LE SOIR DE
LA VIE
OU
PENSÉES
POUR LES VIEILLARDS
LES BORDS DE LA RIVIÈRE.
« Je vis qu'entre les pèlerins
et la porte de la ville, il y avait une
rivière ; mais il n'y avait pas de pont
pour la traverser et elle était profonde.
Les pèlerins furent consternés
à la vue de cette rivière, mais les
hommes qui étaient avec eux leur
dirent : « II faut la traverser
où vous n'arriverez pas à la porte de
la ville. » Les pèlerins
demandèrent s'il n'y avait pas d'autre moyen
d'atteindre cette porte ? Les hommes
répondirent : « Oui ;
mais il n'a été permis à
personne, depuis la fondation du monde, sauf
à Énoch et à Élie, de
passer par cet autre chemin, et il ne le sera plus
jusqu'à ce que la dernière trompette
sonne. » Les pèlerins, très
abattus et découragés, regardaient
tantôt d'un côté, tantôt
de l'autre, mais ils ne virent aucun moyen
d'échapper à la
rivière. »
(1)
Ah ! quelle est vraie et touchante, cette
description des émotions que le
pèlerin chrétien éprouve
souvent lorsqu'il se trouve sur les bords de la
rivière. Il craint d'entrer dans ces eaux
noires et profondes ; il recule devant ce
passage étrange et peut être orageux
qu'il faut faire pour entrer dans
l'éternité. Oh ! s'il pouvait
pénétrer dans la cité
céleste sans passer par la rivière de
la mort.
Cela ne se peut pas. Lorsque l'heure du
départ arrivera, il faudra entrer dans ces
eaux froides, malgré les terreurs qu'elles
inspirent. Il n'est permis à personne de
dédaigner cet appel, ni de choisir un autre
mode de passage : il est ordonné aux
hommes de mourir une seule fois
(Hébr. IX, 27).
Mais pourquoi les chrétiens auraient-ils
peur ? Cette dernière phase de notre
nature humaine est mystérieuse et solennelle
sans aucun doute, même pour l'enfant de
Dieu ; mais n'est-il pas assuré qu'un
Sauveur, aussi sage que bon, le protégera au
milieu des dangers, et le conduira en
sûreté ; quel mal pourrait-il
donc craindre si Christ est avec lui ?
Mon cher lecteur, en contemplant cette
rivière qui coule entre vous et la terre
promise, votre esprit est-il rempli de crainte et
d'appréhension ? ne serait-ce pas parce
que vous ne voyez que la mort seulement ? vous
ne regardez pas en même temps, par la foi,
à votre Sauveur ; vous avez l'air de
croire que seul et sans secours
vous aurez à lutter contre les flots, et
vous ne vous rappelez plus cette promesse :
Quand tu passeras par les eaux, je serai avec
toi, et quand tu passeras par les fleuves, ils ne
te noieront point
(Esaïe XLIII, 2).
Ah ! celui qui s'est emparé de cette
douce assurance, peut en toute
sécurité fermer les yeux, et
s'abandonner complètement à la
disposition de Celui qui est amour,
fidélité, sagesse infinie !
Votre nature frémit-elle à la
pensée des souffrances physiques qui
accompagneront peut-être votre
dernière lutte ? Il est vrai que les
douleurs de la mort sont quelquefois si terribles,
qu'elles causent une angoisse indicible ; mais
dans la plupart des cas, les derniers moments de la
vie sont doux et paisibles !
Combien n'en avons-nous pas vus passer de ce monde
à l'éternité, comme un enfant
qui s'endort sur le sein de sa
mère !
Mais s'il devait en être autrement, si
l'heure de votre départ devait être
marquée par d'extrêmes souffrances, la
manière dont vous délogerez, aussi
bien, que le moment, n'a-t-elle pas
été arrêtée par votre
Père céleste ? et permettra-t-il
que vous soyez éprouvé au-delà
de ce que vous pouvez supporter ?
Il vous connaît, il sait que vous
n'êtes que poudre, et il éprouve le
tendre amour d'un père pour ceux qui le
craignent ; vous pouvez être certain que
les épreuves que son
amour juge bon de vous
dispenser, soit dans la vie, soit dans la mort,
sont nécessaires, et qu'il vous aidera
à les traverser. Et si votre force est
proportionnée à votre fardeau, cela,
ne revient-il pas au même que si votre
fardeau était enlevé ?
Écoutez le témoignage d'un
fidèle ministre du Seigneur, qui, au milieu
de douleurs intenses, savait cependant se
réjouir. « J'ai souffert,
disait-il, j'ai souffert, sans exagération,
vingt fois autant que si j'eusse été
sur un bûcher ; mais ma joie en Dieu
abondait tellement que non seulement mes
souffrances étaient tolérables, mais
encore les bienvenues. Les souffrances du temps
présent ne sont pas à comparer avec
la gloire qui est à venir. Dieu est mon
tout.
Tant qu'il sera avec moi, rien absolument ne pourra
diminuer mon bonheur, et le monde entier serait
à mes pieds, essayant de me donner des
consolations, qu'il n'en ajouterait pas une goutte
à celles dont ma coupe est remplie. La mort
s'approche toutes les nuits, et se tient à
mon chevet sous la forme de convulsions terribles,
mes os mêmes sont comme disloqués par
la douleur ; mais tandis que mon corps est
torturé, mon âme est parfaitement
paisible et heureuse, plus heureuse que je ne puis
l'exprimer. »
Nous pourrions facilement multiplier des
témoignages semblables à celui-ci,
témoignages de la fidélité de
Dieu, qui, dans bien des cas, a
tellement soutenu et
élevé l'âme du chrétien
au-dessus de la souffrance physique, que
jusqu'à un certain point, il ne la sentait
plus et ne s'en inquiétait plus. Le Seigneur
ne pourrait-il pas agir de même envers vous,
mon cher lecteur ? Sa grâce ne peut-elle
pas suffire pour vous comme pour d'autres ?
Oh ! confiez-vous en Lui, reposez-vous avec
confiance sur ses promesses ; et croyez qu'au
moment de la mort il vous donnera du secours dans
la mesure où il vous sera
nécessaire.
Mais ne vous estimez pas prêt à passer
par cette heure parce que vous vous sentez
maintenant plein de force et de consolation, ne
vous appuyez uniquement que sur l'engagement
solennel que Christ a pris de ne jamais vous
abandonner. Il est maintenant avec vous, pour vous
aider à le glorifier par votre vie ;
quand la mort viendra, il sera encore avec vous, et
vous aidera à le glorifier par votre
mort.
Les grâces qui vous seront indispensables
alors, ne vous seront accordées que pour ce
moment-là. Attendez-les avec foi.
« La mort est lugubre, disait
l'évêque Cowper à ses amis qui
l'entouraient en pleurant, et les flots du
Jourdain, qui coule entre nous et la terre de
Canaan, sont bien rapides, mais ils
s'arrêtent dès que l'arche
paraît. »
Mais il se peut encore que la mort vous trouble en
pensant à la séparation
inévitable qui doit
s'opérer entre
l'âme et le corps. Vous redoutez cette
nouvelle existence dont vous ne connaissez
rien ; ce n'est pas ce que vous savez, mais ce
que vous ignorez de la vie future qui cause votre
angoisse. Si quelqu'un pouvait revenir du monde
invisible, et vous dire exactement ce qu'il a
éprouvé au moment où il a
quitté la terre, vous décrire toutes
les sensations par lesquelles il a passé
lorsque son âme s'est dégagée
de son corps, il vous semble, n'est-ce pas, que
vous seriez soulagé d'un grand
poids ?
C'est l'incertitude, le vague, le mystère,
là, devant vous, à cette distance
terrible qui vous fait trembler. Comme un enfant
dans l'obscurité, vous avez peur, parce que
vous ne pouvez rien voir. Les objets imaginaires
qui vous remplissent de crainte, qui vous font
trembler, disparaîtraient s'il y avait assez
de lumière pour vous révéler
le véritable état des choses.
Pourquoi donc, demanderez-vous, cette
lumière n'existe-t-elle pas ? Dieu
n'aurait-il pas pu nous révéler dans
sa Parole la nature de notre existence future, et
la manière dont nous y arriverons ? Il
a certainement prévu l'angoisse et
l'inquiétude qui résulteraient de
notre ignorance, et cependant il n'a pas
cherché à calmer nos craintes par une
révélation plus claire et plus
complète de notre état futur.
Pourquoi cela ?
Le silence de Dieu sur ce point est une
réponse suffisante, et nous pouvons
être certains que,
puisqu'il est amour, la connaissance qu'il nous
refuse, ne nous est ni nécessaire, ni
désirable. Il est probable que dans
l'état actuel de notre vie, nous ne saurions
comprendre que ce qu'il nous a déjà
dit d'un autre monde, et que l'éclat de la
lumière que nous désirons, si elle
nous avait été accordée, nous
aurait aveuglés et non
éclairés.
Notre nature est maintenant dans un état
d'enfance, nous ne savons pas ce qui nous vaut le
mieux ; mais notre Maître le sait et il
agit en conséquence. Il nous en a dit assez
pour éveiller notre curiosité, pour
exciter nos désirs, pour faire naître
l'espérance, pour nous encourager à
la confiance dans l'attente ; il faut attendre
la fin.
Dieu nous appelle à l'honorer, dans tous les
temps et sous toutes les circonstances, par notre
foi en sa sagesse et sa bonté. C'est comme
s'il nous permettait de donner au monde entier une
preuve de la fermeté de notre confiance en
Lui, que de montrer que nous ne craignons rien,
même quand il nous ordonne de mourir.
Oh ! ne prouverons-nous pas volontiers, en
nous abandonnant à Lui, sans la moindre
crainte à l'heure de la mort, que notre foi
en son amour est inébranlable ?
Le chemin devant nous est sombre et
mystérieux, mais nous le suivrons d'un coeur
tranquille partout où il nous
conduira ! Et avec quelle tendresse, quelle
douceur ne nous conduira-t-il pas ! Cette mort
que nous redoutions si fort,
sera peut-être un doux sommeil sans
douleur ; nous nous endormirons paisiblement
en Jésus, et le soleil de
l'éternité brillera pour nous, comme
les doux rayons du matin, qui maintenant
réjouissent nos yeux lorsque nous nous
réveillons.
Il y a, il est vrai, quelque chose d'étrange
et d'inexplicable dans l'idée de notre
existence sans un corps ; il nous semble qu'un
esprit dégagé de son enveloppe doit,
au premier moment, éprouver un sentiment
d'abandon. Mais c'est une erreur de supposer que
l'âme doit au corps sa défense contre
les maux qui peuvent l'atteindre, de la même
façon que le corps est protégé
par les habits qui le couvrent. C'est le contraire
même qui est vrai.
L'âme est exposée ici-bas à
bien plus de périls et de dangers par son
union avec un corps mortel ; par sa
séparation, elle sera libérée
de tout ce qu'elle a à redouter.
Les opérations, les conceptions de
l'âme libre seront sans aucun doute bien plus
parfaites, plus indépendantes, plus vraies
qu'elles ne peuvent l'être maintenant,
sujette comme elle l'est à tant d'entraves
et d'interruptions par son association à une
nature animale. Cela nous paraît
évident par le fait que même à
présent nous sentons notre âme dans
une meilleure disposition pour
réfléchir et penser lorsqu'elle est
moins préoccupée du corps.
Combien alors, sera rapide, sera clair et
vigoureux le flot de ses
pensées, lorsque rien d'extérieur ne
viendra en arrêter le cours.
Cependant la crainte de la mort peut encore
procéder d'autres causes ; elle peut
venir de ce que nous ne nous sentons pas sûrs
de notre bonheur éternel ; nous nous
demandons quelquefois s'il est vrai que nos noms
soient écrits dans le livre de vie de
l'Agneau ; si nous avons quelque gage qui nous
permette de compter avec certitude que. nous aurons
part aux joies à venir ; il nous semble
parfois que jamais nous n'aurons le courage de
rencontrer notre Juge face à face, et nous
voudrions retarder le moment où notre
destinée éternelle sera
fixée.
Si nous étions parfaitement sûrs qu'il
y a une place préparée pour nous
là haut, et qu'une couronne de gloire nous
attend au ciel ; oh ! nous passerions
plus volontiers par la rivière de la mort,
quand bien même ses eaux sont profondes et
agitées par la tempête. Mais comment
en être sûr ?
Que dit l'Écriture ? Il n'y a
maintenant point de condamnation pour ceux qui sont
en Jésus-Christ ; Celui qui croit au
Fils a la vie éternelle. Je suis le pain de
vie qui est descendu du ciel ; celui qui mange
de ce pain vivra à toujours. Mes brebis
entendent ma voix, je les connais, elles me
connaissent et elles me suivent, et je leur donne
la vie éternelle, elles ne périront
jamais. Je reviendrai, je vous
prendrai avec moi, afin que
là où je suis, vous y soyez
aussi.
Mais quelque précieuses que soient ces
assertions, elles ne soulagent pas
complètement nos coeurs oppressés.
Nous ne doutons pas que les vrais fidèles ne
soient sauvés pour l'éternité,
mais nous craignons de n'être pas du nombre.
Nous l'espérons, tout en nous disant qu'il
est si facile de se tromper soi-même, que
nous pourrions être dans l'erreur, et qu'il
serait affreux de nous réveiller dans
l'éternité, et de nous voir exclus
des bénédictions accordées aux
rachetés, sans aucune possibilité de
changer notre sort ; ce que nous serons alors,
nous le serons pour toujours.
Notre crainte de la mort, ou plutôt des
conséquences de la mort, a sa source dans la
faiblesse de notre foi, ou dans une
compréhension très imparfaite de
l'Évangile de Jésus-Christ.
Cette crainte ne peut disparaître que par une
foi plus forte, ou par une vue plus claire et plus
nette de la vérité. Il ne nous reste
donc qu'à étudier cette parole que
Dieu nous a donnée, et à lui demander
pour cela l'assistance de son Saint-Esprit, afin
que nous puissions comprendre et nous appliquer
cette vérité consolante et
encourageante : c'est que Christ est tout,
et en tous, et qu'en lui nous avons toutes
choses.
Laissons de côté les
raisonnements, les préjugés,
l'incrédulité de nos coeurs naturels,
et recevons avec
simplicité et
reconnaissance les promesses que notre Sauveur nous
a faites. En connaissant mieux ce Sauveur adorable,
en comprenant plus parfaitement le plan de son
expiation et de son sacrifice suffisant, nos
craintes et nos fâcheuses prévisions
pour l'avenir s'effaceront graduellement, comme les
ténèbres de la nuit se dissipent
devant le soleil du matin, et le Dieu de toute
espérance nous remplira de paix et de joie
par la foi.
L'effroi avec lequel nous envisageons le changement
solennel que cause la mort, sera certainement
mitigé si nous la considérons dans
son véritable caractère,
c'est-à-dire, comme une continuation de
notre état actuel, plutôt que comme le
commencement d'un nouveau système de
vie.
Le ciel et l'enfer ne sont pas tant la
récompense (nous employons ce mot dans son
sens scripturaire) de notre vie passée,
qu'ils n'en sont la suite nécessaire.
Ce qui constituera notre bonheur ou notre malheur,
ce sera ce que nous serons et non où nous
serons ; par conséquent si nous avons
à présent le sentiment intime que
nous aimons le Sauveur et que nous nous confions en
lui, que nous le suivons dans les voies de la
sainteté, ou même que, le
désirant de tout notre coeur, nous nous
efforçons de le faire, n'est-il pas
évident que nous avons en nous-mêmes
le germe du véritable bonheur,
c'est-à-dire, un coeur touché par
l'amour de Christ et qui languit
d'être rendu conforme à sa
ressemblance ? Comment alors pourrions-nous
être malheureux pour toujours ? C'est
impossible ! non seulement parce que Dieu ne
peut manquer à sa parole, ni condamner ceux
qui ont mis tout leur espoir en son Fils, mais
parce que les éléments de la paix et
du bonheur éternel nous appartiennent
déjà. Celui qui croit au Fils
A, et non pas Aura, la vie
éternelle.
Méditez cette déclaration, mon
cher lecteur, et tirez-en la consolation qu'elle
est destinée à donner à tous
ceux qui ont placé leur confiance dans
l'expiation de Jésus-Christ.
Mais en voyant approcher l'heure de la mort, un
coeur tendre et aimant peut éprouver un
grand trouble à la perspective de se
séparer de parents et d'amis
bien-aimés. Peut-être en est-il
quelques-uns pour qui nous sommes un soutient et
une consolation ; qui ont eu l'habitude de
s'appuyer sur nous pendant le fatigant voyage de la
vie, et de chercher auprès de nous des
conseils et de la sympathie ; comment
pourront-ils se passer de nous ? comment les
laisser en proie à la lutte, isolés
et malheureux ?
Il en est d'autres encore dont le salut nous
préoccupe douloureusement et dont les fautes
nous ont fait verser des larmes
amères ; comment leur dire adieu, et
peut-être adieu pour toujours ?
Ah ! quelle sera poignante l'angoisse de notre
dernière heure, en
pensant qu'ils ne sont pas encore
régénérés, pas encore
sauvés, et que nous n'emportons pas
l'espérance de les revoir une fois.
Ah ! qu'elles sont douloureuses les
séparations que la mort impose ! qu'il
est difficile de briser, pour quelques
années seulement, les liens qui nous
unissent étroitement aux êtres
chéris qui nous entourent ! Bien des
chrétiens, et même des
chrétiens âgés - car la
vieillesse n'éteint pas l'ardeur des
affections - sympathisent avec le désir
touchant exprimé par un jeune disciple du
Seigneur : « - Oh ! Maman, je
voudrais que nous mourions tous, pour aller au ciel
tous ensemble ! »
Pourquoi donc ne vous arrêtez-vous qu'au
côté sombre du tableau ? il se
peut qu'il ne vous concerne jamais. Votre
père céleste, dans sa compassion pour
votre faiblesse, peut vous épargner
l'affliction que vous redoutez ; ou s'il ne le
juge pas bon, si dans vos derniers moments, vous
avez la conscience que vous vous séparez de
ceux que vous aimez, Dieu vous fortifiera et vous
encouragera de telle sorte que vous pourrez
à cette heure suprême, remettre les
objets de votre affection à sa protection et
à sa direction miséricordieuse.
Vous sentirez que Celui qui a veillé sur
vous pendant tant d'années dans le
désert et qui vous a conduit en
sûreté au milieu des dangers, peut en
faire autant pour ceux que vous
laissez en arrière ; que s'il vous a
enseigné à prier avec tant de
zèle et de persévérance pour
leur bonheur spirituel, il ne permettra pas que vos
prières ne soient pas exaucées, bien
qu'il vous rappelle à lui avant que vous
ayez vu leur accomplissement, mais plus tard vous
réaliserez votre réunion avec ceux
que vous aimez. La mort ne vous séparera pas
longtemps ; ils passeront, comme tout passe
ici-bas, avec la rapidité de
l'éclair, et vous les retrouverez pour ne
plus les quitter.
Mon cher lecteur, vous êtes maintenant sur
les bords de la rivière ; ne craignez
pas, croyez seulement. Rappelez-vous qu'une des
raisons pour lesquelles Jésus a
été manifesté en chair, a
été de dissiper cette sombre
tristesse qui s'empare de notre âme lorsque
nous contemplons les eaux ténébreuses
de la mort. Puis donc que les enfants
participent à la chair et au sang, lui aussi
de même a participé aux mêmes
choses, afin que par la mort il
détruisît celui qui avait l'empire de
la mort, c'est à savoir le diable ; et
qu'il en délivrât tous ceux qui, par
la crainte de la mort, étaient assujettis
toute leur vie à la servitude
(Hebr. II, 14, 15).
Cherchez donc à être
délivré de la crainte qui vous
obsède et comptez sur cette
délivrance. Christ n'a pas souffert en
vain ; tous les buts qu'il voulait atteindre
par sa mort, il les a atteints ; il veut que
les siens participent dès
à présent à
son triomphe, et souscrivent sans attendre un
instant à cette exclamation de
l'apôtre : Grâces soient
rendues à Dieu qui nous a donné la
victoire par notre Seigneur
Jésus-Christ.
En Jésus je mourrai sans
crainte,
Il est mon Sauveur et mon Dieu.
Dès qu'en son sang ma robe est teinte,
J'aurai l'entrée en son saint lieu.
La mort n'a donc plus rien d'affreux ;
En Jésus on meurt bienheureux.
Vous est-il donné de posséder
cette foi ferme, cette assurance
inébranlable qui élève
l'âme au-dessus de la crainte de la
mort ? Pouvez-vous dire d'un coeur
tranquille : Le temps de mon départ
est proche ; j'ai combattu le bon combat, j'ai
achevé la course, j'ai gardé la
foi ; la couronne de justice m'est
réservée, et le Seigneur, juste juge,
me la rendra en cette journée-là
(2 Tim. IV, 6, 8).
Bénissez votre Sauveur pour cette glorieuse
espérance ; cette espérance qui
est pour l'âme une ancre ferme et solide.
C'est parce qu'il a aboli la mort, et que la vie et
l'immortalité brillent à travers
l'Évangile, que vous êtes capable de
penser avec calme, à votre lutte avec le
dernier ennemi et que vous pouvez vous
écrier en triomphe : « O
mort, où est ton aiguillon ? O
sépulcre, où est ta
victoire ? » Vous pouvez
certainement vous réjouir
de ce que votre vie est cachée avec Christ
en Dieu, et de ce que vous êtes sauvé
pour toujours. En sécurité,
malgré les infirmités et les maux de
la vieillesse ; en sécurité au
milieu des eaux gonflées du Jourdain ;
en sécurité lorsque vous serez devant
le trône du jugement ; et enfin en
sûreté pendant toute
l'éternité.
Rien sur la terre, ni dans l'enfer, ne peut vous
séparer de l'amour de Dieu qui est en
Jésus-Christ, ou vous arracher de
l'étreinte de votre Sauveur. Il vous
soutient et vous console maintenant que vous
êtes arrivé au soir de votre vie, et
c'est appuyé sur son bras que vous
descendrez à la rivière ; mais
vous n'y verrez aucune vague ; ses eaux
claires reflétant la lumière du ciel,
vous engageront à traverser. Ses pieds
toucheront le courant de l'eau, et tout
aussitôt il se fera un chemin où les
rachetés passeront. « Bienheureux
sont ceux qui meurent au Seigneur. - La mort des
bien-aimés de l'Éternel est
précieuse devant ses yeux. »
Mais jusqu'ici nos réflexions sur la
rivière de la mort ne se sont
adressées qu'à de vrais
chrétiens ; êtes-vous de ce
nombre, mon cher lecteur ?
Si vous ne l'êtes pas, vous n'avez pas le
droit de vous approprier les consolations qui leur
appartiennent, et qui ne sont que pour eux. Il n'y
a pas de spectacle plus triste que celui d'un
vieillard aux portes du tombeau, sur les confins de
l'éternité, dont le
coeur n'est ni renouvelé,
ni sanctifié ; qui n'éprouve
aucune terreur de l'avenir et qui s'attend à
goûter toutes les joies du ciel. Que Dieu
nous préserve de tomber dans une erreur si
terrible ! Ne vous y trompez pas, on ne se
moque pas de Dieu, car ce que l'homme aura
semé, il le moissonnera aussi
(Gal. VI, 7).
Une vie d'insouciance, de mondanité, de
propre justice, ne peut pas nous préparer ci
une vie de gloire. - « A moins qu'un
homme ne soit né de nouveau, il ne verra pas
le royaume de Dieu. » - « Celui
qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais
la colère de Dieu demeure sur
lui. » - Sans la sanctification, personne
ne verra le Seigneur.
Le changement du coeur, la foi en Christ, les
fruits de la sainteté, sont autant
d'avant-coureurs du bonheur éternel, et ils
en sont comme les gages ; les connaissez-vous
par expérience ?
Examinez-vous vous-même pour voir si vous
êtes dans la foi, ou si vous avez le nom de
la vie, tandis qu'au fond vous êtes mort.
N'éprouver aucune crainte, plus encore,
être rempli de joie, en vous approchant de la
mort et de l'éternité, ne sont pas
par elles-mêmes des preuves que vous
êtes sauvé. Il se peut que ce soit le
calme trompeur qui précède la
tempête, le sommeil qui nous gagne sur les
bords du précipice.
Ignorance ne trembla pas quand il arriva sur
les bords de la rivière, il se
prépara même à la
traverser ; il parvint de
l'autre côté avec moins de
difficulté que Chrétien ;
Espérance Vaine l'avait aidé de
son bateau ; mais à peine
débarqué, le Roi commanda à
ses serviteurs de le lier pieds et mains et de le
jeter dans les ténèbres du dehors
(2). »
Si ceci doit servir d'avertissement au
présomptueux et au vaniteux, cela ne doit
pas décourager le pécheur
réveillé, qui sent que la vie lui
échappe et qu'il n'a pas encore
trouvé de place sûre pour poser son
pied.
Le langage de l'Évangile est un langage de
paix pour tous ceux qui désirent
réellement échapper aux dangers et
à l'empire du péché :
Venez à moi, dit le Sauveur, vous
tous qui êtes travaillés et
chargés, et je vous donnerai le repos de vos
âmes. Il n'est jamais trop tard pour se
tourner vers lui, et chercher son pardon au pied de
la croix.
Dans ses promesses de salut, Dieu ne tient
aucunement compte du temps ; car toutes les
fois qu'un pécheur se repent, le Seigneur
promet de ne plus se rappeler ses
péchés ; il le fait aussi sans
acception de péchés, car Le sang
de Christ nous purifie de tout péché,
et tout péché et tout
blasphème sera pardonné aux
hommes.
Il le fait encore sans acception de personnes.
Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera
sauvé ; et quiconque veut de
l'eau vive en prenne librement. - Je ne
mettrai point dehors celui qui viendra à
moi.
Mon cher lecteur, voici
l'Agneau de Dieu qui ôte les
péchés dit monde. Regardez
à lui et soyez sauvé. Sans cela,
comment traverserez-vous les eaux du
Jourdain ? Sans cela, comment pourrez-vous
subsister devant le tribunal de Christ ?
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