Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



GLANURES (1)


5. - Conscience et fidélité.

Il le faut !

Calvin était fort jeune quand il vint à Genève pour la première fois, alors que cette ville était agitée par les débats de la Réformation. Il n'avait nullement l'intention d'y rester. Seul dans sa chambre d'auberge, il comptait repartir le lendemain matin, lorsque tout à coup, dans la soirée, Farel, premier prédicateur évangélique à Genève, ouvre la porte et entre.

Farel, véritable Elie par l'énergie et la force. veut d'abord convaincre affectueusement le jeune Français de demeurer à Genève et de travailler avec lui à l'oeuvre de la Réformation. Calvin résiste avec plus d'opiniâtreté que ne le fit Moïse à l'appel de Dieu.

« Je suis trop jeune, dit-il, trop faible, trop inexpérimenté, trop timide, il faut que j'achève mes études. »

Telles furent ses excuses.

Alors Farel, levant la main. s'écrie d'une voix retentissante :

« Je te déclare au nom du Dieu vivant que si tu refuses ton concours à l'Eglise dans sa grande détresse, Dieu te maudira, toi et tes études ! »

Que fit Calvin ? Cet homme à la volonté de fer. d'une indépendance extraordinaire. cet homme., dis-je, le raconte plus tard :

« Saisi d'une terreur indescriptible, je sentis tomber aussitôt toute résistance de ma part. »

0. FUNCKE. (Comment connaître la volonté de Dieu.)

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Je n'ouvrirai pas.

Ce qui est nécessaire à notre temps et à tous les temps, ce sont des hommes qui font leur devoir sans broncher, quelle qu'en soit la conséquence, et sans se demander s'ils recueilleront la reconnaissance ou l'ingratitude. De tels hommes sont les piliers de la société humaine.

Il y a quelque quatre-vingts ans, un paysan anglais vit une chasse nombreuse qui se préparait à passer à cheval sur son champ récemment ensemencé. Il ordonna à son jeune domestique d'y courir en hâte, de fermer la porte et de ne l'ouvrir à aucune condition. A peine le jeune garçon avait-il consolidé la barrière que les cavaliers s'arrêtaient de l'autre côté, exigeant qu'on leur livrât passage. Mais ni prières, ni menaces ne purent engager l'enfant à ouvrir la porte. Enfin le principal chasseur s'avança et dit:

- Ecoute mon garçon; je suis le duc de Wellington ; j'ai vaincu l'empereur Napoléon, et je ne suis pas habitué à rencontrer de la résistance. Tu vas m'ouvrir immédiatement!

Le jeune domestique ôta son bonnet et regarda avec admiration et respect l'homme qui avait dompté le grand conquérant. Mais il répondit d'une voix ferme :

- Le duc de Wellington sera le dernier à vouloir empêcher un homme de remplir son devoir. Je n'ouvrirai pas.

Que fit le duc? Il 'souleva légèrement son chapeau devant le jeune garçon, et, faisant faire volte-face à son cheval, il dit à ses compagnons :

- Donnez-moi quelques milliers d'hommes comme ce garçon-là, et je me charge de vaincre avec eux non seulement la France, mais le monde entier.

Sans nul doute, le duc connaissait le monde, ainsi que les forces et les puissances qui y remportent le succès.

(FUNCKE, Aux parents.)

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Des volontaires !

Le duc de Wellington avait besoin de volontaires pour une dangereuse entreprise. Il dit à ses hommes : Voici une affaire qui peut signifier la perte de la vie, mais cela signifiera aussi la faveur de la reine. Je désire demander à ceux d'entre vous qui veulent faire ce service volontairement, de s'avancer et de sortir de la ligne. Pour vous laisser plus de liberté, je tourne le dos.

Lorsque le duc se retourna au bout d'un instant, il vit la ligne aussi compacte qu'avant. Des larmes lui vinrent aux yeux, il deit: Soldats, j'ai le coeur brisé ; je ne croyais pas devoir faire appel à tel d'entre vous, mais je pensais qu'il y en aurait quelques-uns de bien disposés. - Alors, un officier, saluant, lui dit : Général, toute la ligne s'est avancée.

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Il a aussi sa mère.

Un vaisseau faisait récemment naufrage en vue du Schleswig. Grâce au courage des habitants de la côte, les hommes de l'équipage, réfugiés dans les mâts et les vergues, furent sauvés. Toutefois l'un d'entre eux avait dû être laissé, dans sa position difficile, parce qu'il n'y avait pas de place pour lui dans la chaloupe de sauvetage, déjà trop pleine.

Quand le bateau arriva au rivage, survint le batelier qui avait coutume de diriger les expéditions de sauvetage et qui jusque-là avait été absent. Harro, c'était son nom, demanda si tous les naufragés étaient bien sains et saufs. On lui répondit qu'on avait laissé un homme dans la voilure, mais qu'il était inutile de retourner le chercher, attendu que celle-ci commençait à s'enfoncer sous l'eau. Harro se déclara résolu à tenter un effort en faveur du malheureux. Il parvint, après bien des refus, à obtenir de trois de ses compagnons qu'ils partissent avec lui.

Au moment du départ, nouveau retard. La mère d'Harro était survenue : elle le conjurait de ne pas jouer inutilement sa vie. Elle lui rappela que son père était mort en mer, que la mer avait probablement fait sa proie de son frère unique Uwe. Après s'être embarqué, celui-ci n'était jamais revenu. Harro répondit : «Ma bonne mère, dis-toi ceci : le pauvre garçon qui est là-bas a aussi une mère ! » La course dangereuse commença. Après mille efforts, Harro réussit à ramener le malheureux abandonné. Quand le bateau approchait du bord, on entendit la voix du chef de l'expédition qui criait joyeusement, en dominant le mugissement des vagues: « Mère, c'est Uwe ! »

(FUNCKE, Toi et ton âme.)

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Regardez à Dieu seul !

Ma mère, raconte le pasteur Otto Funcke, s'efforçait de nous amener à Jésus, mes quatre frères et moi. Elle nous montrait comment il fallait servir les autres en toute occasion, mais aussi comment il fallait avoir le courage de braver le monde entier pour faire la volonté de Dieu. - On nous envoyait souvent porter de petits pots de soupe à de pauvres voisins malades. Un jour, notre mère nous trouva pleurant parce que nos camarades s'étaient moqués de nous. Prenant alors une attitude pleine de dignité, elle nous dit: «Vous voulez devenir des hommes? Les hommes se soucient-ils de ce que disent de sots gamins? Regardez à Dieu, à Dieu seul! Vous savez très bien ce qu'Il pense de votre action. »

(FUNCKE, Aux parents.)

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Une réparation.

Quand j'étais étudiant, je ne connaissais point encore le Sauveur ; j'aimais alors à la folie les jolis couteaux de poche. Un de mes amis. étudiant en droit, en possédait un qui me plaisait tout particulièrement, si bien qu'un jour je le lui dérobai. Mon ami ne devina naturellement pas où son canif avait passé. Bien des années après lorsque j'étais déjà pasteur à X., je retrouvai ce couteau dans un tas de vieilleries. Je compris alors seulement l'importance de ma faute et je partis immédiatement pour Dusseldorf où mon ancien ami était conseiller d'Etat; je lui rendis son canif en confessant ma faute. Il fut d'abord tellement surpris qu'il ne put parler. Puis il me serra dans ses bras en me disant :

«Kunzel, j'avais entendu dire que tu étais devenu chrétien ; je croyais que c'était par folie ou par hypocrisie ; mais je vois maintenant que le christianisme peut réellement faire dees hommes nouveaux. »

(FUNCKE. L'empreinte des pas. etc. ; 2e série.)

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L'ânon d'or.

En entendant raconter' l'histoire de l'entrée de Jésus à Jérusalem sur l'ânon qu'il avait requis à son service, un brave ouvrier de Hanovre se dit :

« Je donnerais aussi mon ânon au Sauveur , s'il en avait encore besoin et - si j'en possédais un. » Peu après il lui tombe entre les mains une monnaie de cuivre de Brunswick. On sait que les armoiries de ce pays représentent un cheval en course. Notre ouvrier dans sa simplicité, prenant l'effigie du cheval pour un âne se dit : J'ai promis de donner à mon Sauveur le premier ânon que je posséderais, je lui donne celui-ci, et aussitôt il s'en va porter sa pièce de cuivre dans une boîte des missions.

Quelque temps après notre homme reçoit une pièce d'argent aux mêmes armoiries et sans hésiter, il la met au service du Seigneur. et chaque fois qu'il trouve, parmi son salaire de la semaine, des pièces à ânons, il en agit de même sans qu'il lui en coûte de faire ces sacrifices.

Un jour cependant, une rude épreuve l'attend. Son patron, en lui payant le salaire d'un mois entier, lui remet une pièce d'or. et qu'y voit-il en l'examinant? - Encore l'ânon ! «Et celui-ci, se demande-t-il, me faut-il aussi le donner au Seigneur ? Je pense qu'il ne l'exige pas de moi Les ânons de cuivre et d'argent doivent Lui suffire. et je puis garder pour moi l'ânon d'or qui m'est si nécessaire. Je suis un pauvre homme. tandis que Lui, il est riche, l'or et l'argent de toute la terre lui appartiennent !

Mais ces raisonnements ne le tranquillisent pas, et, tout en marchandant avec sa conscience, il tourne et retourne sa chère pièce d'or entre les doigts et y découvre cette légende : «Nunquam retrorsum! » Qu'est-ce que cela vent dire? Peut-être, pense-t-il, cela me tirera-t-il d'embarras, et vite, il court vers le pasteur pour se faire expliquer l'inscription. «Mon ami, lui dit celui-ci, c'est du latin et cela veut dire : Ne recule jamais ! - Ah ! vraiment ? réplique l'honnête ouvrier, eh bien! je sais au clair: l'ânon d'or appartient aussi à mon Seigneur. » Et il s'en va le jeter avec joie dans la boîte des missions.

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Un faux témoignage.

Un homme, réputé parfaitement honnête par tout le monde, rendit devant la justice un témoignage complètement faux pour obliger un de ses parents, auquel il assura ainsi le gain d'un procès assez important.

Cet homme avait vécu toujours sans se préoccuper de Dieu, ni de son avenir après la mort. C'était une âme absolument indifférente aux questions religieuses ; l'acte coupable que nous venons de raconter, il l'avait accompli avec une parfaite sérénité, sans hésiter, presque comme un devoir d'affection.

Peu de temps après, il rencontra une jeune fille chrétienne, de sa famille, qui ignorait sa faute et le tenait, comme tout le monde, pour un honnête homme, mais qui s'efforça pourtant de l'amener à la foi chrétienne en lui parlant avec ardeur de Jésus-Christ.

Cet homme l'écouta d'abord avec une sorte d'indifférence goguenarde. Mais, la nuit qui suivit l'entretien, - c'est lui-même qui l'a raconté, - il fut réveillé par un trouble indéfinissable. La pensée de son faux témoignage lui revenait avec une obsession qui finit par devenir intolérable. C'était, à la lettre, nu poids qui l'écrasait et dont il ne pouvait plus se débarrasser. Au bout de quelques heures, c'était une effroyable agonie. Son coeur était brisé. Sa conscience était comme mise à nu, toute saignante. Une impulsion irrésistible et comme une suggestion magnétique finit par le faire tomber à genoux, lui qui n'avait jamais prié, aux pieds du Dieu invisible dont la justice et l'amour l'avaient terrassé.

Bientôt après, cet homme était un homme nouveau, uniquement et passionnément préoccupé de réparer son infamie, résolu à l'avouer au procureur de la République, prêt. à subir l'opprobre effrayant et la pénalité même que cet aveu allait entraîner sur lui, sacrifiant avec une énergie à toute épreuve sa réputation irréprochable, ses joies de famille, ses biens terrestres, son bonheur, tout, tout pour expier et réparer le tort qu'il avait fait à son prochain. Mais cet homme était devenu chrétien. P. MINAULT.

(Pasteur, martyr à Madagascar.)

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Restitution.

Je prêchais, il y a quelques années. dans la Colombie orientale, lorsqu'un jeune homme vint à moi, exprimant le désir de devenir chrétien. Il avait fait la contrebande de l'opium dans les Etats-Unis.

- Eh bien! mon ami, lui dis-je, il n'y a aucune chance pour vous de devenir jamais chrétien, à moins que vous rendiez à l'Etat les sommes dont vous lui avez fait tort.

- Si j'essaye de le faire, dit-il, je tombe dans les grilles de la loi et j'irai en prison.

- Cela vaudrait mieux, lui dis-je, que d'affronter le tribunal de Dieu avec ce péché sur la conscience, et d'encourir la condamnation éternelle. Le Seigneur vous fera miséricorde si vous réparez le mal résolument.

Il s'en alla tout triste, mais revint le lendemain et dit :

- J'ai une jeune femme et un enfant, et j'ai acheté tout l'ameublement de ma maison avec l'argent que j'ai gagné par la fraude. Si je deviens chrétien, il faut tout vendre et ma femme le saura.

- Il vaut mieux que votre femme le sache, et que vous vendiez votre mobilier.

- Voulez-vous venir chez moi et parler à ma femme? demanda-t-il. Je ne sais pas ce qu'elle dira de tout cela.

J'allai la voir, et quand je lui eus tout dit, les ]armes inondèrent ses joues. mais elle répondit :

- Monsieur Moody, je donnerai joyeusement tout ce que nous possédons, pourvu que mon mari devienne un vrai chrétien.

Elle fut obligée de donner jusqu'à son dernier sou. Lui possédait une pièce de terre qu'il dut céder au gouvernement.

Dans toute ma vie passée. je ne vois aucun homme qui ait rendu un témoignage plus puissant.

Il avait été malhonnête ; quand cette vérité s'empara de lui qu'il devait réparer ses torts avant d'obtenir le pardon de Dieu, il les répara.

Vous aurez beau pleurer sur vos péchés et dire combien vous les regrettez ; tout est inutile jusqu'a ce que vous les ayez avoués et réparés.

MOODY.

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La détente est venue.

Je connaissais un propriétaire campagnard qui avait empoisonné sa femme, avec laquelle il avait fort mal vécu. Chose étrange, aucun soupçon ne s'était porté, sur lui et pendant nombre d'années il avait pu continuer à vivre dans le bien-être, entouré de l'estime générale. quoique soit caractère. fût hautain. impérieux, maussade et sombre, ce que, sans aller plus loin. l'on attribuait à son orgueil naturel. Par moments, il se lançait dans le tourbillon du monde en y faisant une vraie débauche de plaisanteries, ce qui lui valait un redoublement de succès. Mais jamais il ne pouvait rire d'un rire naturel; son rire forcé n'était que de bruyants éclats de voix.

Mais voici que tout à coup un fait fortuit trahit son crime. Mis en jugement devant les preuves à sa charge, au lieu d'essayer de nier, le coupable fait immédiatement les aveux les plus complets et s'entend condamner à vingt années de prison.

Quelques semaines après, étant allé le voir, je le trouvai dans sa cellule tout autre que je ne m'y étais attendu. Occupé .1 des travaux de vannerie, il avait bonne mine, le regard limpide, l'humeur sereine, presque gaie, comme s'il était l'ouvrier le plus satisfait du monde.

Au moment où j'allais prendre congé de lui, il se jeta à mon cou et me dit :

- Pierre, tu ne saurais croire à quel point je suis heureux ! Oh ! l'affreux passé ! le sort des damnés ne saurait être pire ! Avoir sur le coeur le poids de cet épouvantable secret avec la préoccupation incessante de- ne pas le trahir, vivre ainsi nuit et jour dans la plus horrible angoisse, avec une conscience torturée, à l'égal d'un condamné, je ne puis dire autrement! - Maintenant je subis mon juste châtiment, mais je n'ai plus à vivre dans la crainte; en règle avec moi-même et avec Dieu, je puis vivre et travailler paisiblement, dormir paisiblement et mourir paisiblement comme un homme sauvé !

Je quittai cet homme avec un saint tremblement. La justice qui règne dans le ciel et sur la terre, et qui peut déployer une telle puissance dans l'âme de l'homme, ne s'était jamais manifestée aussi vivement à ma conscience. C'est bien là le jugement de Dieu dans le coeur dee l'homme. Et encore n'est-ce qu'un jugement temporaire que l'incrédule lui-même peut constater.

PIERRE ROSEGGER.

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Le colonel de Perrot.

Le colonel de Perrot, mort à l'âge de 84 ans, a fait une longue et belle carrière militaire. Il est entré au service en 1845, dans les troupes neuchâteloises. En 1875, après avoir parcouru tous les grades, il obtenait le brevet de colonel. En 1897, il donnait sa démission. Ce fut un regret général.

Pendant ces longues années consacrées à l'instruction de nos batteries, le colonel de Perrot avait gagné le respect et la considération de tous par l'exemple qu'il donnait de la fidélité au devoir, de l'énergie et du courage. On aimait en lui le chef dévoué et le soldat obéissant, exigeant beaucoup de ses subordonnés. mais toujours le premier à la peine, et exerçant sur ses troupes cette action morale directe et cette autorité incontestée qu'un chef n'acquiert que par le renoncement à lui-même.

Le colonel de Perrot savait comment ou forme des volontés et des caractères ; il faisait de ses soldats des hommes.

Le 13 mars 1897, environ soixante-dix officiers d'artillerie de la Suisse romande officiers supérieurs offraient au colonel de Perrot, à l'hôtel du Château. à Ouchy, un dîner d'adieu et, en souvenir affectueux, une réduction en bronze de la fière statue du sculpteur Dubois : Courage, militaire, un jeune guerrier. assis, casque en tète, vêtu à l'antique d'une cotte d'armes, la main droite appuyée sur une large épée de combat. la main gauche fermée, reposant sur la cuisse. « Ce bronze n'a pour nous qu'un défaut, disait le colonel Turrettini, c'est que la figure sous le casque ne soit pas la vôtre, mon colonel. car vous avez toujours été pour nous tous l'incarnation et comme le type accompli du courage. »

Très ému, le colonel de Perrot répondit, non point par mi discours en due forme mais sur le ton amical et familier d'une causerie. Nous en retrouvons ce résumé, forcément sommaire et décoloré :

« Tout homme qui vent mériter ce nom, dit entre autres le colonel de Perrot, quel que soit soit âge et quelle que soit sa situation, doit avoir un idéal et consacrer sa vie à l'atteindre.

» Quand j'étais jeune officier d'artillerie en Prusse, j'avais pour idéal de bien prendre les obstacles et de me préparer au mieux à servir mon pays. Quand je suis rentré en Suisse, mon idéal a été de former des hommes résolus, courageux.

» Pour cela, il n'y a qu'un seul moyen, qui d'ailleurs n'est pas un secret, puisque la Bible nous l'enseigne, c'est d'être obéissants, obéir toujours et partout, au devoir, à la conscience, à Dieu. Il n'y a pas d'autre règle de vie possible pour qui veut être un homme. Ne pas dire : « Je veux on je ne veux pas », mais toujours dire

« J'obéis », voilà le secret du bonheur.

» Quand un homme obéit a son devoir. il ne redoute rien ; il va où il doit aller, sans craindre rien, ni personne. Soyons fidèles a Dieu et obéissants, pour nous même, pour les nôtres, pour notre pays qui, plus que jamais, a besoin d'hommes, de caractères, de volontés, partout, dans l'école, dans l'armée, dans la commune, dans le canton, dans la Confédération. Un peuple n'est rien s'il n'est pas composé d'hommes, et un homme quelquefois, par son exemple, par sa volonté. par sa parole, par sa vie vaut tout un peuple. Tout est dans l'homme, dans le coeur de l'homme aimant son prochain et craignant Dieu. »

Nous avons écouté dans un silence recueilli ces paroles d'une si grande élévation morale. Elles ont laissé un profond et bienfaisant souvenir dans l'esprit et le coeur de tous ceux qui ont eu le privilège de les entendre. Honneur aux chefs qui parlent ainsi! En faisant appel aux sentiments nobles qui, quoi qu'on en dise, sont dans le coeur de tout homme, ils sont certains d'être suivis partout et toujours et de commander tous les dévouements.

« Droit en avant! » était sa consigne. Suivons-la!

(Gazette de Lausanne.) E D. S.

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Pour allumer le phare.

Voici un simple et très bel acte de dévouement accompli en 1909 et qui ajoute un nom à la liste des héros obscurs, payant de leur vie l'accomplissement du devoir.

Souffrant d'une forte grippe, M. Lepercq. gardien du phare d'Alpreck, près de Boulogne-sur-Mer, avait dû interrompre son service et garder la chambre. Un soir, son remplaçant ne parvenant pas à allumer le phare, alla prévenir M. Lepercq, que la fièvre avait contraint de s'aliter. Dehors, le vent soufflait en tempête et la neige tombait sans discontinuer.

Le gardien envisagea aussitôt les conséquences terribles que pouvait avoir. pour les navires passant au large, le non-allumage de la lampe. Malgré la fièvre, malgré le temps, il se rendit au phare, où, après de longs efforts, il parvint à faire de la lumière. Rentré chez lui, il s'alita pour ne plus se relever. Deux jours après, il succombait aux suites d'une congestion cérébrale.

(L'Ami, mai 1909.)



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