BOTANIQUE
BIBLIQUE
BOTANIQUE
BIBLIQUE
CHAPITRE XVI
Le Lin
Rahab les avait fait
monter (les
espions) sur le
toit, et les avait cachés dans des
chènevottes de Lin qu'elle avait
arrangées sur le toit.
(Josué II, 6.)
La préparation du Lin, soit par des
séjours successifs dans l'eau et à
l'air, soit par le simple effet de la rosée
du matin et du soleil de midi, est encore
pratiquée en Orient de la même
manière qu'au temps de Rahab. Wilson nous
apprend que les toits de la ville de Damas sont
plats comme des terrasses, et couverts d'une sorte
de mastic rendu uni et solide au
moyen d'un rouleau. Il ajoute que plusieurs
opérations domestiques se font là
dessus, entre autres la préparation du lin
et de la toile. Le texte signifie
littéralement ici : Lin du bois,
c'est-à-dire Lin non encore
tillé.
Nous trouvons, même à une
époque antérieure à celle dont
il est ici question, les vêtements de Lin
mentionnés comme étant en usage chez
les Hébreux ; ainsi,
Lévit. XIII, 47-52.
Mais nous voyons en outre, par la Bible, le Talmud
et les traditions des rabbins, que le Lin a
été l'une des plantes les plus
anciennement cultivées en Palestine et en
Égypte. Ainsi, par exemple, lors de la
terrible plaie de la grêle, il est dit
que : Le Lin et l'orge avaient
été frappés ; car l'orge
était en épis et le Lin en tuyaux.
(Exode IX, 31.)
Plusieurs anciens auteurs parlent de la culture du
Lin, dans la vallée du Nil ; les
peintures égyptiennes représentent
avec la plus grande fidélité la suite
des opérations auxquelles ce
végétal doit être soumis. C'est
encore l'une des productions les plus importantes
du Delta ; on en exporte
énormément, quoiqu'il s'en emploie
beaucoup dans le pays même.
Évidemment les Juifs, aussi bien que les
autres peuples, estimaient le fin Lin
d'Égypte beaucoup plus que celui de Syrie.
On a longtemps supposé, par suite de
l'admiration des écrivains de
l'antiquité pour certains
tissus, qu'ils étaient remarquablement fins,
mais les enveloppes des momies prouvent qu'on se
trompait ; en effet, les morts embaumés
étant vraisemblablement des personnes d'un
rang élevé, nous pouvons en conclure
que l'on employait le Lin le plus choisi pour les
envelopper. Et cependant, ces linceuls nous
paraissent grossiers ; il est donc probable
que le fin Lin d'Égypte était fort
inférieur à celui que nous
fournissent nos métiers modernes
d'Europe.
Le Lin commun est cultivé dans toutes les
contrées civilisées du monde ;
de là son nom latin : Linum
usitatissimum. Ce n'est point ici le lieu de
parler de plusieurs espèces sauvages, fort
jolies, du reste.
CHAPITRE XVII
La Ronce
Tous les arbres dirent
à l'Épine (ou à la Ronce) :
Viens, toi, et
règne sur nous. Et l'Épine
répondit aux arbres : Si c'est
sincèrement que vous m'oignez pour roi sur
vous, venez et vous retirez sous mon ombre ;
sinon, que le feu sorte de l'Épine, et qu'il
dévore les cèdres du Liban.
(Juges IX, 14,
15.)
La Ronce dont il est ici question, n'est pas
notre Ronce commune (Rubus fruticosus), qui
ne paraît pas avoir été
observée en Palestine, mais bien une
espèce voisine (Rubus sanctus, Ronce
sainte, pour Ronce de la Terre-Sainte)
assez répandue dans l'Asie occidentale.
Cependant quelques auteurs ont pensé que
Jotham, dans son discours figuré et
populaire, fait allusion non à la Ronce,
mais au Jujubier commun (Zizyphus vulgaris)
très abondant en Palestine et en
Syrie.
C'est un arbre de grandeur moyenne, à
rameaux tortueux, garnis d'épines
crochues ; il appartient à la famille
des Rhamnées ou Nerpruns.
Il croît aussi en Égypte et en
Barbarie, et paraît avoir été
apporté en Europe sous le règne de
l'empereur romain Auguste ; on le cultive en
Espagne et en Italie pour ses fruits, qui sont fort
abondants et estimés à cause de leur
saveur sucrée et de leurs
propriétés adoucissantes. Ils ont le
volume et la forme d'une olive, et renferment une
noix à deux grains, entourée d'une
pulpe jaunâtre. Le bois du Jujubier est
très combustible.
CHAPITRE XVIII
Le Tamarisque
Saül était
assis au coteau, sous un chêne à Rama,
ayant sa hallebarde en sa main ; et tous ses
serviteurs se tenaient devant lui.
(1 Sam. XXII, 6.) Selon plusieurs
savants, le mot chêne doit se rendre
ici par Tamarisque.
Les espèces de ce genre sont très
communes dans l'Asie occidentale. Des commentateurs
pensent que c'était un bois de Tamarisques
(et non de chênes) qu'Abraham planta à
Béersceba, lorsqu'il invoqua le nom de
l'Éternel, le Dieu fort
d'éternité. Cet endroit est en effet
très exposé à des
sécheresses qui eussent rendu difficile la
culture des chênes. Nous aimons à nous
représenter le patriarche élevant son
âme à Dieu sous les gracieux arceaux
de ce temple naturel. Le Tamarisque oriental
(Tamarix articulata), comme en
général les diverses espèces
de Tamarisque, est appelé Asul par
les Arabes, dans quelques parties de l'Orient
Itel ou Atel, en Égypte
Athlé. Il atteint souvent une hauteur
de sept mètres (20 pieds) ; il compte
parmi les arbres grands et des plus gracieux d'une
famille distinguée par son
élégance.
L'espèce sauvage des côtes de France
(Tamarix gallica), très
répandue aussi en Orient, est assez
semblable au Tamarisque oriental, sauf pour la
taille. Ses rameaux minces et
élégamment courbés, avec leur
feuillage d'un vert clair et leurs épis de
fleurs rosés, en font un ornement pour les
côtes basses et incultes.
En Palestine, ce Tamarisque charme d'autant plus le
voyageur qu'il se rencontre au bord des torrents
desséchés, dans les déserts
les plus stériles. À
l'extrémité du désert de Sur,
où se passa la scène biblique d'Agar
chassée avec son enfant, croissent en
abondance des bosquets de Tamarisques
rabougris ; bien des voyageurs pensent que ce
fut sous l'un de ces buissons que la mère
désolée déposa son fils.
Selon Burckhardt, le Tarfa ou Tamarisque se
plaît surtout dans les sables, et dans la
saison la plus sèche, lorsque toute
végétation dépérit
autour de lui, il ne perd jamais sa verdure. Il se
trouve en quantité dans les déserts
de l'Arabie, de l'Euphrate, de la Mecque et de la
Nubie. Autour de Médine, les Arabes
cultivent des Tamarisques dans leurs jardins, pour
en employer le bois aux constructions ;
à cause de sa dureté ; ils en
tirent de plus un excellent charbon. Les jeunes
feuilles sont une des nourritures favorites des
chameaux ; les moutons les aiment aussi.
Tamarix Gallica
(Tamarisque)
En Égypte, le Tamarisque oriental est
souvent aussi grand qu'un
chêne, et si abondant dans le Delta, que tout
village possède un plus ou moins grand
nombre de ces arbres gracieux. Aucun autre bois
dans cette contrée ne saurait remplacer le
Tamarisque pour le chauffage et la
construction ; aussi les Égyptiens
disent-ils proverbialement : « Le
monde irait bien mal si les "Athlés"
venaient à manquer. »
Un de ces arbres se trouve aujourd'hui isolé
sur les ruines de Babylone ; les
Mahométans le vénèrent parce
qu'ils prétendent que leur prophète
Ali y attacha son cheval lors de la bataille de
Hilleb.
Le Tamarisque est l'une des plantes que quelques
voyageurs ont supposé avoir fourni la manne
aux Israélites dans le désert. Il est
en effet une espèce de Tamarisque
(Tamarix mannifera) dont les feuilles
sécrètent de petits globules
sucrés ; elle ne diffère
peut-être pas du Tamarix gallica et
croit dans les déserts du Sinaï,
où les Juifs furent nourris miraculeusement
pendant tant d'années.
Voyons si le texte de l'Écriture nous permet
d'admettre cette explication : Au matin il
y eut une couche de rosée à l'entour
du camp, et cette couche de rosée
étant évanouie, voici sur le
désert une petite chose ronde, menue comme
de la blanche gelée sur la terre ; ce
que les enfants d'Israël ayant vu, ils se
dirent l'un à l'autre : Qu'est-ce que
cela ? car ils ne savaient
ce que c'était. Et Moïse leur
dit : C'est ici le pain que l'Éternel
nous a donné à manger.
(Ex. XVI, 13-15.)
Le mot hébreu man signifiant :
quoi, qu'est-ce ? fournit aux
Israélites le nom de cette nourriture
inconnue et nouvelle. Rien dans ce passage qui
puisse faire supposer une exsudation
végétale.
Les Tamarisques du Sinaï produisent encore
aujourd'hui de la manne, mais en petite
quantité ; elle est recueillie avec
grand soin par les Bédouins, qui la
considèrent comme un aliment de luxe ;
ils la consomment presque toute
eux-mêmes ; le reste est envoyé
soit, au Caire, soit aux moines du mont Sinaï.
Ceux-ci ne manquent pas d'affirmer que c'est la
vraie manne de l'Exode.
Le docteur Kitto fait remarquer à l'appui de
l'opinion opposée, combien il est plus
facile d'admettre un fait entièrement
miraculeux. Comment en effet se représenter
des forêts de Tamarisques assez
étendues pour nourrir tout un peuple pendant
une seule semaine ?
Ainsi, dans bien des cas, les efforts faits pour
expliquer les miracles par de simples lois de la
nature, n'ont abouti qu'à créer des
difficultés nouvelles. Oh ! quand
l'homme sage du monde se contentera-t-il de
recevoir l'Écriture-Sainte avec la
simplicité d'un petit enfant ?
La planche V représente la floraison et le
feuillage du Tamarisque, avec un grossissement et
divers détails de la
fleur.
CHAPITRE XIX
Les Fèves
Barzillaï....
amena.... du froment, de l'orge, de la farine, du
grain rôti, des Fèves, des lentilles
et d'autres grains rôtis.
(2 Sam. XVII, 27, 28.)
Le présent fait ici à David dans un
moment de détresse, était exactement
ce qu'un Oriental de nos jours offrirait en
pareille circonstance.
On sait peu de choses sur l'extension de la culture
de la Fève dans la Palestine
moderne ; mais les Hébreux en faisaient
un grand usage.
La Fève (Vicia Faba) croît,
dit-on, spontanément en Perse, mais ce fait
est douteux (1).
Dès les anciens temps, elle a
été cultivée jusqu'en Chine,
au Japon, et dans l'Afrique septentrionale. Elle
faisait partie de la nourriture des Grecs et des
Romains.
Burckhardt dit que les rives du Nil sont
parfumées par la suave odeur que
répand cette plante à
l'époque de sa floraison.
Les marchands de légumes arrivent de bonne
heure dans les rues, où ils vendent des
Fèves bouillies, soit sans mélange,
soit assaisonnées d'ail ; c'est le
déjeuner favori des Égyptiens et des
Arabes. En Syrie, on cultive aussi la Fève,
dont les tiges fauchées et
écrasées servent à la
nourriture du bétail. Les diverses
variétés de Fèves ont toutes
des fleurs blanches rayées de lilas, avec
une marque noire.
CHAPITRE XX
L'Orge
Les commis....
faisaient aussi venir de l'Orge et de la paille
pour les chevaux, au lieu où ils
étaient, chacun selon sa charge.
(1 Rois IV, 27, 28.)
L'Orge (Hordeum) est mentionnée pour
la première fois à propos de la
septième plaie d'Égypte. Nous voyons
que l'Orge était alors en épis, car,
autrefois comme aujourd'hui, elle mûrissait
dans cette contrée un mois plus tôt
que le froment.
(Ex. IX, 31.)
L'Orge est encore cultivée en grande
quantité dans toute l'Égypte ;
selon Burckhardt, on en mange les épis
verts, bouillis et servis avec du lait ; on en
tire aussi une liqueur enivrante, fort
recherchée par les classes
inférieures de la
population.
La Bible fait souvent allusion à la culture
de l'Orge en Palestine. Ruth glanait de l'Orge.
(Ruth. II, 23.) Le prophète
Esaïe, énumérant les plantes
cultivées, cite entre autres cette
céréale.
(Esaïe XXVIII, 25.) Le pain
d'Orge formait, comme de nos jours, la nourriture
habituelle des pauvres ; on donnait aussi de
l'Orge au bétail.
Un soldat de l'armée de Gédéon
vit en songe « un gâteau de pain
d'Orge (emblème de l'épée
de ce guerrier) roulant vers le camp des Madianites
et renversant leurs tentes ».
(Juges VII, 13, 14.)
L'un des miracles de notre Sauveur consista dans la
multiplication de cinq pains d'Orge et de deux
poissons pour nourrir cinq mille hommes.
(Matth. XIV, 15-21.)
Mc Cheyne et Bonar mentionnent souvent la culture
de ce grain ; ils disent, en parlant des
environs de Gaza : « Au sortir des
bois d'oliviers, la vue s'ouvre sur une belle
plaine. Dans les champs, tous les travaux de la
moisson semblaient s'opérer à la
fois. Les uns coupaient l'Orge avec une faucille
assez semblable à la nôtre, quoique
toute de fer, avec un plus long manche et un plus
petit tranchant ; les autres faisaient les
gerbes ; plusieurs glanaient, d'autres encore
emportaient ce qui avait été
préparé. L'Orge paraissait de bonne
qualité, mais la récolte était
étonnamment chétive et
les mauvaises herbes abondaient
à tel point que des ânes et d'autres
bestiaux paissaient sur la portion du champ
déjà
moissonnée. »
Et ailleurs : « En nous approchant
du sommet du mont de Sion, nous nous
trouvâmes au milieu d'un vaste champ d'Orge.
La récolte était très
chétive et les tiges fort petites. Nous en
cueillîmes quelques épis pour les
emporter avec nous comme une preuve sensible de
l'accomplissement de la parole de Dieu, toujours
vraie et certaine : Sion sera
labourée comme un champ. »
(Michée III, 12.)
L'Orge étant cultivée depuis
très longtemps, on ignore sa patrie
originaire. Une ancienne tradition
égyptienne attribue à la
déesse Isis la découverte et la
première culture de cette
céréale. Beaucoup de traditions
semblables se rattachent à l'introduction de
diverses plantes alimentaires. Transmis de bouche
en bouche, le nom de l'intelligent auteur d'une
découverte ou d'un perfectionnement,
s'enveloppait chez les anciens d'un certain
mystère et finissait par devenir celui d'une
divinité.
Il n'y a pas de céréales dont le
rayon de culture soit aussi étendu que celui
de l'Orge ; cette plante supporte la
sécheresse et la chaleur mieux que toute
autre ; elle mûrit très
promptement, grand avantage pour les
étés si courts des régions
septentrionales ou montagneuses, car le froment,
plus tardif, ne saurait y
prospérer.
L'Orge était cultivée par les Grecs
et les Romains. Les premiers nommaient la
bière : « vin
d'Orge ; » chez les seconds, les
gladiateurs s'appelaient Hordiarii parce
qu'ils se nourrissaient d'Orge.
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