Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES



 

 
Cyprien(10), évêque deCarthage, né vers l'an 200, était bien différent d'Origène. Il emploie librement le terme «Église catholique», en dehors de laquelle il ne voit point de salut. En son temps«la vieille Église catholique» était déjà formée, c'est-à-dire l'Église qui, avant l'époque de Constantin, avait pris le nom de «Catholique» et excluait tous ceux qui ne se conformaient pas à sa règle. En parlant deNovatien et de ceux qui le secondaient dans ses efforts pour amener les églises à une plus grande pureté, Cyprien dénonce l'impiété d'une ordination illégale faite en opposition à l'Église catholique. Il écrit encore que ceux qui approuvaient Novatien ne pouvaient être en communion avec l'Église catholique, puisqu'ils s'efforçaient «de couper et de lacérer le corps homogène de cette Église», en commettant l'impiété d'abandonner leur mère. Ils devaient donc revenir à l'Église, car ils avaient agi contrairement à l'unité catholique». «Il y a - disait-il - de l'ivraie parmi le froment, mais, au lieu de nous séparer de l'Église, nous devons travailler dans son sein à devenir du blé, des vaisseaux d'or et d'argent dans la grande maison.» Il recommandait la lecture de ses pamphlets pour aider aux âmes dans le doute; puis, faisant référence aux Novatiens, il affirmait: «Quiconque n'appartient pas à l'Église de Christ n'est pas chrétien... il y a une seule église comme un seul épiscopat.»


4. Différentes formes d'Églises

En s'accroissant, les églises perdirent leur premier zèle et se conformèrent toujours plus au monde et à ses méthodes. Mais ce changement graduel souleva des protestations. A mesure que grandissait l'organisation du groupe catholique des églises, il se formait aussi dans son sein des cercles avides de réformes. Quelques églises se séparèrent même du groupe catholique. D'autres encore, plus ou moins attachées aux doctrines et aux pratiques du Nouveau Testament, se trouvèrent peu à peu en marge des églises qui les avaient déjà grandement délaissées. L'Église catholique, prenant dans la suite la première place, constitua une abondante littérature; tandis queles écrits de ceux qui différaient d'elle furent supprimés. Il ne nous en est guère parvenu que des fragments tirés des publications dirigées contre eux. On peut donc aisément être sous la fausse impression que, durant les trois premiers siècles, il n'y avait que la seule Église catholique unie et certainsgroupes hérétiques de peu d'importance. La vérité est plutôt qu'alors, comme aujourd'hui, il existait des congrégations représentant certains aspects du témoignage chrétien, attachées chacune à quelque vérité spéciale, ainsi que plusieurs groupes d'églises s'excluant mutuellement.

Les nombreux groupes chrétiens qui travaillèrent à la réforme des églises catholiques, tout en demeurant dans leur sein, sont souvent nommésMontanistes. L'habitude de prendre le nom d'un homme en vue pour désigner un mouvement spirituel étendu peut induire en erreur. Elle est parfois adoptée comme étant la plus pratique; mais il convient de se rappeler que, si grand que soit un homme comme chef ou exégète, un mouvement spirituel affectant des multitudes le dépasse de beaucoup en ampleur et en signification.


Montanus. - Ayant constaté que la mondanité dans l'Église allait croissant et que l'érudition des chefs se substituait à la puissance spirituelle, beaucoup de croyants sentirent intensément le besoin d'une expérience personnelle plus profonde de la présence du St-Esprit. Ils attendaient un réveil spirituel, un retour à l'enseignement et à la vie apostoliques.

EnPhrygie(156), Montanus (11) commença à protester - d'autres croyants se joignant à lui - contre le relâchement qui prévalait dans les relations de l'Église avec le monde. Quelques-uns déclaraient qu'ils avaient des manifestations spéciales du St-Esprit, entre autres deux femmes,PriscaetMaximillia. La persécution déclenchée (177) par l'empereurMarc-Aurèle réveilla les aspirations spirituelles des croyants etl'attente de la venue du Seigneur. LesMontanistes aspiraient à fonder des congrégations animées de la piété des premiers jours de l'Église, vivant dans l'attente du Retour du Maître et accordant au St-Esprit sa place légitime dans l'Église. Il y eut sans doute des exagérations chez certains, qui prétendaient avoir des révélations spirituelles. Cependant les Montanistes enseignaient et pratiquaient une réforme nécessaire. Ils acceptaient de façon générale l'organisation qui s'était développée dans les églises catholiques et s'efforçaient de rester dans leur sein. Mais tandis que les évêques catholiques désiraient faire le plus grand nombre possible d'adhérents, les Montanistes insistaient sur des évidences bien nettes de christianisme dans les vies de ceux qui voulaient s'unir à eux. Le système catholique obligeait les évêques à exercer sur les églises une domination toujours plus stricte, tandis que les Montanistes s'y opposaient et maintenaient que la direction des églises était la prérogative du St-Esprit, auquel devait être laissée pleine liberté d'opération.

En Orient, ces divergences amenèrent assez vite la formation d'églises séparées. Mais en Occident, les Montanistes subsistèrent longtemps comme sociétés faisant partie des églises catholiques. Ce ne fut qu'après de longues années qu'ils en furent exclus, ou s'en séparèrent volontairement. ACarthage,Perpétue etFélicité, dont la mémoire a été préservée par l'émouvant récit de leur martyre, étaient encore - bien que Montanistes - membres de l'Église catholique quand elles moururent (207). Mais au début du troisième siècle, Tertullien, conducteur vénéré des églises africaines et auteur éminent,s'attacha aux Montanistes et se sépara de l'Église catholique. Il écrivit «La présence de trois croyants, même laïques, constitue déjà une église.»


Marcion. - Un mouvement très différent, qui s'étendit rapidement et devint un sérieux rival du système catholique, fut celui desMarcionites(12), dontTertullien écrivait en les combattant: «La tradition hérétique de Marcion a envahi toute la terre.»Marcion naquit, en l'an 85, à Sinope, sur la mer Noire, et fut élevé dans les églises dela province du Pont où avait évangélisé l'apôtre Pierre (1 Pierre 1. 1) et d'où Aquilas était originaire (Actes 18. 2). Son enseignement se développa graduellement et il avait déjà soixante ans lorsque ses écrits furent publiés et longuement discutés à Rome.

L'âme de Marcion fut troublée en face des grands problèmes du mal dans le monde, de la différence entre la révélation de Dieu dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, du contraste entre la colère divine, ou le jugement d'une part, l'amour et la miséricorde d'autre part, de l'opposition apparente de la Loi à l'Evangile. N'arrivant pas à concilier ces divers problèmes sur la base des Écritures, comme le faisaient généralement les églises, il adopta unethéorie dualiste assez répandue à cette époque.Il affirmait: que le monde n'avait pas été créé par le Dieu Très-Haut, mais par un être inférieur, le dieu des juifs; que le Dieu Rédempteur est révélé en Christ, qui, bien que n'ayant eu aucun rapport antérieur avec le monde, descendit ici-bas par amour, pour le sauver et délivrer l'homme de sa misère. Il vint en étranger et incognito, et fut en conséquence assailli par le (soi-disant) créateur et souverain de l'univers, ainsi que par les juifs et tous les serviteurs du dieu de ce monde. Marcion enseignait que le devoir de tout vrai chrétien est de s'opposer aujudaïsme et à la forme courante du christianisme, qu'il considérait comme un rejeton du judaïsme. Il n'était pas d'accord avec lessectes gnostiques, car il ne prêchait pas le salut par les «mystères», c'est-à-dire par l'acquisition de la connaissance, mais par la foi en Christ. Au début, il chercha à réformer les églises chrétiennes, mais, plus tard, ces dernières et les Marcionites s'exclurent mutuellement.

Comme ses conceptions ne pouvaient être maintenues par l'Écriture, Marcion en devint un critique rigoureux. Il appliqua ses théories à la Bible, rejetant du texte tout ce qui était en flagrante contradiction avec ses vues. Il n'en conserva que ce qui semblait lui donner raison et l'interpréta selon sa manière de voir plutôt que selon le sens général des Écritures, ajoutant même au texte ce qui lui semblait désirable. Ainsi, après avoir d'abord accepté l'Ancien Testament, il finit par le rejeter absolument, comme étant une révélation du dieu des juifs et non point du Dieu Rédempteur, comme annonçant un Messie juif et non pas le Christ. Il pensait que les disciples confondaient Christ avec le Messie juif. Dans son estimation, l'Evangile véritable n'avait été révélé qu'à Paul. Aussi rejetait-il le Nouveau Testament à l'exclusion de certaines épîtres pauliniennes et de l'évangile de Luc. Finalement il alla jusqu'à éditer une libre interprétation de cet évangile, d'où était banni tout ce qui contrariait ses théories. Il enseignait que le reste du N. Testament était l'oeuvre dejudaïsants décidés à détruire le véritable Évangile, et qui avaient introduit dans ce but des passages que lui déclarait faux.A ce N. Testament expurgé Marcion ajouta son propre ouvrage: «Antithèses», qui remplaça le livre des Actes.

Enthousiaste de son Évangile, il le considérait comme la plus grande des merveilles, une puissante révélation, insurpassable en pensée et en paroles. Quand ses doctrines furent déclarées hérétiques, il commença à former des églises séparées qui se multiplièrent rapidement. On y observait le baptême et la Sainte-Cène. La forme du culte était beaucoup plus simple que celle de l'Église catholique et le développement du cléricalisme et de la mondanité fut réprimé. En accord avec leurs vues sur le monde matériel,les Marcionites étaient de stricts ascètes. Ils interdisaient le mariage et ne baptisaient que ceux qui avaient fait voeu de chasteté. Pour eux, Jésus aurait eu un corps immatériel - celui d'un fantôme - mais capable d'éprouver des sensations, tout comme le nôtre.

Toutes les erreurs peuvent être basées sur quelque portion de l'Écriture. Seule la vérité repose sur toute la révélation biblique. Les erreurs de Marcion étaient le résultat inévitable d'avoir accepté de la Bible ce qui lui plaisait et rejeté le reste.

Les Cathares. - Tout écart du modèle initial tracé pour les églises dans le Nouveau Testament rencontra dès le début une vive résistance et amena, en quelques cas, la formation dans les églises décadentes de groupes de croyants se gardant du mal et espérant être le moyen de la restauration de l'ensemble. Quelques-uns de ces groupes furent exclus et se réunirent en congrégations séparées. D'autres, ne pouvant se conformer aux opinions régnantes, quittèrent leurs églises pour former de nouveaux corps de croyants. Souvent ces derniers allaient grossir les rangs de ceux qui, dès le début, avaient maintenu les pratiques apostoliques. Dans les siècles qui suivirent, il est fréquemment fait allusion aux églises qui avaient adhéré à la doctrine apostolique et qui revendiquaient une succession ininterrompue de témoins depuis les premiers jours de l'Église. Avant comme après l'époque de Constantin, les membres de ces congrégations furent souvent nommésCathares(Pars). Mais ils ne semblent pas s'être jamais donné ce nom eux-mêmes.

On les nomma encoreNovatiens, bien que Novatien ne fût pas le fondateur du mouvement, mais l'un de ses chefs, sa vie durant. Ce dernier se montrait très sévère sur un point qui agita beaucoup les églises durant les périodes de persécutions, à savoir si l'on devait admettre comme membres les personnes qui, depuis le baptême, étaient retournées aux sacrifices idolâtres. Un évêque, nomméFabien, qui avait consacré Novatien et souffrit le martyre àRome, eut comme successeur un certain Cornélias qui consentait à recevoir les apostats. Une minorité, en désaccord avec lui, choisit Novatien comme évêque et il accepta cette élection.Mais ses amis et lui furent excommuniés (251) par un synode réuni à Rome.Plus tard,Novatien subit aussi le martyre. Mais ses adeptes, qu'ils se nommassent Cathares, Novatiens ou autrement, continuèrent à se répandre largement. Ils ne reconnaissaient plus les églises catholiques et estimaient ses sacrements comme dépourvus de valeur.

LesDonatistes(13) de l'Afrique du Nord furent influencés par l'enseignement de Novatien. Ils divergèrent de l'Église catholique sur des points de discipline, en insistant sur le caractère de ceux qui administraient les sacrements, tandis que les catholiques considéraient les sacrements mêmes comme plus importants. Les Donatistes se nommaient ainsi d'après deux hommes éminents parmi eux qui s'appelaient tous deuxDonatus. Au début, ces chrétiens se distinguèrent des catholiques en général par la supériorité de leur caractère et de leur conduite. Dans certaines parties de l'Afrique du Nord, ils furent numériquement en tête des différentes branches de l'Église.


LesManichéens.- Tandis que les églises chrétiennes se développaient sous diverses formes, parut une nouvellereligion gnostique, le Manichéisme, qui prit un rapide essor et devint un formidable adversaire du christianisme. Mani, son fondateur, naquit en Babylonie (216). Son système dualiste était dérivé de sources persanes, chrétiennes et bouddhistes. Mani aspirait à continuer et parachever l'oeuvre commencée par Noé, Abraham, Zoroastre,Bouddha et Jésus. Il voyagea au loin, jusqu'en Chine et aux Indes, pour y propager ses doctrines, et exerça une grande influence sur quelques chefs persans, mais fut finalement crucifié. On continua cependant à révérer ses écrits, et ses disciples, nombreux à Babylone et àSamarcande, se répandirent aussi dans l'Occident, en dépit de violentes persécutions.



Table des matières

Page suivante:


10 Ante-Nicene Christian Library. Writings of Cyprian.

11 «Encyclopaedia Britannica» Article, Montanus.

12 Marcion das Evangelium vom Fremden Gott», Ad. v. Harnack.

13 The later Roman Empire, Professor J. B. Bury. Vol. 1. c. q.

 

- haut de page -