GLANURES (1)
V
MOYENS DE GRACE
I. - La Bible.
Diderot et
la Bible.
Au XVIIIme
siècle, il y avait à Paris une
société de philosophes, dont le passe-temps
favori était de tourner la Bible en ridicule.
Un soir qu'ils en
avaient lu quelques chapitres et qu'ils s'apprêtaient
à les critiquer, l'un d'eux, Diderot, se leva et dit
:
« La
vérité m'oblige à avouer, Messieurs,
que je ne connais personne qui ait jamais écrit avec
autant de talent que les pêcheurs et les
péagers auxquels nous devons ce livre. J'affirme
même qu'aucun de nous ne serait capable
d'écrire une histoire à la fois aussi simple
et aussi élevée, aussi pratique et d'un effet
aussi puissant. Ne vous étonnez pas que ce court
récit des souffrances et de la mort de
Jésus-Christ accomplisse des miracles, puisqu'il a
traversé les siècles. »
|
.
Walter
Scott et la Bible.
Walter Scott, le
célèbre romancier anglais ne sortait jamais le
dimanche en voiture ou à cheval. Il avait pour
principe que les animaux ont droit, comme l'homme, au repos
dominical. Pendant l'été, aussitôt qu'il
avait célébré le service divin dans sa
maison avec les siens, il partait avec eux et se rendait
dans les bois ou dans la campagne; tous s'asseyaient sur
l'herbe et l'on prenait le repas de midi. Puis, là,
comme à la maison, quand le temps ne permettait pas
de sortir, le grand écrivain racontait une histoire
puisée dans le riche trésor de la Bible. Il
savait ce livre presque par coeur et pouvait rendre la
dignité simple ou la sublime grandeur de l'Ecriture
sainte avec le même talent qu'il mettait à
rappeler les ballades et les légendes de sa
patrie.
|
.
Charles
Dickens et ses fils.
Voici un extrait d'une
lettre que le célèbre romancier anglais
Charles Dickens écrivait à l'un de ses fils,
le 15 octobre 1868 :
... Quand tes
frères ont quitté la maison, je leur ai
écrit à chacun ce que je vais t'écrire
maintenant. Tu sais que je ne t'ai jamais gêné
en t'imposant des pratiques religieuses qui pussent te
comprimer et que je n'ai aucune sympathie pour des formes
qui ne sont que des formes et qui n'ont pas de sens. Mais je
désire, avec toute l'énergie comme avec toute
l'affection 'dont je suis capable, graver une conviction
dans ton esprit: la conviction que le Nouveau Testament est
un livre sans prix, et que l'étude de ce livre nous
fournit notre seul guide infaillible pour la vie.
Je te recommande
également de dire matin et soir une prière
chrétienne. C'est cette ligne de conduite que j'ai
observée toute ma vie. Rappelle-toi que j'ai
essayé de te faire comprendre et aimer le
Nouveau-Testament quand tu n'étais encore qu'un
bébé. Que Dieu te bénisse.
(Le
Messager des Messagers.)
|
.
Sauvé par un verset de la
Bible.
Henri Feuler se
trouvait à Rome pour compléter son
éducation artistique, quand,
dégoûté de la vie, il forma le projet de
se jeter, un soir, dans le Tibre.
L'accomplissement de
ce criminel dessein était des plus faciles:
l'hôtel où demeurait le malheureux jeune homme
donnait directement sur le Tibre. Descendre au
rez-de-chaussée, ouvrir une porte de service,
enjamber une barrière et se laisser tomber dans le
fleuve, tout cela pouvait se faire en quelques instants.
Cependant on entendait
encore le bruit des domestiques qui allaient et venaient
dans le bas de l'hôtel; pour plus de
sûreté, il fallait donc un peu attendre.
Fiévreusement, Feuler emploie ce temps à
mettre quelque ordre dans ses papiers; c'est alors qu'il
voit au fond de sa malle un Nouveau-Testament, que sa tante
lui avait donné; le livre y dormait depuis huit ans
!
Sans savoir pourquoi,
Feuler le prend, l'ouvre au hasard et tombe sur le chapitre
XII des Hébreux, et dans ce chapitre, sur le verset
5me dont un mot surtout lui traverse le coeur : Mon enfant.
Il semble que Dieu même l'interpelle directement!
« Mon enfant, pourquoi méprises-tu
l'avertissement du Seigneur, et pourquoi perds-tu courage
quand il te reprend?» Dans cette parole de paternel
reproche, chaque mot, du reste, le terrasse bien plus que
les menaces. Ce que la colère n'aurait pu accomplir,
l'amour, grave et tendre, le fait sans effort, Le coupable
tombe à genoux aux pieds de ce Dieu
délaissé pendant tant d'années.
Ce que cette nuit
mémorable a commencé, les journées
suivantes le continueront : un livre de Vinet y contribuera
pour sa part, et bientôt, abandonnant ses pinceaux,
sans croire, cependant, que la peinture soit incompatible
avec la vie chrétienne, le nouveau disciple du Christ
reprendra le chemin de son village, pour y retrouver le
recueillement et l'affermissement de sa foi, comme Paul en
Arabie.
Feuler eut dès
lors une passion unique : sauver des âmes. Il
travailla en France, à Villefranche-sur-Saône
et en Suisse, notamment à Lausanne,
s'intéressant surtout aux jeunes gens et aux
ouvriers.
|
.
La parabole
de l'enfant prodigue.
En 1849 et 1850,
Léon Pilatte évangélisait Paris, rue
Mouffetard, le public le plus révolutionnaire et le
plus ignorant de la Bible. Il raconte dans ses souvenirs le
fait suivant :
Un soir, ayant gravi
les trois marches de ma petite estrade, j'ouvris mon
Nouveau-Testament au chapitre XV de saint Luc, et, sans
autre préambule; « Mes amis, leur dis-je,
écoutez une histoire. » À ces mots
magiques, l'assemblée houleuse et bruyante fit
silence et je lus la parabole de l'enfant prodigue,
Il y a bien des
degrés dans le silence. À mesure que je
lisais, celui qui régnait dans la salle augmentait
d'intensité. Une émotion visible, - ou
plutôt sensible, car elle me gagnait, - s'était
emparée de toutes ces pauvres âmes. Suspendues
à mes lèvres, elles écoutaient comme
jamais je n'ai vu écouter. Au dernier mot de la
touchante parabole, beaucoup sanglotaient tout haut.
Je laisse à
penser au lecteur si la prédication qui suivit fut
froide ou froidement reçue.
|
.
La Bible
d'un paysan irlandais.
Dans les temps
où les Sociétés bibliques n'avaient pas
encore répandu par millions les exemplaires de la
Parole de Dieu, le fermier d'un vaste domaine, en Irlande,
vint un jour supplier le maître de cette terre de lui
confier pour quelque temps son Nouveau Testament. Mais
celui-ci. craignant sans doute que le paysan ne
gâtât son livre, lui refusa sa demande.
- Veuillez au moins me
permettre de le copier, reprit le paysan.
- Comment en
viendriez-vous à bout ? objecta le Seigneur. Vous
n'avez pour cela ni encre, ni plumes.
Mais le paysan
insistait, assurant qu'il se procurerait bien les objets
nécessaires, si seulement le maître voulait
consentir à ce que son fermier vînt tous les
soirs s'établir dans son antichambre. Comment
résister à une requête à la fois
si humble et si pressante ? Elle fut accordée et,
dès ce même soir, on vit arriver au
château le pieux fermier qui, d'une main durcie par le
travail et à la clarté d'une chandelle, se mit
à copier, verset après verset, chapitre
après chapitre, les pages du Livre de vie.
La nuit était
souvent très avancée, que notre fermier
écrivait, écrivait toujours. Il poursuivit son
travail pendant bien des années, jusqu'à ce
qu'enfin, parvenu au terme de son oeuvre, il vint un jour
tout joyeux montrer son Nouveau Testament à son
maître, qui lui dit
- Faisons un
échange; je te donnerai ce Nouveau-Testament, bien
imprimé et solidement relié, si tu veux me
céder le tien.
Le paysan accepta
cette offre, et ce fut ainsi que son manuscrit passa entre
les mains de la Société biblique de Londres,
qui le conserve comme un précieux monument de l'amour
d'un pieux agriculteur pour la parole de Dieu.
(La vie
chrétienne, 1857.)
|
.
L'île
Pitcairn.
L'île Pitcairn
est un îlot solitaire au milieu de l'océan.
Pacifique. Elle mesure près de trois lieues de tour.
Découverte par Carteret, il y a cent-vingt-cinq ans,
elle reçut de lui le nom de l'officier qui l'avait
aperçue le premier. C'est là que
vécurent pendant plus de soixante ans les matelots
révoltés du Bounty et leurs descendants. Ils y
abordèrent au nombre de neuf, en 1790, avec dix
hommes et douze femmes de Tahiti. A ce moment, File
était inhabitée. Plus tard, on
découvrit des vestiges d'habitations
antérieures.
Dans cette colonie,
qui remonte déjà à plus d'un
siècle, éclatèrent des querelles
violentes, sanglantes même. Le feu des passions,
nourri par les boissons fortes, fut si ardent et si
destructeur que le siècle nouveau se leva sur des
scènes de désolation: tous les Tahitiens
avaient péri, ainsi que tous les matelots anglais,
sauf un seul. De tous les révoltés, John Adams
était le seul survivant. Lors de son naufrage, il
avait sauvé une Bible et un livre de prières
de l'Eglise anglicane. Privé de toute autre lecture
et de la société de ses anciens compagnons de
crime, il se mit à lire ces deux livres, soit pour
passer le temps, soit pour y chercher des conseils et une
consolation. La parole de Dieu lui fit l'effet d'un miroir
magique; elle lui apprit à se voir dans toute sa
laideur morale ; le remords de ses péchés et
de ses crimes commença à flageller sa
conscience comme un fouet de scorpions. De la contrition, il
fut amené à la conversion, de la crainte
à la foi, et tout cela sans guide humain.
Bientôt, il fut un vrai disciple de Christ, mieux que
cela, un vrai témoin de sa grâce, un
missionnaire. Avec ces deux livres, il essaya d'enseigner
les Tahitiennes grossières et ignorantes qui vivaient
près de lui, ainsi que les enfants issus du
mélange des deux races. Résultat merveilleux!
Sur cette île solitaire se forma une
société chrétienne remarquable. Tous
les voyageurs qui ont visité ces parages rendent un
témoignage unanime à la douceur de'
caractère, aux moeurs simples et douces qui
règnent dans ce milieu.
(Les
Nouveaux Actes des apôtres.)
|
.
Une
prédication à Brême.
En 1855,
j'étais alors en première, je fis un voyage de
vacances avec deux de mes condisciples. La veille de
Pentecôte, nous arrivâmes à Brème,
que nous voulions visiter, et le lendemain nous nous
rendîmes à l'église Saint-Etienne. Notre
seul but était d'y entendre un grand orateur, le
pasteur Mallet. Son admirable sermon, écouté
dans le plus grand recueillement, raviva en moi les
impressions que j'avais reçues du Dr Wichern.
Cet homme a raison, me
dis-je; et s'il a raison, toi, tu as tort. Et le
christianisme se représenta à moi comme le
chemin de la vie et du bonheur.
Après le culte,
je dis à mes amis : « Puisque le christianisme
est ce que nous venons d'entendre, je veux devenir un vrai
chrétien ; oui, même l'envie me prend
d'étudier la théologie. » Mes amis, qui
savaient que mon dessein était de devenir
médecin, me firent de gros yeux et secouèrent
la tête, mais ne dirent pas un mot.
L'heure que je passai
dans l'église Saint-Etienne fut un des moments les
plus importants de ma vie.
(FUNCKE, L'empreinte des pas,
etc.)
|
.
Confiance
dans la parole de Dieu.
Un dimanche, pendant
la guerre franco-allemande, le 61-e régiment passait
par Berlin et s'y arrêta quelques heures. On demandait
avec anxiété des colporteurs, mais il n'y en
avait pas. Comme le régiment partait, un homme tira
de sa poche une page jaunie: « Voilà, dit-il en
la montrant à ses amis, voilà une page d'une
vieille Bible ; personne n'est venu nous apporter la Parole
de Dieu, et c'est là tout ce que nous avons pour
marcher au feu, et peut-être à la mort.
»
(Journal morave, 1870.)
|
.
Une jeune
servante basque.
Une jeune Basque, Anna
Urraty, élevée dans le catholicisme, se
plaçait vers 1850 chez le pasteur de La Harpe,
à Bordeaux. Elle s'y convertit. Plus tard, elle
devint lectrice de la Bible, d'abord
à Paris, puis
dans son propre pays, en Béarn, où elle
rencontra beaucoup de persécutions. Pour faire
connaître le. plus efficacement possible l'Evangile
à son peuple, elle prépara, au prix d'un
travail opiniâtre, une traduction basque de l'Evangile
de Jean et des épîtres de Pierre. Elle
traduisait sur la version de Sacy, qu'elle rectifiait au
moyen d'Osterwald. Quand elle eut achevé. se posa la
question : Ces traductions, comment les imprimer ? Elle
n'avait pas de ressources et ne savait pas où s'en
procurer. Elle décida donc de gagner par son propre
travail, par un travail de nuit, la somme nécessaire.
Elle finit par la réunir et en 1873, elle fit
imprimer sa traduction à ses frais, à Bayonne.
Plus tard, cette traduction fut révisée et
rééditée par les soins de la
Société biblique de France.
|
.
La Bible du
portier.
Dans l'automne de
1885, un pasteur, traversant un village, vit une femme en
larmes sur le seuil de sa chaumière. Il s'approcha et
lui demanda la cause de sa douleur. Elle le conduisit
auprès de son mari, qui était à ses
derniers moments. Le pasteur parla de Christ au mourant.
« Oh ! répondit celui-ci, je sais que Christ est
mon Sauveur. » Et comme le pasteur lui demandait par
quel moyen il avait été amené à
la foi en Jésus-Christ, le pauvre, homme lui mit une
Bible dans la main. Comment cette Bible était-elle
venue en sa possession?- Il avait été portier
à l'Exposition de 1878. Le dernier jour de
l'Exposition, une Bible avait été remise, au
nom de la Société biblique, à chacun
des soixante-douze portiers du palais. C'est ainsi qu'il
avait eu la Bible, la Bible grâce à laquelle il
mourait en paix.
|
.
Le
général Wakasa.
Le 14 mai 1886, le Dr
Verbeck, missionnaire à Nagasaki, au Japon, recevait
la visite d'un ministre d'Etat japonais, Wakasa,
accompagné de son frère, de ses deux fils et
d'un parent du nom de Molino. Le ministre, après
avoir parlé longuement de la joie qu'il avait eue
à étudier les Evangiles, demanda le
baptême pour lui et pour ses deux amis. A ce moment,
au. Japon, le christianisme était une religion
interdite, et demander le baptême, c'était
s'exposer' à la mort. Le dimanche suivant, le Dr
Verbeck baptisait les trois nobles japonais.
Comment ces
personnages avaient-ils connu l'Evangile? En 1854, pendant
les négociations qui devaient aboutir quatre ans plus
tard au traité en vertu duquel certains ports
japonais furent ouverts aux vaisseaux anglais, la flotte
anglaise était dans le port de Nagasaki, et l'on
craignait une descente des troupes anglaises. Wakasa, alors
commandant en chef des troupes, japonaises, avait pour
mission de prévenir, s'il le fallait par la force,
toute communication avec la flotte étrangère.
Chaque jour, il faisait dans une embarcation
légère le tour du port, pour s'assurer que
tout était en ordre. Dans une de ses tournées,
il remarqua un 'livré à la surface de l'eau.
Il le fit prendre, craignant, que ce ne, fût
peut-être une pièce compromettante.
C'était un Nouveau Testament anglais.
Ayant appris que ce
livre était traduit en chinois, il en fit venir un
exemplaire de Chang-Haï, et, aussitôt que le
départ de la flotte anglaise lui eut rendu ses
loisirs, il se mit à l'étudier avec son
frère Ayabé, Molino et deux amis.
|
.
C'est ce
livre !
Le chapelain de la
prison de Dartmoor (Devonshire, Angleterre), raconta, il y a
quelques années, le fait suivant à une
personne qui visitait la prison.
« Nous avons ici
un prisonnier dont l'histoire est des plus remarquables. Il
est condamné pour vol avec effraction, et c'est sa
cinquième condamnation. Jamais homme n'avait
donné tant de peine au gouverneur. Il faisait du mal
aux autres prisonniers, et on avait dû l'isoler. Il
mettait sa gloire dans le mal.
» Un jour, en
faisant une tournée, j'arrive à sa cellule.
J'hésitais à entrer. J'ouvre cependant, et je
le vois appuyé contre le mur, la main dans la poche,
le visage maussade. Rassemblant mon énergie, je lui
dis d'un ton de bonne humeur, en l'appelant par son nom :
» - Ce dont vous
avez besoin, je vais vous le dire, c'est d'être
changé en dedans!
» Il prit la
chose un peu comme une plaisanterie, et il répondit
avec un rire étrange :
» - Eh bien! je
pense que vous avez à peu près raison.
» Ce
n'était pas la réponse que j'attendais, mais
je saisis l'occasion.
» - Savez-vous
que vous pouvez être changé?
» - Ce n'est pas
probable, dit-il d'une voix traînante.
» - Vous - vous
trompez, mon garçon, c'est possible. D'autres ont
fait cette expérience. D'ailleurs, ce n'est pas
l'homme qui dit cela, c'est Dieu! Tenez, prenez ce livre,
lisez ces trois versets, et ceci (je marquai Jean III). Je
reprendrai ma Bible quand je reviendrai vous voir.
» Il parut
surpris de voir que je lui confiais ma Bible, mais son
intérêt était éveillé, ou
du moins, sa curiosité.
» Je restai trois
jours sans revenir. Quand je le revis, je fus frappé
du changement extraordinaire de sa physionomie. Ce n'est pas
assez de dire que son visage était tout
éclairé, je n'exagère pas en disant
qu'il semblait avoir un visage tout nouveau.
Qu'est-ce que c'est ?
lui demandai-je.
» - Ce que c'est
? répondit-il, C'est ce Livre!
» Il me dit qu'il
avait lu et relu ces trois versets, et chaque fois ils lui
paraissaient plus merveilleux. Puis il avait lu l'autre
passage, et un moment après, le chagrin, le remords,
la repentance, éveillés par le souvenir de
vérités entendues dans son enfance, l'avaient
jeté à genoux comme de véritables
vagues. Il avait prié en agonie. Combien de temps ?
IL ne pouvait le dire. Mais détournant ses regards de
lui-même, il s'était vraiment confié en
Christ, et il avait la certitude que Dieu lui avait
pardonné.
» Il y a quelques
mois de cela, et je puis dire que si jamais un homme a
été converti, c'est lui, - il était la
malédiction de la prison. Maintenant, il en est la
joie. Il fera n'importe quoi pour n'importe qui. La semaine
dernière, il me disait :
» - Je suis
heureux d'être condamné pour longtemps.
» - Et
pourquoi?
» - Parce que ma
prison est l'endroit le plus heureux que je connaisse sur la
terre. »
|
.
Témoignage d'un Indou.
A l'assemblée
annuelle de la Société biblique, à
Londres, en 1897, un des orateurs, un Indou, M. Sorabji,
avocat à Allahabad, a raconté le trait
suivant:
Mon père
était élève dans une école
missionnaire de Bombay, et très fort en
mathématiques. Un jour, il avait trouvé,
croyait-il, la solution d'un problème, Mais son
professeur indou lui dit que la solution était
fausse. L'enfant, pour montrer au professeur son
mépris, arracha son turban. C'était l'injure
la plus grave qu'il pût lui faire. Très
irrité, l'Indou conduisit l'enfant au directeur,
demandant qu'il fût sévèrement puni. Le
directeur, occupé en ce moment, l'enferma dans une
chambre, se réservant de réfléchir
à ce qu'il fallait faire et l'y oublia. Il y avait
dans cette chambre un Nouveau Testament; et pour passer le
temps, le jeune Sorabji se mit à le lire. Lorsque,.
plusieurs heures après, le directeur ouvrit la porte,
au lieu de se trouver comme il s'y attendait, en face d'un
enfant rebelle, il se trouva devant un enfant tout à
fait calme, et prêt à faire des excuses. Depuis
ce jour, le Nouveau Testament fut le compagnon journalier du
jeune garçon. Celui-ci appartenait à une haute
famille parsi, et était enfant unique. Les siens
furent désolés, quand il leur fit part de son
dessein d'embrasser cette religion. On célébra
pour lui des cérémonies funèbres comme
s'il était mort. Le gouvernement dut lui donner une
garde pour le protéger. Même les siens le
mirent dans un bateau, sans gouvernail et sans rames, et
l'abandonnèrent en mer, espérant qu'il serait
noyé. Pendant deux jours et deux nuits, il erra sur
les flots. Un paquebot qui passait le recueillit.
Jusqu'à sa mort il ne cessa de bénir Dieu pour
ce don des Saintes Ecritures.
|
|