Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



GLANURES (1)


12. Bonté, douceur, bienveillance.

Ambroise Paré.

Le caractère aimable du grand chirurgien d'Henri IV ajoutait encore à la confiance que ses connaissances et son adresse lui avaient attirée. Officiers et soldats trouvaient chez lui les sympathies les plus cordiales avec les soins les plus éclairés. Sa bonté et sa douceur les charmaient ; ses bonnes paroles relevaient leur courage et aidaient à leur rétablissement. « J'ai pansé, Dieu te guérisse ! » telle était sa salutation habituelle, quand il venait de soigner un pauvre blessé.

Au cours de la campagne de 1552, qui donna Metz à la France, il manifesta, dans une circonstance particulière, toute sa charité chrétienne.

Un soldat s'étant écarté de sa compagnie, fut surpris par l'ennemi et criblé de coups d'épée. On le releva dans un état désespéré. Au moment de se mettre en marche, les officiers voulurent s'en débarrasser, comme d'un cadavre : ils ordonnèrent de creuser une fosse et (le l'y jeter. C'en était fait de ce malheureux, lorsque Paré intervint et demanda comme une faveur de le panser. On le lui abandonna. Il le plaça alors sur un lit couvert qu'il déposa dans une charrette. Il lui prodigua tous les secours de son art, pourvut à ses moindres besoins, avec la plus tendre sollicitude, et ne le quitta que complètement guéri. Comment s'étonner, après de semblables traits, de l'attachaient et de la reconnaissance que l'armée lui prodiguait!

(ABELOUS, Bienfaiteurs de l'Humanité.)

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Samuel Gobat.

Il y a environ cinquante ans, Samuel Gobat, l'ancien évêque de Jérusalem, alors envoyé comme missionnaire en Abyssinie, voulut s'embarquer à Malte. Le capitaine du vaisseau sur lequel il avait pris passage le supplia d'attendre une autre occasion, parce que l'équipage et les passagers menaçaient de faire au missionnaire protestant un mauvais accueil, contre lequel lui, capitaine, n'était pas en état de le protéger. - «Dieu me protégera! répondit tranquillement Gobat. C'est lui qui m'envoie en Abyssinie, et mon voyage est pressant. » Et il se rendit à. bord.

La prédiction du capitaine se réalisa. Pendant bien des jours, le pauvre missionnaire fut en butte à des tracasseries et à des ennuis sans nombre. Musulmans, incrédules et catholiques bigots s'unissaient pour le cribler de sarcasmes. Lorsqu'il traversait le pont, on allait même jusqu'à essayer du croc-en-jambe pour le faire tomber. Gobat supportait tout avec une patience héroïque qui ne faisait que rendre ses ennemis plus méchants. Un jour, le feu éclate à bord; tous les efforts pour s'en rendre maître sont vains; là flamme n'est pas loin de la soute aux poudres.

Hors de lui, le capitaine passe au milieu de son monde en disant: « Nous sommes perdus! le navire va sauter!» La désolation est bientôt à son comble. Imprécations, pleurs, cris et malédictions retentissent dans une effroyable confusion. Les uns blasphèment, les autres invoquent Allah, d'autres la Vierge et tous les saints. Personne ne prie véritablement, si ce n'est Gobat; car seul il a un

Dieu près duquel il se tient. Calme, intrépide, il s'avance vers le mât, se place au pied, et, tenant sa Bible de la* main gauche, lit d'une voix forte le psaume XLVI:

«Dieu est notre retraite, notre secours, notre force dans les détresses, et fort aisé à trouver... » Il savait que «soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur ». Contre toute attente, le feu s'arrête. Le navire est sauvé avec tous ceux qu'il porte.

Le lendemain, comme d'habitude, Gobat descend au salon pour déjeuner. A son approche, tous se lèvent, et un prêtre romain, naguère un de ses persécuteurs les plus acharnés, s'avance près de lui; Gobat, s'attendant aux taquineries accoutumées, rassemble tout son courage. Mais la scène avait changé. «Monsieur, lui dit le prêtre humblement, je suis chargé par mes compagnons de voyage de vous demander en leur nom et sincèrement pardon de tout ce que nous vous avons fait souffrir. Le calme que vous avez montré hier en face de la mort, tandis que nous étions au désespoir, nous a frappés, comme votre patience et la douceur que vous avez opposée à nos indignes moqueries. Oh ! dites-nous, nous vous en prions, dites-nous d'où vous tenez cette force de regarder la mort en face et de surmonter par l'amour la méchanceté des hommes! » L'heure de Gobat était venue: il annonça alors l'Evangile qu'il avait vécu jusque là ; et il eut la joie d'amener à Christ plusieurs des passagers, entre autres le prêtre dont nous avons parlé. Ceux-là même qui ne donnèrent pas leur coeur au Seigneur ne cessèrent, jusqu'au terme du voyage, d'entourer son fidèle témoin du plus profond respect, et ils considérèrent dès lors bien différemment le christianisme. Ainsi c'est l'incendie qui avait dû révéler aux gens du navire qu'ils avaient à bord un homme de Dieu.

(FUNCKE, A l'école de Dieu).

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Un trait d'Abauzit.

Ce Genevois érudit du XVIIIme siècle est resté célèbre par sa douceur, son humilité, sa patience autant que par sa science consommée et sa mémoire admirable. Sa servante jeta un jour au feu, sous prétexte qu'il était jaune et sale, le papier sur lequel Abauzit notait depuis* vingt-sept ans ses observations sur le baromètre. Le savant se croisa les bras, lutta un instant contre sa juste fureur, et dit du ton le plus calme : « Vous avez détruit vingt-sept ans de travail ; à l'avenir, ne touchez à rien dans ce cabinet. »

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L'amour des petits.

Le missionnaire Robert Moflat soupait un soir chez un jeune et riche fermier boër. Il fut invité à présider le culte (le famille. Les esclaves hottentots ne furent pas appelés. R. Moflat, qui avait travaillé au milieu d'eux et qui en avait vu plus d'un vivre d'une belle vie chrétienne, demanda qu'ils pussent participer au culte.

- Les Hottentots ! s'écria le Boër indigné ; j'irai plutôt appeler dans les montagnes les babouins ; ou plutôt, j'ai ce qu'il faut : Mes fils, appelez les chiens qui sont devant la porte. C'est ça !

Le missionnaire ne dit plus rien, mais fit chanter et prier, puis lut la Bible, choisissant l'histoire de la femme syrophénicienne et mettant un accent spécial sur le mot de « chiens. » Aussitôt le fermier l'interrompit :

- Monsieur veut-il s'asseoir et attendre un peu, il aura les Hottentots!

Ils furent appelés et plus d'un vit pour la première fois l'intérieur de la maison de son maître.

Quand ils furent sortis, le fermier dit :

- Vous avez pris un dur marteau et vous avez brisé un coeur dur!

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Douceur chrétienne.

Le pieux baron de Kottwitz offrait à bas prix des chambres dans sa maison à des étudiants peu

fortunés et comptait parmi ses hôtes un jeune homme., remarquablement doué, mais libre-penseur, qu'avait attiré dans cette demeure consacrée à Dieu l'avantage terrestre plutôt que toute autre chose. A vrai dire, le piétiste, chez lequel il avait élu domicile, lui était franchement antipathique.

Un soir, l'étudiant rentrait au logis fort tard et de mauvaise humeur. Ne trouvant pas son tire-bottes, il s'oublia jusqu'à remplir la maison de vociférations. Soudain, une porte s'ouvrit, le vieux baron parut et s'informa d'une voix calme des désirs du jeune homme.

Quelque peu intimidé, l'étudiant eut à peine avoué la cause de son mécontentement, que M. de Kottwitz vint lui apporter le tire-bottes dont il se servait lui-même, en disant d'un air souriant :

« En voici un, Monsieur. »

C'en fut trop, cette fois, pour le perturbateur.

« Monsieur le baron, balbutia-t-il avec confusion, d'où vous vient tant de calme et de douceur? » - « De la part de mon Seigneur Jésus-Christ, reprit le vieillard. Et maintenant, bonsoir, monsieur Tholuck. »

Cette nuit-là, M. Tholuck, - car l'étudiant n'était autre que cet homme destiné à être dans la suite, une gloire de l'université de Halle et un instrument choisi entre les mains de Dieu, - ne trouva ni repos, ni sommeil. Semblable à Nicodème. il avait appris et compris cette parole du Maître : En vérité, en vérité, je te dis que si un homme ne naît de nouveau. il ne peut voir le royaume de Dieu.

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A propos d'Abraham et de Lot.

Un officier de hussards, l'un des héros de Frédéric le Grand, entre un jour au galop de son cheval dans la cour d'une ferme et exige qu'on lui indique immédiatement un champ d'avoine, pour que ses hommes puissent fourrager. Le fermier s'offre pour le guider, la troupe part et bientôt on arrive près d'un champ superbe. Déjà l'officier allait commander : « Halte », mais le cultivateur le prie de faire quelques pas de plus. Peu d'instants après, ils découvrent un autre champ d'avoine moins beau que le premier. « Avoue franchement, dit alors l'officier avec ironie, que l'autre champ là-bas t'appartient et que tu as voulu le préserver?,» - « Non, Monsieur, répond le cultivateur avec modestie, l'autre champ est à mon voisin, mais celui-ci m'appartient. » Le cultivateur disait vrai, il songeait plus à son voisin qu'à lui-même, c'était un «Abraham » en Silésie

(FUNCKE, Abraham.)

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Garibaldi.

En marche avec ses troupes. Garibaldi rencontra un berger affligé de ce qu'il avait perdu un agneau! « Aidons à ce pauvre berger à retrouver son agneau, dit-il.» Avec des lanternes et des torches, les soldats explorèrent la montagne, mais en vain : lorsqu'il fut tard dans la nuit, ils regagnèrent leur campement. Le lendemain, Garibaldi fut trouvé endormi, assez tard dans la journée. On dut pour nue raison ou l'autre l'éveiller. et ou apprit alors qu'il n'avait pas abandonné la recherche. lorsque les soldats y renoncèrent, mais qu'il avait cherché dans la nuit jusqu'à ce qu'il eût trouvé l'agneau. En effet. il repoussa la couverture de sa couche et montra l'agneau retrouvé qu'il ordonna de rendre aussitôt ait pauvre berger.

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Pour les oisillons.

Un soir de printemps, l'avocat Lincoln, le futur président des Etats-Unis, se promenait à cheval avec quelques amis aux environs de Springfield ; tout à coup, on entendit dans l'herbe, au bord de la route, des piaillements lamentables... C'étaient deux oiselets encore sans plumes. tombés du nid, à moitié morts de froid et de faim et qui criaient leur détresse à leur manière... Lincoln s'arrêta, descendit de cheval, ramassa avec précaution les pauvres bestioles, chercha du regard l'emplacement de leur nid, puis, grimpant agilement à l'arbre d'où ils étaient tombés et se hissant de branche en branche, il les reposa tout doucement dans leur demeure aérienne. Après quoi, il rejoignit ses amis qui le plaisantèrent sur son action. « Riez tant que vous voudrez, Messieurs, » leur dit-il, « mais je n'aurais pas pu dormir cette nuit si j'avais abandonné ces pauvres oiseaux ; leurs cris auraient sans cesse résonné à mes oreilles. »

(YVONNE PITROIS, Abraham Lincoln.)

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Penché vers la souffrance.

Rencontrant un jour un homme tombé sur le, pierres, Arnold Bovet, pasteur à Berne, alla vers lui et reconnut qu'il avait trop bu :

- Pourquoi êtes-vous couché là. mon ami ?

- Cela m'est bien égal.

- Mais comment en êtes-vous venu jusque-là, pauvre malheureux, ne voulez-vous pas me le raconter ?

Touché par tant de bienveillance, le buveur raconta son histoire. Le pasteur était penché sur lui, et l'écoutait attentivement, tandis qu'une grosse larme tombait de sa paupière sur le malheureux :

- Vous pleurez à cause de moi. Je ne sais pas trop mauvais pour vous;

Puis il ajouta en soupirant': Je veux croire que je puis devenir un autre homme.

Bovet lui aida à se lever. Et l'on vit ce spectacle louchant : le respectable pasteur bras dessus, bras dessous avec le pauvre ivrogne, traversant les rues de la ville. Mais les Bernois n'en riaient pas. Ils connaissaient leur pasteur pour l'avoir vu à l'oeuvre. Le pauvre buveur est devenu un enfant de Dieu et cette larme de pitié avait été le premier appel à la conversion.

(D'après l'Etoile du matin.)

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Compassion.

Je remarquais dernièrement le soin avec lequel un conducteur de tramway aidait une dame âgée à descendre de voiture. Je lui demandai qui était cette dame.

- «Je ne sais pas son nom », répondit-il, «mais c'est un ange! Ce matin, j'ai vu mourir mon unique enfant. J'ai dû quitter son lit de mort pour aller à mon travail et tout le jour je n'ai pu parler de ma souffrance à personne. Les messieurs, et les dames qui montaient dans le tramway ne voyaient en moi qu'une machine faite pour donner des billets. Enfin vint cette dame, elle me regarda avec attention et me demanda ce que j'avais pour être si triste. Personne ne s'était avisé de me faire cette question. Je pus tout lui raconter. Elle me serra la main sans rien dire, si grande était sa compassion, et des larmes coulèrent le long de ses joues. » Le conducteur pleurait lui-même en me racontant la chose.

Ah! pourquoi traitons-nous les employés comme des machines? Pourquoi n'avons-nous jamais un mot cordial à l'adresse du facteur on du messager du télégraphe, tout occupés que nous sommes des missives qu'ils nous apportent. Que le monde serait plus beau et Plus lumineux si chacun prenait à coeur la recommandation apostolique: « Que votre douceur soit connue de tous les hommes. »

Quand vous sonnez chez une de vos connaissances et, que pour la vingtième fois peut-être, la servante vient ouvrir, quel bien ne lui feriez-vous pas en la saluant amicalement avant de demander ses maîtres ?

(FUNCKE, Joseph.)

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Un bon fils.

Pendant des manoeuvres d'artillerie à Bière, on s'aperçut qu'un soldat envoyait fréquemment du pain à sa famille. Malgré les excellents renseignements recueillis sur son compte, on se demandait si ces envois n'étaient pas le produit de vols. Interrogé par son colonel, le, soldat avoua, non sans hésitation, qu'étant le seul soutien de sa mère veuve et de ses soeurs, auxquelles son absence imposait de grandes privations, il s'efforçait de leur venir en aide en leur envoyant son pain. Pour lui, il mangeait le pain abandonné ou jeté, par ses camarades.

Le colonel, vivement ému, raconta, le lendemain, l'histoire aux officiers. Une collecte fut faite entre eux. Le produit en fut remis, en leur présence, au brave garçon, qui pleurait et riait en même temps. « Voilà, dit le colonel à ses officiers, le meilleur soldat et le meilleur fils que je connaisse. »

(Semaine religieuse)

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Un Noël chrétien.

M. le past. Houter, de Marseille, cite, dans le journal, le Relèvement, une lettre qui lui a été écrite par un pauvre ouvrier. Pour remercier Dieu de lui avoir procuré du travail, il déclarait qu'il voulait fêter Noël en chrétien et ajoutait ces paroles : «Si vous connaissez deux malheureux qui soient embarrassés, le 24 décembre au sujet de leur souper, adressez-les moi, je les recevrai à ma table. Je ne suis pas riche, mais ce que j'ai, je le donne de bon coeur, au nom et sous le regard de Dieu. Voici mort menu : soupe aux choux et au fromage, saucisse, peut-être un peu de dessert et une tasse de café. » M. Houter n'eut pas de peine à trouver des convives. Il alla prendre l'un dans la solitude de soit pauvre logis, et il trouva l'autre dans le chantier que l'Assistance par le travail a ouvert aux ouvriers non employés. Ni l'un, ni l'autre ne se firent tirer par l'oreille. - Certes! le brave chrétien qui les invitait avait bien compris les leçons de la fête de Noël.

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Pourquoi es-tu si triste?

Sur l'un des ponts de la Tamise, à Londres, se tenait un homme à l'expression désespérée. Il regardait le courant. Son intention était de se précipiter dans le fleuve, dès qu'il pourrait le faire sans attirer les regards. Il y avait là une toute petite fille de cinq ans dont le père s'était arrêté pour causer avec un ami. Les yeux de l'enfant étaient fixés sur cet homme. Tout à coup, elle lâcha la main paternelle pour courir vers le désespéré. S'adressant à lui, elle lui dit avec un accent qui allait au coeur : « Pourquoi es-tu si triste ? » Et l'homme fut remué jusque dans les dernières profondeurs de soit être. Il eut honte de son projet de suicide. Il se résolut à rentrer dans la vie, à l'aimer. L'instant d'avant, il était de ceux qui « n'ont personne. » Maintenant il avait quelqu'un. La sympathie de cette petite fille avait suffi pour le relever, pour faire luire de nouveau a ses yeux la divine espérance. Quelqu'un a écrit: «Le sentiment qu'on n'est point abandonné, agit avec plus de puissance que tous les reproches. Il attise vivement la flamme du bien &ans les âmes. » Que c'est vrai ! Les reproches, fussent-ils justifiés, irritent profondément. Ils laissent de l'amertume, lorsqu'ils ne sont pas inspirés par l'amour. La tendresse, l'affection ont rarement manqué leur effet sur l'âme humaine.

(FUNCKE, Toi et ton âme.)

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Un coeur gagné.

Dans un vallon solitaire, vivait une femme vieille comme les pierres. Quoiqu'elle eût déjà quatre-vingt-dix ans, elle savait encore très bien ce qu'elle voulait.

Quand je la visitai pour la première fois,, je la trouvai dans son lit, je lui adressai la parole, mais elle se tourna du côté de la muraille et ne me répondit pas un mot.

Quelques mois plus tard, pendant la saison des foins, me trouvant dans le voisinage de cette vieille femme, je me sentis poussé intérieurement à aller la voir. Elle était assise dans son lit, rouge de colère. Cette fois-là, ce fat elle qui parla la première pour exhaler sa fureur, contre les membres de sa famille qui étaient partis pour les foins sans lui préparer son café. Je pensais à ma mère et je répondis: «Chère bonne grand'mère, le mal est facile à réparer, je vais faire votre café. »

Elle me regarda d'un air narquois, presque méprisant, comme pour me dire:

« Toi, faire du café! »

Mais le fils de ma mère réussit à mener la chose à bien, quoiqu'il ne fût pas facile de trouver les ustensiles nécessaires dans ce ménage en désordre, et je présentai finalement à la vieille femme un café qui était à coup sûr meilleur que celui qu'elle buvait habituellement; il n'y manquait ni le sucre, ni la crème.

Elle avait suivi tous mes gestes avec une attention soutenue et une intime, satisfaction. Elle m'avait vu allumer le feu, poser dessus la casserole remplie d'eau, elle m'avait regardé moudre le café, chercher le lait, l'écrémer et lorsque j'arrivai enfin devant elle en lui disant:

«Bonne grand'mère, buvez maintenant », elle cacha sa tête, grise entre ses mains flétries et dit en sanglotant : «Oh ! comme je suis mauvaise! comme je suis mauvaise! »

Je compris peu à peu le rapport qu'il y avait entre mon café et cette confession, car la bonne vieille ajouta en baisant mes mains avec passion: «Je vois maintenant que vous êtes un homme de Dieu et que vous avez raison de prêcher que les hommes seraient perdus, s'ils n'avaient pas un Sauveur. »

J'avais donc touché le coeur de cette vieille femme en lui rendant ce petit service.

(FUNCKE, L'empreinte des pas, etc. ; 2e série).

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Le bon Samaritain.

Dans une maison d'éducation, les élèves avaient présenté, comme oeuvre dramatique, le bon Samaritain. L'un figurait l'homme attaqué par les brigands, un autre le sacrificateur, un autre le lévite, un autre le Samaritain,. d'autres les brigands. L'un deux, à quatre pattes, représentait l'âne du Samaritain. Quand on eut répété quelques fois la pièce , le garçon qui jouait le rôle du prêtre sans pitié, vint auprès du directeur. du pensionnat et lui demanda d'un ton suppliant: « Monsieur, laissez-moi faire l'âne, mais je ne veux plus absolument faire le sacrificateur ! »

On peut rire de cette histoire, mais ce n'est pas pour faire rire que je la rapporte ici. C'est un symptôme. Nous y voyons la preuve qu'en tout pays chrétien, on ne veut plus représenter le sacrificateur de la parabole.

Il n'est pas nécessaire pour cela de faire l'âne, mais n'est-ce pas un bon signe qu'on préfère passer pour l'âne, plutôt que pour un homme sans coeur et sans pitié, lors même qu'il serait un grand personnage ?

(FUNCKE, Jésus-Christ et la Bible)



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