LE SOIR DE
LA VIE
OU
PENSÉES
POUR LES VIEILLARDS
PAROLES DITES À PROPOS.
Ne me rejette point au temps de ma
vieillesse ; ne m'abandonne point maintenant
que ma force est consumée
(Ps. LXXI, 9).
Vous sentez, mon cher lecteur, que vous
dépendez entièrement de Dieu, que
c'est lui qui vous soutient et vous aide. S'il vous
abandonnait, s'il vous rejetait, vous seriez sans
ressource et sans espérance. Mais vous
êtes heureux de penser que cela n'arrivera
jamais. Vous savez qu'il ne vous laissera pas
porter à vous seul le poids de vos
infirmités et de vos épreuves, et que
jamais ne se relâchera l'étreinte par
laquelle il vous enveloppe dans son amour.
Votre prière sera donc l'expression de la
confiance plutôt que de la crainte ;
vous lui demanderez ce qu'il a promis, et ce que
vous êtes certain qu'il accordera, la
continuation de son secours
miséricordieux.
Dans la jeunesse, dans les jours de la
santé, il se peut que
vous ayez découvert que sans lui vous
étiez faible et misérable, et
maintenant que vous avez atteint un âge
avancé, que les forces vous manquent, vous
sentez plus profondément encore à
quel point son secours vous est indispensable. Eh
bien ! demandez et vous recevrez ;
rejetez votre fardeau sur lui, jetez-vous
vous-même dans ses bras, et il vous
soutiendra. Ne craignez rien, car il est avec
vous ; ne soyez pas étonné, car
il est votre Dieu ; il vous fortifier, il vous
aidera, et même il vous maintiendra par la
droite de sa justice, a dit Esaïe.
Quand tu frappes, Seigneur !
quand ta main me châtie,
Fais que je sois soumis à tes coups
douloureux ;
Et quand mon coeur brisé sous la croix
s'humilie,
Que ton regard d'amour veille sur moi des
cieux.
Puis, quand l'affliction, par ta grâce
bénie,
Aura porté des fruits de justice et de
paix,
Qu'au séjour du bonheur mon âme
recueillie,
Puissant et doux Sauveur ! te contemple
à jamais.
O Dieu ! tu m'as enseigné
dès ma jeunesse, et j'ai annoncé
jusqu'à présent tes merveilles ;
- même jusqu'à la vieillesse
toute blanche ; - O Dieu ne m'abandonne
point
(Ps. LXXI, 17,
18).
Tu m'as enseigné dès ma
jeunesse ! qu'il est encourageant en regardant
en arrière de reconnaître dès
le commencement de notre vie, la bonté de
Dieu dans toutes ses phases ! Il a
été notre Guide, notre Instituteur,
notre Père ! Il nous a retenus sur la
route du mal, conseillés dans les
difficultés, dirigés lorsque nous
étions indécis,
protégés dans le danger. Tout ce que
nous connaissons de sa nature, de sa
volonté, de nous-mêmes, de l'avenir,
c'est lui qui nous l'a
révélé.
Combien son enseignement a été sage,
graduel et doux ; avec quelle patience il a
supporté notre ignorance, nos oublis ;
avec quelle tendresse il nous a enseigné ses
leçons les plus difficiles. Et quoique nous
ayons été des écoliers
stupides et inattentifs, quoique nous n'ayons pas
profité comme nous l'aurions pu de ses
divines leçons, nous savons cependant que si
nous sommes disciples de Christ, ce que nous avons
appris de lui, suffit pour donner du repos à
nos âmes. Nous avons appris à compter
sur sa force, sur sa fidélité,
à nous confier en sa justice.
« Et j'ai annoncé jusqu'à
présent tes merveilles. »
Reconnaissant des faveurs qu'il nous a
accordées, nous nous sommes efforcés
de vivre à sa louange, et de montrer sa
gloire. Nous nous sommes proposé pour but de
communiquer aux autres la science que nous avons
reçue. Nous avons parlé de sa
bonté à ceux qui
nous entourent. Nous n'avons pas eu honte de son
Évangile, son honneur nous a
été cher et précieux.
« Maintenant que je suis arrivé
à la vieillesse toute blanche, ô
Dieu ! ne m'abandonne pas. » Ceux
qui ont été enseignés de Dieu
dès leur enfance, qui ont consacré
leur vie à le servir et à l'honorer,
peuvent être certains qu'il ne les
abandonnera pas lorsqu'ils seront parvenus à
la vieillesse toute blanche ; Dieu n'est pas
un Maître qui rejette ses serviteurs
lorsqu'ils sont vieux.
« Dans mon enfance tu as
été mon guide, de ma jeunesse tu as
été l'ami ; mes jours ont
commencé avec toi, avec toi, ils
finiront » - a dit un poète.
Je serai le même jusqu'à votre
vieillesse, je vous chargerai sur moi
jusqu'à votre blanche vieillesse
(Esaïe XLVI, 4).
Ah ! chrétien, voici la base de votre
confiance en Dieu. Il vous avait promis qu'il
serait avec vous jusque dans votre vieillesse, pour
vous, soutenir dans vos infirmités ;
n'y a-t-il pas là de quoi vous tranquilliser
et vous réjouir.
Écoutez le témoignage d'un vieux
pèlerin : « Quelle
consolation pour nous, à mesure que nous
nous affaiblissons et que nous vieillissons, que
nos amis disparaissent les uns après les
autres, de nous rappeler que notre Dieu ne change
pas ! Il nous dit : « Je suis
celui qui suis, toujours le même ; je
suis celui qui vous a
guidé depuis votre enfance ; je suis
celui qui vous ai tout promis, tout ce dont vous
pouviez avoir besoin. « Je vous chargerai
sur moi jusqu'à votre blanche
vieillesse. » Quel langage tendre et
expressif !
Comment pourrions-nous ne pas avoir confiance en
cet Ami tout puissant et tout bon. Soit que nous
considérions le présent ou que nous
regardions l'avenir, nous n'avons aucune raison de
rien craindre. Ceux qui peuvent marcher, savent que
son bâton et sa houlette les soutiennent et
les consolent ; et ceux qui ne peuvent pas
marcher, se sentent entourés de ses bras et
portés en sûreté en avant. Nous
sommes comme des enfants, que leur père
porte dans ses bras lorsqu'ils sont faibles et
fatigués, et qu'il soulève à
chaque difficulté.
Jamais Dieu ne
délaisse,
Qui se confie en Lui,
Si l'Ennemi m'oppresse,
Jésus est mon appui.
Ce Dieu tendre et fidèle
Garde en sa paix les siens
Pour la vie éternelle
Et les comble de biens.
Les cheveux blancs sont une couronne
d'honneur, s'ils se trouvent dans la voie de la
justice
(Prov. XVI,
31).
La vieillesse est honorable et commande le respect.
Lève-toi devant les cheveux blancs et
honore la personne du vieillard
(Lév. XIX, 32).
Mais nous ne pouvons guère nous attendre
à recevoir les témoignages d'un
respect sincère et durable, à moins
que notre caractère ne soit digne de
l'estime de ceux qui nous entourent.
La supériorité de l'âge doit
s'associer à la supériorité
morale de l'individu. Le grand nombre des
années doit enseigner la sagesse.
« Les cheveux blancs sont une couronne
d'honneur, s'ils se trouvent dans la voie de
la justice » (remarquez le si) ;
mais si on les rencontre dans la voie de la
perdition, leur honneur est perdu, leur couronne
est profanée et jetée dans la
poussière.
Où sont les vôtres, lecteur ?
Êtes-vous sanctifié par la foi en
Christ ? Marchez-vous dans tous les
commandements et dans toutes les ordonnances du
Seigneur, sans reproche, comme Zacharie et
Élisabeth ? Oh ! que la vieillesse
est belle et aimable, lorsqu'elle est ornée
de piété et de fidélité
dans la conduite !
Laquelle (l'espérance) nous tenons
comme une ancre sûre et ferme de l'âme,
et qui pénètre jusqu'au dedans du
voile
(Hébr. VI, 19).
Un vaisseau se dirigeait sur le rivage ; il
avait perdu ses ancres et n'obéissait plus
au gouvernail ; encore quelques instants et il
allait heurter contre quelqu'écueil. Ceux
qui seraient sauvés ne le
seraient que par les vagues qui
les lanceraient sur le rivage. Au milieu de la
consternation générale, une seule
personne avait conservé son calme. Lorsqu'il
avait vu que le naufrage était
inévitable, il avait fait tout ce qu'un
homme peut faire pour se préparer au pire,
et maintenant que la mort était imminente,
il l'attendait avec tranquillité. Un de ses
amis lui demandait la raison de son calme en face
d'un aussi grand danger :
« Ne savez-vous donc pas, ajouta-t-il,
que nous avons perdu nos ancres et que nous sommes
poussés avec violence sur le
rivage ?
- Sans doute, je le sais, mais j'ai une ancre pour
mon âme. ».
Là était toute sa confiance ; -
avec cette ancre-là il
pénétrait au-delà du
voile ; c'était ce qui lui permettait
de naviguer en sûreté, en vue d'une
mort terrible et immédiate.
Avez-vous cette ancre, lecteur ?
L'espérance de l'Évangile est-elle la
vôtre ? Au milieu des orages et des
périls de la vie, en face de la mort,
êtes-vous calme et confiant, êtes-vous
sûr que bientôt vous entrerez dans le
port de la paix éternelle ?
Ou êtes-vous de ceux qui n'ont point
d'espérance ? comment alors pouvez-vous
être heureux ? Sans espérance,
comment entrerez-vous dans les flots
débordés du Jourdain ? Si vous
voulez la rechercher dès à
présent, elle pourra être à
vous, vous appartenir.
Le don de Dieu c'est la vie éternelle.
Confiance en lui, - foi en Christ, - assureront
à votre âme troublée,
agitée, perdue, un repos et une
sécurité perpétuelle, et la
lieront pour toujours aux gloires invisibles du
ciel.
Confions-nous en son
pouvoir ;
Ne craignons point, il est fidèle ;
Son prompt secours nous fera voir
Que sa promesse est éternelle.
Oui, notre Roi garde ses saints
Sous le sceptre de sa puissance.
Remettons-nous en assurance,
Et pour toujours entre ses mains.
Encore porteront-ils des fruits dans la
vieillesse toute blanche
(Ps. XCII, 14).
Le palmier auquel le peuple de Dieu est
comparé dans ce psaume, est remarquable par
sa fertilité qui semble augmenter en
avançant en âge. On prétend
qu'il fournit les meilleures dattes à cent
ans. Quelle belle image du fidèle croissant
en grâce et en sainteté jusqu'à
la fin de sa carrière terrestre !
Chaque jour, chaque année, ajoutée
à sa vie, ajoute à la perfection et
au charme de ses vertus chrétiennes. Son
caractère a acquis un moelleux, une douceur
qui lui manquaient autrefois ; il mûrit
pour le ciel. Il avance d'un pas ferme et sûr
dans le chemin de la
connaissance, de la sagesse, de l'amour, de
l'humilité, de la douceur, de la patience,
de la paix, de l'utilité, du bonheur.
Étant rempli de l'Esprit, il produit les
fruits de l'Esprit.
Ce portrait d'un vieillard chrétien, est-il
le vôtre, mon cher lecteur ?
Hélas ! ce n'est pas celui de tous ceux
qui font profession d'appartenir au Sauveur et qui
portent son nom ; on peut craindre même,
qu'il n'en soit quelques-uns qui, réellement
chrétiens, n'aient cependant que peu de
ressemblance avec ce portrait.
Depuis longtemps ils sont plantés dans la
maison du Seigneur, mais ils n'ont pas fleuri comme
on pouvait s'y attendre, et à mesure que les
années augmentent, ils paraissent croire que
les infirmités de l'âge les dispensent
de porter des fruits. Mais ce n'est certes pas dans
la Parole de Dieu qu'ils ont pu se former une
idée pareille ; pas plus qu'ils n'y ont
cherché et compris les promesses que le
Seigneur leur a faites.
Ne suivons pas leur exemple, et ne nous
satisfaisons pas à présent par ce que
nous avons fait autrefois. Efforcez-vous de
glorifier Dieu plus que vous ne l'avez jamais fait.
Que vos derniers jours soient les meilleurs, vos
derniers fruits les plus savoureux. Et je lui
demande cette grâce que votre charité
abonde encore de plus en plus avec connaissance et
toute intelligence ; afin que vous discerniez
les choses contraires, pour être purs et
sans achoppement jusques
à la journée de Christ, étant
remplis de fruits de justice, qui sont par
Jésus-Christ, à la gloire et à
la louange de Dieu
(Phil. I, 9-11).
Mes temps sont en ta main
(Ps. XXXI, 15).
Je suis donc assuré qu'ils seront sagement
conduits. Tu as tout pouvoir dans le ciel et sur la
terre ; tu connais la fin depuis le
commencement ; tout est soumis à ton
contrôle, et pour toi l'avenir ressemble au
présent ; il ne peut donc y avoir
aucune erreur dans le plan que tu t'es
proposé ; aucune imperfection dans tes
desseins et ta volonté.
« Mes temps sont en ta main. »
Je ne serai donc pas inquiet de l'avenir ; -
les temps que j'ai à parcourir seront
peut-être bien variés encore ; -
le chagrin ou la joie, la pauvreté ou
l'abondance, la maladie ou la santé, la vie
ou la mort, peuvent tour à tour se
succéder ; - mais je puis en toute
tranquillité les abandonner à ta
sagesse ; je ne saurais prévoir les
événements que ta providence peut
juger bon de m'envoyer, mais je puis attendre avec
pleine confiance.
Le moment de mon départ m'est inconnu,
j'ignore comment je délogerai, mais je ne
m'inquiète de rien, car tu as tout
arrangé pour le mieux.
O Fils de Dieu ! quelle
sainte assurance,
Par ton Esprit se répand dans nos
coeurs !
Jamais la mort ni les sombres terreurs
Ne prévaudront contre notre
espérance,
Oui, notre foi triomphe en la puissance,
Et du tombeau nous rend plus que vainqueurs.
Mon âme, bénis
l'Éternel ; et que tout ce qui est au
dedans de moi, bénisse le nom de sa
sainteté. Mon âme, bénis
l'Éternel et n'oublie pas un de ses
bienfaits
(Ps. CXII, 1, 2).
Qu'il est encourageant de voir un vieillard
chrétien se réjouir dans
l'espérance de la gloire de Dieu, et donner,
par sa conduite de chaque jour, un bel exemple de
reconnaissance et de douce
sérénité !
Sa vie est un psaume d'actions de
grâce ; sa physionomie empreinte de
bonheur et de gratitude est comme un rayon de
soleil dans sa demeure. Il est impossible de
demeurer longtemps dans sa société,
sans en être fortifié et
réjoui ; vous ne sauriez dire pourquoi,
mais vous vous sentez moins porté à
la plainte, et plus enclin à la joie
qu'auparavant. Vous poursuivez votre sentier avec
plus d'espérance ; vous vous rappelez
les bénédictions que vous aviez
oubliées, et le fardeau qui vous paraissait
si lourd devient insensiblement plus léger.
Le fait est que, pour un instant, vous vous
êtes certainement
pénétré des sentiments de
votre vieil ami, et que vous vous êtes
monté au ton de son
esprit.
Nous trouvons un exemple fort aimable de
sérénité véritable et
soutenue dans le fameux William Wilberforce. Un
étranger aurait remarqué, même
en passant, qu'il avait une égalité
d'humeur peu ordinaire aux hommes de son
âge ; une observation plus attentive
aurait montré que le sentiment
chrétien se mêlait à une
disposition naturellement heureuse et la
purifiait ; tandis que ceux qui vivaient
habituellement avec lui, retrouvaient dans ses
chagrins dont l'expression n'avait rien
d'extrême, dans cette joie presque enfantine
du coeur, la présence habituelle de cette
paix que le monde ne peut ni donner ni
ôter.
Les dernières pages de son journal sont
remplies d'élans de reconnaissance et de
bonheur, et avec ses enfants et ses amis intimes,
son coeur débordait d'actions de grâce
et de bénédictions ; il chantait
toujours la bonté et l'amour du Seigneur.
Tout lui devenait sujet d'actions de
grâce.
Lorsque les infirmités de l'âge
commencèrent à l'accabler, il
disait : « Combien je dois
bénir Dieu, de ce que le déclin de
mes forces ne paraît pas devoir être
accompagné de maladies douloureuses ; -
je m'en vais graduellement et lentement,
voilà tout ! Quel ami le Seigneur a
été pour moi ! Lorsque
j'éprouve quelque mal, il m'envoie toujours
tant d'adoucissement, que c'est à peine si
je souffre. - Mon âme, bénis
l'Éternel ! que de grâces je dois
à mon Père
céleste
bien-aimé ! » Un de
ses amis venait de passer par une opération
douloureuse : « Que je suis
reconnaissant, disait Wilberforce, de ce qu'une
épreuve pareille m'est
épargnée, puisque je n'aurais pas la
force de la supporter ! je me confie
humblement en Celui qui m'a donné toute
raison de dire : Ta bonté et ta
gratuité m'ont accompagné pendant
tous les jours de ma vie.
Avez-vous quelque sympathie pour ces sentiments,
mon cher lecteur ? partagez-vous cette
reconnaissance, avez-vous ce coeur content ?
« Les fruits de l'Esprit sont l'amour, la
joie, la paix. »
Nous savons qu'il faut réserver les droits
du tempérament naturel ; - il y a des
personnes qui sont gaies et portées à
la confiance dès leur naissance, d'autres
qui sont facilement découragées et
qui voient tout en noir. Mais n'importe, les
promesses de l'Évangile, si on les croit
avec simplicité et de tout son coeur, ne
peuvent manquer de réjouir le coeur et
d'influencer la conduite. Et il n'est pas moins
notre devoir que notre privilège de nous
réjouir dans le Seigneur :
« d'annoncer chaque matin sa bonté
et sa fidélité, de le
célébrer toutes les nuits et de
bénir son nom, » comme le faisait
David.
Nous devons cultiver cette disposition à la
joie et à la reconnaissance ; il faut
par la méditation, la prière, la
pratique, chercher à l'acquérir et
à la fortifier ; car nous ne devons pas
plus déshonorer Dieu par
notre air malheureux et notre ingratitude que par
notre manque de sanctification.
La faiblesse et les infirmités de la
vieillesse tendent quelquefois à abattre
notre esprit, à obscurcir nos
espérances. Soyons donc sur nos
gardes ; et au lieu de céder au
mécontentement et à l'abattement,
faisons le compte de nos miséricordes, et
regardons d'un oeil ferme le côté
brillant des choses ; c'est là un moyen
presque sûr de chasser la tristesse de notre
front, et cette louange s'échappera de nos
lèvres : « Mon âme,
bénis l'Éternel ! et que tout ce
qui est au dedans de moi bénisse le nom de
sa sainteté. Mon âme, bénis
l'Éternel, et n'oublie pas un de ses
bienfaits. »
Qu'il est beau de t'avoir,
Jésus, pour sacrifice,
Pour bouclier, pour roi, pour soleil, pour
justice !
Qu'elle est douce la paix dont tu remplis le
coeur !
Mon âme ! égaie-toi, Jésus
est ton Sauveur.
Mais quoique notre homme extérieur se
détruise, toutefois l'intérieur est
renouvelé de jour en jour
(2 Cor. IV, 16).
Il faut de toute nécessité, dit un
auteur célèbre, que nous devenions
meilleurs ou pires en avançant en âge.
À moins que, par nos efforts, nous ne
tendions à nous spiritualiser et que
dans ce but nous ne demandions
avec supplications cette grâce, qui n'est
jamais refusée à qui la demande avec
foi et sincérité ; l'âge
nous matérialise de plus en plus, et
plus nous vieillissons, plus cette disposition
augmente ; c'est alors que se manifeste la
vérité de cette parole qui nous
avertit : « Qu'à celui qui a,
il lui sera donné ; et à celui
qui n'a rien, cela même qu'il a lui sera
ôté. »
Chez quelques-uns on dirait que l'âme
s'absorbe et s'éteint graduellement dans son
enveloppe d'argile ; tandis que chez d'autres,
on dirait qu'elle purifie et ennoblit le vase qui
la contient. Rien n'est plus beau qu'une vieillesse
sage et chrétienne, et rien n'est plus
triste que le déclin d'une vie, lorsque le
monde, la chair, et cette fausse sagesse qui est du
diable, ont remporté la victoire sur le
tombeau.
Cher lecteur, remerciez Dieu de ce qu'il vous a
départi une grâce qui vous fortifie et
vous rafraîchit ; votre enveloppe
terrestre est faible et maladive, elle a perdu de
sa vigueur et de son
élasticité ; elle est
accablée de maux et
d'infirmités ; elle sera bientôt
détruite ; mais si votre corps
décline, votre âme
prospère ; si l'un descend vers le
tombeau, l'autre mûrit pour la gloire. Votre
foi est plus ferme, votre espérance plus
forte, votre amour plus profond, votre vue plus
claire.
Car notre légère affliction qui ne
fait que passer, produit en
nous un poids éternel d'une gloire
souverainement excellente
(2 Cor. IV, 17).
Appelé à visiter un pauvre homme
retenu au lit depuis vingt-cinq ans, écrit
un pasteur, je me préparais à avoir
pitié de lui, mais il me contraignit
à me réjouir.
« N'êtes-vous pas las de souffrir
si longtemps ?
- Las, répondit-il, non, monsieur, la nature
serait facilement accablée, c'est vrai, mais
Dieu me soutient. S'il veut, je suis prêt
à rester ici vingt-cinq ans encore ; ce
lit a été pour moi l'entrée du
ciel. Souffrir longtemps ! Oh ! monsieur,
ce temps ne m'a pas paru long, il a
été court, très court, et
bientôt il sera passé.
Ces légères afflictions qui ne sont
que pour un temps, produisent en moi le poids d'une
gloire souverainement excellente. Dieu n'est-il pas
tout amour ? Il ne peut rien vouloir que de
bon ; n'est-il pas la sagesse même, il
ne peut donc pas se tromper. Ses promesses ne
sont-elles pas toutes oui et amen en
Jésus-Christ. Il ne peut pas manquer
à sa promesse ; aucun de ceux qui se
sont attendus à lui n'ont été
confus. Oh ! monsieur, je n'oserais pas me
plaindre, mon affliction a été une
miséricorde. »
Chrétien affligé, souvenez-vous que
les chagrins de la terre rehausseront le prix des
joies du ciel ; et si vous les comparez au
poids de cette gloire qui vous est
préparée là-haut, vos
afflictions ne vous paraîtront-elles pas
légères ; et si vous les mesurez
à la durée de
cette éternité de bonheur que vous
attendez, leur durée ne sera-t-elle pas d'un
instant seulement ?
Ne vous plaignez pas du présent, pensez
à l'avenir ; que le contraste est
déjà frappant, que le changement sera
glorieux !
Je ne mettrai point dehors celui qui viendra
à moi.
(Jean VI, 37).
Arrivé à ses derniers moments, un
auteur célèbre fit appeler son
pasteur et lui dit : « Quoique je me
sois efforcé d'éviter le
péché et de plaire à Dieu de
tout mon pouvoir, cependant j'ai peur de
mourir.
- Ah ! monsieur, répondit le pasteur,
vous avez oublié que Jésus-Christ est
un Sauveur.
- C'est vrai, mais comment saurai-je qu'il est un
Sauveur pour moi ?
- Il est écrit : Je ne mettrai point
dehors celui qui viendra à moi.
- C'est vrai, répondit le malade avec
vivacité, j'ai lu et relu cette parole plus
de mille fois, et je n'ai jamais
éprouvé sa vertu comme à
présent ; maintenant je peux mourir
heureux. »
Lecteur, si vous allez au Sauveur, cette promesse
est pour vous.
Jésus, l'ami des pécheurs, je vole
à toi accablé et perdu ; viens
à mon aide ; oh ! pourquoi ai-je
jamais douté, tu ne me mettras point
dehors.
Car les années de mon compte vont
finir ; j'entre dans
un chemin d'où je ne reviendrai plus
(Job XVI, 22).
J'ai en perspective un prochain voyage à
faire ; il faut que je passe du temps à
l'éternité, de ce monde à un
autre. Le moment de mon départ, quoique
incertain, ne peut pas être très
éloigné. Quelques années,
quelques jours peut-être, et mon
séjour sur la terre sera fini.
C'est un voyage inévitable ; il
faut le faire, je n'ai pas à choisir ;
que je le veuille ou non, lorsque je serai
appelé, il faudra que je parte.
C'est un voyage inconnu ; je ne l'ai
jamais fait encore. Je ne connais par
moi-même ni le chemin, ni la manière
de voyager, ni les dangers ou les
inconvénients qui m'attendent. Personne ne
peut me donner de renseignements nets à cet
égard. Ceux de mes amis qui ont
déjà parcouru cette route, ne sont
jamais revenus raconter leurs
expériences.
C'est un voyage solitaire ; il faut le
faire seul ; les plus aimés parmi mes
compagnons ne pourront pas m'accompagner ; ils
pourront penser à moi, sentir pour moi,
prier pour moi, mais ils ne viendront pas avec moi.
Il faudra nous séparer ; ils resteront
en arrière, je marcherai en avant.
C'est un voyage important ; sa fin sera
le commencement de ma destinée
éternelle, j'entrerai dans les demeures du
bonheur ou du malheur. Une fois
que j'aurai traversé le passage
étroit qui sépare le présent
de l'avenir, il sera impossible de revenir en
arrière et de changer : Que celui
qui est injuste soit injuste encore ; que
celui qui est juste soit plus juste encore
(Apoc. XXII, 11).
C'est un voyage final. J'entre dans un
chemin d'où je ne reviendrai plus. Mon
pèlerinage sera fini pour toujours :
plus de départ, plus de changements, plus de
fatigues, plus de travail. Ce sera mon dernier
voyage.
Si je suis un chrétien, cette pensée
ne doit-elle pas me rendre heureux ; j'en
aurai fini pour toujours avec le
péché et la douleur. - Une
éternelle félicité, une
sainteté parfaite, un bonheur parfait seront
mon partage. Au bout de ce voyage, il y a ma patrie
céleste, la maison de mon père, mon
repos pour toujours.
Je ne craindrai donc pas de la voir approcher, je
ne me plaindrai donc pas de ce qui doit
nécessairement l'accompagner ; il se
peut que bien des circonstances
désagréables et pénibles y
soient associées, mais après tout
c'est le seul chemin qui me ramène à
la maison paternelle ; et quoique la vie
m'offre encore des joies, quoique j'y sois encore
attaché par des liens qui me sont chers et
précieux, j'éprouve néanmoins
un ardent désir de partir pour être
avec Christ, ce qui me vaudra infiniment mieux que
de rester ici.
La mort est un voyage solennel, mais il n'offre que
paix et sûreté pour le peuple de
Jésus ; - non seulement le Seigneur
viendra les recevoir et les accueillir lorsque le
voyage sera terminé, mais encore il les
accompagnera pendant sa durée.
Oh ! nous ne serons pas seuls s'il est avec
nous ! N'est-il pas un guide qui connaît
la route, ne l'a-t-il pas parcourue
lui-même ; la marque de ses pas ne s'y
discerne-t-elle pas encore ? Il l'a faite dans
le but d'en aplanir les difficultés, d'en
écarter les dangers, d'en dissiper les
terreurs, et ce but, il l'a complètement
atteint : Par la mort, il a détruit
celui qui avait l'empire de la mort, c'est à
savoir le diable ; et il a
délivré tous ceux qui, par la crainte
de la mort, étaient assujettis toute leur
vie à la servitude
(Hébr. II, 14, 15).
C'est pourquoi je ne craindrai aucun mal en
marchant par la vallée de l'ombre de la
mort ; car toi, Jésus, tu es avec moi,
ton bâton et ta houlette me consolent.
L'Esprit retournera à Dieu qui l'a
donné
(Eccl. XII, 7).
Non pas auprès d'un étranger, non pas
auprès d'un maître dur et inconnu,
mais à Celui qui l'a préservé
et gardé d'année en
année ; à Celui qui
connaît ses luttes, ses inquiétudes,
ses alternatives d'espérances et de
craintes ; à son Dieu, au Dieu qui le
lui a donné, et qui, plus encore, lui a
donné son Fils unique et
bien-aimé.
Lecteur chrétien, vous ne redouterez plus le
départ ; l'enfant craint-il de
retourner chez lui, auprès de ses parents
bien-aimés ? Oh ! quel heureux
moment que celui où vous serez admis en la
présence de votre Père
céleste, et où vous partagerez ces
plaisirs qui sont à sa droite pour
toujours !
Adieu, chrétien, pour toi
l'heure est venue
De t'élever à des sites plus
beaux ;
Tu vois ce jour, le terme de tes maux ;
Déjà Sion se présente à
ta vue ;
Dans ses parvis ton âme est
attendue ;
Là ton Seigneur t'invite à son
repos.
Plus de travaux, ton épreuve est
finie ;
Aucun devoir ne te retient encore :
Ton âme enfin doit prendre son essor.
Vers le Sauveur, vers la nouvelle vie,
Ne tarde plus, entre en cette patrie
Où sont déjà ton coeur et ton
trésor.
Va recevoir une palme immortelle,
Et pour toujours posséder les vrais
biens,
Laisse tomber tes terrestres liens.
Que craindrais-tu ? C'est Jésus qui
t'appelle :
Il est brillant de la gloire immortelle
Dont son amour veut couronner les siens.
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