GLANURES
(1)
6.- Courage moral.
La vraie
liberté !
Polycarpe, né
dans le dernier tiers du 1er siècle, connut
l'apôtre Jean et fut son disciple. Evêque de
Smyrne. il écrivit une lettre aux Philippiens; il fut
mis à mort en 154. Le proconsul romain lui dit
:
- Maudis le Christ et
je te rendrai la liberté.
Mais Polycarpe
répondit : «Il y a 86 ans que je le sers et il
ne m'a jamais fait que du bien ; comment pourrais-je maudire
mon Roi qui m'a sauvé?
- Ne sais-tu pas que
j'ai la puissance de te faire mourir ?
- Et moi, j'ai la
puissance de mourir
Voici sa prière
sur le bûcher : « Dieu tout puissant, Père
de ton Fils bien-aimé Jésus-Christ par lequel
nous avons appris à te connaître, je te
bénis de ce que tu m'as jugé digne dans ce
jour et à cette heure, de prendre rang parmi les
martyrs et de boire a la coupe de ton Christ pour la
résurrection en vie éternelle de mon corps et
de mon âme. Puissé-je être accepté
de toi comme nu sacrifice agréable ! Je te lotie, je
te bénis, je te glorifie pour tout ce qui m'arrive !
»
|
.
Brûlez vos vaisseaux.
Peu après la
découverte de l'Amérique., dans le courant de
l'année 1519, le capitaine espagnol Ferdinand Cortez,
à la tète d'une flottille et de quelques
centaines de soldats espagnols, débarquait à
Tabasco, dans une terre inconnue, qui se trouvait être
le Mexique.
Le roi, apprenant son
arrivée, et désireux de se concilier la faveur
de ces étrangers mystérieux, lui envoie une
ambassade chargée des plus riches présents,
or, pierres précieuses, étoffes animaux rares,
fruits exquis. Ces trésors l'ont comprendre à
Cortez ce qu'est la contrée à laquelle il
vient d'aborder. Ses regards et ceux de ses soldats
s'enflamment de convoitise. En un instant, son parti est
pris : il conquerra le ,\lexique. Avec sa poignée
d'hommes, il triomphera de cet immense empire. Mais il lui
faut des hommes décidés, résolus ; il
faut enthousiasmer les forts, décider les
indécis, couper aux autres tout moyen de retraite. Il
faut rompre les liens qui relient le coeur des soldats au
sol natal, à la patrie, à la famille, il faut
que la seule issue possible soit la victoire ; il faut tout
perdre afin de tout gagner.
Son parti est pris. et
tandis que sa petite troupe campe sur le rivage, que les
ombres du soir s'étendent sur ce continent
mystérieux, une fumée épaisse, puis des
flammes jaillissent de la petite flottille ; l'embrasement
devient général. et il ne reste bientôt
plus de ces navires que des carcasses calcinées.
Cortez a brûlé ses vaisseaux !
Au premier moment. un
cri de désespoir a retenti dans le camp espagnol.
Toute retraite est impossible ! Tous les liens sont rompus
avec la patrie, avec le passé ! Mais. en quelques
paroles, Cortez enflamme, le zèle de ses compagnons.
Il leur montre qu'il est impossible de reculer, que le seul
espoir de salut est la conquête de ce nouveau monde.
Il en fait miroiter devant eux les richesses. En un instant,
tous ces hommes sont devenus des héros ; un cri : En
avant ! est sorti de toutes les poitrines. La victoire est
à eux !
|
.
Ne crains
que Dieu.
Le principal du
collège de Rugby, ouvrant le pupitre d'un
élève décédé, y trouva
cette prière, écrite de la main du jeune
garçon : «0 Dieu, donne-moi le courage de ne
craindre que toi ! » Sans doute l'enfant s'était
trouvé aux prises avec les railleries, ou les propos
impies de camarades qui voulaient l'entraîner au mal,
et il avait dû leur tenir tête. Pour rester
fidèle au bien, il faut du courage, et ce courage, il
le cherchait dans l'obéissance à Dieu.
|
.
Scellez
vous-même votre édit!
Le chancelier Michel
de l'Hospital, pressé par Catherine de Médicis
de sceller un édit injuste, lui rapporta les sceaux :
Voilà vos sceaux, Madame, scellez vous-même
votre édit; pour moi, j'aimerais mieux mourir que de
le faire.
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.
Lequel de
nous est libre ?
Bernard Palissy, le
potier-artiste bien connu, fut, au temps d'Henri III,
jeté en prison pour sa foi. Le roi désirait
vivement garder ce sujet qui était le seul homme du
temps capable de lui fabriquer des majoliques de prix. Comme
toutes les intimidations et toutes les promesses ne
produisaient aucun effet, le roi se rendit en personne dans
la cellule du condamné et lui demanda d'abjurer
:
- Si vous ne le faites
pas, ajouta le roi, je me verrai forcé de vous
laisser condamner à mort.
- Sire, dit Palissy
avec dignité. Est-ce le roi de France que j'entends
dire : Je serai forcé'? Je ne suis qu'un pauvre
potier, un des plus petits sujets de votre Majesté,
mais aucune puissance au monde ne peut me forcer à
agir contre ma conscience. Vous êtes, un des plus
puissants maîtres de la terre et vous dites : Je suis
forcé ! Sire, lequel de nous deux est libre ?
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.
Souvenez-vous de Nantes.
En 1795, un jeune
soldat de la garnison de Nantes allait être
fusillé.
Etant ivre, il avait
rencontré un de ses chefs et, irrité de la
remontrance de ce dernier. il l'avait frappé. Saisi
et jeté dans un cachot, il fut appelé devant
un conseil de guerre et condamné à
mort.
Ce jeune soldat
s'appelait Cambronne ; après quelques mois de
service, il avait gagné déjà les galons
de caporal., et il semblait destiné à une
brillante carrière, que son funeste vice venait de
briser pour toujours. Le colonel résolut d'obtenir sa
grâce. Il va voir le représentant du peuple qui
se trouvait à Nantes, fait valoir les services rendus
par le jeune caporal, les espérances que donnent sa
bravoure et ses talents. et enfin il obtient la grâce
de Cambronne, à une condition, c'est que de sa vie il
ne s'enivrera plus.
Plein de joie. le
colonel retourne à la prison, et après un long
et sérieux entretien avec Cambronne, ce dernier lui
promet solennellement, non-seulement qu'il ne
s'énivrera plus, mais qu'il renonce au vin pour
toujours.
Bien des années
s'écoulent. Le jeune caporal fait son chemin dans les
armées impériales. Il commande la vieille
garde à Waterloo. Echappé au désastre,
il revient en France et se fixe à Paris.
Là vivait
aussi, depuis longtemps retiré du service et fort
âgé, son ancien colonel. Ce vieux militaire
invite le général Cambronne à
dîner, il rassemble avec lui d'illustres frères
d'armes et le fait asseoir à la place d'honneur.
Mais, au commencement du repas, au moment où il va
verser dans le verre de Cambronne mi vin qu'il
réservait pour les grandes occasions. Cambronne
l'arrête :
- Souvenez-vous de
Nantes ! lui dit-il. Dès lors, pas une goutte de vin
n'a touché mes lèvres, Je l'avais juré
et j'ai tenu ma promesse.
Le colonel n'insista
pas, mais il s'applaudit une fois de plus. d'avoir
conservé un tel homme à la France.
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.
Pléville.
A la fin de 1770, la
frégate anglaise l'Alarme fut jetée par la
tempête dans la baie de Marseille. Le, temps
était horrible, la nuit sombre, et le navire risquait
de se briser contre les rochers. Pléville, alors
lieutenant du port. rassemble à la hâte tous
les matelots qu'il rencontre. et les engage à porter
secours à la frégate étrangère.
Les matelots hésitent ; Pléville se passe une
corde autour du corps. fait attacher solidement un
câble à terre et se laisse glisser le long des
rochers battus par les flots eu fureur ; il lutte contre les
vagues qui le repoussent ; il gravit les roches dont les
aspérités le déchirent, et arrive
à la frégate. Alors il semble oublier les
périls qu'il a courus. pour ne songer qu'à
ceux de l'équipage anglais. Il ordonne des
manoeuvres. fait passer la frégate entre les
écueils. et parvient à la conduire au
port.
Cet acte de courage
est d'autant plus remarquable que Pléville avait une
jambe de bois. Il avait. eu la jambe droite emportée
par un boulet. Plus tard, étant enseigne, il perdit
sa jambe de bois dans un combat. Son capitaine l'ayant vu
tomber, lui demanda s'il était blessé : «
Non, dit-il en riant, le boulet n'a donné d'ouvrage
qu'au charpentier. »
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.
G.
Stephenson.
C'était en
1814. Un ouvrier arrive un jour en toute hâte chez
Stephenson, apportant la terrible nouvelle que la partie la
plus profonde de la mine est la proie des flammes.
Stephenson se rendit aussitôt à l'ouverture du
puits, rencontrant partout sur sa route des femmes, des
enfants qui, l'angoisse peinte sur leurs visages, couraient
également dans la direction de la mine. Dès
qu'il y fut arrivé, il donna d'un ton
énergique l'ordre de le descendre dans la galerie
enflammée. Il savait tout le danger auquel il
s'exposait; il lui en coûterait peut-être la
vie, mais cela ne l'arrêta pas. Parvenu a l'endroit du
sinistre, il s'avança vers les ouvriers à
demi-morts d'épouvante, en s'écriant : «
Y en a-t-il six d'entre vous qui aient le courage de me
suivre ? Qu'ils viennent : nous irons éteindre le
feu. »
Les mineurs avaient
toute confiance en Stephenson et le suivirent sans
difficulté. Dans chaque mine se trouvaient des
briques, du mortier et des outils en quantité
suffisante; on porta les matériaux nécessaires
aux endroits où le feu avait pris, et, sous la
direction de Stephenson, qui mit lui-même activement
la main à l'oeuvre, on éleva devant
l'entrée un mur épais. Ainsi, on
étouffa le feu avant qu'il eût pu
s'étendre davantage et on prévint un plus
grand malheur.
(ABELOUS, Bienfaiteurs de
l'Humanité).
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.
Jamais
vaincu !
A Strasbourg, sur une
des places de la ville, se trouve le monument du grand
maréchal Kléber.
Sur le socle sont
inscrits ces mots prononcés par l'illustre soldat :
«C'est par la victoire qu'on répond à de
pareilles provocations Soldats. préparez-vous au
combat ! »
Le brave
maréchal était eu Egypte, dans le plus grand
embarras en présence des Turcs et des Anglais. Il
paraissait impossible qu'il pût sortir de ce mauvais
pas. Les Anglais le sommèrent de se rendre ; nous
venons d'entendre la réponse qu'il fit, en passant la
revue de ses troupes. En effet, quoiqu'il parût perdu
à tout jamais, il entraîna ses braves
vétérans de victoire en victoire. jusqu'au
jour où il tomba traîtreusement
assassiné par un musulman fanatique.
(FUNCKE. Jésus-Christ et la
Bible).
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.
Je ne veux
pas vous le dire.
Pendant la guerre
sud-africaine, un détachement anglais reçoit
l'ordre d'aller surprendre des soldats boers postés
dans une ferme. Quand la maison est cernée, il est
trop tard, les Boers se sont éclipsés. On ne
trouve, à l'intérieur, qu'un garçon de
douze ans. Le capitaine va droit à lui.
- Des soldats boers
campaient ici il y a quelques heures. lui dit-il.
- Oui.
- Combien
étaient-ils
- Je ne vous le dirai
pas.
- Où sont-ils
allés ?
- Je ne vous le dirai
pas.
- Attends, je saurai
bien te faire parler.
L'officier ordonne
à ses hommes de sortir l'enfant et de l'appliquer
contre le mur de la ferme. Après quoi huit soldats le
mettent en joue, le doigt sur la détente de leurs
fusils. Le moment est tragique : si le petit Boer ne parle
pas. il est fusillé.
Une dernière
fois. le chef anglais l'interpelle :
-Tu vois ce qui
t'attend si tu ne réponds pas à mes deux
questions. Combien étaient-ils et où sont-ils
allés ?
Tranquillement, le
jeune garçon se croise les bras, regarde l'officier
bien en face et répond
- Je ne veux pas vous
le dire.
Alors le capitaine
lève la main et... la tend au courageux petit homme
en lui disant :
- Mon garçon,
l'Angleterre salue eu toi un héros ; nous ne te
ferons point de mal.
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7.- Reconnaissance
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Heures de
soleil.
Il est tout
dégradé, ce vieux cadran solaire
Effacé par le
temps. il dort d'un boit sommeil ;
Mais ou
déchiffre encore ces mots, gravés sur pierre:
Je marque seulement
les heures de soleil.
Veux-tu nous
enseigner. ô vieux cadran solaire,
A laisser de
côté les moments ténébreux,
Mais à nous
souvenir de ces jours de lumière
Où nos coeurs
ont battu, dilatés et joyeux ?
Comment faut-il s'y
prendre. ô vieux cadran solaire
Pour marcher comme
toi, sans s'égarer jamais ?
Car sais-tu ? trop
souvent nous faisons le contraire:
Oubliant les beaux
jours. nous comptons les mauvais.
Nous comptons les
mauvais. Ô vieux cadran solaire
L'orage disparu, nous
nous en souvenons,
Tandis que nous avons
la mémoire légère
Pour le rayon
doré qui vint baiser nos fronts.
Et nous vivons dans
l'ombre, ô vieux cadran solaire !
Nous portons notre vie
ainsi qu'un poids pesant,
Et les fleurs du
passé demeurent en arrière.
Sains que nous les
prenions pour orner le présent.
Désormais nous
voulons, ô vieux cadran solaire
Adopter ta devise et
suivre ton conseil :
Au moment du nuage,
espérer et nous taire
Et marquer chaque jour
les heures de soleil.
|
.
Ingratitude
païenne.
Un des missionnaires
moraves de l'Himalaya, M. Heide. raconte le trait suivant
:
« J'accompagnais
dans son voyage à Spitti. un haut fonctionnaire
anglais, et nous avions comme d'habitude dans ces voyages de
montagne. des porteurs, hommes et femmes, pour nos bagages.
Deux de ces dernières furent entraînées
par la rapidité du courant au passage d'un fleuve et
l'Anglais, se jetant au même instant à l'eau,
réussit à sauver l'une d'elles, cri la
saisissant. par les cheveux, taudis que l'autre avait
déjà disparu. Mais les forces firent
défaut au généreux sauveteur avant
qu'il eut atteint le bord, et ce fût à
grand'peine que l'on parvint à les retirer de l'eau.
l'un et l'autre sans connaissance.
Comme
témoignage de reconnaissance envers Dieu qui l'avait
protégé, le commissaire fit construire un pont
en cet endroit. - Et la femme, que fit-elle ? Quelque temps
après, elle vint chez celui qui lui avait
sauvé la vie au péril de la sienne, non point
pour lui apporter quelque preuve de sa reconnaissance. - un
tel sentiment était entièrement inconnu
à la pauvre idolâtre - mais pour,
réclamer la valeur de la parure qu'elle portait dans
les cheveux au moment où elle était
tombée à l'eau ! - Renvoyée comme elle
le méritait pour une pareille conduite. elle donna
essor au fiel de son mauvais coeur, par les plus
grossières injures à l'adresse de son
libérateur. Comment la reconnaissance pour le grand
Libérateur qu'on ne voit pas des yeux de la chair
pourrait-elle trouver accès dans une âme ainsi
disposée!
|
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La vieille
Morosi.
Morosi, pauvre femme
zoulou, échouée au Lessouto, était
déjà vieille quand elle reçut le
message du salut. Du jour où, convaincue de son
péché, elle eut trouvé en Jésus
son Sauveur. elle se sentit tenue de faire quelque chose
pour les serviteurs de Dieu qui lui avaient apporté
la bonne nouvelle. Mais comment leur témoigner sa
reconnaissance, elle. pauvre et brisée ?
L'idée lui vint
qu'elle pourrait balayer la cour de la maison missionnaire
et dès lors. armée de son balai, elle venait
chaque jour balayer et rebalayer. Quand ou lui disait :
«Morosi, repose-toi, tu as bien balayé », -
« Non », avait-elle l'habitude de répondre.
«il faut que ce soit beau comme la maison d'un Chef.
Notre père représente le grand Chef du ciel.
»
Le jour où
devaient se payer les contributions d'église
arrivait-il. Morosi était toujours la première
à apporter sa cotisation. - «Morosi». lui
dit un jour la femme du missionnaire, «toi, la plus
pauvre, tu es toujours la première à apporter
ton argent? «Oui. mère», fut la
réponse, de la vieille. «c'est parce que je suis
la plus pauvre que je me hâte de le donner pour que je
ne risque pas de mettre à autre chose la part du
Seigneur.» -
Et pourtant Morosi
restait triste, abattue. « Qu'as-tu donc Morosi »,
lui demanda enfin le missionnaire! - « Oh, père
! je ne sais pas prier! C'est inutile, je ne peux pas, c'est
trop difficile. » - «Mais comment, ne sais-tu pas
que, tu peux tout dire a Jésus ? » - «Non,
maître. c'est inutile ; le sessouto n'est pas ma
langue, je ne peux pas prier en sessouto ; j'ai
essayé, essayé, je suis trop vieille et ma
tête est trop dure. » - «Mais, Morosi.
pourquoi ne pries-tu pas en zoulou?», - «
Maître, est-ce que je peux prier en zoulou? Est-ce que
Dieu comprendra la vieille Morosi priant en zoulou?» -
Et depuis ce jour, Morosi a été heureuse :
elle a prié en zoulou et son humble vie n'a
guère été qu'une prière. Tout en
balayant. elle priait et chantait, toujours pleine d'une
seule ambition. celle de faire de son mieux les plus humbles
devoirs.
Une fois,
obéissant à d'instantes invitations, elle
était allée voir ses enfants encore
païens. Mais le soir même, elle revint cri disant
: «Non. je ne peux pas m'éloigner» de mes
maîtres. » Peu après, elle arrive un matin
comme d'habitude avec son balai : «Mère, voici
mon balai, je ne peux plus ! Morosi n'a plus de force.
» - Et Morosi s'est couchée pour s'endormir
quelques jours plus tard, dans les bras de son Sauveur.
«Je n'ai plus besoin de prier. je n'ai plus besoin de
chanter. tout cela est fini, mais tout est si beau ».
telles ont été ses dernières
paroles.
(Journal de l'Unité des
frères).
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.
Dans un
hospice.
Dans une ville qui
m'est bien connue. raconta un jour le baron Jasper
d'Oertzen, décédé, à Hambourg en
1891. se trouve un hospice destiné aux vieillards
infirmes. A l'ordre du jour des conversations de la maison
étaient les plaintes et les récriminations
roulant sur la nourriture les lits, les chambres et mille
autres détails. quand l'asile changea de directrice.
La nouvelle venue, femme qui avait le coeur à la
bonne place, commença par écouter sans mot
dire. Puis, groupant autour d'elle les pensionnaires :
« Ecoutez. dit-elle. mes bons vieux, j'apprends que. du
matin au soir. vous vous plaignez de ce qui ne vous va pas.
Continuez, si vous le voulez, mais voici une proposition que
je vous ferai. Qu'en pensez-vous ? Si une fois par mois,
à une heure fixe. vous cessiez vos murmures pour vous
souvenir avec reconnaissance de tout ce qui vous reste de
bon ?» - Les malades. quoique un peu
étonnés à la pensée qu'il
pût y a voir. même pour eux. de quoi rendre
grâces. consentirent cependant à la proposition
de la soeur. Ce serait au moins un petit changement. coupant
la monotonie de leur vie, se dirent-ils.
Le jour et l'heure
fixés, tous attendirent, non sans une certaine
émotion, le premier culte d'actions de grâces.
On chanta et la directrice prononça une
prière. Prenant la parole, elle bénit avec
effusion le Seigneur de toutes ses bontés pour
l'âme et le corps de ces vieillards, des quelques
forces qu'il leur avait laissées, des nombreux
privilèges dont il les faisait jouir de
préférence à tant de pauvres,
privés de nourriture, de vêtement et de
logement, et surtout de la miséricorde
signalée qu'il leur avait témoignée
à tous dans l'oeuvre de Jésus-Christ, le
Sauveur.
«Quelqu'un
d'entre vous aurait-il un mot à ajouter ?
demanda-t-elle après avoir fini. je suis certaine
d'avoir oublié plus d'un sujet de reconnaissance.
» - Mais personne n'eut plus rien à dire et la
réunion, qui avait à peine duré une
heure. fût déclarée close. «Et
voulez-vous que nous nous réunissions de nouveau dans
un mois? » fit la soeur, avant qu'on se
séparât. Un oui unanime partit de toutes les
bouches. Chacun n'avait-il pas été
frappé d'avoir découvert tant de choses dont
on pouvait se montrer reconnaissant?
Au second essai
déjà, plus d'un membre de la
société réunie dans l'hospice se
souvenait de quelque détail passé sous silence
la première fois. digne d'un mot de gratitude envers
Dieu. et la soeur ne manqua pas de l'ajouter à sa
prière. C'est ainsi que, de mois en mois,
augmentèrent les sujets d'actions de grâces.
Bientôt les vieillards eux-mêmes se dirent qu'on
ferait bien de se retrouver plus souvent. et pour le moins
tous les quinze jours en la présence du Seigneur.
Puis, jouissant de plus en plus du bonheur qu'éprouve
le coeur qui sait bénir son Dieu, ils
proposèrent de marquer chaque semaine par un culte de
louanges et d'adoration.
La soeur, cela va sans
dire. se rendit avec joie à là volonté
de ceux dont elle s'occupait, et la maison, bien vite,
changea complètement d'apparence. Disparus, à
très peu de chose près, les plaintes et les
murmures pour faire place au contentement d'esprit et
à la joie chrétienne !
Et le remède,
si efficace dans cet asile, ne serait-il pas excellent
ailleurs aussi, au sein de telle famille, de telle
association. de tel groupe d'infirmes et de malades?
(Armen
und Kranken freund).
|
.
Comment
cela va-t-il ?
Un jour, raconte le
pasteur Max Frommel, je rencontrais une bonne et pieuse
paysanne de ma première paroisse. A ma question :
Comment cela va-t-il ? elle répondit par un flot de
plaintes. Quelles peines et quels soucis que les siens !
Après l'avoir laissé dire : Chère
madame, repris-je, je vois qu'il faut en revenir au
catéchisme ; je vous questionnerai et, malgré
vos soixante ans,vous me répondrez.
- Qu'es-tu?
- Je suis
pêcheur.
- D'où sais-tu
cela ?
- Par les
commandements de Dieu que j'ai violés.
- Et que
méritent tes péchés ?
- La colère de
Dieu, la mort et la condamnation !
- Vous croyez tout
cela, poursuivis-je, et cependant je vois que Dieu vous a
donné le pain quotidien, le vêtement, nu brave
mari et des enfants bien portants. Vous possédez eu
outre les consolations de l'Evangile de Christ, les
lumières du Saint-Esprit, le culte public, la Bible,
les sacrements, et, par-dessus tout cela, Dieu vous offre le
pardon de vos péchés et vous promet la vie
éternelle. Bonne femme, que je vous le dise : Vous ne
méritez pas tant de bienfaits. - Sur quoi je m'en
allai.
Quelques semaines plus
tard, passant devant sa petite propriété, je
l'aperçus de nouveau : Eh bien ! lui criai-je,
comment cela va-t-il ? - L'oeil brillant de joie, rayonnante
de bonheur, elle nie fit cette réponse : Monsieur le
pasteur, je ne mérite pas tout ce qui m'est
donné !
|
.
Nos
richesses.
Un jeune homme se
plaignait un jour de Dieu en ces termes :
- Le bon Dieu envoie
aux autres des richesses, mais à moi, il ne m'a rien
donné ! Comment débuter dans la vie avec rien
?
Un vieillard qui
entendit sa plainte. lui dit:
- Es-tu si pauvre que
tu le crois? Dieu ne t'a-t-il pas donné jeunesse et
santé ?
- Je ne dis pas non,
et je puis être fier de ma force et de ma
jeunesse.
Le vieillard lui
prenant alors la main droite, lui dit :
- Voudrais-tu te la
laisser couper pour mille roubles ?
- Certes pas.
- Et la gauche
?
- Pas
davantage.
- Et consentirais-tu
pour dix mille roubles à devenir aveugle ?
- Que Dieu m'en
préserve ! Je ne donnerais pas l'un de mes yeux pour
une fortune !
- De quoi te plains-tu
donc ? dit alors le vieillard. Ne vois-tu pas que Dieu t'a
donné une immense fortune ? Va. et sois-en
désormais reconnaissant.
TOLSTOÏ.
|
.
Le «
livre de plaisirs.»
Beaucoup
d'écolières ont un journal intime. Elles
recueillent des souvenirs, des fleurs sèches, des
programmes de toutes sortes, quelquefois des photographies,
des pensées, et chaque chose rappelle quelque
heureuse circonstance.
Un livre d'un genre,
bien supérieur, c'était celui d'une aimable
vieille dame dont la figure sereine n'était jamais
troublée par une expression d'ennui ou d'irritation.
Elle était si paisible, qu'une jeune femme, d'humeur
irritable, en fut presque agacée et lui demanda un
jour son secret.
- Ma chère
enfant. répondit-elle, je tiens un livre de
plaisirs.
- Quoi donc ?
- Oui, un livre de
plaisirs. Déjà quand j'allais à
l'école, je prenais note chaque soir de tout ce qui
m'était arrivé d'agréable dans la
journée. Je n'ai écrit que les choses
agréables, et j'ai oublié les
désagréables le plus vite possible. Dans toute
ma vie, je ne puis me rappeler un seul jour, si sombre
fût-il, qui n'ait eu son rayon de joie. Il y a toutes
sortes de choses dans ce livre : une fleur, une course, un
concert, mie nouvelle robe, une belle pensée. un
témoignage d'affection de ma famille, que sais-je
encore ? Et quand je me sens découragée, je
lis quelque pages de mon livre et je vois alors combien j'ai
sujet d'être reconnaissante.
- Puis-je le
voir?
- Certainement.
Lentement, l'amie
maussade tourna les feuillets. Combien tous ces
détails paraissaient insignifiants, et pourtant
combien éloquents : « Ravissante vue de la
fenêtre. - Causé avec une aimable jeune fille..
- Reçu une bonne lettre d'une chère amie. -
Joui d'un magnifique coucher de soleil. - Mon mari me
rapporte quelques belles roses. - Première sortie de
mon fils après sa diphtérie. »
(La
bonne revue.)
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