Pendant le court et souvent triste chemin de notre vie, oh ! mon Sauveur, tu as été notre compagnon et notre ami. Ta présence nous a encouragés, ta parole nous a instruits, et ta sympathie nous a consolés. Quelle douceur ont eu nos rapports avec toi ; le souvenir nous en est précieux. Et maintenant que nous voici au soir, que la journée est bientôt finie, ne nous quitte pas. Ne nous rejette pas alors que nous sommes devenus vieux, ne nous abandonne pas lorsque les forces nous manquent ; nous ne pouvons nous passer de toi.
Lorsque tu es absent, nous sommes malheureux, notre espoir s'évanouit, nous ne retrouvons plus les marques de ta providence. Il est indispensable à notre paix et à notre perfectionnement dans la grâce que nous puissions communiquer avec toi. Viens donc, et demeure avec nous. Car ainsi à dit celui qui est haut et élevé, qui habite dans l'éternité, et duquel le nom est le Saint : « J'habiterai dans le lieu haut et saint et avec celui qui a le coeur brisé et qui est humble d'esprit » (Esaïe LVII, 15).
Oh ! accomplis en nous une si merveilleuse, une si belle promesse. La porte de notre coeur est toute ouverte afin que tu puisses entrer et demeurer avec nous pour toujours. Si tu feins d'aller plus loin, c'est pour augmenter l'ardeur de nos désirs et la ferveur de nos prières. Permets-nous alors, gracieux Sauveur, de plaider avec toi ; de te supplier, avec une importunité que tu ne saurais repousser, de rester avec nous et de nous bénir. Comme le patriarche d'autrefois, accorde-nous cette puissance sur toi, et que nous remportions cette victoire.

Demeure avec nous.
Nous sommes des créatures ignorantes et sujettes à l'erreur, il faut que tu restes avec nous pour nous enseigner. Il y a longtemps que nos noms sont inscrits parmi ceux de tes disciples ; tes instructions ont été aussi variées que répétées, sages et précieuses ; mais nous voudrions savoir plus encore, beaucoup plus de toi et de ton Évangile. Il y a des difficultés que nous voudrions surmonter, des devoirs qu'il faut nous rappeler, des promesses que nous désirons voir se déployer devant nous. Hélas ! que nous comprenons peu encore le mystère de la sainteté ; combien nous estimons peu encore les richesses de la sagesse et de la connaissance de Dieu. Tu pourrais nous reprocher avec raison notre absence d'intelligence, notre lenteur à croire ce que les prophètes ont enseigné ; car nous n'avons pas fait la moitié des progrès que nous aurions pu et dû faire dans l'étude de la vérité.
Au lieu d'être en état d'enseigner les autres, il faut au contraire qu'on nous enseigne à nouveau « les éléments de la Parole de Dieu. » Mais Seigneur, puisque nous regrettons avec chagrin et avec honte notre connaissance imparfaite de ta parole et de ta volonté, nous plaiderons notre ignorance même comme une raison pour que tu continues à nous communiquer tes instructions pleines de grâce et de vérité.
Demeure avec nous, car ce que nous connaissons en partie de tes doctrines et de tes préceptes nous rend plus désireux encore d'arriver à cette unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, dans l'état d'un homme parfait, dans la mesure de la parfaite stature de Christ (Eph. IV, 13).
Ouvre-nous les Écritures ; révèle-nous tout ce qu'elles renferment sur toi ; rends-nous capables de connaître ton âme qui passe toute compréhension. Fais que nos coeurs brûlent au dedans de nous-mêmes pendant que tu nous parles dans le chemin.

Demeure avec nous.
Les déceptions et les épreuves que nous rencontrons sur nos pas sont lourdes à porter. En avançant dans le sentier du monde nous sommes souvent tristes et découragés. Nos espérances les plus chères ont été frustrées, nous sommes comme abandonnés et sans amis.
Ne veux-tu pas t'approcher et nous consoler ?
Ne veux-tu pas dissiper nos craintes et fortifier notre foi ?
Ne veux-tu pas remplir nos coeurs de telle sorte qu'il n'y ait plus de place pour les soucis rongeurs et l'inquiétude ?

Demeure avec nous. Il y a des dangers devant nous, autour de nous ; qui peut nous en délivrer si ce n'est toi ? Nous voyons des afflictions dans le lointain, à qui d'autre qu'à toi irions-nous pour être secourus ?
Oh ! ne t'éloigne pas, les difficultés sont là et il n'y a personne pour nous aider. Mais nos chagrins seront plus légers si tu es avec nous, et si tu veux nous dévoiler la nécessité et le résultat des chagrins qui ont été notre partage ; si tu veux nous montrer que de la source de nos douleurs sortiront réellement les fontaines de notre joie.

Demeure avec nous.
Une courte visite de toi de temps en temps, Seigneur, quoique ce soit plus que nous ne méritions, ne peut pas satisfaire nos désirs. Nous voulons que tu habites avec nous, non pas comme un voyageur en passant, mais pour toujours et pour que nos coeurs soient réellement ta demeure : Toi qui es l'attente d'Israël et son libérateur au temps de la détresse, pourquoi serais-tu dans le pays comme un étranger et comme un voyageur qui se détourne pour passer la nuit (Jérém. XIV, 8).

Oh ! demeure avec nous - À travers le soleil de la prospérité et les ténèbres de l'adversité ; dans nos luttes et nos joies spirituelles ; lorsque les devoirs de la vie se pressent autour de nous, et lorsque l'ombre de la mort s'étendra sur notre sentier, ne nous quitte pas, ne nous abandonne pas, toi le Dieu de notre salut.
Notre affection pour toi est si vive, nous avons un sentiment si profond de notre incapacité et de notre misère sans toi, que nous ne pouvons supporter la pensée que tu nous quittes jamais. Prends-nous ce que tu voudras, mais laisse-nous, toi, toi-même.

Demeure avec nous.
Il y a des moments, moments douloureux dans notre expérience chrétienne, ou par incrédulité ou par erreur, nous perdons la douce réalisation de ta présence. Tu es près de nous, tu es avec nous, mais nos yeux sont retenus et nous ne te reconnaissons pas.
Notre ignorance naturelle, les mystères de ta providence, jettent comme un voile d'obscurité sur notre intelligence et nous ne te discernons plus. Cependant nos pensées et nos désirs sont encore fixés sur toi avec une grande force ; nous languissons de revoir la lumière de ta face ; et si tu veux demeurer avec nous, si tu veux avoir pitié de notre faiblesse, de la lenteur de notre intelligence, nos yeux ne tarderont pas à s'ouvrir, et nous te reconnaîtrons avec joie, comme notre Créateur, notre Ami, notre Sauveur.

Demeure avec nous.
C'est avec la confiance que donne la foi, que nous implorons ta présence perpétuelle et ton amour, car tu as promis que si nous t'aimions et gardions tes commandements, tu viendrais à nous et que tu ferais ta demeure chez nous.
Tu as déclaré que tu serais toujours avec nous, même jusqu'à la fin du monde.
Tu nous as assuré que tu ne nous quitterais jamais.
Nous venons donc avec une sainte hardiesse au trône de la grâce, et nous te demandons d'accomplir en nous ta parole.
Demeure avec nous, au milieu de la vie, de la mort ; manifeste-toi à nous, comme tu ne te manifestes pas au monde. Que nous vivions dans la société du Père, et avec toi son Fils Jésus-Christ ; et lorsque le voyage de la vie sera terminé, reçois-nous dans une de ces nombreuses demeures que tu prépares maintenant pour tes disciples, afin que là où tu es, nous y soyons aussi, et que nous y jouissions d'une communion éternelle avec toi.