GLANURES (1)
III
L'OEUVRE DE CHRIST
Libre
propos d'un libre penseur.
Voulez-vous vous
rendre compte de l'influence de la religion de
Jésus-Christ sur la civilisation ? Supposez un moment
qu'elle n'ait pas existé. Effacez, par la
pensée, ce qui subsiste d'elle dans les trois
domaines du beau, du vrai et du bien. Commencez par les arts
plastiques. Entrez dans tous les musées et
décrochez des murailles l'image du Christ ; emportez
les toiles ou les statues qui représentent des
saints, des martyrs, des apôtres. Après la
peinture et la sculpture, passez à l'architecture,
à la musique. Rayez du nombre des compositeurs
Haendel, Palestrina, Bach et tant d'autres. Expurgez
l'oeuvre de Beethoven, de Mozart, de Pergolèse, de
Rossini, de tout ce qui a été inspiré
par la religion chrétienne.
Entrez ensuite dans la
sphère de la pensée et de la poésie :
supprimez Bossuet, Pascal, Fénelon; ôtez
Polyeucte à Corneille, Athalie à Racine,
Zaïre et Alzire à Voltaire ; poursuivez le nom
du Christ dans les vers de Lamartine, de Victor Hugo, voire
même de Musset. Ce n'est pas tout, faites un pas de
plus. Détruisez les hôpitaux, car le premier
hôpital fondé dans le monde a été
fondé par une femme chrétienne. Supprimez les
saint Vincent de Paul. Effacez enfin, effacez toutes les
traces qu'a laissées sur la terre le sang sorti des
blessures de celui que j'entends quelquefois appeler: le
pendu. Puis, cette besogne accomplie, retournez-vous.
Embrassez d'un long coup d'oeil les dix-huit cents ans
échelonnés derrière vous, et regardez
sans épouvante, si vous le pouvez, le vide que fait,
à travers les siècles, cette seule croix de
moins dans le monde.
E.
LEGOUVÉ, de l'Académie
française.
|
.
Sous les
murs de Paris en 1870.
C'était dans la
nuit du 25 décembre 1870. Le capitaine Paul de Ray se
trouvait aux avant-postes, pendant le siège de la
capitale, avec une compagnie de mobiles de la garde de
Paris. La soirée était magnifique, le froid
très vif. Les étoiles scintillaient au ciel,
répandant une vive clarté sur la plaine
ensevelie sous la neige. Les Allemands avaient poussé
leurs tranchées si près de nous, raconte Paul
de Ray, qu'on entendait distinctement le qui-vive des
sentinelles, et même le bruit sourd des fusils
retombant sur le sol. Vers. minuit, un petit mobile à
la figure énergique me demanda de quitter le poste.
Je crus tout d'abord que son intention était de se
rendre à Paris pour y fêter Noël avec les
siens, et je refusai net de lui accorder le congé
demandé. Mais le brave petit soldat me
répondit qu'il désirait pendant quelques
minutes seulement se diriger du côté du poste
allemand qui se trouvait en face de nous. Il fit en effet un
certain nombre de pas en avant et s'arrêta soudain.
Nous le vîmes faire le salut militaire, puis, dans la
nuit silencieuse, sa voix s'éleva forte et pure. Il
avait entonné le beau cantique de Noël
d'Adam
Minuit,
chrétiens, c'est l'heure solennelle
Où
l'Homme-Dieu descendit jusqu'à nous...
Le mobile chanta
jusqu'au bout cet hymne de fête avec une telle
simplicité et une telle profondeur de sentiment que
les larmes coulèrent des yeux de tous nos soldats
qui, jusqu'alors, ne s'étaient guère
distingués par leur discipline.
Du côté
des Allemands, aucun bruit. Lorsque le jeune fantassin eut
terminé son hymne, il fit de nouveau le salut
militaire et revint sur ses pas.
- Vous repentez-vous,
capitaine, de m'avoir laissé partir ? me demanda-t-il
vivement.
Je n'avais pas eu le
temps de lui répondre que nous vîmes
s'élancer des tranchées ennemies un
gigantesque hussard qui arriva à peu de distance de
nous. Il ôta son colback, nous salua et entonna
à son tour un chant de Noël, le Noël
allemand qui chante l'amour du Rédempteur envers les
hommes. J'avais donné l'ordre absolu de ne pas tirer.
Le hussard répéta deux fois la strophe finale.
Et voici que dans les deux camps, des cris
s'élèvent de toutes parts: « Noël!
Noël! » s'écrient nos mobiles. «
Weihnachten. Weihnachten, » leur répondent les
soldats allemands. Pendant longtemps, moment inoubliable,
les coeurs se confondirent dans un même sentiment de
reconnaissance et de paix.
Quelques heures plus
tard, la lutte reprit, une lutte terrible, acharnée,
sans pitié. Il semblait que les uns et les autres,
nous avions tout oublié. Et cependant... quelques
instants au moins, nous avions glorifié Dieu, nous
avions chanté, la paix sur la terre.
|
.
Un
rêve.
John Newton, qui avait
débuté dans la vie en faisant la traite des
nègres, raconte qu'une nuit il était
couché dans son hamac, sur son vaisseau
négrier, après une terrible crise de folle
débauche. Il eut un rêve lugubre dans lequel il
se vit jeter à la mer son âme, comme un joyau
précieux; et tandis qu'elle disparaissait sous les
flots, un cri de joie diabolique s'éleva des
profondeurs de l'abîme et une lueur comme celle d'un
éclair sinistre sembla sillonner les cimes des
montagnes le long des côtes. Une grande
dépression d'esprit le saisit. Il sentit qu'il avait
perdu son âme, enseveli à jamais un
trésor plus précieux que le monde entier.
Alors, toujours en songe, il lui sembla voir son Sauveur
debout devant lui, qui lui demandait s'il désirait
retrouver le joyau perdu. Newton se jeta à ses pieds
et le supplia avec instance de le sauver des eaux s'il le
pouvait. Le Rédempteur alors se jeta à la mer,
se débattit dans la houle, disparut sous les flots et
enfin, lassé et haletant, reparut et regagna le
vaisseau, tenant dans sa main le précieux
joyau.
Vivement, le capitaine
négrier étendît la main pour s'en
saisir, mais le Maître le retint et dit : « Non,
je le garderai pour toi maintenant. Si je te le rendais, tu
le sacrifierais de nouveau. Quand ta vie terrestre sera
finie, je te le rendrai à la porte des cieux,
où il sera en sûreté pour toujours.
»
De cette vision, le
négrier débauché sortit
transformé en un homme nouveau, devint l'un des
enfants de Dieu sur la terre, le poète inspiré
d'hymnes sacrées, le « pêcheur
d'âmes » qui laisse derrière lui le lustre
d'une vie plus précieuse que les joyaux terrestres
les plus beaux.
Lecteurs, chacun de
vous possède un trésor semblable à
celui de Newton. L'avez-vous trouvé, et laissez-vous
à Jésus le soin de le polir et de le
préparer pour les plus hautes possibilités de
la terre et les plus riches gloires des cieux?
|
.
Jésus seul.
Lorsque l'illustre
peintre Léonard de Vinci (décédé
en 1519) travaillait à son fameux tableau de la
sainte Cène, il avait toujours eu pour but de mettre
en évidence aux yeux de tous la figure du Sauveur.
Mais, dans un angle du tableau, se trouvait un petit bateau
auquel il avait travaillé pendant trois semaines.
Lorsqu'il exposa sa peinture au grand public, Léonard
remarqua que ses admirateurs se précipitaient pour
voir de plus près ce gobelet: Voyez comme il est
admirablement fait! Quel peintre que Léonard! Mais un
soir, pendant qu'ils étaient éloignés,
le peintre prit son pinceau et d'un trait puissant,
effaça pour toujours cette image: «Personne,
dit-il, ne doit plus admirer autre chose que le Christ!
»
(Rapporté par KRUMMEL.)
|
.
Aujourd'hui, il vous est né un
Sauveur.
Un illustre savant
envoyait, un jour, son serviteur auprès de Philippe
Mélanchthon lui poser cette question :
- Pourquoi
continue-t-on de chanter le jour de Noël: Aujourd'hui
le Sauveur nous est né, puisque cette naissance a en
lieu, il y a plusieurs siècles ?
- Demande à ton
maître, répondit Mélanchthon, s'il n'a
pas besoin de consolation aujourd'hui.
(Rapporté par KRUMMEL.)
|
.
Je n'ai pas
honte de l'Evangile de Christ.
Le pieux ministre
prussien von Pfeil, mort en 1784, avait l'habitude de passer
chaque jour une heure en tête à tête avec
Dieu et à la lecture de sa parole ! Il avait interdit
sévèrement a son serviteur de laisser entrer
qui que ce soit. Un jour, le roi Frédéric Il
voulut entrer auprès de son ministre. Le serviteur en
grande perplexité, n'osait pas transgresser l'ordre
de son maître, ni éconduire le royal visiteur.
Il lui expliqua l'habitude de von Pfeil, sur quoi
Frédéric répondit : J'attendrai !
-
Après un
moment, le ministre parut: Que votre majesté me
pardonne! Je parlais avec le Roi de tous les rois !
|
.
Il vit
!
Quand le Dr, Martin
Luther était triste et abattu, il se consolait par
cette seule parole : Il vit! Souvent, il écrivait ces
mots à la craie devant lui: Il vit, Il vit. Il les
inscrivait aussi sur les portes et les parois. Comme on lui
demandait un jour la signification de ces paroles, il
répondit: « Jésus vit et, s'il ne vivait
pas, je ne voudrais pas vivre moi-même une heure de
plus ! Mais parce qu'il vit, nous vivrons aussi par Lui!
»
Le Dr Martin Luther
disait un jour - « Si quelqu'un frappe à la
porte de mon coeur et demande: qui demeure ici? je lui
réponds: C'est Jésus qui demeure ici et non
plus Martin Luther!»
|
.
Wilberforce.
«Wilberforce, le
philanthrope chrétien, l'ami et le défenseur
des nègres, à la fin du XVIlle siècle,
fait des visites dans la haute société pour
enrôler les grands dans son oeuvre
réformatrice. Un vieux lord lui dit un jour : «
Vous voulez réformer les moeurs des hommes ? Eh bien
! je vais vous montrer comment finissent ceux qui ont ce
désir-là. »
Et il le met en
présence d'un tableau représentant le Christ
crucifié.
Il était
difficile de. lui donner un meilleur encouragement.
(ABELOUS, Bienfaiteurs de
l'Humanité.)
|
.
Un
vétéran.
Un
vétéran de la garde impériale
était tombé, blessé dans la
région du coeur, sur un champ de bataille où
Napoléon avait remporté une grande victoire.
Tandis que le chirurgien cherchait à extraire la
balle et sondait avec précaution la blessure : «
Allez plus profond, dit le vieux soldat,vous trouverez
l'Empereur »
Voilà le secret
de la victoire : Confiance dans le chef et amour pour lui!
Portons Christ dans notre coeur. Avec lui, nous serons
invincibles.
|
.
Toute ma
théologie.
Lorsque le
célèbre prédicateur anglais, dont les
efforts ont été si abondamment bénis,
Spurgeon, se disposa à partir, extrêmement
souffrant, pour son dernier voyage à Menton, il
reçut la visite de son ami Taylor. «Mon cher
frère, lui dit Spurgeon, c'est mon dernier voyage, je
ne reverrai pas ce pays. » Taylor lui répondit :
« A supposer qu'il en soit malheureusement ainsi, que
te dit ta foi?» Spurgeon répondit : «Toute
ma théologie, toute ma science, toute ma foi, se
résument à cette heure, dans cinq petits mots
: Jésus est mort pour moi. On ne pourrait en chaire,
je le reconnais, se borner à cinq mots ; mais c'en
est assez pour qui va souffrir et mourir. Je me
répète : Jésus est mort pour moi !
»
(0.
FUNCKE, Le secret du bonheur.)
|
.
Le
testament d'un militaire.
Le 16 novembre 1891,
un militaire protestant en résidence à
Versailles, le commandant Apfel, officier de la
Légion d'honneur, était subitement
frappé par la mort, au moment où il lisait son
journal, assis dans son fauteuil. Quand on a ouvert son
testament daté du 1er février 1883,. on a
trouvé qu'il commençait par ces mots, dont la
lecture, faite au service funèbre, a produit une
profonde impression sur les assistants
« Veillez et
tenez-vous prêts, car vous ne savez pas quand le
Seigneur doit venir.
» L'Eternel
réduit l'homme en poussière, et il dit: Fils
des hommes, retournez!
» Je rends
grâces au Seigneur de ce qu'il m'a donné
l'assurance du pardon de mes péchés et de mon
adoption en Jésus-Christ, qui est mort pour mes
péchés et ressuscité pour ma
justification. Sauvé par grâce, par la foi, par
un pur don de Dieu : voilà mon lot pour
l'éternité.
» Ma
volonté est que ma dépouille mortelle soit
rendue à la terre le plus simplement possible ;
qu'elle ne soit escortée par aucun détachement
militaire. Que le pasteur qui présidera à la
cérémonie ne parle pas de moi, mais qu'il
place les assistants en présence de la mort et les
exhorte à faire leur paix avec Dieu... »
|
.
Je suis la
porte.
Le professeur
écossais Georges Adam Smith, dans un livre
récent sur Jérusalem, explique certaines
comparaisons employées par Jésus et dont le
sens n'est pas toujours facile à saisir pour qui ne
connaît pas les moeurs orientales.
Ainsi, l'auteur
raconte qu'un soir, en Syrie, il se trouva près d'un
bercail au moment où le berger y faisait rentrer son
troupeau. C'était un vaste carré
entouré d'un mur, avec une seule ouverture.
- Avez-vous à
craindre les bêtes sauvages ? demanda le
professeur.
- Je dois être
constamment sur mes gardes, répondit le berger, et
veiller toute la nuit.
- Les murailles de
l'enclos ne suffisent-elles pas à protéger les
brebis
- Oh ! non.
- Mais je ne vois pas
la porte pour fermer l'entrée.
- Je suis la porte,
répliqua le berger avec un sourire.
- Que voulez-vous dire
? demanda le professeur.
- Je veux dire que,
quand mes brebis sont toutes rentrées, je me couche
en travers de l'ouverture, et pas une d'entre elles ne
pourrait sortir, aucune bête fauve ne pourrait entrer
sans passer sur moi. Comme cela, mes brebis sont bien
gardées.
Ce trait ne jette-t-il
pas, une lumière nouvelle sur les paroles de
Jésus dans Jean X ? N'explique-t-il pas comment, dans
la même parabole, le Seigneur peut se comparer tour
à tour au berger du troupeau et à la porte du
bercail ?
|
.
Un Sauveur
dans notre détresse.
Un Chinois
lettré dépeignait un jour l'amour de
Jésus-Christ en ces termes :
Un homme tomba dans
une fosse profonde ; il était couché sur le
sol glissant et ne pouvait sortir de sa triste situation.
Confucius s'approcha, le vit et lui dit : Pauvre homme, tu
me fais vraiment pitié! Comment as-tu
été si insensé que de te laisser tomber
dans cette fosse? Je veux te donner un conseil : si tu peux
te sortir de là, sois plus prudent une autre fois et
n'y tombe plus !
Là-dessus vint
un prêtre bouddhiste qui lui dit:
Pauvre homme ! j'ai
vraiment pitié de te voir dans cette prison ; si tu
pouvais faire la moitié ou les trois quarts du
chemin, je pourrais peut-être te tirer de la'! Mais le
malheureux ne pouvait pas même faire un pas.
Enfin le Seigneur
Jésus vint, entendit ce malheureux pleurer et crier ;
il se plaça sur le bord et tira l'homme de cette
fosse où il aurait pu rouler jusqu'au fond, puis il
lui dit après l'avoir sauvé : Va et ne,
pèche plus !
|
.
L'enseignement du Christ.
Un des philosophes
français qui était à la cour du roi
Frédéric-le-Grand, critiquait le Sermon sur la
montagne : « Si Jésus, interrompit
Frédéric, n'avait prononcé que ces
seules paroles : Tout ce que vous voulez que les hommes vous
fassent, faites-le leur de même, il en aurait dit plus
que toute votre philosophie. »
|
.
Une
allocution nègre.
Dimanche 6
février, à l'occasion dune agape qui
réunissait les missionnaires et leurs aides
indigènes, le vieux nègre Oldenstam
prononça. une belle et édifiante allocution.
Choisissant, selon la coutume de son peuple, la forme d'une
allégorie, il décrivit, avec beaucoup
d'habileté et de vérité, un arbre de la
forêt vierge. « C'était,
s'écria-t-il, un bel et grand arbre, mais couvert de
tant de plantes grimpantes et parasites, et abritant sous
ses branches tant de fourmis, de guêpes et de
serpents, que personne n'avait le courage de s'en approcher.
Un jour cependant, un homme arriva, coupa cet arbre avec
beaucoup de peine, le nettoya de tous ses hôtes
immondes et en vendit le bois à la ville. Un
menuisier en fit l'acquisition et le, transforma en fort
beaux meubles qui enchantèrent chacun. » - Ici,
le narrateur s'arrêta, et, promenant un long regard
sur l'assistance, il ajouta: « C'est ainsi que l'homme
le plus dégradé en apparence, peut devenir
quelque chose de beau et de glorieux, quand le Seigneur le
purifie de tous ses pêchés et qu'il
opère sur sa personne par la, discipline de son
Saint-Esprit. »
(Tiré des annales de l'Eglise
missionnaire morave de Paramaribo, Surinam Année
1889.)
|
.
Le sang de
Jésus-Christ nous purifie.
Luther était
malade. Pendant une nuit de fièvre, il crut voir
Satan en personne entrer dans sa chambre et se poster au
pied de son lit. Il avait en mains, un rouleau de papier
d'une grandeur prodigieuse qu'il se mit à
dérouler avec un sourire de maligne satisfaction sur
les lèvres. Le malade, fixant sur le papier ses yeux
étonnés, fut consterné en y 'lisant
l'énumération de tous ses
péchés. Péchés de sa jeunesse et
de son âge mûr, fautes cachées et fautes
manifestes, négligences et transgressions, tout y
était inscrit en caractères aussi noirs qu'il
sentait que les péchés eux-mêmes
l'avaient été et aussi distincts qu'ils
devaient l'être, si Dieu les mettait devant la
clarté de sa face. Il sentit son coeur
défaillir; ce coeur brave et intrépide qui ne
faiblissait jamais devant aucun homme, s'agite; cet oeil
courageux, qui regardait en face des évêques et
des cardinaux, des princes et des empereurs, se trouble en
se fixant sur le terrible rouleau. Ses iniquités
avaient surpassé sa tête, elles étaient
comme un pesant fardeau.
Soudain une
pensée consolante traversa son esprit. Se dressant
sur son séant et étendant les bras vers le
funeste rouleau, il s'écria avec force: « Tu as
oublié une chose, tout cela est vrai, trop vrai, mais
tu as oublié une chose : Le sang de
Jésus-Christ nous purifie de tout péché
! » A peine l'eut-il dit que Satan disparut avec son
lugubre rouleau.
|
.
Laissez-lui
ses béquilles.
Beecher le grand
prédicateur américain, se trouva un jour dans
une société d'hommes distingués parmi
lesquels le colonel Ingersoll qui se vantait de ses
idées sceptiques et tâchait de les propager,
souvent hors de propos et toujours mal à propos. On
avait évité, par convenance, de parler
religion. Mais un des convives fit allusion, sur un ton
plaisant, à ce qu'il appelait les opinions bizarres
du colonel. Celui-ci voulut se défendre, et la
conversation fut animée... Beecher ne disait mot.
Interpellé à son tour, il répondit d'un
toit calme:
- J'ai
été tout à l'heure témoin d'une
scène lamentable. J'ai vu un pauvre homme myope et
estropié qui, avec des béquilles,
s'efforçait de franchir un amas de boue pour aller
d'une rue à l'autre. Il s'avançait lentement,
prenant toutes ses précautions, et allait arriver,
lorsqu'un individu, sans doute pour rire,
s'élança sur ce malheureux, et d'un coup
brusque, lui fit lâcher ses béquilles, le
laissant se débattre, comme il pouvait, au milieu du
bourbier.
- Quel homme brutal
s'écria le colonel.
- Quel homme brutal
répétèrent les autres à
l'unisson.
- Oui, dit alors
Beecher, en se tournant vers le colonel; oui, et vous
êtes, Monsieur, cet homme brutal! L'âme humaine
est estropiée, mais le christianisme lui fournit des
béquilles à l'aide desquelles elle peut
traverser le rude sentier de la vie. Vos enseignements
viennent lui. enlever ce soutien et la laissent impuissante
et au désespoir dans le bourbier du doute et de
l'incrédulité.
Le
célèbre Beecher s'assit; puis il se fit un
morne silence. Le colonel avait trouvé son
maître, et il se tut. Chacun prit bientôt son
chapeau, en se donnant le bonsoir.
|
|