Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




5. Le bolchévisme

Au début de la Révolution russe, la liberté religieuse fut proclamée. Mais, après tant d'oppression et de souffrances, auxquelles vinrent s'ajouter les pertes de la guerre, le pays s'enfonça plus avant dans le désordre, chaque parti luttant pour obtenir lie pouvoir. De vastes régions étaient la proie de l'anarchie la plus complète. Des bandes de malfaiteurs armés soumettaient le peuple sans défense à d'horribles violences. Quand le parti bolchéviste eut le dessus, l'introduction de ses principes fut accompagnée de meurtres en masse, de pillages et de destruction. Bientôt vint la famine, et ce vaste pays, autrefois si riche en denrées alimentaires, devint un vrai tombeau. Le gouvernement bolchéviste s'appliqua à anéantir toute forme de religion, si bien que l'Église orthodoxe persécutrice devint à son tour la persécutée. Les catholiques romains et les luthériens eurent aussi à souffrir, ainsi que les congrégations de croyants.

En Russie méridionale, des bandes de brigands atteignirent parfois les proportions d'une armée. Ils furent attirés par les richesses des mennonites, qui souffrirent tellement, qu'en dépit de leurs traditions, beaucoup d'entre-eux firent comme d'autres et se joignirent aux troupes formées pour la défense des femmes et des enfants. L'expérience des premiers temps de l'Église se renouvela. Comme alors, Jacques mourut «par l'épée» et Pierre fut délivré de ses liens: de même quelques-uns connurent des délivrances miraculeuses et d'autres eurent à endurer tout ce que la cruauté des hommes put leur infliger. Beaucoup en conclurent qu'ils traversaient les jours de la «grande tribulation». L'Evangile agit avec puissance. Il y eut de nombreuses conversions, y compris celles de pécheurs endurcis, de soldats de l'Armée rouge si dégradés qu'ils n'avaient d'autre plaisir que de verser le sang. Les croyants affligés furent spécialement soutenus. On entendit souvent dire par ceux qui avaient enduré des souffrances et des Insultes inouïes : «Ne nous plaignez pas; c'est nous plutôt qui pourrions vous plaindre; car nous avons appris de Dieu des choses que vous ne pouvez savoir.»

Quand la première soif de destruction fut assouvie et que le peuple commença à se plier, de son mieux, à cette nouvelle forme de tyrannie - qui avait remplacé l'ancienne - les églises de croyants eurent à affronter un nouveau genre d'épreuves. Plus nombreux que jamais, ils Jouissaient parfois, en certains lieux, d'une très grande liberté et se développèrent plus rapidement encore qu'auparavant, non sans être toujours exposés à un retour de cruelles répressions. La propagande anti-chrétienne du gouvernement exigeait des dons, et des capacités spéciales chez ceux, évangélistes et autres, qui avaient à la combattre. Et ces dons leur furent richement accordés. Auprès des congrégations non organisées, on insistait par promesses et menaces pour qu'elles se formassent en «soviet» ou fédération, avec laquelle le gouvernement pourrait traiter beaucoup mieux qu'avec une multitude d'églises autonomes. Beaucoup cédèrent; mais d'autres, en grand nombre, préférèrent continuer dans la voie qu'elles savaient être selon l'Écriture et l'exemple apostolique, acceptant les pertes et les privations qu'entraînait cette attitude.

Déjà en Würtemberg, le rationalisme avait usé de persécution en chassant du pays les pasteurs piétistes. Mais l'état de choses est bien pire encore en Russie, sous le joug soviétique, où l'athéisme est imposé au peuple par la force; où l'on emploie la violence et la cruauté pour persuader les gens qu'il n'y a point de Dieu, et pour obliger des hommes honnêtes et moraux à participer à l'abolition de la propriété et à la destruction de la vie de famille. Là, l'État communiste violente la conscience individuelle tout comme le firent les Églises catholique et russe. Là, l'inquisition «rouge» prospère, en ces jours de lumière et de science, tout comme l'inquisition romaine dans les ténèbres du moyen âge.


6. Le baptisme allemand en Russie 1823-1930

L'histoire - passant pour véridique - a fort bien réussi à faire considérer comme identiques et les hommes pieux qui ne pratiquèrent que le baptême des croyants, et les auteurs des coupables extravagances de Münster, au seizième siècle. C'est pourquoi quand, à Hambourg, en 1834, une dizaine d'hommes et de femmes furent baptisés par immersion, pour obéir à l'enseignement de l'Écriture, les baptêmes durent avoir lieu secrètement et de nuit, pour éviter les menaces d'interdiction. Telle était la force du préjugé contre cette pratique.

L'un des baptisés était Johann Gerhard Oncken (111). Son admission dans ce cercle de croyants fut d'une importance imprévisible, car il fonda des Églises baptistes qui, après les premières luttes contre des préjugés enracinés, se répandirent rapidement en Allemagne, dans les pays adjacents, au sud-est de l'Europe et dans la vaste Russie, tellement que leurs membres se comptent aujourd'hui par centaines de mille.

La vie d'Oncken couvre la plus grande partie du dix-neuvième siècle. Il vécut de 1800 à 1884. Il était originaire du petit duché de Varel, gouverné par la famille Bentinck, dont l'une des branches s'était fixée en Angleterre, avec Guillaume d'Orange, et y était devenue fameuse. Le père d'Oncken fut compromis dans une émeute patriotique contre Napoléon 1er, et dut s'enfuir en Angleterre, où il mourut, sans avoir jamais vu son fils Johann Gerhard, né après la fuite de son père.

A cette époque, l'Église luthérienne de Varel était influencée par le rationalisme. Le jeune homme grandit donc sans connaître le chemin du salut. Lorsqu'il avait quatorze ans, un Écossais passant à Varel pour affaires, se sentit attiré vers l'adolescent et lui demanda s'il avait une Bible. «Non - répondit-il - mais j'ai été confirmé.» L'étranger lui donna une Bible et l'emmena en Ecosse. Là, dans une église presbytérienne, il entendit pour la première fois une claire prédication de l'Evangile et en fut impressionné. Plus tard, vivant à Londres dans une famille pieuse, son coeur fut de nouveau touché, surtout par le culte de famille et par les services de l'église congrégationaliste fréquentée par ces personnes. Finalement, après un sermon entendu dans une chapelle méthodiste, il obtint l'assurance du salut et une joie dans le Seigneur qui, dès le premier jour, le poussa à témoigner pour Christ et à gagner des âmes.

En 1823, il revint à Hambourg, nommé missionnaire en Allemagne par la «Continental Society», récemment fondée à Londres pour l'évangélisation du continent européen. Ses talents de prédicateur attirèrent bientôt la foule et des conversions se produisirent dans les salles et sur les diverses places de la ville où il annonçait l'Evangile. Amendes et emprisonnements lui furent infligés pour avoir répandu la «religion anglaise», mais n'interrompirent pas son activité (112). Il ouvrit une école du dimanche; puis, comme il avait toujours activement distribué les Écritures, il devint, en 1828, agent de la Société biblique d'Edimbourg, position qu'il conserva durant cinquante ans, faisant imprimer et distribuer pendant ce temps deux millions de Bibles.

En étudiant les Écritures, Oncken acquit graduellement la conviction que le N. Testament enseigne le baptême des croyants par immersion. En examinant les nombreux amis et convertis avec lesquels il était en contact, il entrevit la possibilité de les réunir en églises selon le modèle du N. Testament, n'acceptant comme membres que des croyants baptisés par immersion. Plusieurs déjà, après avoir étudié ensemble l'Écriture, avaient décidé d'être baptisés, mais en avaient été empêchés parce qu'il n'y avait personne qui pût les baptiser. Quelques-uns suggérèrent qu'il fallait organiser des églises sans baptême, pour un temps, et prendre la Ste-Cène ensemble. Oncken objecta que ce serait un mauvais début qui pourrait compromettre le mouvement à sa naissance. Après cinq ans d'attente, ils entrèrent en rapport avec un baptiste américain, le professeur Sears, qui les baptisa. Le jour suivant, les baptisés constituaient une église, qui choisit Oncken comme pasteur et que Sears consacra au ministère.

Les autorités civiles de Hambourg déclarèrent bientôt leur intention de ne pas tolérer cette nouvelle «secte» dans leur ville. Oncken et d'autres durent payer des amendes et aller en prison. L'un des lieux de détention, le Winserbaum, baigné d'eau de deux côtés, était un bâtiment malsain et malodorant.

Oncken eut des collaborateurs capables, entre autres Julius Köbner, fils d'un rabbin juif du Danemark, auteur de cantiques et prédicateur. Gottfried Wilhelm Lehmann en fut un autre. Baptisé par Oncken, à Berlin, avec cinq autres, ce noyau - sous la direction d'Oncken - devint la première église baptiste de la capitale. L'oeuvre grandit rapidement, accompagnée de persécutions, surtout d'amendes et d'emprisonnements de la part des autorités, mais aussi parfois de violences de la part du peuple. Lentement, la confiance des autorités fut gagnée et l'hostilité diminua. En 1856, l'église de Hambourg obtint pleine tolérance et, en 1866, toutes les dénominations religieuses de la ville furent mises sur un pied d'égalité.

Oncken et Köbner instituèrent de courtes périodes d'étude biblique pour jeunes gens, afin de leur donner une préparation comme pasteurs des églises naissantes. Ainsi commença le futur Collège baptiste de Hambourg, où les candidats au pastorat sont formés par quatre ans d'études. Le mouvement grandissant fut organisé dans les divers pays où il s'était implanté. Il y eut des conférences annuelles de délégués et l'on forma des comités de «frères administrateurs », désignés pour s'occuper des diverses branches de l'oeuvre. Un généreux appui financier était donné par l'Amérique. Oncken devint missionnaire de la Société missionnaire baptiste américaine et fit de longs voyages. Le Collège, et les autres organisations, comme l'oeuvre en général, étaient largement subventionnés. Les convertis des diverses nationalités furent aussi amenés à prendre leur part du fardeau.

Quand les églises des baptistes allemands se développèrent au sein de la nombreuse population allemande de la Russie, elles vinrent en contact avec les assemblées plus anciennes des croyants russes qui pratiquaient aussi le baptême des adultes. En bien des cas, ces dernières fusionnèrent avec les baptistes allemands, en sorte que les nombreuses églises russes formèrent bientôt deux grands courants. Les églises russes primitives maintinrent l'autonomie de chaque congrégation, tandis que les baptistes formèrent une fédération, affiliée aux églises d'Allemagne et d'Amérique. Les baptistes établissaient un pasteur à la tête de chaque église, aux mains duquel le baptême et la Cène étaient confiés. Les anciennes églises russes avaient des anciens dans chaque assemblée et tenaient au sacerdoce de tous les croyants et à la liberté du ministère. Ces points de vue différents déterminèrent les expériences de ces deux sortes de rassemblements. Le gouvernement favorisa le système baptiste parce qu'il était plus facile de traiter localement avec les pasteurs et, de façon générale, avec une organisation pourvue d'un centre et d'une tête visibles, qu'avec les frères qui maintenaient leur principe congrégationaliste, ou autonome, étant moins aisément influencés par l'hostilité du dehors. Les autorités, qui souvent donnaient à ces derniers le nom de «chrétiens évangéliques», essayèrent donc à diverses reprises de les obliger à s'organiser, à nommer un comité central et un président.

La question de l'acceptation des dons généreux provenant des baptistes américains fut aussi jugée différemment. Il était évident que les baptistes russes étaient puissamment aidés dans leur oeuvre par ces dons. Aussi fut-il proposé d'en faire aussi bénéficier les assemblées de frères qui ne portaient pas le nom de baptistes. On stipula généreusement que le fait d'accepter ces noms n'entraînerait pour les frères aucun changement de nom ou d'ordre ecclésiastique, mais seulement qu'ils seraient comptés comme appartenant à l'Union mondiale des Églises baptistes. Une section, des frères et des assemblées qu'ils représentaient étaient disposés à accepter cet important secours, mais la majorité déclina. Tout en appréciant l'amour et la générosité qui avaient dicté cette offre, ces frères sentirent qu'en acceptant ils seraient liés en quelque mesure, et que le changement ainsi apporté à leurs circonstances ne pourrait manquer un jour d'influencer leur marche et les détourner de leur entière et manifeste dépendance de Dieu. Ceci confirmerait l'accusation qu'ils représentaient une religion étrangère et un gouvernement étranger. Leur conviction était que les principes de l'Écriture s'appliquent à tous les pays et à toutes les circonstances, à la pauvreté de la Russie comme à la richesse de l'Amérique.


7. Fröhlich et les Nazaréens, 1828-1930

Celui qui voyage en Europe centrale ou méridionale ne peut qu'être frappé par le nombre de villages qu'il traverse. Peut-être se demande-t-il ce qui peut bien se passer dans ces groupes d'habitations humaines, souvent peu attrayantes et si différentes de celles que l'on voit aux abords des cités. Ces villages sont souvent le théâtre d'expériences spirituelles vivantes et l'on y rencontre beaucoup d'âmes sérieusement influencées par l'importance de l'obéissance personnelle ou collective à la Parole de Dieu.

La Hongrie, la Yougoslavie, la Bulgarie et la Roumanie renferment de nombreuses congrégations de chrétiens se nommant eux-mêmes Nazaréens (113). Ils vivent si paisiblement et si isolés de leur entourage que l'on entendrait à peine parler d'eux, si ce n'était à cause de leur conflit continuel avec divers gouvernements, du fait qu'ils refusent absolument de porter les armes.

Voici ce qu'ils disent sur leur compte: «Les apôtres prêchèrent la repentance et la foi; ceux qui crurent furent ajoutés au peuple du Seigneur... Des frères dans la foi ont existé à travers tous les siècles - ici et là... Aujourd'hui encore un peuple subsiste - celui de Dieu - dont les membres sont dispersés dans le monde entier. Ils vivent tranquilles et retirés, loin de la politique et des plaisirs du monde... Bien que n'étant liés ensemble, ni par la race, ni par l'origine, ni par la langue, ni encore par des liens, économiques et politiques, ils sont fermement attachés les uns aux autres par un puissant lien spirituel, l'amour divin... Ils sont devenus membres de ce peuple de Dieu par une nouvelle naissance spirituelle... Ils sont mariés à leur Rédempteur et Sauveur, Jésus-Christ, et le servent corps et âme, car Il les a achetés du monde avec son propre sang... Son enseignement divin est leur guide pour la vie.»

Ils disent encore: «La gloire éclatante de l'enseignement de Christ fut obscurcie... Alors Dieu éveilla en Suisse, en 1828, un témoin fidèle en la personne du prédicateur S. H. Fröhlich, qui entra dans la «vie nouvelle en Christ» par sa re-naissance... Ce fut lui qui ralluma les lampes à la brillante lumière de l'Evangile. Pour cette raison, il fut déposé, en 1830, de son office de pasteur. Il commença à prêcher le pur Évangile et réunit beaucoup de croyants en congrégations. Il évangélisa la Suisse et se rendit jusqu'à Strasbourg, où il mourut en 1857, en fidèle serviteur du Seigneur... Les juifs appelèrent l'apôtre Paul le «chef de la secte des Nazaréens ... » En Autriche, en Hongrie et dans les Balkans, les croyants en Christ sont nommés Nazaréens, jusqu'à ce jour.

Samuel Heinrich Fröhlich naquit en 1803 à Brugg, en Argovie. Il étudia la théologie à Zurich et à Bâle et devint un rationaliste (114). Son incrédulité l'entraîna au péché et il s'opposa aux Frères moraves et à d'autres qui étudiaient le N. Testament grec. De fait, il combattait tous ceux qui désiraient un renouveau spirituel. Mais à l'âge de vingt-deux ans, il fut réveillé. Il réalisa alors qu'il n'était pas digne de sa vocation pastorale. Il se promit d'être fidèle à Dieu et s'efforça de vaincre le péché en lui, mais se sentit de plus en plus misérable et déficient. Dans les bois et sur les montagnes, il se mit à crier à Dieu, Lui demandant son secours. Toutefois sa détresse continua jusqu'à ce qu'il eût regardé à Jésus et trouvé la paix en Lui. Chez son père, il se prépara soigneusement pour ses examens; mais ses tendances évangéliques déplurent à ses examinateurs, qui retardèrent son admission au pastorat, jusqu'en 1827. Pendant de courts stages en différentes paroisses, il étudia les Écritures et fut amené à une plus grande liberté spirituelle. Il fut envoyé à Leutweil, dans une église sans vie, où, par sa prédication de Christ crucifié, un réveil éclata, ce qui suscita l'opposition du clergé. Il fut dès lors obligé, avant de prêcher, de soumettre ses sermons aux anciens de son église et au clergé des environs. Ceux-ci éliminaient tous les passages qui présentaient l'homme comme «mort par ses offenses et par ses péchés», ou justifié uniquement par la foi en Jésus-Christ. Cet enseignement apporte vie et délivrance aux âmes chargées, mais pour les sages il est folie et scandale. En instruisant ses catéchumènes, Fröhlich fut éclairé sur le baptême selon le N. Testament. Bien que persécuté sans trêve, il continua son ministère durant deux ans, lorsqu'en 1830, les autorités ecclésiastiques, avec l'appui du gouvernement, mirent de côté tous les anciens livres religieux en usage et les remplacèrent par d'autres, de caractère rationaliste. Ayant refusé d'accepter ce changement, Fröhlich dut comparaître devant les autorités pour cette offense et pour d'autres actions qui leur avaient déplu. Il en résulta sa condamnation et sa déposition pour avoir agi contrairement à la loi.

Au cours de leurs voyages, deux ouvriers serruriers hongrois vinrent de Budapest à Zurich, où ils rencontrèrent Fröhlich. Ils furent convertis et baptisés. De retour à Budapest, l'un d'eux, Johann Denkel, témoigna fidèlement de l'Evangile à ses camarades. Parmi ceux qui crurent, Ludwig Hencsey travailla activement pour le Seigneur et fonda plusieurs congrégations de «Nazaréens». D'entre les premiers amenés à Christ se trouva un gentilhomme, Josef Kovacs, qui correspondit en latin avec Fröhlich (1840). Une veuve, Anna Nipp, offrit une chambre dans sa maison à Budapest, comme premier local de réunion. Hencsey écrivit des livres expliquant les principes de la foi. Ils furent copiés et distribués par les convertis, ce qui augmenta le nombre des croyants (1840-1841). Un groupe de frères rayonna de Budapest en diverses directions et répandirent la foi. Des congrégations se formèrent jusqu'aux frontières de la Turquie. Plusieurs furent aussi fondées en Amérique.

Partout et toujours les Nazaréens ont reconnu les autorités constituées et les ont servies loyalement, mais ils sont restés inflexibles dans leur refus de porter les armes et de prêter serment. Malgré leur bonne volonté de servir dans les unités non-combattantes, les autorités militaires ne leur ont témoigné aucun égard. Puis, à cause même de leur grand nombre, on a intensifié les efforts faits pour vaincre leur résistance. Ils furent traités avec la plus grande sévérité. Beaucoup furent mis en prison et y passèrent - dans des conditions lamentables, loin de leurs familles et amis - la majeure partie de leur vie. Maintes personnes, ne partageant pas leurs convictions, ne purent qu'admirer leur patiente soumission, alors que groupe après groupe comparaissait devant les tribunaux pour s'entendre condamner à de longs termes d'emprisonnement, rarement moins de dix ans. Cependant leur martyre continue. Plusieurs ont été, non-seulement emprisonnés, mais encore traités brutalement. En certains cas, où ils avaient presque achevé leur temps de détention, on leur a accordé un pardon qu'ils ne demandaient pas, en leur restituant leurs droits civils et militaires, seulement pour les sommer immédiatement de porter les armes. Sur leur refus, ils se virent condamner à nouveau à une longue captivité, sans tenir aucun compte de ce qu'ils avaient déjà souffert.

S'inspirant de ses propres expériences, Fröhlich n'hésita pas de condamner sans phrase la religion formaliste qui dominait alors dans les grandes églises, catholique et protestante. Aussi les Nazaréens sont-ils généralement impitoyables dans leur jugement de ce qu'ils croient être contraire à l'enseignement du N. Testament. Chez eux, une église luthérienne sera parfois décrite comme une «caverne de voleurs», et beaucoup semblent à peine croire à la possibilité du salut en dehors de leurs propres assemblées. Cette exagération est évidente dans l'enseignement de Fröhlich.

Écrivant (115) sur «le mystère de la piété et le mystère de l'iniquité» (1 Tim. 3. 16; 2 Thess. 2. 7), il dit que ce dont l'humanité souffre aujourd'hui n'est pas le résultat de la transgression d'Adam, qui fut effacée par la mort de Christ. C'est plutôt l'incrédulité de l'homme vis-à-vis de Christ, qui a permis à Satan d'entraîner le monde dans une seconde séduction et une seconde chute. Il en résulte que les membres de l'Église soi-disant chrétienne en sont venus à compter leur christianisme comme quelque chose d'inné, basant leur religion sur le baptême des enfants et sur d'autres formes, sans être vraiment convertis, délivrés du péché, des idoles et du pouvoir de Satan. La seconde et la pire illusion de Satan, qui entraîne après elle la seconde mort ce sont les formes vides et sans puissance du service divin et de la piété. Seuls échappent au jugement ceux que Dieu a appelés, qui ont affermi leur vocation et leur élection par une entière sanctification.

Ces frères se répandirent dans toute la large vallée et les plaines du Danube moyen, pénétrant bien avant dans les Balkans. Ils se distinguent de leurs voisins par leur gravité et leur zèle tranquille. La persécution leur a communiqué une force de résistance invincible. S'ils sont entachés de légalisme, ils montrent en revanche une grande patience lorsqu'ils sont durement et injustement maltraités, et ne rendent pas le mal pour le mal. Ils rendent un beau témoignage dans leur entourage par la simplicité et par le caractère biblique de leur culte et de leur vie d'église.



Table des matières

Page précédente:

.
111 «Johann Gerhard Oncken, His Life end Work», John Hunt Cooke.

112 Aux membres de la sixième assemblée des Églises évangéliques allemandes, tenue à Berlin, 1853. Sujet: Comment doit agir l'Église vis-à-vis des Séparatistes et des sectaires, soit les baptistes et les méthodistes», G. W. Lehmann.

113 «Nazarenes in Jugoslavia», Apostolic Christian Publishing Co, Syracuse, N. Y., U. S. A.

114 «Einzelne Briefe und Betrachtungen aus dem Nachlasse von 5. H. Fröhlich.»

115 «Das Geheimnis der Gottseligkeit und das Geheimniss der Gottseligkeit» S. H. Fröhlich, St-Gallen, 1838.

 

- haut de page -