RELIGION ET RÉALITÉ
XIX
Le péché
originel
I. Il arrive
que les enfants héritent les maladies des parents, mais si
ceux-ci perdent par accident les mains, les pieds ou les yeux, les
enfants ne naissent pas nécessairement boiteux, manchots ou
aveugles. Le cas est le même pour le péché
originel. Les enfants n'héritent pas toutes les
qualités ni tous les défauts de leurs parents ; le
caractère des enfants résulte dans une large mesure de
leurs actes délibérés. S'ils héritaient
tous les traits de caractère de leurs parents, ils ne
pourraient pas être rendus responsables de leurs propres
actions. Les capacités et le tempérament ne sont que
partiellement héréditaires ; leur développement
et leur maturité dépendent principalement d'un effort
personnel.
2. Si un objet
quelconque intercepte la lumière, il projette une ombre ou
produit l'obscurité. Une éclipse de lune est
causée par la gravitation de la terre qui, à un moment
donné, se trouve entre le soleil et la lune. Quand l'ombre
d'un objet éloigné nous couvre, nous n'en sommes pas
responsables puisque ce n'est pas nous mais cet objet
extérieur qui projette son ombre sur nous. Nous trouvant dans
la portée de cette ombre, nous en sommes affectés, mais
nous n'en sommes pas responsables. Par contre, nous sommes
responsables des mauvaises pensées qui montent dans nos coeurs
et nous enveloppent d'ombre comme les nuages flottant dans le ciel
produisent de l'obscurité.
3. Les
péchés et leurs conséquences, quoique dangereux,
ne sont pas éternels. Excepté Dieu et ceux auxquels il
a accordé la vie éternelle, rien n'est éternel.
Si un autre que Dieu pouvait exister par lui-même, distinct de
Dieu, il faudrait qu'il possédât aussi les attributs
infinis qui sont inhérents à la divinité. Cela
est impossible, car il ne peut y avoir qu'un seul absolu.
L'existence de Dieu est la garantie d'un ordre
de choses idéal, qui doit être à jamais à
l'abri de toute atteinte. Tout ce qui s'oppose à sa nature,
c'est-à-dire le mal, ne pourra exister pour toujours en sa
présence. C'est pourquoi la création tout
entière qui soupire et est en travail parce qu'elle est
assujettie au mal et à la vanité, sera
délivrée à jamais de l'esclavage de la
corruption et amenée à la liberté glorieuse des
enfants de Dieu. (Rom. 8 : 20, 22).
.
XX
Les Védas et le
Panthéisme
I. Selon les
Védas, Dieu (Brahma) seul est réel ; tout le reste
n'est qu'illusion. L'âme humaine est identique à Dieu,
quoique, étant donnée notre ignorance, elle semble
avoir une existence distincte de lui. Si cela était vrai, cela
voudrait dire que Dieu lui aussi est soumis à l'illusion. Dans
ce cas, il ne pourrait pas être Dieu. En réalité,
Dieu est affranchi de toute illusion et connaît toute chose.
Les Védantistes prétendent aussi, que plongé
dans une contemplation profonde (samadhi) le dévot se
dépouille de l'illusion (maya) par le moyen d'une connaissance
directe. La question se pose maintenant : si tout est illusion,
comment pouvons-nous être certains que le dévot
absorbé dans le samadhi et la connaissance qui découle
de cet état ne sont pas aussi illusion ?
2. Si nous
admettons l'autorité des Védas, nous serons
obligés d'admettre - l'homme étant identique à
Dieu - que Dieu lui aussi est dans un état d'évolution,
et que par le moyen de l'illusion et de la transformation de la
matière il cherche à atteindre la perfection. Si la
maya n'opère pas cette oeuvre pour Dieu, que les
Védantistes nous disent tout d'abord : I° quelle est la
cause première de la maya ; 2° à la suite de quels
événements nous sommes enveloppés par la «
maya » ; 3" quel est le but et l'utilité dernière
de la «maya». Il est incontestable que Dieu est « en
» toutes choses et que toutes choses sont « en » Dieu.
Mais Dieu « n'est » pas toutes choses, et toutes choses ne
sont pas Dieu. Ceux qui confondent le Créateur avec sa
création sont plongés dans l'ignorance.
.
XXI
Christ notre refuge
I. L'abeille
vole de fleur en fleur pour recueillir du miel. Tandis qu'elle est
absorbée par ce travail délicieux, il se peut qu'elle
soit piquée par une araignée. Cette piqûre
l'engourdit et l'abeille devient une proie facile pour son ennemie.
De façon semblable, Satan peut nous surprendre non .seulement
dans des lieux mauvais, mais aussi quand nous sommes occupés
à faire le bien ou engagés dans une oeuvre utile et
agréable. Si nous ne prions pas avec vigilance, nous courons
le risque d'être surpris et vaincus par Satan.
2. Le
péché engourdit la conscience ; il affaiblit et
désarme la volonté. L'homme réduit à cet
état-là, lorsqu'il se trouve face à face avec le
danger et la mort, est tellement impuissant que, malgré tous
ses efforts, il ne peut leur échapper. Un jour, en plein
hiver, un oiseau de proie s'était posé sur un cadavre
qui s'en allait à la dérive vers les chutes du Niagara
et il était en train de le dévorer. Quand l'oiseau fut
tout près de la cataracte, il voulut quitter le cadavre et
s'envoler. Mais ses serres étaient gelées à tel
point qu'il ne put lâcher prise; il fut englouti par les eaux
mugissantes et périt misérablement.
3. Pour
être à l'abri de toute attaque et de tout danger de la
part de l'ennemi, nous devons, en vivant dans une communion
permanente avec le Seigneur, devenir semblables à lui. Dans
les pays septentrionaux, la nature revêt de blanc les
quadrupèdes et les oiseaux de façon qu'ils ne se
distinguent pas de la neige qui les entoure et qu'ils sont à
l'abri des attaques de leurs ennemis. Là où le milieu
est différent, les animaux sont vêtus
différemment. Le caméléon et le turbot changent
de couleur en un instant ; en prenant la nuance de ce qui les entoure
ils échappent eux aussi à leurs ennemis. Les poissons
aveugles, par contre, ne peuvent pas les imiter, car ils ne
discernent pas les couleurs autour d'eux. Il est donc capital d'avoir
une vision spirituelle bien nette afin qu'en regardant toujours
à Christ et en le suivant nous puissions devenir semblables
à lui ; alors, nous vivons en lui dans une
sécurité absolue, protégés contre toutes
les embûches de l'ennemi.
.
XXII
Les ennemis, grands et
petits
I. Les ennemis
mortels de l'homme ne sont pas seulement les gros animaux comme les
tigres, les loups et les serpents. De petits germes qu'on ne voit
qu'au microscope. pénétrant dans notre corps avec la
nourriture, l'eau ou l'air sont souvent plus dangereux et
entraînent des maladies fatales. De même, ce ne sont pas
seulement les grands péchés qui sont funestes à
l'âme; les pensées cachées et coupables, germes
de péchés de toute espèce, sont souvent plus
destructrices. Il nous faut nous efforcer dès le début
d'arracher de nos coeurs ces germes de mal afin que nous-mêmes
et les autres hommes, nous puissions être affranchis de leurs
conséquences fatales.
2. Notre corps
renferme des germes de santé, les phagocytes, aussi bien que
des germes de maladie, les bactéries. Si par suite des
circonstances, les germes nuisibles s'accroissent et étouffent
les germes de santé, l'homme tombe malade et s'il n'est pas
soumis à un traitement approprié, il succombe. Si au
contraire les germes vitaux sont les plus forts, ils résistent
et tuent les germes morbides et l'homme jouit d'une santé
parfaite. De façon analogue, nos bonnes pensées
triomphent des mauvaises et favorisent en nous
l'épanouissement de la santé morale, à l'abri
des ravages du mal. Cette victoire ne peut être acquise sans le
secours du Saint Esprit qui est la source de toute bonté, de
toute joie et d'une vie parfaite.
3. Les
mauvaises pensées s'emparent de certains hommes avec tant de
violence qu'ils semblent perdre toute espérance et que dans
leur désespoir ils se donnent la mort. Mais au lieu de se tuer
eux-mêmes, ils devraient plutôt, avec l'aide de Dieu,
tuer ces pensées qui détruisent leurs espoirs et leur
capacité de vaincre. Au lieu d'employer du poison ou des armes
mortelles pour mettre fin à nos vies, employons des armes
spirituelles, comme la prière, pour détruire le mal
jusqu'à la racine. Alors, au lieu de nous détruire,
nous nous sauverons, et par là même nous aiderons
à d'autres à trouver aussi le salut.
4. L'égoïsme aussi est une espèce de
suicide, car Dieu nous a fait don de certaines capacités et de
certaines qualités pour que nous les employions au service
d'autrui. En aidant notre prochain, nous découvrons une joie
nouvelle, et nous nous faisons du bien à nous-mêmes.
C'est la loi de notre être intérieur. Si nous ne venons
pas en aide aux autres, nous perdons cette joie. Si nous n'aimons pas
notre prochain comme nous-mêmes, nous
désobéissons à Dieu et cette
désobéissance nous prive de la joie qui est la
nourriture par excellence de nos âmes. Or, la privation de
cette nourriture, nous fait mourir de faim. L'égoïste
croit travailler à son propre bien-être, mais sans le
savoir il se fait beaucoup de mal à lui-même. Si
seulement chacun individuellement pouvait se décider à
renoncer à l'égoïsme, toutes les querelles et
toutes les luttes cesseraient dans le monde et la terre deviendrait
le ciel même. Tout péché a son origine dans
l'égoïsme. C'est pourquoi le Seigneur nous a
commandé de renoncer à nous-mêmes et de le
suivre. (Luc 9 : 23)
5. Si nous
sommes toujours occupés à critiquer et à
blâmer notre prochain, nous nous faisons beaucoup de mal, tant
à lui qu'à nous. Mais si nous renonçons à
notre propre justice et que nous nous appliquons à nous
critiquer nous-mêmes, cela nous rendra meilleurs et nous
apprendra à sympathiser avec les autres et à les aimer.
De cette manière, nous ferons du bien aux autres et à
nous-mêmes, et nous hériterons la terre promise qui est
le royaume de l'amour véritable.
.
XXIII
Etrangers et pèlerins sur la
terre
I. Un certain
philosophe fit une fois un voyage autour du monde pour
découvrir un lieu où régnassent le calme et le
repos parfaits. An lieu de cela, il trouva partout le
péché, la douleur, la souffrance et la mort. La
connaissance et les expériences acquises de cette façon
l'amenèrent à la conclusion que ce monde-ci n'est pas
destiné à être pour nous une demeure permanente
et véritable, mais que la vraie patrie, celle après
laquelle notre âme soupire est ailleurs. C'est là que
l'âme trouvera un repos parfait.
Un oiseau fut capturé un jour
près du golfe du Mexique et envoyé à huit cent
cinquante milles de distance. On l'enferma dans une cage et il ne
connaissait pas le chemin par lequel on l'avait fait passer. Mais
lorsqu'il eut atteint toute sa croissance, il retourna sans l'aide
d'un guide à l'endroit même d'où on l'avait
emmené. Son instinct seul l'avait conduit. De même,
l'homme dont par la grâce de Dieu la conscience reste
éveillée, quitte ce monde transitoire et guidé,
fortifié par le Saint Esprit il atteint le ciel, la patrie
éternelle pour laquelle il a été
créé.
3. On raconte
qu'un naturaliste emporta des oeufs de rossignol dans un pays froid,
espérant qu'une fois éclos, les oiselets s'y
acclimateraient et l'adopteraient comme leur patrie. Ils
brisèrent leur coquille et y vécurent tout un
été, mais l'automne venu ils s'envolèrent dans
leur pays d'origine et n'en revinrent jamais. Nous non plus, quoique
nés dans ce monde, nous ne sommes pas faits pour ce monde.
Dès que le moment viendra pour nous de quitter ce corps, nous
nous envolerons vers la patrie céleste.
4. A l'instant
de la mort, l'âme ne meurt pas, elle ne s'en va pas non plus
dans un lieu éloigné. Mais au travers de la mort, elle
commence une existence nouvelle, elle entre dans un nouvel
état. Comme l'enfant qui vient de naître commence une
existence nouvelle en entrant dans un état nouveau, quoique le
lieu dans lequel il continue à vivre soit le même, ainsi
l'esprit, après s'être détaché du corps
entre dans un état spirituel qui est beaucoup meilleur,
quoique le monde dans lequel il
.
XXIV
Foi et pureté
I. Sans la
foi, aucune oeuvre, religieuse ou non, ne peut être
menée à bonne fin. Si nous n'avions pas confiance les
uns dans les autres, la vie dans le monde serait impossible. Puisque
toutes choses ici-bas dépendent ainsi de la confiance
mutuelle, combien il est honteux de ne pas nous confier en celui qui
a mis en nous la puissance de croire 1 Il est évident que si
notre savoir était sans bornes, la foi serait inutile ; mais
puisque notre science équivaut à si peu de chose
qu'elle dépasse à peine le néant, tant que nous
sommes dans ce monde, nous ne pourrons pas nous passer de la foi.
Dans le monde à venir, nous ne pourrons pas non plus nous en
passer, car même alors notre connaissance aura ses
limites.
La foi, comme l'amour, peut être
comparée à la jeune tige de la vie qui s'attache
à Dieu ; elle pousse ensuite des rameaux et des feuilles et
produit en abondance du fruit spirituel.
2. Par la foi,
nous recevons le baptême de feu du Saint Esprit, sans lequel le
baptême d'eau est insuffisant pour purifier et pour sauver. Ni
l'argent ni l'or ne peuvent être purifiés par l'eau
extérieure, puisqu'elle ne peut pénétrer
au-dedans des métaux pour en ôter les impuretés.
Le feu est nécessaire pour les affiner. Le baptême de
feu de l'Esprit Saint est nécessaire pour purifier l'âme
complètement.
.
XXV
Révélations de
Jésus-Christ
I. Avant
d'avoir reçu le Saint Esprit, nous ne pouvons comprendre la
grandeur et la divinité de Jésus-Christ, même si
nous l'avons suivi toute notre vie. Ceci ressort clairement des
expériences des disciples. Christ appela les disciples qui
avaient une occupation très humble et leur confia une
tâche plus noble et plus haute ; du métier de
pêcheurs il les fit passer à celui de pêcheurs
d'hommes. Ils vécurent avec lui trois années pendant
lesquelles ils accomplirent l'oeuvre la plus élevée,
celle qui consiste à prêcher aux hommes la bonne
nouvelle du salut. Mais lorsque Christ fut crucifié et
enseveli, toutes leurs espérances descendirent avec lui dans
la tombe. Les disciples retournèrent à la besogne qui
avait été jadis leur gagne-pain. Mais Christ qu'ils
croyaient mort, ressuscita d'entre les morts et leur apparut à
diverses reprises. Un jour qu'il se montra à ses disciples
près de la mer de Galilée, Pierre le reconnut comme le
Seigneur, et fut si confus qu'il sauta à l'eau pour se cacher,
et ceci pour deux raisons très probables : l'une parce que
c'était la première fois qu'il revoyait Jésus
après son reniement et qu'il avait honte en se disant : j'ai
déclaré solennellement que je donnerais ma vie
même pour Christ et que je ne le renierais à aucun prix.
Mais je l'ai renié quand même. Comment puis-je
maintenant me présenter devant lui ? La seconde raison
était très probablement celle-ci : qu'il était
plein de confusion à l'idée que trois ans auparavant
à cet endroit même, lui et les autres disciples avaient
été choisis pour l'oeuvre magnifique, d'appeler les
hommes à Christ et qu'au bout de trois ans ils avaient
renoncé à cette noble vocation pour reprendre à
la même place leur occupation d'autrefois, tandis qu'ils
auraient dû poursuivre le travail urgent pour lequel Christ les
avait mis à part. Lorsque Jésus ressuscita des morts,
leurs espérances anéanties revinrent aussi à la
vie, et lorsqu'ils reçurent ensuite la plénitude du
Saint Esprit, ils se convainquirent à nouveau de la
divinité de Jésus-Christ. En dépit de la
persécution et du martyre, ils prêchèrent son
noir, et continuèrent jusqu'à la fin l'oeuvre à
laquelle ils avaient été appelés.
2. A l'heure
actuelle, beaucoup de chrétiens se proclament disciples de
Jésus-Christ sans avoir toutefois l'expérience de sa
grandeur et de sa divinité dans leur vie personnelle. Ainsi
ils s'égarent et se figurent que Christ était un homme
supérieur et parfait qui vécut et mourut il y a des
siècles. Mais à ceux qui se repentent et qui
l'invoquent, il accorde une nouvelle révélation de
lui-même et se montre à eux revêtu de gloire et de
puissance, comme à saint Paul. Ils renouvellent leur communion
avec lui et par le secours du Saint Esprit ils le servent
fidèlement jusqu'à la fin de leur vie.
.
XXVI
L'humilité
I. Si l'esprit
de Christ n'habite pas en nous, nous ne pouvons être humbles et
doux comme celui qui, étant Dieu, prit la forme d'un
serviteur. (Phil. 2 :6, 7). Ne nourrissons pas un faux orgueil dans
nos coeurs, oubliant ce que nous sommes en réalité.
L'orgueil nous éloignera de la vérité et nous
nous perdrons nous-mêmes. Quand même nous serions plus
avancés que d'autres hommes, nous ne devons pas oublier que le
diamant et le charbon sont faits de la même substance,
c'est-à-dire de carbone. Grâce à des conditions
diverses, ils ont pris des formes différentes, mais le
diamant, tout en étant de grande valeur, se consume aussi
complètement que le charbon.
2. Quand nous
nous trouvons au bord d'un précipice et que nous regardons en
bas, nous sommes pris de vertige et remplis d'effroi, bien que la
profondeur ne soit peut-être que de quelques centaines de
pieds. Mais nous n'avons jamais peur en regardant les cieux, quoique
notre regard atteigne à des hauteurs beaucoup plus
considérables. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons tomber en
haut ; tandis que nous risquons de choir dans l'abîme et
d'être brisés en morceaux. Quand nous regardons à
Dieu, nous nous sentons en sécurité en lui, et nous ne
craignons aucun danger. Mais si nous détournons notre visage
de lui, nous sommes remplis de terreur à l'idée de
tomber loin des réalités et d'être mis en
pièces.
.
XXVII
Le temps et
l'éternité
I. Le temps
réel, c'est-à-dire le temps par rapport à Dieu,
c'est l'éternité. Le temps tel que nous le connaissons,
n'est que l'ombre éphémère de ce temps
réel. Pour Dieu, il n'y a ni passé, ni futur, tout est
présent. Sa connaissance étant illimitée, le
passé et l'avenir sont perpétuellement devant lui. Mais
pour nous le présent n'existe pas, car il n'est qu'un passage
du futur dans le passé. Chaque instant émerge de
l'avenir et glisse dans le passé avec une rapidité
inimaginable. Ni le passé, ni l'avenir n'existent pour nous,
car ils sont au-delà de nos prises. Le temps n'a donc aucune
réalité pour nous.
Lorsque nous nous éveillons, il nous est
presque impossible de dire combien de temps s'est
écoulé pendant notre sommeil. Même dans nos
heures de veille le temps est si irréel ! Dans la tristesse et
la souffrance, un jour semble une année ; dans la joie, une
année est comme un jour. Le temps n'a donc pas de
réalité, car ce qui existe réellement est vrai
en toute circonstance ; or nous n'avons pas le sentiment du temps qui
fuit parce que nous avons été créés pour
la réalité qui est éternelle.
2. Une
année, un mois, un jour, une heure, une minute, une seconde
constituent ce que nous appelons le temps par rapport aux incidents
ou aux transformations qu'éprouvent les corps dans l'espace.
Prenez n'importe quel objet dans l'espace : les changements qu'il
subit créent le temps. Le moment où la transformation
s'effectue, c'est le présent; mais dès qu'elle est
accomplie, c'est le passé, si elle est encore à venir,
c'est le futur. Quand les objets se transforment, le temps aussi se
transforme avec eux en futur ou en passé. Par contre, les
réalités ne subissent aucun changement, non plus que
l'éternité dans laquelle elles plongent.
3. Le temps
peut changer et se perdre dans l'oubli ; mais rien de ce que nous
avons fait dans le temps ne s'effacera jamais; tout cela passera dans
l'éternité. « Le monde passe et sa convoitise,
mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure à
toujours. (I Jean 2 : 17)
|