Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



GLANURES (1)

III

L'OEUVRE DE CHRIST

Libre propos d'un libre penseur.

Voulez-vous vous rendre compte de l'influence de la religion de Jésus-Christ sur la civilisation ? Supposez un moment qu'elle n'ait pas existé. Effacez, par la pensée, ce qui subsiste d'elle dans les trois domaines du beau, du vrai et du bien. Commencez par les arts plastiques. Entrez dans tous les musées et décrochez des murailles l'image du Christ ; emportez les toiles ou les statues qui représentent des saints, des martyrs, des apôtres. Après la peinture et la sculpture, passez à l'architecture, à la musique. Rayez du nombre des compositeurs Haendel, Palestrina, Bach et tant d'autres. Expurgez l'oeuvre de Beethoven, de Mozart, de Pergolèse, de Rossini, de tout ce qui a été inspiré par la religion chrétienne.

Entrez ensuite dans la sphère de la pensée et de la poésie : supprimez Bossuet, Pascal, Fénelon; ôtez Polyeucte à Corneille, Athalie à Racine, Zaïre et Alzire à Voltaire ; poursuivez le nom du Christ dans les vers de Lamartine, de Victor Hugo, voire même de Musset. Ce n'est pas tout, faites un pas de plus. Détruisez les hôpitaux, car le premier hôpital fondé dans le monde a été fondé par une femme chrétienne. Supprimez les saint Vincent de Paul. Effacez enfin, effacez toutes les traces qu'a laissées sur la terre le sang sorti des blessures de celui que j'entends quelquefois appeler: le pendu. Puis, cette besogne accomplie, retournez-vous. Embrassez d'un long coup d'oeil les dix-huit cents ans échelonnés derrière vous, et regardez sans épouvante, si vous le pouvez, le vide que fait, à travers les siècles, cette seule croix de moins dans le monde.

E. LEGOUVÉ, de l'Académie française.

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Sous les murs de Paris en 1870.

C'était dans la nuit du 25 décembre 1870. Le capitaine Paul de Ray se trouvait aux avant-postes, pendant le siège de la capitale, avec une compagnie de mobiles de la garde de Paris. La soirée était magnifique, le froid très vif. Les étoiles scintillaient au ciel, répandant une vive clarté sur la plaine ensevelie sous la neige. Les Allemands avaient poussé leurs tranchées si près de nous, raconte Paul de Ray, qu'on entendait distinctement le qui-vive des sentinelles, et même le bruit sourd des fusils retombant sur le sol. Vers. minuit, un petit mobile à la figure énergique me demanda de quitter le poste. Je crus tout d'abord que son intention était de se rendre à Paris pour y fêter Noël avec les siens, et je refusai net de lui accorder le congé demandé. Mais le brave petit soldat me répondit qu'il désirait pendant quelques minutes seulement se diriger du côté du poste allemand qui se trouvait en face de nous. Il fit en effet un certain nombre de pas en avant et s'arrêta soudain. Nous le vîmes faire le salut militaire, puis, dans la nuit silencieuse, sa voix s'éleva forte et pure. Il avait entonné le beau cantique de Noël d'Adam

Minuit, chrétiens, c'est l'heure solennelle

Où l'Homme-Dieu descendit jusqu'à nous...

Le mobile chanta jusqu'au bout cet hymne de fête avec une telle simplicité et une telle profondeur de sentiment que les larmes coulèrent des yeux de tous nos soldats qui, jusqu'alors, ne s'étaient guère distingués par leur discipline.

Du côté des Allemands, aucun bruit. Lorsque le jeune fantassin eut terminé son hymne, il fit de nouveau le salut militaire et revint sur ses pas.

- Vous repentez-vous, capitaine, de m'avoir laissé partir ? me demanda-t-il vivement.

Je n'avais pas eu le temps de lui répondre que nous vîmes s'élancer des tranchées ennemies un gigantesque hussard qui arriva à peu de distance de nous. Il ôta son colback, nous salua et entonna à son tour un chant de Noël, le Noël allemand qui chante l'amour du Rédempteur envers les hommes. J'avais donné l'ordre absolu de ne pas tirer. Le hussard répéta deux fois la strophe finale. Et voici que dans les deux camps, des cris s'élèvent de toutes parts: « Noël! Noël! » s'écrient nos mobiles. « Weihnachten. Weihnachten, » leur répondent les soldats allemands. Pendant longtemps, moment inoubliable, les coeurs se confondirent dans un même sentiment de reconnaissance et de paix.

Quelques heures plus tard, la lutte reprit, une lutte terrible, acharnée, sans pitié. Il semblait que les uns et les autres, nous avions tout oublié. Et cependant... quelques instants au moins, nous avions glorifié Dieu, nous avions chanté, la paix sur la terre.

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Un rêve.

John Newton, qui avait débuté dans la vie en faisant la traite des nègres, raconte qu'une nuit il était couché dans son hamac, sur son vaisseau négrier, après une terrible crise de folle débauche. Il eut un rêve lugubre dans lequel il se vit jeter à la mer son âme, comme un joyau précieux; et tandis qu'elle disparaissait sous les flots, un cri de joie diabolique s'éleva des profondeurs de l'abîme et une lueur comme celle d'un éclair sinistre sembla sillonner les cimes des montagnes le long des côtes. Une grande dépression d'esprit le saisit. Il sentit qu'il avait perdu son âme, enseveli à jamais un trésor plus précieux que le monde entier. Alors, toujours en songe, il lui sembla voir son Sauveur debout devant lui, qui lui demandait s'il désirait retrouver le joyau perdu. Newton se jeta à ses pieds et le supplia avec instance de le sauver des eaux s'il le pouvait. Le Rédempteur alors se jeta à la mer, se débattit dans la houle, disparut sous les flots et enfin, lassé et haletant, reparut et regagna le vaisseau, tenant dans sa main le précieux joyau.

Vivement, le capitaine négrier étendît la main pour s'en saisir, mais le Maître le retint et dit : « Non, je le garderai pour toi maintenant. Si je te le rendais, tu le sacrifierais de nouveau. Quand ta vie terrestre sera finie, je te le rendrai à la porte des cieux, où il sera en sûreté pour toujours. »

De cette vision, le négrier débauché sortit transformé en un homme nouveau, devint l'un des enfants de Dieu sur la terre, le poète inspiré d'hymnes sacrées, le « pêcheur d'âmes » qui laisse derrière lui le lustre d'une vie plus précieuse que les joyaux terrestres les plus beaux.

Lecteurs, chacun de vous possède un trésor semblable à celui de Newton. L'avez-vous trouvé, et laissez-vous à Jésus le soin de le polir et de le préparer pour les plus hautes possibilités de la terre et les plus riches gloires des cieux?

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Jésus seul.

Lorsque l'illustre peintre Léonard de Vinci (décédé en 1519) travaillait à son fameux tableau de la sainte Cène, il avait toujours eu pour but de mettre en évidence aux yeux de tous la figure du Sauveur. Mais, dans un angle du tableau, se trouvait un petit bateau auquel il avait travaillé pendant trois semaines. Lorsqu'il exposa sa peinture au grand public, Léonard remarqua que ses admirateurs se précipitaient pour voir de plus près ce gobelet: Voyez comme il est admirablement fait! Quel peintre que Léonard! Mais un soir, pendant qu'ils étaient éloignés, le peintre prit son pinceau et d'un trait puissant, effaça pour toujours cette image: «Personne, dit-il, ne doit plus admirer autre chose que le Christ! »

(Rapporté par KRUMMEL.)

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Aujourd'hui, il vous est né un Sauveur.

Un illustre savant envoyait, un jour, son serviteur auprès de Philippe Mélanchthon lui poser cette question :

- Pourquoi continue-t-on de chanter le jour de Noël: Aujourd'hui le Sauveur nous est né, puisque cette naissance a en lieu, il y a plusieurs siècles ?

- Demande à ton maître, répondit Mélanchthon, s'il n'a pas besoin de consolation aujourd'hui.

(Rapporté par KRUMMEL.)

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Je n'ai pas honte de l'Evangile de Christ.

Le pieux ministre prussien von Pfeil, mort en 1784, avait l'habitude de passer chaque jour une heure en tête à tête avec Dieu et à la lecture de sa parole ! Il avait interdit sévèrement a son serviteur de laisser entrer qui que ce soit. Un jour, le roi Frédéric Il voulut entrer auprès de son ministre. Le serviteur en grande perplexité, n'osait pas transgresser l'ordre de son maître, ni éconduire le royal visiteur. Il lui expliqua l'habitude de von Pfeil, sur quoi Frédéric répondit : J'attendrai ! -

Après un moment, le ministre parut: Que votre majesté me pardonne! Je parlais avec le Roi de tous les rois !

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Il vit !

Quand le Dr, Martin Luther était triste et abattu, il se consolait par cette seule parole : Il vit! Souvent, il écrivait ces mots à la craie devant lui: Il vit, Il vit. Il les inscrivait aussi sur les portes et les parois. Comme on lui demandait un jour la signification de ces paroles, il répondit: « Jésus vit et, s'il ne vivait pas, je ne voudrais pas vivre moi-même une heure de plus ! Mais parce qu'il vit, nous vivrons aussi par Lui! »

Le Dr Martin Luther disait un jour - « Si quelqu'un frappe à la porte de mon coeur et demande: qui demeure ici? je lui réponds: C'est Jésus qui demeure ici et non plus Martin Luther!»

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Wilberforce.

«Wilberforce, le philanthrope chrétien, l'ami et le défenseur des nègres, à la fin du XVIlle siècle, fait des visites dans la haute société pour enrôler les grands dans son oeuvre réformatrice. Un vieux lord lui dit un jour : « Vous voulez réformer les moeurs des hommes ? Eh bien ! je vais vous montrer comment finissent ceux qui ont ce désir-là. »

Et il le met en présence d'un tableau représentant le Christ crucifié.

Il était difficile de. lui donner un meilleur encouragement.

(ABELOUS, Bienfaiteurs de l'Humanité.)

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Un vétéran.

Un vétéran de la garde impériale était tombé, blessé dans la région du coeur, sur un champ de bataille où Napoléon avait remporté une grande victoire. Tandis que le chirurgien cherchait à extraire la balle et sondait avec précaution la blessure : « Allez plus profond, dit le vieux soldat,vous trouverez l'Empereur »

Voilà le secret de la victoire : Confiance dans le chef et amour pour lui! Portons Christ dans notre coeur. Avec lui, nous serons invincibles.

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Toute ma théologie.

Lorsque le célèbre prédicateur anglais, dont les efforts ont été si abondamment bénis, Spurgeon, se disposa à partir, extrêmement souffrant, pour son dernier voyage à Menton, il reçut la visite de son ami Taylor. «Mon cher frère, lui dit Spurgeon, c'est mon dernier voyage, je ne reverrai pas ce pays. » Taylor lui répondit : « A supposer qu'il en soit malheureusement ainsi, que te dit ta foi?» Spurgeon répondit : «Toute ma théologie, toute ma science, toute ma foi, se résument à cette heure, dans cinq petits mots : Jésus est mort pour moi. On ne pourrait en chaire, je le reconnais, se borner à cinq mots ; mais c'en est assez pour qui va souffrir et mourir. Je me répète : Jésus est mort pour moi ! »

(0. FUNCKE, Le secret du bonheur.)

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Le testament d'un militaire.

Le 16 novembre 1891, un militaire protestant en résidence à Versailles, le commandant Apfel, officier de la Légion d'honneur, était subitement frappé par la mort, au moment où il lisait son journal, assis dans son fauteuil. Quand on a ouvert son testament daté du 1er février 1883,. on a trouvé qu'il commençait par ces mots, dont la lecture, faite au service funèbre, a produit une profonde impression sur les assistants

« Veillez et tenez-vous prêts, car vous ne savez pas quand le Seigneur doit venir.

» L'Eternel réduit l'homme en poussière, et il dit: Fils des hommes, retournez!

» Je rends grâces au Seigneur de ce qu'il m'a donné l'assurance du pardon de mes péchés et de mon adoption en Jésus-Christ, qui est mort pour mes péchés et ressuscité pour ma justification. Sauvé par grâce, par la foi, par un pur don de Dieu : voilà mon lot pour l'éternité.

» Ma volonté est que ma dépouille mortelle soit rendue à la terre le plus simplement possible ; qu'elle ne soit escortée par aucun détachement militaire. Que le pasteur qui présidera à la cérémonie ne parle pas de moi, mais qu'il place les assistants en présence de la mort et les exhorte à faire leur paix avec Dieu... »

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Je suis la porte.

Le professeur écossais Georges Adam Smith, dans un livre récent sur Jérusalem, explique certaines comparaisons employées par Jésus et dont le sens n'est pas toujours facile à saisir pour qui ne connaît pas les moeurs orientales.

Ainsi, l'auteur raconte qu'un soir, en Syrie, il se trouva près d'un bercail au moment où le berger y faisait rentrer son troupeau. C'était un vaste carré entouré d'un mur, avec une seule ouverture.

- Avez-vous à craindre les bêtes sauvages ? demanda le professeur.

- Je dois être constamment sur mes gardes, répondit le berger, et veiller toute la nuit.

- Les murailles de l'enclos ne suffisent-elles pas à protéger les brebis

- Oh ! non.

- Mais je ne vois pas la porte pour fermer l'entrée.

- Je suis la porte, répliqua le berger avec un sourire.

- Que voulez-vous dire ? demanda le professeur.

- Je veux dire que, quand mes brebis sont toutes rentrées, je me couche en travers de l'ouverture, et pas une d'entre elles ne pourrait sortir, aucune bête fauve ne pourrait entrer sans passer sur moi. Comme cela, mes brebis sont bien gardées.

Ce trait ne jette-t-il pas, une lumière nouvelle sur les paroles de Jésus dans Jean X ? N'explique-t-il pas comment, dans la même parabole, le Seigneur peut se comparer tour à tour au berger du troupeau et à la porte du bercail ?

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Un Sauveur dans notre détresse.

Un Chinois lettré dépeignait un jour l'amour de Jésus-Christ en ces termes :

Un homme tomba dans une fosse profonde ; il était couché sur le sol glissant et ne pouvait sortir de sa triste situation. Confucius s'approcha, le vit et lui dit : Pauvre homme, tu me fais vraiment pitié! Comment as-tu été si insensé que de te laisser tomber dans cette fosse? Je veux te donner un conseil : si tu peux te sortir de là, sois plus prudent une autre fois et n'y tombe plus !

Là-dessus vint un prêtre bouddhiste qui lui dit:

Pauvre homme ! j'ai vraiment pitié de te voir dans cette prison ; si tu pouvais faire la moitié ou les trois quarts du chemin, je pourrais peut-être te tirer de la'! Mais le malheureux ne pouvait pas même faire un pas.

Enfin le Seigneur Jésus vint, entendit ce malheureux pleurer et crier ; il se plaça sur le bord et tira l'homme de cette fosse où il aurait pu rouler jusqu'au fond, puis il lui dit après l'avoir sauvé : Va et ne, pèche plus !

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L'enseignement du Christ.

Un des philosophes français qui était à la cour du roi Frédéric-le-Grand, critiquait le Sermon sur la montagne : « Si Jésus, interrompit Frédéric, n'avait prononcé que ces seules paroles : Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur de même, il en aurait dit plus que toute votre philosophie. »

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Une allocution nègre.

Dimanche 6 février, à l'occasion dune agape qui réunissait les missionnaires et leurs aides indigènes, le vieux nègre Oldenstam prononça. une belle et édifiante allocution. Choisissant, selon la coutume de son peuple, la forme d'une allégorie, il décrivit, avec beaucoup d'habileté et de vérité, un arbre de la forêt vierge. « C'était, s'écria-t-il, un bel et grand arbre, mais couvert de tant de plantes grimpantes et parasites, et abritant sous ses branches tant de fourmis, de guêpes et de serpents, que personne n'avait le courage de s'en approcher. Un jour cependant, un homme arriva, coupa cet arbre avec beaucoup de peine, le nettoya de tous ses hôtes immondes et en vendit le bois à la ville. Un menuisier en fit l'acquisition et le, transforma en fort beaux meubles qui enchantèrent chacun. » - Ici, le narrateur s'arrêta, et, promenant un long regard sur l'assistance, il ajouta: « C'est ainsi que l'homme le plus dégradé en apparence, peut devenir quelque chose de beau et de glorieux, quand le Seigneur le purifie de tous ses pêchés et qu'il opère sur sa personne par la, discipline de son Saint-Esprit. »

(Tiré des annales de l'Eglise missionnaire morave de Paramaribo, Surinam Année 1889.)

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Le sang de Jésus-Christ nous purifie.

Luther était malade. Pendant une nuit de fièvre, il crut voir Satan en personne entrer dans sa chambre et se poster au pied de son lit. Il avait en mains, un rouleau de papier d'une grandeur prodigieuse qu'il se mit à dérouler avec un sourire de maligne satisfaction sur les lèvres. Le malade, fixant sur le papier ses yeux étonnés, fut consterné en y 'lisant l'énumération de tous ses péchés. Péchés de sa jeunesse et de son âge mûr, fautes cachées et fautes manifestes, négligences et transgressions, tout y était inscrit en caractères aussi noirs qu'il sentait que les péchés eux-mêmes l'avaient été et aussi distincts qu'ils devaient l'être, si Dieu les mettait devant la clarté de sa face. Il sentit son coeur défaillir; ce coeur brave et intrépide qui ne faiblissait jamais devant aucun homme, s'agite; cet oeil courageux, qui regardait en face des évêques et des cardinaux, des princes et des empereurs, se trouble en se fixant sur le terrible rouleau. Ses iniquités avaient surpassé sa tête, elles étaient comme un pesant fardeau.

Soudain une pensée consolante traversa son esprit. Se dressant sur son séant et étendant les bras vers le funeste rouleau, il s'écria avec force: « Tu as oublié une chose, tout cela est vrai, trop vrai, mais tu as oublié une chose : Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché ! » A peine l'eut-il dit que Satan disparut avec son lugubre rouleau.

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Laissez-lui ses béquilles.

Beecher le grand prédicateur américain, se trouva un jour dans une société d'hommes distingués parmi lesquels le colonel Ingersoll qui se vantait de ses idées sceptiques et tâchait de les propager, souvent hors de propos et toujours mal à propos. On avait évité, par convenance, de parler religion. Mais un des convives fit allusion, sur un ton plaisant, à ce qu'il appelait les opinions bizarres du colonel. Celui-ci voulut se défendre, et la conversation fut animée... Beecher ne disait mot. Interpellé à son tour, il répondit d'un toit calme:

- J'ai été tout à l'heure témoin d'une scène lamentable. J'ai vu un pauvre homme myope et estropié qui, avec des béquilles, s'efforçait de franchir un amas de boue pour aller d'une rue à l'autre. Il s'avançait lentement, prenant toutes ses précautions, et allait arriver, lorsqu'un individu, sans doute pour rire, s'élança sur ce malheureux, et d'un coup brusque, lui fit lâcher ses béquilles, le laissant se débattre, comme il pouvait, au milieu du bourbier.

- Quel homme brutal s'écria le colonel.

- Quel homme brutal répétèrent les autres à l'unisson.

- Oui, dit alors Beecher, en se tournant vers le colonel; oui, et vous êtes, Monsieur, cet homme brutal! L'âme humaine est estropiée, mais le christianisme lui fournit des béquilles à l'aide desquelles elle peut traverser le rude sentier de la vie. Vos enseignements viennent lui. enlever ce soutien et la laissent impuissante et au désespoir dans le bourbier du doute et de l'incrédulité.

Le célèbre Beecher s'assit; puis il se fit un morne silence. Le colonel avait trouvé son maître, et il se tut. Chacun prit bientôt son chapeau, en se donnant le bonsoir.



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