Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'OFFRANDE DE GATEAU

suite

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Que voyons-nous maintenant chez les chrétiens, même les plus dévoués ? Hélas! le levain est mêlé à toutes leurs offrandes! Mais notre Dieu connaît ce mal et y a pourvu. Ainsi, au sacrifice de la Pentecôte et au sacrifice de prospérité (qui sont les emblèmes des offrandes de l'Eglise), l'Israélite devait offrir des gâteaux levés, qui, quoique agréés, ne pouvaient cependant pas être consumés en offrande d'agréable odeur. Je parlerai plus tard de ces offrandes. Je les mentionne ici seulement pour faire observer que l'huile, symbole de l'Esprit, ne pouvait, en aucun cas et dans aucune mesure, contrebalancer l'effet du levain. On aurait eu beau oindre d'huile un gâteau à plusieurs reprises, s'il renfermait du levain, il ne pouvait pas être offert sur l'autel. Quelle leçon à l'adresse de ceux qui, comme fondement de leur salut, regardent à la présence de l'Esprit en eux, plutôt qu'à ce que Christ a fait pour eux ! Les opérations de l'Esprit, quelque puissantes qu'elles soient, ne changeront jamais la vieille nature et ne la détruiront pas. Les orties produiront des figues avant que la chair puisse produire autre chose que le péché. L'eau salée ne deviendra jamais de l'eau douce; vous pouvez y ajouter de l'huile, mais le mélange n'aura jamais lieu ; « ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit » (Jean III, 6). La chair subsistait en Paul, même après qu'il avait été ravi jusqu'au troisième ciel; c'est pourquoi il avait encore besoin d'une écharde dans la chair pour être tenu dans l'humilité (2 Cor. XII, 4. 7). L'action de la chair peut être surveillée et son énergie restreinte ou affaiblie, mais le levain est encore en nous, n'attendant qu'une occasion pour se montrer. La racine d'amertume est là, quoique peut-être on ne l'aperçoive pas et qu'elle n'ait pas poussé des rejetons visibles.

Quelle différence pour le Seigneur Jésus ! Il Était né de Dieu. Sa nature, aussi bien que sa marche, était exempte de péché; car Il était « conçu du Saint-Esprit ». Ainsi, quand une épreuve de bien des siècles eut montré combien l'homme répondait mal à ce que rappelait l'holocauste et le sacrifice de gâteau, Jésus' vint dans « le corps qui lui était préparé » pour faire la volonté de son Père. Ces offrandes nous montrent typiquement comment Il l'a accomplie; et son obéissance a été acceptée comme étant la nôtre.

Mais l'offrande de gâteau différait encore des autres sacrifices, en ce point qu'elle n'était pas entièrement brûlée. Christ, en accomplissant ce que l'homme doit à Dieu, - c'est ce que figurait l'holocauste - était comme une nourriture qui lui était présentée; aussi l'holocauste était-il tout entier consumé sur l'autel. Mais Christ, en accomplissant ce qu'il doit à l'homme, - c'est ce que figurait l'offrande de gâteau - est aussi une nourriture pour lui; car les sacrificateurs mangeaient ce qui restait de l'offrande. « Et le reste de l'offrande de gâteau sera pour Aaron et pour ses fils : c'est une chose très sainte entre les sacrifices de l'Eternel faits par feu » (v. 3). Mais, ici encore, il faut que Dieu ait sa part. « La pleine poignée, mise eu mémorial sur l'autel, nous enseigne qu'en accomplissant ce que l'homme doit à l'homme, Christ, en même temps, a fait « une offrande à l'Eternel ».

Mais, quoique Dieu eût ainsi une part dans l'offrande de gâteau, elle est néanmoins spécialement la nourriture de l'homme. Elle est pour l'homme, sous deux points de vue, d'abord comme ayant été offerte à Dieu pour nous, puis, comme nous étant donnée à nous, afin qu'en notre qualité de sacrificateurs, nous en fassions notre nourriture. Jésus, notre offrande de gâteau, répondit à tout ce qu'exigeait la créature. Ne fut-il pas notre représentant auprès de Dieu, le substitut de tous ceux qui se confient en Lui ? Ne fut-Il pas ainsi une offrande de gâteau pour nous auprès de Dieu ? C'est sous ce point de vue que l'offrande de gâteau procure le pain à nos âmes, et c'est ici que nous avons à faire acte d'acceptation. Mais, si nous avons ainsi trouvé la paix de notre âme, ce n'est pas là tout, ce n'est là qu'une partie de ce qui nous revient, une partie de notre lot précieux. Quoique justifiés déjà, n'avons-nous pas des besoins encore ? N'avons-nous pas besoin d'être continuellement nourris, de recevoir chaque jour une nouvelle onction ? A ces nouveaux besoins, c'est encore sa grâce qui répondra, sa grâce surabondante. Oui, nous avons besoin de notre Jésus. Ah! rendons grâces à Dieu pour ce frère qui a accompli la loi pour nous; oui, toute la loi, car « Il est venu non pour abolir, mais pour accomplir » (Matth. V, 17). D'après la loi, les sacrificateurs devaient vivre de l'autel; ils n'avaient pas besoin, comme les autres, de travailler pour gagner leur vie. Dieu voulait que les pieux Israélites fussent chargés de leur entretien. Jésus, pas plus que le pieux Israélite, ne manquera à ceux qui servent à l'autel. Que ses sacrificateurs (vous êtes une sacrificature royale [1 Pierre II, 9]) soient seulement à la place où ils doivent être, et ils ne manqueront de rien. «Je bénirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres » (Ps. CXXXII, 15).

Nous ne considérons pas suffisamment Jésus sous cet aspect, comme s'offrant lui-même à Dieu pour la nourriture de l'homme. Et cependant cette pensée se retrouve, pour ainsi dire, à chaque page dans les évangiles, Jésus, complètement consacré à Dieu, était encore le serviteur dévoué de tous ceux qui l'entouraient. Qui est-ce qui jamais vient faire appel en vain à sa miséricorde et à sa puissance? Qui s'en retourna jamais à vide après s'être adressé à Lui ? Sa main fut toujours largement ouverte à ses frères, aux pauvres et aux nécessiteux. A quelle peine, à quelle nécessité, à quelle épreuve refusa-t-il jamais son secours et sa sympathie ?

Quelle bénédiction de considérer ainsi Jésus comme étant pour nous l'offrande de gâteau! Nous cherchons souvent, sans le trouver, un coeur où puiser de la force et de la sympathie. Le monde qui nous entoure est sans coeur, et souvent nos frères eux-mêmes ne nous comprennent pas, ou sont dans l'impossibilité de nous aider. Nous pensons peut-être que, si Jésus était maintenant sur la terre, comme l'Homme de douleur, nous irions tout naturellement nous adresser à Lui pour Lui raconter nos peines. Mais Il est le même que dans le temps de son humiliation; « le même hier, aujourd'hui et éternellement » (Hébr. XIII, 8). Oui, Il est le même pour ceux qui viennent à Lui. Ah ! sachons nous en approcher, et Il répondra à toutes nos difficultés! Si nous sommes pauvres, Il nous donnera du pain; si nous pleurons, Il séchera nos larmes. Pèlerins fatigués! Jésus est l'offrande de gâteau, Il est puissant pour répondre à ce que réclame votre état, aussi bien qu'à ce qu'exigent les droits de Dieu. Vous avez des droits sur Lui, ceux que constituent vos besoins. Venez donc à Lui comme à Celui qui peut vous donner tout ce qui vous est nécessaire. Il a plus de joie à donner que vous à recevoir. Tout peut manquer, mais Lui nous reste, et Il a pourvu à ce que le sacrifice de gâteau fût toujours prêt pour nous.

J'ai dit que ce sacrifice n'était pas entièrement consumé sur l'autel ; mais que rien n'était laissé à la disposition de celui qui l'offrait. Tout, entièrement, était consacré à Dieu et à ses sacrificateurs. Quel enseignement à la fois simple et substantiel dans ce fait ! Si nous accomplissions tout ce que nous devons à Dieu et aux hommes, sans en rien retrancher et selon la mesure que Dieu nous a donnée, - si nos corps étaient véritablement offerts en sacrifice vivant - si « nous servions d'aspersion sur le sacrifice et le service de la foi », comme Jésus nous en a donné l'exemple, que resterait-il de quoi nous pussions disposer ? Rien absolument, comme il ne restait rien non plus de l'holocauste ni du sacrifice de gâteau. Le serviteur du Dieu saint et de l'homme avec tous ses besoins absorbe tout.

Ah! si ceux qui croient pouvoir gagner le ciel par l'accomplissement de la loi comprenaient vraiment ce qu'est la loi, et combien ils sont loin de pouvoir l'accomplir 1 L'holocauste et l'offrande de gâteau nous donnent la mesure de l'obéissance que nous devons à Dieu. Elle doit être parfaite. L'holocauste exige la perfection et l'entière consécration de tout l'être : la tête, les entrailles, les membres, tout devait être offert sur l'autel. L'offrande de gâteau donne un autre aspect de la complète consécration, mais suppose également un dévouement absolu, comme le prouvent le grain broyé, l'huile, l'encens et le sel qui donnait la saveur à tout. Voilà la seule mesure que Dieu mette à notre dévouement, la seule qui puisse le satisfaire. Un seul a jamais pu répondre à toutes ces exigences; Lui seul aussi est le principe et la source de toute notre joie.

Une autre chose que je veux faire remarquer dans l'offrande de gâteau, c'est que, quoique consommée en grande partie par l'homme, elle était néanmoins offerte à Dieu (Lév. II, 1). Ceci est bien digne de toute notre attention. Dans l'offrande de gâteau, le sacrifice était offert pour la nourriture de l'homme ; il était consommé par les sacrificateurs, et cependant c'était à l'éternel et non à eux qu'elle était présentée. Le premier Adam s'empara non seulement de ce qui lui était donné, mais aussi de ce que Dieu s'était réservé. Le second Adam, lui, se présentait comme une offrande à Dieu, en satisfaisant aux exigences de l'homme sur Lui.

Et nous, combien de grâces ne recevons-nous pas en les consacrant à l'homme plutôt qu'à Dieu! Et même, quand nous sommes le plus dévoués à son service, quelle recherche, peut-être inconsciente, de la gloire et de l'estime des hommes! Il y a toujours en nous quelque secret désir de nous élever par le service même ,que nous accomplissons. Nous recherchons les dons de Dieu et la puissance de l'Esprit en vue d'une position à occuper dans ce monde, en vue d'obtenir de la gloire, non de la part de Dieu, mais de la part des hommes. C'est sans doute pourquoi Dieu restreint ses dons, de peur que nous ne nous en servions pour nous exalter nous-mêmes, au lieu de glorifier Son nom. Comme il en était autrement pour notre Maître et même pour ses apôtres! « Nous n'avons pas recherché, dit Paul, la gloire qui vient des hommes, ni de votre part, ni de la part des autres » (1 Thess. II, 6). Notre vocation, c'est de n'être rien dans le monde; mais nous sommes appelés encore à n'être rien, même parmi nos frères, à prendre la place la plus rapprochée de Celui qui a vraiment occupé la plus humble.

Et dans ces derniers jours où, à cause de l'iniquité qui abonde, l'amour de plusieurs se refroidit, où le service qui convient à ces temps est le seul que l'Eglise ne veuille pas accepter, l'exemple de Christ, tel que nous le voyons dans l'offrande de gâteau, est infiniment précieux pour nous. Le service qu'Il accomplissait auprès de ses frères était toujours une « offrande faite au Seigneur ». C'est ainsi qu'Il se dépensait pour les autres, quoiqu'il fût d'autant moins aimé qu'Il les aimait davantage. Puissions-nous l'aimer de telle sorte que, par grâce, nous demeurions fermes. Mais, si nous ne travaillons que pour obtenir la faveur de l'homme, nous renoncerons à ce travail dès qu'il aura cessé de lui être agréable. Et voilà sans doute le secret de notre manque de zèle dans le service. Quand nous servons les autres, offrons-nous, comme Jésus, au Seigneur et non pas à l'homme; alors, quelque faible qu'il soit, le travail de notre amour sera agréé par Celui à qui nous l'offrons.

Nous avons ainsi fait remarquer quatre points particuliers dans lesquels l'offrande de gâteau différait des autres sacrifices. C'était un sacrifice d'agréable odeur ; en cela il différait du sacrifice pour le péché et du sacrifice pour le délit. Puis, les sacrificateurs s'en nourrissaient, et en cela, aussi bien que dans ce qui composait le sacrifice, il différait de l'holocauste. Autre point à remarquer: rien n'était réservé pour celui qui offrait; et en cela il différait du sacrifice de prospérité.

Il me reste à noter:

La différence qui existait entre l'offrande de gâteau et l'offrande des prémices à la Pentecôte. Le verset 12 nous fait voir cette différence. « Pour l'offrande des prémices, vous les présenterez à l'Eternel; mais ils ne seront point brûlés sur l'autel en odeur agréable ». L'offrande de gâteau était d'odeur agréable; l'offrande des prémices, quoique assez semblable à l'offrande de gâteau, ne l'était pas. Pour avoir la clé de tout ceci, lisons au Lévitique XXIII, où nous est rapportée la loi concernant l'offrande des prémices. Ce chapitre nous donne l'énumération des fêtes. Vient d'abord la Pâque, le quatorzième jour du mois (Lévit.XXIII, 5), puis le jour où le sacrificateur devait tournoyer la gerbe (le lendemain du sabbat [Lév. XXIII, 11]); cinquante jours après, on offrait les premiers fruits à la Pentecôte (Lév. XXIII, 15-17). La gerbe, le lendemain du sabbat, pouvait être brûlée sur l'autel en odeur agréable (Lév. II, 14-16); mais l'offrande des premiers fruits à la Pentecôte ne devait pas l'être (Lév. II, 12). La raison de cette différence, c'est que la gerbe était sans levain, tandis que « l'offrande des premiers fruits à la Pentecôte en renfermait » (Lév. XXIII, 17).

L'application typique de tout cela est trop facile à saisir pour que nous nous y arrêtions. Christ, notre Pâque, a été mis à mort pour nous en son temps (Jean XVIII, 28; 1 Cor. V, 7). Ensuite, le lendemain du sabbat, c'est-à-dire le premier jour de la semaine (Marc, XVI, 1. 2), Il est ressuscité d'entre les morts et est devenu les prémices de ceux qui sont morts (1 Cor. XV, 20). Il n'y avait pas de péché, pas de levain en Lui ; Il était, en lui-même, une odeur agréable à Jéhova. Cette gerbe tournoyée ne se trouvait donc associée à aucun sacrifice pour le péché; elle n'était offerte qu'avec un holocauste et une offrande de gâteau (Lév. XXIII, 12. 13). Mais, cinquante jours après, au jour de la Pentecôte, c'est l'offrande des premiers fruits, type de l'Eglise, qui est présentée au Seigneur; car nous sommes les prémices aussi bien que Jésus. « Nous sommes, dit Jacques (1, 18), comme les prémices de ses créatures ». Mais cette offrande, qui avait du péché en elle et qui était mêlée avec du levain, ne pouvait ni supporter l'épreuve du feu, ni être une offrande d'agréable odeur à l'Eternel. Cependant, elle devait être, également offerte et reçue: « Vous les présenterez à l'Eternel, mais ils (les sacrifices) ne seront point brûlés » (Lév. II, 12). Mais pourquoi et comment ce gâteau, contenant du levain, (levait-il être reçu ? Il ne pouvait l'être que parce qu'il était offert avec autre chose. On offrait avec ce pain levé un holocauste, une offrande de gâteau, un sacrifice de prospérité et un sacrifice pour le péché (Lév. XXIII, 18. 19) ; car, comme il y avait du levain dans l'offrande des premiers fruits, il devait nécessairement y avoir un sacrifice pour le péché. « Et le sacrificateur les tournoiera avec le pain des premiers fruits, en offrande tournoyée devant l'Eternel » (Lév. XXIII, 20). L'Eglise, de même, se présente à Dieu avec Christ, et forte de toute la valeur de son oeuvre. Par elle-même, elle ne peut affronter l'épreuve de la sainteté de Dieu, car l'huile, en quelque mesure que ce soit, ne saurait changer la nature du levain ; mais, en Christ et avec Christ, et pour l'amour de Christ, elle est acceptée au même titre que Lui, et a ainsi la douce assurance que son péché a été expié.

On demandera peut-être pourquoi c'est le sacrifice de gâteau qui représente ici l'Eglise s'offrant elle-même à Dieu, puisque ce sacrifice est en relation avec la seconde table du décalogue! Je réponds que l'Eglise n'est pas toujours considérée comme offrande de gâteau. C'est à la Pentecôte qu'elle apparaît sous cet aspect. Il y a dans la loi bien des types de l'Eglise. On la voit comme fille dans la maison du Père, comme femme dans celle du mari (Nombres XXX), et dans bien d'autres relations encore; elle est victime, sacrificateur, prophète, chandelier. Mais, à la Pentecôte, elle se présente à nous spécialement comme offrande de gâteau, c'est-à-dire comme s'associant à l'oeuvre que, dans son amour, Christ a accomplie en faveur d'un monde perdu. C'est alors que l'on vit Parthes, Mèdes, Elamites, Romains, Juifs, Prosélytes, Crétois et Arabes, recevant tous également la bonne nouvelle par le moyen d'hommes qui, bien qu'ayant en eux du levain, étaient cependant une offrande de gâteau ordonnée par le Seigneur et agréée par Lui.

Tel est le caractère général de l'offrande de gâteau ainsi qu'il ressort de ses différences avec les autres sacrifices. Je vais maintenant la considérer brièvement dans :

II SES DIFFÉRENTS DEGRÉS OU CLASSES, qui sont au nombre de trois, et qui correspondent aux différentes manières de saisir Jésus selon la mesure d'intelligence spirituelle à laquelle les saints sont parvenus. Le premier degré, celui de la fleur de farine (Lévit. II, 1), est le type le plus parfait que présente l'offrande de gâteau ; les gâteaux cuits au four constituaient le second degré (Lévit. II, 4-7) ; des épis nouveaux rôtis au feu, voilà le troisième degré (Lévit. II, 14). Chacun nous présente Jésus comme offrande de gâteau, c'est-à-dire comme répondant aux droits de l'homme sur Lui, si l'on ose ainsi dire: dans tous il est également agréé de ,Dieu; mais le second degré donne une plus haute idée de sa perfection que le troisième, et le premier degré est supérieur aux deux autres. C'est une offrande telle qu'en apportent les princes (1). La suivante nous offre quelque chose d'un peu Moins élevé (2). Le dernier degré nous montre l'offrande dans sa forme la plus simple: « les épis nouveaux rôtis au feu. »

Que le Seigneur nous donne de saisir Jésus plus complètement! Puissions-nous vraiment atteindre le premier degré, afin que notre joie et notre force s'accroissent! Et nous serons dans la joie à proportion que nous Le verrons mieux dans sa perfection; car son sacrifice nous appartient tout entier: « Il s'est offert pour nous ».

Remarquez maintenant les principales distinctions à faire entre les différents degrés de l'offrande de gâteau:

Tandis que dans le premier degré nous avons l'indication de tous les ingrédients (Lévit. II, 1. 2), le second décrit l'offrande dune manière générale: ce sont simplement des gâteaux sans levain, « pétris à l'huile » (Lévit. II, 4). La signification de cette différence est facile à saisir. Combien de saints reconnaissent sans peine qu'il n'y avait point de levain en Jésus; ils savent qu'il est sans péché; mais ils sont loin d'avoir compris toute sa perfection. C'est un état relativement inférieur. Nous pouvons dire: Il n'a pas commis de péché : «il n'y avait pas de fraude en sa bouche», longtemps avant de pouvoir discerner tout ce qui était en Lui, ou d'avoir compris comment il s'est entièrement consacré au service des autres.

Une autre différence bien remarquable. Dans le premier degré, celui qui offre le sacrifice, en prélève lui-même le mémorial (Lévit. II, 2 (3); dans le second, c'est le sacrificateur qui le fait (Lévit. II, 9) ; tandis que, dans le dernier, - celui des épis rôtis - il n'est rien dit à ce sujet (Lévit. II, 16). Nous avons observé une distinction semblable à celle-ci au sujet de l'holocauste ; dans le premier degré, la victime est immolée par celui qui l'offre ; dans le dernier, elle l'est par le sacrificateur. Il y a un enseignement pour nous dans cette différence. Dans l'un des cas, nous avons Christ dans sa personne, comme celui qui offre le sacrifice; dans l'autre, c'est son office comme sacrificateur que nous voyons. Considérer Christ comme s'offrant et se donnant personnellement, c'est plus que de le voir .agissant en qualité de sacrificateur. Dans le dernier cas, au moins, on perd de vue un côté précieux du sacrifice de Jésus. On voit bien l'office, mais la personne du Seigneur disparaît complètement.

Mais il y a une troisième différence que l'on saisira plus facilement entre le premier degré et les autres. Dans le premier, il est question de farine. Fleur de farine, est-il dit. Dans les autres, elle est à peine mentionnée ; il est plutôt parlé de pains ou de galettes (4). En effet, nous pouvons considérer Jésus comme notre pain, et même comme celui de Dieu, sans entrer dans les pensées que nous rappellent la fleur de farine et l'encens. L'absence absolue de toute inégalité et les douloureux brisements qu'Il endura pour répondre aux exigences de notre état, le parfum de l'offrande dont l'excellence n'était que mieux sentie par l'épreuve du feu, ce n'est pas là ce que l'on comprend dès l'abord. On n'arrive au contraire à voir tout cela qu'en dernier lieu, précisément parce qu'il s'agit de ce qui est le plus parfait.

La différence entre le premier degré et le troisième est encore plus frappante et plus évidente. Cette dernière offrande nous donne l'idée de Christ considéré comme « les prémices ; la première gerbe faite avec le blé mur, plutôt que le pain déjà préparé pour nourriture, ou la fine farine que l'on trouve dans le premier degré (5). Je n'ai pas besoin d'insister sur cette différence, dont la portée est facile à saisir. Qu'il me suffise de dire que, ici, comme dans les derniers degrés des autres offrandes, le caractère distinctif de l'offrande est un peu perdu de vue, et qu'une autre pensée vient en quelque sorte s'y substituer. C'est ce que nous avons déjà remarqué à propos de l'holocauste ; nous verrons qu'il en est encore de même dans le sacrifice pour le péché. Ces degrés correspondent bien, en effet, à des mesures de l'intelligence spirituelle. Si elle est peu développée, on confond l'une avec l'autre les idées que rappelle le sacrifice. On voit l'édifice, - pour reprendre une comparaison' déjà employée - d'une manière trop peu distincte pour en observer les différents aspects ; on en voit à la fois plusieurs côtés, mais rien d'une manière très distincte. C'est le cas ici, je n'en doute pas. On confond ainsi l'offrande de gâteau avec la présentation des prémices.

Combien n'y a-t-il pas de vrais chrétiens qui n'ont pas des vues bien claires sur Christ, et qui font dans leur esprit un mélange du sacrifice pour le péché, de l'offrande de gâteau et de l'holocauste.

Quand nous n'aurions rien appris d'autre par cette étude des différents degrés que présente cette offrande, elle nous aura au moins montré ce que les chrétiens perdent, faute de les connaître. Car, beaucoup de vérités précieuses, que le premier degré nous révèle, sont perdues de vue dans les degrés inférieurs. Par exemple, dans le premier degré, sont énumérés tous les ingrédients, la fleur de farine, l'huile, le sel, l'encens, tandis que presque rien de tout cela ne se retrouve dans les degrés intérieurs, où il est seulement dit que le levain devait être exclu du sacrifice. Qui oserait dire que cette idée purement négative, cette simple connaissance de ce que Christ n'est pas, puisse avoir le même effet sur l'âme que la pleine intelligence de ce qu'Il est réellement ?

Dans le premier degré, nous l'avons vu, c'est la personne de Christ qui nous apparaît: nous Le voyons s'offrant Lui-même. C'est bien autre chose, nous le comprenons sans peine, que de voir seulement l'office de Christ dans l'expiation. Et ainsi du reste. Celui qui confond l'idée renfermée dans l'offrande des prémices, avec celle que l'offrande de gâteau nous rappelle, voit bien Christ, mais seulement comme la première gerbe de la moisson; il ne Le voit pas comme accomplissant la loi. Beaucoup de chrétiens croient, sans doute, que Christ est ressuscité comme les prémices de ceux qui dorment, mais ils ne se tiennent pas pour pleinement acceptés par le sacrifice accompli pour eux.

Mais je n'en dirai pas davantage sur ce sujet. Que ceux qu'il intéresse et qui le comprennent le continuent eux-mêmes. le crains, d'ailleurs, que plusieurs n'aient à peine compris cette simple esquisse, qui est tout ce que j'ai voulu donner ici.

Ces quelques remarques, j'en ai la confiance, nous pousseront à bénir Celui qui nous a donné le Sauveur figuré dans cette offrande, et aussi à désirer une connaissance plus étendue de tout ce que Jésus a été pour nous. Que notre Dieu, qui nous a ainsi aimés, soit béni éternellement! Puissions-nous mieux connaître son amour!

1) Comparez Lévitique II, 1 avec Nombres VII, 13. 19. 25, etc. 

2) Dans ce degré même, il y a encore une différence à observer, selon que l'offrande de gâteau est cuite sur la plaque ou dans la poêle. Cette différence est simplement en rapport, je le crois, avec les dimensions variables de l'offrande. Un gâteau de grande dimension ne pouvait pas être cuit dans une poêle.

3) Ceci est en accord avec la version anglaise, mais non pas avec la plupart de nos versions françaises, qui traduisent: « le sacrificateur prendra » (Lévit, II, 2). L'original dit seulement: « il prendra », sans déterminer autrement le sujet. (Note du traducteur.)

4) Comparez le verset 1 et le verset 4.

5) Comparez les versets 1 et 14.
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