Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SOIR DE LA VIE
OU
PENSÉES POUR LES VIEILLARDS






LA PERTE DE LA MÉMOIRE.

  Notre mémoire s'affaiblit étonnamment à mesure que nous avançons en âge ! nous oublions les petits événements de chaque jour ; notre histoire passée nous apparaît comme un rêve vague et indistinct. Les amis et compagnons de notre jeunesse s'effacent de notre souvenir, et il nous arrive même d'oublier leurs noms. Il est vrai que parfois on rencontre des personnes âgées qui ont conservé une mémoire aussi sûre et fidèle que celle des jeunes gens qui les entourent, mais c'est là une exception sur laquelle il est plus sage de ne pas compter.
La perte de la mémoire est une infirmité très naturelle et très ordinaire à la vieillesse ; ne soyons donc ni surpris, ni impatients de ce signe, entre plusieurs autres, de notre mortalité. Ce monde-ci n'est pas le lieu de notre repos éternel, quoique nous soyons trop portés à y vivre comme s'il devait en être ainsi ; nous devons donc envisager le déclin de nos forces et de nos facultés, comme des avertissements salutaires et nécessaires de l'instabilité de notre séjour ici-bas.
Et non seulement ils sont destinés à nous rappeler que nous avons atteint le terme du voyage, et qu'il faut nous préparer à l'immortalité, mais ils nous aident à cette préparation, en nous retirant peu à peu de l'activité de la vie, et en nous sevrant graduellement de notre attachement pour tout ce qui nous entoure.

Nos faibles capacités de corps et d'esprit, nous mettent hors d'état de prendre part aux occupations qui nous absorbaient autrefois, mais dans cette obligation où nous sommes de renoncer à la vie active, nous gagnons du temps pour la réflexion et la méditation, tandis que les privations et les épreuves, qui nous sont imposées, nous font dire avec le patriarche affligé. « Je ne voudrais pas vivre à toujours ; » et nous font ainsi envisager notre départ plus volontiers que nous ne l'aurions fait sans cela.

Il n'en est pas moins vrai que la perte de la mémoire est une épreuve fort désagréable, et qu'il est impossible d'y remédier. « Ma mémoire s'en va chaque jour davantage, » écrivait à sa soeur une femme chrétienne qui avait atteint sa soixante-dixième année ; j'oublie d'une heure à l'autre où je place les objets ; il est vrai que je pourrais parer à cet inconvénient en ayant une place pour chaque chose et en ayant le soin de remettre chaque chose à cette place ; règle excellente à tous les âges de la vie, mais qui ne me sert à rien, puisque j'oublie que j'oublie ; personne, sauf ceux qui l'ont éprouvé, ne peuvent se douter à quel point c'est un supplice.
Les dates, les événements, tout m'échappe ; - il faut que je note tout ; - puis je perds mes notes. Toutefois de grandes bénédictions me sont accordées en compensation de ces misères, de grandes, d'innombrables compensations ; ma vie est cachée avec Christ en Dieu ; mon Sauveur est ma sûreté ; avec lui tout ira bien ; Lui n'oublie pas. Tout ce qui me concerne est entre ses mains, il dirigera tout, perfectionnera tout, - finira tout. »

Au milieu des changements et des imperfections attachées à notre vie actuelle, quelle pensée pleine de consolation que celle que Jésus n'oublie rien. Il se rappelle toujours son peuple, et prend le plus vif intérêt au moindre détail de son existence. La femme peut-elle oublier son enfant qu'elle allaite en sorte qu'elle n'aie point pitié du fils de son ventre ; mais quand les femmes les auraient oubliés, encore ne t'oublierai-je pas moi (Esaïe XLIX, 15).
Le temps ne peut ni affaiblir, ni détruire la connaissance parfaite que Jésus a de nos affaires. Et quand bien même nous perdrions la mémoire, quand bien même elle ne pourrait plus nous rendre le service qu'elle nous rendait autrefois, elle peut encore retenir avec gratitude le nom précieux de notre Sauveur, et le souvenir de son amour insondable.

Le pieux évêque Beveridge, sur son lit de mort, ne reconnaissait plus ses parents ni ses amis. Un ecclésiastique avec qui il avait été intimement lié, vint le voir et lui dit : « Évêque Beveridge, me reconnaissez-vous ? - Qui êtes-vous ? » lui demanda le vénérable prélat. Lorsqu'on lui eut dit le nom de son visiteur, il secoua la tête et dit qu'il ne le reconnaissait pas. Il en fut de même pour d'autres amis. Sa femme s'approcha de son lit, et lui demanda à son tour s'il la reconnaissait, mais l'évêque avait perdu même le souvenir de sa femme.
Enfin, quelqu'un lui demanda : - « Évêque Beveridge, connaissez-vous le Seigneur Jésus-Christ ? - Jésus-Christ, répéta-t-il, comme si ce nom eût exercé un charme secret sur lui ; oh ! oui ; il y a quarante ans que je le connais ce précieux Sauveur, il est ma seule espérance. »

Seigneur, quand nous en viendrions à tout oublier, puissions-nous nous souvenir de toi. Puissions-nous regarder à toi, - nous reposer sur toi, - demeurer en toi, - et attendre cet heureux moment où nous serons pour toujours avec toi.
Au ciel nous ne nous plaindrons plus de l'imperfection de notre mémoire ; alors nous nous rappellerons, sans effort, sans erreur, sans rien oublier, - de quelle manière le Seigneur notre Dieu nous a conduits pendant tant d'années dans le désert. Quel regard sur le passé ! La lumière de l'éternité éclairant nos souvenirs, chaque page de notre vie deviendra claire et lisible, et nous les lirons sans regret et sans douleur.

Dans ce monde, le souvenir des jours écoulés est souvent mêlé de chagrin ; il nous revient à la mémoire des scènes, des événements sur lesquels nous n'osons pas nous arrêter, et que nous voudrions bien oublier. Il n'en sera pas ainsi là-haut. Le coup d'oeil que nous jetterons sur notre pèlerinage ici-bas sera complet et lucide au plus haut degré ; de notre berceau à notre tombeau, rien ne nous échappera, mais en même temps, nous acquerrons une connaissance si intime et si profonde de la providence miséricordieuse de notre Père céleste, et cette connaissance sera accompagnée d'une soumission si complète à sa volonté, que nos souvenirs ne réussiront pas à éveiller dans nos coeurs le moindre chagrin ; au contraire, nous découvrirons des preuves si variées et si nombreuses de la tendresse et de la bonté de Dieu pour nous, que nous, en serons remplis d'une reconnaissante adoration.
En repassant avec détail les circonstances de notre vie terrestre, nous verrons assez de la sagesse merveilleuse de Dieu et de son amour pour exciter nos louanges pendant toute l'éternité.

Au lieu donc de nous lamenter de nos infirmités actuelles, efforçons-nous de réaliser cet affranchissement de l'imperfection, et ces facultés spirituelles, dont nous ne jouirons dans toute leur plénitude que dans un état futur. Nous nous approchons du pays où règne une vigueur et une jeunesse perpétuelle ; cette intelligence affaiblie, cette mémoire qui fait défaut sont autant de signes que nos esprits fatigués jouiront bientôt du repos.

Une veuve fort âgée et pauvre, pauvre quant aux richesses de ce monde, mais riche quant à la foi, répondit avec gaieté à son pasteur qui lui demandait de ses nouvelles. « Que de sujets de reconnaissance n'ai-je pas ! combien n'en est-il pas, qui, à mon âge, sont retenus au lit, tandis que je puis encore aller et venir et tenir ma maison en ordre ; j'espère bien conserver mes facultés jusqu'au bout.
- Je suis sûr cependant, reprit le pasteur, que vous n'êtes pas sans remarquer que votre tabernacle terrestre va bientôt être détruit, aujourd'hui c'est un pieu qui tombe, demain c'est un autre ; une fois, c'est un côté qui s'écroule, une autre fois c'est le côté opposé.
- Oui, monsieur, chaque jour je m'aperçois que mon pauvre corps est très faible ; souvent j'ai de la peine à traverser ma chambre, et la mémoire me manque presque entièrement. Il m'arrive souvent d'aller chercher quelque chose dans la chambre à côté, et lorsque j'y suis, d'oublier ce que je voulais y prendre.
- Vous vous souvenez peut-être plus distinctement de ce qui vous est arrivé lorsque vous étiez jeune fille, que de ce que vous avez vu pu entendu la semaine passée.
- Oh oui ! monsieur, il me semble qu'il y a quelques jours seulement j'étais encore une enfant, mon père demeurait au moulin, et je me rappelle les jeux que je faisais dans les champs avec mes amies.
- Ma chère amie, la mémoire est ordinairement la première faculté qui s'affaiblît chez les vieillards ; Dieu veut ainsi les amener à oublier les choses qui sont derrière eux, pour ne songer qu'à celles qui sont en avant. Il les empêche de regarder en arrière pour leur enseigner à regarder en avant. »

Regardons tous en avant, et lorsque nous envisagerons les glorieuses réalités du ciel, pourrons-nous nous plaindre d'oublier les choses décolorées de la terre ? Ne vaut-il pas mieux, à mesure que nous nous approchons des joies de l'éternité, que les vanités du monde nous apparaissent moins visibles et moins brillantes ? Un brouillard se répand sur la terre, mais le soleil de l'éternité va percer.


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