GLANURES
(1)
3. Humilité
Toute
grâce vient d'en haut.
La première
fois qu'on exécuta le magnifique oratorio de Haydn,
qu'on appelle La Création. toute l'assemblée
était transportée d'admiration, et
lui-même était ému jusqu'aux larmes.
Après la séance, ou s'empressait autour de lui
pour le féliciter et le louer, et le digne artiste
répondait : «Non pas à moi, non pas
à moi l'honneur; toute grâce vient
d'en-haut.»
(MONTANDON, Oraison dominicale.)
|
.
Sage
réponse,
Le chevalier William
Gooels, gouverneur de la Virginie, causait avec un
négociant dans la rue. Il vit passer un nègre
qui le salua ; il lui rendit son salut. « Comment, dit
le négociant, vous saluez un nègre ? - Sans
doute, répondit le gouverneur ; je serais bien
fâché qu'un nègre se montrât plus
poli que moi. »
Th.
BARREAU.
|
.
Un
vainqueur.
L'esclavage des
nègres ne fat supprimé aux Etats-Unis qu'au
prix d'une guerre terrible, qui dura quatre années,
entre les Etats du Nord, qui voulaient, le président
Lincoln à leur tête, la suppression de
l'esclavage, et les Etats du Sud. Ceux-ci fuirent enfin
vaincus ; le 3 avril 1865, leur capitale, Richmond,
capitula, et Abraham Lincoln, le libérateur des
noirs, put y pénétrer.
Jamais, dans
l'histoire du monde, le chef d'une nation puissante et le
vainqueur d'une grande rébellion ne
pénétra dans la capitale ennemie avec tant
d'humilité et de simplicité. Il était
escorté uniquement de dix marins, la carabine sur
l'épaule, et d'un officier supérieur! Tandis
que la petite troupe s'avançait dans les rues, la
foule grossissait sur son passage ; aux blancs se
mêlait des quantités de nègres sortis
d'un peu partout, de ces nègres du Sud, esclaves la
veille encore, et qui aujourd'hui seulement, de par la prise
de la ville, entraient en possession de la liberté
tant désirée dont leurs frères du Nord
jouissaient depuis deux ans déjà!
Quand les pauvres
noirs comprirent que cet homme aux épaules
voûtées, qui dépassait de la tête
tout ceux qui l'entouraient, était vraiment leur
libérateur « Massa Lincoun, » il n'y eut
plus moyen de les retenir. Pieds nus dans leurs
misérables vêtements d'esclaves, ils
s'élancèrent vers lui. cherchant à
embrasser ses mains, ses vêtements., tombant à
ses genoux et couvrant ses pieds de baisers et de larmes,
avec des phrases entrecoupées de sanglots et de rires
de bonheur. Lincoln, profondément touché. mais
en même temps tout confus de pareils hommages,
essayait de les relever : « Ne vous agenouillez pas
devant moi, disait-il, ce n'est pas bien. Vous devez vous
agenouiller seulement devant Dieu, c'est Lui qu'il faut
remercier pour la liberté qu'il vous accorde...
» Mais il ne pouvait échapper aux effusions de
leur tendre gratitude. Finalement, pour les calmer, il leur
fit un petit discours, se mettant à leur
portée comme s'il eût parlé à des
enfants. Un peu plus loin, le Président rencontra un
vieux nègre qui le salua respectueusement; il lui
rendit son salut; le pauvre noir se trouva
émerveillé d'avoir vu un blanc se
découvrir devant lui!
(YVONNE
PITROIS, Abraham Lincoln.)
|
.
C'est mon
souper.
Vous connaissez le
pieux et illustre pasteur J.-F. Oberlin ; il ne fut si
admirable dans sa piété, que parce qu'il
l'était dans la modération de ses
désirs quant aux biens de ce monde, Quand on vint le
voir, jeune homme, pour lui proposer la place de pasteur au
Ban de la Roche, on le trouva étudiant le soir, a la
lueur d'une lampe au-dessus de laquelle était
suspendu, par un fil de fer, un gobelet de fer-blanc rempli
d'eau où trempait un morceau de pain. - Qu'est-ce que
cela ? lui dit le visiteur. - C'est mon souper qui chauffe
dit-il. pendant que je travaille. » Son lit,
près de là, avait des rideaux de papier. A ces
marques d'ordre et de simplicité extrême, celui
qui venait lui offrir la cure du Ban de la Roche, pays
stérile et pauvre, en ce temps-là, se dit :
C'est bien là l'homme qu'il nous faut! Oberlin
accepta en effet cette place avec empressement et s'y
attacha d'autant plus qu'on aurait difficilement
trouvé quelqu'un qui voulût le remplacer. Et il
y a fait des prodiges pour améliorer le pays et pour
l'enrichir, soit par la culture des terres, soit par
l'établissement de routes, soit par la
création d'industries et de métiers lucratifs.
Toutefois, ce qu'il y a semé et cultivé de
plus précieux, c'est la foi, la piété,
le contentement d'esprit qui y fleurissent encore,
grâce à Dieu!
(MONTANDON, Oraison dominicale.)
|
.
Sur une
tombe.
On sait que
Livingstone voulut faire graver sur la tombe de ses parents
cette inscription : «Ici reposent (suivent les noms des
défunts). Ils furent pauvres et pieux. » Il
n'avait pas honte de proclamer devant le monde que ses
parents avaient été pauvres. On lui demanda de
retrancher ce mot dans l'épitaphe. Il le maintint. A
ses yeux., le mot « pauvre » se trouvait ici
ennobli par le mot «pieux» qui vient
après.
(FUNCKE, Toi et ton âme.)
|
.
Une
épitaphe.
On lit à
Philadelphie sur nue modeste tombe:
Le corps de Benjamin
Franklin, imprimeur, semblable à la reliure d'un
vieux livre dont l'intérieur a été
enlevé, dont l'adresse et l'inscription sont
effacées, repose ici, en pâture aux vers ; mais
l'ouvrage ne sera pas détruit, car selon sa
conviction, il doit reparaître en une nouvelle et
belle édition, revue et corrigée par son
auteur.
|
.
Le
général Washington.
A l'époque
où l'immortel général Washington
luttait pour l'indépendance des Etats-Unis, un
caporal fut chargé de diriger quelques hommes qui
portaient une énorme poutre au sommet d'une position
militaire. Les soldats avec tous leurs efforts ne pouvaient
que bien juste soutenir la
pièce de bois.
Un petit secours leur eut été très
nécessaire. Le caporal les aidait à sa
manière, en leur criant :
Courage! up! elle y
est!
Et tout en commandant
ainsi, il allait, venait, majestueux comme un empereur,
autour de ses hommes épuisés. Un officier en
habit bourgeois, survient et lui demande pourquoi il ne
donne pas un coup d'épaule à ces
soldats.
- Moi ? reprend
l'autre, je suis caporal!
- Caporal! dit
l'officier incognito, oh ! je ne savais pas ! pardon, excuse
!
Et ce disant, le
nouveau venu se met au nombre des ouvriers, déploie
son énergie au point que de grosses gouttes de sueur
tombent de son front.
La poutre mise en
place, notre homme dit au caporal :
- Quand vous aurez
encore besoin de moi pour un coup de main, faites demander
votre général en chef, je serai toujours
à votre service.
C'était
Washington!
|
.
Le roi
Saint-Louis.
Sous le règne
de saint Louis, roi de France, on surprit un jour un
personnage de la cour instruisant un jeune marmiton. On lui
demanda comment il pouvait s'abaisser à une telle
occupation ?
- Le plus humble des
hommes, dit-il. a une âme aussi précieuse que
la. mienne, une âme pour laquelle a coulé le
sang de Jésus-Christ.
Or. savez-vous, mes
amis, quel était ce grand personnage instruisant un
marmiton ? C'était Sa Majesté Louis IX. Or, si
le roi de France n'a pas juge indigne de lui d'enseigner un
enfant, vous pouvez bien, vous qui n'êtes ni
monarques, ni princes. vous contenter des mêmes
fonctions, et. dans l'occasion, instruire même mi
balayeur des rues.
|
.
Le
missionnaire Elliot.
Elliot, missionnaire
dévoué, qui avait épuisé ses
forces dans des voyages pénibles, des
prédications incessantes au milieu des Indiens de
l'Amérique, parvenu à l'âge de
quatre-vingts ans, fut trouvé un jour, comme le roi
de France enseignant l'alphabet à un jeune Indien. On
lui demanda pourquoi, après tant de fatigues, il ne
prenait pas quelque repos ?
- J'ai demandé
à Dieu, répondit-il, de me rendre utile aussi
longtemps que possible dans ma sphère de
missionnaire. Aujourd'hui, je n'ai plus la force de
prêcher, mais Dieu me laisse celle d'enseigner les
lettres de l'alphabet à ce pauvre petit enfant. Cette
faveur de sa part est donc une réponse à ma
prière.
|
4. Soumission,
obéissance.
.
Le chien de
Newton.
I. Newton avait un
petit chien, appelé Diamant. qu'il aimait beaucoup.
Un matin d'hiver, qu'il travaillait à là
lumière d'une bougie dans son cabinet, il sortit et
laissa Diamant dans la chambre. Son absence ne fut pas
longue, mais elle dura trop encore, car, à son
retour, il vit que son chien avait renversé la bougie
sur ses papiers, qui avaient pris feu, et qui étaient
tous consumés. Parmi ces papiers étaient des
feuilles d'un ouvrage que Newton préparait depuis
plusieurs années et qui contenait des calculs
immenses. Le savant était trop âgé pour
recommencer ce travail, qui, plus encore que tous ses autres
écrits devait contribuer à sa gloire.
Cependant, il ne s'emporta pas, il ne maltraita pas son
chien, il se contenta de s'écrier : «Diamant
Diamant! tu ne sais pas le mal que tu m'as fait
»
Mal cruel, en effet,
car Newton en tomba malade; il eut beaucoup de peine
à se rétablir et ne se consola jamais de ce
malheur.
(Musée des enfants.)
|
.
Comme Dieu
voudra !
Le troisième
enfant de Luther, Madeleine, née le 4 mai 1529 mourut
à l'âge de quatorze ans. Rien de plus touchant
que la résignation du réformateur dans cette
épreuve. «Je l'aime beaucoup, disait-il
près du lit de douleur de la chère enfant;
mais si c'est ta volonté, ô mon Dieu, qu'elle
nous soit ravie, je me réjouirai de la savoir
auprès de toi. - Madeleine, mon enfant, tu voudrais
bien rester avec ton Père d'ici-bas. Mais si ton
Père d'en-haut t'appelle, tu iras aussi avec joie,
n'est-il pas vrai? - Oui, mon bon père (mein
Herzvater), dit la mourante, ce sera comme Dieu voudra. - Se
détournant du lit de la malade: «Ah!
s'écria le père affligé, je l'aime
beaucoup, je l'aime extrêmement, la chair est si
faible! »
(HOFF.
Vie de Luther.)
|
.
Une main
pour Dieu.
Mayhew, un des
compagnons du missionnaire G. Elliot, avait parlé de
l'Evangile à un jeune Indien qui venait souvent dans
sa maison. Hiakumès, c'était son nom, montra
bientôt que Mayhew n'avait pas parlé en vain.
Frappé par un chef qui ne voulait pas permettre ses
relations avec le chrétien anglais, le jeune Indien
supporta ses coups avec joie. Etonnés de sa
résignation, ses compatriotes le
questionnèrent ; il répondait par ces belles
paroles : J'ai une main pour les offenses, et une autre pour
Dieu; quand je reçois avec l'une le mal qu'on me
fait, je m'attache d'autant plus fortement avec l'autre
à Dieu. Mayhew, encouragé, continua
l'instruction du jeune Indien, et bientôt il put
l'envoyer comme messager de la bonne nouvelle parmi les
tribus païennes.
(La Vie
chrétienne, 1857).
|
.
Parmi les
lépreux.
Une des îles
Sandwich, Molokaï, est abandonnée aux
lépreux. La lèpre est, dans ces parages, si
fréquente et si dangereuse, que l'on s'est vu
forcé de transporter ceux qui en sont atteints sur
cette île, où ils doivent rester jusqu'à
leur mort. Un jeune missionnaire américain, d'origine
belge. Damian de Venster, s'est senti appelé à
travailler au milieu de ces infortunés, et à
renoncer par conséquent à toute relation avec
le reste du monde. Sa santé s'est longtemps
maintenue; mais finalement, il a été atteint,
lui 'aussi, du terrible mal. « Je ne puis plus
retourner à Honolulu, écrivait-il
récemment, car la lèpre se montre sur mon
corps. Les bacilles de cette maladie ont pris. possession de
ma jambe et de mon oreille gauches ; une de mes
paupières commence à tomber. Je m'attends
à être bientôt tout
défiguré. Mais je me sens tranquille, soumis
à la volonté de Dieu et heureux au milieu de
mon troupeau. Le Tout-Puissant sait ce qui m'est salutaire
pour ma sanctification ; et, dans cette assurance, je redis
chaque jour de tout mon coeur : Ta volonté soit
faite! »
Voilà de
l'héroïsme chrétien. Nous ne pouvons que
nous incliner avec respect devant une telle foi, devant un
tel sacrifice.
(Sonntagsblatt.)
|
.
Le mauvais
jour.
Le pasteur
wurtembergeois, Jean-Frédéric Flattich
(1713-1797), homme distingué par sa simplicité
enfantine autant que par son courageux témoignage,
avait été invité à un repas de
noces. Le jeune couple avait reçu de nombreux
cadeaux, lorsque le serviteur de Dieu se leva et lui
dit
«J'ai
mangé, j'ai 'bu. et je tiens à vous offrir,
moi aussi, un présent. Je n'ai point d'argent ;
néanmoins je vous apporte un souvenir qui vous sera
utile, si vous avez soin de le conserver. Vous vous aimez
beaucoup aujourd'hui. l'un l'autre, et vous dites avoir
passé une belle journée. Vous désirez
aussi, sans doute, que l'avenir ne change rien à
votre bonheur. Eh bien! rappelez-vous ceci : tout homme a
son bon, mais aussi, de temps à autre, son mauvais
jour. Lors donc que viendra, dans votre vie conjugale, un
jour où il vous sera difficile de vous supporter et
d'être joyeux, faites cette réflexion : L'un de
nous deux, bien évidemment, a aujourd'hui son mauvais
jour. Puis passez outre, attendant le bon jour qui ne
tardera pas à revenir. »
On riait, mais le
cadeau du vieillard portait en lui-même une riche
bénédiction. Toutes les fois que, dans la
suite des temps, la mauvaise humeur venait envahir le foyer,
l'un ou l'autre des époux prenait la parole pour
dire: C'est toi ou bien c'est moi qui avons aujourd'hui
notre mauvais jour. Mais passons outre, le bon jour
reviendra. Il suffisait de cela pour ramener le sourire sur
les lèvres et pour rapprocher les coeurs. Depuis
longtemps, on avait enterré le vieux Flattich; depuis
longtemps aussi, les cheveux de ceux auxquels il avait
donné son excellent conseil étaient devenus
gris, les époux se souvenaient encore du beau cadeau
qui avait tant contribué à embellir leur vie
à deux.
Et voilà, -
à côté de la prière et de la
Parole de Dieu. ces grands moyens de bonheur et de
prospérité pour tout chrétien, - ce qui
pourra rendre heureuse et bonne même telle union
où se sont rencontrés des caractères
fort différents.
(VON
SCHUBERT, Altes und Nues).
|
.
Monsieur
Numéro douze.
Lorsque,
étudiant en médecine, je fréquentais
les hôpitaux, j'eus l'occasion d'y voir un pauvre
vieux tout courbé par la souffrance. et qui se
nommait, je crois., Pariset ; mais ou ne le nommait
guère que par le numéro de son lit qui
était douze.
Ce lit l'avait
déjà reçu trois fois pour trois longues
maladies; il était ainsi devenu, en quelque sorte, sa
propriété : aussi M. Numéro douze
était connu du médecin en chef, des
élèves et des infirmiers.
Jamais plus douce
créature ne marcha sous le ciel du bon Dieu ! Quand
je dis marcher, ce n'était plus, hélas ! pour
le brave homme qu'un vieux souvenir. Depuis bientôt
deux ans, il avait perdu presque complètement le
mouvement des jambes. Cependant, comme il vivait de copies
pour le Palais>, il ne s'était pas trop
déconcerté, ainsi qu'il le disait, et il avait
continué à expédier ses rôles sur
papier timbré. Un peu plus tard, la paralysie
atteignit le bras droit, il s'exerça alors à
écrire de la main gauche ; mais le mal grandissant,
on avait dû le transporter à l'hôpital,
où il avait eu le bonheur de retrouver libre son
même lit, ce qui l'avait presque
consolé.
- La mauvaise chance
n'a qu'un temps, disait-il à cette occasion ; tous
les jours ont un lendemain.
Le bonhomme
Numéro douze avait pris possession de son lit avec
attendrissement. L'hôpital. dont le séjour
parait si dur à certaines gens, était pour lui
une maison de plaisance. Il y trouvait tout à
souhait. Son admiration pour les moindres commodités
prouvait quelles privations il avait jusqu'alors
supportées. Il s'extasiait sur la propreté du
linge, sur la blancheur du pain. sur la succulence des
potages et je ne m'en étonnai plus quand j'appris
que, depuis vingt ans., il vivait de pain de munition, de
bouillon d'herbes et de fromage blanc ; aussi ne pouvait-il
assez vanter la munificence de la nation qui avait ouvert de
pareilles retraites pour les pauvres malades.
An reste, sa
reconnaissance ne s'arrêtait point la : à
l'entendre, Dieu avait eu pour lui des faveurs
particulières ; les hommes s'étaient
montrés pleins de bienveillance, et les choses
avaient tourné toujours à son avantage.
Je crois le voir
encore assis sur son séant, avec son petit bonnet de
soie noire, ses lunettes et le vieux volume qu'il ne cessait
de relire. Son lit recevait, dès le matin, les
premiers rayons du jour, et il ne les apercevait jamais sans
se réjouir et sans remercier Dieu . A voir sa
reconnaissance. on eut dit que le soleil se levait
exprès pour lui.
Il s'informait
régulièrement du progrès de la
guérison de chaque malade, et trouvait toujours
quelque chose à dire pour donner à tous
patience et courage. Lui-même était un exemple
vivant qui disait plus que les paroles. Quand on voyait ce
pauvre corps sans mouvement, ces membres tournés, et
cette figure souriante, personne n'avait le courage de
s'emporter ou de se plaindre.
- C'est un mauvais
moment à passer, disait-il à chaque crise ;
bientôt le soulagement viendra : tous les jours ont un
lendemain.
C'était le mot
du père Numéro douze, et il le ramenait sans
cesse.
Peu à peu,
cependant, je m'aperçus que les forces du bonhomme
diminuaient. Il perdit d'abord tout mouvement, puis la
langue elle-même s'embarrassa. Il n'avait plus que les
yeux qui nous riaient encore. t'in matin, pourtant, il me
parut que le regard était plus éteint. Je
m'approchai vivement de lui pour lui demander s'il voulait
boire ; il fit un mouvement des paupières qui me
remerciait, et, dans ce moment, un premier rayon de soleil
brilla sur son lit. Alors son oeil se ranima comme une
lumière qui pétille avant de s'éteindre
; il eut l'air de saluer ce dernier présent du bon
Dieu, puis je vis sa tête retomber de
côté. son brave coeur avait cessé de
battre, et il n'y avait plus pour lui de jours : il venait
de commencer l'éternel lendemain.
E.
SOUVESTRE.
|
.
Un malade
impatient.
Un jour, un pasteur
visitait un malade qui donnait beaucoup de signes de
mécontentement et d'impatience sur la longueur de sa
maladie. « Ah ! monsieur le pasteur, dit le malade, le
bon Dieu ne nie veut pas encore. - Si j'étais le bon
Dieu, je ne vous voudrais pas non plus! » Cette parole
porta coup ; le malade répondit : « Oui, vous
avez raison : il faut que j'apprenne la patience et la
soumission à la volonté de Dieu. »
(Protestant rochefortais.)
|
|