NOUVELLES GLANURES
7. Reconnaissance.
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Où
sont donc les neuf autres ?... (Luc 17 : 17.)
Lorsque Miss Cawell,
l'héroïne sans peur et sans reproche, comparut
devant ses juges, on lui demanda combien de soldats anglais
et alliés elle avait, au péril de sa vie,
aidés à franchir la frontière
hollandaise. Elle répondit, avec sa loyauté
toute puritaine :
- Environ deux cents.
- Et combien, une fois en
sûreté, vous écrivirent pour vous
remercier et vous donner de leurs nouvelles ?
- Quatre ou cinq seulement.
Ces deux chiffres serrent le coeur !
Hélas ! c'est la proportion habituelle. Demandez
plutôt à ceux qui se vouent, corps et
âme, à faire du bien, et qui en ont si peu de
remerciements, si peu de récompense ! ...
YVONNE
PITROIS.
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1 Infirmière anglaise
condamnée à mort, à Bruxelles, par un
conseil de guerre allemand.
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Pourquoi ne
me l'as-tu jamais dit?
Dans une ferme vaudoise se mourait une
mère qui avait consacré toute sa vie à
la direction d'un lourd ménage et aux soins de ses
nombreux enfants. Ceux-ci, déjà grands,
entouraient leur mère dont on attendait le dernier
soupir et qui semblait déjà avoir perdu toute
connaissance. Ils étaient muets de tristesse et
d'angoisse, muets aussi comme ces fils de la campagne qui ne
sont pas habitués à s'exprimer, qui, le plus
souvent, n'ont fait aucun effort pour apprendre à
s'exprimer et pour dire ce qu'ils ont dans le coeur. Tout
à coup, l'un des fils, comme pousse par un
irrésistible besoin, s'approcha de sa mère,
déposa un baiser sur son front et ajouta ces paroles
: « Pauvre maman, on t'aimait quand même bien!
» A ces mots, la malade, comme rappelée
à la vie, ouvrit de grands yeux
chargés de tristesse et laissa tomber ces paroles,
les dernières qu'elle prononça: «
Pourquoi ne me l'as-tu jamais dit ? »
Combien d'enfants qui n'ont jamais dit
à leur père, à leur mère,
à Dieu, ce qu'il serait si naturel et si
nécessaire de dire ?
J. V.
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Merci de
tout mon coeur.
Mme de Pressensé dirigea
longtemps à la Chaussée du Maine une oeuvre de
bienfaisance pour les mères et les enfants. Il y a
quelques années, un ouvrier arrivait de Nouméa
avec d'autres déportés. Il avait laissé
une femme et un tout jeune enfant. Qu'allait-il trouver ? Il
se met à la recherche de sa femme et la
découvre enfin dans ce pauvre quartier de Vaugirard,
tenant une petite boutique de mercerie. Il ne pouvait croire
qu'elle fût là chez elle ; mais, une fois
convaincu de la chose, il tomba sur une chaise en
pleurant.
La pauvre mère raconta sa vie
et nomma sa bienfaitrice. Deux jours après, Mme de
Pressensé recevait la visite de l'ouvrier :
- Madame, lui dit-il, je sais tout et
je viens vous dire merci de tout mon coeur. Mais ce n'est
pas assez, je veux vous dire que vous pouvez compter sur
moi. Il ne se fera plus rien dans le quartier que ce que
vous voudrez. Aux élections prochaines, vous n'aurez
qu'à me dire un mot.
Mme de Pressensé eut de la
peine à lui faire comprendre que la politique n'avait
rien à voir dans son oeuvre.
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Une
prière d'actions de grâces.
Un malade souffrait du foie et sa
mauvaise humeur rendait la vie amère à tout
son entourage. Un jour qu'il recevait la visite de son
conducteur spirituel, il recommençait, comme de
coutume, à défiler le long chapelet de ses
plaintes et de ses griefs, quand le pasteur l'interrompit et
lui dit :
Cette fois, commençons par
remercier Dieu.!
- Remercier, répliqua le malade
; pour moi, je n'ai aucun sujet de remercier Dieu !
- Fi donc! reprit le pasteur,
n'avez-vous pas honte de parler ainsi ? Si vous ne savez de
quoi rendre grâces, je me chargerai pour une fois de
le faire pour vous !
Là-dessus le pasteur joignit
les mains et dit:
« Bon Père céleste,
mon coeur trop prompt au murmure s'élève
jusqu'à Toi et Te loue. J'ai à manger et
à boire en suffisance, et, dès que j'ai besoin
de quelque chose, on me l'apporte aussitôt. Mon lit
est large, propre et tendre, tandis que bien des malades
plus malades que moi sont couches sur de misérables
grabats. je n'ai pas de mouches dans ma chambre, bien que
nous soyons au gros de l'été. Mes proches et
le médecin me traitent avec affection et ne
m'abandonnent pas à moi-même, bien que je sois
insupportable. Il ne s'est pas encore présenté
de nuit où je n'aie pu dormir trois ou quatre heures.
Mon Dieu, que tu es bon de m'envoyer mon pasteur pour me
dire la vérité sans détour et me
montrer combien je suis pêcheur et combien tu es
miséricordieux! Et maintenant, tu me fais entendre la
bonne nouvelle de ta grâce et tu me fais annoncer le
salut éternel! Combien je suis plus favorisé
que tant d'autres qui ne possèdent pas ta Parole !
»
Le pasteur n'eut pas besoin d'en dire
davantage. A ce moment le malade, l'interrompant,
s'écria : «Assez, assez, Monsieur le pasteur !
je n'ouvrirai maintenant plus la bouche que pour
bénir et remercier Dieu ! »
Si tu commençais par rendre
grâces à Dieu pour chacun de ses bienfaits, il
ne te resterait plus de temps pour te plaindre de tes
peines.
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Une
pièce de cinquante centimes.
Un monsieur traversait
un soir, très tard, une rue de Paris ; en passant
devant un hôpital d'enfants, il aperçut trois
danseurs de corde, accablés de fatigue, qui
regagnaient leur misérable demeure après une
longue journée de travail pénible. Les deux
premiers étaient des hommes ; ils portaient les
échelles et les perches, sur lesquelles ils avaient
l'habitude de donner leurs représentations, toutes
les fois qu'un groupe de spectateurs s'assemblait autour
d'eux. Le troisième était un petit
garçon, vêtu d'un costume de clown. Il courait
derrière les autres, pâle de froid, de faim et
de lassitude. Arrive devant l'hôpital, sa figure
s'illumina un instant d'un rayon de joie. Il monta
rapidement l'escalier et mit un morceau de papier dans une
boîte fixée à la porte. Sur ce papier,
on lisait ces mots : « Pour un enfant malade » ;
il renfermait une pièce de cinquante centimes. Le
monsieur qui l'observait apprit plus tard que le petit
garçon, orphelin et sans protection, avait
été recueilli tout malade une année
auparavant dans cet hôpital et qu'il y avait
recouvré la santé. L'affection qu'on lui avait
témoignée dans cette maison - vrai palais pour
lui - et les bons soins qui lui avaient été
prodigués, avaient fait autant de bien à son
âme qu'a son corps. Un jour, un inconnu lui avait
glisse une pièce de cinquante centimes dans la main,
et plein de reconnaissance pour tous les bienfaits
goûtés autrefois à l'hôpital, il
avait donne en faveur d'autres enfants malheureux et
souffrants «tout ce qu'il possédait". Tout cela
s'était passe en silence ; mais, soyez-en
persuadés, chers enfants, le son que rendit cette
pièce en tombant dans le tronc de l'hôpital,
S'éleva bien au-dessus du tumulte de la grande ville
et fut entendu avec joie par Dieu lui-même dan, les
cieux.
(T.
TEIGNMOUTH-SHORE, Le jardin du Roi.)
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Une
chaîne de bénédictions.
Le coup de vent qui
chasse un nuage ébranle le chêne et l'une de
ces petites coupes qui portent le gland tombe à terre
sur le sentier.
Une goutte de pluie
descend du nuage et remplit la coupe.
Un rouge-gorge qui
sautille se rafraîchit en la buvant. Il n'en faut pas
plus pour le réjouir et il s'envole dans le lierre
qui entoure la fenêtre du poète, chantant la
plus douce de ses mélodies.
Le poète
l'entend, il écrit une hymne d'allégresse et
de reconnaissance. Cette hymne va par le monde, au chevet du
malade, au foyer des heureux et partout elle
élève et réjouit les coeurs.
Aux éloges
qu'on lui adresse, le poète répond C'est le
chant de l'oiseau qui m'a inspiré.
L'oiseau dit : C'est
la goutte d'eau qui m'a rafraîchi.
La goutte dit : C'est
la coupe du gland qui m'a recueillie.
Mais aurais-je
été la pour la recueillir, dit la coupe, sans
le coup de vent ? Et le vent dit : Louez Celui dont la
puissance dirige toutes choses et fait souffler le vent. Ils
sont mystérieusement unis, les anneaux qui forment la
chaîne de ses bénédictions.
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Un verre
d'eau
Un jour Agrippa,
dénonce par un de ses esclaves comme ayant prononce
avec mépris le nom de l'empereur Tibère, fut
condamne à être exposé, chargé de
chaînes, à la porte du palais. Le temps
était chaud. Des heures passées sous un soleil
ardent vinrent ajouter le tourment de la soif à celui
de la honte. Un esclave passe devant le supplicié,
une cruche d'eau sur l'épaule. Le patient l'appelle
et le supplie de lui donner à boire. Le serviteur y
consent et verse ainsi dans le coeur d'Agrippa un sentiment
de reconnaissance.
A la mort de
Tibère, Agrippa devint roi de Judée, et, en
souvenir du verre d'eau, il fit de l'esclave obligeant
l'intendant de son palais.
(NAPOLÉON ROUSSEL, L'Evangile
explique aux petits.)
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Le don des
lépreux.
Le pasteur
Motsamaï, qui s'occupait de la léproserie du
Lessouto, demandait aux lépreux chrétiens
s'ils ne pourraient pas donner quelque argent pour
l'église. Quelques-uns répondirent : «
Nous sommes malades. Comment pourrions-nous verser cette
contribution ? » Mais un de leurs camarades se redressa
et protesta : « Nous avons la lèpre dans la
chair, mais elle ne mange pas nos âmes. Sur ce que
nous gagnons ici, nous pouvons bien donner quelque chose
à Dieu. »
H.
DIETERLEN.
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Dans la
sécheresse.
C'était quelque
temps après la sécheresse qui, en 1904, a
désolé le Lessouto. En mettant pied à
terre au logis, raconte le missionnaire Dieterlen, je trouve
deux sacs de « mabélé » ou sorgho
que m'a amenés le vieux Jacob Khachavé, ancien
de mon Eglise. Il était venu causer avec moi le
dimanche précédent et m'avait dit :
Missionnaire, j'ai une petite chose à te dire.
L'autre jour, j'ai réuni nos gens et je leur ai dit :
Nos pères ne connaissaient pas le vrai Dieu. Mais
quand ils avaient fini la récolte du
mabélé, ils en laissaient toujours quelques
poignées dans l'aire. C'était un
témoignage de reconnaissance.
Aujourd'hui, nous
connaissons le vrai Dieu. Ne lui donnerons-nous pas un
témoignage de reconnaissance pour le
mabélé, qu'il nous a accordé cette
année ? Nous n'avons pas récolte grand'chose,
mais c'est plus que nous ne pouvions espérer. Mes
gens ont entendu mon avis avec plaisir. Ils ont
apporté chacun un panier de mabélé.
C'est une offrande de reconnaissance que nous faisons
à Dieu. C'est tout, je n'ai rien d'autre à
dire.
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La pite de
la veuve.
(Conte
chinois.)
Dans une ville de la
Chine, il était question de doter un.temple
païen d'une nouvelle cloche. Un appel fut
adressé à la population.
Une vieille femme se
présente devant les collecteurs. Elle voudrait, comme
les autres, contribuer à l'acquisition de la cloche.
Et, pauvre veuve, elle donne tout ce qu'elle possède
: une sapèque, une seule, la valeur d'un demi-centime
de notre monnaie, au receveur des dons. Celui-ci regarde un
instant avec mépris la pièce de cuivre qu'il
tient dans sa main, puis, se levant de son siège, la
lance dans un étang voisin, demandant à la
pauvre femme si elle se moque du dieu.
- Une sapèque
donnée gaîment vaut mieux que dix mille de
superflu, réplique la femme s'éloignant toute
triste.
La collecte rapporta
abondamment et l'on se mit aussitôt à fondre la
cloche projetée. Le travail terminé, on
découvrit qu'elle sonnait faux. L'on
recommença, mais le résultat ne fut pas
meilleur.
Alors le dieu apparut
au maître fondeur:
« La cloche ne
sonnera juste, lui dit-il, que si l'on mêle au
métal la sapèque méprisée de la
pauvre veuve.»
On se hâta de
mettre à sec l'étang où la pièce
avait été jetée ; elle fut
retrouvée et on la mêla au métal de la
cloche, qui cette fois, rendit un son clair et pur.
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