BOTANIQUE
BIBLIQUE
BOTANIQUE
BIBLIQUE
CHAPITRE VI
Les Lentilles
Esaü dit à
Jacob : Donne-moi, je te prie, de ce
roux-là, car je suis fort las Et Jacob donna
à Esaü du pain et le potage de
lentilles.
(Gen. XXV, 30, 34 ; comp.
Hébr. XII, 16.)
La Lentille (Ervum Lens) dont était
composé le potage qui tenta le chasseur
fatigué, est un des plus petits
légumes. Elle atteint rarement plus de cinq
décimètres (18 pouces) de
hauteur ; la nature débile de la tige
fait qu'elle ne reste debout qu'en s'attachant par
ses vrilles aux plantes voisines. Elle a des fleurs
bleuâtres qui rappellent en petit celles des
pois, mais produisent des graines moins nombreuses,
moins grosses, et aplaties.
On la cultive en grand dans les terrains sablonneux
de l'Orient et de quelques contrées de
l'Europe. Quelques variétés
répandues en France et en Allemagne sont
employées surtout en potage. Dans les
marchés de la Syrie et de l'Égypte,
on vend d'ordinaire les lentilles toutes
préparées. Selon Burckhardt, un
mélange de riz et de Lentilles, par portions
égales, sur lequel on étend du
beurre, forme l'un des mets favoris des classes
moyennes de l'Arabie, et compose
souvent à lui seul leur souper.
« J'ai trouvé partout dans
l'Hedjaz, » dit cet auteur,
« que les Bédouins en voyage ont
pour toute provision du riz, des Lentilles, du
beurre et des dattes. »
Rosenmuller dit que le potage des Lentilles
était appelé roux, à
cause de sa couleur. Pline parle d'une
variété égyptienne qui
croissait sur les sables rouges qui entourent les
pyramides, et, remarquant que les Lentilles
préféraient un sol de cette
espèce, il se demande à tort si ce
légume ne tire pas sa couleur
rougeâtre du terrain sur lequel il
croît. Des voyageurs qui ont mangé de
ce mets très répandu en Orient,
disent qu'il a l'apparence du chocolat cuit.
Près de la caverne d'Hébron,
où Abraham et sa famille furent ensevelis,
d'Arvieux vit un grand bâtiment avec une
cuisine à l'entrée. Chaque jour, on y
préparait une grande quantité de
potage, fait avec diverses sortes de
légumes, mais surtout avec des Lentilles,
puis des derviches le distribuaient aux pauvres et
aux voyageurs, en souvenir de ce qui se passa entre
Esaü et Jacob. Dans la Haute-Égypte,
près des cataractes du Nil, on fait avec un
mélange de Lentilles et d'orge un pain d'une
qualité passable.
CHAPITRE Vil
Le Chêne
Alors mourut
Débora, la nourrice de Rebecca ; elle
fut ensevelie sous un Chêne appelé
Allonbacuth (c'est-à-dire, le Chêne
des larmes.)
(Gen. XXXV, 8.)
Les Chênes de nos contrées dont
rien n'entrave la croissance, parviennent à
une taille majestueuse et sont comme des arbres
géants à côté des
autres ; en Palestine, on les retrouve, il est
vrai, formant de beaux bois et de jolis bosquets
sur les collines et les montagnes, mais chaque
arbre, pris individuellement, est loin
d'égaler le roi de nos forêts.
Plusieurs localités de la Terre-Sainte,
parsemées de nombreux bouquets de
Chênes toujours verts, ont la riche apparence
d'un parc de nos contrées. Ces arbres sont
groupés en assez grand nombre sur les
hauteurs qui environnent Hébron, mais c'est
sur les collines de Basçan,
célèbres dans la Bible, que le
Chêne est le plus vigoureux et le plus
beau.
Burckhardt se réjouissait en approchant des
ombrages épais fournis par les Chênes
de Basçan et de Galaad. Esaïe
(II, 12, 13) fait allusion a ces
lieux : II y a un jour assigné par
l'Éternel des armées contre tous les
orgueilleux et les hautains, contre tout homme qui
s'élève, et il sera
abaissé, et contre tous les cèdres du
Liban hauts et élevés, et contre tous
les Chênes de Basçan, et Zacharie
(XI, 12) dit : Chênes de
Basçan, hurlez, car la forêt qui a
été comme une place forte a
été coupée.
Il y a deux mots hébreux
différents que nos traducteurs ont rendus
par Chêne ; mais il a été
prouvé que l'un d'eux se rapporte au
Térébinthe. Le mot Allon est
évidemment le Chêne.
Le docteur Royle cite cinq espèces de
Chêne communes en Palestine ; mais,
ainsi qu'il le fait remarquer, la fréquente
mention du Chêne dans nos
Saintes-Écritures porterait à
conclure que cet arbre était plus abondant
dans les campagnes de Canaan autrefois
qu'aujourd'hui.
Le Chêne vert ou Yeuse (Quercus
Ilex) se trouve dans l'Asie occidentale et dans
l'Europe méridionale. Une de ses
variétés donne des fruits doux,
mangeables ; c'est peut-être là
le gland cité par les auteurs classiques
comme nourriture des habitants primitifs de la
Grèce.
Le Chêne à feuilles de houx
(Quercus pseudococcifera) a été
considéré comme une simple
variété de l'yeuse, mais il y a une
différence notable dans le port de ces deux
arbres.
Le grand Chêne à cupules
épineuses (Quercus Aegilops) se
présente fréquemment a la vue du
voyageur qui parcourt les collines de Juda. Il est
quelquefois appelé Chêne à
barbe de chèvre, a cause des lichens
longs et pendants qui souvent
abondent sur ses branches.
Le Quercus Ithaburensis ou Chêne du
Thabor appartient aussi à la
Palestine ; il n'est pas de haute taille, mais
ses feuilles sont très grandes et d'un vert
magnifique.
Il n'y a plus à citer pour la Terre-Sainte
que le Chêne Kermès (Quercus
coccifera), mais les botanistes en ont encore
décrit plusieurs espèces, dont le
nombre s'augmentera certainement plus tard. Le
Chêne Kermès est remarquable,
parce qu'il nourrit le Kermès (Coccus
Ilicis), petit insecte qu'on trouve en
quantité sur ses bourgeons. Cet animal
était la seule substance qui servît
à teindre en écarlate depuis
l'époque où l'on perdit l'usage de la
pourpre, célèbre couleur citée
dans la Bible et tirée d'un coquillage des
côtes de la Phénicie. Plus tard, l'un
et l'autre furent remplacés par l'insecte du
Cochenillier d'Amérique.
Le Chêne Kermès est un arbrisseau de
petite taille et toujours vert ; les insectes
qu'il nourrit sont encore utilisés par les
indigènes du Levant, de la Barbarie et
d'autres contrées, mais ils sont fort peu
employés pour la teinture dans les pays du
Nord. Cet arbuste couvre les collines de la France
méridionale et de l'Espagne, et bien des
habitants du royaume de Murcie n'ont pas d'autre
métier que de recueillir le Kermès
pour les teinturiers.
CHAPITRE VIII
L'Amandier, le Pistachier et le Noisetier
Jacob dit à ses
fils : Prenez les choses les plus
estimées du pays dans vos vaisseaux, et
portez à cet homme un présent,
quelque peu de baume, quelque peu de miel, des
drogues, de la myrrhe, des Dattes et des
Amandes.
(Gen. XLIII, 11.)
Les Amandes n'étaient pas aussi abondantes
en Égypte qu'en Syrie. Aujourd'hui comme
autrefois, l'Amandier (Amygdalus Communis)
est très répandu en Palestine et
en Syrie, soit à l'état
cultivé, soit a l'état sauvage. La
beauté de cet arbre dans les environs de
Sidon a frappé les voyageurs. Carne raconte
que les jardins plantés d'Amandiers s'y
étendent à quelque distance de la
ville ; ils produisent une grande
quantité de fruits destinés surtout
à l'exportation.
À Nablous, l'ancienne Sichem, les boutons
rosés et les fleurs odorantes de ces arbres
brillent au printemps parmi les gracieux palmiers
et les vigoureux figuiers.
Trois siècles avant Jésus-Christ,
Théophraste a parlé de la floraison
printanière de l'Amandier ;
c'était le seul arbre connu qui
fleurît avant de pousser des feuilles. Sa
floraison précoce lui avait valu
son nom hébreu de
Schakède, dont la racine peut se
rendre par faire vite, se
réveiller de bonne heure. Elle
symbolise pour Jérémie
(I, 11) le prompt accomplissement des
paroles de Dieu. Salomon désigne
(Eccl. XII, 7) la chevelure blanche
du vieillard sous l'image d'un Amandier en
fleurs.
En Palestine, ces fleurs se développent dans
toute leur beauté pendant le mois de
février.
Le fruit de l'Amandier, qui fournit une huile
très agréable, précieuse
surtout dans les pays où l'emploi de l'huile
est général, était fort
estimé en Orient. Ce fut vraisemblablement
le motif qui fit choisir la forme d'amande pour
divers objets consacrés au service de Dieu
dans le tabernacle.
(Ex. XXV, 33.)
Un jour qu'Israël murmurait contre Moïse
et son frère, Dieu le réduisit au
silence en faisant miraculeusement bourgeonner la
verge d'Aaron, qui produisit des amandes et fut
conservée pendant longtemps dans l'Arche de
l'Alliance
(Nomb. XVII, 2, 10 ;
Hébr. IX, 4), en
témoignage de l'incrédulité
d'Israël et de la puissance de
Jéhovah.
Plusieurs auteurs traduisent par Pistaches
le mot Dattes mentionné dans le
passage qui commence ce chapitre. Le Pistachier
(Pistacia vera), quoique assez abondant en
Syrie, est rare en Égypte. C'est un arbre de
petite taille, appartenant au même genre que
le Térébinthe, et cultivé dans
l'Europe méridionale et en
Orient. Les Pistaches sont employées dans la
préparation de diverses pâtisseries et
de plats sucrés, ou bien
apprêtées avec du poivre et du
sel ; on en importe beaucoup de Syrie en
Europe. Ce fruit a une coque ligneuse
légèrement colorée ; le
grumeau, vert à sa maturité, a une
saveur douce et délicate fort
estimée. Le Pistachier atteint à
peine dix mètres (30 pieds) de hauteur dans
les terrains secs, ceux qui lui conviennent le
mieux.
Le mot traduit par Coudrier
(Gen. XXX, 37) devrait être
rendu par Amandier. Il est douteux que le
Noisetier croisse spontanément en
Palestine.
CHAPITRE IX
Les Herbes amères
Ils en mangeront la.
chair rôtie au feu cette
nuit-là ; ils la mangeront avec des
pains sans levain et avec des Herbes
amères.
(Ex. XII, 8 ;
comp. Nomb. IX, 11.)
C'est en ces termes que Dieu ordonnait à
l'assemblée d'Israël retenue encore en
Égypte, de manger l'agneau pascal, ce type
de l'Agneau de Dieu qui ôte le
péché au monde.
(Jean I, 29.) II
n'est pas possible de déterminer nettement
quelles plantes étaient
désignées sous le nom d'Herbes
amères. Cinq sortes de plantes sont
citées dans la Mischna (ouvrage rabbinique
qui fait autorité parmi les Juifs) comme
pouvant avoir été employées
par les Israélites en cette occasion :
la Laitue sauvage, la Chicorée,
l'Ortie, le Cochlearia, enfin la
Coriandre.
La Chicorée et la Laitue sont toutes
deux d'une grande amertume, lorsqu'elles n'ont pas
été blanchies à
l'obscurité. Le savant rabbin Aben Ezra dit
que les Juifs mangeaient toujours des Herbes
amères avec leur nourriture ; ils en
prenaient un peu avec chaque bouchée de pain
ou de viande, exactement comme l'on mange
aujourd'hui dans les Indes les citrouilles
amères.
Selon l'opinion la plus générale,
c'est la Chicorée qu'où
désignait spécialement sous le nom
d'Herbes amères. On fait en Égypte
une forte consommation de cette plante,
appelée par les Arabes Chikouryeh.
Pline a déjà parlé de son
importance dans ce pays ; aujourd'hui
même, la Chicorée et d'autres
végétaux analogues y forment la
moitié de la nourriture des classes
inférieures de la population.
Les Septante, autorité fort ancienne, ont
adopté la traduction de
« Chicorée. » Le
docteur Geddes fait remarquer à l'appui que
ces Juifs d'Alexandrie, traducteurs du Pentateuque,
ne pouvaient pas ignorer quelles étaient les
herbes mangées de leur temps à la
Pâque.
Ajoutons à la liste de ces plantes
amères, la petite Centaurée
(Erythroea Centaurium) à fleurs rouges,
commune en Europe, et à laquelle plusieurs
commentateurs ont pensé ; en effet,
dans l'Orient, on mange en février et en
mars les jeunes pousses de cette plante, qui sont
fort amères.
CHAPITRE X
Le Cannelier et le Cassier
L'Éternel parla
aussi à Moïse et lui dit : Prends
des choses aromatiques les plus délicieuses,
de la myrrhe franche pour cinq cents sicles, du
Cinnamome odoriférant pour la moitié,
savoir : pour deux cent cinquante, et du
Roseau aromatique pour deux cent cinquante.
(Ex. XXX, 22, 23.)
Le Cannelier (ou Cinnamome) n'est pas
originaire de Palestine, mais c'est bien de la
Cannelle qu'il est ici question. Nous ne
savons pas par quelle voie les Hébreux la
recevaient des contrées lointaines de
l'Inde. Quelques écrivains pensent que le
Cannelier croît aussi dans certaines parties
de l'Arabie et de l'Afrique ; d'autres
estiment que le commerce avec les Indes, où
cet arbuste est abondant, est d'une date plus
ancienne qu'on ne le croit communément.
Laurus cassia
(Cassier)
Le Laurier Cannelier (Laurus Cinnamomum)
est cultivé à Ceylan sur une
grande échelle. C'est un arbre peu
élevé, à rameaux
étendus, son écorce est d'un gris
cendré ; il est très
pittoresque, soit par sa forme, soit par la
diversité des teintes qu'offrent ses
feuilles d'un vert éclatant et dont la
surface inférieure est blanchâtre.
Les jeunes pousses sont d'une couleur
écarlate cramoisie, leur écorce est
souvent marquée de taches d'un vert
foncé et orangées. Les feuilles ont
quelquefois quinze à vingt
centimètres (6 à 8 pouces) de
longueur sur deux (8 à 9 lignes) de
largeur.
Les fleurs ne sont pas belles et, chose
singulière dans un arbre dont
l'écorce est si parfumée, elles
exhalent une odeur fétide. Le fruit, de la
grosseur d'une olive, est insipide.
Les plantations de Canneliers abondent à
Ceylan et dans les régions avoisinantes,
mais ces arbres y croissent aussi sans culture,
ainsi à Sumatra, à Bornéo, sur
la côte de Malabar. Ils sont, enfin,
cultivés dans les Indes occidentales et dans
d'autres contrées tropicales.
La Cannelle du commerce est l'écorce
intérieure de la plante ; dans les
vallées chaudes, on l'enlève
déjà aux arbres de quatre à
cinq ans ; dans les régions
montagneuses, il faut attendre quelques
années de plus.
La meilleure Cannelle est celle des jeunes
branches. Pour la recueillir, on pratique des
incisions longitudinales de chaque
côté du tronc, en
faisant pénétrer le couteau un peu
au-dessous de la surface de l'écorce. On
retire ensuite la Cannelle en cylindres creux qu'on
attache par paquets du poids d'environ cinq cents
grammes (une livre) chacun, et on l'exporte sous
cette forme.
Il y a diverses sortes de Cannelle qui varient
beaucoup pour la saveur et le parfum ;
quelques-unes même ont un goût
âpre et peu agréable.
C'est surtout à Ceylan que se prépare
l'huile de Cinnamome, qu'on se procure en
faisant infuser les débris de
l'écorce du Cannelier dans de l'eau de mer
pendant quelques heures, puis en distillant.
La saveur de la Cannelle est la pierre de touche de
sa bonté ; il y avait autrefois
à Ceylan un médecin chargé par
le gouvernement anglais de goûter cette
substance pour en fixer la valeur ; mais on
dut renoncer à ce procédé,
l'action de la Cannelle ayant pour les
lèvres quelque chose de si corrosif que
personne ne pouvait continuer ce métier au
delà de deux jours.
L'écorce du Cannelier est astringente et
tonique, mais son principal usage médicinal
est de voiler le goût des drogues
nauséabondes. Il est inutile de parler de
ses emplois culinaires. Les anciens Juifs
paraissent l'avoir regardée comme une
substance délicieuse, qu'ils estimaient fort
et payaient très cher. Les baies mûres
du Cannelier produisent une substance
oléagineuse employée à Ceylan
pour la guérison des
meurtrissures.
La Casse de l'Écriture-Sainte, qu'il
ne faut pas confondre avec la plante purgative du
même nom, est, dit-on, l'écorce d'un
arbre qui croît à Ceylan, sur la
côte de Malabar et dans quelques parties des
Indes et des îles voisines ; c'est le
Cassier (Laurus Cassia) , espèce de
Laurier voisine du Cannelier.
L'écorce du Cassier est fort
inférieure pour le parfum à la
Cannelle, à laquelle elle ressemble
cependant assez pour qu'on les ait souvent
confondus. Le nom de la ville principale de la
province chinoise de Kiangsi signifie
littéralement forêt de
Cassiers ; il provient des grands bois de
Cassiers qui entourent cette localité.
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