Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Deux compagnons d'infortune 

Jérémie DUPUY, de Caraman - Jean MASCARENC, de Castres


 Etablissement à Berne

BERNE AU XVIIIe SIECLE, VU DE LA PORTE D'EN-BAS (Peinture de Isenring)
 

Cela fit que je partis de Lausanne à la première occasion pour m'en aller à la ville de Berne, où j'arrivai le 22 de mai, style nouveau, qui n'est que le 12 selon l'ancien style, et je trouvai les choses disposées comme l'on m'avait dit à Lausanne. je me présentai devant les seigneurs de la chambre des réfugiés le 18 du même mois ; et leurs Excellences firent encore paraître en cette occasion leur piété et leur zèle pour la gloire de Dieu, et leur ardente charité envers moi, de laquelle elles avaient déjà donné des marques si illustres, envers tant de pauvres réfugiés auxquels elles avaient accordé leurs charitables assistances. Après que leurs Excellences eurent vu mes attestations, ayant considéré la longueur de mes souffrances et de ma captivité dans les prisons pour la cause de Jésus-Christ et la grâce que Dieu m'a faite de persévérer dans la profession de notre sainte religion, nonobstant tous les outrages et tous les maux qu'on m'avait fait souffrir ; et considérant encore les incommodités de ma vieillesse, étant alors dans la soixante-treizième année de mon âge, et jugeant que je ne pourrais pas supporter les fatigues d'un plus long voyage, leurs Excellences étant émues envers moi d'une compassion charitable et chrétienne, eurent la bonté de me retenir à Berne, ville capitale de cet Etat, et de me faire donner ma subsistance pour un mois, qu'elles ont eu la charité de me faire continuer avec tant de bonté, que je ne saurais exprimer combien je me sens obligé et touché de reconnaissance et de gratitude envers Leurs Excellences.

Ce fut alors que je reconnus véritablement que Dieu avait changé mon exil en une sainte liberté, qui me donnait le moyen de le glorifier dans les saintes assemblées, d'y chanter hautement ses louanges, d'y entendre la prédication de sa Parole dans toute sa pureté, d'y participer au saint sacrement de la Cène dont j'avais été privé si longtemps, d'y pouvoir servir Dieu sans crainte, et enfin d'y goûter les biens spirituels pour la nourriture de mon âme, et les biens nécessaires pour le soutien de cette vie périssable, par la charité de Leurs Excellences.

De sorte que je n'ai point sujet de regretter la perte de mes biens, non plus que celle de mon ingrate patrie. En effet, j'ai été reçu dans ce pays avec tant de témoignages de bonté et de charité, que je puis dire que c'est ici ma véritable patrie, que ses habitants sont mes frères et mes compatriotes, que ses seigneurs sont mes souverains, qui comme de véritables pères de la patrie ont pris soin de moi comme de l'un de leurs enfants. Enfin, et les seigneurs et le peuple semblent avoir fait renaître aujourd'hui, en faveur des pauvres réfugiés, ce zèle et cette ardente charité des premiers chrétiens qui n'étaient qu'un coeur et qu'une âme, et qui avaient toutes choses communes (1). Aussi je ne cesse point de faire continuellement des voeux et des prières à Dieu pour le repos et la prospérité de cet Etat et de Leurs Excellences, afin que Dieu les comble de ses bénédictions et de ses grâces les plus précieuses, et les conserve heureusement en paix par sa protection, qu'il soit leur rempart et leur force contre tous leurs ennemis, et qu'il les en fasse toujours glorieusement triompher.

Je n'ai pas voulu, dans ce petit ouvrage, exagérer la longueur de mes souffrances, ni dire toute la rigueur avec laquelle on m'a fait endurer les maux que j'ai soufferts, et les avanies qu'on m'a faites, afin d'obliger par là les personnes charitables à me plaindre. Ce n'est pas là mon but ; il est trop glorieux pour moi que Dieu ait voulu me faire l'honneur de m'appeler à souffrir pour son nom, pour demander d'en être plaint. Mon dessein a été seulement de donner gloire à Dieu, pour les merveilles qu'il a faites en ma faveur pendant le cours de mes souffrances ; de lui témoigner ma reconnaissance et ma gratitude, pour la grâce qu'il m'a faite de persévérer en la foi pendant ma captivité, et pour lui rendre de très-humbles actions de grâces de l'heureuse délivrance qu'il m'a enfin accordée, d'une façon miraculeuse, si glorieuse pour lui, et si avantageuse pour moi. Veuille ce grand Dieu, qui m'a inspiré le dessein de lui témoigner ici ma reconnaissance, l'avoir agréable pour l'amour de son nom, et me faire la grâce de n'oublier jamais un de ses bienfaits, mais de lui en rendre toute ma vie des sacrifices de louange et d'actions de grâce, en attendant de le glorifier éternellement dans le ciel avec les anges et les saints. Amen.


.

APPENDICE

Généalogie de la famille Dupuy

 

I. - PIERRE DUPUY, notaire à Castres, consul en 1586 et en 1593, longtemps syndic de cette ville, ép. N.... de Terson,

dont

JÉRÉMIE, qui suit,

SAMUEL, sieur de Galibran, premier consul de Mazamet, capitaine dévoué au duc de Rohan,

ESTELLE,

ép. 1° Simon Tobie, notaire royal de Castres,

ép. 2° (contrat 7 mars 1619, Lagarail, notaire à Puylaurens) Jean Baudin, bourgeois de St-Paul,

DAVID, pasteur au Carla, aux Bordes, à Caraman, ép. Marguerite Quinquiry. Il mourut en 1626,

dont

I. Jérémie, né le 23 février 1616, célibataire, officier, persécuté pour la foi, auteur de « La juste reconnaissance ». Il mourut le 14 février 1704, à 88 ans, à Berne.

I. Marie, née le 23 mars 1618, ép. Jean Baron, bourgeois de Caraman.

 

II. - JÉRÉMIE DUPUY, conseiller du Roy, juge de Villelongue à Puylaurens de 1608 à 1642, vendit sa charge à Jean-Jacques Galaup, de Dourgne, ép. le 15 juillet 1607 Marie de Rotolp, fille d'Abel, sieur de Ladevèze et d'Isabeau de Terson. Il testa le 27 septembre 1628 et mourut en 1650,

dont

SAMUEL, qui suit:

DAVID, sieur de Beauvais et du Tour, écuyer, ép. le 20 septembre 1641 Paule de Rivenc, fille d'André et de Paule de Salles. Il mourut en 1678,

dont

I. Jean, resté en France après la Révocation, mais très surveillé : « Catholique ambigu, ayant une espèce de château au milieu des bois, paroisse de Prades, partage son séjour entre Puylaurens et le Tour, a des enfants en bas-âge » (Arch. de l'Hérault, C., 273), ép. le 11 mars 1671 Marie de Fauriès, fille d'Elisée, procureur en la chambre de l'Edit, et de Anne de Scale,

dont :

Jean-Samuel,

Louise, épouse son cousin Marc-Antoine Dupuy, sieur de Laroque. Jean, capitaine au Régiment de Richelieu. Il mourut en 1732.

I.Samuel, capitaine tué en duel dans les rues de Puylaurens en 1673.

I. Paule, ép. Paul de Villeneuve, sieur de Lamothe.

I. Marie, ép. Pierre de Robert, sieur de Campredon, gentilhomme verrier.

I. Isabeau, ép. Jacques Bieysse.

 

JEANNE, ép., 1641, Pierre Calès, lieutenant aux ordinaires de Caraman,

ISABEAU, ép., 1628, Antoine de Mauzy, procureur du Roy à Puylaurens,

MARGUERITE,

ABEL.

 

III. - SAMUEL DUPUY, sieur de la Bousquetié, docteur et avocat, ép., 1640, Marie Le Roy, fille de Jean, conseiller du Roy, et d'Isabeau du Poncet. Il mourut en 1650 et sa veuve en 1698,

dont

JEAN, qui Suit :

Louise, née vers 1644, ép. (contrat du 4 août 1659, Tournier, notaire à St-Paul), Jean de Brail, sieur de Moulens. Après plusieurs vicissitudes tragiques (voy. page 77), elle gagna l'étranger et s'établit avec son mari à Berlin.

MARIE, ép. (contrat du 5 juillet 1666, Bosquet, notaire à Algans), Josué de Luppé de Tilhac, sieur de Talbosc.

JEANNE, ép. (contrat du 20 octobre 1671, Vialas, notaire à Puylaurens), Pierre Bardon, pasteur à St-Antonin, où il mourut en 1683 devenue veuve, persécutée et dragonnée, elle gagna Genève puis Berlin, avec ses six filles.

ANTOINETTE, née en 1650, ép. (contrat du 22 juin 1673, Vialas, notaire à Puylaurens),

Philippe de Gineste, sieur de Najac. Elle mourut en 1696.

MARTHE, ép. François Imbert, pasteur à Sénégats. Tous deux se réfugièrent en Hollande.

 

IV. - JEAN DUPUY, né en 1642, sieur de la Bousquetié, officier d'infanterie, abjura en 1677, fut abandonné de sa femme et de la plupart de ses enfants, ép., vers 1664, Madeleine de Gineste, née en 1639, fille de Paul, seigneur d'Apelles, et de Marguerite de Laroque. Elle partit lors de la Révocation, en Suisse, puis en Angleterre, et elle mourut en 1692 à Southampton,

dont :

PHILIPPE, né vers 1666, sieur de la Bousquetié, émigra à la Révocation, fut capitaine des troupes anglaises, et fut tué à la bataille de La Boyne en 1690.

MARC-ANTOINE, né en 1668, sieur de Laroque, ép. Louise Dupuy du Tour, fille de Jean et de Marie de Fauriès, sa cousine. Il mourut en 1733,.

DAVID, ne vers 1669, émigré à la Révocation, lieutenant en Angleterre. Il fut tué à la bataille de La Boyne en 1690.

SAMUEL, émigré à la Révocation, officier en Angleterre, où il se maria.

MARIE, ép., 1684, Jacob Bruniquel du Thérondet, de Lacrouzette, pasteur à Lacrouzette et à Briatexte. Tous deux se réfugièrent en Hollande lors de la Révocation.

JACQUETTE.



Table des matières

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. (1) Actes, 4 :32.

 

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