Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




 4. L'inquisition renforce son activité

La mort de l'empereur Louis et l'élection de Charles IV (1348) (46) eurent des conséquences désastreuses pour les congrégations chrétiennes. Le nouvel empereur était absolument sous l'influence du pape et de son parti et il en résulta une lutte plus violente que jamais en vue de détruire toute dissidence. Durant la première moitié du quatorzième siècle, les églises des croyants s'étaient grandement développées et avaient atteint, par leur influence, beaucoup de gens qui ne se rattachaient pas formellement à leurs groupements. Mais, vers le milieu de ce siècle, commença pour elles une ère de" cruelle épreuve. Des inquisiteurs furent envoyés, en nombre croissant, dans tout l'Empire, et l'empereur leur donna tout l'appui désiré par les papes. La plus grande partie de l'Europe devint la scène de l'exécution cruelle de beaucoup de ses meilleurs citoyens. Un grand nombre périrent sur les bûchers. En 1391, quatre cents personnes furent accusées d'hérésie et condamnées par les tribunaux de la Poméranie et du Brandebourg. En 1393, deux cent quatre-vingt croyants furent emprisonnés à Augsbourg. En 1395, environ mille personnes furent «converties» à la foi catholique en Thuringe, en Bohême et en Moravie.

La même année, trente-six furent brûlées à Mayence. Enfin en 1397, une centaine d'hommes et de femmes furent brûlés en Styrie, et, deux ans plus tard, six femmes et un homme montèrent sur le bûcher à Nuremberg. Les villes suisses connurent des atrocités semblables. A cette époque, le pape Boniface IX publia un édit ordonnant d'employer tous les moyens possibles pour se débarrasser du fléau de l'impiété hérétique. Il cite un rapport de ses «fils bien-aimés, les inquisiteurs», qui, en Allemagne, décrivent les Béghards, les Lollards et les Schwesteriens, lesquels s'affublent des noms de «Pauvres» et de «Frères». Il déclare que, depuis plus d'un siècle, cette hérésie a été interdite sous les mêmes formes et, qu'en différentes villes, plusieurs de ces sectaires endurcis ont été brûlés presque chaque année. En 1395, un inquisiteur nommé Peter Pilichdorf se vanta d'être arrivé à maîtriser ces hérétiques. Beaucoup de frères se réfugièrent en Bohême et en Angleterre, ces pays ayant été puissamment influencés, le premier, par l'enseignement de Jérôme et de Huss, le second, par Wicleff.

Dans un document de l'an 1404, écrit par un adversaire et conservé à Strasbourg, on peut lire ces mots, cités d'un des frères: «Pendant deux cents ans, nos églises connurent des temps prospères et les frères devinrent si nombreux que leurs conciles réunissaient jusqu'à sept cents personnes et plus. Dieu fit de grandes choses pour notre communion. Dès lors une persécution intense fut dirigée contre les serviteurs de Christ. Ils ont été chassés de pays en pays, et cette cruelle croisade se poursuit encore aujourd'hui. Depuis qu'existe l'Église chrétienne, jamais les vrais chrétiens n'ont été autant traqués dans le monde, tellement qu'en certains pays, on ne rencontre plus guère de saints. Chassés par la persécution, nos frères ont parfois traversé la mer et rencontré des frères, en tel ou tel district. Mais, ne pouvant parler la langue du pays, ils ont trouvé les relations difficiles et sont rentrés chez eux. La face de l'Église change comme les phases de la lune. Souvent elle est florissante et les saints se multiplient sur la terre; puis elle semble tomber et disparaître entièrement. Cependant si elle disparaît en un lieu, nous savons qu'elle existe en d'autres pays, même s'il ne s'y trouve que peu de saints menant une vie pure et unis dans une sainte communion. Nous croyons que l'Église réapparaîtra, plus forte et plus nombreuse encore. Le fondateur de notre alliance est Christ et le Chef de notre Église est Jésus, le Fils de Dieu.»

Ce même document accuse les frères de détruire l'unité de l'Église en enseignant que l'homme vertueux ne peut être sauvé que par la foi. Il les blâme de condamner des hommes tels qu'Augustin et Jérôme, et de ne pas avoir des prières écrites, leur reprochant de tolérer qu'un ancien puisse offrir à Dieu des prières plus ou moins longues, comme bon lui semble. Il critique encore les frères de se servir des Saintes Écritures dans la langue vulgaire, d'en mémoriser des portions et de les répéter dans leurs réunions. Enfin l'auteur du document constate que les frères confessent sept points de la sainte foi chrétienne: 1. La Trinité. 2. Dieu est le Créateur de toutes choses, les visibles et les invisibles. 3. Il a donné la loi à Moïse. 4. Il laissa son Fils devenir un homme. 5. Il s'est choisi une Église sans tache. 6. Il y a une résurrection. 7. Christ viendra juger les vivants et les morts.

Ces sept points, énumérés ici en latin, réapparaissent en allemand dans un livre très usé du quatorzième siècle, découvert à l'abbaye de Tepl, près du district montagneux de la Forêt de Bohême, qui fut longtemps un asile pour les frères persécutés. Cet ouvrage a été composé par les frères et fut évidemment employé par l'un ou par plusieurs d'entre eux. Des passages de l'Écriture ont été arrangés pour être lus le dimanche ou en d'autres jours, ce qui prouve qu'à part quelques exceptions, les fêtes catholiques romaines n'étaient pas observées. L'auteur insiste sur l'importance d'une lecture régulière des Écritures et recommande à chaque père de famille d'être Prêtre dans sa propre maison. Cependant, la majeure partie du livre est une traduction allemande du N. Testament. Cette traduction diffère grandement de la Vulgate, adoptée par l'Église romaine, et ressemble aux traductions allemandes employées depuis l'introduction de l'imprimerie jusqu'à la traduction de Luther. Cette dernière a certainement été influencée par le texte de ce livre, de même qu'une traduction plus tardive, utilisée durant près d'un siècle par les anabaptistes, ou mennonites.

Troublés par ces époques de persécution, beaucoup de gens furent entraînés au fanatisme. Certains, se nommant «frères et soeurs de l'Esprit libre», prirent leurs propres sentiments pour les directions du St-Esprit et s'abandonnèrent à des actes de folle et de péché vraiment outrageants. D'autres pratiquèrent l'ascétisme avec excès et d'autres encore, échappant à la persécution par la solitude, devinrent très étroits et manifestèrent certaines vues sur l'égalité qui les rendirent soupçonneux à l'égard de toute instruction et les disposèrent à considérer l'ignorance comme une vertu.

Vers le milieu du quinzième siècle, une série d'événements commencèrent à transformer l'Europe.


5. La renaissance. Découverte de l'imprimerie

En 1453, la prise de Constantinople par les Turcs obligea de nombreux savants grecs à s'enfuir vers l'Occident. Ces hommes emportèrent avec eux des manuscrits de grande valeur, contenant l'ancienne littérature grecque, depuis longtemps oubliée en Occident. Aussitôt dans les universités italiennes des professeurs grecs enseignèrent la langue qui était la clé de tous ces trésors de connaissances, et l'étude du grec se répandit rapidement jusqu'à Oxford. Le puissant mouvement de réveil dans la connaissance de la littérature antique fut justement désigné par le terme de Renaissance.

Parmi ces précieux manuscrits retrouvés, aucun n'eut de si importants résultats que celui qui permit la restauration et la publication du texte du N. Testament grec.

En même temps, l'invention de l'imprimerie procura le moyen de propager ces nouvelles connaissances et les premières presses furent employées principalement à l'impression de la Bible.

La découverte de l'Amérique par Colomb et celle du système solaire par Copernic, contribuèrent aussi à élargir les esprits.

L'étude du N. Testament dans des cercles toujours plus étendus manifesta le contraste absolu entre l'enseignement de Christ, d'une part, et la chrétienté corrompue, de l'autre. Vers la fin du quinzième siècle, quatre-vingt-dix-huit éditions complètes de la Bible latine avaient été imprimées, ainsi qu'un beaucoup plus grand nombre de portions bibliques. L'archevêque de Mayence renouvela les édits interdisant l'usage de Bibles allemandes. Toutefois, en moins de douze ans, quatorze éditions de ces Bibles avaient été imprimées, plus quatre éditions de la Bible hollandaise et de très nombreuses portions. Le tout était tiré du même texte que le Testament trouvé à l'abbaye de Tepl.

Parmi les étudiants de la langue grecque à Florence se trouvait Jean Colet, qui, plus tard, donna des cours à Oxford sur le N. Testament. Il fit à ses auditeurs l'impression d'un homme inspiré alors que, rejetant la religion extérieure, il leur révélait Christ dans ses expositions des épîtres de Paul. Un juif, nommé Reuchlin, fit aussi oeuvre utile en ravivant en Allemagne l'étude de l'hébreu.

Parmi toute cette pléiade d'hommes érudits et d'imprimeurs pieux, qui se distinguèrent alors en Europe, Erasme (47) est le plus connu. Il naquit à Rotterdam. Étant orphelin, il eut à soutenir, de bonne heure, une lutte constante contre la pauvreté. Cependant ses capacités exceptionnelles ne pouvaient rester ignorées. On l'admira bientôt, non seulement dans les cercles intellectuels, mais encore dans toutes les cours royales, de Londres à nome. Son plus grand ouvrage fut la publication du Testament grec, avec une nouvelle traduction latine, accompagnée de nombreuses notes et paraphrases. Les éditions se succédèrent rapidement. En France seulement, cent mille exemplaires se vendirent en peu de temps. On pouvait maintenant lire les paroles mêmes qui avaient apporté le salut au monde. Christ et ses apôtres furent révélés à beaucoup, lesquels comprirent bientôt qu'il n'y avait aucune ressemblance entre la tyrannie religieuse et impie qui les avait si longtemps opprimés, et la révélation de Dieu en Christ. Comme Erasme, dans ses notes, opposait l'enseignement de l'Écriture aux pratiques de l'Église romaine, -une indignation générale s'éleva contre le clergé. On publia librement des commentaires railleurs, exprimant en termes peu mesurés le mépris envers les prêtres.

Concernant les moines des ordres mendiants, Erasme écrit: «Sous le déguisement de la pauvreté, ces misérables tyrannisent le monde chrétien»; puis, parlant des évêques: «Ils détruisent l'Evangile... font des lois à leur gré, oppriment les laïques et appliquent au bien et au mal des mesures de leur propre invention... Ils n'occupent pas le siège de l'Evangile, mais celui de Caïphe et de Simon le Magicien, prélats indignes.» Sur les prêtres, il écrit: «Il y en a maintenant un grand nombre, troupeaux énormes de séculiers et réguliers. Or il est notoire que très peu d'entre eux vivent chastement.» Sur le pape: «J'ai vu de mes propres yeux le pape jules Il... marcher à la tête d'une procession triomphale, comme s'il eût été Pompée ou César. Saint Pierre gagna le monde par la foi, non par les armes, par des soldats, ou des engins militaires. Les successeurs de saint Pierre remporteraient autant de victoires que l'apôtre s'ils étaient animés du même esprit que lui. » Enfin, sur le chant des choristes dans les églises, il continue, disant: «La musique d'église moderne est composée de telle façon que la congrégation n'en peut saisir un mot... Un groupe de créatures qui devraient se lamenter sur leurs péchés, s'imaginent plaire à Dieu en faisant des roulades!»

Dans l'introduction à son N. Testament grec, Erasme écrit de Christ et des Écritures: «Si nous avions vu le Seigneur de nos yeux, nous ne le connaîtrions pas aussi intimement que par le moyen de l'Écriture, où nous le voyons parler et guérir, mourir et ressusciter, pour ainsi dire en notre présence. » - « Si l'on nous montre en quelque lieu les traces des pas de Christ, nous tombons à genoux et adorons. Pourquoi ne vénérons-nous pas plutôt le portrait vivant et parlant donné par l'Evangile?» - «Je voudrais que même la plus faible femme pût lire les Évangiles et les Épîtres de saint Paul. je voudrais qu'ils fussent traduits dans toutes les langues, afin d'être lus et compris, non seulement par les Écossais et les Irlandais, mais encore par les Sarrasins et les Turcs. Aussi la première chose à faire dans ce but est-elle de les rendre intelligibles au lecteur. je soupire après le jour où le laboureur pourra en chanter quelques portions tout en suivant sa charrue; où le tisserand pourra les fredonner au rythme de sa navette; où le voyageur oubliera les fatigues de la route en se répétant les récits évangéliques.»

Erasme était un de ceux qui espéraient une réformation paisible de la chrétienté. Les conditions paraissaient favorables. A jules, le pape sanguinaire, avait succédé Léon X, de la célèbre famille des Médicis. C'était un homme irréligieux mais ami des arts et de la littérature, qui avait approuvé le N. Testament grec d'Erasme. Le roi de France, François 1er, avait résisté à toute l'Europe plutôt que de céder les libertés de la France au pape jules. Henri VIII d'Angleterre était enthousiaste pour la réforme et s'était entouré d'hommes excellents et des plus capables, Colet, sir Thomas More, l'archevêque Warham, Dr Fisher. Les autres souverains d'Europe, dans l'Empire et en Espagne, étaient aussi favorables. Mais les grandes institutions ne sont pas changées facilement. Elles s'opposent à la critique et combattent les réformes. jamais on ne put vraiment s'attendre à voir la cour de nome tomber d'accord avec l'enseignement et l'exemple de Christ.

Il fallait, pour produire une réforme, une action nouvelle et puissante, et déjà, dans le cercle même des moines, elle se préparait sans bruit. Ce fui Jean de Staupitz, considéré comme un chef du mouvement de la réforme, qui découvrit l'homme préparé par Dieu. Il était vicaire-général de l'ordre des Augustins et, en 1505, lors d'un voyage d'inspection des couvents de son ordre, il rencontra, à Erfurt, Martin Luther, jeune moine profondément troublé quant au salut de son âme. Sincèrement désireux de lui aider, Staupitz parvint à gagner sa confiance. Il lui conseilla de lire les Saintes Écritures, ainsi que les ouvrages d'Augustin, de Tauler et des Mystiques. Luther suivit ce conseil et la Lumière l'inonda lorsqu'il comprit par expérience la doctrine de la justification par la foi.



Table des matières

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46 «Die Reformation und die älteren Reformparteien», Dr Ludwig Keller.

47 «Life and Letters of Erasmus», J. A. Fronde.

 

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