LE PÈLERINAGE
DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A
TRAVERS LES ÂGES
5. L'épître
à Diognetus
En contraste avec ces
éléments de confusion et de conflit, en rencontrait de
vrais docteurs, éloquents et capables de diriger les
âmes dans la voie du salut. L'un d'eux.. resté inconnu,
écrit, au deuxième siècle, à un certain
Diognétus (14), chercheur de la
vérité. Il répond à ses questions: sur la
manière des chrétiens d'adorer Dieu, sur la raison de
leur foi, de leur attachement au Seigneur et de leur amour pour leurs
frères. Diognétus demandait encore pourquoi les
chrétiens n'adorent pas les dieux grecs et ne suivent pas la
religion judaïque, et pourquoi cette nouvelle forme de
piété n'est apparue que tout dernièrement sur la
terre.
«Les chrétiens -
lui est-il répondu - ne se distinguent des autres hommes ni
par la nationalité ni par la langue. Ils vivent là
où leurs circonstances les ont placés et suivent les
coutumes du pays quant au vêtement, à la nourriture et
à la conduite ordinaire, tout en démontrant aux autres
ce qu'il y a de spécial et de merveilleux dans leur
manière de vivre. Ils résident dans leur patrie, mais
en voyageurs. Comme citoyens, ils prennent pleinement part à
la vie nationale, tout en se comportant en toutes choses comme des
étrangers. Tout pays leur devient une patrie et leur terre
natale est pour eux un sol étranger... Ils vivent ici-bas,
mais sont bourgeois des cieux. Ils obéissent aux lois
établies, tout en les dépassant de beaucoup par leurs
vies. Ils bénissent «ceux qui les outragent.»
Parlant de Dieu, cet inconnu
écrit: «Le Tout-Puissant, le Créateur de toutes
choses... a envoyé des cieux et placé ici-bas Celui qui
est la Vérité, la Parole sainte et insondable et l'a
fermement établi dans leurs coeurs. Il n'a pas envoyé,
comme on pourrait l'imaginer.... un ange ou un souverain... mais bien
le Créateur et l'Architecte de tout l'univers, Celui par
lequel Il étendit les cieux et fixa des limites à
l'océan. Celui auquel obéissent les astres. Tel fut Son
messager... Fils de Roi, Il vint en roi; Fils de Dieu, Il vint de
Dieu, envoyé aux hommes comme Sauveur. Il ne parut pas pour
nous juger, mais le jour vient où Il sera notre juge et qui
pourra soutenir le jour de sa venue? Malgré le délai de
l'envoi du Sauveur, Dieu reste immuablement le même; mais Il a
attendu dans Sa longanimité. Il avait conçu en Son
esprit un plan sublime, ineffable, qu'Il ne confia qu'à Son
Fils. Aussi longtemps qu'Il nous cacha Son sage conseil, Il sembla
nous négliger, mais cela seulement pour manifester que nous ne
pouvons pas nous-mêmes entrer dans le Royaume de Dieu. Puis,
à l'heure fixée, Il prit sur Lui le fardeau de nos
iniquités, Il donna Son propre Fils en rançon pour
nous; Lui le Saint pour des transgresseurs; le Parfait, pour des
méchants; le juste pour des injustes; l'Incorruptible pour des
êtres corruptibles, l'Immortel pour des mortels. Car quoi
d'autre que Sa justice pourrait effacer nos péchés?
Quel autre que le Fils unique de Dieu pourrait justifier le
méchant et l'impie? 0 doux échange! 0 oeuvre
insondable! 0 grâce surpassant toute attente! l'iniquité
d'une multitude cachée en un seul juste et la justice d'Un
seul justifiant d'innombrables transgresseurs!»
6. Les
persécutions Constantin-le-Grand
Lorsque l'Église entra
en contact avec l'Empire(15) romain, il s'ensuivit un conflit
au cours duquel toutes les ressources de cette grande puissance
S'épuisèrent en vains efforts pour vaincre ceux qui
jamais ne résistaient ou ne se vengeaient, mais supportaient
tout pour l'amour du Seigneur, dont ils suivaient les traces. Si
divisées que fussent les églises, par leurs vues ou
leurs pratiques, elles restaient unies dans la souffrance et la
victoire. Bien que les chrétiens fussent reconnus comme de
loyaux sujets de l'Empire, leur foi leur interdisant d'offrir de
l'encens ou des hommages divins soit à l'empereur, soit aux
idoles, ils étaient considérés comme des
rebelles. Le fait que l'idolâtrie pénétrait la
vie journalière du peuple, sa religion, ses affaires, ses
plaisirs, faisait que ces chrétiens étaient haïs
parce que séparés de leur entourage. On prit contre eux
de sévères mesures, d'abord intermittentes et locales.
Mais, à la fin du premier siècle, le christianisme
était considéré comme illégal. La
persécution devint systématique et s'étendit
à tout l'Empire. Il y eut parfois de longues périodes
de répit, mais, à chaque retour de
sévérité, la persécution augmentait en
violence. Les chrétiens subirent la perte de tous leurs biens.
Ils furent emprisonnés et mis à mort en très
grand nombre. Puis on trouva des raffinements de cruauté pour
intensifier leur châtiment. On récompensa les espions et
ceux qui reçurent des chrétiens chez eux durent
partager leur sort. On détruisit en outre toutes les portions
des Écritures sur lesquelles on put mettre la main. Au
début du quatrième siècle, cette guerre
étrange entre le puissant empire mondial et ces
églises, passives mais invincibles - parce quelles
«n'aimèrent pas leur vie jusqu'à craindre la
mort» - semblait ne pouvoir prendre fin que par la destruction
totale de l'Église chrétienne.
Alors survint un
événement qui mit soudainement un terme à ce
long et terrible conflit. Les luttes intestines, qui secouaient
l'Empire romain, se terminèrent en 312 par une victoire
décisive del'empereur Constantin.
Immédiatement après son entrée à Rome, il
promulgua un édit qui mettait fin à la
persécution contre les chrétiens. Un an plus
fard,l'Édit de Milan accordait à
tout homme la liberté de suivre la religion de son
choix.
C'est ainsi que l'Empire romain
fut vaincu dans sa lutte contre le christianisme, grâce
à la fidélité de tous les vrais croyants. Leur
longue endurance réussit à changer l'hostilité
acharnée du monde romain, d'abord en pitié, puis en
admiration. Les religions païennes ne furent pas
persécutées au début, mais, étant
privées de l'appui de l'État, elles
déclinèrent progressivement. La profession du
christianisme fut encouragée. Des lois, abolissant les abus et
protégeant les faibles, amenèrent une mesure de
prospérité inconnue jusqu'alors. Les églises,
libérées de toute persécution, entrèrent
dans une nouvelle expérience. Beaucoup d'entre elles avaient
conservé leur pureté primitive, mais beaucoup aussi
avaient été affectées par les profonds
changements intérieurs que nous avons signalés et
différaient grandement des églises des temps
apostoliques. Les effets de ces transformations se
manifestèrent nettement lorsqu'elles élargirent leurs
cadres.
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