Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
REGARD
Bibliothèque chrétienne online EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON - 1Thess. 5: 21 - (Notre confession de foi: ici) |
Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
CONTRE LE COURANT
|
... Dieu a choisi les choses faibles
du monde... |
Deux ans s'écoulèrent, sans
apporter de grands changements. Un lien
étroit unissait Mireille Lenormand à
la famille Duclavel.
C'est là, après Dieu,
qu'elle puisait les forces nécessaires
à la lutte quotidienne, lutte
intérieure et lutte extérieure,
familiale et sociale.
La subtile désharmonie des
âmes ne se traduit pas toujours par de grands
éclats. Mais, peu à peu, elles
s'éloignent les unes des autres, parfois
même inconscientes de cette lente
séparation, pour suivre chacune
l'idéal qui l'attire. Il en était
ainsi dans la famille Lenormand, quoique en
apparence, elle fût restée un
modèle d'union et de bonne entente. Mireille
seule en souffrait car le, sujet qui les
séparait n'était abordé que
dans les grandes crises, et les grandes crises sont
rares, même dans les familles orageuses, vu
l'incapacité humaine de se tenir longtemps
au niveau des passions violentes.
Les gens nerveux, même
lorsqu'ils sont méchants, se hissent aux
colères folles avec une dépense de
forces physiques et morales qui leur défend
de s'y maintenir longtemps sans aboutir à la
démence.
Mme Lenormand avait eu une de ces
colères-là, lorsque sa fille avait
refusé d'assister au bal de la
Préfecture, mais l'impossibilité
mêlée de chagrin réel de
Mireille, avait fini par calmer la tempête.
Jacques, à son tour, avait tenté une
scène semblable, au sujet d'une demande en
mariage faite par un de ses amis et qu'il aurait
voulu voir agréée par sa
soeur.
Puis, cela aussi avait passé,
et la question religieuse, cause de ces grandes et
profondes discordes, n'était jamais celle
des menues contrariétés. Mireille
avait le tact dont on fait les petites concessions
qui n'engagent pas les principes, afin d'avoir le
droit de parler lorsque cela devient
urgent.
Mais moins on parle d'une chose de
ce genre, plus on y Pense, puisqu'on. sait bien
qu'elle modifie profondément les conditions
et l'avenir de l'existence, et que, tôt ou
tard, le fait brutal, se produira, qui mettra fin
à ce compromis latent et
journalier.
De toutes ces tâcheuses et
inutiles perturbations, Mille Lenormand accusait
les Duclavel. Elle déplorait l'aimable et
liant caractère qui les lui avait fait
rechercher de suite, de sorte qu'elle était
elle-même l'auteur indirect de la
catastrophe. Car c'en était une, terrible,
et peut-être irréparable, que Mireille
eût jamais subi l'influence de ces gens
étroits, fanatiques, et dont
l'austère conduite jugeait tacitement la
frivole et stérile existence des autres.
Sans que les individus de cette
espèce aient à ouvrir la bouche, on
les accuse de « juger les autres » de
haut, de « se croire meilleurs », de
rétrécir l'horizon,
de mutiler la vie. Ce qu'ils ne font pas irrite et
exaspère, encore bien plus que ce qu'ils
font.
De quel droit s'abstiennent-ils de
ce qui paraît si essentiel au bonheur
général ? Quel orgueil trahit leur
indifférence à tout ce qui
intéresse si prodigieusement leurs
contemporains ! Se mettre ainsi à part, ne
peut qu'être le fruit du dédain, d'un
jugement prétentieux sur les autres, d'une
opinion exagérée de soi-même ou
bien de la pauvreté d'esprit.
La religion poussée à ce
degré, devient une maladie qui confine
à la folie ou tout au moins à
l'idée fixe.
Une chose qui avait le don
d'exaspérer Mme Lenormand, c'était le
culte intime que les Duclavel avaient chaque
dimanche matin chez eux et auquel, bien entendu,
elle n'assistait pas. Une fois avait
suffi.
Car elle devinait que c'était
là où Mireille puisait ses forces
d'obstination et d'énergie morale. Ce culte,
Mme Lenormand le trouvait trop simple et manquant
d'officiel. Il ne réunissait., en effet,
outre les Duclavel et Mireille, que deux ou trois
personnes de la ville, amenées à la
connaissance de la Vérité par un
témoignage patient et
fidèle.
Il est une action solitaire et
ignorée, que Dieu saura récompenser
au grand jour.
Les participants à ce culte
prenaient à la lettre cette merveilleuse
parole de Jésus à Ses
disciples : « Là
où deux ou trois sont assemblés en
mon nom, je suis au milieu d'eux »
(Matthieu 18-20)
Promesse merveilleuse, en effet,
mais qui ne se réalise que rarement, parce
que les conditions en sont rarement
remplies.
En mon nom ! ...
Que de nombreuses assistances, tous
les dimanches, sont réunies, sous
prétexte de christianisme, mais auxquelles
le « Nom de jésus » n'est qu'un
mot et parfois un mythe !
Elles sont réunies pour
entendre un discours éloquent, voir un
prédicateur célèbre, jouir
d'un beau choeur, goûter un plaisir de
dilettante religieux, littéraire ou
artistique. Mais jésus Lui-même est
absent.
Tout cet apparat, tout ce semblant
de religion n'est qu'un déguisement qui
recouvre la misère spirituelle la plus
profonde et la plus désolante.
Et de beaucoup de ces chaires qui
portent le nom de « chrétiennes »,
il ne tombe souvent que des paroles de belle morale
et non pas de salut. Le « seul nom qui ait
été donné aux hommes pour
être sauvés » n'est pas
présenté comme tel, aux âmes
assoiffées de pardon qui se pressent dans
cette foule anonyme.
Et elles sortent, plus
angoissées que jamais, de ce prétendu
« culte » où nulle adoration
« en esprit et en vérité »
ne s'est élevée vers le Ciel,
où, seule, la créature a
été exaltée,
contemplée, écoutée.
- « Là où deux ou
trois sont assemblés en mon nom, je suis au
milieu d'eux »
0 miracle d'amour et de compassion
et d'abaissement : deux ou trois !
Qu'est-ce que « deux ou trois
» dans ce monde d'orgueil, dans ce
siècle de parade, où le nombre fait
la valeur !
Mais le Christ n'a point de
mépris pour ce chiffre infime. Il sait bien
que ses disciples seront toujours le « petit
troupeau », que son austère doctrine
d'humilité et de sacrifice n'attirera pas
les multitudes. La porte est étroite et le
chemin aussi...
Deux ou trois ! C'est là
qu'Il est, qu'Il demeure et qu'Il bénit,
sachant qu'un jour, ce ne sera plus un
chétif rassemblement qui l'entourera, mais
des myriades de myriades, « venues de toutes
tribus, de toutes langues, de toutes nations »
... (Apocalypse 5 : 9).
C'est donc dans cette simplicité, qu'une
fraction de l'Église invisible du Christ se
réunissait à Meirage.
Aucune cloche n'en appelait les
membres, lorsque « l'heure était venue
». Ne savaient-ils pas qu'avant eux, la
Présence auguste était là,
selon la promesse, et les attirant comme un aimant
irrésistible ?
Aucun pasteur, en robe et en rabat,
ni aucun prêtre en surplis de dentelles,
n'officiait pour eux. Aucunes
orgues n'accompagnaient leurs hymnes d'adoration
et, à l'observateur superficiel qui
fût entré parmi eux, cette
réunion primitive et minuscule eût
paru dépourvue de toute signification et
même de dignité.
Car ici, la vision est toute
intérieure. L'âme ne doit avoir besoin
d'aucun rappel extérieur, d'aucune sensation
matérielle pour offrir à Dieu un
culte spirituel, le seul qu'il
agrée.
Et les seuls signes visibles du
grand mystère étaient sur la table :
du pain, et une coupe, afin que sur l'ordre du
Maître, ils se souvinssent de Sa mort
jusqu'à ce qu'il revienne.
Contre le courant ! Ah ! certes, ils
luttaient contre lui, ces chrétiens obscurs
et secrètement: méprises ; car, pour
se cramponner à la Vérité
primitive, lui conserver sa pureté et sa
force, la dépouiller, jour après
jour, de la gangue dont les hommes veulent la
recouvrir et la déguiser, il faut
combattre.
Et le nombre de ceux qui se
découragent et abandonnent cette lutte est
grand. Il en est si peu qui «
persévèrent jusqu'à la fin
», tant le combat est dur et long et presque,
toujours solitaire.
À mesure que les temps
avancent, une sélection tragique
s'opère, sans que ceux qui en sont les
acteurs s'en doutent toujours. Cette chose veule et
sans force qui s'appelle « le juste-milieu,
devient tous les jours plus difficile.
Celui qui est chrétien de
coeur et non simplement de forme, affirme encore
davantage son attachement
à la vérité
révélée et au Christ, son
Sauveur et son Maître.
L'autre, le faux, quitte, même
les formes, même les apparences, et va
où son coeur le mène, vers les
satisfactions matérielles ou vers les
fantômes de l'intellectualisme
mondain.
« Nul ne peut servir deux
Maîtres ».
Table des
matières Page suivante:
|
|