Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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HISTOIRE DE LA TERRE





CHAPITRE DEUXIÈME
La Création d'après la Bible et la géologie.

La Bible commence l'histoire de l'humanité par celle de la nature. Herder, en faisant des sciences physiques le majestueux propylée de l'histoire de l'humanité, exécutait simplement le plan qui plus de trente siècles auparavant avait été tracé en tête de la Genèse.

Cette première page qui contient le récit de la création des cieux même et de la terre, est si simple, qu'il ne s'y trouve pas un mot que l'intelligence la moins exercée ne puisse comprendre ; si sublime que les païens en admiraient la beauté ; si profonde que chaque siècle en recommence l'étude sans jamais l'achever. L'enfant qui épelle ces deux mots de la première ligne, Dieu créa, ne se doute pas qu'il suce, comme avec le lait, une sagesse qui surpasse celle des Platon et des Aristote ; et le géologue s'étonne de voir tous les grands résultats de ses longues recherches consignés déjà dans le plus ancien et le moins scientifique de tous les livres.

Moïse nous y raconte comment Dieu a créé l'univers. C'est une page d'histoire. Mais l'histoire suppose un témoin, et comment l'homme a-t-il su ce qui se passait avant lui au ciel et sur la terre ? Il n'a pu le savoir d'une science positive et certaine que par une révélation, et l'on sent en lisant la première page de la Genèse l'accent de la prophétie qui parle avec une extrême simplicité et une naïve assurance de choses qui sont inaccessibles à l'intelligence humaine.
Il est bien vrai que de faux prophètes, prenant leurs rêves ou leurs hypothèses pour des révélations d'en haut, ont imité le ton et le langage de l'inspiration divine. Mais quand l'homme se met à deviner l'histoire, soit passée, soit future, il fait tant de bévues qu'a sa seconde phrase on reconnaît déjà qu'il parle de lui-même et que Dieu n'est pour rien dans tous ses discours.

Il est vrai encore que de nos jours on tente de reconstruire l'histoire de la création de la terre par l'étude des roches et des fossiles. Mais nul ne prétendra que c'est par la géologie que Moïse est arrivé à composer son tableau des sept jours de la création.

Ainsi donc la Bible, qui finit par une apocalypse de l'avenir, commence par une apocalypse du passé.
Celle-ci est d'ailleurs beaucoup plus ancienne que Moïse ; car elle se retrouve, par fragments plus ou moins mutilés, chez tous les peuples anciens. Ces fragments sont une des preuves les plus fortes de la commune origine des nations, et supposent que lors de leur dispersion toutes connaissaient déjà la vision cosmogonique des sept jours (1).
Elle formait même, si nous ne faisons erreur, leur dogme fondamental, la base de toute leur religion, la grande révélation de Dieu au peuple primitif, et elle avait été pour l'humanité antédiluvienne ce que plus tard la loi de Moïse fut pour Israël, ou la venue du Christ pour l'Église. Nous inclinons à croire que c'est Adam lui-même à qui l'Éternel a fait connaître l'oeuvre progressive de la création du monde et imposé la loi d'un jour de repos après six jours de travail.

Mais les révélations prophétiques ne s'interprètent pas d'après les mêmes règles que les livres historiques.

1° S'agit-il des destinées des nations, la prophétie, quels que soient les détails où elle entre, a toujours pour base les lois générales de la nature humaine et de la justice de Dieu, et comme ces lois sont vraies des individus aussi bien que des nations, et des siècles présents aussi bien que des âges les plus reculés, tout dans le domaine de l'humanité devient type et figure. Il en est de même de la vision des sept jours.
Là, sous la lettre du texte, gît cachée la grande loi du progrès, d'après laquelle Dieu a créé notre monde, et la formule de cette loi, une fois découverte, s'appliquera à tout ce qui progresse dans le domaine de la nature terrestre : aux continents, à la plante, à l'animal, et même au peuple et à l'humanité ; car l'univers est un, et le monde moral est régi par des lois analogues à celles du monde physique.

2° Les prophètes voient l'avenir en raccourci et selon les lois de la perspective : une longue série d'événements s'offrent parfois à leurs regards comme un fait unique, et d'un seul mot ils résument toute une époque. S'ils discernent plusieurs plans, ces plans, pareils à ceux des différentes chaînes des Alpes vues depuis le Jura, se rapprochent au point qu'au premier abord ils semblent se confondre ; mais en étudiant attentivement les livres prophétiques, on se convainc que l'ordre chronologique des siècles futurs n'y est jamais interverti. La vision génésiaque nous offre pareillement l'immense histoire de la création résumée en sept tableaux, d'une extrême simplicité, qui n'ont chacun qu'une ou deux figures.
Si l'on veut se faire une juste idée de l'intuition prophétique, qu'on examine comment les nombreux détails que le deuxième chapitre de la Genèse donne sur la création d'Adam et d'Ève, disparaissent dans le premier qui n'a conservé que le fait capital. Et cependant, en étudiant avec une scrupuleuse attention et comme à la loupe le texte de la vision cosmogonique, on y discerne certains traits qui font déjà pressentir tout ce qui se lit à la page suivante : l'homme en effet est d'abord nommé seul et la femme ne vient qu'en seconde ligne. Cet exemple nous montre avec quel soin a été pesé chaque mot du récit apocalyptique.
Ainsi il ne serait point impossible qu'au troisième jour les arbres n'aient été créés qu'après les herbes, et au cinquième les oiseaux après les poissons ; ou du moins nous pouvons être certains que s'ils n'ont pas tous reçu au même moment l'existence, ceux qui sont nommés les derniers n'ont pas été formés avant les autres.

3° Dans la vision le temps est une valeur indéterminée, et le mot de jour désigne d'ordinaire une longue période, un jour de Dieu.
Cette simple considération suffit pour fixer le vrai sens des jours cosmogoniques. C'est d'ailleurs ainsi que les ont entendus les nations païennes qui en faisaient des règnes immenses de leurs dieux (2; et le développement si lent de l'humanité qui n'a vu descendre vers elle son Sauveur qu'après quatre mille ans d'attente, suppose par analogie une transformation non moins lente du chaos en une terre très bonne.
Comment d'ailleurs les six jours de la création seraient-ils de vingt-quatre heures, quand le soleil n'a été fait qu'au quatrième, quand la première nuit est celle du chaos, et quand le septième jour n'est point encore terminé maintenant ? Au quatrième verset du second chapitre, enfin, les six jours cosmogoniques n'en forment plus qu'un seul, « celui où l'Éternel Dieu fit la terre et les cieux. »

4° Toute révélation ayant pour but, non de satisfaire la curiosité et d'avancer les sciences, mais de sauver l'homme par la vérité divine, le prophète, dans l'extase, voit la nature telle qu'elle se présente à lui dans la vie ordinaire avec toutes les erreurs des sens. De même, Moïse, dans le récit de la création, divise l'univers en deux parties, la terre et les cieux, ne nous enseigne point le système de Copernic, ignore également la nature du noyau de notre globe, et ne nous raconte des phases de l'oeuvre créatrice que ce qu'en aurait pu voir un témoin oculaire.

En résumé, la vision cosmogonique est un livre qu'un savant du plus haut mérite a commencé à l'usage des ignorants, et dont il a tracé le plan en le divisant en sept chapitres. En tête de chacune de ces sections il a écrit le sujet qui devait y être traité, et il a laissé à ses successeurs le soin de remplir toutes les pages blanches, dont le nombre est fort grand.

Nous ne pouvons ici admettre l'opinion des géologues tels que M. Buckland, ou des théologiens tels que M. Victor de Bonald (3), qui rejettent avant le chaos de la Genèse toutes les époques de la terre qu'a découvertes la géologie, et font du récit des six jours celui de la réorganisation de la surface de notre planète lors du dernier cataclysme universel et de la création de l'homme. À ce point de vue la terre informe et vide serait simplement la terre déjà toute formée et depuis fort longtemps couverte de végétaux et d'animaux, laquelle aurait été pour un peu de temps submergée par les eaux ; les six jours seraient des jours de vingt-quatre heures, et l'oeuvre de chacun d'eux aurait été si prompte qu'il serait impossible à la géologie d'en retrouver la moindre trace. Cette interprétation a l'avantage, fort équivoque, de rendre impossible tout contact, tout contrôle, toute lutte entre la Bible et la science, et c'est probablement ce qui a valu à cette opinion l'empressement avec lequel on l'a accueillie dans les deux camps. Mais elle n'est plausible qu'à la condition de prendre au rabais toutes les expressions du texte sacré, qui devient ainsi emphatique et puéril, inexact et fautif.
Le tableau des origines de la terre et des deux au jour qu'ils furent créés, n'est plus que celui des petits incidents de la dernière réorganisation de la surface terrestre.

Une autre interprétation qui n'a été encore exposée dans aucun livre, et qui appartient à M. le professeur Th. de Genève, consiste à transporter toute la géologie dans le sixième jour génésiaque : les animaux du cinquième jour, les plantes du troisième auront été détruits si complètement par les nuits cosmogoniques, qu'il ne reste aujourd'hui aucune trace de leur existence, et au sixième jour ils auront été créés de nouveau à peu près selon l'ordre de leur primitive apparition.
Avec cette explication le récit des six jours, restant celui de la création du monde, conserve le seul sens que lui donnera tout esprit non prévenu, et la géologie ne pourrait jamais se trouver en conflit avec les quelques lignes du texte sacré relatives au sixième jour.
Mais ce sixième jour qui embrasserait à lui seul toute la série des révolutions géologiques, acquerrait, ce semble, une durée démesurée ; et par analogie chacun des cinq jours antérieurs devrait comprendre pareillement des myriades d'années.

Il se peut que l'avenir amène quelque grande réforme dans les systèmes actuels des géologues. Il se peut aussi que l'intelligence que notre siècle a acquise de la vision génésiaque, soit aussi inférieure à celle qu'en possédera l'Église future, qu'elle est supérieure aux vues de saint Basile et de saint Augustin. En attendant, je tenterai ici de mettre en parallèle les six jours de la Genèse et les révolutions géologiques, et de démontrer que l'accord entre la Bible et la science est dès maintenant assez grand pour qu'il soit permis d'affirmer qu'un jour il sera complet.

Déterminons, d'abord, le sens de quelques mois qui y figurent pour ainsi dire à chaque ligne : créer, BARA, et faire, gASAH ; terre, ARETS, et CIEUX, SCHAMAJIM ; jour, JOM, soir, gEREB, matin, BOKER.

BARA a dans toute la Bible une signification très relevée, qu'on a voulu ravilir et nier en disant que étymologiquement ce mot a le sens de couper et façonner, de forger et fabriquer, de séparer ou ordonner.
Mais on oublie que l'hébreu est une langue profane que les patriarches et les prophètes ont trouvée tout achevée, et dont ils ont fait un idiome sacré en purifiant les anciens sens des mots.
Ainsi, quoi de plus panthéiste, de plus païen que le terme THOLDOTH, générations, pour désigner les origines du monde ! Ne se croirait-on pas en Égypte où les principaux objets de la nature personnifiés et divinisés étaient les pères ou les enfants les uns des autres ? Mais aussi Moïse a-t-il soin d'ajouter un second mot qui corrige le premier : « Telles sont les générations des cieux et de la terre, quand ils furent créés. »
Ainsi encore RAQIAg, l'étendue, a beau venir d'un verbe qui signifie étendre un métal à coups de marteau, et être traduit dans les LXX par, et dans la Vulgate par firmamentum : Moïse sait bien donner à ce mot le sens d'un espace libre et vide ; tout comme il emprunte au langage vulgaire les expressions de fenêtres ou d'écluses, et de portes des cieux, sans croire que les cieux sont d'airain et ont des ouvertures pareilles à celles de nos maisons. Nos astronomes s'astreignent-ils donc à ne jamais parler de la voûte céleste ?
Pour revenir à BARA, nous dirons que ce verbe reçoit son vrai sens de l'idée que les écrivains inspirés se faisaient de la toute-puissance de Dieu, qui est pour eux illimitée : « Il dit, et la chose est ; il retire son souffle, et tout rentre dans le néant ; les montagnes tremblent et se fondent devant lui. »
Aussi ne mettent-ils pas de différence entre tirer une chose du néant, et la former d'une matière préexistante ; le premier n'est pas plus difficile que le second pour un Dieu à qui tout est possible.

Créer, c'est faire apparaître quelque chose d'entièrement nouveau, que ce soient ou les astres appelés du rien à l'existence, ou les premiers animaux et l'homme dont les éléments étaient déjà là, ou de simples événements historiques que nous dirions inouïs, ou des faits spirituels et intérieurs, ou même un peuple qui ne ressemble à aucun autre (4).

Faire, ASAH, dans la vision génésiaque, indique un acte subséquent à celui de créer, ainsi que paraît l'indiquer l'expression de II, 3 : BARA LA gASOTH, créé pour faire, ou plutôt créé en faisant, créé et fait.
Dieu crée la terre qui devient eau et chaos, et, en séparant les eaux, il fait l'étendue qui n'est que le résultat de leur disposition nouvelle.
Il crée la terre ou le monde qui contient les éléments de tous les astres du système solaire, et au quatrième jour il fait le soleil et la lune qui étaient depuis longtemps en construction.
Il crée au cinquième jour les poissons, qui sont les premières âmes vivantes ; les quadrupèdes de l'époque suivante ne sont plus qu'une modification du type de l'animal, et aussi Dieu les fait.
Le moment est-il venu où l'homme doit apparaître : quand Dieu se parle à lui-même, il dit : Faisons ; car rien n'est nouveau pour Celui dont les décrets sont éternels ; mais, quand il réalise son idée, il crée l'homme, qui ne continue pas le règne animal et par qui commence sur la terre le monde de la liberté.

Cependant Dieu ne crée et ne fait pas toutes choses seul et par lui-même ; il veut que la terre concoure avec lui à son oeuvre. Il est si grand qu'il aime à relever le plus possible ses créatures et à leur communiquer de sa puissance et de sa gloire. Mais ce n'est pas moins chose étrange que cette part assignée à la nature dans la création, et, ce qui est plus admirable encore, c'est le soin avec lequel sa part est délimitée.
La terre n'est co-ouvrière avec Dieu que parce qu'il l'a pendant le chaos pénétrée, vivifiée par son Esprit. Il lui commande de produire, de faire sortir d'elle les végétaux, et, sans autre intervention divine, elle pousse son jet. Il dit à la terre de faire sortir de son sein les quadrupèdes ; mais il est seul à les faire. Enfin, pour l'homme, il s'adresse non point à la nature, mais à lui-même, et le crée et forme de ses propres mains.

Tout ce que l'Éternel a créé et fait, l'univers, est désigné dans la vision génésiaque par les deux mots de cieux et de terre. En étudiant le texte de la vision, on se convaincra aisément que le mot de terre est pris dans un sens multiple, comme c'est le cas en français pour le monde qui s'entend tour à tour des continents ou de la demeure des hommes, de notre globe planétaire, du système solaire, et de toute la création. Il s'agit donc de déterminer exactement le domaine de la nature qu'embrasse dans la vision l'expression de terre ; ce qui restera en dehors, sera les cieux.
Or, en lisant : Au commencement Dieu créa les deux et la terre, et la terre était informe, il est évident qu'ici les cieux n'étaient pas informes, et que le chaos ne concerne que la terre.
On est ainsi tenté au premier abord d'entendre par les cieux du commencement tous les astres sans exception, et par la terre notre seule patrie. Mais en poursuivant la lecture du texte sacré, on voit la terre informe ou les eaux du chaos former, en se séparant, un espace libre qui se nomme cieux, et qui reçoit plus tard le soleil, la lune et les étoiles ; le chaos semble donc avoir contenu le monde entier, et la terre informe n'être rien moins que l'univers.
Cependant elle ne renfermait certainement pas les cieux du commencement. Il faut donc tracer une limite quelconque entre ces cieux et ceux des six jours.

Cette limite ne peut être déterminée avec certitude. Toutefois si l'on considère que l'hébreu n'a pas de mot spécial pour les planètes, il n'est pas absolument impossible d'entendre de ces astres seuls les mots du texte : ETH HA COCABIM (et les étoiles).
Les premiers cieux seront ainsi pour nous le monde des étoiles fixes, et les autres le système solaire. Cette interprétation a du moins le mérite de la simplicité et de la clarté ; elle va d'ailleurs à la taille de notre petite foi. Mais il serait plus conforme au texte de rapporter à l'oeuvre des six jours la création des étoiles fixes et de notre système solaire, de toute l'armée des vieux, et d'entendre par les cieux du premier verset les voies lactées inconnues, les cieux des anges, les cieux des cieux où est le trône de l'Éternel.

Reste à déterminer le sens des mots : jour, soir et matin.
Les jours de la vision, avons-nous vu, sont de longues périodes. Chaque jour a donc son histoire propre, bien distincte de celle qui précède et de celle qui suit. Ainsi les plantes de la troisième période, vivant dans un temps où la lumière qui les éclairait n'était pas celle de notre soleil, et où il n'y avait ni jours et nuits, ni saisons, ont dû nécessairement former une flore spéciale, qui aura disparu et fait place à une flore toute nouvelle lorsque la terre est devenue une planète. C'est aussi ce que confirme d'une manière tout à fait inattendue le deuxième chapitre de la Genèse, qui nous décrit avec beaucoup de détails tout ce qui s'est passé au moment de la création de l'homme, et qui nous apprend entre autres qu'alors, c'est-à-dire à la fin du sixième jour, les plantes actuelles n'existaient point toutes encore.

Dieu n'avait donc pas créé au troisième jour tous les végétaux, et la création des arbres et des autres plantes, qui a été l'oeuvre de cette période antésolaire, ne s'est terminée qu'aux approches du sabbat divin.
Ce qui est vrai des plantes doit l'être des animaux : ceux du cinquième jour ne sont pas nos poissons ni nos oiseaux, ils auront fait place dans la période suivante à des espèces nouvelles ; et aussi lisons-nous dans ce même deuxième chapitre que les oiseaux contemporains de l'homme n'ont été créés qu'après lui.
Le sens du récit génésiaque se dévoile ainsi à nos yeux, et tout nous prouve que nous avons bien ici une vision, et non une histoire ordinaire. Les six tableaux nous montrent l'ordre exact dans lequel chaque élément physique, chaque type d'êtres apparaît, mais ils gardent un complet silence sur les nombreux changements que ces éléments et ces types, une fois formés, éprouvent dans les périodes subséquentes, soit que ces changements proviennent, comme pour les plantes et les animaux, d'actes directs de la Toute-Puissance créatrice, soit qu'ils s'opèrent spontanément par les lois ordinaires de la nature. Ce dernier cas est celui de l'atmosphère qui, formée au deuxième jour, s'est successivement modifiée par l'apparition des plantes d'abord, puis du soleil, et enfin des animaux.

Quand nous disons que chacun des six jours avait son atmosphère, ou sa flore, ou sa faune, eu un mot, son histoire, nous supposons que la fin d'une de ces périodes et le commencement de la suivante étaient marqués par quelque grande crise. Ces crises sont les soirs, gERED, de la vision. Mais que Faut-il entendre par ces soirs ?
Tous doivent se ressembler, car ce terme reparaît identique à la fin du récit de chaque jour. Les cinq derniers sont donc ce qu'était le premier, et le premier, chose étrange, ne vient point clore le premier jour, mais l'ouvre au contraire et le commence.
Or, ce soir-là, c'est le chaos avec ses ténèbres, et les cinq autres sont ainsi autant d'irruptions que les ténèbres du chaos font dans l'oeuvre divine de la création.
Mais le chaos de la vision, qu'est-il ?
Un temps où la terre était incomposée, désordonnée, vide de tout être, morte ; peut-être même était-elle alors une ruine, les débris d'un monde antérieur. Les cinq soirs qui ont suivi le premier ont donc été autant d'époques où le désordre reprenait le dessus dans la nature, où la terre se voyait de nouveau dépouillée de ses productions et de ses habitants, où tout mourait, et peut-être où tout était détruit par d'effroyables catastrophes.

La formule du texte, six fois répétée : il y eut un soir, et un matin, ce fut le... jour, signifie donc que chacun des six jours comprenait une époque de repos, de mort, de trouble, de ruine, et une époque d'énergie, de vie, d'ordre, de création, ou de restauration. Ce sont là, dans la religion de l'Inde, les temps de sommeil de Brahma et ses temps de veille.

Si le récit cosmogonique n'était pas une vision, nous devrions penser que le matin et le soir divisaient chaque jour en deux parties égales, et que rien de ce qui appartenait au soir ne devrait se trouver dans l'autre moitié. Mais dans l'extase prophétique, avons-nous vu, tous les événements semblables se résument en une figure unique, et l'expression de soir et de matin désigne simplement la double nature de chaque période qui peut comprendre plusieurs temps de désordre et plusieurs temps de création ou de paix. C'est du moins ce qui résulte de ce même deuxième chapitre dont la comparaison avec le premier est si riche en instructions.
Nous y voyons que les quadrupèdes qui avaient été créés au matin du sixième jour, avaient, pendant ce même matin, disparu de la terre ou du moins du pays d'Éden au temps où fut créé l'homme ; car ce n'est qu'après la formation d'Adam que Dieu fit les quadrupèdes et les oiseaux qui devaient entourer le roi de la terre.

L'oeuvre des six jours présente donc, du chaos par la terre bonne à la terre très bonne, un progrès interrompu par six grandes crises et par un nombre indéterminé de plus petites. Mais le chaos n'est pas le commencement des oeuvres de Dieu, et en tête de la vision est la création du monde de l'aurore.


Table des matières

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(1) Voyez Peuple Primitif, t. I, p. 6, 34 sq., 213-247, et le IVe livre tout entier.

(2) Voyez Peuple Primitif, t. II, liv. XI, et p. 443, 462, 468 sq. 476

(3) Buckland, Géologie et Minéralogie. Victor de Bonald, Moïse et les Géologues modernes.

(4) Genèse I, 1. 20. 21. 27 ; Nomb. XVI, 30 ; Jérem. XXXI, 22 ; Ps. LI, 10 ; Esaïe LXV, 17. 18 ; XLIII, 15. Comp. Ephés. II, 10 ; IV, 24 ; 2 Cor. V, 17 ; Coloss. III, 10.

 

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