Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES



 
4. Persécutions et dispersion

Le mouvement iconoclaste (27) avait donné un peu de répit aux frères persécutés de l'Asie mineure. Mais en 842, après le triomphe des adorateurs d'images, sous Théodora, il fut décidé d'exterminer les «hérétiques» qui avaient si constamment et énergiquement proclamé l'inutilité des images et des reliques, tout en maintenant l'adoration en esprit et le sacerdoce de tous les croyants.

Ils étaient préparés à l'épreuve qui allait fondre sur eux par les travaux dévoués d'hommes capables, entre autres Sembat, né à la fin du huitième siècle. Il était de noble famille arménienne et fit si grande impression par son ministère que, longtemps après sa mort, les catholiques le mentionnaient comme fondateur des Pauliciens.

Serge (en arménien Sarkis) était un autre chef. «Durant trente-quatre ans - (800-834) écrit-il - j'ai voyagé de l'est à l'ouest et du nord au sud, prêchant l'Evangile de Christ, jusqu'à en avoir les genoux fatigués». Il était fortement convaincu de sa vocation de ministre et savait user de son autorité pour rétablir la paix entre frères, pour unir et instruire les saints. Il faisait appel à ceux qui le connaissaient, leur demandait en toute bonne conscience, si jamais il avait dépouillé l'un d'entre eux, ou abusé de son pouvoir. Bien qu'il travaillât comme charpentier, il visita presque toute la partie montagneuse du centre de l'Asie mineure. Il fut converti après avoir été persuadé de lire les Écritures. Une croyante lui demanda pourquoi il ne lisait pas les Saints Évangiles. Il répondit que les prêtres seuls pouvaient le faire et non les laïques. Elle répliqua que Dieu ne regarde pas à l'apparence, mais qu'Il désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité; tandis que les prêtres cherchaient à priver le peuple du droit de lire la Parole de Dieu. Il lut et il crut, puis témoigna longuement et avec puissance de sa foi en Christ. Ses épîtres furent largement répandues et très appréciées. Son ministère ne prit fin qu'avec sa vie, ses persécuteurs l'ayant coupé en deux avec une hache.

Serge fut l'un des plus distingués de toute une série d'hommes qui, par leur saint caractère et leur service d'amour, gravèrent leurs noms dans la mémoire d'un peuple héroïque. Constantin, Siméon, Genès, Joseph, Zacharie, Baanès, Sembat, Serge. Ces noms-là survécurent à la ruine causée par les persécutions qui suivirent. Ces frères étaient si pénétrés de l'esprit des Actes et des Épîtres, si désireux de ne rien changer aux traditions du N. Testament et surtout de maintenir dans leurs patries respectives le souvenir des apôtres qui y avaient travaillé et fondé des églises, qu'ils tiraient généralement des Écritures leurs noms et ceux de leurs églises. Constantin s'appela Silvain; Siméon, Cite; Genès, Timothée; Joseph, Epaphrodite. Bien différents étaient les surnoms que leur donnaient leurs adversaires; Zacharie fut appelé «le berger mercenaire», et Baanès, «l'impur». Les «vrais chrétiens», comme ils se désignaient pour se distinguer des «Romains», donnèrent aussi des noms spéciaux aux églises où se concentraient leurs travaux. Ainsi Kibossa, où travaillèrent Constantin et Siméon, devint leur Macédoine. Le village de Mananalis, centre des labeurs de Genès, fut leur Achaïe; d'autres églises s'appelèrent Philippes, Laodicée, Colosses, etc.

Ces frères marquèrent de leur activité une période de deux cents ans, du milieu du septième au milieu du neuvième siècle. Ce fut durant cette époque, et peut-être par l'un d'eux, que fut écrit un livre «La clé de la vérité», qui peint d'eux un portrait vivant. Vers la fin de cette époque les persécutions sous l'impératrice Théodora et les guerres qui suivirent dispersèrent les églises et un grand nombre de croyants passèrent dans les Balkans. Ces églises connurent des temps de troubles intérieurs aussi bien que d'attaques extérieures. Au temps de Genès, il y eut des luttes si violentes qu'il fut convoqué à Constantinople pour s'expliquer. L'empereur favorable, Léon l'Isaurien, et le patriarche Germanos ne trouvèrent rien à reprocher à sa doctrine, et Genès revint de Constantinople avec des lettres ordonnant la protection des «Pauliciens». Cependant le gouvernement n'appuya pas toujours les églises. La suppression violente des images n'avait pas réussi à bannir des coeurs le culte défendu, et les autorités se laissaient aisément influencer par des motifs d'avantage politique. Ainsi, désireux de plaire à l'Église grecque, Léon l'Arménien, empereur iconoclaste, permit une attaque contre les «Pauliciens», affaiblissant ainsi et s'aliénant ceux qui étaient son vrai soutien.

En vertu des ordres de Théodora, et durant de longues années, les massacres recommencèrent systématiquement. On décapita, brûla et noya les croyants, sans que leur constance en fût ébranlée. On rapporte que, de 842 à 867, cent mille personnes auraient été mises à mort par le zèle de Théodora et de ses inquisiteurs. Cette époque a été décrite par Grégoire l'Éclaireur, qui, deux cents ans plus tard, dirigea la persécution contre des croyants du même district. Il écrit: «Déjà avant nous, beaucoup de généraux et de magistrats avaient impitoyablement livré ces gens à l'épée, n'épargnant ni vieillards, ni enfants, et cela avec raison. En outre, nos patriarches les avaient marqués au fer rouge, incrustant sur leur front l'image du renard... A d'autres, on avait arraché les yeux en leur disant: «Puisque vous êtes aveugles aux choses spirituelles, vous ne verrez pas non plus les choses matérielles!»

Le livre arménien intitulé «La Clé de la Vérité» (28) mentionné ci-dessus comme ayant été écrit entre les septième et neuvième siècles, décrit les croyances et les pratiques religieuses de ceux que l'on nommait alors Pauliciens, de Thonrak. Les nombreuses églises dispersées offraient sans doute certaines différences. Toutefois ce rapport authentique, écrit par l'un de ces croyants, s'applique à la plupart d'entre elles. Cet auteur anonyme écrit avec puissance et éloquence, ainsi qu'avec une grande profondeur de sentiment. Il explique qu'il veut donner aux enfants nouveau-nés de l'Église universelle et apostolique de notre Seigneur Jésus-Christ, le lait saint qui nourrira leur foi. Notre Seigneur, écrit-il, demande d'abord la repentance et la foi, ensuite vient le baptême. Nous devons donc Lui obéir et ne pas céder aux arguments trompeurs de ceux qui baptisent les inconvertis, les inconscients et les impénitents. A la naissance d'un enfant, les anciens de l'Église doivent exhorter les parents à l'élever dans la piété et dans la foi. A ceci il faut ajouter la prière, la lecture de l'Écriture et le choix d'un nom pour le nouveau-né. Nul ne devrait être baptisé sans en avoir exprimé le sincère désir.

Le baptême aura lieu dans une rivière, tout au moins en plein air. Le candidat au baptême s'agenouillera au milieu de l'eau et confessera sa foi avec ferveur et avec larmes, devant la congrégation assemblée. Celui qui baptise sera d'un caractère irrépréhensible. La prière et la lecture de l'Écriture accompagneront cet acte. La nomination d'un ancien se fera aussi avec grand soin, de crainte qu'un homme indigne ne soit choisi. On s'assurera de sa sagesse, de son amour, - chose principale - puis de sa prudence, de sa douceur, de son humilité, de sa justice, de son courage, de sa sobriété, de son éloquence. On lui imposera les mains avec prière et on lira quelque portion appropriée des Écritures, puis on lui demandera: «Peux-tu boire la coupe que je dois boire, ou être baptisé du baptême dont je dois être baptisé ? » La réponse exigée mettra en évidence les dangers et les responsabilités qui s'attachent à sa charge et que nul n'oserait assumer s'il n'est possédé d'un grand amour et prêt à tout souffrir en suivant Christ et en prenant soin de Son troupeau. L'ancien répondra alors. «J'accepte les flagellations, les emprisonnements, les tortures, les reproches, les croix, les coups, les tribulations et autres tentations du monde, comme les acceptèrent avec amour notre Seigneur et Intercesseur et la sainte Église universelle et apostolique. Moi donc aussi, indigne serviteur de Jésus-Christ, j'accepte d'endurer toutes ces choses par amour et dans une entière soumission, jusqu'à l'heure de ma mort». Après la lecture de plusieurs passages des Écritures, il était alors solennellement recommandé au Seigneur par les anciens qui disaient: «Nous te supplions et t'implorons humblement et instamment... Accorde ta grâce sainte à cet homme qui te demande la grâce de ta sainte autorité... Rends-le pur d'une pureté resplendissante, préservé de toute mauvaise pensée... Ouvre son entendement à la compréhension des Écritures».

A propos des images et des reliques, l'auteur dit ceci: « ... Concernant la médiation de notre Seigneur Jésus-Christ, et non celle des saints décédés, transformés en reliques, ou représentés par des pierres, des croix et des images, il y a lieu de constater que beaucoup ont renié cette précieuse médiation et intercession du bien-aimé Fils de Dieu. Ils se sont attachés à des choses mortes, à des images, des pierres, des croix, des eaux, des arbres, des fontaines, et à toute chose vaine. Ils les reconnaissent et les adorent. Ils leur offrent de l'encens et des cierges et leur présentent des victimes, ce qui est contraire à la divinité». La lutte qu'eurent à soutenir contre leurs persécuteurs de Constantinople les églises des montagnes du Taurus et des pays environnants, amena ces chrétiens à insister davantage sur certaines portions de l'Écriture que sur d'autres. La grande Église établie avait incorporé le paganisme à son système par l'introduction graduelle de l'adoration de la Vierge Marie et du monde dans son sein par le rite du baptême des petits enfants. C'est pourquoi les églises primitives insistèrent fortement sur l'humanité parfaite du Seigneur à sa naissance. Elles démontrèrent que, bien que Marie fût la mère du Seigneur, elle ne pouvait être correctement appelée la mère de Dieu. Elles soulignèrent aussi l'importance du baptême de Jésus, lorsque le Saint-Esprit descendit sur Lui et que retentit des cieux la voix déclarant. «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute mon affection». Dans les nombreuses controverses sur la double nature de Christ, divine et humaine, - qui en dépit de toutes les explications demeure toujours un mystère - ces chrétiens employèrent des expressions qui furent interprétées par leurs adversaires comme marquant leur incrédulité quant à la divinité de Christ avant son baptême. Ils semblent avoir plutôt pensé que ses attributs divins n'avaient pas été en activité jusqu'au jour de son baptême. Ils enseignaient qu'en ce jour-là, à l'âge de trente ans, notre Seigneur Jésus-Christ reçut l'autorité, le sacerdoce et le royaume. C'est alors qu'il fut choisi et élevé à la dignité de Seigneur, alors également qu'Il devint le Sauveur des pécheurs, fut rempli de la déité, et sacré Roi sur toute créature dans les cieux, sur la terre et sous la terre, comme Il le dit Lui-même dans Matthieu 28. 18: «Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre».

Ces églises, obéissant en une large mesure aux principes du N. Testament, - sans doute à des degrés divers selon les lieux - appelées par leurs adversaires «Pauliciens» ou «Manichéens», souffrirent, des siècles durant, patiemment et sans user de représailles, les terribles injustices de leurs ennemis. Il y eut une détente pendant les règnes des empereurs byzantins iconoclastes. Mais les persécutions atroces ordonnées par l'impératrice Théodora, en poussèrent quelques-uns au désespoir, tellement qu'ils prirent les armes contre leurs oppresseurs.

Pour obéir à cette femme cruelle, les bourreaux de l'Empire avaient empalé un homme, dont le fils, Carbéas, occupait un rang élevé dans le service impérial. En apprenant ceci, Carbéas, brûlant d'indignation, refusa fidélité à Byzance. Cinq raille hommes se joignirent à lui et ils s'établirent à Téphrice, près de Trébizonde. Ils fortifièrent cette ville et, s'alliant au Calife sarrasin, en firent le centre de leurs attaques sur les régions grecques de l'Asie mineure. Grâce à l'aide des mahométans, ils battirent l'empereur Michel, fils de Théodora, s'emparèrent des cités jusqu'à Éphèse et détruisirent les images qu'ils y trouvèrent.

A Carbéas succéda Chrysocheïr, dont les incursions atteignirent la côte ouest de l'Asie mineure et menacèrent même Constantinople. Ancyre, Éphèse, Nicée et Nicomédie furent prises d'assaut. À Éphèse, on installa des chevaux dans la cathédrale et l'on montra le plus grand mépris pour tableaux et reliques, le bâtiment étant regardé comme un temple d'idoles. L'empereur, Basile 1er, implora la paix, mais Chrysocheïr refusa toute autre condition que l'abandon de l'Asie par les Grecs. Basile, contraint de se battre, surprit son ennemi. Chrysocheïr fui tué et son armée défaite. L'armée byzantine s'empara de Téphrice et en dispersa les habitants qui se réfugièrent ensuite dans les montagnes.

Ces Pauliciens révoltés se demandaient sans doute comment agir. Ayant affaire d'une part aux adorateurs d'images qui les persécutaient violemment et, d'autre part, aux mahométans, libres de toute trace d'idolâtrie, qui leur offraient aide et liberté, il leur était difficile de juger lequel des deux systèmes se rapprochait, ou plutôt s'éloignait davantage de la révélation divine donnée en Christ. Les mahométans cependant ne pouvaient faire aucun progrès, du fait qu'ils rejetaient entièrement les Écritures et se laissaient asservir par l'autorité d'un livre d'origine humaine, le Coran. Ils ne pouvaient aller au delà de la connaissance à laquelle était parvenu le fondateur de la religion. Bien que s'étant écartées de la vérité, les Églises grecque et romaine avaient pourtant conservé les Écritures. Ainsi il y avait là une base solide sur laquelle pouvait s'édifier un réveil par la puissance du Saint-Esprit.

Si l'on cherche à connaître l'histoire de ces églises par des extraits tirés des écrits de leurs ennemis, on observe que le style insultant de ces ouvrages est d'une violence qui touche à la folie. On ne saurait donc fonder sur cette lecture des accusations dignes de foi. D'autre part, toute admission de quelque bien incontestable est fortement amoindrie par l'attribution de motifs impurs; elle est faite de mauvaise grâce. On ne peut accepter l'accusation réitérée de manichéisme, étant donné que les accusés ne cessèrent de la repousser. En outre, ils enseignèrent constamment des doctrines scripturaires contraires au manichéisme et souffrirent beaucoup pour les maintenir. Leur soi-disant profession de manichéisme ne s'accorde guère avec le fait reconnu qu'ils possédaient, au moins en grande partie, les Écritures dans toute leur pureté et qu'ils les étudiaient. La doctrine de Mani ne pouvait être suivie que par ceux qui rejetaient les Écritures, ou les falsifiaient. Les récits se rapportant à leur conduite inique sont en flagrante contradiction avec leur réputation d'être très pieux, menant une vie morale supérieure à celle des gens de leur entourage. On ne saurait non plus raisonnablement conclure que leur bonne conduite n'était que de l'hypocrisie. Le caractère des rapports volumineux de leurs ennemis, contrastant avec les quelques rares écrits qui nous sont parvenus 'de ces chrétiens, amènent le lecteur impartial à rejeter sans hésitation la légende du manichéisme et d'une conduite immorale. On en vient à reconnaître dans ces églises persécutées des rachetés du Seigneur qui maintinrent avec une foi et un courage indomptables le témoignage de Jésus-Christ.

En dispersant ces braves et pieux montagnards et en les forçant à s'allier aux :mahométans le gouvernement byzantin détruisit son propre rempart naturel contre la menace de la puissance islamique et prépara ainsi la chute de Constantinople.



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27 Dic Paulikanier im Byzantischen Kaiserreiche, etc.», Karapet Ter Mkrzttschian, Archidiakonus von Edschmiatzin.

28 «The Key of Truth», traduit et édité par F. C. Conybeare. Ce document fut trouvé par le traducteur dans la bibliothèque du Saint Synode à Edjmiatzin; il y a ajouté des notes utiles.

 

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