Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




4. Arminius et les exilés en Hollande; les Pères pèlerins

'Vers la fin de son règne, Elizabeth cessa d'emprisonner ceux qui refusaient d'adhérer à l'Église anglicane. Elle se contenta de les bannir du royaume. Ce fui ainsi que beaucoup de Brownistes et d'anabaptistes se réfugièrent en Hollande. Ils fondèrent à Amsterdam une église qui, sous la direction de Francis Johnson et de Henry Ainsworth, publia, en 1596, une «Confession de Foi de certains Anglais vivant en exil dans les Pays-Bas».

La Hollande fut un centre très important d'activité spirituelle. Parmi les éminents docteurs qui y vivaient, nul n'exerça une influence plus étendue que Jacob Arminius (1560-1609) (90). S'il est vrai que son nom est associé à de vives luttes religieuses - arminiens contre calvinistes -, il n'était pourtant pas l'homme d'un parti et ses vues n'étaient pas extrêmes. Depuis les jours où Augustin et Pélage avaient lutté, l'un pour défendre la souveraineté de Dieu en matière d'élection, l'autre pour revendiquer le libre arbitre et la responsabilité de l'homme, ces questions vitales des relations entre Dieu et l'homme n'avaient pas cessé de se poser aux esprits et aux coeurs. Calvin, et quelques-uns de ses disciples encore plus que lui, en montrant puissamment ce que nous enseigne la Bible sur la souveraineté et l'élection divines, avaient sous-estimé les vérités correspondantes, également contenues dans les Écritures. Leur logique en s'appuyant sur une partie seulement de la vérité révélée, avait abouti à conclure que l'homme est soumis à des décrets absolus auxquels il ne peut rien changer. Un enseignement si exagéré devait nécessairement amener une réaction, qui à son tour, tendrait à l'extrême. Élevé dans la doctrine calviniste, Arminius - connu de tous comme un homme au caractère pur, capable et hautement cultivé - fut choisi pour écrire la défense du calvinisme le plus modéré, attaqué de divers côtés. Mais, en étudiant son sujet, il dut constater que beaucoup de ses vues étaient insoutenables. Elles faisaient de Dieu l'auteur du péché, limitaient sa grâce rédemptrice et laissaient la majorité des hommes sans espérance, ou possibilité de salut. Il vit par les Écritures que l'oeuvre expiatoire de Christ était pour tous, et que le libre arbitre de l'homme fait partie du décret divin. Il revint donc à la doctrine et à la foi de l'Église primitive en évitant les extrêmes dans lesquels les deux partis étaient tombés au cours de leur longue controverse. Par l'exposé sincère des vues qui étaient devenues siennes, il s'attira des conflits tellement violents qu'ils troublèrent son esprit et raccourcirent sa vie. Le réveil méthodiste donna plus tard à son enseignement une forme vivante et évangélique.

Quand Jacques 1er monta sur le trône, il s'appliqua à uniformiser la religion, alors qu'il y avait eu une liberté relative depuis la fin du règne d'Elizabeth. Les émigrations continuèrent, malgré l'opposition des autorités. Il y avait alors à Gainsborough, une congrégation de croyants dirigée par John Smyth. Cette église en forma une autre, dont les membres avaient d'abord fréquenté le culte de Gainsborough, faisant dans ce but quinze à dix-huit kilomètres de marche chaque dimanche. La réunion se tenait à Scrooby Manor House et John Robinson en fit partie, depuis que la persécution l'avait obligé à quitter sa congrégation de Norwich. Ces frères ne furent pas laissés longtemps tranquilles. On surveilla leurs maisons, on les priva de leurs moyens d'existence, ou on les emprisonna. Quelques-uns ayant vainement tenté de fuir en Hollande, il fut finalement décidé qu'ils émigreraient tous ensemble, comme église (1607). Leur voyage fut interrompu par des arrestations répétées, des emprisonnements et des séparations douloureuses. Ils arrivèrent enfin par petits groupes, dénués de tout, mais pleins de courage et retrouvèrent leurs compagnons de route. A Amsterdam et ailleurs, les églises les accueillirent.

L'Église d'Amsterdam souffrit bientôt de divergences de vues. Les mennonites hollandais étaient en faveur du baptême des adultes ainsi que John Smyth et Thomas Helwys. Mais la plupart des membres s'y refusaient. Il y eut de vives dissensions; Smyth, Helwys et quarante autres croyants furent exclus de la communion et constituèrent une église séparée. Les baptistes maintenaient également que le pouvoir civil n'avait aucun droit d'intervenir en matière de religion, ou d'imposer une forme de doctrine quelconque. Ils pensaient que les autorités devaient s'occuper uniquement des questions de politique et du maintien de l'ordre. Les autres frères estimaient qu'il était du devoir de l'État d'exercer un certain contrôle sur les points de doctrine, ou d'organisation ecclésiastique. Tout en protestant contre les mesures restrictives employées à leur égard, ils ne consentaient pas à accorder pleine liberté à ceux qui différaient de leur manière de voir. Les partisans de Smyth pensaient que, pour se conformer à l'enseignement du Seigneur, un chrétien ne devait ni porter les armes, ni siéger comme magistrat ou chef d'État. Johnson et Ainsworth étaient toujours plus enclins à adopter la forme presbytérienne de gouvernement ecclésiastique, ce qui ne plaisait pas à John Robinson.

Pour mettre fin à ces discussions, Robinson et d'autres allèrent fonder une église à Leyde, où ses membres vécurent dans la paix et l'harmonie, car le ministère de John Robinson se distinguait par sa largeur d'esprit comme par sa puissance. Non seulement ces églises procurèrent un foyer aux saints persécutés et proclamèrent la vérité, mais elles exercèrent encore une influence étendue. Quand certains de leurs membres purent retourner en Angleterre, ils fortifièrent grandement les croyants. En 1612, Helwys et quelques autres formèrent, à Londres, une église baptiste. Quelques années plus tard, un associé de Robinson, Henry Jacob, contribua à établir, dans la capitale, une église indépendante, de laquelle se séparèrent plus tard des baptistes calvinistes, ou «particuliers». D'autres frères eurent une sphère d'activité plus vaste encore.

Ces exilés se sentirent de plus en plus appelés à la fondation d'églises dans le Nouveau-Monde, où ils jouiraient d'une pleine liberté de conscience, de culte et de témoignage. Après beaucoup de prières et bien des négociations, le Speedwell partit pour la grande entreprise. La séparation fut dure des deux côtés. Dans un mémorable discours adressé aux frères sur le navire en partance, à Delft Haven, Robinson leur dit: «Je vous adjure devant Dieu et les anges bienheureux de ne me suivre qu'en tant que vous m'avez vu suivre le Seigneur Jésus-Christ. Si Dieu vous révèle quelque chose par un autre de ses serviteurs, soyez aussi prompts à obéir que si vous l'aviez reçu par mon ministère. je suis absolument convaincu que le Seigneur a d'autres vérités à nous communiquer par sa sainte Parole. Pour ma part, je ne puis assez déplorer la condition de ces églises réformées qui ont acquis un certain degré de religion, mais ne veulent pas aller au delà des instruments de leur réformation. Les luthériens ne peuvent voir que ce que vit Luther; ils mourraient plutôt que d'accepter tel aspect de la vérité révélée à Calvin. Quant aux calvinistes, vous le savez, ils se cramponnent à l'héritage laissé par ce grand homme de Dieu, qui pourtant ne savait pas toutes choses. C'est une pauvreté lamentable, car, si ces hommes ont été, en leur temps, des lampes qui brûlèrent et luirent dans les ténèbres, ils n'avaient pas encore pénétré dans tout le conseil de Dieu. S'ils vivaient de nos jours, ils seraient prêts à embrasser une lumière plus intense que celle qui les avait d'abord éclairés. Car il est impossible, en effet, au monde chrétien - plongé encore si récemment dans les épaisses ténèbres anti-chrétiennes - d'arriver tout d'un coup à la perfection de connaissance.»

Le Speedwell fut rejoint par le Mayflower, emmenant un groupe de croyants anglais. Les deux vaisseaux quittèrent l'Angleterre en même temps, mais le Speedwell, ayant une vole d'eau, dut renoncer au voyage. Tous les passagers s'entassèrent alors sur le Mayflower et le petit navire mit à la voile à Plymouth (1620). Ils furent assaillis par une terrible tempête. Mais, fermes dans leur projet, ils luttèrent vaillamment et, au bout de neuf semaines de traversée, cent deux hommes atterrirent à Plymouth Bay, dans la Nouvelle-Angleterre. Ils y fondèrent un État, qui prospéra plus que tout autre en Amérique du Nord et porte encore l'empreinte du caractère des hommes et des femmes qui le fondèrent, dans la crainte de Dieu et l'amour de la liberté.


5. Églises diverses en Angleterre et en Ecosse

L'Église anglicane sortie de l'Église de Rome, dont elle se sépara, se modifia sous l'influence des réformateurs, luthériens et suisses. De ce fait elle réunit les caractéristiques de tous ces systèmes. Elle fit du roi son chef et garda ainsi un caractère politique. En commun avec les réformés, elle conserva une partie du système clérical de l'Église catholique, avec les sacrements intangibles du baptême des enfants et de la Ste-Cène administrés par le clergé. Au début, elle n'était pas épiscopale; mais, vers la fin du règne d'Elizabeth, elle commença à imiter Rome sur ce point et, avant longtemps, elle avait adopté ce système de gouvernement. Les puritains, au sein de l'Église anglicane, furent l'élément qui lutta constamment contre tout ce qui venait de Rome. Ils s'efforcèrent de donner à l'Église une forme nettement protestante et souffrirent beaucoup dans leur lutte pour maintenir l'autorité des Écritures, en résistant aux décrets des chefs religieux.

Les presbytériens étaient en sympathie plus étroite avec les réformés continentaux que ne l'étaient les anglicans. Le presbytérianisme devint la religion nationale de l'Ecosse, tandis que l'Angleterre repoussa un éloignement si marqué de l'uniformité. En 1572, les autorités firent fermer une église presbytérienne, formée à Wandsworth. Les indépendants maintinrent la doctrine scripturaire de l'autonomie de chaque congrégation de croyants et de sa dépendance directe du Seigneur. Différant absolument de la religion établie, ils n'accordaient ni au roi ni aux évêques la place qu'ils avaient prise dans le gouvernement de l'Église et leur refusaient même le droit d'être membres de l'Église, à moins qu'ils ne fussent convertis. Cette attitude intransigeante leur attira de violentes persécutions. Ils furent entassés dans les prisons, mis à l'amende, mutilés et exécutés avec une cruauté inlassable. Les baptistes étaient considérés comme pires encore, car, non seulement ils partageaient les vues des indépendants sur l'église, mais encore ils contestaient à l'État le droit de se mêler des questions religieuses. En outre, ils rejetaient le baptême des enfants et ne baptisaient que les croyants, coupant ainsi à sa racine le pouvoir clérical. Ils étaient en contact spirituel avec les anabaptistes, les Vaudois et d'autres frères, partageant naturellement, avec les indépendants, le violent déplaisir des hommes qui voulaient à tout prix forcer la nation tout entière à adopter la forme de religion ordonnée par l'État.

On trouvait, dans tous ces milieux, de vrais membres de l'Église de Christ, qu'ils fussent catholiques, anglicans ou non-conformistes. Il se trouvait aussi des groupements de croyants correspondant aux églises du N. Testament parmi les congrégations méprisées et persécutées. Ils maintinrent leur témoignage au milieu de circonstances troublantes, éprouvant au suprême degré la foi et l'amour.

En 1611, un grand élan fut donné à la propagation de l'Evangile par la publication de la belle et puissante traduction de la Bible, connue sous le nom de Version autorisée. Son langage et son style imagé sont devenus partie essentielle de la langue anglaise et aucun livre n'a été lu si largement, ou n'a exercé une influence plus salutaire.

En dépit de la persécution, les congrégations de croyants augmentèrent. En 1641, on mentionna, au Parlement anglais, qu'il y avait quatre-vingts espèces différentes de «sectaires» à Londres et aux environs. Les conducteurs de ces cercles étaient désignés avec mépris sous les noms de savetiers, tailleurs et autres gens de cette sorte.


6. Guerre civile; Cromwell. Liberté de conscience

La guerre civile amena de grands changements. Au cours des hostilités, des propositions furent faites pour la formation d'une nouvelle Église nationale. Comme les évêques s'étaient tous rangés du côté du roi et qu'il était désirable d'obtenir l'entière adhésion de l'Ecosse, les théologiens désignés pour élaborer une nouvelle forme de religion adoptèrent le Covenant écossais et la forme presbytérienne de gouvernement ecclésiastique préconisée par le Parlement. Les presbytériens insistèrent pour qu'elle fût imposée à tout le peuple anglais, sous peine de sévères châtiments. Les sectes devaient être abolies. Les quelques indépendants, qui prirent part aux débats à Westminster, protestèrent vainement qu'on leur devait la liberté. Les baptistes, qui réclamaient la tolérance religieuse absolue, ne furent pas même consultés. Pendant la guerre, l'armée «Nouveau modèle» de Cromwell s'était pourtant développée et la victoire dépendait d'elle. Elle se composait d'hommes pieux, dont beaucoup étaient des « sectaires ». Ces soldats, de confessions diverses, avaient lutté côte à côte pour la même cause. Épiscopaux, puritains, presbytériens, indépendants et baptistes s'étaient unis dans la prière et dans les combats. Ils avaient appris à se respecter les uns les autres, en partageant les mêmes fatigues. Ils n'étaient pas disposés à perdre, par l'étroitesse des législateurs, cette liberté de conscience pour laquelle ils avaient tant lutté et souffert. Par suite d'une rapide décision, l'assemblée qui avait élaboré la Confession de Westminster et les Chambres du Parlement furent dissoutes. La république fut établie et avec elle la liberté de conscience et de culte, la liberté d'exprimer et de publier les croyances religieuses, libertés jusqu'alors totalement in. connues.

En 1653, le Conseil d'État déclara que personne ne serait contraint de se conformer à la religion nationale, ni par pénalités ni autrement. On décréta que: «ceux qui professent leur foi en Dieu par Jésus-Christ - même s'ils diffèrent d'opinions sur la doctrine, le culte ou la discipline publiquement acceptés - ne seraient pas entravés, mais protégés dans la profession de leur foi et l'exercice de leur religion, pourvu qu'ils n'abusent pas de cette liberté en portant préjudice aux autres, ou en troublant la paix publique.» Le papisme et la hiérarchie ecclésiastique n'étaient pas inclus dans cette liberté. Des «experts» furent désignés pour examiner ceux qui jouissaient des bénéfices ecclésiastiques. Les prêtres ignorants, ou de mauvaises moeurs - et ils abondaient - furent déposés de leurs fonctions et remplacés par des hommes jugés capables d'instruire le peuple, pour la plupart des presbytériens, des indépendants et quelques baptistes. L'abolition des restrictions permit la manifestation de talents ignorés. Nombreux furent les prédicateurs et les écrivains bien doués qui, forts de cette nouvelle situation, vinrent contribuer au réveil de la vie spirituelle. La proclamation de l'Evangile augmenta en intensité et les nombreuses églises qui se formèrent n'avaient aucun caractère sec. taire. Les consciences s'éveillèrent quant aux besoins des païens et le Parlement forma une corporation pour la propagation de l'Evangile en Nouvelle-Angleterre, déclarant que «les Communes d'Angleterre, assemblées en Parlement, ayant appris que les païens de la Nouvelle-Angleterre commençaient à invoquer le nom du Seigneur, se sentaient pressées d'assister cette oeuvre.» L'intérêt, qui provoqua cette décision, avait été éveillé par John Eliot. Chassé d'Angleterre par la persécution, il s'était rendu à Boston où, vivant parmi les Indiens, il avait appris leur langue, avait traduit la Bible et d'autres livres, puis, par la prédication de l'Evangile, avait contribué à leur relèvement spirituel 'et social.



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90 «Encyclopaedia of Religion and Ethics», Edited by James Hastings. Article Arminianism.

 

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