GLANURES (1)
-
Il
-
LE
PÉCHÉ
-
-
Deux
spécimens
d'humanité.
-
- Dans
une
conférence donnée
à la Salle centrale, à
Lausanne, M. le pasteur
Léopold Monod, de Lyon, a
cité les deux faits suivants,
qui démontrent d'une
manière frappante la
différence capitale qui
existe entre des hommes
obéissant uniquement à
leurs instincts naturels, et
d'autres animés de l'Esprit
de Dieu:
- Dans
une mine de
houille abandonnée - aux
Etats-Unis, à Wheeling,
West-Virginia - on découvrit,
en 1996, quatre squelettes ;
près d'eux, enfermé
dans une bouteille, un papier
signé du nom de Joseph Edney,
où l'on pouvait lire encore
ce qui suit :
- «2
novembre
1863. - La mine s'est
effondrée et nous sommes
prisonniers. Ni eau, ni aliments.
Voici le huitième jour de
notre emprisonnement.»
- «4
novembre. -
Ewing et Akelson viennent de tuer
Ayres et dévorent son
cadavre. »
- «
6 novembre. -
Ewing a tué Akelson; il
brandit son couteau et danse comme
un fou. »
- «
7 novembre. -
J'ai tué Ewing qui voulait me
tuer, et je renferme ce récit
dans une bouteille. »
- Voilà
donc ce
que devient l'homme sous l'impulsion
de l'instinct primordial de la faim,
de la folie engendrée par la
faim et le désespoir. La
scène est d'autant plus
horrible qu'elle est, en même
temps, un symbole. Cette lutte sur
cet étroit
théâtre. - entre ces
quatre individus, dans les
entrailles de la terre,
évoque la vision de
l'universelle, de l'impitoyable
guerre que se livrent incessamment
les êtres vivants. Dans
l'humanité comme ailleurs,
sous les hypocrisies et sous les
beaux décors de la politique,
du commerce, des organisations
sociales, on se demande avec
épouvante s'il y a autre'
chose, en réalité, que
cette question unique: Qui sera
mangé, qui mangera les
autres? Qui tuera, ou sera
tué le premier ?
- Hélas
! les
catastrophes semblables à
celle de Wheeling ne sont pas rares.
Il y a quelques années, dans
une mine anglaise, à Seedham,
en déblayant des galeries
où, à la suite d'une
explosion, beaucoup de mineurs
avaient péri, on a
trouvé ces mots écrits
à la craie par l'un d'eux sur
une porte de ventilation :
- «Tous
vivants
à trois heures. Seigneur, aie
pitié de nous! Prie ensemble
pour la délivrance.
Signé: Robert Johnson.
»
- Et
ailleurs sur une
planche :
- «Le
Seigneur a
été: avec nous. Nous
sommes tous prêts pour le
ciel. Signé; Richard Cole.
»
- Quelle
éclatante lumière,
cette fois, dans le redoutable
caveau ! Elle brille dans ces
caractères tracés sur
le bois, au fond du trou noir, aussi
merveilleuse que celle qui faisait
jadis flamboyer aux regards des
voyants les buissons du
désert ; aussi merveilleuse
et non moins sainte ! Il semble
qu'une voix se fasse entendre encore
: « N'approche pas !
Découvre-toi! Ce sol est
sacré...!»
|
.
-
-
Deux
confessions.
-
- Jean-Jacques
Rousseau commence ses Confessions
par ces mots : « Je forme une
entreprise qui n'eut jamais
d'exemple, et dont
l'exécution n'aura point
d'imitateurs. Je veux montrer
à mes semblables un homme
dans toute la vérité
de la nature ; et cet homme, ce sera
moi...
- »
Que la
trompette du jugement dernier sonne
quand elle voudra ; je viendrai, ce
livre à la main, me
présenter devant le souverain
Juge. Je dirai hautement:
Voilà ce que j'ai fait, ce
que j'ai pensé, ce que je
fus. J'ai dit le bien et le mal avec
la même franchise; je n'ai
rien tu de mauvais, rien
ajouté de bon... J'ai
dévoilé mon
intérieur tel que tu l'as vu
toi-même, Être
éternel. »
- Quiconque
a lu les
Confessions conviendra que chaque
page est empreinte d'une
vanité enfantine; Rousseau ne
se vante pas seulement de ses
actions «bonnes,
généreuses,
sublimes» mais aussi des
indignités dont il s'est
rendu coupable. Il croit avoir droit
à notre admiration, parce
qu'il ose mettre son âme
à nu; il tire gloire de sa
franchise. Sa confession est pour
lui une expiation, et il estime que
l'Etre éternel qui voit tout,
doit non seulement lui pardonner,
mais encore le louer
hautement.
- Un
tout autre esprit
inspire les Confessions de Saint
Augustin et celles de tout homme
éclairé par la
lumière de Dieu. «
Où fuir? » dit
l'évêque d'Hippone,
« où chercher la
délivrance des
péchés nombreux qui
m'accablent ? » Il est un Dieu
qui pardonne et qui guérit
nos infirmités. Cette
certitude est la force et la
consolation du coupable.
- L'homme
qui se
connaît lui-même sait
que la grâce divine triomphe
seule du mal en nous.
-
(0. FUNCKE,
Joseph.)
|
.
-
-
Si tard.
-
- Un
des pères
de l'Eglise, St Augustin, jetant
dans ses Confessions un regard sur
sa vie passée, s'exprime
ainsi : « Une seule douleur me
reste depuis que je vis dans ta
communion, ô Jésus !
une seule douleur me reste. Je t'ai
aimée si tard, ô
beauté ! plus vieille que le
monde, et éternellement
jeune, je t'ai aimée si tard
! »
-
(0. FUNCKE, De la
lumière aux
ténèbres.)
|
.
-
-
Copernic.
-
- Copernic
(1473-1543)
fut l'initiateur de l'astronomie
moderne. Quand il mourut, son corps
fut déposé dans
l'église de Warmic, en
Pologne. Sur une modeste pierre, on
lisait en latin l'inscription
suivante :
- «
Je ne demande
pas le pardon accordé
à Paul et je n'espère
pas la grâce donnée
à Pierre. Je te demande
seulement ce que tu as
accordé au brigand sur la
croix. »
|
.
-
-
Un mot du grand
Newton.
-
- On
rapporte que,
dans les dernières
années de sa vie, la
mémoire d'Isaac Newton
s'était extrêmement
affaiblie. Non seulement il supporta
cette épreuve avec patience,
mais il dit un jour :
- «Puissé-je
conserver au moins le souvenir de
ces deux choses : c'est que je suis
un très grand pécheur,
et que Jésus est un
très grand
Sauveur.»
|
.
-
-
La voix de la
conscience.
-
- Un
ministre de la
Bohême, nommé
Johannès, revenant d'un
voyage, traversait une forêt.
Il fut assailli par des voleurs qui,
après l'avoir
dépouillé de l'argent
qu'ils trouvèrent sur lui,
lui demandèrent s'il n'avait
plus rien, et., sur sa
réponse négative, le
laissèrent aller.
- Sorti
de leurs
mains, il pensa avec satisfaction
qu'il avait soustrait à leur
rapacité quelques
pièces d'or cousues dans
l'étoffe de son habit.
- Alors
la conscience
éleva sa tête et sa
voix de lion, et lui dit :
- -
Tu as
menti.
- -
Mais j'ai besoin
de cela pour continuer mon
voyage.
- -
Tu as
menti.
- -
Mais mes enfants
en ont besoin
- -
Tu as
menti.
- -
Mais,
mais...
- A
chaque mais, la
conscience répète:
« Tu as menti. »
- Alors
Johannès rebrousse chemin
dans les ténèbres: il
cherche les voleurs, les trouve
occupés à partager son
argent, et, s'avançant au
milieu d'eux:
- -
J'ai menti, leur
dit-il, et voilà mon
or.
- Les
voleurs se
prennent à rire; mais presque
au même instant, la conscience
élève sa tête de
lion, et leur dit : « S'il a
menti, vous avez volé, .s'il
a violé le neuvième
commandement, vous avez violé
le huitième. »
- Il
le leur dit et le
leur répète avec une
force qui les terrasse ; ils
confessent qu'ils ont
péché ils s'humilient
devant celui qu'ils ont
dépouillé ils lui
demandent de prier pour eux ; le
ministre et les voleurs prient
ensemble_
-
(D'après
VINET.)
|
.
-
-
Une prière
d'Aug. Bachelin.
-
- M.
Auguste Bachelin,
peintre, archéologue,
littérateur et romancier
neuchâtelois, est mort
à l'âge de 60 ans,
à, la suite d'une grave
opération au larynx.
- Tous
nos journaux
rendirent hommage aux talents et au
caractère de cet homme
distingué. Voici la
conclusion de l'article
nécrologique que M. Ph. Godet
lui consacra dans la Suisse
libérale :
- «Notre
ami, qui
avait sa piété,
discrète, mais réelle,
avait emporté à Berne
un livre de textes bibliques qu'il
lisait chaque matin. Durant ses
derniers jours, il l'a annoté
de sa main. Mercredi dernier, il
inscrivait en marge ce simple et
terrible mot: Opération
!
- «
Les passages
du jour étaient ceux-ci : Tu
as crié dans ta
détresse et je t'ai
délivré. - Je connais
tes oeuvres et ton affliction et ta
pauvreté ne crains rien des
choses que tu as à souffrir
:
- «
Et la main de
notre ami avait ajouté cette
prière: « 0 mon Dieu,
aie pitié de moi!
»
- «
Sa
prière a été
entendue. »
|
.
-
-
Origine d'un
cantique.
-
- Tel que je
suis.
- Très
nombreux
sont ceux qui connaissent, dans les
premiers cantiques du réveil
:
- Tel
que je suis,
pécheur rebelle...
- La
limpidité
des paroles, la précision de
la pensée, la puissance de la
conviction et la fraîcheur de
sentiments qui le
caractérisent en font un
cantique toujours actuel. Mais bien
rares sont ceux qui connaissent
l'auteur et surtout les
circonstances qui ont inspiré
ce dernier.
- C'était
en
1834. Une jeune fille, Charlotte
Elliott, entièrement
absorbée par des
préoccupations mondaines, fit
l'achat d'une robe qu'elle devait
revêtir pour prendre part
à un bal. Son pasteur,
préoccupé de l'allure
de plus en plus frivole que prenait
cette jeune fille, lui adressa de
sérieux avertissements et la
pressa de se convertir.
Réplique sèche et
insolente de Charlotte, qui ne veut
pas qu'on se mêle de ce qui ne
regarde qu'elle! Puis elle se rendit
au bal.
- La
soirée
terminée, la jeune fille
rentra chez elle lasse et
mélancolique. Les paroles de
l'ami importun lui revinrent en
mémoire. Reprise dans sa
conscience ait souvenir de sa
conduite, elle finit par aller,
dès le lendemain, chez le
pasteur pour lui présenter
des excuses. Puis, une crise intime
et profonde s'accentuant, elle
renouvela la question du
geôlier de Philippe: «
Que faut-il que je fasse pour
être sauvé? »
L'Evangile lui fut
présenté dans sa
simplicité; elle rentra chez
elle ; après longues
réflexions, elle pria et
déclara se donner à
Dieu telle qu'elle
était.
- C'est
après
cela que, toute vibrante encore de
la crise salutaire, elle composa le
cantique qu'après elle des
milliers ont chanté :
-
Tel que je suis,
pécheur rebelle
-
Au nom du sang
versé pour moi,
-
Au nom de ta voix
qui m'appelle,
-
Jésus, je
viens à toi.
-
(Feuille
religieuse.)
|
.
-
-
Les cinq
degrés.
-
- On
trouva un jour
sur la muraille d'une cellule de
prison un dessin fait par un
condamné à mort. Ce
dessin représentait un
échafaud auquel on montait
par cinq degrés, qui avaient
chacun leur nom. Au premier se
trouvait le mot :
désobéissance aux
parents ; au deuxième :
profanation du dimanche ; au
troisième : jeu de cartes et
boisson ; au quatrième :
meurtre ; au cinquième et
dernier: échafaud !
|
.
-
-
Sentiment du
péché.
-
- Un
soir, dans ma
première paroisse,
c'était la veille de
Noël, un de mes paroissiens se
précipite dans ma chambre.
« Venez, venez, pour
empêcher un grand malheur -
Qu'y a-t-il? - Oh ! c'est Auguste
qui a déclaré que,
puisque la voisine avait fait mourir
cette année sa femme et son
fils en leur jetant un sort, il
honorerait ce soir la mémoire
de ses morts en tuant la voisine.
Son fusil est chargé. Allez
vite, je vous en conjure, pour lui
faire entendre raison. »
- Le
dit Auguste
était une sorte de brute, un
colosse dont tout le monde avait
peur, protestant de nom, païen
de fait, buveur,
débauché et violent.
Dans sa grossièreté,
il était aussi superstitieux
que méchant. Il accusait une
pauvre voisine d'avoir causé
la mort de sa femme et de son
enfant.
- Je
savais tout cela,
je connaissais l'homme, je le
croyais capable de tout. Je ne
pouvais toutefois me dispenser
d'aller le trouver. Il était
assis, son fusil entre les jambes :
« Ah! vous voilà,
pasteur. Si vous croyez que vos
morales m'empêcheront de faire
ce que je veux, vous vous trompez.
Ce soir, mes morts seront contents,
car, ce soir, j'enverrai la voisine
en enfer. »
- Je
compris que mon
homme était
décidé à faire
son coup. Une grande angoisse me
saisit. Raisonner avec lui ne
servait de rien. Il fallait le
terrasser ; et pour le terrasser, il
ne fallait pas y aller par quatre
chemins.
- Dieu
eut
pitié de moi et m'inspira
l'audace nécessaire. «
Soit, lui dis-je, vous allez tuer
votre voisine. J'ignore si elle ira
en enfer, mais, à coup
sûr, je connais quelqu'un qui
y ira. Ce quelqu'un, c'est vous...
Oh ! ne vous fâchez pas. Je
vous connais, malheureux. » Et
alors, profitant de toutes les
confidences qui m'avaient
été faites, je lui
redis en quelques mots certaines
infamies qu'il avait commises et
qu'il croyait complètement
ignorées : « Vous avez
fait ceci dans telle occasion, cela
dans telle autre. Vous avez
détruit la paix de tel foyer,
jeté le déshonneur
dans tel autre. » Lorsque j'eus
fini, mon homme, au lieu de
m'envoyer un coup de fusil comme on
pouvait s'y attendre, avait mis son
arme de côté. Il
tremblait de tous ses
membres.
- -
Pasteur, me dit-il
soudain, est-ce qu'il faut
s'agenouiller pour prier ?
- -
Oh !
nullement.
- -
Alors, me dit-il,
priez ; et, me saisissant la main,
il la serrait convulsivement dans la
sienne.
- -
Si jamais j'ai
prié avec ferveur dans ma
vie, c'est bien cette
fois-là. Lorsque j'eus fini :
« C'est bien, fit-il, vous
pouvez partir tranquille. Je ne la
tuerai pas. »
- Ce
fut pour moi une
heureuse veille de Noël.
- Et
maintenant,
veuillez l'observer. Qu'avait-il
fallu pour abattre ce géant
et dompter ce sauvage ? Il avait
suffi que je lui jette à la
face quelques-unes, un très
petit nombre, des mauvaises actions
qu'il avait commises, et la seule
pensée de ces quelques fautes
l'avait brisé et l'avait
terrassé.
-
T.
FALLOT.
|
.
-
-
Un mal
irréparable.
-
- Un
homme pieux s'en
allait mourir, lorsqu'il vit sou
voisin Jean entrer dans sa chambre
d'un air triste et humilié et
lui dire :
- Je
viens d'apprendre
à l'instant que tu es bien
mal et je ne puis pas te laisser
partir ainsi. Il y a quelque chose
qui me tourmente ; tu sais ce que
c'est: je me suis toujours
laissé aller à dire
des méchancetés contre
toi. Je ne le faisais pas dans une
mauvaise intention, mais j'y prenais
un malin plaisir, parce que tu
étais chrétien ; je
sais que tu en as souffert et que
même cela t'a fait du tort.
Maintenant je le regrette de tout
mon coeur. Peux-tu me le
pardonner?
- Le
malade
écouta avec émotion et
répondit:
- -
Oui, Jean, je te
pardonne volontiers. Il est vrai que
bien des fois tu m'as
profondément blessé et
que tu m'as fait manquer de travail;
mais c'est passé maintenant.
Je suis heureux que tu aies reconnu
ton tort et, encore une fois, tout
est pardonné. J'ai cependant
encore un désir à
t'exprimer.
- -
Lequel? dit Jean,
je suis prêt à
tout!
- -
Eh bien! je
désire que tu prennes mon
oreiller de plume et que tu ailles
le vider du haut du clocher de
l'église.
- Les
assistants se
regardèrent avec
étonnement, et la femme du
mourant lui demanda si
c'était bien cela qu'il
voulait dire. Il fit un signe de
tète si sérieux qu'il
n'y avait pas à s'y
méprendre.
- Aussi
Jean alla
s'acquitter de sa singulière
commission ; il monta sur le clocher
du village, secoua soigneusement
l'oreiller et vit les innombrables
petites plumes emportées par
le vent se répandre de tous
côtés. Puis il rapporta
le sac vide au moribond.
- -
Bien ! lui dit
celui-ci; maintenant, encore quelque
chose et je serai content! Prends
cette taie et va ramasser toutes les
plumes qui y étaient jusqu'
à ce qu'elle soit
remplie.
- Jean
regarda le
mourant d'un air interrogateur.
Mais. au bout d'un instant, il
comprit et baissa les veux. Puis,
tristement, il regarda de nouveau
son ami, qui lui dit encore : - Tu
vois, Jean; c'est la même
chose avec la médisance : les
paroles sont vite prononcées
et elles se répandent au
loin. Et puis, quand on veut
réparer le mal qu'on a fait,
ce n'est plus possible, c'est trop
tard ! Je pars sans aucune amertume
contre toi, puisque tu regrettes de
t'être ainsi laissé
aller, mais le tort que tu m'as fait
n'est plus réparable. Que
Dieu te garde à l'avenir! Et
maintenant adieu !
|
.
-
-
Le tsar à la
chute du Rhin.
-
- Si
l'un de mes
lecteurs a jamais été
à Schaffhouse, il aura vu
cette merveilleuse chute du Rhin,
ces flots d'un beau vert se
précipiter du haut de
gigantesques rochers, avec
l'éclat du tonnerre. Il aura
peut-être remarqué au
milieu de la chute un rocher qui a
la forme d'une tour. On peut grimper
sur ce rocher, quoique ce soit
périlleux, et un habile
batelier vous y conduit en petit
bateau. Je l'ai fait, moi qui vous
parle, mais lorsque je me suis
trouvé au milieu des flots
tumultueux et bouillonnant
d'écume, au centre même
du fracas de la chute, je me suis
fait l'effet d'un véritable
étourdi, et tout mon sang a
reflué au coeur. Je le dis
à l'un de mes amis, qui me
répondit :
- «
Tu n'as pas
à avoir honte de ce
sentiment. Il y a quelques
années, le tsar Alexandre,
celui qui a été si
lâchement assassiné,
s'est fait conduire à ce
rocher. Pendant le trajet, cet homme
si courageux d'ordinaire se sentit
comme étouffer. Pris d'une
angoisse indescriptible, il se leva
d'un bond dans le petit bateau,
courant ainsi le plus grand danger.
L'un des bateliers lui mit rudement
la main sur l'épaule, en
pesant avec force, et lui cria sans
cérémonie:
«Monsieur l'empereur,
assieds-toi donc, sinon tu boiras
plus d'eau que tu ne veux.» Je
me mis à rire de cette
interpellation sans façon du
brave Suisse à l'autocrate de
toutes les Russies. - Puis, je
devins sérieux. Oui, les
empereurs eux-mêmes, qu'ils
s'appellent Alexandre de Russie ou
Guillaume de Prusse, doivent
apprendre à se faire petits
et à s'humilier devant Dieu
et à leurs propres yeux, non
seulement au milieu d'une chute
d'eau, mais partout et toujours,
sinon ils sont perdus. Ce que je dis
là des empereurs s'applique
naturellement à nous tous,
quels que nous soyons.
- Il
faut que nous
nous humiliions nous-mêmes,
que nous tombions à genoux,
si nous voulons que Jésus
nous relève. «Dieu fait
grâce aux humbles. » I
Pierre V, 5.
-
O. FUNCKE,
Jésus-Christ et la
Bible.
|
.
-
-
Un étudiant
du XVIe siècle.
-
- Henri
Bullinger,
l'ami et le successeur de Zwingli,
fut envoyé à Cologne
par ses parents, afin d'y faire ses
études. Il était
pourvu d'un modeste pécule,
mais n'avait pas encore appris
à diriger judicieusement ses
dépenses. Suivant l'exemple
de certains camarades, il ne tarda
pas à entrer dans une
mauvaise voie.
- Un
jour, dans la
boutique d'un confiseur, les jeunes
gens voulurent acheter des
friandises assez coûteuses. Le
confiseur les leur refusa et leur
fit une réprimande
sévère : « Cet
argent que vous voulez
dépenser inutilement, leur
dit-il, vos parents l'ont sans doute
économisé avec peine.
Je ne veux pas être le
complice de votre
prodigalité. Si vous
commencez par de folles
dépenses, vous ferez mauvaise
fin. » Bullinger et ses amis
furent stupéfaits. Ils
quittèrent la boutique, les
uns en maugréant contre
l'insolent confiseur, les autres
silencieux et repris dans leur
conscience. Du nombre de ces
derniers fut Bullinger, « Je ne
sais, dit-il plus tard, ce que je
serais devenu, si l'admonestation
sévère du marchand ne
m'avait fait rentrer en
moi-même. »
- S'il
y avait, de nos
jours, beaucoup d'imitateurs de ce
brave bourgeois de Cologne parmi
ceux qui sont en relations avec des
jeunes gens sans expérience,
vivant loin des yeux de leurs
parents, il y aurait moins de
parents malheureux, et plus d'un
jeune homme serait
arrêté sur la pente
glissante qui conduit de la
dissipation au vice et au
libertinage.
|
.
-
-
Je me
lèverai, j'irai vers mon
père.
- Heureux
ceux qui ont
le mal du pays, car ils iront
à la maison. » Cette
consolante parole de Jung Stilling
me revint à la mémoire
le matin de l'Ascension. et me
rappela en outre le récit
suivant, que je tiens d'une personne
sûre :
- Un
jeune ouvrier,
habitant Berne depuis quelques
années, éprouva un
dimanche soir le désir
d'assister à un culte, et se
rendit à la chapelle
évangélique de la
Naegeligasse. Avant de se
séparer, l'assemblée
chanta le cantique commençant
par ces paroles :
-
-
Reviens,
reviens,
-
Tu dissipas tes
biens
-
Sur la terre
étrangère,
-
Loin des yeux de ton
père.
-
0 pauvre enfant
perdu, reviens, reviens.
-
- Une
dame voyant que
le jeune homme n'avait pas de
recueil de cantiques, lui passa le
sien ; avant la fin du chant,
l'ouvrier se leva et sortit de la
chapelle, emportant le livre.
- La
dame le suivit et
le trouva pleurant vers la porte ;
elle lui demanda avec sympathie la
cause de ses larmes et le jeune
homme lui raconta son histoire. Il
était originaire de la Suisse
orientale et avait quitté la
maison sept ans auparavant à
la suite d'un châtiment
sévère et, croyait-il.
immérité de la part de
son père ; il était
parti sans prendre congé,
décidé à ne pas
revenir, et à ne jamais
donner de ses nouvelles à sa
famille. Il avait tenu parole
jusqu'à ce jour; mais le
chant du cantique, ces paroles :
«Reviens, reviens, »
l'avaient si fort
impressionné, qu'il n'avait
pu retenir ses larmes et
était sorti
précipitamment, oubliant de
rendre le livre, ce dont il
s'excusa. Depuis quelque temps
déjà, il luttait en
vain contre le mal du pays, mais
cette dernière circonstance
l'avait décidé
à retourner dans sa famille,
et à se réconcilier
avec son père. La dame qui
venait d'entendre sa confession,
l'encouragea dans sa
résolution ; il se rendit
immédiatement au bureau du
télégraphe et
expédia cette
dépêche : -
«Père, puis-je revenir
?» - La réponse ne se
fit pas attendre : -
- «
Reviens,
signé : Ton père.
» - C'étaient les
paroles même qui l'avaient si
fort impressionné à
l'église. Il partit le
lendemain matin. Les anges du ciel
se sont certainement réjouis
de ce retour, réponse aux
prières ardentes des parents,
pendant les sept ans de
séparation.
- Heureux
les enfants
dont les parents prient!
- Ils
sont
environnés d'une muraille qui
les met à l'abri des
atteintes du malin ; les
prières paternelles sont les
échelons qui les
élèvent vers notre
Père à tous.
|
.
-
-
Fuir le
mal.
-
- Le
Grand
Électeur, lorsqu'il
était encore prince,
séjourna pendant un certain
temps au camp de Bréda.
Là, le jeune prince se laissa
entraîner dans une vie de
dissipation et de débauche.
Lorsqu'il vit qu'il ne pouvait pas
résister au courant
malgré ses meilleures
résolutions, il prit son
parti, monta à cheval au
milieu de la nuit et s'enfuit. Son
cousin, le prince d'Orange, chez
lequel il se réfugia, lui dit
avec raison : « On peut
attendre de grandes choses de celui
qui sait se vaincre lui-même.
» - - C'était bien
là un coup décisif, un
coup de hache! Le jeune prince
savait résister aux
tentations, mais il était
plus difficile encore de supporter
la moquerie qui ne pouvait manquer
de l'atteindre. Une fuite rapide,
voilà le seul moyen qui
pouvait le sauver ! S'il
était resté au camp,
il aurait discuté avec ceux
qui avaient tout
intérêt à
l'entraîner, peut-être
aurait-il fait quelque concession ;
dès lors, il aurait
été perdu!
- Et
tous
ceux-là sont perdus qui ne
brisent pas absolument et
résolument avec le
péché, quel qu'il
soit.
-
(0. FUNCKE,
Jésus-Christ et la
Bible.)
|
.
-
-
Luther chez le
barbier.
-
- Luther,
se faisant
un jour faire la barbe en
présence du Dr Jonas, dit
à celui-ci: « Le
péché originel est en
nous comme la barbe. On la coupe
aujourd'hui, nous avons le visage
frais, et demain elle repousse et ne
cesse de pousser jusqu'à ce
que nous soyons sous terre. De
même le péché
originel ne peut être
extirpé en nous, il remue
tant que nous vivons.
Néanmoins nous devons lui
résister de toutes nos forces
et le couper sans relâche.
»
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L'Arabe et le
chameau.
-
(Fable
orientale.)
-
- C'était
l'hiver ! Un Arabe était
assis dans sa tente. Survint alors
un chameau. - « Permets, lui
dit-il, que j'introduise dans la
tente, où il fait si bon, le
bout de mon museau pour me
réchauffer, car il fait si
froid dehors ! »
- -
«Je te le
permets volontiers »,
répondit l'Arabe qui n'y
voyait aucun
inconvénient.
- Enhardi
par ce
premier succès, le chameau'
revint à la charge : - «
Permets, dit-il cette fois, que
j'introduise ma tète ?
»
- -
« Ta
tête seulement ! »
répondit le fils
d'Ismaël que. commençait
à inquiéter l'attitude
du chameau.
- Tout
heureux d'avoir
réussi une seconde fois,
l'animal rusé et perspicace
demanda alors la permission
d'introduire ses deux jambes de
devant :
- «
Elles sont si
près de la tête, »
prétendait-il.
- «Tes
deux
jambes de devant, et rien de plus!
» dit l'Arabe effrayé
des exigences du chameau. A peine
celui-ci en eut-il obtenu fa
permission qu'il entra tout entier,
au grand effroi du
propriétaire.
- Prenons
donc garde
au premier pas ! La pente est
glissante ; Satan est
rusé.
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Puissance du
remords.
-
- A
Solingen (Prusse),
un vieux couple fut assassiné
dans sa maison, il y a environ douze
ans, et les recherches des
autorités judiciaires
étaient restées
infructueuses. Or, le jour se fit
sur cette lugubre histoire.
- Un
individu,
détenu dans la maison
cellulaire de Janer, a fait
spontanément les aveux les
plus complets. - Et voici comment il
a été amené
à avouer : Pendant plusieurs
nuits, un chat avait poussé
des miaulements incessants sur le
toit de la maison cellulaire. Or,
lors du crime, un chat
s'était trouvé dans la
chambre des victimes ; tout le
temps, cette bête avait
crié d'une façon
lamentable et avait essayé de
s'enfuir en sautant contre les
portes et fenêtres
fermées. Depuis ce jour,
l'assassin ne pouvait plus supporter
la vue, ni le miaulement d'un chat.
Lorsque le chat sur le toit de la
prison eut, pendant deux nuits
consécutives, miaulé
aux oreilles du criminel, il
préféra se livrer, lui
et son complice, au bourreau,
plutôt que d'endurer plus
longtemps cette torture, qui lui
semblait pire que l'enfer.
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Endurcissement.
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- Il
y a quelques
jours à peine, je visitais
dans sa prison une jeune fille de
dix-huit ans. Trois ans auparavant,
j'avais fait son instruction
religieuse et je l'avais admise
à la sainte Cène. Je
lui avais donné à la
communion un texte qui me semblait
particulièrement propre
à lui servir de boussole dans
sa vie. C'était ce passage de
1 Cor. VI, 19 : « Ne savez-vous
pas que votre corps est le temple du
Saint-Esprit qui est en vous, que
vous avez reçu de Dieu et que
vous ne vous appartenez point
à vous-mêmes ? »
J'avais mes raisons pour choisir ce
verset ; la jeune fille non
seulement était belle, mais
étourdie et vaniteuse, elle
avait été
élevée par une
mère fort
légère.
- A
quinze ans, elle
partit pour l'Amérique,
comme, hélas ! tant de jeunes
filles de Brème.
Déjà sur le navire,
elle fit de fâcheuses
connaissances et en arrivant
à Buenos-Ayres, elle se
vendit elle-même à une
mauvaise maison. Elle me racontait
l'autre jour les dégradations
sans nombre par lesquelles elle
avait passé dans son corps et
dans son âme pendant son
séjour là-bas. Mais,
hélas! elle ne les
considérait plus comme des
dégradations. Elle se
plaignait de l'horrible maladie qui
la minait et qui l'amenait
graduellement à la mort ;
elle se lamentait d'avoir
manqué d'adresse dans le vol
qui l'avait amenée en prison
; elle maugréait contre sa
mauvaise chance. Mais de regrets, de
remords, de honte, pas le moindre
vestige'!- A tout ce que je pouvais
lui dire, elle haussait les
épaules, et se mettait
à rire d'un rire moqueur et
sardonique. Je lui offris mes
services pour le jour où elle
sortirait de prison, elle me
répondit en fermant à
demi les yeux et en me repoussant de
la main :
- «
Je
continuerai à vivre comme
j'ai vécu jusqu'ici.
»
- «
Celle qui vit
dans les plaisirs, est morte quoique
vivante. » 1 Tim. V, 6.
-
(O. FUNCKE,
Jésus-Christ et la
Bible.)
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-
Bonne
réplique.
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- «
La religion,
c'est bon pour les femmes et les
enfants, s'écriait un jeune
homme jouant à l'esprit fort
et roulant une cigarette. Entrez
dans une église et vous y
verrez cinq femmes pour un seul
homme ! »
- «
C'est vrai,
répondit une dame
âgée, mais allez
ensuite visiter une prison et vous y
trouverez .cent hommes pour une
femme ! » - Cet argument
demeura sans réplique.
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La jarre
d'huile.
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- Un
homme demandait
à un roi oriental le moyen
d'éviter les tentations. Le
prince lui enjoignit de porter une
jarre d'huile, pleine jusqu'aux
bords, à travers les rues de
la ville, sans en verser une goutte,
et cela sous peine de mort. Deux
bourreaux, sabre en main, devaient
le suivre, prêts à
exécuter la sentence. Il se
trouva que c'était jour de
marché ; malgré cela,
notre homme traversa la foule' et
revint au palais, sans avoir
versé une goutte d'huile.
«As-tu remarqué
quelqu'un en traversant la ville?
demanda le roi. - Oh ! non, sire !
je ne pensais qu'à l'huile et
ne regardais rien. - Alors tu sais
comment fuir la tentation. Fixe ton
attention sur Dieu aussi fermement
que tu l'as fait sur l'huile, et le
péché ne te tentera
plus. »
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