Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



GLANURES (1)


14. - Devant la mort.

La mort de Mélanchthon.

L'année 1560 l'avait trouvé occupé de sa fin, méditant sur l'approche solennelle de la mort. Il prie Dieu chaque jour, à son lever, de lui adoucir ce passage. Malgré ses vives douleurs, il veut continuer ses travaux ordinaires, il demande qu'on le porte à l'académie pour y faire sa leçon de dialectique.

Cependant ses forces s'affaiblissaient de jour en jour. Ne pouvant souffrir aucune position, à cause son extrême faiblesse, il voulut qu'on le plaçât sur une litière de voyage. «Ceci s'appelle un lit de voyage, dit-il; n'est-ce pas dans ce lit que je vais partir?» En effet, le 19 avril fut son dernier jour sur la terre.

Vers midi, on introduisit dans sa chambre le pasteur et les professeurs de Wittemberg. Il leur demanda la lecture de ses morceaux favoris de l'Ecriture sainte; c'étaient les psaumes 24, 25 et 26, le chapitre 33 d'Esaïe, la prière sacerdotale et le 5me chapitre de l'épître aux Romains. Les dernières paroles intelligibles qu'il prononça furent celles-ci: J'ai toujours présenté à mon esprit ces paroles de Jean sur le Fils de Dieu: «Le monde ne l'a pas reçu, mais à ceux qui l'ont reçu, il a donné le privilège de devenir enfants de Dieu.» Après quoi, ajoutent ses biographes, il remua les lèvres environ un quart d'heure, comme s'il eut continué en lui-même ses pieuses réflexions. A ce moment, son gendre s'approcha pour lui demander s'il voulait quelque chose: «Rien, dit-il, que le ciel.» Quelques minutes après, son âme entrait en possession de cette paix éternelle après laquelle il avait tant soupiré pendant sa vie.

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Il faut quitter tout cela.

Brienne, le secrétaire de Mazarin, surprit une fois le cardinal, presque à la veille de sa mort, errant la nuit dans sa galerie de tableaux. «Je l'entendis venir, dit-il dans ses Mémoires, au bruit que faisaient ses pantoufles qu'il traînait comme un homme fort languissant et qui sort d'une grande maladie. »

Je me cachai derrière la tapisserie, et je l'entendis qui disait : « Il faut quitter tout cela ! » Il s'arrêtait à chaque pas, car il était très faible, il se tenait tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, et jetait les yeux sur l'objet qui lui frappait la vue; il disait du plus profond de son coeur : « Il faut quitter tout cela». Et, en se tournant, il ajoutait: «Et encore cela! Que j'ai eu de peine à acquérir ces choses. Puis-je les abandonner sans regret ?... Je ne les verrai plus où je vais ! »

Je fis un grand soupir que je ne pus retenir, et il m'entendit. « Qui est-là, dit-il, qui est-là ? C'est moi, Monseigneur... - Approchez, approchez, » me dit-il d'un ton fort dolent.

» Il était nu dans sa robe de chambre de camelot fourré de petit-gris, son bonnet de nuit sur la tête; il me dit : « Donnez-moi la main, je suis bien faible, je n'en puis plus...» et revenant à sa pensée: « Voyez-vous, mon ami, ce beau tableau du Corrège (c'était le Sposalizio) et encore cette Vénus du Titien, et ce Déluge d'Antoine Carrache, car je sais que vous aimez les tableaux et que vous vous y connaissez très bien. Ah! mon pauvre ami, il faut quitter tout cela ! Adieu, chers tableaux que j'ai tant aimés... »

Au seuil de l'heure suprême, ce prince de l'Eglise n'avait des regrets que pour les beautés de la terre.

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Voltaire et le cardinal de Berni.

Le 22 décembre 1766, Voltaire écrivait au cardinal de Berni: «... Pour moi, chétif, je fais la guerre jusqu'au dernier moment; je reçois cent estocades, j'en rends deux cents, et je ris. Je vois à ma porte Genève en combustion pour des querelles de bibus (1), et je ris encore, et, Dieu merci, je regarde ce monde comme une farce qui devient quelquefois tragique... Tout est égal au bout de la journée, et tout est encore plus égal au bout de toutes les journées. »

Et l'on sait que quand vint pour Voltaire «le bout de toutes les journées », tout ne lui fut pas égal. Pendant son agonie, ses cris et ses blasphèmes jetaient la terreur dans l'âme de ceux qui l'entouraient. Sa garde-malade déclara que pour rien au monde elle ne serait une seconde fois le témoin d'une fin aussi épouvantable.

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1 Querelles sans importance.

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La Bible à notre chevet.

Dans l'île de Whigt se trouve un monument érigé en l'honneur de la princesse Elisabeth, fille de l'infortuné Charles 1er Elle mourut de chagrin en 1656, prisonnière dans un château-fort. Sa statue de grandeur naturelle a ceci de spécial que la tête repose sur un livre ouvert. En effet, elle fut trouvée morte dans son lit, avec sa Bible ouverte devant elle; son doigt indiquait cette parole. du Sauveur: «Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai. »

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Mourir en paix.

Lorsque j'étais étudiant, le professeur Tholuck, que j'avais le privilège de connaître. me raconta l'anecdote suivante :

« Dans un voyage en Italie, dit-il, je fus conduit par un cocher dont la physionomie ouverte gagna ma sympathie. En le quittant, je lui demandai quel était le plus grand désir de son coeur. Sans hésiter, il me répondit d'une voix vibrante : « Morire in pace con Dio. » (Mourir en paix avec Dieu). Tel était le voeu suprême de cet homme simple, le voeu qui dominait et déterminait tous les autres. Le vieux Tholuck ajoutait que parmi toutes les choses belles et grandes qu'il avait vues et entendues en Italie, aucune ne l'avait autant ému et réjoui que la simple parole du cocher des Abruzzes. Ils sont tous frères, ceux qui désirent par-dessus tout mourir en paix avec Dieu.

(FUNCKE, Joseph.)

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Misère profonde !

C'était en 1848, au mois de mai. La révolution éclatait à Paris. Un homme à l'aspect misérable fuyait la foule agitée et tumultueuse, en s'appuyant péniblement sur une canne, pour gagner une des salles du Louvre. Toute personne qui connaît Paris, a vu la salle située au rez-de-chaussée de ce splendide édifice. C'est là que se trouve la superbe statue en marbre : la Vénus de Milo. Cet homme s'affaissa devant elle et des larmes amères inondèrent son visage. C'était Henri Heine, le génial poète allemand.

À le voir, on devinait sans peine tout un monde de douleurs. « Misère profonde, s'écria-t-il, ton nom est Henri Heine. » La source de cette détresse poignante se trouvait hélas! dans la convoitise du monde. Heine avait tout consacré à la recherche du plaisir mauvais, des jouissances charnelles: son corps et son âme, sa conscience et sa raison, son coeur et sa lyre. Il avait tout perdu : corps, âme, conscience, raison, coeur et génie.

(FUNCKE, Abraham.)

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Garfield.

Un des médecins qui ont opéré le président des Etats-Unis, raconte ce qui suit :

« Quand nous eûmes administré l'éther, et au moment où le président allait s'endormir, nous vîmes ses lèvres s'agiter. Nous penchant alors pour entendre ce qui pouvait être ses dernières paroles, nous l'entendîmes prononcer, faiblement mais distinctement, ces mots de la prière du Seigneur: « Ton règne vienne. Ta volonté soit faite ! »

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Belle mort d'un prince allemand.

On sait que le jeune duc Frédéric-Guillaume de Mecklembourg-Schwerin, frère cadet du duc régnant, a récemment péri en mer près de Cuxhaven, dans une tempête qui a renversé le torpilleur qu'il commandait. Fidèle jusqu'au bout à son devoir d'officier, il n'avait pas voulu songer à son salut personnel tant qu'une partie de l'équipage du navire était encore en danger de mort. Le chauffeur Leckebusch, un des réchappés du naufrage, raconte que, peu avant d'être englouti par les flots, le duc, s'adressant à ses hommes, leur disait: « Mes amis, tout est maintenant perdu ! prions une dernière fois ensemble ! Père, reçois nos âmes auprès de toi dans le ciel et donne-nous une mort rapide et facile !

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Que ta volonté soit faite.

Fénelon, archevêque de Cambrai, ayant appris la mort de son élève, le duc de Bourgogne, qu'il avait formé avec tant de soins pour le bonheur de la France, vint se joindre à la foule des seigneurs qui entouraient le cercueil en pleurant. Il resta quelque temps plongé dans une contemplation muette devant le cadavre. Enfin, il rompit le silence en disant : « Ici repose mon prince bien-aimé, pour qui j'avais toute la tendresse d'un père. Et j'étais bien payé de retour, car il m'aimait, lui aussi, avec le dévouement d'un fils. Le voilà mort, et avec lui a péri tout mon bonheur ici-bas. Cependant, s'il ne fallait que remuer une paille pour le ramener à la vie, je ne voudrais pas soulever cette paille contre la volonté de Dieu. »

Simple et belle parole! Puissions-nous tous prononcer dans le même sens cette demande: Ta volonté soit faite !

(MONTANDON, Oraison dominicale.)

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Le sceptique devant la mort.

En mars dernier, Sébastien Faure a fait une conférence à Millau, dans l'Aveyron. Avec esprit et talent, il s'est moqué des espérances des croyants. «Votre félicité éternelle, leur a-t-il dit, nous vous la laissons. Cette terre, dont vous avez fait un enfer, nous voulons en faire notre paradis. Et dans ce paradis, il n'y aura pas, comme dans votre Evangile, beaucoup d'appelés et peu d'élus. Tous sont appelés et tous seront élus. »

A l'ouïe de ces affirmations, dit le journal Le Christianisme, une dame croyante, vêtue de noir, demanda la parole.

- Monsieur, dit-elle à l'orateur athée, êtes-vous père ?

- J'ai vingt-sept enfants, madame, répondit-il (faisant sans doute allusion à son orphelinat).

- Je vous demande, monsieur, si vous êtes père ?

- Je vous répète que j'ai vingt-sept enfants.

- Eh bien! monsieur, moi, je suis mère; j'avais un enfant qui faisait la joie et le bonheur de ma vie; j'ai perdu cet enfant. Voulez-vous m'expliquer comment je puis avoir le ciel sur la terre si vous ne me laissez pas seulement l'espoir de le retrouver un jour ?

- C'est Dieu qui vous l'a pris, votre enfant, dit d'un ton railleur, Sébastien Faure.

- Je vous demande, monsieur, de m'expliquer comment je puis avoir le ciel sur la terre sans mon enfant.

- C'est Dieu qui vous l'a pris, votre enfant, répéta l'orateur, sur le même ton doucereux et moqueur.

- Je vous demande, monsieur, de m'expliquer comment je puis avoir le ciel sur la terre sans mon enfant, répéta sans s'émouvoir et avec une impressionnante insistance, la dame en deuil.

- Vous avez toute ma sympathie, madame, mais que voulez-vous que je fasse ?

- Monsieur, je vous remercie pour votre sympathie, mais elle ne me rendra pas mon enfant. Ce que je vous demande, c'est de m'expliquer comment je puis avoir le ciel sur la terre sans mon enfant.

Alors une véritable rage s'empara de Sébastien Faure. Fermant les poings, et avec un rictus sauvage sur sa face, il rugit littéralement:

- Mais est-ce que je puis vous le rendre, votre enfant ? Est-ce que je puis faire un miracle ?

Avec une ténacité peu ordinaire et le plus grand calme, la dame répéta sa fatidique question:

- Je ne vous demande pas de faire un miracle, je vous demande de m'expliquer comment je puis avoir le ciel sur la terre sans mon enfant ? -

- Vous m'embêtez, répondit le grossier personnage, et il tourna le dos à la mère en deuil.

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Devant la mort.

A propos du naufrage du vaisseau anglais le Larchmont (150 victimes), les journaux ont reproduit ce détail:

«Une des deux survivantes raconte qu'au moment où le navire coulait, dix femmes étaient à genoux et qu'elles chantaient, paisibles au milieu de la terreur générale, le cantique très populaire dans leur pays:

Debout, sainte cohorte,

Soldats du Roi des rois. »

Ces femmes étaient naturellement des chrétiennes.

Quel exemple à retenir! Cette sérénité dans la prière, ce calme en un tel moment ! C'est, remarque le Bon Semeur, l'illustration de cet hymne de confiance qui est dans notre Bible, le psaume 46: «Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. C'est pourquoi nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée, quand les flots de la mer mugissent, écument, se soulèvent jusqu'à faire trembler les montagnes! »

(Cloche d'alarme, avril 1907.)



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