Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES



 2. Traductions de la Bible. Cyrille Lucas, 850-1650

Les Russes ne connaissaient pas les Écritures, tues dans les églises en vieux slavon, langue qui n'était plus comprise. Comme il n'y avait pas de prédication, mais seulement la récitation chantée - admirablement, il est vrai - de la liturgie, eux et leurs prêtres restaient donc ignorants de la révélation divine. Cependant l'Église orthodoxe ne s'opposait pas à la circulation des Écritures. Elle exhortait le peuple à regarder la Bible comme un livre sacré, le livre de Dieu. Les Russes - naturellement religieux - avaient ainsi un grand désir d'apprendre ce que contenait le livre qu'ils révéraient, et, lorsque la merveilleuse histoire de l'Evangile leur était annoncée, elle était reçue avec Joie dans beaucoup de coeurs.

Comme en bien d'autres nations, chez les Slaves aussi la Bible fut le commencement de la littérature. Ce fut pour leur apporter l'Écriture que Cyrille, au neuvième siècle, inventa l'alphabet (cyrillique). Combinant certaines lettres grecques avec les vieux caractères glagolitiques, de manière à exprimer les sons des langues slaves, il traduisit une grande partie du N. Testament. Son compagnon, Méthode, s'efforça d'en préserver l'usage quand les avocats du latin en menacèrent l'existence. De la Moravie, son pays d'origine, le langage de cette vieille Bible slavone se répandit. Il devint, plutôt que le grec, la langue du culte public dans la plupart des pays slaves de religion orthodoxe grecque. Quand les diverses branches des langues slaves se développèrent, le vieil idiome ne fut plus compris du peuple. Au onzième siècle, le gouverneur russe de Kiev, Yaroslav, traduisit des portions de la Bible dans la langue populaire.

Ce fut l'étude des Écritures qui décida un berger et un diacre, au quatorzième siècle, à prêcher à Pskov, et plus tard à Novgorod, où la foire attire de grandes foules. Ils montrèrent que les prêtres de l'Église orthodoxe ne reçoivent pas le St-Esprit à leur ordination et que les sacrements qu'ils administrent n'ont pas de valeur; qu'une église est une assemblée de vrais chrétiens, qui peut choisir ses propres anciens; que les membres peuvent prendre la Ste-Cène entre eux et baptiser, et que tout chrétien peut prêcher l'Evangile. Mais comme d'habitude, en Russie il est permis de lire les Écritures, mais pas d'y obéir. Leurs adeptes furent donc supprimés, ou dispersés.

En 1449, l'archevêque de Novgorod réunit diverses traductions slavones et publia toute la Bible, qui fut imprimée ensuite sous une forme complète à Ostrog, en 1581.

L'Église orthodoxe grecque diffère de l'Église catholique romaine en ce qu'elle n'a pas fait d'expérience comparable à celle de la Déformation. Il y eut cependant une tentative d'introduire dans cette église les principes de la Réforme, et ceci en haut lieu. Cyrille Lucas (1572-1638), originaire de Crête, était connu comme l'homme le plus savant de son temps. Il fut successivement Patriarche d'Alexandrie (1602) puis de Constantinople (1621). Ce fut lui qui découvrit, sur le Mont Athos, un manuscrit du cinquième siècle, la plus ancienne Bible grecque connue. Il l'envoya d'Alexandrie à Charles 1er, roi d'Angleterre. On le déposa ensuite au British Museum, sous le nom de Codex Alexandrinus. Étant encore Patriarche d'Alexandrie, Cyrille commença à comparer soigneusement les doctrines des Églises grecque, romaine et réformée avec les Écritures, et il décida de laisser de côté les Pères de l'Église et de n'accepter que la Bible comme guide. Trouvant l'enseignement des réformateurs plus conforme aux Écritures que celui des Églises grecque et romaine, il publia une «Confession» dans laquelle il se rangeait à plusieurs égards, du côté des réformateurs. «Je ne puis plus souffrir - déclare-t-il - que l'on dise que les commentaires de la tradition humaine ont une même valeur que ceux de la Ste-Ecriture». Il combattit énergiquement la doctrine de la transsubstantiation et le culte des images. Il enseignait que la vraie église catholique renferme tous les fidèles en Christ; mais, dit-il, il y a des églises visibles, en des lieux et en des temps divers. Elles peuvent errer, mais les Stes-Ecritures restent un guide et une autorité infaillibles, à laquelle nous devons toujours retourner. Il recommanda l'étude constante de l'Écriture que le St. Esprit interprète à ceux qui sont nés de nouveau, en comparant une portion à une autre.

Ces enseignements, provenant d'une telle source, suscitèrent de vives discussions et Cyrille Lucas eut à soutenir un rude combat. Il fut cinq fois banni, et toujours rappelé. Le Grand Vizir du Sultan avait confiance en lui et le subventionnait. Toutefois, tout en l'aidant à maintenir son rang, cela nuisait à son témoignage, car on estimait qu'il n'était pas convenable qu'un docteur chrétien dépendît financièrement d'un homme d'état mahométan. Lors d'un Synode de l'Église grecque à Bethléem, il y eut confirmation générale de l'ordre ancien de l'Église orthodoxe, repoussant la réforme. Mais l'opposition la plus effective contre Cyrille vint de l'Église latine qui, par des intrigues jésuitiques, entrava à réitérées fois son oeuvre. Finalement, en son absence, elle le calomnia auprès du sultan Amurat, qui marchait alors sur Bagdad. Un jugement précipité fut obtenu et Cyrille fut étranglé avec la corde d'un arc, à Constantinople et son corps jeté à la mer. Après sa mort, plusieurs synodes condamnèrent ses doctrines.


3. Stundistes. Divers évangélistes en Russie 1812-1930

En 1812, le tzar Alexandre 1er encouragea l'établissement de la Société biblique britannique et étrangère en Russie. Il lui accorda des privilèges spéciaux et de nombreuses branches de l'oeuvre s'étendirent aux parties les plus reculées de l'Empire. Il y avait un désir ardent d'obtenir les Écritures dans les divers idiomes parlés dans le pays, sur. tout parmi les gens parlant le russe, et la vente allait toujours croissant. Cette lecture eut des résultats merveilleux. Très nombreux furent ceux qui se détournèrent de l'ignorance et du péché pour devenir les disciples zélés et consacrés du Seigneur Jésus-Christ. Ceci éveilla naturellement l'hostilité du St Synode qui s'employa activement à entraver autant que possible la diffusion des Écritures. Mais, jusqu'à l'instauration du gouvernement bolchéviste, ce peuple avide de la Parole de Dieu put l'obtenir sans trop de difficulté.

Les réunions des colons allemands étaient désignées sous le nom de Stunden. Quand donc les Russes commencèrent à s'assembler pour la lecture de la Bible et la prière, on les appela, par dérision, Stundistes - autrement dit, ceux qui abandonnaient l'église pour la «réunion». Quant à eux, ils se donnaient le nom de frères.

La lecture des Écritures fut pour ces Russes une révélation extrêmement puissante. Ils comprirent que le système religieux dans lequel ils avaient été élevés, les avaient maintenus dans l'ignorance de Dieu et de son salut en Christ. Ils se repentaient de leurs nombreux péchés, sincèrement et sans réserve et acceptèrent Christ comme leur Sauveur et Seigneur dans la plénitude de la foi et de l'amour. Réalisant le complet désaccord existant entre l'Église russe et les Écritures, ils abandonnèrent la première et s'attachèrent aux dernières dans la pleine mesure de leur connaissance.

Les colons allemands pratiquaient le baptême de diverses manières, mais, au début, personne ne baptisait par immersion. Dans l'Église grecque, on baptise bien par immersion, mais les petits enfants. Les croyants russes consultèrent la Parole et, sans se laisser influencer par les pratiques, de leur entourage, arrivèrent d'un coup à la conviction que le baptême par immersion des croyants était selon l'enseignement et le modèle du N. Testament. Fidèles à cette lumière, ils adoptèrent aussitôt cette pratique qui devint universelle parmi tous ceux qui croyaient. Ils comprirent aussi que la fraction du pain était un commandement du Seigneur pour les croyants seulement, et ils agirent en conséquence. Le système clérical de l'Église orthodoxe disparut lorsqu'ils comprirent par les Écritures ce que sont la constitution de l'Église et des églises, le sacerdoce de tous les croyants, la présence du St-Esprit dans le coeur, les dons et la liberté des ministères qu'Il accorde pour le bon ordre des églises, pour l'édification des saints et pour la diffusion de l'Evangile parmi les hommes.

Ce mouvement, appelé stundiste par les gens du dehors, grandit très rapidement, chaque groupe de convertis formant tout de suite une église ou centre d'où rayonnait le témoignage évangélique. Il devint évident que l'oeuvre de l'Esprit parmi les colons étrangers n'avait été que l'introduction à une oeuvre plus vaste, englobant les masses du peuple russe. Mais la liberté du culte, accordée aux colons, fut refusée à la population indigène, et, dès le début, les églises russes furent persécutées, ce qui ne put éteindre leur patient enthousiasme.

Divers évangélistes

Si les mennonites jouèrent un rôle important dans l'introduction de l'Evangile au travers de vastes étendues d'Europe et d'Asie, ils ne furent pourtant pas les seuls instruments employés. Bohnekämper (109), envoyé par la Mission de Bâle au Caucase et chassé de ce pays, accepta le poste de pasteur d'une colonie allemande près d'Odessa. Il y tint des études bibliques en russe pour les moissonneurs venus de différentes parties du pays, qui, une fois leur tâche accomplie, apportèrent à leurs foyers la Parole de vie.

Des membres de la Société des Amis, Etienne Grellet, William Allen et d'autres, visitèrent St-Pétersbourg et eurent des rapports avec le tsar Alexandre 1er. Ils l'influencèrent en faveur de l'achèvement de la traduction de la Bible en russe. Le tsar leur raconta qu'il n'avait jamais vu de Bible avant l'âge de quarante ans. Une fois en possession de ce livre, il le dévora, car il y découvrit l'expression de tout ce qui le troublait comme si lui-même en avait fait la description. Il reçut aussi la lumière intérieure qu'il possédait, tellement que pour lui la Bible était l'unique source de la connaissance qui sauve. Cette expérience le disposa à accepter les suggestions des Amis et à faciliter l'introduction et la vente des Écritures en Russie; ce qui eut des résultats incalculables.

Melville, Écossais connu en Russie sous le nom de Vassili Ivanovitch, agent de la Société biblique, consacra soixante ans de sa vie à faire circuler les Écritures au Caucase et en Russie méridionale. Il ne se contentait pas de les distribuer, mais appliquait leur contenu aux consciences des acheteurs. Il resta célibataire et son seul but fut toujours de répandre la Parole de Dieu dans ces pays, où il fut un chef et un exemple pour beaucoup de dévoués colporteurs qui vinrent après lui.

Souvent l'introduction du N. Testament dans un district eut pour résultats la conversion des âmes, la formation d'une église et la propagation de l'Evangile, avant que l'on eût découvert l'existence d'autres frères se conformant à l'enseignement des Écritures. Il y eut des exemples semblables en beaucoup d'endroits, du nord de la Sibérie aux rivages méridionaux de la mer Caspienne.

Kascha Jagoub était un nestonien persan. Aidé par la Mission américaine, il vint en Russie et fit preuve d'un grand don d'évangéliste, surtout parmi les pauvres. Il prit le nom russe de Jakov Deljakovitch et, durant près de trente ans, dans la dernière partie du dix-neuvième siècle, fit des tournées de prédication à travers la Russie et la Sibérie.

Une autre classe sociale fut atteinte par Lord Radstock qui, quittant l'Angleterre en 1866, visita plusieurs pays en y proclamant l'Evangile, puis vint à St-Pétersbourg. Il y tint des études bibliques dans quelques hôtels de l'aristocratie, et la puissante action du St-Esprit s'y manifesta. Beaucoup de personnes dans les rangs les plus élevés de la société se convertirent en entendant sa simple mais directe interprétation de l'Écriture, accompagnée de lumineuses illustrations. Des coeurs furent touchés même dans la famille impériale et dans son entourage immédiat. Ces croyants mirent en pratique les enseignements de la Parole aussi intégralement que les fermiers et les ouvriers du Sud, avec lesquels ils entrèrent bientôt en communion fraternelle. Ils furent baptisés, rompirent le pain entre eux et, dans leurs palais, les chrétiens les plus pauvres et les plus ignorants prirent place à côté des nobles du pays, tous unis par le lien d'une vie commune en Christ.

L'un des convertis, le colonel Vassili Alexandrovitch Paschkof, était un propriétaire opulent. Il offrit la salle de bal de son palais pour des réunions et prêcha lui-même l'Evangile partout, dans les prisons et les hôpitaux comme dans les locaux, et les maisons privées. Il employa sa grande fortune à distribuer les Écritures, à publier des traités et des livres, à secourir les pauvres et à avancer de toutes manières le règne de Dieu. En 1880, il lui fut interdit de tenir des réunions dans sa maison. N'ayant pas obéi, il fut banni, grâce à l'instigation du St Synode, d'abord de St-Pétersbourg, puis de Russie. Une grande partie de ses biens furent confisqués.

Dans leur pays, les baptistes allemands s'étaient répandus en Russie. Ils devinrent très nombreux en Pologne et en d'autres régions. Mais une condition avait été mise à leur liberté: leur ministère devait se limiter aux Allemands, ou à d'autres populations n'appartenant pas à l'Église orthodoxe. Cependant, avec le temps, leur influence amena la formation de congrégations baptistes russes qui se répandirent aussi rapidement. La principale différence entre ces églises baptistes et les autres est que les premières formaient une fédération, ou organisation d'églises nettement définie, tandis que les autres considéraient chaque église comme une congrégation autonome, dépendant directement du Seigneur, la communion entre ces diverses assemblées maintenue par le contact personnel et par les visites des frères. En outre, chez les baptistes chaque église avait, si possible, son pasteur attitré, tandis que, chez les autres croyants, il y avait liberté de ministère et les anciens étaient choisis parmi les membres.

Ainsi, par des instruments divers, l'Evangile pénétra dans ces immenses territoires. Mais, une fois introduite, les Russes eux-mêmes se chargèrent de l'oeuvre, qui ne fut jamais une mission étrangère, ou une institution étrangère parmi eux. Ils comprirent tout de suite que la Parole de Dieu était pour eux, sans l'intervention d'aucune société missionnaire, et que la responsabilité du ministère de réconciliation leur était confiée. Cette responsabilité, ils l'assumèrent avec un zèle à toute épreuve que rien ne put étouffer, et ne reculèrent ni devant la peine, ni devant la souffrance. C'est pourquoi .'l'Evangile se répandit et continue à se répandre dans ces régions, comme cela ne peut être le cas quand -une société missionnaire étrangère maintient et dirige l'oeuvre. Les églises de Russie se comptent maintenant par milliers et leurs membres par millions.



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109 «Russland und das Evangelium», Joh. Warns.

 

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