient trop aveuglés pour
voir ce qu'eux voyaient, trop sourds pour entendre
ce qu'eux entendaient, tout absorbés qu'ils
étaient par la préoccupation
d'eux-mêmes. Pour découvrir ceux qui
souffrent, pour entrer dans leurs souffrances, il
faut être évolué, il faut avoir
fait des expériences particulières
qui replient l'âme en quelque sorte sur
elle-même et lui révèlent sa
véritable valeur en lui
révélant sa capacité d'aimer
et de souffrir. Peut-être
sera-ce là le principal résultat de
la guerre actuelle et la plus sûre des
consolations : beaucoup vont sortir
d'eux-mêmes et commencer à vivre en
commençant à souffrir, soit pour
eux-mêmes, soit pour les autres, et ils
réagiront alors contre l'odieuse
mentalité d'un Ernest Renan, trop
fréquente hélas ! qui aimait à
se comparer à un spectateur installé
au théâtre dans un fauteuil
d'orchestre, et qui, après avoir
assisté à une pièce plus ou
moins comique ou plus ou moins tragique, sort du
théâtre enchanté de ce qu'il
vient de voir.
On sait que, par la
télégraphie sans fil, certains
équipages de navires qui s'en allaient sur
la grande mer, heureux et indifférents au
sort des autres, ont été tout
à coup réveillés de leur
indifférence par les communications du
télégraphe sans fil, leur
annonçant qu'à une certaine distance
un autre navire était dans la
détresse. On avait beau ne pas voir le
navire, il n'en était pas moins en grand
danger, et il fallait à tout prix lui porter
secours. La guerre va produire cet effet à
beaucoup de nos contemporains, pauvres ou riches,
nous voulons du moins l'espérer ;
grâce à elle, surtout s'ils en sont
atteints eux-mêmes et s'ils en souffrent, ils
vont pouvoir se réveiller de leur sommeil
spirituel et commencer à vivre en
commençant à souffrir. Ils
s'apercevront alors qu'en
s'adressant aux affligés, Jésus s'est
adressé à l'immense majorité
des hommes. Les pauvres en esprit,
c'est-à-dire les humbles, ne sont
hélas! que trop rares, les affligés,
eux, sont innombrables, et ce n'est pas pour rien
que dans un monde de désordre, un monde
déchu comme le nôtre,
l'Écriture déclare que « l'homme
est né pour souffrir comme
l'étincelle pour voler »
Job V, 7)
Qu'est-ce donc que ces affligés
dont parle Jésus ? Le sens littéral
est : ceux qui sont dans le deuil, ceux qui
pleurent parce qu'ils sont dans le deuil, nous
pouvons toutefois étendre ce sens et y voir
non seulement les gens en deuil proprement dits,
mais tous ceux qui souffrent, l'immense famille des
déçus, des malades, des
découragés, des
déprimés, voire des
désespérés. S'il y a des
deuils au sens littéral du mot,
matériels en quelque sorte, il y en a plus
encore au sens figuré qui n'en sont pas
moins douloureux. Les affligés, ce sont en
général tous ceux qui ont perdu
quelque bien auquel ils tenaient, personne ou
objet, peut-être même une illusion, et
qui se sentent par là vides, appauvris,
dépouillés. Leur nombre est
légion ; je pense très
spécialement aux déçus de la
vie, à ceux qui ont commencé pleins
de courage, de force et d'espérance leur
existence terrestre, et qui,
petit à petit, ou peut-être
rapidement, ont vu leur bonheur s'écrouler
comme un château de cartes. Plus ils avaient
eu d'espoir, plus leur déception a
été amère, plus ils avaient
pris leur vol avec joie, avec enthousiasme, plus
leur chute a été terrible et leur
déception amère.
Ne nous y trompons pas, les plus
à plaindre ne sont pas ceux qui se
plaignent, ou qui pleurent sous les yeux de leurs
semblables, car en général
ceux-là rencontrent de la sympathie et des
consolateurs. Ce sont bien plutôt ceux qui
cachent ou refoulent leurs larmes, ceux qui
pleurent en silence et dans la solitude, ou dont la
blessure est si profonde que personne ne la voit.
De même qu'il y a des solitaires en pleine
société moderne, des solitaires
moralement parlant, et ce sont les plus
isolés de tous, de même il y a des
affligés qu'on ne connaît pas et qui
n'en sont que plus à plaindre, parce qu'ils
gardent pour eux-mêmes leur souffrance et
leur tristesse et que souvent ils s'épuisent
à force de refouler leurs larmes et de
cacher leur peine sous des dehors joyeux.
Jésus les découvrait
aisément dans les multitudes qui le
suivaient et qui souvent le suivaient parce
qu'elles souffraient, il voyait facilement
derrière les belles apparences trompeuses
des tristesses profondes, des
détresses infinies de l'âme humaine et
son coeur infiniment tendre se serrait en les
contemplant : aussi se sentait-il attiré
puissamment, irrésistiblement dirais-je,
vers ces affligés que le monde n'avait pas
su consoler, pas même découvrir
peut-être, ou qu'il n'avait consolés
que d'une façon superficielle.
Prenons-y garde, les affligés
courent de réels dangers, le danger par
exemple de se durcir ou y de s endurcir et de
transformer leur coeur de chair en un coeur de
pierre, d'en venir, à force de souffrir,
à ne plus souffrir du tout, à force
de sentir, de ne plus rien sentir, la douleur tue
quand elle n'intensifie pas la vie.
Ou bien ils risquent de se
révolter et contre la vie et contre les
hommes, et même contre Dieu, mais la
révolte n'apaise pas, elle excite encore
plus la douleur, elle risque de l'exaspérer
et d'éloigner pour toujours de
celui-là seul qui pourrait consoler
l'âme affligée et guérir le
coeur meurtri.
Ou bien enfin, la douleur se transforme
en amertume, et l'on connaît l'avertissement
de l'apôtre Paul : « Que toute amertume
disparaisse du milieu de vous »
(Éphésiens IV, 31), et
celui de l'épître aux Hébreux:
« Veillez à ce
qu'aucune racine d'amertume,
poussant des rejetons, ne produise du trouble et
que plusieurs n'en soient infectés »
(XII, 15). Pour être
cachée, l'amertume n'en est que plus
dangereuse, c'est un toxique qui peut empoisonner
toute la vie spirituelle et la détruire, un
virus qui peut tuer l'âme s'il n'est pas
éliminé. Or il arrive très
souvent que l'affliction qui n'est pas
guérie se transforme en dépôt
d'amertume et qu'elle empoisonne toute la
vie.
Pour éviter ces différents
dangers, il est une chose indispensable :
être consolé, mais à la
manière de Jésus-Christ. «
Heureux les affligés, car ils seront
consolés. » Le mot employé ici
par le Sauveur est singulièrement expressif,
il ne veut pas dire seulement consolé, mais
réconforté, assisté,
guéri, c'est le même mot qu'il emploie
lorsqu'il parle du Saint-Esprit, qu'il appelle le
paraclet, ou l'avocat, ou l'assistant. Consoler,
ici, veut dire relever, transformer à tel
point que la vie de l'âme soit comme toute
renouvelée. Or Dieu seul peut accomplir une
oeuvre pareille, elle est au-dessus des forces
humaines, et même les hommes les mieux
intentionnés, ceux dont le coeur est le plus
tendre et le plus sympathique n'en sont pas
capables.
N'avez-vous pas remarqué que,
dans certaines souffrances
particulièrement douloureuses, les hommes
avec leur meilleure volonté nous font plus
de mal que de bien quand ils tentent de nous
consoler ? Ils ont beau faire, ils ont beau dire,
ils n'y réussissent pas, on dirait presque
qu'ils s'ingénient à mettre du
vinaigre sur nos plaies. Oh ! certes ils ne le font
pas exprès, ils ont d'excellentes
intentions, toujours est-il que très souvent
ils ne savent pas s'y prendre. Il en est tout
autrement du consolateur parfait qui s'appelle
Jésus-Christ et qui a le secret de la vraie
consolation, parce qu'il connaît nos coeurs
à fond.
Pour cela, il commence par nous faire
rentrer en nous-mêmes jusque dans les
dernières profondeurs de notre être,
car notre âme a des degrés de
profondeur que Dieu seul connaît, et quand
nous sommes descendus, ce n'est pas nous seulement
que nous découvrons, affligés et
meurtris, c'est quelqu'un d'autre, bien plus
affligé et bien plus meurtri que nous et qui
est Dieu lui-même.
Avouons-le franchement: l'ancienne
conception de Dieu, celle qui a pu suffire pendant
longtemps à bien des âmes pieuses,
était celle d'un Dieu infiniment au-dessus
de nous, jouissant d'une béatitude parfaite,
à des hauteurs inaccessibles, et restant
impassible en face de souffrances
qui ne l'atteignaient pas ou qui ne l'atteignaient
que de très loin, rappelant par trop le
Bouddha qui sourit perpétuellement en face
des misères humaines, à supposer
qu'il en ait la moindre idée. Ce
Dieu-là ne pouvait pas réellement
nous comprendre, il était trop
différent de nous, ou bien, tout en nous
comprenant, il n'était pas ému de nos
souffrances parce qu'il ne souffrait pas
lui-même. C'est ce Dieu qui révoltait
des hommes tels que Schopenhauer dont on
connaît le mot célèbre : «
Il faut avouer que, s'il existe un Dieu au-dessus
de la terre, capable d'assister à toutes nos
luttes et à toutes nos souffrances sans
intervenir pour les faire cesser, c'est un triste
personnage à la place duquel je ne voudrais
pas être. »
Eh bien, ce Dieu-là, la
conscience moderne ne peut plus l'accepter,
à mesure que l'homme a davantage souffert,
ou plus exactement qu'il s'est mieux rendu compte
de la souffrance universelle dans son
étendue comme dans sa profondeur, il lui est
devenu difficile, pour ne pas dire impossible, non
seulement d'attribuer cette souffrance à
Dieu, mais encore de supposer que Dieu la supporte
ou la contemple sans y prendre part. Le Dieu auquel
notre génération peut croire, le seul
qu'elle puisse encore admettre, c'est le Dieu
humain, le Dieu homme dont a si souvent
parlé T. Fallot,
c'est-à-dire un être qui connaît
nos souffrances par expérience, car il nous
ressemble : comment en serait-il autrement
puisqu'il nous a créés à son
image ? Il peut nous comprendre puisqu'il sent ce
que nous sentons, puisqu'il vibre comme nous nous
vibrons, et remarquez-le bien, ce Dieu-là
n'est pas en opposition avec celui de
l'Écriture, qui nous le montre dans l'Ancien
Testament déjà, et bien plus encore
dans le Nouveau, participant aux détresses
humaines. Je ne connais rien de plus poignant, de
plus dramatique et de plus édifiant en
même temps que le côté humain du
Dieu des prophètes, cela va même si
loin qu'on peut se demander parfois si c'est Dieu
qui parle ou si c'est le prophète, s'il
s'agit de la détresse du Créateur ou
de celle de sa créature ; à travers
le prophète on entend Dieu soupirer,
appeler, crier même, à travers le
serviteur on contemple le Maître pleurant, se
lamentant sur les fautes de ceux qu'il
aime.
« Je voudrais soulager ma douleur,
lisons-nous dans le prophète
Jérémie; mon coeur souffre au-dedans
de moi. Voici, les cris de la fille de mon peuple
retentissent sur la terre lointaine:
L'Éternel n'est-il plus à Sion ?
N'a-t-elle plus son roi au milieu d'elle ? Pourquoi
m'ont-ils irrité par leurs images
taillées, par des idoles
étrangères ?
La moisson est passée,
l'été est fini, et nous ne sommes pas
sauvés ! Je suis brisé par la douleur
de la fille de mon peuple, je suis dans la
tristesse, l'épouvante nie saisit. N'y
a-t-il point de baume en Galaad ? N'y a-t-il point
de médecin ? Pourquoi donc la
guérison de la fille de mon peuple ne
s'opère-t-elle pas? Oh ! si ma tête
était remplie d'eau, si mes yeux
étaient une source de larmes, je pleurerais
jour et nuit les morts de la fille de mon peuple !
Oh ! si j'avais au désert une cabane de
voyageurs, j'abandonnerais mon peuple, je m'en
éloignerais ! Car ce sont des
adultères, c'est une troupe de perfides. Ils
se jouent les uns des autres et ne disent pas la
vérité; ils exercent leur langue
à mentir ; ils s'étudient à
faire le mal. Ta demeure est au sein de la
fausseté; c'est par fausseté qu'ils
refusent de me connaître, dit
l'Éternel »
(VIII, 18 à IX, 6). lui
possible, dans ce fragment comme dans tant
d'autres, de distinguer ce qui est du
prophète et ce qui est de Dieu, tant leurs
voix et leurs plaintes sont
entremêlées, la détresse de
l'un est la détresse de l'autre. leur
tristesse à tous deux sont aussi humaines
que divines.
Et lorsque la révélation
parfaite de Dieu nous est donnée en
Jésus-Christ, cette impression est plus
forte, plus profonde et plus saisissante encore.
Nous avons dans le coeur de Christ meurtri, puis
brisé, comme une vision du coeur de Dieu, et
ce n'est pas pour rien que saint Paul
déclare que « Dieu était en
Christ réconciliant le monde avec
soi-même »
(2 Corinthiens V, 19). N'est-ce pas
là ce qui fait l'irrésistible attrait
du Dieu de Jésus-Christ? n'est-ce pas
là ce qui réconcilie l'âme
humaine non seulement avec la personne de Dieu,
mais déjà avec la notion de Dieu
?
Comment en serait-il autrement si nous
prenons au sérieux la paternité de
Dieu. Nous ne pouvons lias concevoir un père
dont le fils est un enfant prodigue qui, dans sa
folle révolte, s'est éloigné
de ce père, sans que celui-ci souffre et par
moment se trouve dans la détresse à
cause de son fils ; tout père digne de ce
nom sait par expérience ce qu'est la
détresse qu'inspire l'amour pour un enfant
malheureux, malade ou révolté contre
son père. Et Dieu ne le saurait pas ? Dieu
resterait impassible en voyant partir non pas un
enfant, mais des millions et des millions
d'enfants, en les voyant se révolter contre
lui pour se perdre à tout jamais s'ils ne
reviennent pas à lui? ! Non, non, la croix
est là qui nous oblige à croire
à ce que j'oserais appeler «la
détresse de Dieu » ; si j'admets la
détresse du fils, je dois bien admettre la
détresse du père, et j'aime encore
mieux accepter cette notion de
Dieu malgré les innombrables mystères
qui l'enveloppent que de supposer un Dieu
impassible ou indifférent. Mystères
pour mystères, je redoute bien plus ceux du
coeur que ceux de la raison : passe encore que ma
raison soit révoltée, confondue,
déconcertée, mais qu'au moins mon
coeur soit apaisé, puis consolé par
la certitude de l'amour de Dieu avec toutes les
conséquences plus ou moins
incompréhensibles que cet amour
entraîne.
Si Dieu nous apparaît ainsi
à travers Jésus-Christ comme
attristé dans son coeur en voyant ses
enfants loin de lui, le devoir de ceux qui ont fait
cette découverte ne set-a-t-il pas de se
tourner vers ce Dieu et de chercher en quelque
sorte à le consoler ? Le mot peut
paraître fort, il n'en est pas moins
profondément vrai, et j'ai l'impression que
si l'on insistait davantage sur ce
côté de nos relations avec Dieu, notre
vie spirituelle s'en trouverait aussitôt
fortifiée et
développée.
En ce qui concerne les affliges, rien de
tel pour être consolé que de chercher
à consoler l'ami des affligés, celui
qui le premier a eu le coeur déçu,
notre Père céleste la vue de sa
tristesse les fait sortir d'eux-mêmes, leur
fait oublier leur propre douleur et dans la mesure
où ils se donnent à
ce Dieu qui en Christ leur apparaît triste,
ils sentent leur coeur consolé. Bien plus,
ce Dieu qui pleure avec eux et qui les console en
attirant leur sympathie ne tarde pas à leur
révéler les multitudes innombrables
de ceux qui, auprès et au loin, sont encore
plus affligés qu'eux, et qui les attirent
par leur douleur même ; mais s'ils viennent
à eux, ce n'est plus comme jadis pour se
réjouir de cette douleur, c'est pour
chercher à la faire 'cesser. Ils ont
désormais trouvé le vrai sens de la
vie qui est d'aimer et d'aimer en particulier ceux
qui en ont le plus besoin et de montrer leur amour
en se donnant à eux, non pas d'une
façon théorique, mais aussi pratique
et tangible que possible.
On connaît l'histoire de cette
admirable femme anglaise Mrs Butler, qui,
après avoir perdu sa fille unique dans un
affreux accident, ne retrouva la paix de son
âme et le courage de vivre que lorsqu'elle
eut la vision de femmes infiniment plus
malheureuses qu'elle, ces tristes victimes des
passions de l'homme qui souvent ne rencontrent que
du mépris dans certaine
société, surtout de la part de leurs
séducteurs. Touchée d'une immense
pitié pour elles, la pauvre mère au
coeur brisé leur consacra sa vie, et,
prenant leur cause en mains, sut les
défendre devant tous,
jusque devant les membres du Parlement ; elle
devint ainsi l'inspiratrice et comme l'âme de
ce magnifique mouvement de relèvement moral
qui a déjà fait tomber bien des
forteresses diaboliques et qui ne s'arrêtera
que lorsque le terrible Goliath de
l'immoralité aura été
définitivement vaincu. En consolant les
autres, Mrs ButIer se consola elle-même, en
se donnant toute entière à ses soeurs
déchues, elle trouva le chemin de la
véritable consolation.
Oh ! vous qui lisez ces lignes, vous qui
pleurez et qui ne savez où trouver la
consolation dont vos coeurs ont besoin, essayez de
répondre à l'invitation de celui qui
vous supplie de vous tourner vers lui. Vous
êtes heureux, peut-être sans vous en
douter, parce que vous vous trouvez dans les
meilleures conditions pour comprendre la parole des
béatitudes qui nous sert de texte, et si,
brisés peut-être mais confiants, vous
venez à lui en toute sincérité
de coeur pour vous jeter dans ses bras et lui
demander de vous consoler par une vie d'amour au
service des autres, vous ne tarderez pas à
reconnaître combien elle est vraie la parole
de Jésus, si étrange au premier
abord: « Heureux les affligés car ils
seront consolés. »
- Viens, âme qui pleures,
- Viens à ton Sauveur;
- Dans tes tristes heures,
- Dis-lui ta douleur ;
- Dis tout bas ta plainte
- Au Seigneur Jésus,
- Parle-lui sans crainte,
- Et ne pleure plus.
-
- Dis tout à ce frère,
- À ce tendre ami,
- Ton épreuve amère,
- Ton deuil, ton souci.
- Il aime, il console
- Les coeurs abattus
- Crois à sa parole
- Et ne pleure plus.
-
- Aux coeurs en détresse
- Ployant sous le faix,
- Dis que Dieu les presse
- De chercher sa paix.
- Calme leurs alarmes
- Dis-leur que Jésus
- À séché nos larmes...
- Va, ne pleure plus.
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