Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




4. Les Pauvres de Lyon, 1160-1318

Pierre Valdo, de Lyon, marchand et banquier prospère, fut amené à chercher le salut de son âme par la mort subite d'un de ses hôtes à une fête qu'il avait donnée. Il s'intéressa si vivement aux Écritures, qu'en 1160 il employa des clercs pour en traduire certaines portions en langue romane. Il avait été touché par le récit de la vie de saint Alexis qui avait vendu tous ses biens et entrepris un pèlerinage en Terre-Sainte. Un théologien attira l'attention de Valdo sur ces paroles du Seigneur dans Matthieu 19. 21. «Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi.» En conséquence, il remit à sa femme tous ses biens fonciers (1173), vendit le reste et le distribua aux pauvres. Pendant quelque temps il se consacra à l'étude des Écritures, puis, en 1180, commença à voyager et à prêcher, s'inspirant des paroles du Seigneur: «Il envoya ses disciples deux à deux devant lui dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller. Il leur dit: La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. Partez; voici, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni sac ni soulier, et ne saluez personne en chemin.»

Valdo et ses compagnons voyagèrent et prêchèrent de cette manière, ce qui les fit nommer les «Pauvres de Lyon». Leur demande (1179) d'être reconnus par l'Église avait déjà été repoussée avec mépris au troisième Concile de Latran, sous le pape Alexandre III. En 1184, ils furent chassés de Lyon et excommuniés par un édit impérial. Dispersés dans les contrées avoisinantes, ils prêchèrent avec puissance. Leur nom de «Pauvres de Lyon» devint une des multiples appellations de ceux qui suivaient le Christ et son enseignement.

Un inquisiteur, David d'Augsbourg, dit: «La secte des «Pauvres de Lyon» et d'autres semblables sont d'autant plus dangereuses qu'elles sont revêtues d'une apparence de piété... La conduite journalière de ces gens est extérieurement humble et modeste, mais l'orgueil règne dans leurs coeurs. Ils disent avoir parmi eux des hommes pieux, mais ne voient pas - ajoute-t-il - que nous avons infiniment mieux et plus qu'eux, des hommes qui ne sont pas revêtus d'une simple apparence, alors que, chez les hérétiques, il n'y a qu'impiété recouverte d'hypocrisie.» Une vieille chronique rapporte que déjà, en 1177, «des disciples de Pierre Valdo vinrent de Lyon en Allemagne et commencèrent à prêcher - à Francfort et à Nuremberg, mais qu'ils disparurent en Bohême, parce que le Concile de Nuremberg avait reçu l'ordre de les saisir et de les brûler.»

Les relations de Pierre Valdo avec les Vaudois furent si intimes que beaucoup le désignèrent comme fondateur de cette secte, tandis que d'autres dérivent le nom de «Vaudois» des vallées alpestres - Vallenses - où ces croyants vivaient en grand nombre. Il est vrai que Valdo était hautement estimé parmi eux. Toutefois il ne pouvait être le fondateur de la secte, puisque les Vaudois fondaient leur foi et leurs pratiques religieuses sur l'Écriture et suivaient les traces des tout premiers croyants. En leur donnant le nom d'un homme estimé dans leur milieu, les gens du dehors ne faisaient qu'imiter l'habitude de leurs adversaires, qui ne voulaient pas leur reconnaître le droit de s'appeler «chrétiens» ou «frères». Pierre Valdo continua ses voyages et atteignit finalement la Bohême, où il mourut, en 1217, après avoir travaillé des années et semé à pleines mains le bon grain, qui produisit, au temps de Huss et plus tard, une moisson spirituelle dans ce pays. Pierre Valdo et sa bande de prédicateurs donnèrent une impulsion extraordinaire aux oeuvres missionnaires des Vaudois qui, jusqu'alors, étaient restés plutôt isolés dans leurs vallées reculées, mais qui, dès lors, s'en allèrent partout prêcher la Parole.


5. Franciscains et Dominicains

Il y avait au sein de l'Église catholique romaine beaucoup d'âmes souffrant de la mondanité croissante et soupirant après un réveil spirituel, mais qui ne quittèrent pas leur Église pour se joindre à des groupes de croyants s'appliquant à modeler leur vie sur les principes de l'Écriture. En 1209, l'année même où Innocent III inaugura sa croisade contre le Midi de la France, François d'Assise, âgé alors de 25 ans, assista, un matin d'hiver, à une messe qui révolutionna sa vie. Il y entendit les paroles du dixième chapitre de Matthieu que Jésus adressa à ses disciples en les envoyant prêcher et pensa que, pour satisfaire à son besoin intime d'une réformation, il devait, lui aussi, aller prêcher l'Evangile dans la pauvreté et dans l'humilité la plus absolue. Ainsi naquit l'ordre des frères franciscains, qui s'étendit rapidement sur toute la terre. François était un merveilleux prédicateur et sut attirer à lui les foules par son abnégation et sa nature sereine. En 1210, il alla à Rome avec la petite compagnie de ses premiers disciples et obtint du pape, non sans peine, l'approbation verbale de leur «règle» et la permission de prêcher. Il y eut bientôt tant d'hommes désirant se joindre aux franciscains que, pour répondre aux besoins de ceux qui voulaient observer la règle tout en gardant leur profession usuelle, il fallut fonder le «troisième ordre». Les tertiaires conservaient leurs occupations séculières tout en se soumettant à une règle de conduite, dont le modèle se trouve essentiellement dans les instructions du Seigneur Jésus aux apôtres. Ils s'engageaient à rendre les gains mal acquis, à se réconcilier avec leurs ennemis, à vivre en paix avec tous, à s'adonner à la prière et à des oeuvres charitables, à observer jeûnes et vigiles, à payer les dîmes à l'église et à pratiquer la piété envers les morts. Ils ne devaient ni prêter serment, ni porter des armes, ni employer un langage grossier. François désirait ardemment la conversion des païens et des mahométans, ainsi que celle de ses compatriotes. A deux reprises il risqua de perdre la vie en essayant de prêcher aux infidèles de la Palestine et du Maroc.

En 1219 eut lieu le second chapitre général de l'Ordre et de nombreux frères furent envoyés en tous pays, de l'Allemagne jusqu'en Afrique du Nord, et plus tard en Angleterre. Cinq d'entre eux souffrirent le martyre au Maroc. Bientôt il devint impossible à François de contrôler l'ordre toujours croissant. L'organisation en fut confiée à des hommes poursuivant un idéal différent et, au grand chagrin du fondateur, la règle de pauvreté fut modifiée. Après sa mort (1226), la division déjà existante entre frères stricts et frères relâchés s'accentua. Les frères stricts, ou Spirituali, furent persécutés. Quatre d'entre eux furent brûlés à Marseille (1318) et, dans la même année, le pape flétrit du nom d'hérésie l'enseignement que Christ et ses apôtres ne possédaient rien.

Ces nouveaux ordres monastiques, dominicains et franciscains, tout comme les plus anciens, furent suscités par un sincère désir de délivrance des maux intolérables régnant dans l'Église et dans le monde. Ils étaient l'expression du soupir de l'âme après Dieu. Tandis que les ordres anciens s'occupaient surtout du salut personnel et de la sanctification, les plus récents en date se consacraient à secourir dans leurs misères l'humanité souffrante autour d'eux. Ces deux institutions - ordres monastiques, et ordres prêcheurs - exercèrent pendant un temps une influence étendue pour le bien. Cependant, étant basées sur des idées humaines, elles dégénérèrent rapidement et devinrent des instruments du mal, d'actifs agents d'opposition envers ceux qui cherchaient le réveil en se conformant aux Écritures et en les répandant.

L'histoire des moines et des frères à différentes époques prouve que tout mouvement spirituel est condamné lorsqu'il s'enferme dans les limites de l'Église catholique, ou d'autres systèmes semblables. Il descend inévitablement au niveau de ce qu'il cherchait d'abord à réformer. Il paie de sa vie l'absence de persécutions.

François d'Assise et Pierre Valdo furent tous deux saisis par le même enseignement du Seigneur et s'abandonnèrent sans réserve à Lui. L'un et l'autre, par leur exemple et par leur enseignement, gagnèrent un grand nombre d'âmes et transformèrent toute leur manière de vivre. Cependant le premier ayant été reconnu et le second rejeté par la religion organisée de Rome, la ressemblance se mua en contraste. Leur relation intime avec le Seigneur peut être restée la même; mais l'action exercée par ces deux hommes différa grandement. Les franciscains, étant englobés dans le système romain, contribuèrent à attacher les âmes à ce système. Tandis que Valdo et sa compagnie de prédicateurs entraînèrent des multitudes vers les Écritures, où elles puisèrent avec joie aux sources intarissables du salut.


6. Prétendus hérétiques persécutés; leur doctrine, 1100-1500

En 1163, un concile de l'Église romaine, convoqué à Tours par le pape Alexandre III (43), interdit toute relation avec les Vaudois, à cause de leur «damnable hérésie, connue depuis longtemps dans le territoire de Toulouse». Vers la fin du douzième siècle, il y avait à Metz une église vaudoise importante, qui avait en usage des traductions de la Bible. A Cologne, une église existait dès les temps anciens, lorsqu'en 1150 un grand nombre de ses membres furent exécutés, et leur juge déclara: «Ils marchèrent à la mort, non seulement avec patience, mais avec enthousiasme». En Espagne, le roi Alphonse d'Aragon lança, en 1192, un édit contre les Vaudois, où il disait que, ce faisant, il agissait comme ses prédécesseurs. Ils étaient nombreux en France, en Italie, en Autriche et en d'autres pays. En 1260, on les trouvait dans quarante-deux paroisses du diocèse de Passau et un prêtre de Passau écrivait alors: «En Lombardie, en Provence et ailleurs, les hérétiques ont plus d'écoles que les théologiens et beaucoup plus d'auditeurs. Ils discutent librement et invitent le peuple à des réunions solennelles sur les places de marché, ou en pleins champs. Personne n'ose leur résister à cause de la puissance et du nombre de leurs admirateurs.»

A Strasbourg, en 1212, les dominicains avaient déjà arrêté cinq cents personnes faisant partie des églises vaudoises. Elles appartenaient à toutes les classes: nobles, prêtres, riches et pauvres, hommes et femmes. Les prisonniers déclarèrent qu'ils avaient beaucoup de frères en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Bohême, etc. Quatre-vingts d'entre eux, entre autres douze prêtres et vingt-trois femmes, furent livrés aux flammes. Leur directeur et ancien, nommé Jean, déclara avant de mourir: «Nous sommes tous pécheurs, mais ce n'est pas notre foi qui nous rend tels, et nous ne sommes pas coupables du blasphème dont on nous accuse sans raison. Nous comptons sur le pardon de nos péchés, et cela sans le secours des hommes, ni en raison du mérite de nos propres oeuvres.» Les biens des martyrs furent divisés entre l'Église et l'autorité civile, dont le pouvoir était au service de l'Église.

En 1263, un décret du pape Grégoire IX déclare: «Nous excommunions et frappons d'anathème tous les hérétiques, Cathares, Patarins, Pauvres de Lyon, Arnoldistes et autres, quels que soient leurs noms, car, bien qu'ayant différentes faces, ils sont réunis par leurs queues(!) et se rencontrent en un même point par leur vanité.» L'inquisiteur David d'Augsbourg admet qu'auparavant «les sectes n'étaient qu'une» et que maintenant elles s'unissaient en face de leurs ennemis. Ces notes éparses, choisies parmi beaucoup d'autres suffisent à montrer que les églises primitives étaient très répandues en Europe aux douzième et treizième siècles; qu'en certains pays, elles étaient si nombreuses et influentes qu'elles jouissaient d'une assez grande liberté; tandis qu'ailleurs elles étaient exposées aux plus cruelles persécutions; enfin que, sous des noms divers et avec certaines divergences de points de vue, elles restaient essentiellement une et étaient constamment en relation et en communion les unes avec les autres.

Les doctrines et les pratiques de ces frères - connus sous le nom de Vaudois - montrent par leur caractère qu'elles n'étaient pas les fruits d'un essai de réforme des Églises romaine et grecque, pour les ramener dans des voies plus scripturaires. Elles ne portent aucune trace de l'influence de ces églises. Elles indiquent au contraire la continuité d'une vieille tradition dérivée d'une tout autre source - l'enseignement de l'Écriture et les pratiques de l'Église primitive. Leur existence prouve qu'il y a toujours eu des hommes de foi, d'une grande puissance et intelligence spirituelles, qui ont maintenu dans les églises une tradition très semblable à celle connue dans les temps apostoliques et bien éloignée de celle qu'avaient élaborée les Églises dominantes.

En dehors des Saintes Écritures, les Vaudois n'avaient aucune confession de foi, ni aucune règle quelconque. Nul homme, si éminent qu'il fût, n'avait le droit de mettre de côté l'autorité des Écritures. Et pourtant, à travers les siècles, et dans tous les pays, ils confessèrent les mêmes vérités et gardèrent les mêmes formes de culte. Pour eux, il n'y avait pas de plus haute révélation que les paroles mêmes de Christ dans les Évangiles, et, si parfois il leur semblait impossible de concilier certaines de ses paroles avec d'autres portions de l'Écriture, bien que les acceptant aussi, ils agissaient selon ce qui leur semblait être la simple signification des Évangiles. Suivre Christ, garder ses paroles, imiter son exemple, tel était leur but suprême.
L'Esprit de Christ, disaient-ils, agit en tout homme dans la mesure où cet homme obéit à Christ et le suit fidèlement. Seul le Seigneur peut nous rendre capables de comprendre ses paroles. Celui qui l'aime gardera ses commandements. Pour s'unir aux Vaudois, il fallait croire à quelques grandes vérités considérées comme essentielles. Une certaine liberté était laissée vis-à-vis des questions provoquant le doute ou une divergence d'opinion. Ils maintenaient que le témoignage intérieur de l'Esprit de Christ habitant en nous est de suprême importance, car les plus hautes vérités partent du coeur pour atteindre la pensée, non par une révélation nouvelle, mais par une compréhension plus claire de la Parole. Ils donnaient la première place au Sermon sur la Montagne, qu'ils regardaient comme la règle de vie des enfants de Dieu. Ils s'opposaient à toute effusion de sang, même à la peine de mort. Ils n'employaient jamais la force en matière de foi et n'intentaient pas de procès à ceux qui leur faisaient tort. Toutefois bon nombre employèrent les armes pour leur défense personnelle ou celle de leurs familles, lorsqu'on vint les attaquer dans leurs vallées. Excepté en certaines occasions, ils refusaient de prêter serment et n'employaient légèrement ni le nom de Dieu ni celui des choses saintes.
Ils contestaient le droit que s'arrogeait l'Église romaine d'ouvrir ou de fermer le chemin du salut et ne croyaient pas à l'efficacité des sacrements ou de quelque autre rite pour obtenir le salut, qui vient de Christ seul par la foi et se manifeste par des oeuvres d'amour. Ils professaient la doctrine de la souveraineté de Dieu, par l'élection unie à celle du libre arbitre de l'homme. Ils estimaient que dans tous les temps et dans toutes les églises il y avait eu des hommes éclairés par Dieu. Ils faisaient donc usage des écrits d'Ambroise, d'Augustin, de Chrysostôme, de Bernard de Clairvaux et d'autres encore, n'acceptant pas toutefois tout ce qu'ils écrivaient, mais seulement ce qui correspondait à l'enseignement primitif des Écritures. On ne rencontrait pas chez eux cet amour des disputes théologiques et de la polémique religieuse, si fréquent ailleurs. Ils étaient prêts à mourir pour la vérité, attachaient une grande importance à la piété pratique et désiraient servir Dieu paisiblement en faisant le bien.

Dans les affaires d'église, les Vaudois aimaient la simplicité et rien chez eux ne rappelait les formes adoptées par l'Église de Rome, ce qui n'empêchait pas les églises et les anciens d'accepter leurs responsabilités avec le plus grand sérieux. Les croyants s'unissaient aux anciens pour les décisions à prendre en matière de discipline et pour les nominations d'anciens. La Ste-Cène était pour tous les croyants et se distribuait sous les deux espèces. Ils la prenaient en mémoire du corps du Seigneur livré pour eux et y voyaient un puissant stimulant à s'offrir eux-mêmes en sacrifices vivants. «Quant au baptême - écrivait un adversaire, Pseudo-Peimer (1260) - quelques-uns se trompent en déclarant que les petits enfants ne peuvent être sauvés par le baptême, car le Seigneur a dit: Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé.» Mais un petit enfant ne peut pas encore croire.

Les Vaudois croyaient à la succession apostolique par l'imposition des mains à ceux qui se sentaient vraiment appelés à recevoir cette grâce. Ils enseignaient que l'Église de Rome avait perdu cette bénédiction quand le pape Sylvestre avait accepté l'union de l'Église à l'État, tandis qu'eux l'avaient retenue. Mais ils admettaient que, les circonstances ne permettaient pas l'imposition des mains, Dieu pouvait communiquer la grâce nécessaire sans cette pratique.

Ceux qu'ils appelaient «apôtres» étaient surtout actifs par le témoignage. Tandis que les anciens et les surveillants restaient dans leurs foyers et dans leurs églises, les apôtres voyageaient continuellement pour les visiter. Les «Parfaits», comme on les nommait, se distinguaient des autres disciples de Christ du fait qu'ils obéissaient à l'injonction du Maître de vendre tout ce qu'ils possédaient pour Le suivre, tandis que les autres étaient également appelés à servir, mais dans le lieu où ils se trouvaient. Les apôtres vaudois n'avaient ni biens, ni foyer, ni famille. Parfois ils brisaient les liens déjà formés. Ils menaient une vie d'abnégation, de privations et de dangers. Ils voyageaient dans des conditions d'extrême simplicité, sans argent et sans vêtement de rechange, comptant sur les frères qu'ils visitaient pour leurs besoins matériels. Ils allaient toujours deux à deux, l'un plus âgé que l'autre, le plus jeune servant son aîné. Leurs visites étaient grandement appréciées et ils étaient traités avec tous les signes du respect et de l'affection. Pour parer aux dangers de l'époque, ils circulaient souvent comme marchands. Les plus jeunes vendaient des marchandises légères, des couteaux, des aiguilles, etc. Ils ne réclamaient jamais rien. Beaucoup d'entre eux faisaient de sérieuses études médicales pour être à même de soigner les malades qu'ils rencontraient. On les nommait souvent Amis de Dieu. Ils n'étaient choisis qu'avec grande prudence; car on réalisait que mieux valait un seul apôtre vraiment consacré que cent autres moins nettement appelés à ce service.

Les apôtres choisissaient la pauvreté, mais chaque église envisageait le soin de ses pauvres comme un devoir important. Souvent, lorsque les maisons privées - devenant insuffisantes - on bâtissait de simples salles de réunions, des logements y étaient attachés pour hospitaliser les pauvres et les vieillards.

Les moyens les plus recherchés pour maintenir la vie spirituelle étaient la lecture personnelle des Écritures, le culte de famille régulier et de fréquentes conférences.

Ces croyants ne prenaient aucune part aux affaires gouvernementales; ils disaient que les apôtres avaient souvent comparu devant les tribunaux, mais n'avaient jamais siégé comme juges. Ils appréciaient l'éducation à côté de la spiritualité. Plusieurs de ceux qui annonçaient la Parole avaient obtenu un degré universitaire. Le pape Innocent III (1198-1216) leur rendit un double témoignage, disant que, parmi les Vaudois, les laïques éduqués se chargeaient de la prédication, et que les Vaudois ne voulaient pas écouter un homme en qui Dieu n'était pas.

La paix relative dans les Vallées vaudoises fut troublée lorsqu'en 1380 le pape Clément VII envoya un moine comme inquisiteur pour punir les hérétiques. Dans les treize années qui suivirent, environ 230 personnes furent brûlées et leurs biens répartis entre les inquisiteurs et les magistrats du pays. Durant l'hiver de 1400, la persécution s'étendit encore et beaucoup de familles se réfugièrent dans les hautes montagnes où nombre d'enfants, de femmes et même d'hommes moururent de faim et de froid. En 1486, une bulle d'Innocent VIII autorisa l'archevêque de Crémone d'extirper les hérétiques, et 18.000 hommes envahirent les Vallées. Alors les paysans commencèrent à se défendre et, profitant de la nature montagneuse du pays, qu'ils connaissaient si bien, ils repoussèrent les forces ennemies. Mais le conflit dura plus d'une centaine d'années.


7. Les Béghards

A partir du douzième siècle, on trouve des rapports sur des maisons où les pauvres, les vieillards et les infirmes vivaient ensemble, travaillant selon leurs forces et secourus par les dons de généreux bienfaiteurs. Les occupants de ces maisons n'étaient liés par aucun voeu et ne mendiaient jamais, comme cela se faisait dans les couvents. Ces asiles avaient pourtant un caractère religieux. On les appelait «refuges, asiles» et leurs occupants aimaient à se nommer «les pauvres de Christ». A la maison se rattachait souvent une infirmerie où les soeurs se dévouaient à soigner les malades, tandis que les frères tenaient des écoles où ils enseignaient. Une telle institution était volontiers nommée «Maison de Dieu» par les frères. Plus tard il y eut des maisons de Béghards, ou de Béghines, selon qu'elles abritaient des hommes ou des femmes. Dès le début, elles furent suspectées de tendances «hérétiques» et il est certain qu'elles abritèrent souvent des croyants qui s'y cachaient en temps de persécutions. Avec le temps, on les regarda comme étant des institutions nettement hérétiques et beaucoup de leurs occupants furent mis à mort. Dans la dernière partie du quatorzième siècle, les autorités papales en prirent possession et les transférèrent, en majeure partie, aux franciscains tertiaires.



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43 «Die Reformation und die älteren Reformparteien», Dr Ludwig Keller.

 

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