Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE PÈLERINAGE DOULOUREUX
de
L'ÉGLISE A TRAVERS LES ÂGES



 CHAPITRE PREMIER

Débuts

(29-313)

 

Le Nouveau Testament s'applique aux conditions actuelles. - Ancien et Nouveau Testaments. - L'Église de Christ et les Églises de Dieu. - Le livre des Actes fournit encore un modèle pour notre époque. - Plan de cet ouvrage rapportant des événements ultérieurs. - Pentecôte et formation d'églises. - Les synagogues. - Synagogues et églises. - La diaspora juive répand la connaissance de Dieu. - Les églises judéo-chrétiennes. - Les Juifs rejettent Christ. - La religion juive, la philosophie grecque et la puissance romaine s'opposent aux églises. - Clôture des Saintes-Écritures. - Écrits postérieurs. - Clément aux Corinthiens. - Ignace. - Derniers chaînons avec les temps du Nouveau Testament. - Baptême et Sainte-Cène. - Développement d'une classe cléricale. - Origène. - Cyprien. - Novatien. - Différentes espèces d'églises. - Montanistes. - Marcionites. - Cathares. - Novatiens. - Donatistes. - Manichéens. - Épître à Diognetus. - L'empire Romain persécute l'Église. - Constantin accorde la liberté religieuse. - Triomphe extérieur de l'Église.



1. L'Église de Christ et les églises de Dieu

Le Nouveau Testament est le digne complément de l'Ancien. Il est le Seul aboutissement possible de la loi et des prophètes. Il ne les met pas de côté, mais les enrichit, en les accomplissant et en les remplaçant. Il porte en soi le cachet d'une oeuvre achevée, car il ne traite pas des détails rudimentaires d'une époque nouvelle, ce qui entraînerait de nombreuses modifications et additions pour répondre aux besoins toujours changeants des temps; il est une révélation qui convient à tous les hommes, dans tous les âges. Jésus-Christ ne pourrait nous être mieux dépeint qu'Il ne l'est dans les quatre évangiles. Les conséquences ou doctrines découlant de Sa mort et de Sa résurrection ne sauraient nous être plus clairement enseignées qu'elles ne le sont dans les épîtres.

L'Ancien Testament rapporte la formation et l'histoire d'Israël, ce peuple par lequel Dieu se révéla au monde jusqu'à la venue de Christ. Le Nouveau Testament révèle l'Église de Christ, formée de tous ceux qui sont nés de nouveau par la foi au Fils de Dieu et qui deviennent ainsi participants de la vie divine et éternelle (Jean 3. 16).

Ce corps, soit toute l'Église de Christ, ne peut être vu et agir en un seul et même lieu, beaucoup de ses membres étant déjà avec Christ et d'autres, dispersés à travers le monde. L'Église est donc appelée à se faire connaître et à rendre un témoignage en divers lieux et à maintes époques, par le moyen des églises de Dieu. Chacune d'elles se compose des disciples du Seigneur Jésus-Christ qui, là où ils vivent, s'assemblent en Son nom. Le Seigneur leur a promis d'être au milieu d'eux et le Saint-Esprit se manifeste de diverses manières par le moyen de tous les membres (Matth. 18. 20; 1 Cor. 12. 7).

Chacune de ces églises est en relation directe avec le Seigneur, tire son autorité de Lui, étant responsable envers Lui seul (Apoc. 2 et 3). Rien dans l'Écriture ne suggère que telle église soit sous la tutelle de telle autre, ou qu'il puisse exister une fédération de toutes les églises. Elles sont cependant unies entre elles par une communion intime et personnelle (Actes 15. 36).

Leur mission principale est de répandre dans le monde entier l'Evangile ou la bonne nouvelle du Salut. Ainsi l'or;donna le Seigneur avant Son ascension, tout en promettant la puissance du Saint-Esprit pour rendre possible l'accomplissement de cette tâche (Actes 1. 8).

Le livre des Actes renferme certains événements de l'histoire des églises apostoliques, choisis de manière à fournir un modèle permanent. Tout écart a des conséquences désastreuses, et tout réveil, toute restauration ont été le résultat du retour au modèle et aux principes contenus dans l'Écriture.

Les événements ultérieurs, rapportés dans les pages de ce livre, sont tirés de différents auteurs. Ils montrent qu'il y a eu une succession ininterrompue d'églises, formées de croyants qui se sont appliqués à agir selon l'enseignement du Nouveau Testament. Cette succession ne se trouve pas nécessairement en un lieu déterminé car souvent de telles églises ont été dispersées, ou ont dégénéré, tandis que de nouvelles surgissaient ailleurs. Les Écritures présentent si clairement le modèle à imiter que de nombreuses églises, portant ce caractère, ont pu se former en divers lieux, parmi des croyants qui ignoraient qu'avant eux d'autres avaient suivi cette voie-là, ou qu'il y avait quelque part dans le monde des chrétiens qui la suivaient aussi.

Les points de contact avec l'histoire: générale, nécessaires à la compréhension de certains faits en rapport avec les églises décrites, sont soigneusement notés. Déférence est aussi faite à certains mouvements spirituels qui, sans avoir contribué à la formation d'églises du type apostolique, en ont pourtant mis d'autres en lumière aboutissant à la fondation de ces églises.


2. Église, Synagogue et philosophie païenne

Après la Pentecôte, l'Evangile se répandit rapidement. Les nombreux juifs qui en entendirent la première proclamation à Jérusalem, lors de la fête, propagèrent la bonne nouvelle dans les divers pays où ils retournèrent. Bien que le Nouveau Testament ne raconte en détail que les voyages de l'apôtre Paul, les autres apôtres firent aussi de longs voyages, prêchant et fondant des églises dans de vastes régions. Tous les croyants témoignaient pour Christ, «ceux qui avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, annonçant la bonne nouvelle de la parole» (Actes 8. 4). L'habitude de fonder partout des églises, même lorsque les disciples étaient en très petit nombre, contribua à établir l'oeuvre. En outre, chaque église ayant compris dès le début sa dépendance du Saint-Esprit et sa responsabilité envers le Christ, devint un centre d'où rayonna la Parole de vie. A l'église, récemment fondée de Thessalonique, Paul pouvait dire : «La Parole du Seigneur a retenti chez vous dans la Macédoine ... » (1 Thess. 1. 8). Tout en ne se rattachant à aucune organisation, ou fédération, les églises étaient étroitement unies entre elles. Cette relation était maintenue par les visites fréquentes de frères enseignant la Parole (Actes 15. 36). Comme les réunions se tenaient dans des maisons privées, dans des locaux provisoires ou en plein air, aucun bâtiment n'était requis (1). Cet appel de tous les membres au service, cette mobilité et cette unité non organisée, permettaient une grande diversité, qui soulignait le lien d'une vie commune en Christ, par le Saint-Esprit. Les églises furent ainsi préparées à endurer la persécution et à s'acquitter de leur mandat: proclamer sur toute la terre le message du Salut.

Ce furent d'abord les juifs qui annoncèrent l'Evangile à leurs coreligionnaires, en prêchant fréquemment dans les synagogues. La synagogue a été le moyen simple et effectif par lequel le sentiment national et l'unité religieuse du peuple juif ont été préservés à travers les siècles de la dispersion parmi les nations. La puissance de la synagogue dérive des Écritures de l'Ancien Testament, et son influence est démontrée par le fait que les juifs, depuis leur dispersion, n'ont jamais été anéantis ou absorbés par les nations. Le but que poursuit la synagogue est essentiellement la lecture des Écritures, l'enseignement de ses préceptes et la prière. Son origine remonte à des temps anciens. Au psaume 74. 4 et 8, nous lisons cette plainte. «Ces adversaires ont rugi au milieu de ton temple... Ils ont brûlé dans le pays tous les lieux saints». Lors du retour de la captivité,Esdras réorganisa les synagogues. Plus tard, la dispersion des juifs rehaussa l'importance de ces lieux de culte. Quand les Romains eurent détruit le temple de Jérusalem,centre du culte israélite, les synagogues, largement disséminées en divers lieux, devinrent un lien indestructible qui survécut à toutes les persécutions subséquentes. Au centre de toute synagogue se trouve l'arche qui renferme les Écritures, et, à côté, le pupitre d'où elles sont lues. En l'an 135, A. D. Barcochebas renouvela un des nombreux efforts qui avaient déjà été tentés pour délivrer la Judée du joug romain. Après une courte période de succès apparent, cette tentative échoua comme d'autres et fut suivie de terribles représailles. Mais si l'emploi de la force ne put lui procurer la liberté, le peuple juif fut préservé d'extinction en se réunissant autour des Écritures, centre de sa vie religieuse.

L'analogie et la relation des synagogues avec les églises sont évidentes. Jésus s'est constitué le centre de chacune des assemblées répandues dans le monde, car Il a dit «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux» (Matth. 18. 20), et Il a donné les Écritures pour servir de règle permanente aux croyants. C'est la raison pour laquelle il a été impossible de faire disparaître le témoignage chrétien. Les églises détruites dans un endroit ont réapparu ailleurs.

Les juifs de la dispersion (2) déployèrent un grand zèle pour faire connaître le vrai Dieu parmi les païens, et grâce à leur témoignage, il y eut de nombreuses conversions. Au troisième siècle av. J.-C., l'Ancien Testament avait été traduit en grec, -version dite des Septante- le grec étant alors, et fui longtemps encore, le principal moyen de communication entre peuples de langues différentes. Cette version devint un précieux auxiliaire pour faire connaître aux Gentils les Écrits de l'Ancien Testament, car les juifs en firent bon usage dans leurs relations d'affaires comme dans les synagogues. Jacques dit: «Depuis bien des générations, Moïse a dans chaque ville des gens qui le prêchent, puisqu'on le lit tous les jours desabbat dans les synagogues» (Actes 15. 21). Ces sanctuaires furent fréquentés par des Grecs et des hommes d'autres nationalités, qui souffraient des péchés et de la corruption du paganisme, dégoûtés des systèmes philosophiques païens. En entendant lire la loi et les prophètes, ils étaient amenés à la connaissance du vrai Dieu. Comme marchands, les juifs entraient en contact avec toutes les classes de la société, et ils en profitèrent grandement pour répandre la connaissance de Dieu. Un païen, en quête de la vérité, écrit qu'il avait décidé de n'adhérer à aucun des systèmes de philosophie en vogue parce qu'il avait eu la bonne fortune de rencontrer à Rome un marchand de toile juif qui, très simplement, lui avait fait connaître le seul vrai Dieu.

Dans les synagogues régnait la liberté du ministère. Jésus y enseignait habituellement: « ... selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat: il se leva pour faire la lecture» (Luc 4. 16). Quand, au cours de leur voyage, Paul etBarnabas arrivèrent àAntioche de Pisidie, ils entrèrent dans la synagogue et s'y assirent. «Après la lecture de la loi et des prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire: Hommes frères, si vous avez quelque exhortation à adresser au peuple, parlez» (Actes 13. 15).

Lorsque parut Christ, le Messie qui était le plein accomplissement de l'espérance et du témoignage de tout Israël, un grand nombre de juifs et de prosélytes crurent en Lui. Ce furent eux qui fondèrent les premières églises. Mais les chefs du peuple furent jaloux de Celui qui est la postérité promise à Abraham, le plus grand des fils de David. Irrités par la proclamation de l'Evangile, qui ouvrait aux Gentils la porte de la grâce, ils rejetèrent leur Roi et Rédempteur et persécutèrent ses disciples. Ils persévérèrent ainsi dans leur voie douloureuse, sans le Sauveur qui était venu premièrement pour eux, comme la vivante expression de l'amour de Dieu et de Sa puissance de salut envers les hommes.

Au début, l'Église fut formée surtout de Juifs convertis; les autres devinrent ses premiers adversaires. Puis elle atteignit bientôt d'autres cercles d'auditeurs, et quand les Gentils se convertirent à Christ, elle entra en conflit avec la pensée grecque et la puissance romaine. L'accusation placée sur la croix du Christ avait été écrite en hébreu, en grec et en latin (Jean 19. 20), et ce fut dans la sphère des puissances spirituelle et politique, représentée par ces langues, que l'Église eut d'abord à souffrir. Mais c'est là aussi qu'elle fit ses premières conquêtes.

La religion juive devint un danger pour l'Église, non seulement en la persécutant, mais encore, de façon plus permanente, en assujettissant les chrétiens à la loi. L'épître aux Galates nous rapporte le cri d'alarme de l'apôtre Paul en face de ce mouvement de recul. «...ce n'est pas par les oeuvres de la loi que l'homme est justifié, mais par la toi en Jésus-Christ» (Gal. 2. 16). Le livre des Actes et l'épître aux Galates démontrent nettement que le premier péril sérieux pour l'Église fut celui d'être enfermée dans les limites d'une secte juive et de perdre ainsi sa puissance et sa liberté d'apporter au monde entier la connaissance du 'salut de Dieu en Christ.

Dans sa recherche de la divinité, de l'explication du monde naturel, ou de préceptes de morale, la philosophie grecque s'empara de toutes les religions et spéculations humaines, qu'elles vinssent de la Grèce ou de Rome, d'Afrique ou d'Asie. Il en résulta une grande diversité de «connaissances» («gnosis»), un système de philosophie succédant à un autre et provoquant d'ardentes discussions. La plupart dessystèmes gnostiques, étant dérivés de sources variées, réunissaient les enseignements des païens et des juifs, et plus tard, ceux des chrétiens. Ils sondaient les « mystères » que les initiés découvraient derrière les formes extérieures des religions païennes. Ces systèmes enseignaient fréquemment l'existence de deux dieux ou principes: la Lumière et les Ténèbres, le Bien et le Mal. La matière et les choses matérielles étaient regardées comme des produits de la puissance des ténèbres et placées sous son contrôle. Ce qui était d'ordre spirituel provenait du dieu supérieur. Ces spéculations philosophiques furent à la base deplusieurs hérésies qui, dès les premiers siècles, envahirent l'Église et sont déjà réfutées dans la dernière partie du Nouveau Testament, surtout dans les écrits de Paul et de Jean.Les moyens adoptés pour combattre ces attaques et pour préserver l'unité de la doctrine affectèrent davantage l'Église que les hérésies elles-mêmes, car ils contribuèrent largement au développement du pouvoir épiscopal et de ses abus, ce qui ne tarda pas à modifier sérieusement le caractère des églises.

L'empire Romain fut graduellement amené à attaquer les églises. Il y employa toute sa puissance et toutes ses ressources, espérant écraser le christianisme.


3. Premiers Pères de l'Église et leurs écrits

Vers l'an 65 ap. J.-C., l'apôtrePierre fut mis à mort, et, quelques années plus tard, l'apôtrePaul(3).La destruction de Jérusalem par les Romains (en l'an 70)prouva qu'il n'a été donné aux églises, ni chef, ni centre visibles sur la terre. Plus tard, l'apôtre Jean termina dignement les Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament en écrivant son évangile, ses épîtres et l'Apocalypse.

Il y a une notable différence entre les écrits du Nouveau Testament et ceux des deux premiers siècles, non inclus dans lecanon des Écritures inspirées. L'infériorité de ces derniers est évidente, même en tenant compte de ce qu'ils renferment de bon. Ils expliquent les Écritures et exhortent les disciples; défendent la vérité et réfutent l'erreur. Mais ils manifestent aussi des divergences croissantes des principes divins du Nouveau Testament, divergences qui avaient déjà commencé à se manifester au temps des apôtres et s'accentuèrent très rapidement ensuite.


Clément. - Écrite durant la vie de l'apôtre Jean,la première épître de Clément aux Corinthiens donne un aperçu des églises à la fin de la période apostolique (4). Clément était un des anciens de l'église de Rome. Il avait vu les apôtres Pierre et Paul et, dans sa lettre, il mentionne leur martyre. Il débute par ces mots «L'Église de Dieu, séjournant à Rome à l'église de Dieu, séjournant à Corinthe ». Les persécutions endurées sont relatées avec l'accent paisible de la victoire. «Les femmes persécutées - écrit-il - après avoir souffert des tourments indicibles, achèvent leur carrière chrétienne avec fermeté et, bien que faibles de corps, elles reçoivent une noble récompense.» Le ton de la lettre est humble. «Nous vous écrivons - dit l'auteur - non seulement pour vous rappeler votre devoir, mais encore pour nous en souvenir nous-mêmes.» De fréquentes allusions sont faites à l'Ancien Testament et à sa valeur typique, et plusieurs citations sont tirées du Nouveau Testament. Clément place devant ses lecteurs l'espérance du retour de Christ. Il leur rappelle aussi que le salut ne dépend pas de la sagesse de nos paroles ou de nos oeuvres, mais de notre foi. Il ajoute quela justification par la foi ne doit jamais faire négliger les bonnes oeuvres. Mais déjà dans cette épître se dessine une distinction bien nette - tirée des ordonnances de l'Ancien Testament - entre le clergé et les laïques.


Ignace. - Dans le récit des adieux de l'apôtre Paul (Actes 20), il nous est dit que, de passage àMilet, Paul envoya chercher lesanciens de l'église d'Éphèse et leur parla comme étant établis par le St-Espritsurveillants de l'église. Le mot ancien est la traduction de «presbytre» et surveillant celle du moi «évêque». Tout le passage montre que ces deux termes s'appliquaient aux mêmes hommes, à la même église. Ignace (5) avait connu quelques-uns des apôtres. Cependant, écrivant quelques années après àClément, il attribue aux évêques une autorité et une prééminence inconnues dans le Nouveau Testament et même beaucoup plus accentuée que dans les écrits de Clément. En commentant Actes 20 (6), il dit que Paul fit venir d'Éphèse à Milet les évêques et les presbytres, appliquant ainsi deux noms à la même charge. Il ajoute que ces chrétiens venaient d'Éphèse «et des cités avoisinantes», jetant ainsi de la confusion sur le fait que la seule église d'Éphèse avaitplusieurs évêques ou surveillants.


Polycarpe, évêque deSmyrne, mis à mort en cette ville en l'an 156, fui l'un des derniers ayant connu personnellement quelques-uns des apôtres. Il fut instruit longuement par Jean et eut des relations intimes avec d'autres qui avaient vu le Seigneur.


Irénée occupe aussi une place dans cette chaîne de relations personnelles avec l'époque de Christ. Il fut disciple de Polycarpe et devintévêque de Lyon, en 177.

Tertullien. - La coutume de baptiser les croyants (7) en raison de la confession de leur foi au Seigneur Jésus-Christ - selon l'enseignement et l'exemple du Nouveau Testament - se maintint encore quelque temps. La première allusion définie aubaptême des petits enfants se trouve dans un écrit de Tertullien, en 197, quicondamne cet usage, récemment introduit, ainsi que celui de baptiser les morts. Ce changement avait été amené par un enseignement contraire à celui du Nouveau Testament, car, déjà au début du deuxième siècle, on enseignait larégénération baptismale. Une autre modification frappante fut celle qui fit du repas en mémoire du Seigneur et de sa mort - laSainte Cène -un acte accompli miraculeusement par un prêtre. Ces deux faux enseignements marquèrent encore davantage la distinction erronée entre le clergé et les laïques. Il se développa un système clérical placé sous la domination des évêques, soumis eux-mêmes à des «métropolites» établis sur de vastes territoires. Ainsi une organisation tout humaine, avec ses formes religieuses stéréotypées, vint supplanter dans les églises autonomes la puissance agissante du Saint-Esprit et les directions des Écritures.

Ce développement fut graduel (8) et beaucoup de chrétiens n'en furent pas influencés. Au début, aucune église n'eut la prétention de dominer sur d'autres, bien qu'il arrivât parfois à une petite congrégation de demander à une plus importante l'envoi d'«hommes choisis» pour aider au règlement de questions importantes. Il y avait de temps à autre desconférences locales d'anciens. Mais, jusqu'à la fin du deuxième siècle, ils semblent n'avoir été convoqués qu'en des occasions spéciales qui rendaient ces rencontres nécessaires. Tertullien écrivait: «La religion n'est pas appelée à imposer la religion. C'est librement, et non par force, qu'elle doit être adoptée.»


Origène, l'un des plus éminents pères de l'Église (9), par son enseignement comme par sa spiritualité, rendit un témoignage bien net au caractère spirituel de l'Église. Né en 185, àAlexandrie, de parents chrétiens, il fut un de ceux qui, dès leurs plus jeunes années, ressentent l'action du Saint-Esprit. Il fut instruit dans les Écritures d'abord par son père, le sage et pieux Léonidas. Lorsque ce dernier fut emprisonné pour sa foi, Origène, âgé alors de dix-sept ans, montra son dévouement filial en essayant de le rejoindre en prison. Il en fut empêché par un stratagème de samère, qui cacha ses vêtements. Il écrivit à son père en prison pour l'encourager à la constance. QuandLéonidas fut mis à mort et que ses biens furent confisqués, Origène devint le principal soutien de sa mère et de ses six jeunes frères. Ses capacités exceptionnelles dans l'enseignement de la Parole ne tardèrent pas à le faire connaître. Tout en se traitant lui-même avec une extrême sévérité, il montra tant de bonté aux frères persécutés qu'il eut à souffrir en conséquence. Il se réfugia quelque temps en Palestine, où, par son érudition et ses écrits, il attira l'attention des évêques, tellement qu'ils venaient en simples étudiants écouter ses exposés des Écritures. Démétrius, évêque d'Alexandrie, s'indignant de ce qu'un simple laïque, comme Origène, osât instruire des évêques, le censura et le rappela à Alexandrie, puis finit par l'excommunier (231), bien qu'Origène se fût soumis à ses ordres. Par le charme spécial de son caractère, et par la profondeur et la clarté de son enseignement, il sut gagner les coeurs d'hommes qui lui restèrent loyalement attachés et continuèrent son enseignement après sa mort. Ellesurvint en 254, suite des tortures qu'il avait endurées cinq ans auparavant, àTyr, lors des persécutions sous Décius.

Origène définissait l'Église comme réunissant tous ceux qui avaient expérimenté dans leurs vies la puissance de l'Evangile éternel. Ce sont ces croyants-là qui forment la véritable Église spirituelle, laquelle ne coïncide pas toujours avec ce que les hommes appellent Église. Son esprit ardent, spéculatif, l'entraîna au delà de ce qu'avaient pu saisir la plupart des chrétiens, en sorte qu'il fut souvent regardé comme hérétique dans son enseignement. Il distinguait cependant entre les choses qui doivent être clairement et dogmatiquement démontrées et celles qu'il ne convient d'avancer qu'avec prudence en vue d'examen. De ces dernières il disait: «De ce qu'il en est, Dieu seul en a une parfaite connaissance, ainsi que ceux qui sont Ses amis par Christ et par le Saint-Esprit.» Sa vie laborieuse fut consacrée à faire mieux comprendre les Écritures. Un de ses grands ouvrages, le «Hexapla», facilite la comparaison des diverses versions.



Table des matières

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1 «Mission und Ausbreitung des Christentums», A. v. Harnack.

2 «Das Judenthum in der vorchristlichen griechischen Welt», M. Friedländer.

3 «The Church in Rome in the First Century», George Edmundson. M. A.

4 - 5 «The Writings of the Apostolic Fathers», Vol. I of the Ante-Nicene Christian Library.(4) (5)

6 The Greek Testament, etc. Henry Alford. D. D. Dean of Canterbury. Note on Acts. 20. 17.

7 «Die Tante. Gedanken über die Urchristliche Taufe, ihre Geschichte und ihre Bedeutung für die Gegenwart». Joh. Warns.

8 Early Church History», G. Venn Bartlett, M. A.$ D. D., Lecturer on Church History at Mansfield College, R. T. S., 1925.

9 Ante-Nicene Christian Library. Writings of Origen.

 

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