Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



CONTRE LE COURANT

PREMIÈRE PARTIE


MEIRAGE
Un petit monde provençal.

V

... Dieu a choisi les choses faibles du monde...

1. CORINTHIENS 1: 27.

Deux ans s'écoulèrent, sans apporter de grands changements. Un lien étroit unissait Mireille Lenormand à la famille Duclavel.
C'est là, après Dieu, qu'elle puisait les forces nécessaires à la lutte quotidienne, lutte intérieure et lutte extérieure, familiale et sociale.

La subtile désharmonie des âmes ne se traduit pas toujours par de grands éclats. Mais, peu à peu, elles s'éloignent les unes des autres, parfois même inconscientes de cette lente séparation, pour suivre chacune l'idéal qui l'attire. Il en était ainsi dans la famille Lenormand, quoique en apparence, elle fût restée un modèle d'union et de bonne entente. Mireille seule en souffrait car le, sujet qui les séparait n'était abordé que dans les grandes crises, et les grandes crises sont rares, même dans les familles orageuses, vu l'incapacité humaine de se tenir longtemps au niveau des passions violentes.

Les gens nerveux, même lorsqu'ils sont méchants, se hissent aux colères folles avec une dépense de forces physiques et morales qui leur défend de s'y maintenir longtemps sans aboutir à la démence.

Mme Lenormand avait eu une de ces colères-là, lorsque sa fille avait refusé d'assister au bal de la Préfecture, mais l'impossibilité mêlée de chagrin réel de Mireille, avait fini par calmer la tempête. Jacques, à son tour, avait tenté une scène semblable, au sujet d'une demande en mariage faite par un de ses amis et qu'il aurait voulu voir agréée par sa soeur.
Puis, cela aussi avait passé, et la question religieuse, cause de ces grandes et profondes discordes, n'était jamais celle des menues contrariétés. Mireille avait le tact dont on fait les petites concessions qui n'engagent pas les principes, afin d'avoir le droit de parler lorsque cela devient urgent.
Mais moins on parle d'une chose de ce genre, plus on y Pense, puisqu'on. sait bien qu'elle modifie profondément les conditions et l'avenir de l'existence, et que, tôt ou tard, le fait brutal, se produira, qui mettra fin à ce compromis latent et journalier.
De toutes ces tâcheuses et inutiles perturbations, Mille Lenormand accusait les Duclavel. Elle déplorait l'aimable et liant caractère qui les lui avait fait rechercher de suite, de sorte qu'elle était elle-même l'auteur indirect de la catastrophe. Car c'en était une, terrible, et peut-être irréparable, que Mireille eût jamais subi l'influence de ces gens étroits, fanatiques, et dont l'austère conduite jugeait tacitement la frivole et stérile existence des autres.
Sans que les individus de cette espèce aient à ouvrir la bouche, on les accuse de « juger les autres » de haut, de « se croire meilleurs », de rétrécir l'horizon, de mutiler la vie. Ce qu'ils ne font pas irrite et exaspère, encore bien plus que ce qu'ils font.

De quel droit s'abstiennent-ils de ce qui paraît si essentiel au bonheur général ? Quel orgueil trahit leur indifférence à tout ce qui intéresse si prodigieusement leurs contemporains ! Se mettre ainsi à part, ne peut qu'être le fruit du dédain, d'un jugement prétentieux sur les autres, d'une opinion exagérée de soi-même ou bien de la pauvreté d'esprit.

La religion poussée à ce degré, devient une maladie qui confine à la folie ou tout au moins à l'idée fixe.
Une chose qui avait le don d'exaspérer Mme Lenormand, c'était le culte intime que les Duclavel avaient chaque dimanche matin chez eux et auquel, bien entendu, elle n'assistait pas. Une fois avait suffi.
Car elle devinait que c'était là où Mireille puisait ses forces d'obstination et d'énergie morale. Ce culte, Mme Lenormand le trouvait trop simple et manquant d'officiel. Il ne réunissait., en effet, outre les Duclavel et Mireille, que deux ou trois personnes de la ville, amenées à la connaissance de la Vérité par un témoignage patient et fidèle.
Il est une action solitaire et ignorée, que Dieu saura récompenser au grand jour.
Les participants à ce culte prenaient à la lettre cette merveilleuse parole de Jésus à Ses disciples : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux » (Matthieu 18-20)

Promesse merveilleuse, en effet, mais qui ne se réalise que rarement, parce que les conditions en sont rarement remplies.
En mon nom ! ...
Que de nombreuses assistances, tous les dimanches, sont réunies, sous prétexte de christianisme, mais auxquelles le « Nom de jésus » n'est qu'un mot et parfois un mythe !
Elles sont réunies pour entendre un discours éloquent, voir un prédicateur célèbre, jouir d'un beau choeur, goûter un plaisir de dilettante religieux, littéraire ou artistique. Mais jésus Lui-même est absent.
Tout cet apparat, tout ce semblant de religion n'est qu'un déguisement qui recouvre la misère spirituelle la plus profonde et la plus désolante.
Et de beaucoup de ces chaires qui portent le nom de « chrétiennes », il ne tombe souvent que des paroles de belle morale et non pas de salut. Le « seul nom qui ait été donné aux hommes pour être sauvés » n'est pas présenté comme tel, aux âmes assoiffées de pardon qui se pressent dans cette foule anonyme.
Et elles sortent, plus angoissées que jamais, de ce prétendu « culte » où nulle adoration « en esprit et en vérité » ne s'est élevée vers le Ciel, où, seule, la créature a été exaltée, contemplée, écoutée.
- « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux »

0 miracle d'amour et de compassion et d'abaissement : deux ou trois !
Qu'est-ce que « deux ou trois » dans ce monde d'orgueil, dans ce siècle de parade, où le nombre fait la valeur !

Mais le Christ n'a point de mépris pour ce chiffre infime. Il sait bien que ses disciples seront toujours le « petit troupeau », que son austère doctrine d'humilité et de sacrifice n'attirera pas les multitudes. La porte est étroite et le chemin aussi...

Deux ou trois ! C'est là qu'Il est, qu'Il demeure et qu'Il bénit, sachant qu'un jour, ce ne sera plus un chétif rassemblement qui l'entourera, mais des myriades de myriades, « venues de toutes tribus, de toutes langues, de toutes nations » ... (Apocalypse 5 : 9).

C'est donc dans cette simplicité, qu'une fraction de l'Église invisible du Christ se réunissait à Meirage.
Aucune cloche n'en appelait les membres, lorsque « l'heure était venue ». Ne savaient-ils pas qu'avant eux, la Présence auguste était là, selon la promesse, et les attirant comme un aimant irrésistible ?
Aucun pasteur, en robe et en rabat, ni aucun prêtre en surplis de dentelles, n'officiait pour eux. Aucunes orgues n'accompagnaient leurs hymnes d'adoration et, à l'observateur superficiel qui fût entré parmi eux, cette réunion primitive et minuscule eût paru dépourvue de toute signification et même de dignité.
Car ici, la vision est toute intérieure. L'âme ne doit avoir besoin d'aucun rappel extérieur, d'aucune sensation matérielle pour offrir à Dieu un culte spirituel, le seul qu'il agrée.
Et les seuls signes visibles du grand mystère étaient sur la table : du pain, et une coupe, afin que sur l'ordre du Maître, ils se souvinssent de Sa mort jusqu'à ce qu'il revienne.

Contre le courant ! Ah ! certes, ils luttaient contre lui, ces chrétiens obscurs et secrètement: méprises ; car, pour se cramponner à la Vérité primitive, lui conserver sa pureté et sa force, la dépouiller, jour après jour, de la gangue dont les hommes veulent la recouvrir et la déguiser, il faut combattre.
Et le nombre de ceux qui se découragent et abandonnent cette lutte est grand. Il en est si peu qui « persévèrent jusqu'à la fin », tant le combat est dur et long et presque, toujours solitaire.

À mesure que les temps avancent, une sélection tragique s'opère, sans que ceux qui en sont les acteurs s'en doutent toujours. Cette chose veule et sans force qui s'appelle « le juste-milieu, devient tous les jours plus difficile.
Celui qui est chrétien de coeur et non simplement de forme, affirme encore davantage son attachement à la vérité révélée et au Christ, son Sauveur et son Maître.

L'autre, le faux, quitte, même les formes, même les apparences, et va où son coeur le mène, vers les satisfactions matérielles ou vers les fantômes de l'intellectualisme mondain.

« Nul ne peut servir deux Maîtres ».


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