Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



CONTRE LE COURANT

TROISIÈME PARTIE


XV

(Où l'on retrouve le docteur Lenoir)

 

Les vacances s'écoulaient trop rapidement au gré de chacun et l'on décida de rester encore à Meirage, pendant le mois d'octobre, l'automne y étant toujours d'une émouvante beauté.
Seule, Mireille retourna à Nice avec Claude, celui-ci devant rentrer au lycée.
Dans la lumière douce d'un soleil d'or pâli, les montagnes se couvrent comme d'un immense châle de Cachemire aux tons de topaze. et de rubis.
Le sumac, ce merveilleux arbuste aux toupettes blanches et au feuillage d'un rouge sanglant, constitue le fond du tableau, faisant du paysage tout entier une féerie de la couleur.
Dans la plaine, les routes se bordent d'acacias au feuillage d'un jaune intense, pendant que les marronniers d'Inde et les plaqueminiers ajoutent la richesse de leur coloris au pittoresque de leurs fruits et de leurs graines.

Roseline, Miss Duncan et les deux enfants faisaient d'interminables promenades, dont on revenait, chargé de feuillage, de baies, de fleurs d'automne.
Cependant, un air plus vif descendait des sommets. Bientôt, la fraîcheur de l'altitude serait peut-être trop éprouvante pour la mère
Elle souriait, mais se montrait déjà impatiente.
- Oh ! Docteur, venez vite vers ma petite malade ! Si vous saviez comme il me tarde que vous me disiez votre avis !

Le médecin de Meirage, prévenu par téléphone, arriva et aussitôt, la consultation commença.
- Ce ne sera peut-être pas si simple que tout cela, dit le docteur Lenoir, après examen, dépêchons-nous.

Miss Duncan, qui avait passé une journée épouvantable, ne cessait de se lamenter et de répéter :
- Ah ! si son père le savait ! Si son père le savait !
- Eh ! bien, dit M. Duclavel, heureusement, il ne le sait pas, ce qui est bien préférable pour lui !
- Oui, mais si elle meurt !
- Dieu sait bien ce qu'Il fait.
- Mais comment faudra-t-il le lui annoncer ?
- Allons, Miss Duncan, n'allez pas si vite en besogne. Pourquoi vous torturer de ce qui n'arrivera peut-être pas ?

Elle eut un sourire. désabusé :
- Vous avez raison, je me suis assez torturée de ce qui est « arrivé », mais si je perds Daphné, je n'aurai plus aucun goût à l'existence.

En effet, depuis qu'elle avait dû renoncer à ses projets d'avenir, toute l'affection de Miss Duncan s'était concentrée sur sa petite élève.
Ses yeux étant. ouverts en partie, à la vérité religieuse, en tout cas, au fait de l'existence de Dieu, elle avait pris à coeur de réparer dans l'âme de l'enfant, le mal qu'elle avait pu y faire.
Elle s'en était plusieurs fois ouverte à M. Barrett, dans les lettres qu'elle lui écrivait régulièrement pour donner des nouvelles de la fillette. M. Barrett. répondait chaque fois qu'il avait toute confiance en elle ; il confirmait la liberté d'agir vis-à-vis de Daphné, qu'il avait accordée à la famille Duclavel, et de ce fait, à elle-même.
« Je veux revenir en France, passer Noël avec ma fille, disait-il, dans sa dernière lettre. Mes affaires seront alors terminées. Les médecins me déconseillant formellement le climat de l'Angleterre, il se pourrait que j'achète une propriété dans le Midi de la France. Peut-être, M. Duclavel voudra-t-il bien m'aider de ses conseils pour cela. Il me plairait d'habiter auprès de gens aussi aimables, aussi cultivés et aussi sympathiques. je sais que Daphné en serait ravie ».

Ce beau projet allait-il se heurter à un nouveau deuil et faudrait-il, comme le redoutait la gouvernante, annoncer à ce pauvre père l'écroulement de ses rêves ?
- Venez, Miss Duncan, dirent M. et Mme Duclavel, au moment où l'opération commençait, venez avec nous ; nous prierons.

Ils s'enfermèrent tous trois dans un petit salon, et se mirent à genoux.

Ce n'était l'enfant d'aucun d'eux, et pourtant, combien leur était précieuse la petite vie qui oscillait sur la balance !

Vie dont dépendait peut-être celle d'un homme, là-bas, au loin, inconscient de l'orage qui le menaçait ici !
Vie ardente et tendre, dont la caresse avait adouci déjà bien des souffrances et calmé bien des angoisses.
Allait-elle être retranchée, à l'aube de. son frais matin ?

Ils prièrent tous trois désespérément, même celle dont le coeur, si incrédule, quelques mois auparavant, blasphémait le nom du Dieu qui donne et ôte le souffle aux humains. Car un cri de repentir jaillissait maintenant de ses lèvres rebelles, le cri qui ouvre le ciel et fait descendre le pardon :
« 0 Dieu ! sois apaisé envers moi qui suis pécheresse. 0 Christ, sauve-moi ! je regarde à ta Croix ! Pourquoi ai-je attendu cette heure de désespérance pour apporter, à tes pieds, mon fardeau si écrasant ! Aie pitié de moi... et de Daphné ! ».

C'est ainsi que Dieu martèle, par la, douleur, les âmes qui résistent à l'appel d'amour. Amour suprême que celui qui appelle quand même! Et qui répond...

À l'ardente supplication, succéda le silence.
Aucun bruit dans la maison. De là chambre de l'enfant, pas un son ne sortait.
Enfin, une porte s'ouvrit et Roseline parut.
- Il était temps, dit-elle. Quelques heures plus tard et elle était perdue.

De nouveau, ils tombèrent à genoux et rendirent grâces.
Il était minuit, quand, enfin rassurés (momentanément, du moins), le chirurgien, Roseline et ses parents, furent réunis à la salle à manger pour prendre quelque nourriture et causer des événements. Miss Duncan était restée auprès de l'enfant, à peine sortie du sommeil' anesthésique.
- Tiens, fit le Dr Lenoir, d'un ton jovial, cela me fait penser à nos repas nocturnes, à l'ambulance, vous vous souvenez, Mademoiselle Duclavel ? Ah ! on mangeait quand on pouvait... et on était souvent dérangé... Quand je songe à la manière dont on était installé ! Çà faisait pitié ! Et ces arrivées de grands blessés...

Il s'arrêta brusquement. Une ombre venait de voiler le visage de Roseline, qui fit passer devant le médecin le souvenir de cette nuit tragique, où l'homme qu'elle avait aimé, leur était apporté, horriblement mutilé, sur une civière...
Leurs regards se croisèrent. Il aurait voulu rattraper ses paroles... et, pour faire diversion, se tourna vers M. et Mme Duclavel :
- C'était une fameuse infirmière, dit-il, je n'en ai plus trouvé comme cela ! Et racontez-moi un peu, Mademoiselle, ce que vous avez fait, depuis ce mauvais temps-là.

Elle le lui raconta, en détails, ce qui parut l'intéresser prodigieusement.
- Et vous, Docteur, demanda-t-elle, lorsqu'elle eut fini, dites-moi aussi ce que vous avez fait.
- Comme vous, fit-il, d'une voix brève, j'ai travaillé... beaucoup. J'ai été chef de clinique, à Lyon, à Marseille, puis enfin à Paris. Vous savez que j'avais perdu ma femme pendant la guerre, ce qui m'avait laissé, désespéré. je ne me suis pas remarié, par crainte de mal remplacer une aussi charmante créature Aussi n'avais-je nullement le même élan qu'avant la guerre... Ou a vu trop de choses laides, basses, décourageantes. Vous aussi d'ailleurs ; seulement, vous n'êtes pas de ceux qui, se découragent. Vous souvenez-vous, Mademoiselle, de notre conversation dans le train, quand nous allions en permission ?
- Oui, Docteur.

Elle y avait pensé bien des fois mais depuis une heure, plus particulièrement.
Elle revoyait le profil sévère du docteur Lenoir, penché sur le billet au crayon, du pauvre mutilé.
Elle entendait sa voix cordiale lui dire:
« Vous avez des raisons d'être satisfaite, Mademoiselle. Ce n'est pas souvent qu'on voit le fruit de son labeur et de ses plus durs sacrifices. Moi-même, je n'ai jamais récolté que déception et tourment d'esprit ».

Et plus tard, lorsqu'il l'avait quittée à l'embranchement : « Je désire que vous sachiez une chose ; c'est qu'à ma dernière heure, je souhaiterais, comme Louis Breton, vous avoir (ou un de vos pareils), pour prendre ma main et me consoler jusqu'au bout ».
Cette vision du passé, ils l'avaient tous deux, avec une curieuse acuité.
Il continua :
- Mais nous nous sommes revus, plus tard, en quittant l'ambulance, après l'Armistice. Vous m'avez donné le Nouveau Testament. je vous. ai promis de le lire et je l'ai fait. Pendant longtemps, je n'y ai rien vu et n'ai continué que pour tenir ma parole. Puis, un jour, tout d'un coup, mes yeux se sont ouverts. J'ai, compris, comme si -une révélation d'en-haut m'avait été faite.. J'ai vu ma misère morale. Vous savez, Mademoiselle, combien j'étais orgueilleux, n'est-ce pas ?
- Ni plus ni moins que les autres. C'est l'orgueil qui nous perd tous.
- Oh ! mais moi, j'étais plus orgueilleux que tous, pharisien dans l'âme, ! Honnête homme, médecin irréprochable, j'aimais faire la liste de mes vertus de mes générosités, de mes qualités. Ce qu'il y a de plus fort, c'est que l'on me croyait modeste... Et bon !
- Oh ! Docteur, protesta Roseline, vous étiez bon. Bourru, peut-être, mais bon.
- Oui, mais encore par orgueil. Ah ! l'orgueil de la bonté, de 'la charité, du dévouement, du désintéressement, c'est encore, le plus raffiné et le plus dangereux puisqu'il nous aveugle le plus facilement ! Mais le jour où Dieu m'a révélé ma souillure, je suis tombé à genoux devant la Croix du Christ, et j'ai crié grâce, comme le dernier des pécheurs.
- Docteur, dit M. Duclavel, ému, quelle joie de vous entendre ! Notre fille nous a si souvent parlé de vous, et de vos aspirations vers l'idéal chrétien que votre nom est fréquemment revenu dans nos prières.
- Je vous remercie du fond du coeur, dit le chirurgien ; vous voyez qu'elles n'ont pas été vaines. Mais j'ai tant de choses à apprendra ! Nous en causerons ensemble, M. Duclavel, si vous le voulez bien, quand je serai tout à fait tranquille sur le sort de notre petite opérée.

Et il se leva pour retourner auprès d'elle.
Le cas de la petite Daphné n'alla pas sans certaines complications inquiétantes, de sorte que le Dr Lenoir passa le resta de ses vacances à Meirage et ne la quitta qu'une fois sa convalescence bien en train.

Ce furent des jours bénis pour le savant praticien qui s'était fait une âme d'enfant, humble et docile, devant le grand mystère du Calvaire. Les conversations qu'il eut avec M. Duclavel lui ouvrirent des horizons insoupçonnés. Et les richesses de cette mine secrète qu'est la Bible, lui apparurent, dans un éblouissement.
- Et dire que tant de, gens là lisent sans y comprendre un mot, s'écria-t-il un jour, et la laissent de côté définitivement !
- C'est très logique, dit M. Duclavel. Voyez ce que Paul dit aux Corinthiens : « L'homme animal ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles Sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, car c'est spirituellement qu'on en juge ». Il lui manque le sixième sens sans lequel la Bible est un livre fermé, mais avec lequel, elle lui ouvre toutes ses insondables merveilles : le sens spirituel. Lorsque nous le possédons, en réponse à l'humilité et à l'obéissance, nous avons la clé de ce plan, d'amour et de grâce, révélé à travers le Livre, tout entier.
- C'est merveilleux, en effet, dit le docteur Lenoir. Mais savez-vous ce qui m'a toujours répugné ? C'est l'idée de clergé. C'est que certains hommes, parce qu'ils auraient fait certaines études spéciales, reçoivent le monopole de la connaissance et de l'interpréta don. Car une des premières paroles qui m'ont frappé, en lisant le Nouveau Testament, est, celle où le Christ dit que Dieu donne le Saint-Esprit à tous ceux qui le lui demandent (Luc. 11 : 13). Et, plus tard, dans le Livre des Actes, j'ai constaté que les premiers propagateurs de la Vérité ne faisaient pas partie d'une hiérarchie religieuse, mais avaient reçu le Saint-Esprit sur le même pied d'égalité que les autres, saint Pierre, y compris, dont on voudrait faire un pape. je trouve que c'est une chose belle et grande. Et quand je vous vois, M. Duclavel, si profondément versé dans l'étude de ce merveilleux Livre, vous qui n'ôtes ni prêtre ni pasteur, je remercie Dieu de ce que peut-être, moi aussi j'arriverai, avec Son aide, à comprendre certaines de ces choses si profondes. Et je vous remercie de me faire part de vos lumières.
- Elles ne nous sont données que pour les communiquer, dit M. Duclavel. C'est ce que vous ferez ensuite.
- Ah ! j'appartiens à une profession dont les membres sont difficiles à atteindre, et, en majorité, tels que j'étais autrefois. Au fond, ils n'ont pas une confiance illimitée en la science (quoiqu'ils prétendent qu'elle soit leur « Religion », car ils sont les premiers (et pour cause !) à connaître ses limites et son impuissance. Mais ils ont confiance en eux-mêmes. Et lorsque j'ai voulu parfois faire part de mes expériences à certains de mes confrères, la plupart ont haussé les épaules et m'ont pris pour un illuminé !
- C'est tout à fait, le mot, dit M. Duclavel en riant. Que saurions-nous de plus que les autres, si cette lumière divine ne nous avait pas éclairés ? Au sujet de cette Religion de la Science, dont vous venez de parler, il y a dans le prophète Daniel, une allusion au dieu des Forces, Maosim (Daniel 11 : 38-39.) qui sera le dieu des derniers temps. Nous y sommes. La Science est maintenant occupée à capter toutes les forces de la nature, dans tous les. domaines. Ce soit ces forces qui dominent vos confrères et beaucoup d'autres hommes scientifiques. C'est le courant de notre époque.
- Ah ! ce terrible courant, dit le chirurgien, quelle force il faut pour le remonter ! Et pourtant, il y - en a un petit nombre qui soupirent après quelque chose d'autre que la Science, belle et bonne à sa place, mais si incapable de nous donner la paix et la joie intérieures Plus que jamais, je veux essayer de les chercher.

Le lendemain, les deux amis montèrent sur la colline qui domine Meirage et le Docteur, tirant son Nouveau Testament. de sa poche, dit à M. Duclavel :
- Expliquez-moi ce passage, voulez-vous Et il lut :

« Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez point comme les autres qui n'ont point d'espérance. Car si nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus avec lui ceux qui sont morts. Voici en. effet, ce que, nous vous déclarons d'après la parole, du Seigneur ! nous les vivants restés pour l'avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts, car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles (I Thessaloniciens 4 : 13 à 18.) ».

- Eh bien, dit M. Duclavel, n'est-ce pas clair ? Et si vous croyez à la résurrection du Christ, trouvez-vous difficile d'admettre celle des croyants ?
- Non, mais cet « enlèvement » des vivants, quelle chose inouïe !
- Pourquoi plus « inouïe » que l'autre ? Il faut bien qu'à la fin, il y ait encore des vivants sur la terre !
- Certainement, mais par quel procédé surnaturel cette chose se fera-t-elle ?

M. Duclavel sortit sa petite Bible de sa poche et dit

- Cherchez dans II Corinthiens, chapitre 5, qui traite également de ce sujet de la Résurrection, verset 4, et vous lisez : « ... nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin que ce qui est mortel soit englouti (ou absorbé) par la, vie ». Le voilà, le procédé, scientifique s'il en fût ! Mélangez des grains de sable avec de la limaille de fer. Promenez au-dessus un grand aimant. Qu'arrivera-t-il

Le chirurgien sourit :
- Excellent exemple, en effet. La limaille montera, les grains de sable resteront.
- Et ceux qui auront en eux la vie divine, continua M. Duclavel, seront attirés et absorbés par la Vie Suprême, et ce qu'il y a en eux de mortel ou de matériel, restera. De même, le monde autour d'eux.
- Mon ami, dit le Dr Lenoir, tout cela est, grand et beau, mais comme vous le dites, ne peut être compris par « l'homme animal ».
C'est le sixième sens qui manque à ces foules qui nous entourent.

Il soupira, puis, d'une voix basse et lente
- Et que j'en vois mourir, sans Dieu et sans espérance ! Ma science n'y peut rien. Oh ! si ma foi y pouvait quelque chose !
- Elle deviendra agissante, dit cordialement M. Duclavel, et vous verrez des choses merveilleuses. Nous vous suivrons par l'affection et la prière, et je suis certain que vous aurez à nous donner des nouvelles réjouissantes.
- je suis encore si ignorant, dit le Dr Lenoir, et j'ai toujours peur de retomber dans ma vieille illusion de savoir quelque chose ! Mais, dites-moi, mon cher ami, ce Retour du Christ, a-t-on une idée quelconque du moment où il se produira ?
- Aucune de précise, car Il a dit Lui-même qu'il nous fallait « veiller et prier », personne n'en connaissant le jour ou l'heure. Mais en étudiant les Prophéties bibliques, surtout du livre de Daniel, dans l'Ancien Testament, et de l'Apocalypse, a la fin du Nouveau, on est arrivé à en situer approximativement l'époque. Et d'après les événements politiques, qui y jouent un grand rôle, nous sommes entrés dans la période importante. De combien d'années se composera-t-elle, nous l'ignorons, mais nous pouvons, en tous cas, vivre à tout instant, dans cette attente heureuse.
- Heureuse, dites-vous ? cria le Dr Lenoir. Dites que ce sera la félicité suprême ! En avoir fini avec cette vie de misère et de luttes, avec cette ambiance souillée, avec ce monde hypocrite et menteur ! Voir, enfin, la réalisation de notre foi, et par-dessus tout, contempler Celui qui nous a cherchés et trouvés dans le Désert de cette terre, ah ! oui, vous pouvez parler d'une « attente heureuse ! ».

Les yeux de M. Duclavel s'étaient remplis de larmes. La spontanéité de cet enthousiasme devant une révélation pareille, l'émouvait.
- Nous nous blasons de ces choses, pensait-il, quand nous les avons toujours connues. Mais quelle fraîcheur et quelle beauté elles revêtent pour ceux qui les découvrent !
- Vous n'êtes pas au bout de votre ravissement, dit-il, de sa voix affectueuse. Il existe des études prophétiques, du plus vif intérêt, écrites par des hommes extrêmement sérieux et soigneux dans leurs assertions. Je vous les prêterai et vous pourrez ensuite vous les procurer, si vous le désirez.

C'est ainsi que le Dr Lenoir, quelques semaines plus tard, mettait dans sa valise plusieurs ouvrages dont il se promettait avec joie la lecture attentive.
C'étaient : Jésus revient, L'Heure de Minuit, Maranatha, Le Retour de Notre-Seigneur Jésus-Christ (1).
« Ah ! mon cher ami », écrivait-il, plusieurs semaines après, à M. Duclavel, « comment ai-je « pu vivre si longtemps sans savoir ! Et dire que maintenant, cet horizon s'est ouvert, que le filon de cette mine s'offre à moi ! Quelle folie que celle des hommes qui passent, sans vouloir écouter ni comprendre ! Car il est évident qu'ils ne le veulent pas.
« Toute ma vie, je bénirai Dieu pour l'opération de la petite Daphné ! »

M. et Mme Duclavel, avec jean. et sa mère, étaient retournés à Nice aussitôt que l'on fût complètement rassuré à l'égard de la petite malade, mais Roseline et Miss Duncan ne la ramenèrent qu'en décembre, pour se préparer à l'arrivée de M. Barrett, qui s'annonçait pour le 15.

Heureusement pour lui, il n'avait connu la maladie de sa fille que lorsqu'elle était hors de danger et les lettres ou télégrammes qu'il exigeait chaque jour ne lui révélant aucune. urgence, il' avait terminé Ses affaires, avant de revenir sur le Littoral, où il comptait s'installer, à demeure.


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1. Tous ces ouvrages se trouvent aux Bureaux de La Bonne Revue. Voir aux annonces de Librairie.

 

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