Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



CONTRE LE COURANT

TROISIÈME PARTIE


VIII

(Si, au moins je n'étais jamais née!)

 

- Comment faites-vous, demanda un jour Roseline à Miss Duncan, pour éviter que Daphné connaisse le nom et l'existence de Dieu, puisqu'elle sait lire ?
- C'est assez difficile, en effet, mais en surveillant étroitement ses lectures, j'y ai réussi jusqu'à maintenant, car c'est encore peu de chose.
- Mais plus tard ?
- Eh ! bien, je vous l'ai déjà expliqué je lui dirai que ce sont des superstitions.
- Ah ! c'est vrai, et n'oubliez pas de lui dire aussi que je suis un exemple de ceux qui partagent ces superstitions et que ce sont elles qui m'ont faite ce que je suis. Les fait» prouvent les théories.

Miss Duncan rougit.
- Mlle Duclavel, dit-elle, d'une voix tremblante, pour être tout à fait franche, je dois vous avouer que j'ai beaucoup changé depuis que je vous connais. Vous êtes la première personne chrétienne dont le sort me fasse envie.
- Dans quel sens ? demanda Roseline, dont le coeur battait de joie.
- Eh ! bien, dans ce sens que vous avez un but dans la vie, et que je n'en ai pas, ou du moins, celui que je poursuis est-il d'ordre passager, tandis que le vôtre est éternel. Votre espérance va au-delà de la mort, la mienne est déjà éteinte. Et je me demande à quoi sert la vie.
- Et cela, c'est le résultat de ce que vous enseignez à Daphné ?

Elles causaient sur le balcon et la mer étendait devant leurs yeux son immensité de moire bleue.
Miss Duncan soupira, puis, comme si elle n'avait pas entendu cette question, elle dit, en désignant le paysage :
- Pourquoi la nature est-elle si belle, quand la vie est si triste ?
- Elle n'est pas triste en elle-même, dit Roseline gravement. C'est nous qui la gâchons par notre folie. je sers un Maître qui ne donne que de la joie... même dans l'épreuve, puisque c'est une, joie indépendante des circonstances et qui résiste à tous les orages Car elle vient d'en-haut.
- Et justement, le ne crois à rien de ce qui vient d'En-haut, fit Miss Duncan., amèrement. C'est cela que je vous envie...
- En effet, ce qui vient d'en bas ne paraît pas très réconfortant...

La gouvernante passa son bras sous celui de sa compagne. Son visage avait soudain pris un air ferme et résolu.
- Mlle Duclavel, voici plusieurs jours que je me fais horreur à moi-même. Car j'affiche idées et des convictions qui se sont modifiées depuis un certain temps et qui même, n'ont jamais été chez moi que du pur snobisme. J'aime la nouveauté et comme j'ai toujours vécu dans un pays religieux et conservateur, mon athéisme avait un petit air moderne, original, frondeur, qui me paraissait du dernier chic. Il me plaisait de scandaliser mon entourage par mon impiété et lorsque je suis revenue d'Amérique, membre des Quatre A., je m'amusais de l'effroi de mes amis, lorsque je lançais une de nos théories sur l'évolution, par exemple, et sur notre descendance du singe en particulier. je me trouvais plus intelligente que n'importe lequel d'entre ces esprits arriérés et asservis au passé.
- Et vos parents ? demanda Roseline.
- Je les ai à peine connus. À cinq ans., j'étais orpheline et je fus mise en pension par mon tuteur qui s'est fort peu occupé de moi. Dans ce pensionnat, j'ai naturellement suivi les rites de l'Église anglicane, mais la religion m'a toujours paru niaise et ennuyeuse, sans aucune utilité. Vous comprendrez que je fusse toute prête à accepter les théories négatives de l'incrédulité.

Roseline serra la main qui s'appuyait sur son bras.
- Pauvre petite fille sans mère ! fit-elle, affectueusement. Quand je pense à mon privilège, à moi, d'en avoir eu une tendre et si éclairée, je suis confuse d'être encore si égoïste et [si dure.
- Égoïste et dure, vous ? murmura Miss Duncan.
- Ne jugeons pas les apparences, dit Mlle Duclavel. Ceux qui ont été élevés comme moi, ont une dette dont ils ne s'acquitteront jamais envers ceux qui, moins heureux, ont tout ignoré du Christ et de Son amour. J'ai encore trop d'incompréhension de cas comme le vôtre. Mais, dites-moi, avez-vous jamais été complètement sincère dans votre négation de Dieu?

Miss Duncan baissa la tête :
- Je ne pense pas qu'il y ait d'athée « complètement sincère », c'est-à-dire qu'aucun n'est, en son âme et conscience, certain que Dieu n'existe pas, en tant qu'Être suprême. Mais ce dont nous essayons de nous persuader, c'est qu'il n'y a pas au-dessus de nous d'autorité qui puisse nous redemander compte de nos actes. C'est ce qui m'a plu dans l'Athéisme. Il nous affranchit de toute obligation morale, il abolit tout frein, il ignore la conscience et il noue donne la liberté personnelle absolue. Chacun doit constituer son propre code de morale et de conduite. Au, commencement, je trouvais cela admirable et tellement commode ! je me suis littéralement enivrée de cette liberté.
- Et maintenant ? interrogea l'infirmière.
- Eh ! bien, maintenant, je commence à en être lasse, car je découvre qu'elle est fictive. je suis esclave tout de même !

Roseline resta songeuse un instant. Que la vie était triste, en effet, lorsqu'elle était vécue sans Dieu et sans espérance ! Triste à désespérer, triste à mourir.
- À quoi pensez-vous ? dit la jeune anglaise.
- Je pense à ce beau jardin d'Eden, où Adam et Eve voulurent se rendre libres de leur Créateur et devenir, à l'instigation de Satan, « comme des dieux », supérieurs à tout, indépendants de toute autorité. Et ils sont devenus esclaves du péché et de la mort. Vous venez de prononcer un jugement sur cet état d'esprit et sur le bonheur qu'il procure.

Miss Duncan passa la main sur son front comme pour en chasser un cauchemar.

- Si, au moins je n'étais jamais née ! dit-elle tout bas. J'ai essayé de tant de plaisirs et de joies, mais ils m'ont fait jouir une heure, jamais un jour tout entier ! Le terrible « et après ? » a toujours empoisonné la coupe de tout enchantement. Les théories, les formules, les négations, quels trompe-l'oeil et quelle duperie ? Dans notre Société d'Athéisme, on fait grand cas de notre descendance simiesque. En voilà une consolation, dans les épreuves dont la vie est semée, que de se dire qu'on a des ancêtres gorilles ou orangs-outangs ? Et quand je pense qu'on essaie de nous bourrer le crâne avec ça et de nous fortifier contre la douleur avec des théories semblables !

Le visage de Roseline S'était fait très tendre. Elle prit sa compagne par les épaules et la regardant au plus profond des yeux, elle dit simplement :
- Pauvre amie ! comme vous avez besoin du Christ !


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