Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES




 4. Missions nestoriennes

Quand les églises orientales, en dehors de l'empire romain, furent stigmatisées de «nestorianisme» et déclarées hérétiques, les chefs politiques persans comprirent qu'elles n'étaient plus en danger de s'allier à Constantinople ou à Rome. Elles jouirent alors d'une liberté plus grande que jamais auparavant. A, ceci vint s'ajouter l'élan donné aux églises par les exilés de l'Occident réfugiés en Perse. Il en résulta un redoublement de zèle et d'énergie pour annoncer l'Evangile aux païens, autour d'eux et au loin. Mais aussi la tendance à placer les églises sous une même direction s'affirma de plus en plus. Non seulement de nombreuses congrégations furent fondées, mais on créa des diocèses nouveaux et les évêques qui y furent nommés prirent la charge des nouvelles églises et les maintinrent en contact avec l'organisation centrale. L'amour pour le Seigneur et la compassion pour les païens poussèrent les messagers de l'Evangile vers les régions les plus reculées. Ils accomplirent des voyages extraordinaires et leur parole fut accompagnée de la puissance salvatrice du St-Esprit. Mais, en même temps, il faut reconnaître que le désir de centralisation conduisit insensiblement les nouvelles églises à s'éloigner - comme l'avait fait le centre - des enseignements scripturaires. Il y eut là, dès le début, une cause de faiblesse, qui devait porter ses fruits plus tard.

Tant d'âmes se tournèrent vers le Seigneur que des diocèses furent formés à Merv, Hérat et à Samarcande; en Chine même et ailleurs. On a trouvé près de Madras et à Kattayam, dans le Travancore des tablettes portant des inscriptions du septième ou huitième siècle, dont voici l'une: «C'est du châtiment de la Croix que Celui-ci souffrit. Il est le vrai Christ, le seul Dieu et le Guide à jamais pur.» Les églises abondaient en différentes parties de l'Inde. Au huitième siècle, un certain David fut nommé métropolitain des diocèses de la Chine. Une liste datant du neuvième siècle mentionne les métropolitains de l'Inde, de la Perse, de Merv, de la Syrie, de l'Arabie, de Hérat et de Samarcande. Mention est faite d'autres évêques qui, à cause de leur grand éloignement du centre, sont dispensés d'assister aux synodes quadriennaux, priés d'envoyer des rapports tous les six ans et de ne pas négliger la collecte pour le maintien du patriarcat.

Ces ardents missionnaires visitaient toutes les parties du continent asiatique. Des évêchés furent établis à Kambaluk (Pékin), Kashgar et Ceylan. Ils pénétrèrent aussi en Cartarie et en Arabie. Leurs églises finirent par englober la majeure partie de la population de la Syrie, de l'Irak, de la la province de Khorassan, de certains districts entourant la mer Caspienne et de quelques tribus mongoles. Les Écritures furent traduites en plusieurs langues. Un rapport du neuvième ou dixième siècle mentionne la traduction du N. Testament en sogdianais, langue indo-iranienne. Près de Singan-Fou (38), on a découvert une dalle datant du règne de Te-Tsung (780-783) et portant une longue inscription en syriaque et en chinois. En haut se trouvent une croix et ces mots: «Monument rappelant l'introduction et la propagation de la noble loi de Ta-Ts'in dans le Royaume du Milieu». On y relate, entre autres, l'arrivée d'Olopun, missionnaire venant de l'empire de Ta-Ts'in (635), apportant des livres sacrés et des images; puis la traduction de ces livres et l'approbation donnée par l'autorité impériale, ainsi que la permission de prêcher publiquement cette doctrine. L'inscription mentionne encore la diffusion de ce nouvel enseignement. Plus fard, cependant, le bouddhisme fit davantage de progrès, mais sous le règne de Hiuan-Tsung (713-755), un nouveau missionnaire, Kiho, arriva et ce fut le réveil de l'Église.

La mention des images montre que l'on s'était déjà éloigné de la pureté primitive de l'Evangile et ce déclin pré. para la vole aux triomphes ultérieurs de l'islamisme. En outre, l'accroissement numérique des Nestoriens, ou Chaldéens, correspondit à un affaiblissement de leur caractère moral et de leur témoignage. Vers l'an 845, l'empereur chinois Wou-Tsoung ferma plusieurs maisons religieuses, chrétiennes et bouddhistes, et obligea leurs nombreux occupants à retourner à la vie normale, séculière, voulant qu'ils rejoignissent les rangs de ceux qui payaient la taxe foncière et reprissent leurs places dans leurs cercles de famille respectifs. Les étrangers durent rentrer dans leur pays natal.

Lorsque la grande invasion mahométane balaya la Perse, un grand nombre de chrétiens chaldéens, ou nestoriens furent, ou dispersés ou absorbés par l'Islam, spécialement en Arabie et au sud de la Perse. Puis, lorsque l'ordre fut rétabli, sous la dynastie des califes abbassides, à Bagdad, des chrétiens syriens occupèrent à la cour des positions éminentes comme docteurs et comme maîtres de philosophie, de science et de littérature. En 762, le Catholikos se transporta de Séleucie, qui était en ruines, à Bagdad, la nouvelle capitale des conquérants.

Genghis Khan et ses immenses conquêtes, amenant, en 1258, la prise de Bagdad par les Mongols, ne semblent pas avoir grandement troublé l'Église syrienne. Les chefs mongols païens étaient tolérants. Ils se servirent des Nestoriens pour des négociations politiques avec les puissances occidentales, dans le but de s'unir à elles pour détruire l'Islam. Un actif agent de ces négociations fut Yabh-Alaba III, nestorien chinois d'humble extraction, qui était devenu le Catholikos de l'Église syrienne (1281-1317).

Du septième au treizième siècle, l'Église syrienne fut aussi importante en Orient que les Églises romaine et grecque en Occident. Elle couvrait de vastes territoires et renfermait des populations considérables. Les Églises de Perse et de Syrie s'étaient ramifiées au loin et possédaient, en Inde et en Chine, de nombreuses et florissantes missions. La majorité des peuples du Turkestan et leurs chefs avaient accepté le christianisme et, dans les principaux centres asiatiques, on voyait l'église chrétienne voisinant avec le temple païen et la mosquée mahométane.

Deux cimetières ont été découverts dans les environs du lac salé chaud d'Yssik-Koul, situé dans les hautes montagnes du Turkestan russe (39). Des centaines de pierres tombales prouvent par leurs croix et leurs inscriptions qu'il s'agit de tombes nestoriennes. Elles datent de la période du milieu du treizième au milieu du quatorzième siècle. Les noms de la plupart des chrétiens enterrés là indiquent qu'ils étaient de race tartare, alors comme aujourd'hui, dominante dans le pays. Les inscriptions sont en syriaque et en turc. Parmi les nombreux noms indigènes se trouvent aussi ceux de quelques chrétiens étrangers; une Chinoise, un Mongol, un Indien, un Ouigour - prouvant ainsi que les croyants des diverses contrées de l'Asie centrale entretenaient des relations. Quelques inscriptions mentionnent, soit l'érudition et les dons des défunts, soit leur service dévoué envers les églises. Souvent le nom est suivi du terme «croyant»; on y trouve aussi des expressions d'affection et d'espérance. Voici quelques-unes de ces inscriptions: «Ceci est le tombeau de Pasak. Le but de la vie est Jésus, notre Rédempteur.» - «Ci-gît la charmante jeune Julia.» - «Ci-gît le prêtre et général Zouma, bienheureux vieillard, émir fameux, fils du général Giwargis. Puisse le Seigneur unir son esprit aux esprits des pères et des saints dans l'éternité.» - «Ci-gît un humble croyant, Pag-Mangkou, visiteur ecclésiastique de district.- - «Ci-gît Shliha, maître et commentateur célèbre, qui était la lumière de tous les monastères; fils de Pierre, l'auguste commentateur de la sagesse. Sa voix retentissait comme le son de la trompette.. Puisse notre Seigneur joindre son âme pure à celle des justes et des pères. Puisse-t-il participer à toutes les joies célestes.» - «Ci-gît le prêtre Take, très zélé pour l'église.»

Les missionnaires nestoriens et ceux de l'Islam rivalisèrent pour obtenir la faveur des khans mongols. Dans cette lutte l'Islam l'emporta et le christianisme syrien commença à décliner. Au début du quinzième siècle, Timour, ou TamerIan, avait déjà établi son empire, avec Samarcande pour centre. Bien qu'étant mahométan, il saccagea Bagdad et se signala par des dévastations sans pareilles, au point que de grandes régions asiatiques ne s'en relevèrent jamais. Le christianisme diminua alors rapidement en Asie occidentale.


5. Les causes du déclin des églises nestoriennes

Lorsqu'au cours de leurs pénibles voyages les missionnaires jésuites et franciscains (40) du seizième siècle et des siècles suivants réalisèrent que le pays perdu du Cathay n'était autre que la Chine récemment découverte, ils y trouvèrent de nombreux chrétiens syriens. Jean de Monte-Corvino, missionnaire franciscain qui mourut en Chine en 1328, écrivait: «Je partis de Tauris, ville persane, en l'an du Seigneur 1291 et me rendis dans l'Inde... J'y passai treize mois et baptisai, en divers lieux de cette région, environ cent personnes... je poursuivis mon voyage pour arriver dans le Cathay, royaume de l'empereur des Tartares, appelé le Grand Khan. je lui présentai une lettre de notre seigneur, le pape, et l'invitai à adopter la foi catholique de notre Seigneur Jésus-Christ, mais il avait vieilli dans l'idolâtrie. Cependant il témoigne beaucoup de bonté aux chrétiens et voici deux ans que j'habite chez lui. Les Nestoriens, qui se donnent le nom de chrétiens, mais se sont tristement écartés de la religion chrétienne, sont devenus si puissants dans cette région qu'ils ne permettent pas à un chrétien de rite différent d'élever la plus petite chapelle ou de proclamer une autre doctrine que la leur.»

Écrivant vers 1330, l'archevêque de Soltanie mentionne Jean de Monte-Corvino: «C'était un homme à la conduite droite, agréable à Dieu et aux hommes... Il aurait converti tout le pays à la foi chrétienne catholique s'il n'en avait été empêché par les Nestoriens, faux chrétiens et réels mécréants;... ils ont beaucoup de peine à les amener à l'obéissance à notre mère, la sainte Église de Rome; sans cette obéissance, leur dit-il, vous ne pouvez être sauvés. Pour cette raison, ces schismatiques nestoriens l'avaient en grande haine.» Il y avait, dit-on, plus de 30.000 Nestoriens dans le Cathay; ils étaient riches et possédaient de belles églises, pieusement ornées de croix et d'images en l'honneur de Dieu et des saints. «Il est probable que s'ils avaient voulu s'entendre avec les Frères mineurs et avec d'autres chrétiens, habitant ce pays, ils auraient converti à la vraie foi toute la population, y compris l'empereur.» Jean de Monte-Corvino, décrivant sa méthode de travail, se plaint de ce que ses frères ne lui écrivent pas et est très inquiet au sujet des nouvelles qui lui parviennent d'Europe. Il parle d'un docteur itinérant, «qui a prononcé dans ce pays d'incroyables blasphèmes contre la cour de Rome et contre notre ordre, ainsi que sur l'état de choses en Occident et, à cet égard, j'aimerais grandement connaître la vérité ... » Il demande instamment l'envoi d'aides capables et dit qu'il a déjà traduit le N. Testament et les Psaumes dans la langue du, pays. Il ajoute. «Je les ai fait copier dans la plus belle calligraphie possible. Ainsi en écrivant, en lisant et en prêchant, je rends un témoignage public à la loi de Christ.»

Quand Robert Morrison étudiait le chinois à Londres, avant de partir au service de la «London Missionary Society» pour accomplir son grand travail de traduction de la Bible en Chinois, on lui montra un manuscrit chinois qu'il étudia. Ce document, trouvé au Musée britannique, contenait -une harmonie des Évangiles, le livre des Actes et les Épîtres de Paul, ainsi qu'un dictionnaire latin-chinois, attribués à un missionnaire catholique romain inconnu du seizième siècle. Dans les annales chinoises, après une description de la fin de la dynastie mongole et du début de la dynastie Ming (1368), on lit ce commentaire: « ... Un natif du grand océan occidental vint dans la capitale. Il dit que le Seigneur des cieux, Ye-sou, était né en ju-té-a, identique à l'ancien pays de Ta-Ts'in (Rome); que les livres historiques démontrent que ce pays existe depuis la création du inonde, soit depuis 6.000 ans, et qu'il est, à n'en pas douter, la terre sacrée de l'histoire et l'origine de toutes les choses dans le monde. Il dit encore que ce pays doit être considéré comme celui où le Seigneur des cieux créa la race humaine. Ces déclarations semblent quelque peu exagérées et on ne saurait s'y fier...»

A l'exception d'une nombreuse et intéressante communauté de chrétiens syriens, sur la côte de Malabar, au sud de l'Inde, et de quelques croyants disséminés autour d'Ouroumiah, leur foyer primitif, ces églises persanes et syriennes ont disparu de l'Asie où elles occupaient autrefois une si grande place.


6. Résumé

Jusqu'à la fin du troisième siècle, elles conservèrent, en une large mesure, la simplicité scripturaire dans leur organisation... Séparés, jusqu'à un certain point, des discussions théologiques de l'Occident, les messagers apostoliques envoyés par ces églises concentrèrent leur énergie sur des voyages incessants et réussirent à annoncer l'Evangile et à fonder des églises dans les parties les plus reculées de l'Asie. Au quatrième siècle, quand les églises du monde romain cessèrent d'être persécutées, celles de la Perse et de l'Orient entrèrent dans une période d'ardente souffrance, telle qu'elles n'en avaient encore jamais connue. Mais elles endurèrent et triomphèrent par leur foi et par leur patience. Elles furent moins affaiblies par les pertes résultant de la persécution que par le plan de fédération de Papa ben Aggai qui, lors du Synode de Séleucie, ouvrit la voie à l'introduction du système ecclésiastique romain, au début du cinquième siècle. Toutefois, le système fut nécessairement modifié du fait que, en Perse et ailleurs en Asie, les chefs politiques restèrent païens; et ceux qui, au temps de Constantin, avaient vu dans l'union de l'Église à l'État une des principales causes de la corruption des Églises occidentales, purent espérer mieux pour l'Orient, où cette union ne pouvait avoir lieu.

Cependant, l'organisation romaine prit le dessus - avec ses paroisses, son clergé, ses évêques et ses métropolitains - et, abandonnant le simple ordre scripturaire des églises et de leurs anciens, les croyants syriens éparpillèrent leurs forces dans les disputes, les intrigues et les divisions qui surgirent continuellement au milieu d'eux à cause de l'ambition de certains hommes qui briguaient la position influente d'évêque ou de catholikos. Les réveils mêmes, qui eurent lieu de temps en temps, ne purent arrêter la marche descendante des églises. Ces réveils étaient surtout l'oeuvre d'hommes autoritaires cherchant à fortifier la domination épiscopale, et non des mouvements de l'Esprit ramenant les âmes, par la Parole vers l'obéissance aux commandements du Seigneur.

En séparant l'église orientale de l'église occidentale, la division nestorienne aurait pu être un moyen de vivifier le témoignage, si elle avait placé devant les âmes le modèle des Écritures. Or, tout en stimulant pour un temps le zèle missionnaire, elle ne secoua ni la domination du clergé, ni la foi en l'efficacité des sacrements pour le salut de l'âme. Le bien, dont auraient pu bénéficier les églises séparées de l'État, fut fortement diminué du fait qu'elles eurent des catholikos ou patriarches qui pouvaient réclamer l'appui du bras séculier pour faire accepter leurs décrets, se faisant ainsi souvent les instruments d'oppression de l'État. Ces églises apprirent à considérer fatalement comme leur centre, non plus le Christ, mais Séleucie ou Bagdad. Elles y envoyèrent leurs rapports plutôt que de consulter directement «Celui qui marche au milieu des sept chandeliers d'or». Elles reçurent de là leurs évêques pour les diriger au lieu de compter sur le St-Esprit pour la distribution des dons spirituels nécessaires à l'édification des saints et à la propagation de l'Evangile. Par le même canal, les Images furent Introduites, contribuant à affaiblir le témoignage de l'Evangile parmi les païens, adorateurs d'idoles, et à détruire sa puissance de résistance en face de la marée envahissante de l'Islam qui submergea définitivement de vastes territoires, où l'on avait grandement espéré voir régner la connaissance de Christ.



Table des matières

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38 «Cathay and the Way Thither», Col. Sir Henry Yule, Hakluyt Society.
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39 «Nestorian Missionary Enterprise» by the Rev. John Stewart, M. A., Ph. D. (T. & T. Clark, Edinburgh, 1928). Oeuvre de valeur en elle-même et aussi par les références données de sources autorisées, entre autres Chwolson, traducteur des inscriptions citées.

40 «Cathay and the Way Thither», Col. Sir Henry Yule, Hakluyt Society.

 

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