LE PÈLERINAGE
DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A
TRAVERS LES ÂGES
5. Mennon
Voici ce qu'écrivait
Mennon Simon, qui vivait à cette époque (1492-1559) et
parlait en connaissance de cause, puis. qu'il fut un des principaux
docteurs parmi ceux qui pratiquaient le baptême des croyants.
«Personne ne peut vraiment m'accuser d'être d'accord avec
l'enseignement de Münster. Au contraire, voici dix-sept ans que
je m'y oppose fortement, de façon privée ou en public,
par la voix et par la plume. Nous ne reconnaîtrons jamais comme
frères et soeurs ceux qui, comme à Münster,
refusent la croix de Christ, méprisent la Parole du Seigneur
et s'adonnent à des convoitises charnelles en
prétendant faire le bien. - Nos accusateurs veulent-ils dire
que, parce que nous avons été baptisés de la
même manière que ceux-ci, nous ne formons au fond qu'un
corps et qu'une même communauté? Nous leur
répondrons: «Si le baptême extérieur a une
si grande vertu, avec qui sont-ils donc en communion, eux, puisqu'il
est évident que de nombreux adultères et meurtriers ont
reçu le même baptême qu'eux?»
Après les
événements de Münster, les congrégations de
croyants, faussement accusées de complicité dans ces
excès fanatiques, furent persécutées avec plus
de violence que jamais, tellement qu'elles durent abandonner tout
espoir d'obtenir la liberté de conscience et de culte et de
devenir une force pour le bien des peuples de langue allemande. Le
reste des dispersés et pourchassés furent
visités et encouragés au prix des plus grands dangers,
par Mennon Simon. De là, le nom de Mennonites donné
à quelques. unes des assemblées
réorganisées, bien qu'elles n'aient pas choisi ce nom
de leur propre gré.
Dans son autobiographie
(75), écrite dix-huit ans
après qu'il se fut engagé dans cette oeuvre, Mennon
Simon raconte comment, à l'âge de vingt-quatre ans, il
devint prêtre de l'Église romaine, dans le village de
Pingjum (en Frise, Hollande du Nord). «Quant aux
Écritures - déclare-t-il - je ne les avais jamais
touchées, car je craignais de m'égarer, en les
lisant... Une année après, la pensée me vint que
le, pain et le vin, dont je me servais pour la messe, pourraient bien
ne pas être le corps et le sang du Seigneur!... Je supposai
d'abord que cette suggestion me venait de Satan qui voulait me
détourner de la foi. je confessai souvent cette faute et je
priai; mais je ne pouvais me débarrasser de ces
pensées»
Avec d'autres prêtres, il
passait son temps à boire et à se divertir, et,
dès qu'on mentionnait les Écritures, il les tournait en
ridicule.
«Finalement -
écrit-il - je me décidai à lire une fois tout le
N. Testament avec soin. je n'avais pas été bien loin
dans ma lecture, lorsque je m'aperçus que nous avions
été trompés... Par la grâce du Seigneur,
je fis des progrès journaliers dans la connaissance des
Écritures et quelques-uns me nommèrent, bien à
tort, prédicateur évangélique. 'Tous me
recherchaient et me louaient, car le monde m'aimait et j'aimais le
monde. Pourtant l'on disait volontiers que je prêchais la
Parole de Dieu et que j'étais un homme de bien. Plus tard,
bien que je n'eusse jamais entendu parler des frères, j'appris
que l'on avait décapité, à Leeuwarden, un pieux
héros nommé Licke Snyder, parce qu'il avait
renouvelé son baptême. je trouvai très
extraordinaire que l'on parlât d'un second baptême.
J'examinai soigneusement l'Écriture et je
réfléchis beaucoup sur ce point, mais nulle part dans
la Bible je ne trouvai la mention du baptême des enfants. J'en
parlai alors à mon conducteur spirituel et, après une
longue conversation, il dut admettre que le baptême des enfants
ne pouvait être fondé sur l'Écriture».
Mennon consulta ensuite des livres et demanda conseil à
Luther, à Bucer et à d'autres. Chacun lui donna une
raison différente pour défendre le baptême des
enfants; mais aucune ne correspondait aux Écritures.
Il fut alors
transféré dans son village natal, Witmarsum
(également en Frise) où il continua à lire la
Bible, eut du succès et fut admiré, tout en continuant
de vivre sa vie insouciante et facile. «Écoute, lecteur -
poursuit-il - j'obtins mes connaissances sur le baptême et la
Ste-Cène par la grande grâce de Dieu, par l'illumination
du St-Esprit, en lisant et méditant beaucoup les
Écritures. Ce ne fut point par l'instrumentalité de
sectes trompeuses, comme on me le reproche. Pourtant si quelqu'un m'a
aidé, d'une manière ou de l'autre, à progresser,
j'en remercie toujours le Seigneur. Après avoir passé
une année dans mon village, il arriva que des gens - je ne
sais qui ils étaient, ni d'où ils venaient -
commencèrent à parler du baptême. je ne les ai
jamais vus. Puis la secte de Münster se forma et beau. coup
d'âmes pieuses parmi nous furent déçues. J'en
éprouvai une grande détresse, car je constatai que ces
gens étaient zélés, mais quant à leur
doctrine, ils étaient dans l'erreur. J'employai mon petit
talent à combattre cette erreur, aussi bien que je pus, par la
prédication et l'exhortation... Mes exhortations
restèrent sans effet, parce que je faisais moi-même ce
que je savais être mauvais. Cependant, l'on disait de moi que
je m'y entendais à fermer la bouche de ces gens et l'on avait
une haute opinion de moi. je vis alors que j'étais le champion
des impénitents, qui regardaient tous à moi. Ceci me
causa une véritable angoisse de coeur. je soupirai devant le
Seigneur, en Lui disant: Seigneur, aide-moi à ne pas me
charger des péchés des autres! Mon âme
était troublée; je pensais à la fin, nie disant
que, même si je gagnais le monde entier et vivais mille ans,
cela ne me servirait à rien, puisque je devais un jour
être frappé, par la colère de Dieu.
» Ensuite, ces pauvres
brebis égarées et sans bergers, victimes de cruels
édits, de massacres et de meurtres, se rassemblèrent en
un lieu nommé Oude Kloster; puis, hélas! s'attachant
à l'enseignement impie de Münster - contraire à
l'Esprit, à la Parole et à l'exemple de Christ - pour
se défendre, elles tirèrent l'épée que
Christ avait commandé à Pierre de remettre dans le
fourreau. Bien que ces gens fussent dans l'erreur, il me sembla alors
que leur sang retombait sur moi. Mon âme ne pouvait trouver de
repos. J'examinai mon âme impure, charnelle, mon enseignement
hypocrite, mon idolâtrie, choses qui remplissaient
journellement ma vie quoique je ne les aimasse pas car elles
faisaient la guerre à mon âme. J'avais vu de mes yeux
comment ces zélateurs, bien qu'attachés à une
erreur, étaient prêts à sacrifier enfants, biens
et vie pour leurs convictions et leur foi. Et j'étais de ceux
qui avaient démontré à quelques-uns de leurs
adhérents les maux du papisme. Néanmoins, J'avais
continué à vivre grossièrement, à
pécher sciemment, simplement parce que j'aimais les plaisirs
de la chair et que je voulais éviter la croix de Christ. Ces
pensées me tourmentaient à tel point que je ne pus les
supporter plus longtemps. je me disais: Misérable que je suis,
que faire? Continuerai-je à pécher avec toute la
connaissance que je possède? Ne dois-je pas me conformer
entièrement à la Parole du Seigneur qui condamne la vie
charnelle de l'homme impénitent et l'hypocrisie des
théologiens, ainsi que leur baptême corrompu, leurs
sacrements et leurs faux services divins?... Si, par crainte de la
chair, je ne montre pas la vraie base de la vérité, si
je ne fais pas mon possible pour diriger ces agneaux innocents et
égarés - qui feraient le bien s'ils savaient comment le
faire - vers le pâturage de Christ; le sang versé,
même si ces gens sont dans l'erreur, ne parlera-t-il pas contre
moi, ne sera-t-il pas mon accusateur lorsque le Dieu tout puissant
jugera ma pauvre âme 7 Mon coeur était tout tremblant.
je criai à Dieu avec soupirs et larmes, Lui demandant de faire
don de sa grâce à un pécheur troublé et de
créer en moi un coeur pur; Le priant de me pardonner, à
cause du sang de Christ, l'impureté de ma vie aussi vaine que
grossière, puis de me donner sagesse, force, courage et un
héroïsme viril pour prêcher sincèrement son
Nom suprême et adorable, ainsi que sa sainte Parole et mettre
en lumière sa vérité et sa gloire.
» je commençai
alors à prêcher, du haut de la chaire, la vraie parole
de repentance, et à diriger les âmes vers le chemin
étroit. je condamnai tous les péchés et
mauvaises habitudes, ainsi que l'idolâtrie et les faux cultes.
J'attestai nettement, dans la mesure de la grâce reçue
de mon Dieu, ce que sont le baptême et la Ste-Cène selon
la pensée et le principe de Christ. je démontrai les
dangers de l'iniquité de Münster. son roi, sa polygamie,
son royaume et son épée. je le fis avec sérieux
et fidélité et, au bout de neuf mois, le Seigneur me
donna son Esprit divin. Il m'aida de sa main puissante et,
immédiatement, sans effort, je pus abandonner mon honneur, la
bonne réputation que j'avais parmi les hommes, ainsi que toute
ma conduite anti-chrétienne et ma vie grossière et
orgueilleuse. je me plaçai volontairement, dans toute ma
pauvreté et ma misère, sous la lourde croix de mon
Seigneur Christ, craignant Dieu en ma faiblesse et recherchant la
compagnie de ceux qui Le craignent. J'en trouvai quelques-uns, pas
beaucoup, mais sincères dans leur zèle et leur
doctrine. Je discutai avec ceux qui s'étaient fourvoyés
et en gagnai un petit nombre, avec l'aide et la puissance de Dieu.
Par la Parole de Dieu, je les amenai à Christ. je remis au
Seigneur les endurcis et les obstinés. Voici, lecteur, comment
le Seigneur miséricordieux, par le don gratuit de sa
grâce envers un misérable pécheur, remua
premièrement mon coeur, me donna un esprit nouveau, m'humilia
dans la crainte de son Nom, m'amena à me connaître
quelque peu moi-même, me fit sortir des sentiers de la mort
pour me placer sur celui de la vie et, par pure grâce, m'appela
à la communion des saints. A Lui soit à jamais la
gloire! Amen!
» Environ une année
après, comme je lisais et écrivais paisiblement,
sondant la Parole de Dieu, six, sept ou huit personnes, qui
n'étaient qu'un coeur et une âme, vinrent vers moi.
Autant qu'on en peut juger, elles étaient
irréprochables dans leur foi et dans leur conduite,
séparées du monde, selon le témoignage de
l'Écriture, sous la croix, haïssant non seulement les
erreurs de Münster, mais encore tous les égarements, et
les sectes dignes de condamnation dans le monde entier. Au nom de
ceux qui craignent Dieu, qui marchent dans un même esprit avec
eux et avec moi, ces gens me supplièrent instamment de prendre
à coeur le besoin criant des âmes en détresse et
affamées, me disant qu'il y avait peu de serviteurs
fidèles et que je pourrais faire valoir le talent que le
Seigneur m'avait confié, à moi indigne... En les
entendant, mon coeur fut profondément troublé. La
crainte et l'angoisse m'enveloppèrent. D'un côté
je voyais la petitesse de mes dons, mon manque d'instruction, ma
nature faible, la timidité de la chair, la
méchanceté illimitée, la résistance et la
tyrannie de ce monde, les grandes sectes, la ruse de beaucoup
d'esprits et la lourde croix, qui pèserait sur moi si je
commençais cette oeuvre. Mais, d'un autre côté,
je voyais la disette pitoyable, les grands besoins des pieux enfants
de Dieu, car je savais bien qu'ils étaient comme de simples
brebis abandonnées, qui n'ont point de berger. Enfin,
cédant à ces supplications, je me mis à la
disposition du Seigneur et de son Église, à la
condition que, les croyants se joignant à moi, nous priions
Dieu avec ferveur pendant quelque temps, Lui demandant de me donner,
dans sa bonté paternelle, de Le glorifier par mon service et
de me donner un coeur comme celui de Paul, s'écriant: Malheur
à moi, si je n'annonce pas l'Evangile! sinon d'entraver cette
entreprise si elle n'était pas de Lui.
» Tu vois, cher lecteur,
que je n'ai pas été appelé à ce
ministère par les gens de Münster, ou par quelque autre
secte séditieuse, comme on le dit pour me calomnier, mais,
quoique Indigne, par ces croyants, qui désiraient obéir
à Christ et à sa Parole, vivre humblement dans la
crainte de Dieu, servir leur prochain par amour, porter la croix
patiemment, tout en cherchant le salut et le bien de tous les hommes,
car ils aimaient la vérité et la justice et
haïssaient toute iniquité. Ce sont là de vivants
et puissants témoins, prouvant qu'ils n'appartiennent pas,
comme on le dit, à une secte pernicieuse, mais qu'ils sont de
vrais chrétiens, bien qu'ignorés du monde. Le nier ce
serait refuser de croire que la Parole de Christ est vraie et que son
saint exemple est un modèle pur et sans tache.
» Ainsi je fus, moi
misérable pécheur, éclairé par le
Seigneur et converti. J'ai fui Babylone pour entrer à
Jérusalem et j'ai finalement accepté ce noble mais
difficile service. Les gens nommés plus haut maintinrent leur
requête et ma conscience mie contraignit d'obéir... car
je vis la grandeur des besoins... Alors je me livrai corps et
âme au Seigneur et me remis entre ses mains
miséricordieuses. En 1537, je me mis à enseigner et
à baptiser selon sa sainte Parole, travaillant avec mon petit
don dans le champ du Seigneur, bâtissant sa sainte cité,
son temple, et remettant en place les pierres tombées. Et le
Dieu grand et puissant a confirmé, en plusieurs villes et
pays, la parole de vraie repentance, la parole de sa grâce
puissante, ainsi que l'usage des saints sacrements. Il a ainsi
reconnu notre petit service, noire enseignement et nos écrits
sans prétentions, en collaboration avec le service
dévoué, le travail et l'aide de nos fidèles
frères. Il a rendu son Église si glorieuse, et l'a
revêtue d'une puissance si invincible que l'on a vu des coeurs
hautains devenir humbles, des impurs devenir purs, des ivrognes
devenir sobres, des avares ou cruels devenir généreux
et bienveillants, des impies se tourner vers Dieu. Mais ce n'est pas
tout: leur glorieux témoignage les a encore conduits à
!abandonner Leurs biens et leurs vies, sacrifiant leurs corps, comme
on le voit encore journellement, Sûrement, ce ne sont pas
là les fruits et les signes d'une fausse doctrine, dont Dieu
ne peut faire usage. Cette oeuvre n'aurait pu exister si longtemps,
dans de telles afflictions, si elle n'eût été le
fruit de la Parole et de l'action du Tout-Puissant. En outre, ces
frères sont remplis de cette grâce et de cette sagesse,
promises par Christ à tous les siens. Dieu les soutient si
bien dans leurs tentations que tous les savants de ce monde et les
plus fameux théologiens, ainsi que les tyrans sanguinaires qui
se vantent d'être aussi chrétiens (que Dieu les prenne
en pitié!), tous sont confondus et vaincus par ces
héros invincibles, par ces pieux témoins de Christ. Il
ne leur reste donc d'autres armes que l'exil, les arrestations, la
torture, le feu et le meurtre, les armes mêmes employées
dès le commencement par le serpent ancien et encore
aujourd'hui, hélas! comme on le voit dans nos Pays-Bas.
»Telles sont donc notre
vocation et notre doctrine, tels sont les fruits de notre service;
c'est pour ces choses et à notre sujet qu'on blasphème
et que l'on nous persécute avec acharnement. Que les gens de
bien décident si tous les prophètes, apôtres et
fidèles serviteurs de Dieu n'ont pas produit, par leur
service, les mêmes fruits... Si le monde mauvais voulait
écouter notre enseignement, - qui n'est pas le nôtre,
mais celui de Christ - et s'y conformer dans la crainte de Dieu, il
est certain que le monde serait bientôt meilleur et plus
chrétien qu'il ne l'est hélas! aujourd'hui. je remercie
Dieu pour sa grâce en moi qui me fait désirer,
même au prix de mon sang, d'arracher le monde entier à
ses voies de perdition et de le gagner pour Christ.
» ... J'espère
aussi, qu'avec l'aide de Dieu, personne au monde ne pourra m'accuser
en vérité de convoitise ou de vie voluptueuse. je n'ai
ni argent ni or, je ne les désire même pas, bien qu'il
se trouve des gens au coeur déshonnête qui disent que je
mange plus de rôtis qu'ils n'ont de hachis et que je bois plus
de vin queux de bière... Celui qui... m'a racheté... et
appelé à son service me connaît. Il sait que je
ne recherche ni l'argent, ni les biens, ni les plaisirs, ni le
confort terrestre, mais seulement la louange de mon Seigneur, mon
propre salut et celui des autres. Ce sont les raisons pour
lesquelles, depuis dix-huit ans, j'endure, ainsi que ma femme
délicate et mon petit enfant, tant d'angoisses, d'oppression,
de chagrin, de misère et de persécution; que je vis
dans la pauvreté et que nous sommes en danger continuel de
perdre la vie. Oui, tandis que certains prédicateurs dorment
sur des lits douillets, nous devons habituellement ramper
secrètement dans des endroits cachés; tandis qu'ils
s'amusent à des noces et autres fêtes, au son du pipeau,
de la flûte et du tambour, nous tremblons à l'aboiement
d'un chien, dans la crainte d'être poursuivis et saisis. Alors
que partout ces hommes sont salués avec les titres de
maîtres ou docteurs, nous devons accepter les noms
d'anabaptistes, prédicateurs de foire, charlatans,
hérétiques et qu'on nous salue au nom du diable. Enfin,
alors que leur ministère est récompensé par de
gros salaires et des jours fériés, ils nous
réservent le feu, le glaive et la mort.
» Lecteur sincère,
tu vois dans quelle anxiété et pauvreté, dans
quel chagrin et danger de mort, j'ai - moi, homme misérable -
accompli jusqu'à cette heure et sans relâche l'oeuvre de
mon Seigneur, que J'espère continuer, par sa grâce et
à sa gloire, aussi longtemps que je vivrai. Tout homme
bien-pensant peut aisément mesurer le travail dangereux et
difficile accompli par mes collaborateurs et moi-même; il
jugera de l'oeuvre à ses fruits. Mais, une fois de plus, je
prie le lecteur sincère, au nom de Jésus, d'examiner
dans l'amour cette confession qui m'a été
arrachée, de mettre à profit ce récit de mon
illumination, de ma conversion et de mon appel. J'ai écrit
poussé par la nécessité de faim connaître
au lecteur pieux comment les choses se sont passées, car
partout les prédicateurs m'ont calomnié et
blâmé déclarant faussement que j'avais
été appelé par une secte révolutionnaire
et nommé pour remplir cette tâche. Que celui qui craint
Dieu lise et juge! »
Mennon Simon (76) se consacra à
visiter, rassembler et reconstituer les églises de croyants
dispersées par la persécution. Il le fit dans les
Pays-Bas, jusqu'à ce qu'il fût déclaré
hors la loi et sa tête mise à prix. Toute personne qui
l'accueillerait était menacée de la peine de mort,
tandis que l'on pardonnerait aux criminels qui le livreraient au
bourreau. Contraint de s'enfuir des Pays-Bas, il se réfugia,
après des dangers multiples, à Fresenburg, dans le
Holstein, où le comte Alefeld put le protéger, ainsi
qu'un grand nombre de frères persécutés. Ce
noble, touché par l'injustice criante avec laquelle on
traitait ces gens innocents, les reçut avec une extrême
bonté, leur procura, non seulement une résidence et du
travail, mais encore la liberté du culte, si bien qu'une
nombreuse congrégation se réunit au village de
Wüstenfelde et que d'autres églises se formèrent
dans le pays avoisinant. A Fresenburg, Mennon put faire imprimer et
publier ses écrits qui furent largement propagés et
placés entre les mains des magistrats de divers États,
qui furent enfin éclairés sur le vrai caractère
de l'enseignement que, dans leur ignorance, ils s'étaient
efforcés jusqu'alors de supprimer brutalement. Ceci produisit
un ralentissement de persécution et la liberté de culte
fut rétablie en quelque mesure. Mennon mourut paisiblement
à Fresenburg (1559).
Les immigrants introduisirent
dans le Holstein de nouvelles industries qui
prospérèrent pour le bien-être du pays. Mais
elles disparurent lors de la guerre de Trente ans.
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