Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




3. Caractère de l'enseignement de Darby. Lettre de Groves

Par sa théorie sur la faillite immédiate de chaque dispensation, et surtout de la «ruine de l'Église», et par les conclusions qu'il en a tirées, Darby s'opposa, en principe, à tous ceux qui, à travers l'histoire de l'Église, ont retenu l'enseignement et le modèle du N. Testament, ou bien y sont revenus comme à un guide sûr et permanent.

Selon lui, les églises cessant d'exister presque aussitôt après que furent écrites les épîtres destinées à guider les croyants, il en résulte qu'une grande partie du N. Testament serait inapplicable aux conditions présentes.

Son enseignement abolit l'autonomie des congrégations de croyants et leurs relations immédiates avec le Seigneur. Il a créé un corps qu'il rend solidairement responsable de toute admission, ou exclusion décidée par une fraction quelconque de ce corps. Il a échangé le principe congrégationaliste contre le catholique. Bien qu'il ait condamné la formation d'églises, il revêt les réunions de deux ou trois croyants, ou davantage - qu'il recommande - d'un pouvoir disciplinaire, non seulement local, mais s'étendant à tout le système auquel ces réunions appartiennent.

Malgré ces limitations, une grande mesure de puissance spirituelle et de bénédiction découla de la partie de l'enseignement de Darby qui remettait en lumière certaines vérités bibliques. Non seulement il indiqua la faiblesse des dénominations existantes, mais son ministère stimula la foi en Dieu et l'étude de sa Parole, vivifia l'attente du retour du Seigneur - ainsi que son influence sanctifiante - et souligna la liberté de l'Esprit qui distribue des dons, selon sa volonté, aux divers membres du corps de Christ. Ses réunions abondèrent en bénédictions spirituelles, et se répandirent rapidement, non seulement en Suisse, mais aussi en France, en Belgique, en Allemagne, en Hollande, en Italie et ailleurs.

Elles formèrent un cercle fermé de communion, et cette attitude amena bientôt la séparation d'avec beaucoup de frères, autrefois associés à Darby. Environ soixante membres abandonnèrent (1842) l'assemblée du Bourg de Four pour se rattacher aux réunions de Darby. Dans le canton de Vaud, beaucoup quittèrent l'Église libre dans le même but. Le développement de la pensée de Darby fui jugé dangereux dans ses tendances par quelques-uns qui continuèrent à l'aimer et à l'estimer personnellement. C'est ce que montre une lettre que Groves écrivait en 1836, repartant pour l'Inde, après une visite en Angleterre (122).

«Je désire vous assurer que rien n'a altéré mon affection pour vous, ni diminué ma confiance. Car je suis persuadé que vous poursuivez encore les mêmes buts vastes et généreux qui m'avaient autrefois gagné et saisi. Mais je sens que vous avez délaissé les principes en vertu desquels vous espériez les atteindre et que vous êtes au fond retourné à la cité que vous aviez quittée. Pourtant mon âme se repose sur la sincérité de votre coeur envers Dieu, mais je sens que vous n'avez plus que quelques pas à faire et vous verrez renaître parmi vous tous les maux des systèmes dont vous professez être séparé. Vous découvrirez ceci, non pas tellement dans le travail de votre propre âme que dans les dispositions de ceux qui, dès le début, ont été nourris dans le système qu'ils ont appris à considérer comme le seul vrai. N'ayant pas été conduits comme vous et comme d'autres, autrefois associés avec vous, par les eaux profondes de la souffrance et de l'angoisse, ils connaissent peu la vérité réelle pouvant exister encore au sein de ténèbres in. concevables. Ils auront peu de pitié et de sympathie pour les égarés. Votre union devenant de plus en plus une affaire de doctrine et d'opinion plutôt que de lumière et d'amour, votre domination deviendra si prépondérante et unique - quoique cachée et inexprimée peut-être - qu'on aura l'impression qu'elle est l'autorité des hommes.

Vous serez davantage connu comme celui qui témoigne contre, que comme celui qui témoigne pour quelqu'un ou quelque chose. Ceci prouvera pratiquement que vous témoignez contre tout ce qui n'est pas vous-même... On a affirmé... que j'avais changé mes principes. Tout ce que je puis dire c'est que, pour autant que je sais quels furent les principes qui firent ma gloire lorsque je les découvris d'abord dans la Parole de Dieu, je m'en glorifie dix fois plus aujourd'hui, après avoir expérimenté la possibilité de les appliquer aux circonstances variées et angoissantes de l'état actuel de l'Église. Ils permettent de donner à chaque individu et à chaque collectivité la position que Dieu leur donne sans nous identifier avec aucun de leurs maux. J'ai toujours pensé que nos principes de communion faisaient partie de la vie en commun... de la famille de Dieu... Telles furent nos premières conceptions, telles sont mes conceptions actuelles. L'évolution subie par vos petites assemblées ne représente plus le témoignage rendu à la simple et glorieuse vérité. Elle est bien davantage un témoignage contre tout ce qu'elles jugent être erreur, les abaissant ainsi, à mon estimation, des cieux à la terre...

Voici ce que je veux dire: Autrefois, nous recherchions avant tout comment manifester nous-mêmes plus efficacement cette vie que nous avons reçue de Jésus (sachant que ceci seulement peut être la voix du Berger adressée aux enfants vivants) et où nous pourrions trouver cette vie chez d'autres. Puis, quand nous étions persuadés l'avoir trouvée, nous les invitions à répondre à l'appel divin (que leurs pensées en d'autres matières fussent larges ou étroites) et à venir partager avec nous la communion d'un même Esprit, et l'adoration d'un même Chef. Comme Christ les avait reçus nous les recevions à la gloire de Dieu le Père. En outre, nous nous sentions libres, dans les limites de la vérité, de partager avec eux - partiellement, puisque non entièrement - leurs travaux... Je préférerais Infiniment les supporter avec tous leurs maux que de me séparer de leurs bonnes oeuvres... J'ai l'assurance en mon coeur que votre esprit large et généreux, si richement instruit par le Seigneur, brisera un jour ces liens, qui vous ont été imposés par des âmes plus étroites que la vôtre, et que vous vous montrerez encore plus désireux de faire parvenir à la stature d'hommes faits tous les membres vivants de la Tête vivante que d'être enfermé dans un cercle de petites assemblées, si nombreuses soient-elles, vous appelant leur fondateur ... »

Wigram, un des plus intimes adhérents de Darby, montre dans une lettre que l'on s'était occupé de la question d'une autorité centrale pour les réunions. Concernant les assemblées de Londres (123), il écrit: «Comment régler les réunions pour la communion des saints dans la région? Serait-ce à la gloire du Seigneur, et pour le développement du témoignage que d'avoir une réunion centrale où se régleraient les affaires communes à toutes les assemblées d'une région, et de lui subordonner les réunions locales, selon que la grâce la permettrait? Ou vaudrait-il mieux laisser les réunions grandir selon leurs possibilités, librement, et ne dépendant que de l'énergie de leurs conducteurs?»


4. Darby et Newton. Système exclusif. Églises autonomes

Revenant, en 1845, d'une visite sur le Continent, Darby se rendit à Plymouth pour y examiner les conditions qu'il trouvait peu satisfaisantes, à cause de l'influence et de l'enseignement de Newton. Depuis longtemps, ces deux hommes capables avaient des vues divergentes : sur la vérité dispensationnelle; sur la prophétie et sur des points d'organisation ecclésiastique. Il y avait eu une abondante controverse, orale et écrite, et un esprit de parti régnait. La visite de Darby provoqua la crise finale. Un dimanche matin, après la réunion, il annonça son intention de quitter l'assemblée et, quelques semaines après, commença à rompre le pain, à Plymouth, avec ses adhérents, en dehors de l'assemblée primitive. Environ deux ans plus tard, quelques notes manuscrites - prises par un auditeur - sur une allocution de Newton, tombèrent entre les mains d'un des admirateurs de Darby. C'était un exposé sur les Psaumes. Darby et ses amis prétendirent que Newton, en faisant l'application de certains passages à Christ comme type, avait enseigné une doctrine hétérodoxe quant à la nature des souffrances de Christ durant sa vie terrestre et sur la croix. Ces notes furent publiées sans consulter Newton quant à leur exactitude. Leur caractère erroné fut démontré; on en tira des déductions et Newton fut accusé d'hérésie. Celui-ci, tout en répudiant la doctrine tirée de ces notes, affirma sa foi ferme et inébranlable en Christ comme étant vraiment Dieu est vraiment homme, sans péché. Il reconnut avoir employé certaines expressions, dont on pouvait légitimement tirer de fausses conclusions. Il publia alors un Exposé et une déclaration concernant certaines erreurs doctrinales, dans lequel il confessait son erreur, la reconnaissant comme un péché, et retirait toute affirmation, imprimée ou autre, d'un caractère erroné. Il exprimait son regret d'avoir offensé certaines âmes, et demandait au Seigneur, non seulement de lui pardonner, mais encore de neutraliser tout effet nuisible. Cette déclaration ne fit aucune impression sur les accusateurs de Newton, qui continuèrent avec un zèle inlassable à l'identifier avec l'hérésie qu'il reniait.

Quand se produisit la séparation de Plymouth, l'assemblée de la chapelle de Béthesda, à Bristol, où étaient Müller et Craik, ne prit. pas parti dans la controverse, mais reconnut comme frères en la foi les croyants des deux réunions.

En 1848, deux frères de l'assemblée de Plymouth, excommuniée par Darby, visitèrent Bristol et, selon leur habitude, se rendirent à Béthesda, où ils avaient accoutumé de rompre le pain. Ils furent soigneusement examinés quant à la pureté de leur doctrine et à l'absence de l'erreur imputée à Newton. Tous étant satisfaits à cet égard, ils furent reçus comme auparavant. Alors Darby demanda à l'église de Béthesda de juger le différend de Plymouth, mais elle s'y refusa, déclarant que cette question ne les concernait pas, qu'ils n'étaient pas à même de juger une église et qu'il serait nuisible d'entamer des discussions sur un tel sujet. Finalement, sur les instances de quelques membres de Béthesda, la question fut examinée et une lettre fut écrite déclarant «qu'aucune personne défendant, maintenant ou encourageant les vues ou les traités de M. Newton ne serait reçue en communion». Et encore: «Supposant que l'auteur des traités fût foncièrement hérétique, cela ne nous autoriserait pas à rejeter ceux qui ont été auditeur de son enseignement, à moins que nous ne soyons convaincus qu'ils ont compris et adopté des vues essentiellement subversives de la vérité fondamentale ... »

Darby écrivit alors: «Je me vois obligé de vous présenter le cas de Béthesda. Il implique, à mon avis, toute la question d'association avec les frères, et pour la simple raison que s'il est impossible de repousser ce qui a été reconnu comme l'oeuvre et la puissance de Satan, et d'en préserver les brebis bien-aimées de Christ - si les frères sont incapables de ce service pour Christ, - ils ne doivent être, en aucune façon, considérés comme un corps auquel un tel service a été confié. Leurs réunions seraient réellement un piège tendu aux brebis... je ne veux diminuer en rien le respect et l'estime que l'on peut éprouver personnellement pour les frères Craik et Müller, en raison de la manière dont ils ont honoré Dieu par leur foi... mais j'appelle les frères, par fidélité envers Christ et par amour pour les âmes qui lui sont chères, à élever une barrière contre ce mal. Malheur à eux s'ils aiment les frères Müller et Craik ou leurs propres aises mieux que les âmes des saints, chères à Christ! je leur déclare franchement que recevoir qui que ce soit de Béthesda (à part le cas exceptionnel de quelqu'un ignorant ce qui s'est passé), c'est ouvrir la voie à l'infection de l'abominable erreur dont nous nous sommes débarrassés à si grand prix. Elle a été formellement et délibérément admise à Béthesda et même atténuée, afin de justifier son refus de l'examiner (principe en vertu duquel on s'abstient de veiller contre les racines d'amertume). Si ceci est accepté en recevant des personnes de Béthesda, ceux qui le font s'identifient moralement avec l'erreur, car la collectivité agissant ainsi est solidairement responsable du mal qu'elle accepte. Si des frères pensent qu'ils peuvent recevoir ceux qui sous-estiment la personne et la gloire de Christ, et admettre des principes qui ont produit tant de fausseté et de mauvaise foi, il est bon qu'ils le disent, afin que ceux qui ne peuvent les suivre sachent que faire_ Pour ma part, je n'irai ni à Béthesda, en son état présent, ni là où des personnes qui en viennent actuellement sont sciemment reçues ... »

L'église de Béthesda fut donc excommuniée, ainsi que tous ceux qui étaient en communion avec elle. La raison apparente était la fausse doctrine, que jamais personne à Béthesda n'avait professée. La raison véritable était que Béthesda continuait à faire ce qu'avait fait Darby au début: maintenir l'autonomie de chaque congrégation et exercer le droit de recevoir toute personne que l'on estimait être convertie, pure dans sa foi et sa conduite, tandis que Darby avait quitté ce terrain et adopté la position «catholique» d'un corps d'églises organisé, excluant tout croyant en dehors de son propre cercle, et soumis à une autorité centrale - dans ce cas: à Darby lui-même, et à la réunion de Londres à laquelle il se rattachait. La communion cessa d'être basée sur la vie, et la rupture avec Béthesda devint aussi obligatoire. Ni la foi, ni la sainteté de la vie ne pouvaient expier le refus de condamner Béthesda!

Malgré son influence merveilleuse, Darby ne put imposer ce grand changement à tous. Toutefois, à force de propagande, un nombre considérable d'églises furent persuadées d'accepter, comme critérium nécessaire de communion, la condamnation de l'église de Béthesda, en raison d'une doctrine qu'elle n'avait jamais professée. A force de l'entendre répéter, ce corps d'églises en vint à croire, en toute sincérité, que Béthesda avait été retranchée pour avoir adhéré à l'erreur de Newton - erreur que lui-même avait répudiée et que l'église de Béthesda n'avait jamais enseignée. Cette action fut poursuivie avec tant de persévérance que des frères nègres, aux Indes occidentales, eurent à se prononcer sur le cas de Béthesda et que des paysans suisses, dans leurs montagnes, furent obligés d'examiner les erreurs attribuées à Newton et de les condamner.

Un tel système ne pouvait que provoquer d'autres divisions. Même du temps de Darby, il y en eut plusieurs. Les partis ayant des vues différentes s'excluaient mutuellement aussi vigoureusement qu'ils avaient exclu tous ensemble Groves et Müller.

Les églises qui ne suivirent pas Darby continuèrent leur effort de mettre en pratique les principes de l'Écriture. Elles différaient en plus d'un point, mais, comme elles ne croyaient pas qu'une église avait le droit d'en retrancher une autre, leurs divergences n'entraînaient pas de divisions. Quelques-unes, craignant les critiques des disciples de Darby (souvent nommés «exclusifs»), devinrent en quelque mesure exclusives elles-mêmes. D'autres restèrent en communion avec tous les saints. Elles furent continuellement calomniées et rejetées par ceux qui les avaient quittées, et pourtant elles ne cessèrent de les inclure dans le nombre de ceux qu'elles étaient prêtes à recevoir comme des frères. Robert Chapman exprima son attitude envers ceux qu'il ne voulait pas désigner du nom odieux d'«exclusifs»; il les appela ses «bien aimés et très chers frères», et les décrivit comme «ces frères conduits par leur conscience à refuser la communion avec moi et à me priver de la leur».

Les églises, avec lesquelles Chapman maintint la base première de communion, sont souvent dénommées «Frères larges». Sans doute, il peut toujours y avoir parmi elles des individus et des églises au coeur sectaire, méritant un nom sectaire, car chaque mouvement spirituel est toujours menacé du danger de se cristalliser en une secte. Cependant beaucoup d'entre elles peuvent à bon droit se réclamer de tout nom qui unit et rejeter tout nom qui divise le peuple de Dieu. Elles maintiennent un actif témoignage évangélique, s'étendant à presque toutes les parties du globe.

L'influence de ce mouvement a dépassé de beaucoup le cadre des réunions avec lesquelles il était spécialement en rapport. En face de la forte prédominance du rationalisme, qui a envahi si largement les écoles de théologie, les chaires des principales dénominations non-conformistes et d'une fraction considérable de l'Église anglicane, ces réunions ont maintenu une loyauté absolue vis-à-vis des Écritures comme étant inspirées de Dieu et ont défendu leurs convictions avec zèle et habileté. Aussi ont-elles été d'utiles alliées des nombreux croyants qui, dans leurs divers milieux, souffrent du ministère d'hommes qui n'ont pas une telle foi.

Dans toutes les parties du monde, on trouve des mouvements similaires, c'est-à-dire des croyants se réunissant selon l'enseignement et l'exemple du N. Testament. Ils n'ont jamais connu les développements historiques du rituel, ou de l'organisation qui ont entraîné beaucoup d'hommes loin du modèle divin, et leur simplicité les rend aptes à s'adapter à toutes les races humaines et à toutes les conditions d'existence. Ils ne dressent et ne publient pas de statistiques. Ils ne comptent pas sur la publicité, ou sur des appels à l'aide pour maintenir leur témoignage et sont donc peu connus dans le monde, même dans le monde religieux. Ceci donne à leur oeuvre une efficacité paisible, dont la valeur se fait surtout sentir à l'heure de la persécution. Aujourd'hui, de tels cercles sont continuellement en voie de formation parmi des peuples très divers. Ils portent en eux-mêmes la puissance de transmettre au loin la Parole de Vie et ils prospèrent. Leur histoire rappelle constamment le Livre des Actes. Ceux qui apprennent à les connaître - et nul ne les connaît tous - s'aperçoivent que leurs oeuvres ressemblent à celles de leur Seigneur, «si on les écrivait en détail... le monde même ne pourrait contenir les livres qu'on écrirait».



Table des matières


122 Memoir of the late Anthony Norris Grove containing extracts from his «Letters and Journals., compiled by his widow, 1856.

123 «A History of the Plymouth Brethren», W. Blair Neatby.

 

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