LE SOIR DE
LA VIE
OU
PENSÉES
POUR LES VIEILLARDS
L'AMI QUI NE CHANGE JAMAIS.
La soirée était douce et calme,
une jolie brise et les rayons du soleil couchant y
ajoutaient un charme de plus. Un vieillard
était assis à la porte d'une humble
chaumière ; ses cheveux étaient
blancs, sa taille courbée, ses yeux au
regard affaibli étaient fixés sur les
nuages aux riches teintes. Admirait-il seulement la
grande beauté d'un ciel du soir ? je ne
le pense pas ; sa physionomie était
triste et inquiète, comme s'il eût
été occupé de choses bien
différentes de celles qui
l'entouraient ; et au vrai il en était
ainsi.
Il réfléchissait aux affections
humaines si incertaines, si incomplètes de
leur nature, et ses pensées se reportaient
sur la triste preuve qu'il en avait reçue
dans la journée même, par
l'ingratitude et la méchanceté d'une
personne qu'il avait tendrement aimée
autrefois.
« C'est dur, c'est dur, se disait-il,
d'avoir été ainsi
trompé et offensé par un ancien
ami ; ce n'est pas un ennemi qui m'a
traité de la sorte, c'est mon compagnon, mon
ami ! et il était la dernière
personne de qui j'aurais attendu un pareil
chagrin ; j'avais une si grande confiance en
lui. Ah ! qu'est-ce donc que
l'amitié ? C'est un roseau bien mince,
qui, lorsque nous nous appuyons dessus, souvent
nous perce de nombreux chagrins.
Le pauvre vieillard avait été
profondément blessé, et son esprit en
était troublé et malheureux. Mais
l'aspect tranquille de la nature le calma
peut-être, ou le souvenir d'affections
fidèles et solides vint subitement lui
reprocher ces pensées amères, je ne
sais, mais il ajouta soudain d'un ton plus
heureux : « Non, tous les amis ne
sont pas faux et inconstants ; oh ! non,
j'ai éprouvé et partagé trop
souvent l'affection généreuse et
persévérante des autres pour croire
que l'amitié ne soit qu'un nom. Dans la
prospérité et l'adversité,
j'ai trouvé qu'il y a de vrais amis. J'ai
aimé et j'ai été
aimé ; j'ai eu confiance et on a eu
confiance en moi. Ma vie aurait été
désolée sans la sympathie et la
communion d'amis et surtout d'amis
chrétiens.
Et cependant, les affections terrestres, même
les meilleures, sont très imparfaites,
sujettes à l'erreur, à des
interruptions momentanées, ou si elles sont
constantes, elles sont incapables d'entrer dans
tous nos sentiments, ou de
correspondre avec toutes nos émotions ;
et le fil qui les soutient, qu'il est faible et
mince ! Dans quelques semaines, dans quelques
jours, que dis-je, dans quelques heures, et
l'être le plus chéri peut nous
être enlevé. La mort brise les liens
les plus intimes et les plus doux. Dans le
cimetière, là-bas, sont
couchés ceux qui étaient jadis les
chers compagnons de ma vie et qui s'étaient
mis en route avec moi pour la cité
céleste, mais aujourd'hui je suis
seul ; le tombeau nous a
séparés, - au moins pour un peu de
temps. »
Ces dernières paroles renfermaient une
consolante assurance, et le vieillard en sentit peu
à peu la douce influence.
« Pour un peu de temps ! oui, et
nous nous retrouverons ! Ils ne reviendront
pas vers moi, mais j'irai auprès d'eux. Je
ne pleure pas comme d'autres, sans
espérance, car je sais que ceux qui
s'endorment au Seigneur Jésus reviendront
avec lui, et que nous serons toujours avec lui.
Dans ce monde de séparation, comme elle est
douce cette assurance d'une réunion
prochaine et éternelle avec les chers amis
qui nous ont quittés dans la vraie foi en
Jésus-Christ. »
Comme un rayon de soleil perce tout à coup
de sombres nuages, cette brillante perspective
dissipa la tristesse du vieillard, et à
cette tristesse
succédèrent des
pensées de consolation et de joie telles
qu'il oublia bientôt les circonstances
douloureuses qui l'avaient agité peu
d'instants auparavant.
« Et cependant, continua-t-il, il est
encore meilleur de se rappeler que nous avons un
Ami tout-puissant et éternel ; les
meilleurs amis de la terre peuvent changer ou
mourir, mais Jésus-Christ est le même,
hier, aujourd'hui, demain et toujours. Il ne me
quittera, ni ne m'abandonnera jamais. Oh !
pourquoi me désoler de l'inconstance ou de
la perte de mes amis, lorsque mon Sauveur tout bon
et miséricordieux est toujours avec
moi ? »
Lecteur, il est impossible que vous soyez
avancé dans l'expérience de la vie,
sans avoir appris comme ce vénérable
pèlerin, que l'instabilité et
l'incertitude sont associées à toutes
les affections humaines. Sans doute vous avez
pleuré ces amis que le temps, les
circonstances ou la mort vous ont
enlevés ; mais vous êtes-vous
réjouis dans la même mesure de
l'assurance que l'amour de Christ ne peut pas
changer, et qu'il dure toujours ?
Ah ! il en est plusieurs qui ont
été déçus et
trompés dans la confiance qu'ils avaient
mise en leurs semblables, et qui cependant n'ont
jamais songé à rechercher cet ami
céleste, en qui il n'y a ni variation ni
ombre de changement ; il en est plus d'un qui
se sont creusé des citernes
crevassées qui ne pouvaient point contenir
d'eau, et qui ont refusé
de se tourner, pour étancher leur soif, vers
la fontaine d'eau vive.
Oh ! qu'il est doux de
trouver à toute heure
Un tendre ami, prêt à nous
soulager !
D'être en tout lieu, Jésus, dans ta
demeure,
Et sur ton sein au plus fort du danger.
Ah ! qu'il est sombre ce monde pour ceux
qui, dans leurs heures de chagrin et d'abandon,
n'ont pas placé toute leur confiance en leur
Sauveur, en son amour et sa sympathie. Un coeur qui
n'a rien, ni sur la terre ni dans les cieux,
à quoi il puisse s'attacher, s'enrouler
comme le lierre à l'arbre vigoureux, ne peut
être qu'un coeur désolé et
abattu. Dieu nous préserve qu'il en soit
ainsi pour aucun de nous ! Et cela ne sera
pas, si nous sommes unis à Christ par une
foi simple et vivante, car nous sommes ainsi
attachés à ceux qu'il appelle
gracieusement ses amis, et nous sommes
assurés que nous possédons dans tous
les temps et dans toutes les circonstances, sa
tendre et fidèle sympathie. Quelle est
encourageante et fortifiante, au milieu des
imperfections, des séparations et des
changements qui tachent souvent les meilleures et
les plus belles affections de ce monde, cette
pensée que nous avons un ami fidèle,
qui est toujours prêt à nous secourir
et à sympathiser avec
nous.
Certainement nous ne voulons pas
déprécier la valeur des affections
humaines ; elles sont un des dons les plus
précieux que Dieu ait accordés
à un monde déchu ; c'est un des
restes du paradis et une image du ciel. Cependant
nous savons par expérience à quel
point le lien qui nous attache aux meilleurs et
plus chers amis est précaire. On ne peut
s'empêcher de sentir - sans le moindre
penchant à la misanthropie - que nos
affections sont quelquefois mal placées, et
que là où nous avions mis notre
confiance, nous n'avons souvent recueilli que des
déceptions. Imperfection et
variabilité sont inscrites sur tous les
objets et les relations de la terre ; car
« ici-bas n'est pas le lieu de notre
repos » : nous sommes
destinés à un monde meilleur, dont
les habitants bienheureux sont liés d'une
affection pure et immortelle. Mais tandis que nous
attendons avec joie le moment qui nous
réunira à cette sainte et heureuse
fraternité, nous nous rappellerons notre
meilleur Ami, l'Ami qui vaut mieux qu'un
frère, - et nous nous rappellerons que nos
coeurs troublés et mécontents peuvent
jeter l'ancre dans son amour profond, insondable,
toujours le même ; ce lieu de repos pour
le coeur n'a jamais fait défaut, ne fera
jamais défaut.
Les circonstances qui affaiblissent, suspendent,
terminent les affections humaines, n'ont aucune
influence sur l'amour que le Sauveur éprouve
pour ses élus, - et ne
peuvent en aucune façon altérer la
position dans laquelle nous nous trouvons, à
l'égard de Jésus-Christ, en tant que
chrétiens.
Par exemple, il arrive fréquemment que la
distance qui nous sépare d'un de nos amis,
affaiblit et finalement met un terme à
l'affection qui nous unissait ; il n'avait pas
l'intention, quoique séparé, de nous
oublier, mais l'absence diminue graduellement la
force de son attachement ; sa correspondance
languit d'abord imperceptiblement, ou par des
circonstances qu'on ne peut éviter, cesse
brusquement ; à mesure que le temps
s'écoule, il devient de plus en plus
indifférent à ce qui nous concerne.
S'il était resté près de nous,
s'il avait pu continuer des rapports personnels
avec nous, il n'aurait peut-être pas
changé, mais en s'éloignant, il a
vérifié le vieil adage :
« Loin des yeux, loin du
coeur. »
Nos lecteurs expérimentés dans la
vie, confirmeront sans doute la
vérité de ce que nous
avançons ; ils se rappelleront
plusieurs relations de leur jeunesse, qui
séparées d'eux par la distance, leur
sont devenues étrangères depuis bien
des années.
Mais le Seigneur, quoique absent du milieu des
siens, ne les oublie pas un seul instant. Depuis le
moment où il quitta ses disciples à
Béthanie et où il disparut dans un
nuage, il leur a donné des preuves
incontestables et continuelles de son amour.
Il est monté au ciel en
conquérant, et s'est assis à la
droite de Dieu ; mais la gloire qui lui fut
conférée comme médiateur, ne
pouvait dérober à sa vue les pauvres
pécheurs de la Galilée ; et les
chants d'adoration que firent éclater les
anges, ne pouvaient étouffer les ardentes
supplications qui s'élevaient de la chambre
haute de Jérusalem. Non, son amour
était le même au ciel et sur la
terre ; et les dons abondants, les richesses
qu'il répandit sur ses fidèles
disciples, furent le résultat
immédiat de son intercession et de son
ascension au séjour de la gloire. Il les
consola et les guida par son Esprit, il les
fortifia afin qu'ils pussent confesser et
défendre sa vérité.
Dans ces reproches à Saul le
persécuteur, il s'identifie
complètement avec les siens, estimant les
persécutions qui leur sont faites comme si
elles lui étaient infligées à
lui-même : « Saul, Saul,
pourquoi me persécutes-tu ? »
II manifeste le même intérêt
pour leur bien, lorsqu'il apparaît avec
miséricorde à l'apôtre des
Gentils, lui disant : « Prends
courage ! » et qu'il le
prépare à défendre la cause de
son Sauveur à Rome.
Mais il n'est pas nécessaire de multiplier
les preuves, soit dans l'histoire de
l'église primitive ou des âges qui
l'ont suivie, du caractère invariable de
l'amour que le Rédempteur ressuscité
a toujours eu pour ceux qui par la grâce ont
accepté ses promesses
miséricordieuses d'amour. Nous pouvons en
appeler à nous-mêmes, cher lecteur,
pour témoigner que l'amour de Christ n'a
souffert aucun changement par le fait de son
absence temporelle du milieu de ses enfants. Son
intercession en notre faveur, ses dons
répétés des grâces qui
nous sont nécessaires, la place qu'il nous
prépare dans la maison de son Père,
ne voilà-t-il pas autant de preuves de sa
charité.
Une des raisons qui rendent les affections humaines
sujettes à une si grande variabilité,
ce sont les changements qui surviennent dans nos
circonstances temporelles. Quand, de l'aisance nous
tombons dans la pauvreté ; quand,
suivant le langage expressif de l'Écriture,
nous sommes abaissés, quel changement
dans le petit cercle où nous nous
mouvons ! L'amitié qui résiste
à cette épreuve est réellement
fidèle et de bon aloi, car combien n'en
est-il pas que la prospérité
réunit autour de nous et que
l'adversité éloigne.
« Les amis attirés par notre
soleil, s'envolent lorsque vient
l'hiver. »
Et c'est une épreuve pleine d'amertume, que
de se sentir négligé et
abandonné au moment où l'on a le plus
de besoin de consolation et d'appui ; mais ce
sera une épreuve bénie, si elle nous
enseigne qu'il vaut mieux mettre sa confiance dans
le Seigneur que dans l'homme, si elle nous rend
plus cher cet ami céleste, qui riche s'est
fait pauvre pour nous, afin que
par sa pauvreté nous
fussions enrichis. Son lot sur la terre n'a-t-il
pas été des plus humbles ; il
n'avait pas un lieu pour reposer sa
tête ; les amis, les compagnons qu'il
s'était choisis, étaient pris dans
les rangs les plus humbles de la
société. C'était aux pauvres
qu'il annonçait surtout l'Évangile,
et l'expression dédaigneuse dont se
servaient ses adversaires pour le
désigner : Un ami des publicains et des
gens de mauvaise vie » exprimait en
réalité toute la beauté de son
caractère.
Par sa position dans le monde, par la
manière dont il se mêla aux pauvres et
aux petits de la terre, par la place obscure et
humble dans laquelle la majorité de ses
disciples l'ont servi, la pauvreté a
été élevée et
honorée.
Les riches et les mondains peuvent
s'éloigner de nous, se refroidir à
notre égard, quand la pauvreté et le
malheur entrent chez nous ; mais Christ se
sert précisément de ce moment
d'affliction comme d'un moyen pour nous attirer
à lui plus intimement. La perte de nos biens
au lieu d'élever une barrière entre
lui et nous, nous lie plus fortement à
lui ; il nous calme, sympathise avec nos
chagrins et promet de ne jamais nous
abandonner.
Il se peut encore que les infirmités de
l'âge, une santé depuis longtemps
chancelante, aient contribué à
rétrécir le cercle de nos amis. La
surdité, la
cécité, la
maladie, rendent notre société moins
agréable qu'autrefois. Il est fatigant
peut-être, jour après jour, d'essayer
de réveiller notre intérêt
endormi, et c'est pourquoi ceux qui autrefois nous
faisaient les protestations d'attachement les plus
chaudes et les plus sincères, se fatiguent
de la société d'un vieillard malade,
et leurs visites deviennent chaque jour plus rares.
Nous sentons, en voyant le contraste qui existe
entre le présent et le passé, que
nous sommes seuls et abandonnés dans ce
monde, que nous devenons un fardeau à
nous-mêmes et aux autres. La vieillesse est
souvent très susceptible sur ce point qui
cause une grande perturbation d'esprit, et porte
facilement au murmure et à la plainte.
Essayons dans les heures de découragement et
de solitude, de nous calmer et de changer le cours
de nos pensées, en nous
répétant que Christ est toujours le
même pour nous. Il ne nous néglige pas
dans notre vieillesse et ne nous abandonne pas
parce que les forces nous manquent ; il ne se
lasse pas d'entendre l'histoire si souvent
répétée de nos misères
et de nos besoins, ni d'animer de sa
présence la solitude du soir de notre
vie ; il accomplit merveilleusement la
promesse qu'il nous a fait : Je serai le
même jusqu'à votre vieillesse, et je
vous chargerai sur moi jusqu'à votre blanche
vieillesse
(Esaïe XLVI, 4). Lorsque nous
marchons dans la vallée
de l'ombre de la mort, et que le
bras ami sur lequel nous espérions nous
appuyer vient à nous manquer, le Sauveur
nous recommande cependant de ne craindre aucun mal,
parce qu'il est avec nous ; sa houlette et son
bâton nous soutiennent et nous consolent, et
il sera toujours avec nous. Notre faiblesse et nos
infirmités peuvent tendre à
relâcher quelques-uns des liens qui nous
attachent à la terre, mais ne sauraient
diminuer sa tendre sympathie. Les amis pourraient
nous faire défaut, lui jamais.
Et quand bien même nos amis nous resteraient
fidèles, et qu'ils conserveraient jusque
dans nos vieux jours l'affection qu'ils nous
témoignaient dans notre jeunesse, ne
pourraient-ils pas nous être enlevés
subitement et pour toujours par la mort : Nos
jours sur la terre sont comme une ombre »
a dit Job.
Les chers objets de nos affections, ceux à
qui notre coeur est si fortement attaché,
seront peut-être appelés à
paraître bientôt en la présence
de notre Créateur, et nous laisseront
achever seuls le reste de notre voyage ; nous
pourrons voir de nos yeux le tombeau de ceux qui,
nous l'avions espéré, nous auraient
soignés jusqu'au dernier moment.
À ! ne l'avons-nous pas
déjà vu ? Les séparations
causées par la mort ne se sont-elles pas
douloureusement fait sentir dans notre histoire
passée ? Les places vacantes dans notre
cercle de famille, au foyer
domestique, ne parlent-elles pas
avec plus de force que le plus éloquent
orateur.
Ah ! cette parole si
sévère : Retirez-vous de
l'homme, duquel le souffle est dans ses
narines ; car quel cas mérite-t-il
qu'on en fasse » Que de fois ne
l'avons-nous pas vue se réaliser d'une
manière frappante dans les jours
écoulés de notre vie. Le
cyprès, le saule, plantés sur la
tombe de nos bien-aimés, la tablette de
marbre qui marque leur dernière demeure, ne
nous disent-ils pas qu'au milieu même de la
vie nous sommes dans la mort »
Mais nous ne murmurerons pas s'il plaît
à Dieu de cueillir les fruits les plus
mûrs, et les fleurs les plus choisies de nos
jardins, puisqu'il a déclaré qu'il
était lui-même notre portion.
Nous n'oublierons pas, en pleurant ceux qui nous
ont quittés, que le Seigneur
vit »
En pensant aux amis qui nous ont été
arrachés, nous nous souviendrons avec
reconnaissance de ce Sauveur dont ni la mort ni le
tombeau ne peuvent nous séparer.
Auprès de notre foyer désolé,
dans nos soirées solitaires, nous entendrons
sa douce voix nous dit : « Ne crains
rien, car je suis avec toi »
Oui, Seigneur, tu es avec nous, notre ferme, notre
constant, notre immortel Ami ! Tu es
toujours le même et tes ans ne seront jamais
achevés
(Ps. CII, 27).
La mort ne te séparera pas de ton peuple,
car cet ennemi vaincu n'a aucun pouvoir sur son
puissant vainqueur ; elle
ne séparera pas non plus ton peuple de son
Sauveur, car le simple attouchement de Jésus
suffira pour amener les siens en sa présence
immédiate.
Il n'y a point de mort ; ce n'est qu'un
passage. » Nous sommes convaincus, que
ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les
principautés, ni les puissances, ni les
choses présentes, ni les choses à
venir, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune
autre créature ne nous pourra séparer
de l'amour de Dieu qu'il nous a montré en
Jésus-Christ notre Seigneur
(Rom. VIII, 37,38).
Consolons-nous donc les uns les autres par cette
pensée. Que le souvenir de notre union
indissoluble avec Christ, et de son amour
éternel et sans aucune variation, calme et
rafraîchisse nos esprits : Ayant
aimé les siens qui étaient au monde,
il les aima jusqu'à la fin
(Jean XIII, 1).
Ni les circonstances extérieures, ni la
déchéance de notre nature corporelle,
ni même les. infirmités et le
péché, ne peuvent aliéner le
coeur du Sauveur de ceux qu'il a choisis,
appelés et bénis. Le ciel et la terre
passeront, mais sa parole, cette parole qui nous
assure la perpétuité et la
gratuité de son pardon, de son amour, elle
demeurera à toujours.
Vieillard chrétien ! pensez beaucoup
à la nature et aux actes de ce puissant et
fidèle ami : lui
remettant tout ce qui peut vous
inquiéter, car il a soin de vous
(1 Pierre V, 7). À mesure que
votre vie s'en va, qu'il vous devienne toujours
plus précieux ; à mesure que les
liens de la terre diminuent, attachez-vous à
lui plus intimement et avec plus de confiance.
Pensez à lui comme à celui qui vous
prépare une place là-haut dans les
demeures célestes, et qui viendra
lui-même vous y recevoir afin que là
où il est vous y soyez aussi : et, si,
quoique ne le voyant pas, vous pouvez vous
réjouir en lui d'une joie inexprimable, quel
ne sera pas le bonheur de votre âme
émancipée, lorsque vous serez admis
à une communion complète et
ininterrompue avec lui !
Si maintenant, tandis que vous le contemplez comme
à travers un verre obscur, il est à
votre connaissance le plus aimable parmi ce qui est
aimable, que ne sera pas votre admiration lorsque
vous le verrez face à face !
Si maintenant, quoique vous ne le connaissiez qu'en
partie, cette connaissance est la source des plus
pures, des plus ineffables jouissances, qui pourra
estimer le bonheur et la joie de le connaître
comme vous êtes connu.
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