Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES



 CHAPITRE IV

L'Orient

(De 4 av. J.-C. à 1400 ap. J.-C.)

L'Evangile en Orient. -,La Syrie et la Perse. Les églises de l'empire Perse se séparent de celles de l'empire Romain. Les églises orientales retiennent leur caractère scripturaire plus longtemps que celles de l'Occident. - Papa ben Aggaï fédère les églises. - Zoroastre. Persécution sous Sapor IL - Homélies d'Afrahat. - Synode de Séleucie. Reprise des persécutions. - Nestor. Le Bazar d'Héraclide. - Tolérance. - Affluence d'évêques occidentaux. Augmentation de centralisation. - Extension des églises syriennes en Asie. - Invasion islamique. - Le Catholikos quitte Séleucie pour Bagdad. - Genghis Khan. - Lutte entre les Nestoriens et l'Islam en Asie centrale. - Tamerlan. - Les Franciscains et les Jésuites trouvent des Nestoriens dans le Cathay. - Traduction au seizième siècle d'une partie de la Bible en chinois. - Disparition des Nestoriens. dans presque toute l'Asie. - Causes d'insuccès.



1. Les conquêtes de l'Evangile en Orient

Conduits à Bethléem par l'étoile, «des mages d'Orient» adorèrent l'Enfant, né «roi des Juifs». Ils lui «offrirent en présent de l'or', de l'encens et de la myrrhe», puis «ils regagnèrent leur pays» (Matth. 2) où, sans doute, ils racontèrent ce qu'ils avaient vu et entendu. Parmi la multitude assemblée à Jérusalem, le jour de la Pentecôte, se trouvaient «des Parthes, des Mèdes, des Élamites et ceux qui habitent la Mésopotamie». Ils furent témoins de l'effusion du St-Esprit et des miracles qui l'accompagnèrent. Ils entendirent Pierre prêcher: «Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié» (Actes 2). C'est par eux que l'Evangile fut apporté, dès les premiers jours, aux synagogues de l'Orient.

Eusèbe, rapportant les événements qui prirent place au deuxième siècle (32), nous apprend que beaucoup de disciples, «dont les âmes étaient enflammées par la Parole divine et par un ardent désir de sagesse, observèrent d'abord le commandement de notre Sauveur en distribuant leurs biens aux pauvres. Ils voyageaient ensuite au loin pour prêcher l'Evangile à ceux qui n'avaient jamais entendu la parole de la foi, car ils ambitionnaient par-dessus tout de prêcher Christ et de faire connaître les divins Évangiles. Après avoir seulement posé les fondements de la foi dans des régions barbares et reculées, ils formaient des pasteurs et leur remettaient le soin des âmes qu'ils avaient amenées à la foi et s'en allaient en d'autres lieux.» Des églises furent ainsi fondées et les évangélistes poursuivirent leur oeuvre, non seulement dans le vaste empire romain, mais encore dans les limites du grand empire voisin, la Perse, et au delà. «Cette nouvelle puissance - dit un écrivain du troisième siècle - qui émane des oeuvres accomplies par le Seigneur et ses apôtres, a dompté la flamme des passions humaines et amené à la cordiale acceptation d'une même foi une grande variété de races et de nations, aux moeurs très différentes. Car nous pouvons enregistrer des faits accomplis en Inde, parmi les Sères (ou Chinois), les Perses et les Mèdes, en Arabie, en Egypte, en Asie et en Syrie; parmi les Galates, les Parthes et les Phrygiens; en Achaïe, en Macédoine et en Epire; dans toutes les îles et provinces sur lesquelles se lève et se couche le soleil.»

Les églises qui se répandirent si rapidement en Syrie et dans l'empire perse furent préservées de bon nombre d'influences que connurent les églises occidentales du fait des différences de langues et de circonstances politiques. L'araméen se parlait en Palestine et à Palmyre. Il était aussi employé comme langue commerciale dans toute la vallée de l'Euphrate; et la méfiance jalouse qui régnait entre les empires romain et perse était une muraille efficace pour empêcher toutes relations.


2. Le christianisme en Perse

Les églises orientales conservèrent plus longtemps que celles de l'Occident leur caractère de simplicité scripturaire (33). Même au troisième siècle, elles n'étaient pas encore organisées en un système unique et le pays n'était pas divisé en diocèses. Il y avait parfois plusieurs évêques pour une même église, et les chrétiens s'employaient activement et avec succès à porter leur témoignage dans des régions toujours nouvelles.

Vers le début du quatrième siècle, Papa ben Aggai proposa un plan de fédération de toutes les églises de Perse, y compris celles de la Syrie et de la Mésopotamie, sous la conduite de l'évêque de la capitale, Séleucie - Ctésiphon, où il résidait lui-même. On résista vigoureusement à cette proposition. Mais l'évêque insista tant et si bien qu'il finit par être appelé le Catholikos, et, en 498, le titre de Patriarche de l'Orient fut adopté.

La religion dominante de la Perse dérivait de celle qu'avait introduite Zoroastre huit siècles avant Jésus-Christ. En son temps, il avait protesté contre l'idolâtrie et l'impiété, enseignant qu'il n'y avait qu'un Dieu, le Créateur, plein de bonté, et que Lui seul devait être adoré. Zoroastre n'imposait pas sa religion par la force, il croyait que la vérité de son enseignement triompherait. Il employait le feu et la lumière pour représenter les oeuvres de Dieu, mais les ténèbres et le charbon de bois pour illustrer les puissances du mal. Il croyait que Dieu produisait ce qui est bon et résumait la conduite en ces termes: «Accomplis de bonnes actions et abstiens-toi des mauvaises.» Du sixième au troisième siècle avant Christ, l'enseignement de Zoroastre prévalut parmi les Persans, puis il connut le déclin et fut renouvelé par la dynastie sassanide, celle qui régnait à l'époque dont nous parlons ici.

Quand Constantin fit du christianisme la religion d'État de l'empire romain, les rois persans commencèrent à suspecter ceux que l'on nommait Nazaréens, dans leur pays, d'être en sympathie avec l'empire rival qu'ils haïssaient et redoutaient. Durant le long règne du roi persan Sapor II, ce soupçon se transforma en une violente persécution qui fut attisée par les mages ou prêtres zoroastriens, oublieux et des principes de leur fondateur et du témoignage de leurs prédécesseurs conduits par l'étoile de Bethléem. Cette persécution dura quarante ans, période durant laquelle les chrétiens souffrirent tous les tourments imaginables. On suppose qu'environ seize mille d'entre eux furent mis à mort, et que d'innombrables confesseurs du Christ eurent à subir des pertes et des angoisses indescriptibles. Par leur patience et par leur foi, les églises persanes sortirent victorieuses de cette longue et redoutable épreuve, et, après une génération de souffrances (339-379), elles jouirent à nouveau d'une grande liberté religieuse.

De cette époque, il nous est parvenu les Homélies d'Afrahat, le «Sage persan» (34). Ces «Homélies» renferment un exposé de doctrine et de morale, démontrant aussi combien réelle était la séparation entre l'empire romain et les autres pays. En effet, l'auteur n'y mentionne même pas le concile de Nicée, ni les noms d'Arius et d'Athanase, bien qu'écrivant à l'époque où les églises occidentales étaient violemment agitées par ces conflits de doctrine. La première homélie traite de la foi. En voici un extrait: «La foi, c'est quand un homme croit que Dieu est l'Auteur de toutes choses, Celui qui créa les cieux, la terre, la mer, et tout ce qui s'y trouve, qui forma Adam à son image, qui donna la loi à Moïse, qui envoya son Esprit sur les prophètes et qui, de plus, envoya son Messie dans le monde. Cet homme doit croire aussi à la résurrection des morts et au mystère du baptême. Telle est la foi de l'Église de Dieu. Puis il faut cesser d'observer les heures, les sabbats, les mois et les saisons. Rejeter les enchantements, la divination, le chaldéisme, la magie, ainsi que la fornication, les orgies et toute vaine doctrine, qui sont les armes du Malin. S'abstenir de la flatterie, des paroles mielleuses, du blasphème et de l'adultère. Se garder enfin du faux témoignage et de l'hypocrisie. Telles sont les oeuvres de la foi bâtie sur le vrai Roc, le Messie, sur qui s'élève tout l'édifice.»

Afrahat condamne les enseignements de Marcion et de Mani. Il mentionne qu'il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons comprendre. Il reconnaît le mystère de la Trinité, mais déplore les questions curieuses. Il écrit: «Qu'y a-t-il au-dessus des cieux, qui peut le dire? Et sous la terre, que trouve-t-on? Nul ne le sait. Le firmament, sur quoi est-il étendu? Les cieux, comment sont-ils suspendus? La terre, sur quoi repose-t-elle? Et l'océan, qu'est-ce qui le fixe?

Nous sommes fils d'Adam et, ici-bas, nous percevons bien peu à l'aide de nos sens. Mais nous savons ceci: Dieu est Un, son Messie est Un et l'Esprit est Un. Il y a une foi et un baptême. Ce que nous dirions de plus ne nous servirait à rien; nous resterions au-dessous de la vérité. Et si nous cherchions à comprendre, ce serait encore vain.» En étudiant les prophéties, Afrahat arriva à la conclusion que les attaques de la Perse contre l'empire romain ne pouvaient réussir.

La persécution des chrétiens en Perse, quand le christianisme était déjà devenu la religion d'État des Romains, amena des relations très tendues entre les deux empires, et lorsqu'en 399, Yezdegerd 1er monta sur le trône persan, l'empereur romain lui envoya l'évêque Maruta pour plaider en faveur des croyants. Maruta fut un habile diplomate et, en collaboration avec Isaak qui avait été établi Métropolitain-Primat de Séleucie-Ctésiphon, il obtint du roi persan la permission de convoquer un synode à Séleucie (410), afin de réorganiser l'Église persane, grandement diminuée par la persécution. A ce synode, deux fonctionnaires royaux présentèrent Isaak comme «Chef des chrétiens» (35).

Les évêques occidentaux avaient remis à Maruta une lettre qui fut traduite du grec en persan et présentée au roi. Celui-ci l'approuva et ordonna qu'elle fût lue devant les évêques assemblés. Les réclamations qui y étaient renfermées rencontrèrent l'approbation générale. Après la grande tribulation qu'ils venaient de traverser, les chrétiens persans étaient disposés à faire des concessions à ceux qui leur apportaient la paix. Le compte rendu du synode nous apprend «qu'il se tint la onzième année de Yezdegerd, le grand roi victorieux, après que les églises du Seigneur eurent trouvé la paix, le souverain ayant donné aux assemblées de Christ la liberté de glorifier Christ hardiment dans leur corps, soit dans la vie, soit dans la mort, et après qu'il eût dispersé les nuages de la persécution qui pesaient sur toutes les églises de Dieu, sur tous les troupeaux de Christ.» Il avait ordonné que, dans tout le royaume, les temples détruits par ses ancêtres fussent magnifiquement restaurés, que les autels fussent relevés et remis en usage et que ceux qui avaient enduré des coups ou la prison pour l'amour de Dieu fussent libérés. «Ceci se passa à l'occasion de l'élection de notre honorable Père devant Dieu, Mar Isaak, évêque de Séleucie et chef de tous les évêques orientaux. Il était digne de cette grâce accordée par Dieu, lui dont la présence et le gouvernement ouvrirent à l'Église de Dieu la porte de la paix, lui qui dépassa en humilité et en honorabilité tous les évêques orientaux qui le précédèrent... et par le messager de paix que Dieu, dans sa miséricorde, envoya en Orient, Mar Maruta, Père sage et honorable, qui procura la paix et l'unité entre l'Orient et l'Occident. Il s'efforça d'édifier les églises de Christ, pour que les pieuses lois et les justes canons établis en Occident par nos honorables évêques fussent adoptés en Orient, pour l'édification de la vérité et de tout le peuple de Dieu. Par les soins de divers évêques des pays romains bien que corporellement éloignés de nous, toutes les églises et assemblées de l'Orient reçurent des dons d'amour et de compassion.»

Il y eut une joie sincère pour cette délivrance de l'oppression et des actions de grâces montèrent à Dieu pour son intervention miséricordieuse. On pria aussi pour que le roi vécût longtemps et à jamais. Il est dit qu'à ce moment glorieux du Synode, les âmes des participants se sentirent comme transportées devant le trône de la gloire de Christ. «Nous, quarante évêques, venus de lieux divers, écoutèrent avec grande attention la lecture de la lettre des évêques d'Occident.» Elle constatait qu'il n'était pas nécessaire d'avoir deux ou trois évêques en un même lieu et qu'un seul devait suffire par ville et par district. La nomination d'un évêque devait dépendre de trois évêques au minimum, agissant au nom du métropolitain. Les dates des fêtes étaient fixées. Lecture fut faite de tous les articles du Concile de Nicée, au temps de Constantin, et les participants les signèrent. Mar Isaak déclara: «Quiconque n'approuve pas et n'accepte pas ces lois excellentes et admirables, qu'il soit maudit par le peuple de Dieu et dépourvu de toute autorité dans l'Église de Christ.» «Nous tous évêques, est-il encore dit, avons confirmé cette déclaration par un Amen et avons répété ses paroles.» Mar Maruta dit alors: «Toutes ces explications lois et canons seront écrits, puis nous les signerons et les confirmerons par une alliance éternelle.» Mar Isaak déclara «Je signe en tête de tous.» Ensuite tous les évêques promirent après lui: «Nous aussi acceptons tout avec joie et confirmons par nos signatures l'écrit ci-dessus.»

Après avoir présenté cette déclaration au roi, Isaak et Maruta s'adressèrent encore aux évêques en ces termes. «Autrefois vous étiez dans l'angoisse et agissiez en secret; mais maintenant le grand roi vous a accordé la paix. Et comme Isaak avait la faveur du grand roi, il plut à ce dernier de l'instituer chef de tous les chrétiens de l'Orient. Spécialement depuis l'arrivée de l'évêque Maruta, la faveur du grand roi nous a procuré paix et sécurité.» On établit ensuite des règles pour la nomination des chefs à venir - par Isaak et Maruta ou leurs successeurs - avec l'approbation du souverain régnant. Parlant du chef, Maruta, il fut encore dit: «Personne ne s'élèvera contre lui. Si quelqu'un se révolte contre lui, s'oppose à sa volonté, nous devons en être informés. Nous en référerons alors au grand roi et c'est lui qui jugera le coupable, quel qu'il soit.» En terminant, Isaak et Maruta dirent que toutes ces choses devaient être couchées par écrit, tout ce qui était utile pour le service de l'Église catholique. Ceci fut joyeusement accepté et il fut convenu que quiconque s'élèverait contre ces ordonnances serait définitivement exclu de l'Église de Christ, que sa blessure ne pourrait être guérie et que le roi le punirait avec grande sévérité.

Beaucoup d'autres ordonnances furent décrétées, telles que les prêtres seraient désormais célibataires. Les évêques retentis loin du Synode par la distance seraient liés par l'accord conclu. Quelques évêques qui, dès le début, avaient résisté à Isaak, furent condamnés comme rebelles. Les réunions dans des maisons privées furent interdites. Les limites des paroisses furent fixées, avec une église pour chacune.

L'Orient et l'Occident furent ainsi unis et des évêques, envoyés en diverses localités pour mettre fin à toutes les différences. Il ne devait plus y avoir ni partis, ni divisions.

La mort d'Isaak révéla la fragilité de cette entente qui ne reposait que sur la volonté du roi. Un grand nombre de nobles s'étant joints aux églises, la jalousie des mages en fut excitée, et le roi, fidèle à son ancienne religion, fut influencé par ses prêtres. Isaak n'était plus là pour intervenir, et quand quelques prêtres chrétiens, trop pénétrés de l'importance de leurs nouvelles positions officielles, défièrent le roi en face, celui-ci, vexé de cette opposition, en fit exécuter plusieurs sur-le-champ. A la mort du souverain, ses successeurs, Yezdegerd II et Bahram V, déchaînèrent une persécution générale et rigoureuse.


3. Nestorius

Entre-temps, certains événements en Occident préparaient un changement gros de conséquences pour les églises syrienne et persane.

En 428, Nestorius (36), prédicateur à Antioche, né au pied du Mont Taurus, en Syrie, fut nommé, par l'empereur byzantin Théodose II, évêque de Constantinople. Sa grande éloquence et son énergie donnaient encore plus d'éclat à sa haute position. Il avait été influencé par l'enseignement de Théodore de Mopsuestia qui, résistant à la tendance croissante de faire de la Vierge Marie un objet d'adoration, avait insisté sur l'impropriété du ferme «Mère de Dieu». L'enseignement de Théodore n'avait pas été généralement condamné. Toutefois, quand Nestorius l'adopta, il se heurta au désir populaire d'exalter Marie et fut accusé de nier la vraie divinité du Seigneur. La rivalité, existant entre les épiscopats d'Alexandrie et de Constantinople et entre les écoles d'Alexandrie et d'Antioche, incita Cyrille, évêque d'Alexandrie, à profiter de cette occasion pour attaquer Nestorius. Un concile se réunit à Éphèse. Entièrement dominé par Cyrille, il n'attendit pas l'arrivée des évêques favorables à Nestorius, et condamna ce dernier. Une querelle amère s'engagea alors, et, par amour de la paix, l'empereur, qui avait d'abord refusé de confirmer la décision du concile, finit par déposer et exiler Nestorius. Celui-ci passa le reste de ses jours dans la pauvreté et les dangers, échangeant son activité et sa popularité contre une vie d'indigence et d'isolement dans une oasis du désert égyptien.

Il n'enseigna jamais la doctrine en question et son exclusion, causée soi-disant par ses vues erronées, fut simplement le résultat de la jalousie personnelle de son collègue Cyrille. Un grand nombre d'évêques, ayant protesté contre le jugement prononcé sur Nestorius, furent finalement expulsés et se réfugièrent en Perse, où on les reçut fort bien. L'arrivée de tant d'hommes capables et expérimentés ne pouvait qu'aider au réveil des églises et donner un nouvel élan à l'extension du christianisme dans les régions lointaines. Toutes les églises orientales furent dès lors appelées nestoriennes - bien qu'elles protestassent contre cette étiquette - et furent regardées comme s'attachant à une doctrine que ni elles ni Nestorius ne professaient. Elles différaient des églises byzantine et romaine et leur étaient même opposées. L'un des leurs écrivait: «Elles sont injustement et injurieusement appelées nestoriennes, puisque Nestorius ne fui jamais leur patriarche; car ces églises ne comprennent même pas la langue dans laquelle il écrivit. Mais, lorsqu'elles apprirent comment il défendait la vérité orthodoxe des deux natures et des deux personnalités du seul Fils de Dieu et du seul Christ, elles confirmèrent son témoignage, ayant elles-mêmes une même conviction sur ce point. La vérité est plutôt que Nestorius suivit ces églises et non pas qu'il les conduisit.»

Durant son exil, Nestorius écrivit un exposé de sa foi (37) ci ce qui suit est tiré du «Bazar d'Héraclide», titre donné au livre pour en empêcher la destruction.

Écrivant sur l'obéissance de Christ, il dit: «Il prit donc la forme d'un serviteur, une humble forme' qui avait perdu la ressemblance avec Dieu. Il ne prit ni l'honneur et la gloire, ni l'adoration, ni même l'autorité, bien qu'Il fût Fils. La forme d'un serviteur agissait avec obéissance en la personne du Fils, selon le plan de Dieu, ayant fait sienne la pensée de Dieu et renonçant à la sienne propre. Il ne fit rien de ce qu'Il désirait, mais seulement ce que désirait Dieu, la Parole. Car c'est ce que signifie «en forme de Dieu», que la forme du serviteur ne pouvait avoir une pensée ou une volonté qui lui soient propres, mais accomplir la volonté de Celui dont il est la personne et la forme. C'est pourquoi la forme de Dieu prit la forme d'un serviteur et ne recula devant rien de ce qui fait de cette forme de serviteur une humiliation. Il accepta tout afin que la forme divine pût être en tous.

» Il prit cette forme afin d'enlever la culpabilité du premier homme et de lui rendre cette image originelle qu'il avait perdue. Il convenait qu'Il prît sur Lui ce qui avait entraîné la culpabilité, ce qui était assujetti et asservi, ainsi que le déshonneur et la disgrâce s'attachant à la culpabilité, car en dehors de Sa personne, il n'y avait plus rien de divin, d'honorable ou d'indépendant... Quand un homme est sauvé de toutes les causes qui ont produit la désobéissance, on peut vraiment le considérer comme étant sans péché. C'est pourquoi Il prit la nature humaine; car, s'Il avait pris une nature incapable de péché, on aurait pu croire que c'était par sa nature qu'Il ne pouvait pécher, et non par son obéissance...

» ... Il ne chercha pas non plus à obéir dans les choses qui peuvent procurer l'honneur, la puissance ou la renommée, mais dans celles qui sont pauvres, méprisables, faibles et insignifiantes, - aptes plutôt à Le détourner du chemin de l'obéissance, - dans des choses qui ne peuvent inciter à l'obéissance, mais plutôt au relâchement et à la négligence. Il ne reçut aucune espèce d'encouragement. En Lui seul Il trouva le désir d'obéir à Dieu et d'aimer sa volonté. Donc tout appui extérieur lui manquait. Mais bien qu'attiré nettement par des choses contraires à la pensée de Dieu, Il ne s'en écarta en rien, lors même que Satan employa tous les moyens possibles pour L'en faire sortir. Et le Diable s'y appliqua d'autant plus qu'il vit que Christ ne recherchait rien pour Lui-même; Car, au début, Il ne fit aucun miracle et ne parut pas avoir mission d'enseigner. Il se contenta d'être soumis et de garder tous les commandements. Il fut en contact avec des hommes de toute condition et eut affaire avec tous les commandements. Il avait donc la possibilité de désobéir, mais Il se conduisit toujours virilement et n'employa pour sa subsistance rien de spécial ou de différent des moyens habituels, se contentant d'agir en ceci comme les autres. Autrement on eût pu supposer qu'Il était préservé du péché par une aide extérieure et n'aurait pu y échapper sans cette assistance. Il observa donc tous les commandements en mangeant et en buvant. Ainsi à travers la fatigue et la sueur, Il resta ferme dans son propos, sa volonté étant fixée sur celle de Dieu. Et rien ne réussit à l'en faire sortir, ou à l'en séparer, car Il ne vivait point pour Lui-même, mais pour Celui à qui sa Personne appartenait. Cette personne Il la conserva sans tache, ni ride, et c'est ainsi qu'Il donna la victoire à la nature humaine.»

Après avoir parlé du baptême et de la tentation de Christ, puis de sa mission de prêcher le salut, Nestorius continue:

«Par la mort, Dieu n'a pas voulu accomplir la destruction de l'homme; Il l'a amené à la repentance et l'a secouru ... » L'auteur montre ensuite que le plan de Satan était de conduire l'homme une deuxième fois à la destruction finale, cette fois en le persuadant de mettre Christ à mort - et il poursuit: « Christ mourut pour nous, hommes égarés, plaçant la mort au centre parce qu'il fallait qu'elle fût détruite. Il ne recula même pas devant le fait que Lui-même devait se soumettre à la mort pour obtenir l'espérance de l'anéantissement de cette mort... C'est dans cette espérance qu'Il accepta l'obéissance dans un immense amour - non pas en expiation de sa propre culpabilité - car ce fui pour nous qu'Il subit la condamnation. Ce fut pour tous les hommes qu'Il remporta la victoire. Car de même qu'en Adam nous avons tous été constitués coupables, en sa victoire, la victoire nous est acquise.»



Table des matières

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32 The Syrian Churches, J. W. Etheridge.

33 «Le christianisme dans l'empire Perse sous la dynastie Sassanide» (224-632), J. Labourt.

34 Early Christianity Outside the Roman Empire», F. C. Burkitt, M. A.

35 «Das Buch des Synhados», Oskar Braun.

36 «Nestorius and his Teachings», J. Bethune-Baker.

37 «The Bazaar of Heraclides of Damascus», J. Bethune-Baker.

 

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