Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
REGARD
Bibliothèque chrétienne online EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON - 1Thess. 5: 21 - (Notre confession de foi: ici) |
Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
CONTRE LE COURANT
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«L'épreuve de votre foi,
plus précieuse que l'or
périssable». |
Un matin d'automne, où Octobre
avait revêtu d'or et de rubis les montagnes
environnantes. Mireille vint voir son amie.
C'était jeudi et elle était
sûre de la trouver.
La santé de Mlle Lenormand
s'était beaucoup fortifiée à
Meirage, dont l'air est célèbre pour
ses qualités fortifiantes et
toniques.
Ses joues, si pâles autrefois,
s'étaient rosées et remplies. Son pas
s'était fait plus ferme et plus
élastique. Et si ses yeux noirs ne
brillaient pas davantage (ce qui eût
été impossible), ils exprimaient une
joie intérieure et profonde qu'elle ne
connaissait pas auparavant.
Aujourd'hui, toutefois, Mireille
paraissait toute songeuse. Trouvant son amie au
jardin, qui cueillait les dernières roses
d'été, elle aborda de suite le sujet
de ses préoccupations.
- Roseline, dit-elle, lorsqu'elles
furent assises sur le banc rustique, voici deux ans
que je livre le bon combat mais j'en suis
arrivée à une lutte beaucoup plus
terrible qu'aucune autre. Et j'ai peur de
moi-même.
Roseline lui pressa la main sans
répondre.
- Tu sais que je donne des leçons
à Laure Vateau, la fille
du docteur. Son frère Albert vient de me
demander en mariage.
Elle avait dit cela brusquement et d'une
voix si saccadée que le cœur de Roseline se
serra. Pauvre petite Mireille ! Comme elle allait
souffrir !
- Et alors, ma chérie ? dit-elle,
en lui serrant la main tendrement.
- Alors, dit Mireille, très bas,
je suis dans une grande angoisse.
- Que disent tes parents ?
- Oh ! enchantés ! maman trouve
que c'est un parti inespéré. Il n'a
plus qu'une année de médecine, puis
il aura fini ses études. Papa, bien entendu,
me laisse libre, mais je vois que cela lui ferait
plaisir.
Il y eut un long silence. Autour des
deux jeunes filles, l'automne chantait sa chanson
exquise, déployait sa symphonie de couleurs
merveilleuses. Les chrysanthèmes ouvraient
leurs corolles échevelées, aux
nuances rares ou opulentes, des asters
balançaient leurs fleurs mauves et blanches,
des géraniums, bien à l'abri du mur,
semblaient défier, en souriant, les
premières nuits inclémentes.
L'atmosphère, un peu
voilée, restait douce et caressante, et
l'automne ressemblait à une femme,
arrivée à cette saison de la vie,
revêtue d'un charme grave et tendre, que
l'expérience a rendue sympathique à
toutes les douleurs, accessible à toutes les
confidences, prête à consoler,
à relever, à encourager. En ce jour
tout doré de soleil d'octobre, la nature
parlait aux âmes de la paix
et de l'amour éternels de Dieu.
Mais Mireille était trop
troublée pour lire dans ce livre ouvert.
Seule, Roseline y pensait et s'en trouvait
apaisée et remplie de confiance. Elles
avaient souvent parlé ensemble de ce sujet
du mariage, cette pierre de touche dans la vie, cet
élément de bonheur immense ou de
malheur irréparable.
Elles en étaient arrivées
à une conclusion unique, parce qu'elle est
la seule logique : l'incroyant ne peut s'unir au
croyant.
Plusieurs fois, Roseline avait
été demandée en mariage, soit
par des jeunes gens catholiques de Meirage, soit
par des protestants rencontrés au cours de
leurs voyages de vacances, dans les milieux
familiers. Elle les avait tous refusés pour
la même raison.
Avait-elle souffert ? Oui, une fois,
mais même ses parents n'en avaient rien su,
tant sa volonté s'était tendue pour
leur épargner le chagrin de la voir
souffrir. Elle avait lutté bien des jours et
bien des soirs, dans la solitude de sa petite
chambre, souvent agenouillée par les belles
nuits d'été, devant sa fenêtre
d'où elle découvrait l'horizon
étoilé. Là, dans la
prière et la communion avec l'Invisible, au
prix du plus dur sacrifice qu'une femme puisse
faire, elle avait remporté la victoire. Mais
elle n'y songeait jamais maintenant, sans en
frissonner encore.
Aujourd'hui donc, elle comprenait son
amie chez laquelle elle devinait une lutte
semblable. Sa main se fit plus affectueuse sur la
main de Mireille. Lorsqu'enfin
elle parla, ce fut seulement pour poser cette
question, si banale et pourtant si grave :
- Et toi, que penses-tu ?
Mireille était pâle et
répondit faiblement :
- Oh ! moi, je suis bien malheureuse
!
- Tu aimes Albert Vateau ?
De nouveau, il y eut un silence, puis la
jeune fille répliqua :
- J'ai été bien faible et
imprudente, Roseline. Voilà plus d'un an que
lorsqu'il revient en vacances, nous faisons de la
musique ensemble, après la leçon de
Laure. Tu sais qu'il est excellent violoncelliste.
Ces dernières grandes vacances, pendant que
tu étais en voyage, j'étais bien
seule et j'ai accepté d'aller beaucoup plus
souvent chez les Vateau. Et voilà. Petit
à petit, je me suis laissé prendre
à cette affection qui s'infiltrait en moi.
Maintenant, elle fait partie de mon être. je
ne pourrai plus jamais m'en affranchir. je n'ignore
pas que je fais mal et que je suis une lâche
; c'est pourquoi, ce matin, en recevant la lettre
de demande, j'ai cru mourir de bonheur et de honte
tout à la fois. je sais que tu vas me
mépriser, toi, si forte et si ferme
!
- Te mépriser ? Ma pauvre
chérie, moi aussi j'y ai passé, par
cette fournaise, et si je n'ai pas
été consumée par elle, c'est
que, comme pour les trois jeunes Hébreux
(Daniel. Chapitre 3 ; à 30.),
le Fils de Dieu y a marché avec moi. Non, je
ne te méprise ni ne te
blâme, je te plains seulement de tout mon
cœur et je désire t'aider à sortir de
'cette heure de tentation, comme j'en suis sortie
moi-même.
Mireille soupira.
- Il est dit que la tentation ne
dépasse pas les forces, mais celle-ci
dépasse les miennes. J'ai refusé
plusieurs offres de mariage, juste, avec un sourire
ou un geste d'indifférence, mais cette
fois-ci... oh ! mon Dieu, que me demandes-tu
?
Elle se couvrit le visage de ses mains
et se mit à pleurer.
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