Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Heures du soir
Méditations


QUATRIÈME PARTIE
MÉDITATIONS SUR LA PRIÈRE
LA PRIÈRE

D'autres étaient en mer sur des navires, ils faisaient le commerce sur les grandes eaux. Ceux-là ont vu les oeuvres de l'Éternel et ses merveilles dans les eaux Profondes. Il parla et un vent de tempête se leva qui souleva les vagues de la mer. Ils montaient aux cieux, ils descendaient aux abîmes, leur âme était éperdue de détresse ; ils tournoyaient, ils chancelaient comme un homme ivre, et toute leur habileté était impuissante. Mais ils crièrent à l'Éternel dans leur détresse, Il les délivra de leur angoisse.
PSAUME CVII, 23 à 32.

Je voudrais, jusqu'à la Pentecôte, vous entretenir de la prière, en entrant dans l'intimité chrétienne à ce sujet. Nous prendrons quelques beaux textes classiques, aujourd'hui quelque chose de général. La prière nous apparaît comme un instrument humain tellement fort, qu'il a comme des racines dans tous les coeurs; nous avons ainsi un point de départ pour guider les gens qui cherchent.

Nous avons ici le point de départ: « Dans leur détresse, ils crièrent à l'Éternel ». On pourrait dire qu'en Israël on n'aimait pas la navigation sur mer.
Dans l'Apocalypse il est précisé : « Et la mer ne sera plus ». Tandis que les Grecs, lorsqu'ils voyaient la mer, se sentaient chez eux. Xénophon et ses troupes se sentaient perdus au désert; dès qu'ils revoient la mer ils se sentent sauvés, ils s'écrient : « La mer, la mer ! ». Ils ont retrouvé la vie. Les peuples maritimes sont ainsi; n'empêche que l'un des leurs a dit : « Si quelqu'un veut apprendre à prier, qu'il aille en mer ».

Il faut excuser les juifs anciens : en ce temps-là les navires étaient fragiles et n'avaient ni gouvernail ni boussole; il y avait bien les étoiles, mais souvent voilées... « Ils ont crié à l'Éternel. »

Il est certain que tous les peuples de tous les temps ont prié. Auguste Sabatier disait qu'une histoire de la prière devrait être écrite; Herber l'a fait, dans son « Histoire de la religion du monde ».
Il y a des prières de toutes les catégories, de toutes les qualités; la prière chez les sauvages touche à la magie, à la sorcellerie; mais avec cela, même chez les peuples primitifs, comme les Bassoutos, par exemple, on savait avant l'arrivée des missionnaires, que l'on prie la puissance invisible pour avoir du secours..

Chez les Grecs, nous trouvons dans Platon une pensée d'une grande élévation : il s'agit de demander aux dieux de nous donner le bien, quand même nous ne le demanderions pas, et de nous refuser le mal que nous avons demandé.

Auguste Comte ne croyait pas en Dieu, mais il croyait en la prière; il recommandait deux moments de prière par jour.

Carlyle dit : «La prière c'est l'instrument lumineux par excellence »; et William James : « La raison suprême pour expliquer la prière, c'est que nous ne pouvons pas faire autrement que de prier ».

Il est certain que chez nous, Français, avant la dernière guerre, le sens de la prière était en grande régression, mais prêt à se réveiller. À Maubeuge, un soldat me dit : « Nous étions-là, un grand nombre de gens qui ne priaient plus; en face du danger, tout le monde priait ». C'est instinctif. Est-ce un instinct supérieur, ou est-ce un instinct inférieur ?

Quand il s'agit d'une âme inférieure, tout ce qu'elle fait est inférieur; mais l'instinct de la prière est un grand et haut instinct de notre nature, il va avec le sens religieux le plus élevé. C'est ce sens spirituel que nous avons, ce qu'il y a de plus haut en nous, qui nous met en communion avec la source des plus hautes forces morales qui puissent être, avec Dieu lui-même.

Pour ceux qui prient par accès, la prière ne change pas grand chose à leur vie; mais l'homme de prière est un homme marqué au front d'un sceau divin.
Il y a en ce moment dans notre peuple un sentiment vif qui le ramène à la prière; il y a comme une soif de revenir à Dieu, comme un réveil du sentiment religieux. Nous le voyons aussi chez certains chrétiens; je le vois chez deux médecins, l'un protestant, l'autre catholique. Ils montrent tous deux comment la prière leur ouvre des perspectives pour soigner leurs malades; ils montrent comment la prière agit sur le corps par la vaillance qu'elle met dans l'âme : le corps se transforme par le fait qu'on a prié, l'âme étant en paix.

Nous sommes là en face d'une source divine, d'une grâce qui nous est donnée. Dieu met à notre disposition ce moyen de le rencontrer; pour ceux qui arrivent à une telle expérience de la présence de Dieu, la vie est transformée. Il y a quelque chose de si supérieur, de si céleste, dans le fait que l'homme est comme entouré de l'invisible, par une force de Dieu qui vient à son aide !
Nous sommes ébranlés, nous avons prié, une réponse vient. Nous devons ressaisir avec confiance ce grand secret divin de force.

Beaucoup d'entre nous n'ont pas eu la discipline nécessaire pour se présenter devant Dieu sans qu'il y ait de troubles dans l'adoration. Il faut mettre dans l'adoration l'ordre et la discipline que l'on met dans les choses qui ont tout notre respect, tout notre amour.


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II
Le recueillement

 

Dieu, tu es mon Dieu, mort âme a soif de toi, ma chair languit après toi, comme une terre aride et sans eau. Ah, si je pouvais te contempler dans le sanctuaire pour voir ta Puissance et ta gloire... car ta grâce vaut mieux que la vie.
PSAUME LXIII.

Mais toi, quand tu Pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est dans ce lieu secret.
MATTHIEU VI, 5 et 6.

Je veux insister spécialement sur ce passage « Toi, quand tu pries, rentre dans ta chambre ». Le Seigneur, dans les versets que nous avons lus, touche à deux défauts qui existaient autour de lui : le premier consistait à se tenir debout en public pour prier. Ceci amène une récompense terrestre; les hommes disant : « Comme ils sont pieux ! » et un châtiment céleste, Dieu disant : « Retirez-vous de moi, vous qui faites métier d'iniquité ».

Le deuxième défaut consistait en l'apport d'un flux de paroles pour contraindre la divinité à donner ce qu'on lui demande. Le Seigneur montre que dans la prière, nous devons avant tout rencontrer Dieu, et le rencontrer dans un entier recueillement. Nous nous sommes arrêtés une première fois à l'instinct magnifique que représente la prière; aujourd'hui nous nous arrêterons à la prière qui est rencontre avec Dieu dans le recueillement, la prière intime qui nous commande de nous recueillir.

Naturellement nous pouvons prier partout, toujours, nous prions sans cesse. Le médecin, Thomas Hoove, qui avait l'habitude de prier pour ses malades en allant les voir, disait : « Il n'y a pas une rue de la ville où je n'aie prié». Mais cela n'empêche pas que dans notre recueillement personnel de chaque jour, nous recherchions un recueillement complet, pour que notre prière ne soit pas dérangée.

Le recueillement doit être autant matériel que spirituel. Pour cela il faut se mettre à part, être seul là où l'on prie. Ceci était nouveau au temps de Jésus, où l'on vivait entassés les uns sur les autres, et les portes ouvertes. Le Seigneur, en disant ceci dit quelque chose de magnifique et de tout neuf : s'isoler pour prier.

« Ferme ta porte. » On ne le peut pas toujours, dans les écoles, dans la vie en commun, en dortoir, il faut alors réaliser l'isolement par consentement mutuel. Mais il n'y a dans le recueillement matériel qu'une image et une préparation au recueillement spirituel.

Il faut y réfléchir, s'y préparer. Il faut d'abord se recueillir pour faire le silence intérieur, si nous voulons prier fortement, et que rien ne vienne intérieurement nous distraire. Il y a notre imagination qui nous raconte tant d'histoires, que, tout à coup nous rêvons, et nous sommes honteux, en le réalisant, de nous trouver à genoux. Faisons alors comme Abraham (Genèse XV, 7 à 11), lorsque les oiseaux de proie fondirent sur son sacrifice il prit un bâton et les chassa. Chassons les oiseaux de notre esprit ! Faisons le silence intérieur : nous pouvons alors parler à Dieu et entendre ce qu'Il a à nous dire. Alors nous le rencontrons; Dieu est là, présent; Il est là si naturellement qu'Il est présent à nos âmes; Il sait ce qui se passe au dedans de nos coeurs. « Et ton Père, qui est dans ce lieu secret, te récompensera publiquement. »

PRIÈRE

Ô Seigneur notre Dieu, que nous venions à toi en ayant faim et soif de ta parole et de ta présence, pour trouver auprès de toi ce qu'il faut à nos âmes, la purification avant tout; que nous ne nous approchions pas de toi avec des imperfections acceptées.
Accomplis en nous l'oeuvre nécessaire; purifie nos âmes; aide-nous; donne-nous plus de foi, plus d'amour, la charité sincère qui saisit ce que tu nous as promis, en partageant avec d'autres la grâce que tu nous as faite.
Nous t'en prions, au nom de Jésus-Christ, Amen.

 Nous sommes face à face avec Dieu, nous devons réaliser sa sainte présence; quand nous avons réalisé cette rencontre, notre vie en est transformée. Dans les groupements d'étudiants chrétiens, il y avait le principe du quart d'heure avec Dieu; toute journée doit commencer avec Dieu. Dix minutes, face à face avec Dieu; si vous réalisez cela votre vie est changée. « Il te voit dans ce lieu secret... » Nous parlons à Dieu, nous lui disons ce que nous avons à coeur de lui dire, nous avons tant à lui dire ! Tout ce qui trouble notre coeur, et les imperfections cruelles qui sont en nous; nous lui parlons de tout cela; c'est comme un courant d'eau qui passe sur notre âme et qui emporte toutes les souillures de la vie. Nous avons l'impression d'une force qui vient au secours de notre faiblesse : la force de Dieu devient notre force.
Vous appelez à votre secours l'amour de Dieu, mais il faut qu'il passe en vous. Vous appelez à votre secours la volonté de Dieu, mais il faut qu'elle passe en vous. Il y a toujours un exaucement.


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III
Le combat
 

Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient à Lui jour et nuit.
Luc XVIII, 1 à 8.

Nous avons vu jusqu'ici le respect, le recueillement avec lequel il faut prier, et ce que ce recueillement signifie : la prière, une rencontre avec Dieu. Nous avons vu comment les gens se recueillaient autrefois, dans la chambre haute dont on ferme la porte. Au Zambèze, les chrétiens qui voulaient se recueillir se construisaient de petites cases dans la forêt. On disait d'eux : « Ils sont dans les arbres », cela voulait dire : ils se recueillent.

Examinons aujourd'hui ce qu'il faut penser de la notion que la prière est souvent un combat. Le Seigneur nous donne bien cette idée d'une prière persévérante qui est une sorte de lutte dans laquelle il ne faut pas se lasser.

Certains pensent que c'est une lutte contre Dieu, pour obtenir de force ce que l'on désire. Le Seigneur ne compare pas Dieu au juge inique, il nous dit tout le contraire : la grâce de Dieu est prête à aider le juste; à plaider pour nous, à plaider avec nous. Qu'entendons-nous alors par le combat de la prière ?

L'Ancien Testament nous en donne bien des exemples. Jacob lutte avec l'ange (Genèse XXXII, 24 à 32). Il s'agit d'un combat dans lequel Jacob cherche une bénédiction. Que signifie cette lutte avec un être céleste? C'est un symbole bien clair de la lutte que nous avons à soutenir contre un destin dangereux et contraire. Ici, pour Jacob, c'est la perspective de l'arrivée d'Ésaü. Dans certaines vies, il y a des moments de lutte excessivement difficiles; c'est bien alors cette lutte de Jacob que nous avons à soutenir, c'est un combat dans lequel Dieu nous aide. Dans la Divine Comédie, lorsque le Dante nous montre la nuit tragique qu'il a passée, nous avons le sentiment d'un combat.
Dans d'autres cas : ceux qui se repentent et veulent être sauvés ont souvent une grande lutte à soutenir contre eux-mêmes.

Psaume LI : « Aie pitié de moi, ô Dieu, dans ta bonté, dans ta grande miséricorde, efface mes infidélités; lave-moi entièrement de mon iniquité et purifie-moi de mon péché... Ôte mon péché avec l'hysope... efface toutes mes iniquités... Crée en moi un coeur pur ». Ici le combat intérieur est très fort : Arrache, purifie, lave, ôte, crée, renouvelle ! La victoire est difficile contre tout le mal qu'il y a dans la pauvre nature humaine ? C'est bien un combat, mais pas contre Dieu : Il nous aide.

Dans Ephésiens VI, 10 à 20, «saint Paul nous montre que la prière est un combat : « Saisissez donc l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister au jour mauvais, et demeurer debout après avoir vaincu toutes les oppositions... Adressez à Dieu toutes sortes de voeux et de supplications... priant pour tous les saints et pour moi aussi ». Ici c'est contre les puissances du mal que le combat doit se livrer avec toutes les armes que Dieu nous donne. Le mal est très fort sur la terre; le chrétien armé de sa foi et de sa prière engage la lutte.

Enfin, la prière d'intercession est aussi un combat. Colossiens II, 1 à 3. « Car je veux que vous sachiez combien grand est le combat que je soutiens pour vous. » Il s'agit de combattre le mal qui est chez les autres, et la prière est une arme; pour les aider à être délivrés; c'est quelquefois une longue lutte. jeune fille, ma femme avait une amie mondaine qu'elle essayait vainement de convaincre de se convertir; constatant l'inutilité de ses paroles, elle se tut et se mit à prier pour elle; cela dura deux ans. Au bout de ce temps, son amie vint à elle et lui fit part de sa décision de se donner à Dieu. « Depuis quand y penses-tu ? » Et la réponse : « Il y a deux ans que j'ai commencé d'y songer, à présent j'y pense tout à fait ».

Il semble que de tels exemples doivent nous encourager, lorsque nous songeons à prier pour les autres : prier toujours, ne se lasser jamais.
Il y a des prières qui doivent être permanentes; pour l'oeuvre des missions, par exemple : nous ne devons pas prier de temps en temps, mais régulièrement, toujours. Pour notre Église, cela n'a pas de fin. Une mère prie pour son enfant, c'est un combat qui ne cesse jamais.

Parfois la prière d'intercession a pour objet la guérison d'un malade. Luther priait pour la guérison de Mélanchton, cette si belle et si grande âme si nécessaire à son Église; dans ce combat, ce n'était pas Dieu qui résistait; mais il y avait une maladie à vaincre. Dans ce cas la prière est une force qui vient se combiner avec les remèdes; les remèdes aident le corps, la prière aide l'âme. Quand le malade est très bas, il faut une prière très puissante. Ce n'est pas une lutte engagée contre Dieu, mais une lutte dans laquelle Dieu aide. Si nous-mêmes nous sommes faibles dans la foi nous faisons d'autant plus d'efforts pour que le malade guérisse, pour que l'enfant soit sauvé. Ce sont des victoires qui ne peuvent être remportées que par une foi profonde. Prions sans cesse, ne nous lassons jamais.

PRIÈRE

Ô Seigneur notre Dieu, lorsque nous sommes devant des tâches difficiles, de rudes épreuves qui doivent être surmontées, mets en nous cette foi qui doit remporter la victoire. Donne-nous le sentiment que tu es près de nous dans la détresse. Que la prière devienne une ressource permanente, un don incessant que nous puissions recevoir de toi, recevant de toi force après force, chaque jour de notre vie. Nous t'en prions, au nom de Jésus-Christ. Amen.


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