Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Heures du soir
Méditations


TROISIÈME PARTIE
MÉDITATIONS SUR LES ACTES ET LES ÉPÎTRES

ATTENDRE LA PROMESSE DU PÈRE

 

ACTES 1, 4.

Nous envisagerons aujourd'hui l'attitude de l'âme qui attend, et qui possède ainsi cette faculté précieuse de recevoir de grandes, de magnifiques pensées.

Si, bien souvent, le génie est incompris, c'est parce qu'il n'était pas attendu. La Réforme était attendue dans l'Allemagne du Nord au temps de Luther; il y avait une attente frémissante; aussi, au premier mot des thèses affichées par Luther à Wittemberg, ce fut comme un incendie qui se propage : on eût dit un ange volant pour porter le message de l'Évangile éternel.

La valeur de l'attente réside dans quelque chose de très profond. Il y a d'abord le fait que l'on se tait en se recueillant sur ce qui est attendu; l'attente est recueillement si les fibres de l'âme sont tendues vers le message; il retentit alors dans le silence de l'âme qui l'accepte lorsqu'il vient.

On attend, on réfléchit sur cette promesse ferme, faite à l'avance; on se représente ce qui est annoncé, on y pense, on y est prêt, on en a le pressentiment. Le message sera accueilli par toutes les racines que l'attente a fait naître et croître dans l'âme.
Puis on éprouve le besoin du message attendu. Jésus annonce aux disciples que l'Esprit de Dieu viendra et qu'ils en ont besoin. En même temps nous ressentons de la douleur à la pensée de ce qui nous manque. Il se forme dans l'âme un désir spirituel de recevoir : c'est comme un courant d'air attisant la flamme.

Dans la fin du chapitre I des Actes il est dit : « Ils étaient tous dans la prière en un même lieu ». Il faut être dans cette attitude de la prière qui prépare l'âme à recevoir l'Esprit de Dieu.

S'il n'y avait pas la prière, il n'y aurait pas cette parenté entre l'âme et Dieu, qui fait que l'âme est à l'avance, ouverte à ce qui lui est annoncé.

Enfin, les apôtres ne restent pas seuls; ils sont en un même lieu ensemble. Il est dit : « Malheur à celui qui est seul ». Seul, on n'est pas prédisposé à recevoir de grandes grâces. Si l'on est ensemble, on met en commun ses pensées. De même que les charbons mis ensemble forment un brasier, les âmes ensemble font un foyer.


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DISCOURS DE SAINT PAUL SUR LE RIVAGE DE MILET

 

ACTES XX, 16 à 38.

Après avoir ainsi Parlé, il se mit à genoux et Pria avec eux tous. Ils fondirent tous en larmes, et, se jetant au cou de Paul, ils l'embrassèrent, affligés surtout de ce qu'il leur avait dit qu'ils ne verraient Plus son visage. Puis ils l'accompagnèrent jusqu'au navire (36 à 38).

Il ne peut être question d'étudier tout ce discours dans le détail. C'est une suite de textes admirables qui peuvent servir de devises pour toute une vie de fidélité et de dévouement.

Nous y ferons deux remarques :
1° Sur la personnalité de saint Paul telle qu'elle apparaît dans ce récit;
2° sur la distinction entre la pensée de saint Paul théologien, et celle de saint Paul apôtre.

Ici la personnalité de saint Paul nous apparaît avec une richesse et uni intimité extraordinaires. Si nous voulons pénétrer les grandes personnalités dans leur richesse, nous devons les chercher dans certains moments privilégiés de leur vie, quand leur carrière est déjà avancée et qu'il ne leur reste plus longtemps à agir. Plus tôt, elles seraient absorbées dans leur travail actif. Cherchons-les aussi dans un temps d'épreuve; c'est à ce moment que les âmes donnent leur essence, comme certaines plantes aromatiques qui si on les froisse, donnent tout leur parfum.

À quel moment trouvons-nous Jeanne d'Arc au sommet de sa personnalité ? C'est lorsqu'elle est dans sa prison de Rouen, en proie au mauvais vouloir de ses ennemis. Elle trouve alors des accents incomparables; elle parle de tout son coeur sur les événements passés, sur ses voix qui lui parlaient de la part de Dieu, en sorte qu'elle se sentait une fille de Dieu.

De même pour Napoléon, sur son rocher de Sainte-Hélène, entouré de quelques amis qui étaient bien peu de choses, comparés à son génie; à ce moment où il n'a plus rien à espérer pour l'avenir, ses souvenirs reviennent, et il nous dévoile les ressorts profonds qui l'ont fait agir, et ce qu'il aurait voulu faire.

Saint Paul, nous le voyons dans sa prison, écrivant aux Philippiens, l'épître dans laquelle il n'y a pas une grande doctrine, mais où s'expriment son âme la plus profonde, et son amour pour l'Église de Philippe. « Christ est ma vie et la mort m'est un gain », et aussi : « je puis tout par Christ qui me fortifie ».

Nous ne le trouvons nulle part mieux que dans le discours de Milet, dans ce portrait de lui que nous font ces versets du chapitre XX du livre des Actes. C'est un récit peint, auquel saint Luc, le médecin, auteur du livre des Actes, et qui assistait à cette scène, s'est appliqué avec amour. Saint Luc aimait saint Paul de toute son âme, et il avait le sens des grandeurs chrétiennes.

1° Il nous donne le discours dans sa totalité. L'apôtre parle aux anciens de ce qu'il a fait parmi eux : il y a là une vision de l'apôtre parlant à l'Église et se donnant à elle; ce sont ses souvenirs, c'est la première partie.
2° L'apôtre parle des peines qui l'attendent, et de l'Esprit qui le conduit de ville en ville. Paul est décrit là comme un homme de l'Esprit, et nous voyons le dialogue d'un grand chrétien qui s'entretient avec son Dieu.
3° L'apôtre donne des avertissements aux anciens: « Veillez, Prenez garde ! » Ici l'apôtre est l'homme de l'Esprit, qui porte dans son coeur les Églises en grand danger.
4° En appendice du discours, nous voyons le désintéressement de l'apôtre qui travaillait de ses mains; laissant à l'Église, l'exemple d'un désintéressement complet.

Tout ceci est peint : on se met à genoux sur le rivage, on s'élance au cou de l'apôtre, on s'embrasse, et c'est le départ vers les épreuves, le destin, la mort. Nous avons ainsi l'apôtre Paul intime, profond et complet.

La 2e remarque est au sujet de la grande différence qui existe entre les écrits de saint Paul théologien, et l'épître aux Philippiens. Saint Paul théologien se manifeste dans les épîtres comme celles aux Romains et aux Ephésiens, qui sont des traités de pensée chrétienne profonde. L'épître aux Romains est le premier livre de théologie chrétienne; il est à la base de ce que saint Augustin, Luther et Calvin ont écrit sur la sanctification par la foi.

L'épître aux Ephésiens est un peu différente c'est la pure doctrine de saint Paul; sa pensée y est condensée en beaux paragraphes riches; c'est un enseignement religieux catéchétique de tout premier ordre.

L'épître aux Philippiens, au contraire, c'est le coeur qui se donne; l'écrit est vivant, avec le jaillissement de la vie intérieure.

Pourquoi ces différences? Il est normal qu'il y ait dans ces écrits une hauteur doctrinale peu facile à atteindre. L'épître aux Romains devait exiger des efforts pour être comprise, puisqu'elle constituait un enseignement : l'opposition entre la loi et la grâce. Le Seigneur avait donné l'or pur de sa doctrine : l'Évangile du royaume de Dieu; il fallait que cet or pur soit frappé et mis entre les mains des fidèles.

Ces épîtres sont-elles ardues et difficiles ? Les âmes simples, si elles veulent les creuser, peuvent les comprendre; mais elles s'adressent à des âmes ayant une certaine préparation, un état réceptif, et un certain nombre d'idées leur permettant de comprendre. Il faut à ces épîtres, des âmes ayant de la profondeur, sinon l'enseignement glisse et ne pénètre pas. Il faut que cet enseignement soit une aube qui se lève et amène au jour éclatant. Gréard disait à Auguste Sabatier : « Vous ne ferez pas croire qu'en Ardèche vos vieilles paysannes comprennent cela ». - « Non seulement elles le comprennent, répondit Sabatier, mais elles en vivent. » Il est certain que saint Paul, fondateur d'Églises, directeur d'âmes, est sur un autre plan que le plan banal quotidien; il est sur le plan de la vie et de l'intensité.
Ce discours nous montre la figure de l'apôtre; et tout d'abord, la clarté avec laquelle il voulait s'exprimer. Son enseignement se réduit à deux éléments bien distincts : la repentance envers Dieu et la foi en Jésus-Christ. À Éphèse, où l'Évangile était tout à fait ignoré, l'apôtre est comme un marin qui pénètre dans ides eaux où nul navire n'a jamais vogué. Il peut prêcher la repentance qui remue les consciences. C'était le premier timbre sur lequel l'apôtre frappait.
Ensuite il prêche la foi. Il y a dans l'âme humaine un besoin profond de confiance, de libération, de salut. L'apôtre apporte son message avec une intensité de coeur : c'est là le secret pour ceux qui veulent répandre le bien autour d'eux; il faut que l'on sente en eux la sympathie, l'amour des âmes. Saint Paul parle des larmes avec lesquelles il a apporté l'Évangile.
Les larmes ! la place que tiennent les larmes dans la vie... Que signifient-elles ? Il y a ceux qui pleurent facilement, alors leurs larmes ne signifient plus grand'chose. Il y a ceux qui ne pleurent plus, car la source profonde est tarie. Des yeux qui ne pleurent plus ! Des coeurs qui n'ont plus la souffrance à laquelle les larmes répondent ! Chez l'apôtre les larmes ont un double caractère : Ou bien ce sont des larmes de douleur, ou bien d'intenses larmes de supplication et d'avertissement. Paul avait pleuré et prié pour chacun, comme une mère le fait pour ses enfants, lorsqu'elle les sent en péril et qu'elle voudrait les préserver. Si l'on se sent impuissant, on ne peut s'empêcher d'en pleurer. Il faudrait un poète pour exprimer tant d'intensité, tant d'amour : les larmes des prophètes, les larmes de saint Paul ! Quel désintéressement elles révèlent ! Quel don de lui-même !

Enfin il ne veut pas être à charge aux Églises. Il travaille la nuit pour gagner son pain et être libre de s'occuper d'elles pendant le jour. Et il termine par la parole du Seigneur, « qu'il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir ». Nous avons beaucoup de paroles du Seigneur, nous avons l'essentiel, mais il y en a une grande partie que nous n'avons pas. Cette parole sur le bonheur qui consiste à donner, elle est dite pour nous. Nous sommes ici pour la plupart gens âgés, souffrants, infirmes, et, pour ceux qui sont dans ce cas, la tendance est de regarder en soi, de s'isoler. C'est le secret du parfait malheur : s'enfermer avec soi-même. C'est une société indésirable. Mais quand le cercle est brisé, que notre âme est devenue -un centre de rayonnement, le secret du bonheur nous est révélé. Quand nous avons pu réconforter quelqu'un cela revient sur nous-mêmes, comme quelque chose de céleste, d'incomparable, et quand nous avons pu consoler tout à fait quelqu'un qui était angoissé, quand par nos soins, un ami a compris la parole du Seigneur : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive », alors, nous avons trouvé le bonheur.

PRIÈRE

Ô Seigneur notre Dieu, nous te prions pour tant d'âmes qui ont besoin de réconfort. Que nous soyons des âmes de prière, qui savent ce qu'est l'intercession, l'apostolat de la prière, auquel tous tes enfants sont appelés. Nous te prions pour le monde entier, pour la paix du monde.
Apprends-nous à discerner le prix de l'Évangile; que nous sachions le prendre dans sa force, dans sa beauté, dans ce qu'il a de fécond. Que notre vie en soit transformée; qu'elle ne soit pas comme une pauvre chose sur une mer démontée. Mais donne-nous la force d'encourager autrui; que nous soyons les amis que nous devons être, fidèles à notre mission, et à ce que le monde attend de tes enfants. Nous t'en prions, au nom de Jésus-Christ. Amen.

 


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LES LAMPES DE LA VIE:

LA LAMPE DU CARACTÈRE

 

1 COR. XV, 51 à 58; XVI, 13, 14.

Veillez; soyez fermes dans la foi, soyez virils, soyez forts. Faites tout avec charité.

Dans les « Sept lampes de l'architecture » de J. Ruskin, les hautes vertus sont considérées comme les lampes de la vie. Il en considère sept. Prenons comme sujet d'étude quelques-unes de ces lampes de la vie, et d'abord, celle que nous pourrons appeler la lampe du caractère. Le caractère est un des secrets de la vie, une des hautes vertus nécessaires. Le grand talent éveille l'admiration, mais, plus que le génie même, le caractère inspire le respect, parce que, devant lui, on se sent en présence d'une valeur morale qui s'impose.
Avec quoi cette lampe du caractère est-elle alimentée ?

Il y a des caractères privilégiés par leur atavisme ou par l'éducation qu'ils ont reçue de parents croyants. Le caractère est une possession solide chez ceux qui ont une très forte base morale et religieuse.

« Soyez fermes. » Sur quoi remporte-t-on la victoire ? Sur la mort et la peur de la mort. « Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. » On est alors vainqueur de la mort par l'espérance chrétienne. Les promesses sont certaines mais il faut les croire. La foi vivante en Jésus-Christ Sauveur, voilà l'huile qu'il faut mettre dans notre lampe si nous voulons qu'elle brûle, voilà l'origine des grandes bénédictions que nous pouvons recevoir.

Que voyons-nous dans le caractère? Une grande fermeté; l'attachement à l'oeuvre commencée; la ténacité; le caractère chrétien est inébranlable. Certaines gens ont la peur de vivre; la peur des responsabilités, des initiatives. Le chrétien ignore cela. Il va au devant des difficultés, car il est en Jésus-Christ. Il est affranchi de cette crainte qui est une lâcheté. Le courage devant la vie, la vaillance quotidienne, c'est la vaillance chrétienne.

Nous ferons une étude spéciale de la loyauté qui est un des traits essentiels du caractère. Mais dans le caractère nous trouvons encore bien autre chose : l'apôtre parle de la richesse du caractère chrétien, abondance et richesse. « Si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? » (Matthieu V, 47)

Le caractère se manifeste dans bien des domaines; dans la vie courante, les occasions de le déployer sont nombreuses; nous trouvons chaque jour de quoi nous élever haut dans le domaine de la conscience chrétienne, ou bien au contraire, de nous laisser aller à une négligence amoindrissante. Si j'agis tout de suite, je monte; si je remets au lendemain, je descends dans la valeur de mon caractère.

Je peux agir, ou hésiter à agir suivant la confiance plus où moins grande que j'ai dans le résultat de mon action. Si je n'ai pas confiance dans ce résultat, c'est que je doute de la valeur du talent qui m'a été confié : « Ainsi mes frères bien-aimés, soyez fermes. inébranlables, progressant toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur » (I Corinthiens XV, v. 58)
Ou bien au contraire nous sommes trop ambitieux des résultats, nous les voudrions trop rapides, trop extraordinaires. Il y a toujours un résultat : ainsi la mère qui exerce humblement et journellement son influence par l'exemple d'une vie qui rayonne. pénètre les âmes autour d'elle; son influence crée une impossibilité de manquer aux principes qu'elle a donnés. Elle est une force de conservation et de bénédiction.

Enfin l'apôtre termine par une exhortation: «Faites tout avec charité ». Car le caractère a affirmé parfois une certaine dureté, une brutalité dont on se vante. Il faut s'en garder. L'effort que l'on fournit pour être vaillant conduit à cette dureté, si l'on ne mêle à cet effort de la douceur. Que tout ce qui se fait parmi nous se fasse avec charité; voilà le remède aux défauts qui peuvent accompagner la force. Rien n'est aussi beau qu'un caractère fort mêlé de bonté et de charité. Les paysagistes disent qu'il faut mêler un peu de la couleur du ciel à tout ce que l'on peint. Au point de vue moral c'est ainsi qu'il faut agir - se dire : « Qu'est-ce que je mêle du ciel à telle parole que j'ai à dire, à tel acte que j'ai à faire ? » En y mêlant quelque chose du ciel qui nous vient de notre communion avec Jésus-Christ, nous éviterons l'âpreté, nous trouverons le mot de charité nécessaire.

Voilà les secrets de victoire : persévérance, ténacité, amour chrétien, qui donneront à notre lampe le rayonnement de la force et de la charité.

PRIÈRE

Ô Seigneur notre Dieu, daigne nous accorder par ta grâce, par ton secours, ce caractère chrétien solide et beau, rayonnant et fort que les croyants doivent acquérir. Consolide notre être intérieur par la foi, donne-nous pour le travail quotidien les forces nécessaires; augmente-nous par ta grâce la vertu chrétienne, augmente-nous la foi, une foi ferme et vaillante. Nous t'en prions, au nom de Jésus-Christ. Amen.


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