Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE SACRIFICE DE PROSPÉRITÉ

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(Lévitique III; VII, 11-21. 29-34.)

 

Nous en venons maintenant au SACRIFICE DE PROSPÉRITÉ, le dernier des sacrifices typiques. Aussi verrons-nous qu'il nous révèle un aspect du sacrifice de Christ, qui n'est saisi qu'en dernier lieu par le croyant. Et je puis ajouter que, comme il était consumé sur l'autel par dessus l'holocauste » (Lévit. III, 5), auquel il était étroitement lié, il nous révèle les conséquences du sacrifice de Christ, telles que nous les présentent l'holocauste et l'offrande de gâteau.

 

Nous le considérons d'abord dans ce qui le distingue des autres sacrifices, puis ses différents degrés qui répondent aux différentes manières dont nous saisissons cet aspect du sacrifice de Christ selon la mesure de notre intelligence spirituelle.

I. Quant à ce qui le distingue des autres sacrifices, qu'il nous suffise d'indiquer deux points principaux:

a) C'était un sacrifice d'agréable odeur; et

b) Celui qui l'offrait aussi bien que Dieu et les sacrificateurs s'en nourrissaient. Il différait du sacrifice pour le péché quant au premier de ces points, et de tous les autres quant au second.

C'était une offrande d'agréable odeur (Lévit. III, 5. 16). Je n'ai pas besoin d'insister sur cette différence, dont nous avons déjà parlé. Qu'il nous suffise de dire que, ici, comme dans l'holocauste et l'offrande de gâteau, nous voyons le sacrifice non pas en relation avec le péché, mais comme présentant à Dieu quelque chose qui Lui est doux et agréable.

L'holocauste et l'offrande de gâteau étaient, l'un et l'autre, des sacrifices d'agréable odeur. Ce détail donc, quoique distinguant le sacrifice de prospérité du sacrifice pour le péché, ne le distingue pas des autres sacrifices d'agréable odeur. Je passe donc à un autre point qui nous fera saisir la différence entre le sacrifice de prospérité et l'holocauste, ou l'offrande de gâteau.

Ce qui n'était le cas dans aucun autre sacrifice, celui qui l'offrait, le sacrificateur et Dieu lui-même s'en nourrissaient ensemble. Ils avaient quelque chose en commun; et chacun avait sa part. La communion existait entre eux par le fait qu'ils participaient au même sacrifice en s'en nourrissant.

Nous avons d'abord la part de celui qui offre le sacrifice, puis celle de Dieu, et enfin celle dit sacrificateur Dans cette dernière était comprise aussi, quoique mentionnée séparément, la part réservée aux, fils du sacrificateur (1).

Et quelle haute idée cela nous donne de ce sacrifice' Comme les insondables richesses de Christ sont ici révélées! Dieu, l'homme et le sacrificateur trouvant leur satisfaction dans le même objet. Dieu a sa part, qu'il déclare être très bonne, car il est dit : « C'est un sacrifice par feu, une odeur agréable à l'Eternel » (Lévit. III, 5). L'homme (en Christ), comme celui qui offre le sacrifice, a aussi sa part, et il peut en jouir avec ses amis (Lévit. VII, 16). Et le sacrificateur, c'est-à-dire Christ dans son caractère officiel, a la sienne également, et ses enfants avec Lui (Lévit. VII, 31).

Quel tableau nous avons là! Celui qui offre le sacrifice se réjouit avec Dieu, avec son sacrificateur et avec la famille du sacrificateur!

I) Dans le sacrifice de prospérité, nous voyons celui qui l'offre faire la fête avec son Dieu, se nourrir de l'offrande dont une portion (la graisse, le sang, les entrailles) a déjà dû être consumée sur l'autel.

Rien de semblable dans l'holocauste, ni dans l'offrande de gâteau. Tout est consumé par le feu dans l'holocauste, dans l'offrande de gâteau elle est partagée entre les sacrificateurs.

Mais, dans tout cela, Dieu était bien satisfait; mais celui qui offrait le sacrifice n'y avait aucune part. L'holocauste et l'offrande de gâteau (comme nous l'avons déjà vu) rappelaient qu'il avait été fait droit à toutes les exigences de la loi. Dans ces deux sacrifices, nous voyons Dieu pleinement satisfait par l'offrande que l'homme (en Christ) lui présente, offrande à laquelle Il prend plaisir, et qu'Il déclare très bonne. Mais, dans le sacrifice de prospérité, celui qui l'offre trouve lui-même sa satisfaction.

Maintenant, ici comme ailleurs, celui qui offre le sacrifice, c'est Christ; Christ qui l'offre « pour nous » (Ephés. V, 2). Jusqu'à ce que nous ayons compris cela, le sacrifice de prospérité est un mystère pour nous.

Je le répète donc, c'est Christ qui offre tous les sacrifices; il le fait comme notre représentant. Dans le sacrifice pour le péché, dans l'holocauste, dans l'offrande de gâteau ou dans le sacrifice de prospérité, c'est toujours l'homme-Christ que nous voyons, Christ se présentant « pour nous ». C'est pour nous qu'Il est hors du camp, pour nous qu'Il a été immolé, pour nous qu'Il a été fait péché; c'est pour nous qu'Il « a joui du travail de son âme et qu'Il en a été rassasié ». Et quand nous disons qu'Il a fait cela « pour nous », nous voulons dire qu'Il l'a fait à notre place, comme s'Il était nous. Ainsi, quand Il a été condamné, c'est comme si nous l'avions été ; s'Il a gardé la loi, c'est comme si nous l'avions gardée nous-mêmes. De même encore quand Il a joui de son travail, c'est comme si nous en avions joui nous-mêmes.

En conséquence, ce qui est vrai de Lui est vrai de tous ceux qui sont en Lui. Ainsi les sacrifices, en nous montrant la position de Christ, nous montrent la nôtre propre ; et c'est bien l'Eglise que nous voyons partout où nous rencontrons Christ lui-même, car Il nous représente. « Comme Il est Lui, nous sommes nous aussi dans ce monde » (1 Jean IV, 17). « Il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé » (Ephés. I, 6). Mais je ne dis pas que cela soit bien saisi par ceux même qui possèdent pourtant ces bénédictions. Je n'ai pas besoin de dire combien peu nous saisissons ce «pourquoi nous avons été saisis » (Phil. III, 12). Je constate seulement le fait que, dans toutes les relations dont les différents sacrifices sont les types, Jésus, en les offrant comme homme, était à notre place; Il était là pour nous représenter ; Il était nous-mêmes, si je puis m'exprimer ainsi. Quand Christ offrait un sacrifice, c'est nous que Dieu voyait l'offrir, Il nous identifiait avec Lui (2). Et ce que Christ a été pour nous et comme nous, nous le sommes donc comme Lui devant Dieu. Ce qu'Il a fait, c'est comme si nous l'avions fait nous-mêmes, et ce dont Il jouit, nous en jouissons nous-mêmes.

Cette dernière pensée est celle du sacrifice de prospérité. Christ jouit de son sacrifice, et Il est là pour nous; cela nous suffit aussitôt que nous l'avons compris. La pensée ici est un peu moins facile à saisir que dans le sacrifice pour le péché et dans l'holocauste ; mais elle repose exactement sur le même principe. Quand le croyant voit Christ offrant le sacrifice pour le péché, il comprend que nous n'avons plus à encourir la colère de Dieu, car Jésus l'a encourue pour nous comme homme.; quand il voit Christ offrant l'holocauste et l'offrande de gâteau, il voit qu'il a été fait droit aux exigences de la sainteté de Dieu, car Jésus, comme homme, y a répondu pour nous; mais, quand ce même croyant voit Christ offrant le sacrifice de prospérité, il voit l'homme satisfait par ce sacrifice, car Jésus, qui est à notre place, est satisfait Lui-même. Et comme le sentiment de notre acceptation dépend du fait que nous réalisons la sienne propre, ainsi nous avons le sentiment de notre communion avec Dieu, dans la mesure où nous réalisons qu'Il est en communion pour nous. Pour ceux qui se savent en Christ, il leur suffit de comprendre, en voyant le sacrifice de prospérité, que Christ, comme homme, est satisfait, car ils le sont eux-mêmes par ce fait.

Je crains bien qu'il n'y ait beaucoup de saints qui ne réalisent jamais cet aspect du sacrifice, et qui, par conséquent, ne connaissent pas, par expérience, la position que ce sacrifice leur a acquise. Je ne dis pas qu'ils ne possèdent pas le salut; oui, ils le possèdent ainsi que tout le reste, s'ils sont « en Christ ». Mais ces choses, qui sont vraies pour eux en Lui, ils ne les réalisent pas dans leur propre expérience. L'expérience n'est rien d'autre que la mesure dans laquelle nous saisissons ce qui est déjà vrai pour nous en Christ. Dieu soit loué! la pleine suffisance de son oeuvre ne dépend pas de la manière dont nous la saisissons. Mais notre propre jouissance en dépend, et, si nous en avons peu, c'est parce que nous saisissons peu.

Et notre force, en particulier, dépend de la manière dont nous saisissons Christ tel que nous le montre le sacrifice de prospérité; car, c'est la nourriture qui entretient les forces, et le sacrifice de prospérité nous montre l'homme nourri par ce sacrifice. Mais cela n'est pas saisi, ou ne l'est qu'en faible mesure. Si l'on m'en demandait la cause, je répondrais que c'est parce qu'il y en a peu qui réalisent leur propre acceptation. Aussi longtemps que le salut n'est pas pour vous une chose réglée, votre premier besoin sera de savoir que Dieu ,est satisfait, bien plutôt que de l'être vous-même. Comme un criminel qui est encore à attendre sa grâce, vous ne demanderez pas : Ai-je du pain pour aujourd'hui ? Mais bien: Suis-je gracié ? En face de la mort, comment donner une pensée à la nourriture ou au vêtement? Mais que la question du salut soit réglée; qu'il n'y ait plus de doute à cet égard ; alors, et alors seulement, vous aurez le temps d'écouter les cris de la nouvelle nature qui a besoin, elle aussi, d'être nourrie et fortifiée. Qu'est-ce qui peut la satisfaire ? Rien que la précieuse nourriture exposée sur l'autel, et préparée pour nous par Jésus, que nous voyons comme notre représentant quand il offre le sacrifice de prospérité.

Et qu'est-ce qui fait la joie de celui qui offre le sacrifice ? de quoi se nourrit-il ? De ce qui est exposé sur l'autel, de l'offrande parfaite dont le Seigneur a déjà fait sa joie.

Ce sacrifice représente « le corps de Jésus » (Hébr. X, 5-10), sa marche, ses pensées et ses affections. Et ce sacrifice, agréé, parce qu'il était parfait, réjouissait le coeur de Dieu comme une offrande d'agréable odeur. Mais, c'est aussi celui qui l'offre qui en a de la joie. Christ se repaît de son propre sacrifice. « Il verra du fruit du travail de son âme » (Es. LIII, 11).

C'est pour nous que Jésus se présente comme celui qui offre le sacrifice ; et en en faisant sa nourriture, Il nous montre la voie. Oh! si les enfants de Dieu pouvaient apprendre ce qui seulement peut les satisfaire concernant l'expiation. Hors de la présence de Dieu , l'homme cherche ses jouissances dans mille et mille choses qui ne sont pas Lui. Il essaie peut-être de la « vie de débauche du pays éloigné »; et, à l'heure du besoin, il est réduit « aux gousses que les pourceaux mangeaient » (Luc XV, 13. 15. 16). En cherchant la présence de Dieu, beaucoup ont encore à apprendre ce qui seulement donne paix et satisfaction en cette présence. Quelques-uns regardent avec complaisance à leurs bonnes dispositions, à leurs sentiments; ils sont préoccupés de leurs expériences, de leur marche et de leur service; ils s'appuient sur leur propre justice. Mais, est-ce là ce qui constitue cette offrande parfaite exposée sur l'autel ? Est-ce par ces choses que Christ a fait droit aux exigences de Dieu ? Est-ce en cela que Christ et Dieu sont en communion quant à l'expiation? Nous répondons sans hésiter que non. Mais nous-mêmes, qui avons besoin d'expiation, comment y trouverions-nous notre paix et notre joie ? Si Christ, comme homme, ne pouvait avoir communion avec Dieu autrement qu'à l'autel du sacrifice, ses membres ne le peuvent pas non plus; s'ils veulent être nourris, ils doivent l'être comme Il l'est lui-même. Oh! soyons sages, considérons quelle est notre vocation, et ne cherchons pas notre satisfaction autre part qu'en Jésus ! Il est le seul parfait; hors de Christ, il n'y a rien qui puisse être offert sur l'autel, rien, par conséquent, qui puisse nourrir nos âmes. Quand Christ prendra son plaisir à ce qui est souillé ou impur, alors, mais pas avant, nous pourrons, nous aussi, le faire. Mais puisque, pour ce qui concerne l'expiation, Lui-même ne peut être satisfait que par son propre sacrifice, nous, qui sommes en Lui, rejetons tout autre chose pour ne vouloir que Lui.

Voici donc l'enseignement important que nous recevons ici: cela seul est pour le chrétien une nourriture qui en est une pour Christ lui-même devant son Père, et quelque précieuses que soient nos expériences, quelque irréprochable que soit notre marche ou notre service, ils ne sont pas le sacrifice expiatoire et ne peuvent être le fondement de notre paix. Vraiment, pour un chrétien, chercher sa satisfaction dans ces choses, c'est comme si un Israélite avait voulu se nourrir de ses vêtements. C'est précisément là le cas de l'homme qui se complaît dans la position à laquelle il est parvenu ; il fait sa nourriture de ce qui doit être sa parure, puisque le vêtement n'est que le symbole de la conduite et du caractère (3). Et n'est-il pas dit que « le fin lin ce sont les justices des saints » (Apoc. XIX, 8) ?

Ce vêtement est exposé à se salir. Mais supposons-le parfaitement net; est-ce que pour cela nous pourrons nous en nourrir ? Non, ce qui a été offert sur l'autel, le sacrifice d'agréable odeur, voilà ce qui seul peut satisfaire. Nos prières, notre amour, notre service, toutes ces choses, comme le pain levé de la Pentecôte (voir page 93), quoique acceptées à cause de ce qui les accompagne, sont loin d'être sans tare. En un sens, c'est vrai, notre service est un parfum agréable à Dieu (Phil. IV, 18), mais seulement dans ce sens que nous sommes tenus pour « justes ». Les oeuvres et les personnes sont regardées comme étant ce qu'elles ne sont pas en elles-mêmes, et cela en vertu de la perfection de l'oeuvre accomplie et de la personne en qui et par qui elles sont offertes. Comme le pêcheur, quoique souillé en lui-même, est tenu pour juste en Celui par qui nous avons reçu le pardon; ainsi ses offrandes, quoique renfermant du levain, sont agréées à cause de l'offrande parfaite par laquelle elles sont offertes. Le pécheur accepté en Christ est bien en même temps lui-même la victime et celui qui l'offre; mais ses sacrifices spirituels, ses oeuvres et son culte, Dieu ne les agrée qu'à cause de Jésus-Christ (1 Pierre II, 5). Comme le pain levé dont nous avons déjà parlé, nos oeuvres ni notre culte ne pourraient jamais être acceptés à cause de leurs défectuosités, s'ils ne montaient devant Dieu avec le parfum d'un autre sacrifice parfait. S'ils étaient offerts en expiation, ils seraient rejetés. Ils ne sont agréés que parce que l'expiation a déjà été faite. Pour qu'elle ait lieu, il faut que l'offrande soit sans défauts ; rien ne peut satisfaire Dieu qu'un sacrifice parfait. Nous ne pouvons nous approcher de Lui ni trouver notre joie en Lui qu'en vertu de ce seul sacrifice qui a déjà répondu aux exigences de sa sainteté.

Mais il y a un autre point à considérer dans le sacrifice de prospérité:

II) Celui qui offre le sacrifice fait la fête avec Dieu. L'homme (en Christ) et Dieu font la fête en commun: ils se partagent l'offrande. La pensée ici n'est pas seulement comme dans l'holocauste que Dieu trouve sa satisfaction dans l'offrande. Sans doute il y a cela, mais plus encore. Il y a la pensée de la communion, car Dieu et l'homme jouissent ensemble.

Je voudrais que cette pensée fût plus présente à l'esprit des chrétiens! Comme alors ils comprendraient mieux la valeur infinie du sacrifice et la position à laquelle l'homme est appelé par ce sacrifice même! L'homme jouissant avec Dieu de ce qu'Il déclare lui être très précieux, quel spectacle propre à nous faire mieux saisir la haute destinée de l'homme! Mais avons-nous vraiment compris cela? Quand nous pensons à ce sacrifice, est-ce pour nous souvenir de la joie que Dieu y trouve, pour réaliser la position dans laquelle Il place l'homme comme partageant avec Lui un sujet de joie ? Hélas! combien sont nombreux ceux auxquels de telles pensées sont étrangères ! La raison en est qu'ils n'ont pas encore vraiment compris le sacrifice de prospérité. Il leur suffit de savoir qu'ils sont délivrés de la malédiction, qu'ils sont sauvés. Beaucoup de chrétiens ne vont pas au-delà. Ils ne recherchent rien d'autre. Mais est-ce là tout ce qui nous a été acquis par ce sacrifice ? Est-ce là tout ce dont Christ jouit? S'agit-il uniquement de salut et de pardon? Christ n'est-il pas, comme homme, l'héritier de Dieu et son premier né, le seul en qui Il trouve ses délices, le seul avec qui Dieu soit en constante communion et à qui Il communique toutes ses pensées ? Mais, ne sommes-nous pas en Jésus appelés à jouir de la même communion? Ne sommes-nous pas en tout ses cohéritiers, sa joie, son épouse, ses membres ? Le sacrifice de prospérité répond à cette question en nous montrant l'homme faisant la fête avec Jéhovah; en nous disant que la position de Christ est la nôtre, et que en Lui nous sommes en communion avec Dieu.

Et comme cette partie du type nous montre bien ce qu'est la communion! Qui dit communion dit partage; pour avoir communion, il faut donc avoir quelque chose à partager, et quelque chose digne d'être partagé avec Dieu, car Il ne peut pas tolérer la souillure. Nous ne pouvons pas atteindre par nous-mêmes cette communion, car nos oeuvres, même les meilleures, sont tout entachées de péché. Mais, grâce à Dieu, il y a un sacrifice parfait: c'est celui de notre Sauveur bien-aimé; et, si nous voulons avoir communion avec Dieu, le seul moyen est de partager avec Lui la jouissance du sacrifice de son Fils.

Cela nous explique notre défaut de communion qui est si généralement reconnu et confessé. Des communications avec nos frères, nous en avons assez et peut-être trop, mais combien peu de communion avec Dieu! Pourquoi cela? C'est que nous avons imparfaitement saisi la valeur et le sens du sacrifice de Christ, et que, quand nous nous réunissons, nous n'avons pas grand'chose à mettre en commun, parce que nous avons peu reçu. Et la même chose est vraie de nos rapports avec Dieu, car nous pouvons avoir des communications avec Dieu, sans qu'il y ait communion. Combien souvent, quand nous nous approchons de Dieu, lui parlons-nous non seulement de nos sentiments, de nos expériences, de nos péchés, de nos épreuves! Tout cela est bien, sans doute; nous faisons bien d'en entretenir notre Père. Mais, après tout, au fond, ce n'est pas en cela que consiste la communion, et ce n'est pas en parlant de ces choses que nous l'acquerrons jamais. Approchons-nous de Dieu pour être remplis de Christ, et que la confession de nos chutes et de notre néant soit notre seul droit à l'être; soyons occupés de Lui, de sa vie, de ses voies de miséricorde. Alors nos entretiens avec Lui deviendront bientôt de la communion, car nous aurons quelque chose à partager avec Lui. Que le Seigneur nous donne de jouir davantage de sa présence, afin que, comprenant ce que nous possédons en Jésus, nous puissions nous en réjouir avec nos frères et avec notre Père.

III) Dans le sacrifice de prospérité, celui qui l'offrait taisait la fête avec le sacrificateur (Lévit. VII, 32. 33). Le sacrificateur, comme je l'ai déjà dit, est toujours Christ présenté dans son caractère officiel de Médiateur. Nous le voyons ici se nourrir de l'offrande qu'Il présentait lui-même, non seulement comme homme, mais aussi comme Médiateur.

Pour comprendre cela, il faut se rappeler les différentes relations dans lesquelles Christ se trouve relativement au sacrifice. Nous le voyons, comme je l'ai dit, au moins sous trois aspects différents: Il se présente à nous comme celui qui offre le sacrifice, mais Il est en même temps l'offrande et le sacrificateur. Ce sont là des relations distinctes l'une de l'autre, et qui nous présentent chacune un caractère particulier de Christ. Quand nous le considérons comme offrant le sacrifice, c'est l'homme que nous voyons, l'homme satisfaisant aux droits de Dieu dans notre nature, la personne de Christ, celui qui s'est mis là à la place des hommes. Si nous considérons Christ comme offrande, c'est une autre idée que nous avons. Ce n'est pas Lui autant que ce qu'Il a fait, ce n'est pas sa personne autant que son oeuvre et son caractère qui nous sont présentés. Comme sacrificateur, il nous apparaît encore sous un autre caractère, sous celui de Médiateur. Nous voyons Christ dans son office plutôt que dans sa personne ou dans son oeuvre.

Maintenant, si cette simple distinction est saisie comme je pense qu'elle doit l'être plus ou moins par tout chrétien, on comprendra que certaines choses vraies de Christ, dans une relation, ne le sont pas dans une autre. Par exemple, c'est comme sacrificateur qu'Il intercède pour nous. Mais, comme offrande, Il n'intercède pas; c'est l'Agneau qui a été immolé pour nous. Comme sacrificateur et comme celui qui offre le sacrifice, Il s'en nourrit, ce qu'Il ne fait pas dans l'autre cas. Il y a des offrandes dont le sacrificateur peut disposer, mais auxquelles celui qui offre le sacrifice ne peut toucher, par exemple quelques-uns des sacrifices pour le péché. Dans ces derniers, comme nous le comprendrons mieux dans la suite, nous voyons l'homme satisfaisant aux droits de la justice de Dieu offensées. Ce n'est pas l'homme offrant à Dieu quelque chose d'agréable, mais l'homme subissant de la part de Dieu la peine due à son péché. Ces sacrifices-là, le sacrificateur peut s'en nourrir (Lévit. VI, 25-30), c'est-à-dire que Christ, comme médiateur, y trouve sa satisfaction; mais, comme homme, il ne peut y toucher, car, en les offrant, A ne fait que reconnaître son péché. Le sacrificateur, le serviteur officiel de Dieu, est satisfait, parce qu'il est fait droit à la justice offensée; mais l'homme, qui mérite une peine, ne saurait trouver de la satisfaction dans l'acte qui la rappelle.

L'idée que nous donne le sacrifice de prospérité est toute autre. Ici , homme est satisfait; il partage avec Dieu, aussi bien que le sacrificateur, la jouissance du sacrifice, ce qui ne pouvait avoir lieu dans le sacrifice pour le péché, où nous voyons l'homme sous le coup de la peine que méritait son péché. Le sacrifice pour le péché faisait simplement droit à la justice offensée; si Christ, comme sacrificateur, en a été satisfait, ne le sera-t-il pas bien plus encore du sacrifice dont Dieu et l'homme se sont nourris. C'est bien là l'idée du sacrifice de prospérité. Dieu et l'homme font la fête ensemble, et le sacrificateur, l'ami de l'un et de l'autre, les voyant satisfaits, l'est aussi lui-même.

Quelle pensée bénie que celle qui nous est ici révélée! Comme elle nous montre le coeur de Christ, la joie qu'Il éprouve comme médiateur en voyant la communion établie outre Dieu et l'homme ! La joie de notre communion est certainement bien diminuée, si nous oublions celle que le médiateur y trouve, ou la satisfaction qu'il éprouve de voir l'homme en paix avec Dieu. Celui qui connaît toute la valeur du sacrifice n'oublie jamais que le sacrificateur y trouve sa jouissance. La présence d'amis bien aimés augmente la douceur de toutes les joies d'ici-bas, leur absence nuit à toutes. Combien notre joie en est augmentée si nous savons que Celui qui nous aime fait la fête avec nous; combien au contraire la douceur de la communion est diminuée pour ceux qui oublient que notre sacrificateur y trouve sa joie. Assurément, Christ n'oublie jamais que, quand Il fait la fête, Il la fait avec nous. Aujourd'hui, comme autrefois, Il dit: « J'ai fort désiré de manger cette pâque avec vous » (Luc XXI, 15). Sa joie nous sera-t-elle donc indifférente? Oublierons-nous la satisfaction qu'Il trouve dans ce sacrifice ? Ceux qui en sont capables ont encore bien peu compris ce qu'est le sacrifice de prospérité, et combien le sacrificateur y trouve de joie.

1) Voyez Lévitique VII, 31. 32, et comparez Nombres XVIII, 9-11

2) Voir 1 Cor. XII, 12. « Ainsi aussi est le Christ. »

3)  Voir Ps. LXXIII, 6; CIX, 18; Es. LII, 1 ; LIX, 17; LXI, 3; Zach. III, 3; Col. III, 8.12; Apoc. III, 4; XVI, 15, etc.
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