GLANURES (1)
III
L'OEUVRE DE CHRIST (Suite)
La porte
fut fermée.
Un soir que,
Whitefield, le célèbre
évangéliste, expliquait à son nombreux
auditoire la parabole des vierges sages et des vierges
folles, il insista spécialement sur les mots de la
fin : « Et la porte fut fermée. »
Or, il se trouvait
dans la salle deux jeunes gens à l'esprit Mondain et
léger, qui étaient venus avec l'intention de
se moquer de la Parole de Dieu et de
l'évangéliste.
Ainsi, l'un des jeunes
gens murmura à voix basse à l'oreille de son
camarade : « Il n'y a pas grand mal. Si une porte se
ferme, une autre s'ouvrira. »
Mais quel fut
l'émoi des deux moqueurs, lorsque Whitefield. qui
n'avait pu entendre ce qu'ils s'étaient dit tout bas,
s'écria : « Il peut y avoir ici des
pécheurs légers et indifférents, qui
s'opposent à la Parole de Dieu et qui pensent en
eux-mêmes : «Qu'importe ? si une porte se ferme,
une autre s'ouvrira. » Ils ne se trompent pas, ces
moqueurs. Mais je vous dirai, moi, quelle est la porte qui
s'ouvrira pour eux quand celle du ciel se fermera. C'est la
porte de l'abîme sans fond, la porte du malheur
éternel.
Les deux jeunes gens
se regardèrent pâles et émus. Quel autre
que Dieu seul avait pu mettre sur les lèvres de
l'évangéliste les mots mêmes qu'ils
avaient prononcés par raillerie ?
|
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Petits
commencements, grandes vocations.
Personne n'ignore
aujourd'hui l'importance des petits commencements: la vie
débute par un germe imperceptible; les plus terribles
maladies sont dues souvent à l'entrée dans
notre organisme d'un microbe invisible, les plus belles
oeuvres de la charité chrétienne comme les
plus terribles manifestations du mal ici-bas ont
commencé, d'ordinaire, sans que les hommes y prennent
garde, tant elles étaient microscopiques à
l'origine. Il en est ainsi, de la carrière de plus
d'un de nos missionnaires qui ont été
amenés à leur glorieuse vocation par des
événements sans importance.
Jean
Egède.
C'est ainsi que le
premier missionnaire du Groenland - celui qui fut le
pionnier de la mission dans cette contrée
glacée devenue, depuis, le séjour d'un vrai
printemps spirituel - Jean Egède, entendit, en 1709,
son premier appel de Dieu, en lisant au soleil de minuit,
solitaire dans son humble cure de pasteur un livre sur les
Légendes du Groënland. Il paraissait seul: en
réalité, Dieu était là,
cherchant par cette lecture à lui ouvrir les yeux sur
l'état lamentable du Groënland et de ses
habitants. Il fit alors cette simple et enfantine
prière : « 0 Dieu! s'il est vrai que
là-bas il y ait des gens privés de l'Evangile,
envoie-moi! » Douze ans plus tard, après avoir
surmonté toute espèce de difficultés,
il s'embarquait à Bergen pour aller porter aux
Esquimaux grossiers et sauvages que le Seigneur lui avait
mis sur le coeur la bonne nouvelle de Christ.
John
Williams.
Un siècle plus
tard, à Londres, un jeune apprenti quincaillier
attendait un soir dans la rue un ami plus ou moins
léger, avec lequel il devait passer sa soirée
au café. Ce n'était pas un mauvais sujet, loin
de là, mais son coeur n'appartenait pas au Seigneur,
il pouvait subir de mauvaises influences et très mal
tourner. La femme de son patron, passant par là, le
voyant ainsi seul et désoeuvré,. lui proposa
de l'accompagner à un culte dans une église du
voisinage. Il accepta et, le soir même, il
était saisi par la grâce de Dieu. Converti au
Sauveur, il se mit à son service et quand, peu de
temps après, il apprit que la Société
des Missions de Londres demandait des jeunes gens pour son
oeuvre, il s'offrit, fut agréé, et partit pour
les îles de la Polynésie. Cet apprenti
quincaillier n'était autre que John Williams, le
célèbre missionnaire des îles Hervey et
Fidji et des Nouvelles-Hébrides ; quand il mourut
martyr à Erromanga, à l'âge de
quarante-cinq ans, il avait, dit-on, amené à
l'Evangile plus de trois cent mille païens. Lors d'un
de ses voyages à Londres, il put montrer, de la
tribune, la place où Dieu l'avait appelé,
grâce à l'aimable invitation d'une
chrétienne,
Robert
Moffat.
Vers la même
époque, un jeune jardinier écossais se rendait
un jour en ville pour faire des commissions. En traversant
une rue, son attention fut attirée par une affiche
annonçant pour le soir une conférence
missionnaire donnée par un pasteur du nom de Roby. Il
n'hésita pas à y aller. et ce fut là
qu'il entendit clairement l'appel du Maître, lui
demandant sa jeunesse et son coeur pour l'oeuvre
missionnaire ; il avait vingt et un ans, Ce jeune jardinier,
gagné par une affiche, n'était autre que
Robert Moffat, l'intrépide missionnaire du Sud de
l'Afrique, celui qui amena aux pieds du Sauveur le chef
Africander, que tous redoutaient comme le « tueur
d'hommes ».
David
Livingstone.
Et savez-vous comment
le plus connu et le plus distingué des voyageurs de
l'Afrique, David Livingstone, fut amené à sa
merveilleuse carrière, de missionnaire d'abord,
d'explorateur ensuite ? Par une conférence que Robert
Moffat donna à Londres, alors que Livingstone
étudiait la médecine. Il fut tellement saisi
par les récits du missionnaire dont il devint plus
tard le gendre, qu'il quitta tout pour suivre le Seigneur
jusqu'au centre de l'Afrique et préparer ainsi
à l'oeuvre de la mission des voies nouvelles. S'il
sut exciter l'admiration des savants par ses recherches
scientifiques de première importance, il sut aussi
gagner le coeur des pauvres noirs. car il les aimait
tendrement et ne les maltraitait jamais. Le souvenir qu'il
laissa en mourant fut tel que des hommes de son escorte,
après avoir embaumé son cadavre, entreprirent
un long voyage a pied pour le transporter sur leurs
épaules jusqu'à la côte de
Zanzibar.
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.
Témoignage d'un
contemporain.
M. Emile Vandervelde,
le plus brillant orateur du Parti socialiste belge, revenu
d'un voyage au Congo belge, a envoyé au Peuple de
Bruxelles une série de lettres donnant ses
impressions. Dans le numéro du 13 octobre, il parle
des missions évangéliques. Voici ses paroles
:
... Je suis encore
tout ému de la visite que nous fîmes à
la mission protestante de Bolobo. Il y a trente ans, quand
pour la première fois Stanley descendit le fleuve,
les indigènes qui habitaient cette région
étaient d'affreux cannibales. Aujourd'hui beaucoup
d'entre eux sont des civilisés qui habitent des
maisons à l'européenne, ont été
à l'école et exercent toutes sortes de
métiers. Les deux dames qui dirigent l'école,
et leurs moniteurs noirs, apprennent à lire aux
enfants dans leur langue; les livres de classe ne sont pas
des laissés pour compte des écoles d'Europe,
mais des manuels soigneusement adaptés à la
mentalité et aux préoccupations des jeunes
indigènes. Je suis frappé de l'air
d'intelligence de ces écoliers. de la propreté
et du soin de leur mise, de la dignité de leur
attitude. Ce sont des hommes que l'on fait. C'est une
élite que l'on crée.
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.
Puissance
mystérieuse.
Le fameux tableau de
Munckaczy: Christ devant Pilate, était exposé
au Canada, dans une ville du voisinage des grands lacs. Un
jour, un gardien vit se présenter à la porte
un homme à l'aspect rude, portant le costume de
marin, qui lui demanda :
Est-ce ici pour voir
Jésus-Christ?.
Oui, c'est ici qu'est
le tableau qui représente le Christ.
- Combien est-ce qu'on
paie?
Le prix
d'entrée était assez élevé ; il
jeta sur la table la pièce d'argent et entra. Le
surveillant, envieux de voir quel effet produirait sur un
pareil homme le chef-d'oeuvre du peintre et la scène
saisissante qu'il représentait, observa son
étrange visiteur.
L'homme se planta
devant le tableau, le chapeau sur la tête ; puis il
s'assit, jetant à terre l'imprimé explicatif
qu'on lui avait remis. Au bout d'un moment, il ôta son
chapeau, se redressa puis ramassa la feuille si
dédaigneusement jetée. Il lut, il regarda de
nouveau ; il étudiait les détails puis ses
yeux se fixèrent longuement sur la toile ils ne se
détournaient pas de la figure centrale, qui
paraissait exercer sur lui comme une fascination ; enfin le
surveillant vit des larmes perler sur ses joues.
Il resta là une
heure entière, immobile, et quand il se leva pour
partir, il dit au gardien :
- Je suis matelot sur
les lacs, et ma mère m'a fait promettre qu'avant de
repartir et de reprendre mon service, je viendrais voir
Jésus-Christ. Je n'ai jamais cru à tout cela,
mais l'homme qui a fait une pareille peinture doit croire au
Christ et il m'a convaincu ; maintenant je crois
aussi.
Quelle puissance
mystérieuse renferment ces grandes scènes de
la Passion, et quelle rencontre pour une âme de se
trouver en quelque sorte face à face avec le Sauveur,
avec l'Homme de douleurs, le Juste chargé, de nos
péchés et souffrant pour nous
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.
Un triomphe
de l'Evangile.
Voici ce
qu'écrivait, il y a quelques années, un
missionnaire à l'oeuvre parmi les Peaux-Rouges du
Canada, M. Egerter Young:
« Les
progrès de l'Evangile ont été si grands
chez les Peaux-Rouges que leurs expéditions bien
connues de pillages et de massacre appartiennent maintenant
presque complètement au passé. On n'entend
plus parler de tomawhaks, de massues guerrières et de
chasseurs de chevelures. Les danses nocturnes ne saluent
plus le retour des féroces guerriers portant à
leur ceinture les dépouilles sanglantes de leurs
victimes. Sans doute, l'intervention souvent brutale des
autorités américaines et canadiennes y est
pour quelque chose, mais ce ne sont pourtant pas elles qui
ont remplacé chez les Indiens les terribles chants de
guerre par les hymnes de 'la paix et qui., de sauvages
guerriers ne rêvant autrefois que vol et carnage, ont
fait des membres fidèles de l'Eglise de Christ, des
citoyens utiles et respectés. La femme est
honorée maintenant comme elle ne l'a jamais
été quand le paganisme régnait encore
en maître. L'homme fier et tyrannique la regardait
avec mépris et l'astreignait à tous les
travaux vils et pénibles. Malheur à elle
quand, devenue vieille, elle ne pouvait plus subvenir
à sa misérable existence !
» -
Moo-koo-woo-soo, qu'est-ce que c'est que cet endroit ?
demandait, il y a quelques années, le missionnaire
à un chef des Saulteaux.
» - Oh !
répondit-il en ricanant, c'est là que j'ai
étranglé ma mère avec une corde et que
j'ai réduit son corps en cendres pour que son esprit
ne vienne pas me troubler pendant la nuit.
» - Et pourquoi
l'as-tu tuée ?
» - Oh ! elle
était devenue si vieille qu'elle ne pouvait plus
attraper de poissons et de lapins, et cela m'ennuyait
d'avoir à la nourrir !
» C'était
le temps du paganisme cruel, sans coeur, ignorant les
affections naturelles. Et pourtant là, chez ces
terribles Saulteaux, le christianisme a remporté
quelques-uns de ses plus beaux triomphes. Transportons-nous
par la pensée à quelques années
seulement du temps où Moo-koowoo-soo tuait sa
mère. Une église de bois s'élève
maintenant tout près de l'endroit où se
déroula le terrible drame. C'est dimanche matin: le
missionnaire nous invite à nous asseoir à ses
côtés. sur la plate-forme qui lui sert de
chaire. Les fidèles arrivent de toutes parts. Ils
entrent en silence et avec respect dans la maison de Dieu.
Bien avant d'atteindre la porte, les conversations ont
cessé. Des familles entières
pénètrent dans l'édifice, les
mères apportant avec elles leurs tout petits
bébés qu'elles ont suspendus derrière
le dos, dans un filet garni de mousse. Voyez comme elles se
déchargent prestement du doux fardeau, suspendant
leurs filets à des crochets fixés au mur.
Que cela ne vous
trouble pas : ces bébés indiens sont les plus
tranquilles du monde, et même si le service dure deux
heures, ce qui est probable, vous n'entendrez pas un cri. La
foule continue à entrer. La plupart prennent place
sur le sol, dans les couloirs et dans l'espace vide autour
de la chaire. Ils n'ont pas encore de chaises ou de bancs
dans les wigwams et craignent, s'ils utilisent ceux qui se
trouvent dans l'église, de ne pas pouvoir jouir du
service. Au moment où le culte va commencer, un
mouvement inusité se produit vers la porte. Que se
passe-t-il ? Une scène dont les anges se
réjouissent, un spectacle qui transforme en un
sanctuaire céleste la petite église construite
en bûches superposées. Deux Indiens ont fait un
siège, de leurs mains réunies, et sur ce
siège ils portent leur vieille mère invalide
à sa place dans la maison de Dieu. Ils l'ont
portée ainsi sur un espace de deux kilomètres.
Le troisième des fils, s'adressant à la foule
qui garnit les couloirs, dit doucement:
» - Faites place
pour la mère!
» En quelques
instants, le chemin est ouvert, et bientôt la vieille
est assise sur une couverture qu'on a étendue pour
elle sur le sol, tandis que l'aîné de ses fils
l'entoure tendrement de son bras robuste pour qu'elle puisse
s'appuyer. C'est un touchant spectacle de voir cette
aïeule se serrant contre son fils et ce fils si heureux
de pouvoir la soutenir !
» Alors notre
pensée nous reporte au temps où
Moo-koo-woo-soo étranglait sa mère. Comment
s'expliquer un pareil changement ? Il n'y a qu'une
réponse possible : c'est la conséquence
directe de la diffusion chez les Indiens du glorieux message
apporté aux hommes par le Fils de Dieu.
» Les missions
chrétiennes ont rencontré et rencontrent
encore beaucoup d'opposition, même chez les
chrétiens. Mais aussi longtemps que les missionnaires
pourront faire voir des scènes de ce genre se passant
tout simplement et tout naturellement dans la vie
quotidienne de peuples autrefois cruels, sanguinaires et
sauvages, ce sera une réponse suffisante à
tous ceux qui, pour une raison ou pour l'autre, pourraient
mettre encore en doute l'efficacité de la mission
parmi les païens. »
(Liberté
chrétienne.)
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.
Aux
îles Fidji.
Le Chronicle, organe
de la Société missionnaire de Londres, parle
d'un comte anglais qui visitait les îles Fidji et qui,
comme le font d'ordinaire bon nombre d'incrédules,
cherchait à renverser la foi d'un chef
chrétien. Il lui disait que de nos jours l'on ne
croyait plus à la Bible et que c'était une
folie que d'accepter la religion chrétienne.
Les yeux du vieux
chef, dit-on, étincelaient, et il répondit en
ces termes : «Voyez-vous là-bas ce grand bloc de
pierre ? C'est sur cette pierre que nous abattions nos
victimes et que nous leur écrasions la tête.
Voyez-vous plus loin ce grand four? C'est là que nous
rôtissions des corps humains pour nos jours de grandes
fêtes. Maintenant, vous! vous! - si nous n'avions en
ces missionnaires, ce vieux Livre, et ce grand amour de
Jésus-Christ qui nous a changés et nous a
faits enfants de Dieu de sauvages que nous étions. -
vous. vous ne quitteriez pas cette place ! Remerciez Dieu
pour l'Evangile, car autrement vous seriez tué,
rôti dans le four que vous voyez, et en peu de temps
nous aurions fait festin de votre corps. » (Home
Missionary).
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Puissance
de l'Evangile.
En octobre 1885, le
missionnaire James Hannington arrivait dans l'Ou-Ganda,
après un voyage très difficile. Mais quelques
jours avant d'arriver à sa station, il fut la victime
d'une conspiration de la part des indigènes qui
l'empêchèrent d'avancer.
Un soir, il monta sur
une colline afin de se faire une idée du pays. La vue
splendide et le lac qui miroitait à ses pieds lui
rappelaient agréablement que son voyage touchait
à sa fin.
Soudain, il se vit
cerné, par une vingtaine d'indigènes, à
la mine farouche qui se jetèrent sur lui, le
dévalisèrent et l'emportèrent à
toute vitesse. Il se défendit, mais la lutte
était trop inégale pour durer. En un instant,
il fut jeté à terre et entraîné
avec une violence extraordinaire, tiré de tous
côtés tandis que son pauvre corps allait butter
à tous les arbres et les pierres du chemin.
Persuadé qu'il n'avait plus que quelques minutes
à vivre, il trouva la force de chanter le cantique:
«Sur toi je me repose, » et se remit entre les
mains de Dieu. Mais l'heure de la délivrance n'avait
pas encore sonné.
Arrivés au
village, les barbares le jetèrent dans une
misérable butte, lui faisant comprendre qu'ils
attendaient les ordres du chef Mwanga.
Alors commencent pour
Hannington des jours de souffrances morales et physiques
difficiles à décrire. La fièvre qui le
rongeait, une nourriture insuffisante, la vermine et les
rats qui régnaient en maîtres dans la hutte,
lui firent bientôt perdre ses forces. Mais soutenu par
l'Esprit de Dieu. il supporta vaillamment ses
souffrances.
Le 29 octobre arriva
l'ordre de Mwanga. ordre qui devait délivrer
Hannington de son combat terrestre. Après avoir eu la
douleur de voir les hommes de sa petite caravane mis
à mort. il vit les guerriers se ruer sur lui.
Rassemblant alors tout, ce qui lui restait de force, il se
redressa une dernière fois pour envoyer un
suprême message à Mwanga. « Dites-lui,
s'écria-t-il. que je meurs pour les Ba-Gandas et que
j'ai payé de mon sang la route de l'Ou-Ganda ! »
Ce fut tout. D'un geste il désigna au bourreau son
propre fusil . le coup partit et l'âme du héros
s'envola joyeusement vers sa demeure éternelle. Le
missionnaire n'arriva jamais au but du voyage, mais le
martyr était arrivé au port où tous les
combats avaient cessé et où les chants de
triomphe remplaçaient les larmes.
Vingt-et-un ans plus
tard, sur cette même terre d'Afrique, se passait un
fait remarquable, véritable triomphe de l'amour divin
: le fils du missionnaire James Hannington, procédait
au baptême du fils du chef Mwanga. celui qui avait
fait assassiner son père.
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Gaston
Frommel.
Après
s'être adonné à l'étude des
sciences naturelles, M. Gaston Frommel, s'est, à
l'âge de 19 ans, senti appelé, à la
vocation pastorale. Ce changement de direction
imprimé à son activité est le
résultat d'une conversion très
sérieuse. On peut aisément s'en convaincre par
l'émouvant récit que M. Frommel lui-même
en a fait dans les termes que voici :
« J'ai
rencontré, en une heure décisive de mon
existence, quelqu'un avec qui j'ai lutté et qui m'a
vaincu. J'allais dans la vie suivant mes propres voies,
cherchant la satisfaction de mes propres désirs,
lorsque Christ, s'avançant à ma rencontre, se
plaça devant moi et me barra la route.
«Il arrêta
ma course et, ayant fait silence dans mon coeur, il eut avec
moi un entretien solennel où il me parla comme lui
seul sait parler... Lorsque, enfin, je me rendis, et que
j'acceptai la volonté de Dieu à mon
égard, je n'étais plus libre, j'étais
esclave, esclave de Christ.
«C'est de cette
heure-là, de cette entrevue personnelle avec mon
Sauveur et mon Dieu, c'est de ce premier et suprême
dialogue que soutint mon âme avec la sienne que datent
tout ensemble et ma conversion chrétienne et ma
vocation pastorale. »
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Comment de
lions on peut faire des agneaux.
Esaïe 11
: 6.
En juin 1907, au
milieu d'un concours de personnes profondément
émues, mi convoi funèbre s'acheminait vers le
Campo Santo de Florence. Derrière le corbillard. mi
groupe d'hommes du peuple, rudes d'aspect, mais tout en
larmes. portaient des gerbes de fleurs cueillies par eux
dans les champs. Et, par un contraste étrange.,
derrière ces hommes, dans le cortège,
figuraient des notabilités politiques et religieuses.
telles que le procureur du roi Cav. Moschini et le consul de
France. qui avaient tenu à donner ce dernier
témoignage de respect et de reconnaissance à
mie, fidèle servante du Seigneur.
Fille du
regretté pasteur N. André-Viollier et soeur de
son successeur, le pasteur Tony André, Mlle Louisa
André dirigeait à Florence un asile pour
détenus libérés. qu'elle avait
créé de sa propre initiative... Elle avait
loué, dans la partie septentrionale de la ville, une
grande maison de dix à douze pièces. Elle y
logeait les hommes et les jeunes gens, protestants ou
catholiques, qui sortaient de prison sans avoir d'autre
« home ». et elle vivait là, toute seule
avec ces repris de justice. L'influence morale qui
émanait de sa personnalité, sanctifiée
par mie communion intime et constante avec Dieu,
était si puissante, que ces hommes
dégradés, souvent esclaves des vices les plus
grossiers, tels que l'ivrognerie, étaient
domptés par cette faible femme et lui
obéissaient comme des agneaux. Elle n'en avait pas
peur, car tous l'aimaient et la respectaient. Il n'y avait
pas de servante dans la maison, et c'étaient des
hommes qui faisaient même la cuisine. Lorsque je
visitai l'établissement, la porte m'en fut ouverte
par un personnage à l'air mélancolique qui
était à la fois le concierge, le cuisinier et
le factotum de la maison. On m'apprit qu'il avait jadis
commis de grands crimes.
Les pensionnaires
travaillaient, le, jour, dans les fabriques ou ailleurs.
Mlle André pourvoyait à leurs besoins, les
suivait de près, prenait des informations, dès
qu'ils ne rentraient pas ponctuellement le soir. Il lui est
souvent arrivé de sortir la nuit, revêtue d'un
déguisement, pour aller à la recherche de ceux
qui s'étaient attardés au dehors. Elle
exerçait une action merveilleuse sur les coeurs des
hommes et des jeunes garçons.
Mlle André
était entourée à Florence d'une
considération générale ; elle avait
fondé son établissement avec ses ressources
particulières ; ... elle ne faisait pas de collectes,
mais demandait au Seigneur de lui envoyer les fonds
nécessaires ; et elle recevait de Lui cet argent...
»
(Semaine religieuse.)
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