RELIGION ET RÉALITÉ
XV
La conscience
I. La
conscience, c'est la loi morale, le sens du bien ou du mal qui habite
en nous. Elle n'est pas innée à l'homme, sinon en
germe. Elle a besoin d'éducation, d'entraînement,
d'exercice et de pratique. Le milieu lui aussi exerce une grande
influence sur son développement.
De même que nous possédons une
faculté esthétique qui nous permet de distinguer entre
le laid et le beau, nous avons la conscience qui nous aide à
distinguer le bien du mal.
2. La douleur
dans une partie quelconque de notre corps est une voix qui donne
l'alarme en cas de danger. De même, la douleur et le trouble de
l'âme sont la conséquence du péché.
Semblable au sens physique du toucher, la conscience nous
prévient de l'imminence du danger et de la ruine, et nous
presse de prendre les mesures nécessaires, à notre
salut.
3. Les
vaisseaux qui naviguent le long des côtes savent où ils
se trouvent en apercevant les, phares, les rocs, ou la silhouette du
rivage. Mais ceux qui voguent bien loin, au large, ne peuvent se
guider que d'après les astres et la boussole. Il en est ainsi
du voyage de notre âme vers Dieu : la conscience et le Saint
Esprit nous sont indispensables pour atteindre le port sans nous
perdre..
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XVI
L'adoration du vrai Dieu
I. Vous ne
trouverez guère d'hommes qui n'adorent pas Dieu ou quelque
autre puissance. Si les philosophes ou les savants athées,
dont le regard ne dépasse pas le monde matériel,
n'adorent pas Dieu, ils ont souvent une tendance à rendre un
culte aux grands hommes, aux héros ou à un idéal
quelconque dont ils se sont fait une divinité. Bouddha n'a
formulé aucune doctrine au sujet de Dieu; aussi ses disciples
le prirent-ils lui-même peu à peu comme objet de leur
adoration. En Chine, comme on n'enseignait pas au peuple à
adorer Dieu, il se mit à offrir un culte aux ancêtres.
Même les gens tout à fait illettrés adorent une
puissance ou un esprit quels qu'ils soient. Bref, les hommes ne
peuvent supprimer en eux le besoin d'adoration. Or, ce besoin que
l'homme ne peut renier, a été mis en lui par Dieu afin
qu'obéissant à ce désir, la créature
puisse communier avec son Créateur et jouir
éternellement de sa présence.
2. Quant
à ceux qui s'obstinent à ne pas croire en Dieu,
même lorsqu'on leur présente des arguments en faveur de
son existence basés sur les principes de finalité et
d'ordre, ils ne croiraient pas en lui quand même ils le
verraient. Et ceci pour deux raisons. Si Dieu se
révélait à eux en leur fournissant pour prouver
sa divinité, des arguments basés sur la logique divine,
ils ne pourraient pas le comprendre parce que ces arguments
dépasseraient la portée de la logique et de la
philosophie des hommes. Si, par contre, il leur donnait des arguments
tirés de la raison humaine, alors ces incrédules le
mépriseraient en disant : « A quoi bon ? Nous savons
déjà tout cela. Dieu n'est pas beaucoup meilleur que
nous, car sa façon de raisonner ressemble fort à la
nôtre. Il peut avoir une certaine supériorité sur
un être humain, mais c'est tout. »
3. L'homme est
une partie de l'univers, il en est le miroir. C'est pourquoi la
création, tant visible qu'invisible, se reflète en lui.
Dans ce monde il est le seul être qui puisse interpréter
la création. Il est pour ainsi dire le langage de la nature.
La nature parle, mais silencieusement. L'homme exprime par des
paroles ces discours muets de la nature.
4. L'homme est
un être borne ; ses sens, soit extérieurs, soit
intérieurs sont donc aussi bornés. Il s'ensuit qu'il ne
peut percevoir tous les aspects, de l'oeuvre de son créateur.
Pour les connaître tous, il lui faudrait des sens innombrables.
Les quelques sens dont nous sommes doués nous permettent de
saisir certains aspects seulement de la création et certains
côtés de son caractère, et cela encore d'une
manière approximative. Toutefois, en dépit de cette
insuffisance, notre coeur est capable d'avoir une perception de la
réalité qui est indépendante du raisonnement et
dont l'exactitude ne peut être contrôlée par
l'intelligence.
L'oeil humain quoique de dimensions
réduites, embrasse d'immenses distances et atteint des lieux
où l'homme lui-même ne parviendra jamais. Il contemple
les astres éloignés de millions de lieues, il observe
leur mouvement et jouit de leur éclat. De même les yeux
du coeur contemplent les mystères divins et cette
contemplation pousse l'homme à adorer Dieu, en qui seul les
désirs de son coeur trouvent leur réalisation parfaite
et éternelle.
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XVII
La recherche des
réalités
I. Les mages
d'Orient, venant d'un pays éloigné, furent conduits par
l'étoile jusqu'au soleil de justice. Ces hommes que venaient
de loin, purent satisfaire le désir de leur coeur en
contemplant et en adorant le Roi de justice, tandis que ceux de sa
nation, les juifs, le rejetèrent et le crucifièrent.
Ils perdirent ainsi la bénédiction qui leur avait
été offerte. Les peuples viennent à lui de
l'Orient et de l'Occident, cherchant les «
réalités » ; quand ils l'ont trouvé, ils
l'adorent de tout leur coeur et de toute leur âme et s'offrent
eux-mêmes en sacrifice à ses pieds. Par le moyen de ce
sacrifice, ils héritent la vie éternelle dans son
royaume. Par contre, les chrétiens qui sont dans un sens son
propre peuple le renient par leurs paroles et par leurs actions et
subissent une perte irréparable. Les mages d'Orient ne
s'arrêtèrent pas assez longtemps auprès du Christ
pour voir ses miracles, sa crucifixion, sa résurrection et son
ascension ; c'est pourquoi ils n'eurent pas de message à
proclamer dans leurs pays quand ils rentrèrent. Exactement de
même, certains hommes qui cherchent la réalité ne
vivent pas en communion bienheureuse avec le Seigneur, ils ne font
pas l'expérience qu'il donne la vie et qu'il a le pouvoir de
sauver ; ainsi ils n'ont aucun message à communiquer au
monde.
2. « On
donnera à celui qui a et il sera dans J'abondance, mais
à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera
Ôté » (Matth. 25 : 29). Si Un homme n'a rien,
comment peut-on lui ôter quelque chose ? Il peut n'avoir pas de
talents ou de responsabilités parce que ceux-ci lui ont
été ôtés à cause de sa
négligence ; toutefois ce qu'il possède encore, c'est
la capacité de distinguer entre le vrai et le faux, entre ce
qui est réel et ce qui ne l'est pas. Mais même cette
faculté de discernement lui est enlevée parce qu'il
n'en fait pas usage. Alors sa conscience s'engourdit et meurt. Il ne
lui reste rien.
3. Il y a des
hommes dont la faculté de discerner la vérité
est tout à fait morte. Lorsque, en dépit des
instruments d'investigation les plus sensibles ils ne
réussissent pas à découvrir les origines de la
vie sur le globe, ail lieu de croire en Dieu comme en la source de
toute vie, ils préfèrent supposer que des germes
vivants sont tombés des météores - ce qui est
une impossibilité ! Si la matière inerte dont le monde
se compose ne peut engendrer la vie, comment les
météores faits de la même matière que
l'Univers pourraient-ils le faire ? Si la substance des
météores diffère de la substance terrestre,
comment les germes tombés des météores
croîtraient-ils dans un monde absolument différent du
leur ? En réalité, c'est la présence de Dieu qui
produit la vie. Dans l'eau, qu'elle soit chaude ou glacée, il
y a des êtres vivants. On trouve des êtres animés
dans les sources thermales. C'est partout le résultat de la
puissance créatrice de Dieu. Il produit la vie dans n'importe
quelle condition.
4. La
vérité ou la réalité se reconnaît
à ses fruits. Celui qui agit conformément à la
réalité en recueille les heureuses conséquences
dans le présent comme il recevra dans l'avenir la
récompense de sa fidélité. Les
réalités seules peuvent apaiser la faim de
l'âme.
L'homme, si déchu et
dégradé qu'il puisse être, aime et
apprécie la vérité. Un menteur, par exemple,
peut bien mentir lui-même, mais il n'admet pas que d'autres
disent des mensonges. Tel autre, tout injuste qu'il est
lui-même, se fâche si l'on pratique l'injustice autour de
lui. Ceci montre que, sans qu'il s'en rende compte, le désir
de la vérité et de la justice ainsi que la
faculté de les discerner se trouvent naturellement en l'homme
; en effet, c'est la vérité qui a créé
l'homme de telle sorte qu'il éprouve un véritable
bonheur quand il vit dans la vérité et pour
elle.
S'ils agissent contre la vérité,
ils en souffriront, car ils font ainsi violence à leur propre
nature aussi bien qu'à la nature de la vérité
qui les a créés.
5. La
vérité a des aspects très divers. Chaque
individu, suivant la capacité qui lui a été
donnée par Dieu, révèle ou exprime
différents aspects de la vérité. Tel arbre
attire tel et tel homme par ses fruits, tel autre par ses belles
fleurs. Les hommes s'efforceront d'exprimer l'attrait spécial
que ces arbres exercent sur eux. De même, le philosophe, le
savant, le poète, le peintre et le mystique, chacun selon son
tempérament et ses capacités, définiront et
décriront les aspects des réalités qui les ont
diversement influencés. Il est impossible à un seul
individu d'embrasser d'un coup d'oeil les réalités et
de décrire leurs multiples phases.
6. Pour nous
assurer qu'une chose est vraie ou non, il nous faut la
considérer de plusieurs côtés; autrement nous
risquons de commettre des erreurs. Si nous regardons, par exemple, un
bâton droit par un bout, en fermant un oeil, nous ne pouvons
pas en mesurer la longueur. Pour avoir une idée exacte du
bâton, il nous faut le regarder de différents
côtés.
Celui qui cherche la réalité de
tout son coeur et de toute son âme et qui la trouve, se rend
compte qu'avant qu'il se soit mis à sa poursuite,
c'était la vérité elle-même qui le
cherchait pour l'amener à jouir d'une communion bénie
avec elle. N'en va-t-il pas de même lorsqu'un enfant retrouve
sa mère ? Quand il peut s'asseoir de nouveau sur ses genoux,
il s'aperçoit que l'amour maternel l'avait cherché
avant même qu'il pensât à retourner vers sa
mère.
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XVIII
La repentance et le salut
I. La
repentance est nécessaire pour obtenir le salut, mais la
repentance ne peut pas à elle seule sauver les hommes à
moins que leurs péchés ne soient aussi effacés
par la grâce de Dieu. Si je jette une pierre à un homme,
que je le tue et que je m'en repente ensuite, cette repentance peu'
m'empêcher de commettre de nouveau la même criminelle
folie, mais le mal que j'ai fait ne peut être
réparé et l'homme ne peut être ramené
à la vie. Dieu seul petit me pardonner et fournir à
celui que j'ai tué une occasion de dépenser dans une
autre vie, les forces perdues par cette mort subite. De cette
manière l'un et l'autre, meurtrier et victime, peuvent
être sauvés.
2. C'est Dieu
seul qui peut punir ou pardonner en parfaite connaissance de cause,
car seul il comprend les besoins intimes et l'état d'âme
de l'homme ; il sait quelle sera la conséquence de son pardon
ou de son châtiment. Quand c'est l'homme~ qui punit, la
punition atteint rarement son but, parce qu'il ne connaît ni la
misère intérieure ni les dispositions du criminel. Dans
certains cas, la punition fait plus de mal que de bien, tandis que le
pardon produit en lui une transformation presque miraculeuse. Pour
d'autres coupables, le pardon ne serait qu'une occasion nouvelle de
commettre des crimes ; le châtiment est nécessaire pour
réformer ces hommes-là. Dieu seul connaît la
véritable nature de l'homme, et en y adaptant son action, il
le délivre des occasions de tomber dans le
péché, aussi bien que des conséquences de ses
fautes.
3. Le but que
poursuit l'âme, c'est de posséder une joie réelle
et permanente. Tous les efforts faits pour atteindre ce but par des
moyens coupables, ne tendent qu'à détruire dans
l'âme la capacité même de jouir de la
félicité ; or, cette faculté de se
réjouir de la vérité périt
d'elle-même si elle n'est pas cultivée et entretenue.
Car Dieu qui dans son amour a créé en nous cette
puissance, cette capacité, cette faculté de jouir, veut
que dans la communion avec lui nous puissions savourer une joie
éternelle. C'est en cela que consiste le salut.
4. L'orgueil
est un péché parce que l'orgueilleux a de
lui-même une opinion démesurée. De ce fait, il
dédaigne la grâce de Dieu et tombant dans le
péché, il livre sa propre âme à la
destruction. Le mensonge est un péché parce qu'il
s'attaque à la vérité. L'influence du mensonge
réitéré sur le menteur est telle qu'il en arrive
à se mentir à lui-même. Il cesse de se fier au
témoignage de ses sens intérieurs ou extérieurs,
doutant qu'ils lui disent la vérité. Finalement, il
commence à mettre en doute même l'amour et la
grâce de Dieu; il subit la perte de sa vie spirituelle et des
plus riches bénédictions divines. La convoitise est un
péché parce que l'homme cupide cherche sa satisfaction
dans les choses créées en oubliant le Créateur.
L'adultère est un péché parce que l'homme
adultère brise les liens de la famille ; il détruit la
pureté et la vie même. Le vol est un péché
parce que le voleur s'empare du salaire d'autrui. Il trouve son
bonheur dans leur ruine. Il est donc nécessaire que nous nous
repentions de ces péchés-là et de tous les
autres et que nous obtenions le salut, pour que la volonté de
Dieu s'accomplisse dans nos vies terrestres, comme elle est faite
dans le ciel parmi les bienheureux et les anges.
5. Les savants
et les philosophes partisans de l'évolution parlent de la
survivance du plus apte par le moyen de la sélection
naturelle. Il y a cependant un autre fait capital, et qui est
prouvé par la vie transformée de millions d'êtres
, c'est que grâce à la sélection divine, il y a
une survivance des inaptes, c'est-à-dire des pécheurs.
Des ivrognes, des adultères, des meurtriers, des voleurs ont
été tirés des abîmes du
péché et de la misère, et ont reçu la
grâce d'une existence nouvelle faite de paix et de joie.
Voilà le salut qui nous a été obtenu par
Jésus-Christ, qui est venu dans le monde pour sauver les
pécheurs (I Tim. 1, 15).
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