Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



CONTRE LE COURANT

TROISIÈME PARTIE


VI

(Si tu m'avais aimé en Dieu et pour Lui)

 

Il est peu de choses qui subsistent, peu de situations qui demeurent, sous le flot mouvant des années.
Mireille Vateau est devenue veuve.
Albert est mort, des suites d'un accident d'automobile.
Pendant les quelques jours qu'il a survécu, c'est, à sa demande instante, Roseline Duclavel qui l'a soigné.
Les années écoulées depuis leur conversation, à l'hôpital de Paris, n'avaient pas amené de changement extérieur bien visible dans la vie du jeune ménage.
Mais, plusieurs fois, Roseline avait pu constater que Albert Vateau soupirait après les choses éternelles. Il lisait souvent le Nouveau Testament. Son découragement, après la guerre, avait eu, au moins, ce résultat.
Tout l'inutile, tout le factice de l'existence, même la plus honorée, lui étaient insupportables et puérils. La soif de ce qui demeure l'avait envahi, lui aussi.
Lentement, très lentement, il arrivait à se dépouiller de ses anciens préjugés, lorsque survint l'accident qui devait l'emporter.
Deux jours avant sa mort, seul un instant avec son infirmière, il lui dit à voix basse :
- Mademoiselle Roseline, vous vous souvenez, n'est-ce pas, de ce que je vous avais dit pendant la guerre : Que si je mourais, je confiais, à vos parents et à vous-même, Mireille et le petit Claude. je vous le répète aujourd'hui. je désire qu'ils suivent vos conseils et votre exemple. je vous supplie de ne jamais les abandonner.
Sa faiblesse était grande et il dut s'arrêter quelques minutes.
Puis il reprit :
- Merci de ce que vous avez fait pour moi...

Elle le regarda, étonnée.
- Grâce à vous, continua-t-il, je puis dire comme Job : « je sais que mon Rédempteur est vivant, et je m'en vais heureux. je n'ai qu'un regret - et combien cuisant ! - c'est de n'avoir rien fait pour Lui !

Nul n'assista, naturellement, au dernier entretien des deux époux, mais lorsqu'on revînt du cimetière, Mireille se jeta, en sanglotant, dans les bras de son amie :
- 0 Roseline, Roseline ! cria-t-elle, aide-moi à vivre maintenant !
Rien n'est plus sinistre que l'Irréparable.

C'est pour calmer cette sombre épouvante que certaines philosophies, chefs-d'oeuvres diaboliques, promettent aux âmes désemparées, des existences ultérieures, où elles pourront expier leurs fautes et reconstruire un bonheur qu'elles ont une fois détruit.
C'est une espérance semblable qu'eût passionnément souhaitée Mireille, après la mort de son mari.
Ses yeux s'étaient ouverts soudain sur un passé de lâcheté, sur une vie absolument manquée quant à ses résultats ultimes et éternels.
Elle entendait encore une voix mourante lui dire :
- Je te pardonne, ma chérie, mais si tu m'avais aimé en Dieu et pour Lui, j'aurais compris plus tôt la beauté de l'Idéal chrétien et de l'Évangile du Salut. Maintenant, je suis sauvé, mais inutile, car c'est trop tard... le soir de la journée est déjà là...

Elle sanglotait, la tête appuyée sur les mains blêmes du malade.
- Mais ce n'est pas trop tard pour toi et pour Claude, avait-il murmuré... Soyez fidèles... tu entends, Mireille... fidèles... Puis... venez me rejoindre...

Ah ! réparer, réparer ! ... Non, ce n'était plus possible. Le passé n'est, hélas ! pas écrit sur le sable, mais indélébile, sur le roc. Nul ne peut faire que ce qui fut, n'ait pas été..
Mais on peut toujours essayer de reconstruire sur les ruines.
On peut toujours remonter le courant dont on a, autrefois, suivi l'entraînement.
Mais comment trouver le courage de cet effort, lorsque, pendant de si longues années, on s'est laissé aller à la dérive, sans même penser au danger toujours possible ?

Le ressort de la volonté, distendu par une longue inertie, ne se redresse pas en un jour.
La pauvre Mireille en fit la rude expérience.

Bien des mois s'écoulèrent, avant qu'elle se fût ressaisie et eût compris l'urgence du devoir immédiat : réparer le passé, dans la mesure du possible, en élevant son fils comme Albert l'avait désiré, dans la crainte de Dieu et la connaissance de sa Parole.
Ce furent de longues et laborieuses souffrances, car la veulerie morale est difficile à guérir.
La logique des principes, le courage d'envisager toutes leurs conséquences, la volonté de les appliquer dans une pratique rigoureuse, tout cela, ne s'apprend qu'à la longue.
Que de vaines luttes, que de combats suivis de défaites ! Que « d'avances » dans le courant impétueux, puis de reculs et de défaillances !
Mireille connut toutes ces douleurs.

Ses deux belles-soeurs s'étaient mariées et M. et Mme Vateau passaient une grande partie de leur temps, soit chez l'un, soit chez l'autre ménage, abandonnant à Mireille, presque entièrement la jouissance de leur manoir. Les Lenormand avaient dû quitter Meirage pour un climat plus doux, de sorte que la jeune veuve se trouva très isolée.

Roseline, forcée, par sa profession, de vivre souvent éloignée de ses parents, demanda à Mireille de venir habiter avec eux, au moins pendant quelque temps et d'éviter ainsi les effets désastreux de la solitude. Tous ensemble, on reviendrait à Meirage, pendant deux ou trois mois d'été.
De cette manière aussi, la dernière requête du cher disparu serait exaucée et ses dernières paroles : « Sois fidèle » deviendraient comme une devise pieusement et loyalement observée.

C'est ainsi que, malgré la longueur et l'intensité de la lutte, Mireille Vateau, grâce à Dieu et aux amis qu'Il avait placés près d'elle, finit par obtenir de la Source suprême, tes forces nécessaires à sa nouvelle existence.


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