ABRÉGÉ
DE LA DOCTRINE DU SALUT
V
La
rédemption. - Son histoire. (Suite)
38.
V. Pendant le temps si long dont nous venons de résumer
brièvement l'histoire, le Fils Éternel du Très Haut, Celui qui
devait opérer l'œuvre de la rédemption, s'était manifesté de
temps à autre sous une forme visible: à Abraham (1), à Agar (2), à
Jacob (3), à Moïse (4), à Josué (5), à Gédéon (6), à Manoah
(7), à Ésaïe (8), à Jérémie (9), à Ézéchiel (10), à Daniel
(11): c'est ce qu'on appelle des théophanies; mais
sa venue
sur la terre, selon les prophéties, n'eut proprement lieu que quatre
siècles environ après la clôture de l'Ancien Testament.
C'est
alors que Jésus naît de Marie , dans la famille de David, à
Bethléem, sous l'empire d'Auguste César, et dans un temps de paix
universelle. Il vient au monde revêtu d'une nature tout à fait
semblable à la nôtre, sauf le péché, ayant été formé
«par le Saint-Esprit dans le sein de la femme. C'est le second Adam
(12).
1)
Gen. XIV, 18-24; XVIII.
2)
Gen. XVI, 7-14.
3)
Gen. XXXII, 24-30.
4)
Ex. III; XXXIII. 11.
5)
Jos. V, 13; VI, 2.
6)
Jug. VI, 11-25.
7)
Jug. XIII.
8)
Ésa. VI.
9)
Jér. I.
10)
Ezéch. I, 26-II, 1-7.
11)
Dan. VII, 13, 14.
12)
1 Cor. XV, 45.
39.
Jésus donc naît dans l'humiliation. Néanmoins, la gloire du
“soleil de justice” brille dès son aurore. Les anges, les
bergers, les mages, Siméon, Anne la prophétesse, Hérode même sont
chargés de rehausser cet humble avènement du Fils de Dieu (1).
40.
Oint du Saint-Esprit à son baptême (1), il est bientôt
tenté
par l'Adversaire, appelé Satan ou le Diable, comme le fut le premier
Adam; mais il sort victorieux de cette lutte (2).
C'est
ainsi qu'il commence à relever en sa personne l'humanité déchue et
à manifester la gloire de Dieu.
41.
Puis il va de lieu en lieu expliquant les Écritures et s'en faisant
l'application (1), pardonnant les péchés (2), guérissant des
malades (3), chassant les démons (4), rendant la vie à des morts
(5), multipliant le pain à la multitude affamée (6), parlant aux
ennemis de Dieu comme il convenait à Celui qui, venu une première
fois pour sauver les élus, doit revenir un jour pour juger le monde
(7).
1)
Luc IV, 16-21; XXIV, 5-27.
2)
Luc V, 20; VII, 48, 50.
3)
Math. IV, 24.
4)
Luc XIII, 32.
5)
Jean XI, 43.
6)
Jean VI, 10-13.
7)
Math. XXIII, 24.
42.
VI. Satan , furieux à l'approche de l'heure pour laquelle Christ
est venu (1), ligue les siens contre ce second Adam qu'il n'a pu
vaincre et qui est son Seigneur. Celui-ci, trahi par Judas (2),
faussement accusé par les pharisiens, condamné par l'inique
Sanhédrin, lâchement abandonné par Pilate, insulté par Hérode et
par la populace de Jérusalem, délaissé de presque tous ses
disciples, est enfin cloué sur une croix infâme, où il donne sa
vie pour des pécheurs; c'est-à-dire à cause d'eux, à leur place
et en leur faveur (3).
43.
L'humiliation et les souffrances du Rédempteur avaient commencé dès
sa naissance; mais elles atteignirent leur plus haut point dans le
jardin de Gethsémané et lorsqu'il fut près d'expirer sur la croix.
Souffrances mystérieuses et indicibles (1). Cependant, même à
cette heure lugubre, Jésus-Christ demeure évidemment l'homme comme
il n'y en eut point, le Fils de Dieu. Une foule de prophéties ont
leur accomplissement; d'éclatants témoignages sont donnés à son
infinie grandeur (2).
44.
Après que son corps eût été déposé dans la terre (1) et réduit
à l'état des morts (ce qu'on a voulu exprimer par ces mots du
Symbole dit des Apôtres: “Il est descendu aux enfers”), il
reprit la vie selon les anciens oracles et comme il l'avait annoncé
lui-même. Puis il monta au Ciel, où il vit maintenant dans la
gloire du Père (2), intercédant pour les pécheurs (3) et donnant
aux siens le Saint-Esprit (4).
45.
VII. Pendant son ministère, le Rédempteur s'était fait habituellement
accompagner de quelques hommes qu'il avait nommés apôtres ou
envoyés. Ce fut eux qu'il chargea d'annoncer la bonne nouvelle ou
l'Évangile à toutes les nations (1)
Ces
prophètes de la nouvelle alliance, animés de l'Esprit de Christ,
ainsi que l'avait été leurs prédécesseurs (2) et revêtus de
pouvoirs miraculeux, sont méprisés, haïs, persécutés jusqu'à la
mort par le monde (3): ils n'en deviennent pas moins, au milieu du
monde, les fondateurs d'un peuple nouveau, continuation de l`ancien
peuple, au point de vue spirituel.
Jésus
leur avait prédit toutes ces choses (4).
46.
Ce peuple nouveau, composé de tous ceux qui embrassaient la doctrine
du salut (1), tant païens que Juifs (2), fut, dès l'entrée,
désigné sous le nom d'Église (3), expression qui
renferme
les trois sens réunis de convocation, d'assemblée
et
de société. Ceux qui répondaient à la convocation
ou aux
appels de la parole, étaient baptisés; c'est-à-dire ou lavés dans
l'eau, ou plongés dans l'eau, pour le nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit (4), ou en vue du Dieu ineffable révélé par
l'Évangile. Puis ils se réunissaient fréquemment
afln de
s'édifier en commun et de rompre le pain , répétant ainsi la
dernière cène, ou le dernier souper du Seigneur, en mémoire de ses
souffrances expiatoires (4). C'est ce qui avait lieu surtout le
premier jour de la semaine, jour où le Seigneur est ressuscité (5).
Enfin, pour que tout se fît avec ordre, il y avait, dans les
églises, divers ministères et certains modes d'administration,
selon qu'il était convenable à une société de cette nature.
47.
VIII. L'Église ayant, par ses progrès mêmes, attiré dans
son sein un monde qu'elle ne sut pas repousser par les moyens
spirituels dont elle dispose, ne tarda pas à rencontrer la
corruption qui lui avait été prédite (1). Le mal devint tel qu'il
ne fut plus possible de reconnaître l'Église dans la société qui
se donnait exclusivement ce titre. Alors se fit une Réformation, au
XVe siècle. On revint à la Bible, et l'on posa de nouveau comme
doctrine fondamentale, le salut gratuit et la justification du
pécheur par la foi.
48.
Mais s'il a été donné à nos réformateurs de remettre en lumière
les dogmes du salut méconnus ou défigurés, ils ont, à beaucoup
d'égards, laissé l'Église dans une condition qui lui rend souvent
impossible sa tâche au milieu du monde et le rassemblement des élus
de Dieu. Cependant le Seigneur est avec son peuple, et il amène
l'accomplissement de chaque chose en son temps. Déjà nous voyons la
Parole de sa grâce se répandre avec rapidité sur toute la face de
la terre; les fidèles se rattachent de plus en plus à Jésus-Christ
comme à leur seul chef, et quant au résultat final, ils portent
leurs regards avec espérance sur le glorieux avenir promis au peuple
chrétien, comme achèvement de la rédemption (1).
49.
Pour conclure, il faut noter que, si l'œuvre générale, de la
Rédemption, commencée il y a tant de siècles, poursuivie lentement
par le Dieu éternel, n'est, dans un certain sens, pas encore arrivée
à son terme; cette œuvre, pour ce qui tient au salut de chaque
fidèle, est non seulement complète depuis que Jésus est mort sur
la croix et qu'il est ressuscité, mais qu'elle l'était déjà, dans
le conseil de Dieu, avant que l'homme fût créé. Si bien que,
depuis Abel le juste,
tout pécheur qui a reçu dans son cœur la promesse de rédemption
faite au premier homme, qu’il appartînt au peuple de l'alliance
comme David ou qu’il fût étranger comme Job, a obtenu de Dieu une
pleine délivrance par le sang de Christ; ou, ce qui
est la
même chose, le salut éternel de son âme, et aussi la rédemption
de son corps.
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